Qui est Kwang sok-yeong ? «Né en 1943 en Mandchourie, où sa famille s’était réfugiée pour fuir les Japonais, Hwang Sok-yong se retrouve quelques années plus tard à Pyongyang, la cité rouge repeinte aux couleurs soviétiques, puis à Séoul, où il est surpris par la guerre de Corée. Avant de partir combattre au Vietnam, de rentrer au pays, et de se lancer dans d’autres luttes, au nom de la démocratie. De 1993 à 1998, il est expédié en prison pour avoir osé se rendre à Pyongyang, afin de soutenir les artistes du Nord. Lorsque j’étais en détention, raconte-t-il, on n’avait pas le droit d’avoir un stylo bille. On m’a mis au cachot pendant deux mois pour avoir gardé secrètement un stylo. Je me suis battu énergiquement. J’ai fait dix-huit fois la grève de la faim. Certaines ont duré jusqu’à vingt jours. Hwang Sok-yong est un écrivain du défi. Un idéaliste dans un monde privé d’idéal. » André clavel site des éditions Zulma).
Monsieur Han débute avec la description d'un vieillard qui arrive dans un immeuble : il est vieux et pauvre. Ses voisins ne l'apprécient guère car il est associal. Ce dernier trouve un emploi dans une morgue mais il tombe rapidement malade. Ses voisins voulant mettre la main sur la chambre qu'il a acquise décide de s'occuper de lui. A sa mort viennent trois personnes. Qui est monsieur Han ?
Débute alors un long retour en arrière où toute la vie de Monsieur Han est évoquée : médecin ayant quitté la Corée du Nord lors de la guerre civile, il s'est retrouvé séparé de sa famille. Non seulement son origine en fait un suspect idéal dans toutes les situations mais en plus, il est naïf et borné, se faisant ainsi berner par tout son entourage.
Dans l'introduction, on apprend que Monsieur Han est qualifié de "chronique" car les faits racontés sont authentiques : elle montre les ravages de la guerre de Corée, à une époque où tout le monde est suspect d'espionnage. Les malheurs et l'injustice frappent encore plus durement les gens démunis. Mais comme dans Au soleil couchant, l'auteur sait écrire sur la misère et les injustices sans pathos. L'écriture reste toujours sobre, sans effusion, même pour dire les pires horreurs de la guerre civile...
La soeur de monsieur Han, une veuve qui élève seule ses enfants, est particulièrement touchante et courageuse. Seule face à l'adversité, elle tente de sauver son frère de la torture. Contrairement à son frère, elle n'est pas naïve et même si elle n'arrive pas à ses fins, elle ne baisse jamais les bras: "elle se souvint de la maxime qui dit que volonté de femme en colère peut faire geler en plein mois de juin"(p. 123). Un beau portrait de femme !
Comme dans les romans japonais d'Aki Shimazaki, c'est à travers la destinée d'un personnage que l'histoire d'un pays se dévoile. Un livre à connaître !
Kwang Sok-Yong, Monsieur Han, Editions Zulma, France octobre 2010, 151 p.
Lecture commune avec Rachel et Pativore
J'ai créé un logo, si vous souhaitez le rajouter aux lectures sur Hwang.
autres romans de l'auteur : Princesse Bari, Au soleil couchant