En 1692, une vingtaine de femmes sont pendues à Salem village? Comment ce drame a pu advenir ?
Dans Les filles de Salem, le bédéiste Gilbert Thomas laisse la parole à Abigail, une jeune fille de 14 ans, au début du récit, pour montrer lla mécanique qui a mené à la chasse aux sorcières. Le juge dépêché sur les lieux n'est pas dupe. Voici ses pensées : "mais certains aveux sont extirpés par la force". 120 accusés, dont un porcinet ! " Mais dans la plupart des cas, je ne vois pas l'oeuvre du malin".
Pour éviter la propagation des accusations, le juge décide de condamner certaines personnes... Mais revenons au début et écoutons la jeune Abigail. Elle vit dans un tout petit village qui subit l'attaque des indiens. Dans cette société bigote, les femmes ne peuvent pas faire ce qu'elles souhaitent. Sans cesse surveillées, elles subissent la loi du révérend Parris qui manipule le village pour son profit. Mais Abigail qui a découvert le secret du révérend, qui cherche donc à faire condamner à tout prix, déclare : " Mais j'y suis déjà en enfer ! L'enfer, c'est ce village hypocrite."
Les mauvaises récoltes, la famine, la jalousie, la concupiscence ont rendu fou ce petit village, où chacun dénonce son voisin, sa famille. Les dessins aux visages expressifs et des métamorphoses expressionnistes rendent l'atmosphère oppressante et angoissante à souhait. Les traits déformés expriment la folie qui s'empare de tout ce petit village qui fera le malheureusement des victimes. Laissons conclure une amie d'Abigail : "que votre histoire ne soit jamais oubliée"
Gilbert Thomas, Les filles de Salem, Dargaud, septembre 2018, 198 p.