Album fait main, Je vais t'avaler tout cru est écrit par Gita Wolf et illustré par Sunita. C'est un conte du Rajasthan.

Un chacal rusé est ami avec une grue. Un jour, ayant faim, il finit par dévorer tous les poissons pêchés par la grue ainsi que tous les animaux qu'il rencontre, même son ami l'oiseau ! Le texte reprend le style des contes avec des répétitions - comme une comptine - et des onomatopées. Mais le chacal, si rusé, finit par être puni pour son arrogance, ses moqueries et sa méchanceté :

"Il plongea dans l'eau et SLUURP !

Il l'avala toute crue, en chantant

DOUZE POISSONS

DANS MON BIDON

DESOLE? LA GRUE

TROP STUPIDE !

ET LA TIRTUE?

QUELLE IMBECILE !"

Les magnifiques illustrations, en noir et blanc, imprimées sur du papier kraft, sont un art traditionnel indien appelé le Mandna  : il est pratiqué et perpétué par les femmes. Comme l'art gond (Seul dans la forêt de Gita Wolf et L'éléphant volant de Srivastava), il est dessiné sur les murs ou les sols. Les thèmes principaux sont les animaux comme on peut le voir dans Je vais t'avaler tout cru. A la fin de l'album, une double page explique la conception de l'album et les choix artistiques.

Cet album est un bel objet livre nous donnant accès à l'art Mandna !

Wolf Gita (texte), Je vais t'avaler tout cru, Actes sud Junior, 2014, Inde.

Lecture commune littérature jeunesse pour participer au challenge les étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine.

Voici une bibliographie créée par Hilde et ses mini-chroniques sur les albums indiens.

autres albums jeunesse indiens sur ce site : La faim du lion de Gita Wolf, Le bestiaire indien de Gita Wolf, Guidée par mon pinceau de Dulari Devi, L'éléphant volant de Srivastava, Seul dans la forêt de Gita Wolf

Voici un polar qui nous plonge au coeur de la société coréenne : contrairement à d'autres romans policiers, le style et les thèmes sont très particuliers. Tout d'abord, des onomatopées surgissent dans les phrases régulièrement. Ensuite, le langage des personnages n'est pas édulcoré, donc les mots argotiques, familiers sont présents dans les dialogues. Enfin, le narrateur s'adresse au lecteur nous plongeant dans une sombre affaire de corruption et d'abus en tout genre : "Comme tous les personnages de cette histoire, Han-Jun aussi a des secrets et il sait pertinemment que l'heure n'est pas venue de vous les révéler. Quant à vous, vous vous demandez bien ce que signifie cet air triomphal qu'il arbore, pour ce qui n'est après tout qu'une vulgaire affaire de gosse de riche fin de race, mais pour le moment, nous allons nous contenter d'enchaîner sans autre commentaire" (p. 95)

Sept longs chapitres plongent le lecteur dans plusieurs sordides affaires que doivent résoudre un ancien profileur Han-Jun, sa soeur, Hye-Jun, une hackeuse et un privé Su-shéol. Nous découvrons le caractère des personnages à travers une première enquête où un jeune garçon tente de suicider. La mère demande à Han-Jun, qui se fait passer pour un chamane, dans quelle université devrait aller son fils mais le vrai problème est découvert par Han-Jun. Sa route croise celle d'une policière hors-norme, Ye-Eun, aussi sportive que tenace, lorsqu'il découvre un cadavre d'une adolescente dans les égouts. Ce meurtre va les confronter à de dangereux adversaires...

Les caractères des personnages sont complètement loufoques, entre Han-Jun qui ne cherche qu'à bien se vêtir ou Su-shéol qui souhaite ressembler à ses idoles américaines... mais bien des aspects sociétaux sont abordés comme le harcèlement, les BJ, le rôle des chamanes dans les affaires politiques ou la surconnexion de la société, qui sont typiquement coréens. L'intrigue est particulièrement alambiquée - avec beaucoup de personnages auxquels il faut s'habituer - et parsemée de références à la pop culture américaine ou aux romans policiers. Un bon polar !

Il existe aussi une série Café Minamdang, adaptée de ce roman, où l'intrigue est légèrement différente car une romance se développe entre les deux personnages principaux, ce qui n'est que suggéré à la fin du roman, et dans laquelle les personnages surjouent ! Ils sont encore plus extravagants que dans le roman, notamment parce que cette série policière repose sur le burlesque. Malgré de bonnes trouvailles de réalisation, c'est assez pénible à regarder...

Jung, Jaehan, Carnets d'enquête d'un beau gosse nécromant, policiers Point, France, Mars 2022, 380 p.

Lecture commune avec Rachel

Participation au challenge coréen de Céline

"Les doigts rouges" du titre font référence à un élément clé de l'histoire : un vieillard atteint de démence sénile met du rouge à lèvre sur ses doigts pour s'amuser. Ce roman d'Higashino, dont l'intrigue est aussi machiavélique qu'Un café maison, se contruit autour de la famille, que ce soit celle des enquêteurs ou celle du meurtrier, notamment autour des personnes âgées et du vieillissement de la population japonaise...

Mais quelle nouvelle enquête vont devoir résoudre Kaga et son cousin ? Akio est un employé de bureau qui fuit son foyer : sa femme, Yaeko, qui a accepté de l'épouser par peur de ne pas avoir d'autres demandes de mariage, n'aime guère sa belle famille. Elle empêche les grands-parents de voir leur fils unique. A la mort du père de son mari, elle accepte d'aller vivre dans leur maison par opportunisme. Assez vite des conflits entre la belle-mère, devenue sénile, et Yaeko crée des tensions au sein de la famille. Lorsque le fils de 14 ans tue une petite fillle, le mari et son épouse décident de mettre un scénario en place pour sauver leur fils.

"tu [Matsumiya] va être dans une situation incroyable", affirme un lieutenant connaissant bien Kaga, l'enquêteur chargé de cette sordide enquête. Kaga est accompagné de son cousin, Matsumiya, qui débute dans la police. Ce dernier est choqué par le comportement de son cousin qui ne rend jamais visite à son père mourant... Kaga, plus perpiscace que Sherlock Holmes, finira par percer les apparences créées par cette famille. Autour de l'amour filial ou l'amour maternel, Higashino tisse une intrigue diabolique !

Higashino, Les doigts rouges, Actes Sud, Arles, février 2028, 237 p.

du même auteur : La maison où je suis mort autrefois

Participation à un mois au Japon organisé par lou et Hilde

Lu par Dasola

"Je descends l'escalier en consultant ma montre. Il est trois heures passées. Je viens de prendre un déjeuner tardif au restaurant à l'étage." : dans le même style simple et fluide, Aki Shimazaki commence sa troisième pentalogie de L'ombre du chardon, avec Azami.

A 36 ans, Mitsuo est le rédacteur d'une revue culturelle. Marié et ayant deux enfants, il rencontre des problèmes de couple avec sa femme. Cette dernière décide de monter sa propre entreprise de produits biologiques et veut s'installer à la campagne. Son mari, Mitsuo fréquente des pink-salons. Un jour, par hasard, il rencontre un ancien camarade de classe, Goro, qui organise, chaque année, les retrouvailles des anciens élèves. Un soir, avec Goro, il rencontre son premier amour, Mitsuko...

Au-delà des problèmes de couples rencontrés par les personnages - Goro a trois maîtresses, quant à Mitsuko, elle vit seule avec son fils - on suit avec curiosité le quotidien de ces Japonais. En faisant le point sur sa vie, Mitsuo compare leur rêve de jeunesse et leur vie actuelle. Que va-t-il devenir ? Va-t-il réaliser son rêve de devenir rédacteur de sa propre revue ?

Mitsuko, elle, regrette que les mariages arrangés ne permettent que des alliances entre des gens de même classe sociale... Comme elle est très cultivée, les gens qui l'entourent s'étonnent de voir qu'elle travaille comme serveuse et qu'elle soit entraîneuse. Qui est cette mystérieuse Mitsuko dont la mère aurait commis un crime ? La vie, à peine esquissée des protagonistes secondaires nous poussent à lire les autres tomes de la pentalogie en espérant les retrouver et en savoir davantage sur eux...

Shimazaki Aki, Azami, Montréal, 2014, 130 p.

Lu par Katell

Participation à un mois au Japon organisé par Lou et Hilde.

du même auteur du même auteur : La pentalogie du Poids des secrets ( Wasurenagusa,Tsubaki, Hamaguri, Tsubame, Hotaru)

et la pentalogie Au coeur du Yamato, Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi, Yamabuki

Pentalogie L'ombre du chardon : Azami, Hôzuki

Qui est Hakim ? Quel est son parcours ? Dans L'Odyssée d'Hakim, de la Syrie à la Turquie, un bédéiste Fabien Toulmé se rend compte que l'immigration touche bien moins les Français que les événements concernant les pays proches. Lorsqu'il prend contact avec Hakim, il est loin d'imaginer le périple vécu par le jeune homme.

©Fabien Toulmé, Delcourt, édition 2018.

Ce jeune Syrien est parti après les émeutes du printemps arabe et des répressions du régime de Bachar Al-Assad. Battu et emprissonné pendant 3 mois pour avoir aidé des manifestants blessés, ce jeune pépiniériste qui a monté sa propre entreprise florissante de surcroît, décide de quitter son pays lorsque son quartier est bombardé. D'abord parti pour le Liban, il rejoindra la Turquie pour trouver du travail... Mais l'odyssée du jeune Hakim continue alors que ses économies fondent...

Des schémas et des cartes présentent les enjeux de la guerre civile, les différentes ethnies peuplant la Syrie. Outre, la géographie et la politique, on nous présente aussi les moeurs des Syriens. Mais c'est surtout une destinée, qui est aussi celle d'autres migrants syriens que nous dépeint le bédéiste. Sans pathos, on comprend tout de même facilement la situation difficile de ces réfugiés et la nostalgie qui les habite. Que va-t-il arriver à Hakim dans les deux tomes suivants racontant un véritable et touchant témoignage ?

L'odyssée d'Hakim, Fabien Toulmé, tome 1, Delcourt.

©Fabien Toulmé, Delcourt, édition 2018.

Dans Suisen, nous suivons Goro rencontré dans le premier tome de la pentalogie de L'ombre du charbon, Azami. Il était l'ami d'enfance de Mitsuo et Mitsuko, héroïne du deuxième opus, Hôzuki. "Une vie de Cendrillon, ce n'est pas mon rêve. J'adore apprendre en général. J'aime les défis : je veux exploiter mes propres possibilités. Je suis pauvre, mais je n'en ai pas honte. Je suis fière d'être occupée par mes études et mon travail", déclare Sakoyo, la première petite amie de Goro. Ce dernier est tout l'inverse de cette jeune fille qui se destine à des études de psychologie. Il aime le pouvoir, les femmes et les parties. Il méprise sa femme, ses maîtresses et ses enfants. Arrogant et méprisant, il veut tout contrôler dans la vie des membres de sa famille sans les connaître, sans les aimer. En une journée, miracle des fictions, il va tout perdre et peut-être changer de comportement. L'amour, la jalousie envers les autres, les catégories sociales sont les thèmes présents dans Suisen.

Dans le quatrième volume, intitulé Fuki-no-ko, de la pentalogie de L'ombre du charbon, Atsuko, la femme de Mitsuo, fait la rencontre d'une ancienne amie. Cette dernière s'est mariée et a deux enfants. Elle est allée contre sa nature dit-elle. Elle est en fait amoureuse d'Atsuko depuis le lycée : Atsuko a-t-elle les mêmes sentiments que sa camarade ? Elle se remémore leur rencontre et le hasard, les amène à faire un petit voyage ensemble. Atsuko aime-t-elle aussi cette amie ? Tout en décrivant le quotidien d'Atsuko dans sa ferme biologique, la romancière analyse les relations homosexuelles dans la société japonaise.

Maï-Maï termine la pentalogie de L'ombre du chardon, dans lequel la romancière developpe le coup de foudre entre deux personnages déjà rencontrés dans cette pentalogie : Taro, le fils de Mitsuko sourd, muet et métis, et Hanako, son amie d'enfance.Après la mort de sa mère, Taro revoit Hanako, 20 ans plus tard. Il est devenu artiste et rompt aussitôt avec sa copine manequin au moment où il s'aperçoit de ses sentiments pour Hanako. Une famille sans secret existe-t-elle ? Taro va découvrir le passé de sa mère, de sa grand-mère et ses origines !

Comme dans les autres tomes de L'ombre du charbon, la romancière ne décrit pas ce qu'il advient de ce jeune couple amoureux mais montre un moment décisif dans leur vie, tout en soulignant le rôle de l'enfance dans leur vie future... C'est avec beaucoup de délicatesse qu'Aki Shimazaki romance la vie de plusieurs générations tout en décrivant la société japonaise et ses changements. On attend avec impatience une autre pentalogie !

Participation à un mois au Japon organisé par Lou et Hilde.

du même auteur du même auteur : La pentalogie du Poids des secrets ( Wasurenagusa,Tsubaki, Hamaguri, Tsubame, Hotaru)

et la pentalogie Au coeur du Yamato, Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi, Yamabuki

Pentalogie L'ombre du chardon : Azami, Hôzuki

Après avoir élaboré des intrigues particulièrement soignées dans Un café maison ou Les doigts rouges, Higashino élabore une nouvelle intrigue originale dans Le nouveau. Qui est le nouveau ? C'est Kaga, un inspecteur adjoint du commissariat de Tokyo. Il découvre le quartier du vieux Tokyo lors d'une enquête.

Nous plongeons tout d'abord dans l'atmosphère d'un magasin de biscuits. Nao va dans une école de coiffure mais aide sa grand-mère malade à tenir le magasin. Kaga vient les interroger sur un assureur venu les voir pour l'hospitalisation de la grand-mère. Il est très observateur et très humain dans sa manière de se comporter avec les gens.Cet assureur aurait un lien avec une femme assassinée dans un quartier proche...

Cette dernière, avant d'être tuée, est aussi passée dans une boutique de vaisselle où la belle-mère et sa bru ne s'entendent pas du tout. Elles se querellent pour tout au grand désespoir du mari. Kaga, tout en menant son enquête, découvre cette famille désunie. En effet, l'originalité de cette enquête réside dans la méthode d'investigation de cet inspecteur, qui part d'infimes détails pour trouver la vérité. Non seulement, on découvre les moeurs des habitants du vieux Tokyo mais aussi le fonctionnement des familles, la psychologie des personnages...

Très lentement, au fil des pérégrinations de Kaga, on découvre tout un quartier japonais et ses habitants. Kaga trouvera le coupable, mais il s'occupe tout autant des victimes : "Ne vous en faites pas, je le [le coupable] cherche. Mais le travail d'un enquêteur ne se limite pas à cela. Pour nous, les personnes affligées par un crime sont aussi des victimes. et notre rôle est de les aider". Un très beau polar !

Higashino, Le nouvau, Babel noir, mars 2023, France, 329 p.

du même auteur:Les doigts rouges, Un café maison, La maison où je suis mort autrefois

Participation à un mois au Japon organisé par lou et Hilde

Lu par Dasola

Dans ce recueil de nouvelles, Hwangsok-Yong poursuit la description de la vie des laissés-pour-compte de la société coréenne à différents moments de l'histoire de la Corée.

"Herbes folles" relate le destin tragique d'une jeune fille, vivant dans un quartier pauvre. Elle est engagée par la mère de la narratrice mais cette dernière se montre peu sérieuse et finit par être renvoyée. Eclate la guerre de Corée qui divise le quartier... qui cause la disparition de certains habitants du quartier ou leur folie...

La troisième nouvelle "Les ambitions d'un champion de Ssireum", retrace aussi un destin tragique, d'un jeune homme qui perd successivement son père, puis sa mère. Sans argent, il a promis à sa mère de ne pas devenir pêcheur comme son père, ses grands-parents, tous morts en mer. Il commence à faire de petits travaux en ville mais malgré son physique avantageux, il n'arrive pas à faire fortune...

"Oeil de biche", la deuxième nouvelle, suit les pas d'un soldat coréen revenu de la guerre du Vietnam, aux côtés des Américains. en s'engageant volontairement, il pensait avoir trouvé une carrière facile. Malheureusement, il revient malade et n'a pas participé aux combats. Des souvenirs de la guerre resurgissent dans lesquels il revoit les habitants se moquer des soldats... Et même de retour en Corée, les militaires ne sont pas du tout perçus comme des héros !

Quant à "La route de Sampo", en plein hiver, deux vagabonds décident de se rendre à Sampo,une île peu peuplée, l'île natale de l'un des deux voyageurs. En chemin, ils rencontrent une prostituée qu'ils veulent aider. Vont-il arriver jusqu'à cette île ?

Est-ce la forme de la nouvelle qui nous empêche de compatir avec ces personnages ? Avec beaucoup de réalisme, Hwang Sok-Yong décrit le destin de Coréens qui subissent les changements de la société comme dans "La route de sampo" ou qui souffrent de la guerre de Corée. Ce petit recueil ne suscite vraiment pas le même intérêt que le roman Monsieur Han ou Au soleil couchant. Mieux vaut ne pas commencer par ces nouvelles pour découvrir l'écriture de l'auteur.

Hwang Sok-Yong, La route de Sampo, Espagne, Octobre 2017, Picquier poche, 136 p.

Lecture commune avec Rachel

Participation au challenge coréen de Céline

autres romans de l'auteur : Monsieur Han, Princesse Bari, Au soleil couchant

Après son arrivée en Inde dans L'attaque du Calcutta-Darjeeling, l'inspecteur Sam Wyndham est confronté à un nouveau meurtre dont il est le premier témoin.

Lors d'un rassemblement de princes indiens, notre inspecteur en compagnie du sergent indien Sat Banerjee voit mourir sous ses yeux le prince du royaume de Sambalpur. L'affaire est vite classée car le tueur a été retrouvé. Mais Wyndham n'est pas satisfait des conclusions hâtives de l'enquête et décide d'aller en vacances dans ce petit royaume réputé pour ses mines de diamants. Cependant, même avec l'accord du maharajah de Sambalpur, il peine à enquêter face aux protocoles royaux qui l'empêchent d'approcher les femmes de la famille royale ou d'interroger les suspects.

L'intrigue alambiquée mêle politique - avec de nombreux reproches à l'encontre des britanniques -, religieuse et histoire de l'Inde. La dimension historique est passionnante étant donné que dans une note, l'auteur explique ses sources réelles. Après une mise en place très lente dans le premier opus L'attaque du Calcultta-Darjeeling, Mukherjee a amoindri les problèmes d'opium de l'inspecteur pour décrire plus longuement le faste de ces royaumes indiens. Rien n'est caricatural dans les portraits de ces maharajahs où modernité et traditions, despotisme et bien-être du peuple se côtoient...

Une excellente intrigue layrinthique qui montre les complots royaux et les ficelles politiques dans l'Inde des années 1920 !

Mukherjee Abir, Les princes de Sambalpur, folio policier, septembre 2021, France, 408 p.

Participation aux étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine.

lu par Keisha,

autre roman de l'auteur : l'attaque du Calcutta Darjeeling

Intraitable Choi Kyu Sok décrit le monde du travail lors de la crise financière des années 2000. Soo in, un jeune manager dans un magasin de grande distribution française Fourmi, doit "dégraisser le personnel de vente. Par n'importe quel moyen !". Idéaliste et épris de justice, va-t-il obéir aux ordres ? Peu à peu les conditions de travail de tous, y compris Soo in vont se durcir : " Les cadres prenaient peu à peu goût à la violence gratuite. Convaincus de leur impunité, ils me toisaient avec un mélange de mépris et d'hostilité. Il me faisait comprendre que j'étais un indésirable. C'était difficile pour les nerfs. Le rouleau compresseur était en marche. Même les plus aguerris n'y résistaient pas. Les meilleurs soldats se transformaient en bleus de deuxième classe".

Pauvre Soo In ! Harcelé par sa direction, détesté par ses employés, pourra-t-il continuer de rechercher un monde du travail plus équitable et plus juste ?

Parallèlement à l'histoire de Soo In, dont on découvre l'enfance et le passé dans l'armée, plusieurs affaires de licenciements abusifs, de problèmes avec le patronat entrecoupent l'histoire principale : derrière toutes ces affaires, un homme Gu Go Shin défend ces salariés exploités par le patronat... Lorsque ces deux hommes se rencontrent, vont-ils lutter ensemble ?

Intraitable est la description sans concession du monde des multinationales mais aussi de la société coréenne... A suivre...

Lu par blandine

Intraitable, Choi Kyu Sok, tome 1, Rue de l'échiquier, 245 p.

L'oeuvre de Mizuki Tsujimura Le château solitaire dans le miroir vient d'être adaptée en manga. Une collégienne Kokoro ne veut plus aller en classe depuis qu'elle se fait harceler par ses camarades, un groupe de filles qui se moquent sans cesse d'elle. Un jour son miroir scintille et elle se retrouve, comme Alice aux pays des merveilles, projetée dans un château où se trouvent sept autres collégiens.

Dans ce lieu, elle est accueillie par une mademoiselle loup qui édicte les règles du château : tous ont été réunis pour trouver une clé leur permettant d'ouvrir une chambre dans laquelle ils pourront réaliser un voeu. Arriveront-il à trouver cette clé ? Quel souhait vont-ils faire ?

Dans ce premier tome de cette série courte ( 5 tomes), on fait connaissance avec les divers personnages. Des retours en arrière dévoilent le passé de Kokoro et ce qui l'a amenée à développer une phobie scolaire. Vus à travers les yeux de Kokoro, les autres personnages n'ont pas encore beaucoup de consistance mais cela viendra peut-être dans les autres tomes.

Ce manga fait la part belle aux contes de fée de Grimm, Andersen... que Kokoro aime lire. Mais le décor fantastique permet de développer un discours sur la société, notamment sur la phobie scolaire, le harcèlement, les aspirations des adolescents. Un manga fantastico-social à découvrir !

Tomot Taketomi, Le château solitaire dans le miroir, France, mais 2023, nobi nobi.

roman lu par Katell

Perveen Mistry, l'avocate inventée par Sujata Massey, revient dans une autre enquête dans La malédiction de Satapur. Malheureusement, l'enquête commence fort tard, à la moitié du roman !

Avant, nous voyons Perveen mandatée par l'agende de Kholapur, ayant autorité sur 25 états princiers indiens, pour aider un officier palatin à départager deux maharanis au sujet de l'éducation du prince de Satapur. depuis que le maharadjah est mort ainsi que son fils aîné, les deux veuves se disputent pour savoir si le prince est plus en sécurité à l'intérieur du palais ou dans une école anglaise.

Perveen se rend donc dans cet état où il n'y a ni eau, ni électricité, l'histoire se déroulant dans les années 20 et dans un état très pauvre. Pourquoi l'enquête commence tardivement ? On assiste dans les premiers chapitres aux états d'âme de la jeune avocate, qui tombe amoureuse de Mr Sandringham. Ensuite, il faut savoir que chaque détail des repas mangés par Perveen est énuméré à n'en plus finir !

En fermant ce roman, on sait évidemment davantage sur les rapports de des Indiens et des Anglais, sur la gestion des états princiers, sur les us et coutumes des habitants de l'Inde mais le personnage principal, très émotif et susceptible, est assez pénible à supporter... Une enquête pas des plus palpitantes avec un personnage principal bien trop sentimental...

Massey Sujata, La malédiction de Satapur, Charleston poche,

Participation aux étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine.

Lecture commune avec doudoumatous, Claudia, Rachel

autre roman de l'auteur : Les veuves de Malabar Hill

C'est avec Suzuran que débute la dernière pentalogied'aki Shimazaki, Une clochette sans battant.

Dans ce roman, Anzu, une céramiste prend la parole pour narrer sobrement sa vie quotidienne. Divorcée, elle vit avec son fils qui ne voit son père que les wee-ends. Elle partage son temps entre la fabrication de ses poteries, ses expositions et sa boutique... Céramiste reconnue, elle reçoit de nombreux prix. Quant à sa soeur, une trentenaire brillante et belle, elle décide brusquement de se marier après une vie de célibataire, aimant séduire les hommes et voyager. Lorsqu'elle présente son fiancé, Anzu tombe aussitôt amoureuse de ce dernier. Anzu avouera-t-elle ses sentiments au futur mari de sa soeur ?

Le roman se concentre sur les relations familiales, autour des deux soeurs... A chaque nouvelle page, on découvre des secrets surprenants concernant Kyoko, l'aînée, et ses amants touchant indirectement la vie d'Anzu. Alors que l'artiste a l'air insignifiante, moins brillante et moins aimée que sa soeur, finalement le destin en décidera autrement...

Mais il est aussi beaucoup questions de la natalité au Japon, des tremblements de terre qui ponctuent la vie du pays et des choix faits dans la vie.  Voici encore un roman, à l'écriture sobre, qui arrive parfaitement à décrire le quotidien d'une japonaise... Qui sera le prochain personnage de cette pentalogie ?

Shimazaki Aki, Suzuran, Babel poche, Avril 2023, France, 168 p.

du même auteur : La pentalogie du Poids des secrets ( Wasurenagusa,Tsubaki, Hamaguri, Tsubame, Hotaru)

et la pentalogie Au coeur du Yamato, Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi, Yamabuki

Pentalogie L'ombre du chardon : Azami, Hôzuki, Suisen, Fuki-no-ko, Maï-Maï

Pentalogie Une clochette sans battant

Actuellement emprisonné, Jafar Pahani a réalisé un film en 2022, Aucun ours, dans lequel comme dans Taxi Téhéran, il se met en scène en tant que réalisateur... Comme il ne peut plus tourner en Iran, comment va-t-il réaliser ce film ?

Le film débute par une dispute entre un couple : la femme ne veut pas quitter l'Iran sans son mari. C'est le film que tourne à distance, par internet, Jafar Pahani. Dans le village où il est installé à la frontière turque, il découvre un autre drame : on le soupçonne d'avoir pris des photos de deux jeunes gens mais que l'on veut empêcher de se marier. La fille, par tradition, a été promise à sa naissance à un autre homme...

Malgré les difficultés de son tournage, en raison du drame vécu par les deux acteurs, Jafar Panahi tente de poursuivre le tournage à distance. Quel courage et quelle inventivité ! Les autorités, qui semblent le menacer dans ce village, n'arrêteront pas l'artiste. Non sans humour, il dénonce aussi les traditions empêchant le jeune couple de s'aimer... Voici un très beau film sur la condition dramatique des artistes en Iran !

autres films : Trois visages

Aucun ours, Panahi

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1) FILMS

2) LECTURES

Grâce à @unmoisaujapon organisé par Lou et Hilde, j'ai continué les lectures autour de la culture nippone :Tonbo d'Aki Shimazaki et les deux autres romans de sa pentalogie au coeur du Yamato ( Tsukushi et Yamabuki), Spy family d'Endo et Les carnets de l'apothicaire de Nanao. Merci les organisatrices !

Ce mois-ci, j'ai découvert un dramaturge von Mayenburg à travers sa pièce Martyr. Avec Rachel, nous avons lu Princesse Bari de Hwang Sok-Yong. Et j'ai enfin lu Les cahiers d'Esther, Histoire de mes 15 ans de Riad Sattouf. J'ai découvert de nouveaux illustrateurs (the fan brother, où l'océan rencontre le ciel)

3) PAUSE ESTIVALES

Dans Les 7 divinités du bonheur d'Higashino, les deux cousins Kaga et Matsumiya reprennent du service après le meurtre d'un cadre d'une entreprise Takeaki. Ce dernier est retrouvé aux pieds des qilins qui ornent le pont Nihonbashi. Qui a pu l'assassiner ? Sa famille semble se désintéresser de cet homme. Sa femme et ses enfants ne savent rien de ses agissements et sont incapables d'aider la police. "Le résultat d'une enquête dépend beaucoup des déplacements apparemment inutiles", dit Kaga à son cousin. Ainsi voit-on les deux inspecteurs déambuler dans Tokyo, notamment en suivant le pélerinage des 7 divinités. Pourquoi cet homme allait-il prier ces dieux ?

Rapidement, la police découvre un suspect, un ancien employé de l'entreprise où travaillait Takeaki. L'enquête semble simple et vite résou mais c'est mal connaître Higashino qui a encore imaginé une intrigue très retorse pour critiquer les pratiques abusives dans les entreprises, notamment leur comportement envers les intérimaires mais aussi ne pas répéter les mêmes erreurs.

"Le devoirs des vivants est de recueillir le message des mourants...", pensa Kaga aux pieds des qilins. En effet, tout en s'occupant de la cérémonie célébrant la mort de son père, Kaga trouvera la solution aux multiples énigmes jalonnant cette enquête. Tout comme dans la première enquête où apparaît Kaga, Le nouveau, ce sont des détails et la ténacité de l'enquêteur qui permet au final de trouver le véritable coupable. Voici une nouvelle enquête captivante d'Higashino...

Higashino Keigo, Les 7 divinités du bonheur, actes Sud, France, Juin 2022, 303 p.

Lu par dasola

du même auteur : Le nouveau, Les doigts rouges, Un café maison, La maison où je suis mort autrefois

Qilins

Dans le tome 3 (cliquez sur les liens pour accéder aux tome 1 et tome 2), le syndicat commence à s'organiser et les dirigeants de la multinationale Les fourmis sont de plus en plus inquiets. On constate qu'il existe une véritable entraide entre les salariés : alors que le délégué syndical, Ju Gang Min, a l'occasion d'acheter un local pour devenir patron d'un commerce, il renonce pour ne pas laisser ses collègues dans le pétrin. Inversement la direction tente tout pour arrêter les syndicats de manifester et l'un des cadres, Jeong, se blesse volontairement pour ensuite accuser l'une des employées. Un procès commence. Les syndicalistes vont-ils le gagner ?

Alors que chacun tente de survivre dans ce monde impitoyable et que certains abandonnent le syndicat face aux difficultés financières rencontrées, Lee Su-In déclare : " rien ne pourra entamer ma foi en l'être humain" ! Toujours des analepses - notamment lorsqu'il est à l'armée - permettent de mieux comprendre son caractère...

Dans le tome 4, une autre affaire et un autre cas particulier se présente aux lecteurs : Sojin est une jeune femme qui pense que les syndicats sont inutiles. Elle est persuadée de rapidement changer de domaine et de trouver un métier qui lui convienne. Son travail dans le secteur de la manufacture est très mal payé mais surtout, la direction licencie les employés en les prévenant la veille par un texto comme tant d'autres, sans explications. Lorsqu'elle est touchée par cette mesure, elle décide de syndiquer et elle rejoint une grève. Le syndicat de la métallurgie leur vient en aide et participe aussi aux manifestations des grévistes.

Pendant ce temps, le procès continue au sein de la multinationale française, Les fourmis où Gu Go Shin et les deux délégués syndicaux ( Lee Su-In et Ju Gang Min) défendent l'accusée. Soudain, à la fin du tome 4, un rebondissement final surgit : Mme Park, une animatrice, qui ne dépend pas directement des Fourmis, est licenciée : Lee Su In prend alors conscience que son combat est vain... tandis que Gu Go Shin paraît de plus en plus malade...  On en sait davantage aussi sur l'homme qui accompagne Gu Go Shin, sur ses problèmes familiaux... A suivre !

Choi Kyu Sok, Intraitable, tomes 3 et 4, éditions rue de l'échiquier

autres mangas de la série : Tome 1, tome 2

Participation au challenge coréen orgnisée par Céline (site Mon journal livresque)

Le harcèlement scolaire est un véritable fléau de la société moderne amplifié par les réseaux sociaux. Récemment, l'adaptation en manga Le château solitaire dans le miroir de Tomo Taketomi s'emparait déjà du sujet. 

Dans My capricorn friend d'Otsuishi, Kaneshiro harcèle des élèves dans son lycée. Une jeune lycéenne et une jeune professeur ont déjà subi des maltraitances : l'une s'est suicidée, l'autre a démissionnée. Yuya, observe Naoto harcelé par Kaneshiro sans intervenir, trop heureux de ne pas être la victime. Une seule élève, Honjo dénonce la situation terrible dans laquelle se trouve Naoto. Mais rien ne change.

Yuya vit dans une maison au sommet d'une colline où un vent violent laisse des objets étranges venus d'une autre dimension, des animaux, des journaux du futur etc... Un jour, il découvre un article dans lequel il apprend que Naoto aurait tué son bourreau, puis se serait suicidé. Cette prédiction va-t-elle se réaliser ?

Ce manga mêle surnaturel et problème social. Les sentiments de culpabilité, de vengeance sont bien développés, de même que la cruauté du harceleur qui finit par pousser à bout ses victimes. Comme Show me love de Fushimi (éditions Akata large), la collection moon ligth de Delcourt/tonkam traite de problèmes sociaux à travers des tranches de vie d'adolescents. Les dessins sont très classiques mais les thématiques de My capricorn friend sont très intéressants. 

Otsuishi, My capricorn friend, Delcourt/tonkam, mai 2022, France.

My capricorn friend,Otsuishi

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1) LES FILMS

2) LES LIVRES LUS

Ce mois-ci, nous avons lu un roman coréen avec Rachel : Les carnets d'enquêtes d'un beau gosse nécromant de Jung Jaehan. On souhaite lire, la route de sampo de Hwang pour le 27 avril.

Grâce à la lecture du manga Le mandala de feu de Chie Shimonoto, j'ai découvert la vie d'un peintre japonais du XVIeme siècle. J'ai lu la suite de Full metal Achemist (tomes 11, 12, 13,) et une bd : Le printemps de Sakura de Marie Jaffredo.

J'ai lu de nouveaux poèmes de Valérie Rouzeau issus du recueil Vrouz, entièrement composé de sonnets (non chroniqué) et deux recueil de Ripa Kaur  : Home body et Le soleil et ses fleurs pour les étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine. Une merveille ! Pour les étapes indiennes, j'ai aussi lu deux albums : Je vais t'avaler tout cru, Seul dans la forêt de Gita Wolf et La petite sirène de Gita Wolf.

Pour nos lectures balzaciennes, avec Miriam, Claudia, nous avons lu Une autre étude de femme. Pour le mois le 30 mai, nous lirons la Rabouilleuse !

N'oubliez pas de vous inscrire pour le mois au Japon organisé par Lou et par Hilde : présentation ici.

3) BOOKHAUL

Bon mois d'avril ! Bonnes lectures et belles découvertes !

Ce roman de fantasy de Naomi Novik nous plonge dans un univers de conte de fée russe ou nordique, comme ceux de Hans Christian Andersen, de romans de chevalerie et de la fantasy comme Games of thrones.  A chaque chapitre, une nouvelle voix prend la parole pour raconter la lutte du Lithvas contre les seigneurs Staryk.

Miryem est une jeune fille juive, enfant d'un prêteur maladroit n'arrivant pas à réclamer son dû. Lorsque sa mère tombe malade, elle décide d'aller elle-même réclamer l'argent que leur doive leur débiteur. Elle prend la parole, la première, pour planter un décor neigeux et mystérieux où rodent des Staryk. Une morale nous est donnée dès l'incipit : " Tel est le sujet de la véritable histoire : comment on paie ses dettes". Parmi les débiteurs, il y a le père de Wanda, un alcoolique violent qui bat ses trois enfants. La jeune Wanda devient servante dans la famille de Miryem pour rembourser leur dette. Elle devra affronter mille dangers avant de pouvoir vivre heureuse. Le Lithvas est régi par un cruel star, fils d'une sorcière qui jette son dévolu sur Irina, fille à moitié Staryk.  Des intrigues politiques se nouent pour sauver le peuple à l'agonie face à un hiver redoutable créé par les Staryk...

"Ce n'est pas rien d'être capable de garder la tête haute" :

Toutes ces voix sont tissées pour raconter une histoire où sont mêlés magie noire et féérie : L'astucieuse Miryem ressemble à Shéhérazade, Stephon au petit Poucet et il y a un roi Staryk à la place de la reine des neiges... d'autres contes sont convoqués et les épreuves que doivent affronter les héroïnes ressemblent à celles des contes de fées. Toutes ces femmes resteront courageuses face à des choix difficiles. Lisez ce roman de fantasy pour savoir comment chacun payera sa dette et pour découvrir un univers enneigé, merveilleurx et dangereux !

Novik Naomi, La fileuse d'argent, J'ai lu, Slovaquie, Mai 2021, 542 p.

Lu par A girl

Benjamin Lacombe a illustré de nombreuses histoires que ce soit les histoires de fantômes japonais, Alice au pays des merveilles, Le magicien d'Oz et tout récemment La petite sirène.

Il a aussi illustré Blanche-neige des frères Grimm : les nains, la méchante marâtre jalouse, le miroir magique, tous les ingrédients sont tellement fameux que l'on connaît par coeur l'imaginaire de ce conte ! Et pourtant, les images de ce récit arrive à nous surprendre car l'illustrateur y mêle son univers à celui du conte : lorsqu'il représente Blanche-neige fuyant le chasseur qui doit la tuer, elle est représentée recouverte d'animaux comme sur la couverture de Curiosities ou au lieu de montrer la reine préparant la pomme empoisonnée, B. Lacombe choisit un angle novateur en montrant son reflet dans la pomme à l'intérieur du poison...

L'illustrateur varie les formats - il y a de nombreuses doubles pages - et les couleurs. Certaines images sont entièrement en noir et blanc et joue même avec la typographie du texte lorsque Blanche-neige balaie la maison des nains... Un très bel album pour découvrir ce conte !

Grimm, Blanche-neige, illustré par Benjamin Lacombe, Milan jeunesse.

Mon crime d'Ozon parle bien d'un crime mais ce n'est pas véritablement une comédie policière : en effet, l'enquête est bâclée et permet à une jeune actrice, Madeleine Verdier, de devenir célèbre. Aidée de son amie et collocataire, une avocate, Madeleine plaide coupable. Elle aurait voulu défendre son honneur, dans ce Paris des années 30... alors qu'elle n'avait pas de rôle ni d'argent, la voici propulsée au devant de la scène !

Autour de ces deux actrices, gravitent une pléiade d'acteurs très connus, qui jouent tous d'une manière très théâtrale (Mon crime est l'adaptation d'une pièce de théâtre de Verneuil et Berr) : Luchini cabotine dans le rôle d'un magistrat incompétent et Laspales dans celui d'un policier tout aussi incompétent. Isabelle Huppert joue une ancienne vedette du muet et André Dussolier, le beau-père de Madeleine.

Mais pourquoi Mon crime, n'est pas un véritable film policier ? En réalité, Madeleine, qui est innocente, et l'avocate, Pauline Mauléon, défendent le droit des femmes, le droit de voter, leur courage dans cette société des années 30 : la reconstitution est très belle mais le discours très actuel, faisant écho aussi bien à #marsauféminin ou #metoo. Une comédie trépidante aussi amusante qu'engagée !

Mon crime, Ozon, avec Rebecca Mader, Nadia Tereszkiewicz, 1h43 , 2023,

vu par Dasola

Mon crime, Ozon

A côté du canon holmésien, il existe toute une littérature prenant le plus célèbre détective anglais comme personnage principal. Le mandala de Sherlock Holmes de Jamyang Norbu est un pastiche des enquêtes de Conan Doyle.

Prenant comme postulat de départ, un extrait de La maison vide où Watson rapporte que Sherlock Holmes ne serait pas mort mais aurait voyagé au Tibet : "J'ai voyagé pendant deux ans au Thibet, et je me suis occupé à visiter Lhassa où j'ai passé quelques jours en compagnie du lama en chef".

En arrivant en Inde, Sherlock Holmes, qui se fait passer pour un norvégien est aidé par un Hurree, espion créé par Kipling !  Ce géologue et archiviste va servir de guide et joue le rôle de Watson dans cette enquête dans laquelle notre héros anglais devra faire face à de sombres machinations criminelles des agents de Moriarty et des complots de la Chine pour s'emparer du Tibet. Surtout, cet enquêteur rationnel devra accepter certains faits spirituels : "M. Holmes, M. Holmes, écoutez-moi ! Vous n'êtes pas Sherlock Holmes ! Vous êtes le fameux Gangsar truklu, 'ancien abbé du monastère du Garuda Blanc, un des grands adeptes des sciences occultes", déclare le lama Yonten...

Face à tous ces mystères et ces dangers, Holmes arrivera-t-il à échapper à la mort ? Sauvera-t-il le Grand Lama poursuivi par les Chinois ? Comme Hurree est un géologue et un lettré, il note tous les éléments géographiques, avec beaucoup de détails et d'expressions latines, concernant le Tibet et l'Inde, développant notamment tout ce qui concerne les sectes, les plantes, les préparatifs du voyage au Tibet... Voici un pastiche très réussi !

Norbu Jamyang, Le mandala de Sherlock Holmes, Picquier poche, 405 p. .

Participation aux étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine.

logo d'allez-vous faire lire

1) LES FILMS

The pale blue eye de Scott Cooper (lien IG)

Jung e de Yeong Sang-Ho

L'école du bout du monde de Pawo Choying Dorji

Seules les bêtes de Dominik Moll (lien IG)

2) LES LECTURES DU MOIS

Je voudrais signaler deux challenges auxquels je me suis inscrite : les étapes indiennes qui reviennent toujours organisées par Blandine et par Hilde et le challenge coréen organisé par Celine ici. Voici les logos :

Ce mois-ci, j'ai lu un album pour les étapes indiennes, La tresse de Laëtitia Colombani illustrée par Clémence Pollet (en cliquant sur les couvertures, vous pouvez lire les posts) mais aussi Le bois dormait de Rebecca Dautremer.

J'ai lu plusieurs mangas : Moon light act de Fujita, Frieren de Yamada (tome 2), Intraitable de Choi Kyu Sok et Les carnets de l'apothicaire (tome 10) de Nanao.

J'ai découvert deux bédéistes : L'odyssée d'Hakim de Fabien Toulmé et Le journal inquiet d'Istambul d'Ersin Karabulut.

J'ai repris avec rAchel, Claudia, Pativore, les LC balzaciennes (Les secrets de la princesse Cardignan de Balzac ci-dessous 3 logos qu'on a créés avec Rachel et que vous pouvez utiliser) et les LC coréenne avec Rachel (Monsieur Han de Hwang Sok Yong)

3) LES ACHATS

J'ai acheté Fuir et revenir de Parajuly pour participer à une LC des étapes indiennes de Blandine et de Hilde en février et la colère des aubergines de Bulbul Sharma.

Pour une LC avec Claudia (et peut-être Rachel et Pativore) j'ai acheté La recherche de l'absolu (LC balzacienne pour 19 février).

Pour une LC coréenne en avril avec Rachel, j'ai acheté Le vieux jardin de Hwang.

Autre LC prévues :

En février, j'attends les dates de publication du Lecteur de cadavre avec A girl et Rachel.

Je rappelle aussi une LC coréenne en mars avec Rachel : Les carnets d'enquêtes d'un beau gosse nécromant.

 Bonne lecture à tous !

En 1692, une vingtaine de femmes sont pendues à Salem village? Comment ce drame a pu advenir ?

Dans Les filles de Salem, le bédéiste Gilbert Thomas laisse la parole à Abigail, une jeune fille de 14 ans, au début du récit, pour montrer lla mécanique qui a mené à la chasse aux sorcières. Le juge dépêché sur les lieux n'est pas dupe. Voici ses pensées : "mais certains aveux sont extirpés par la force". 120 accusés, dont un porcinet ! " Mais dans la plupart des cas, je ne vois pas l'oeuvre du malin".

Pour éviter la propagation des accusations, le juge décide de condamner certaines personnes... Mais revenons au début et écoutons la jeune Abigail. Elle vit dans un tout petit village qui subit l'attaque des indiens. Dans cette société bigote, les femmes ne peuvent pas faire ce qu'elles souhaitent. Sans cesse surveillées, elles subissent la loi du révérend Parris qui manipule le village pour son profit. Mais Abigail qui a découvert le secret du révérend, qui cherche donc à faire condamner à tout prix, déclare : " Mais j'y suis déjà en enfer ! L'enfer, c'est ce village hypocrite."

Les mauvaises récoltes, la famine, la jalousie, la concupiscence ont rendu fou ce petit village, où chacun dénonce son voisin, sa famille. Les dessins aux visages expressifs et des métamorphoses expressionnistes rendent l'atmosphère oppressante et angoissante à souhait. Les traits déformés expriment la folie qui s'empare de tout ce petit village qui fera le malheureusement des victimes. Laissons conclure une amie d'Abigail : "que votre histoire ne soit jamais oubliée"

Gilbert Thomas, Les filles de Salem, Dargaud, septembre 2018, 198 p.