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1001 classiques
23 février 2022

Confessions d'un automate mangeur d'opium de Fabrice Colin et Mathieu Gaborit : ISSN 2607-0006

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En entrant dans les territoires littéraires de la steampunk, il faut savoir que la dimension ludique domine : en réaction au très sérieux cyberpunk, le steampunk, lui, joue avec les genres, les époques, le réel et la fiction... Ecoutez le postcast de France culture, vous en saurez davantage sur ce genre : "A toute vapeur ! voyage en pays steampunk".

Confessions d'un automate mangeur d'opium crée un lien avec Confessions d'un mangeur d'opium anglais de Quincey sans compter la présence de Villiers de L'Isle-Adam, d'une créature de métal douée d'âme (comme dans L'ève future, la présence du créateur et de sa créature est typiquement steampunk), et d'une actrice qui est la narratrice, Margaret. Il a des aussi un savant fou, personnage emblématique des romans du XIXeme siècle comme dans L'île du docteur Moreau de H. G. Wells ou Frankenstein de Mary Shelley. Evidemment sont posées les questions des limites des progrès de la science...

De quoi parle ce roman ? Margaret, la narratrice, apprend que sa meilleure amie est morte en tombant d'un aérocab. Mais elle découvre qu'un automate serait à l'origine de cette chute. Ce récit alterne avec la narration de son frère, Théophraste, aliéniste, qui va l'aider dans cette enquête. "La suite est digne d'un roman-feuilleton" (p. 126) comme le remarque justement l'inspecteur intervenant après un meurtre. En effet, il y a une course-poursuite en vedette, des combats avec des hommes possédés par des serpents mécanisés, des recherches sur l'éther donnant l'immortalité, des enlèvements, une fuite en engin à vapeur dans les égouts, la présence de la reine Victoria, de rois cambodgiens immortels... Il faut être être prêt à lire un récit complètement loufoque, voire parfois confus comme dans le chapitre 18 !

imagesSi les dialogues sont longs et pénibles à lire, les descriptions implantant l'univers steampunk recréent avec fantaisie le Paris de la fin du XIXeme siècle : "Ce quartier-ci était encombré de passerelles, de passages, d'enseignes et de badauds. Le ciel était noir de circulation : les aérocabs se succédaient sans discontinuer aux stations aériennes, couvertes de dômes vert-de-gris. Les  arabesques de fer forgé le disputaient à la rigueur de la pierre et du marbre, matériaux nobles mais dépourvus de fantaisie. Des automates de réclame aux yeux nacrés vantaient d'un débit monotone les agréments de tel ou tel magasin, et les passants les regardaient la tête haute, comme s'ils craignaient quelque chose." (p. 161).

© Didier Graffet

Si vous partez explorer l'univers des Confessions d'un automate mangeur d'opium, soyez prêt à lire un roman rocambolesque et foutraque !

bingo à vapeurColin Fabrice et Gaborit Mathieu, Confessions d'un automate mangeur d'opium, Bragelonne, Italie, Janvier 2021, 408 p.

Participation "capitale" pour le bingo à vapeur de Miss chatterton

 

 

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Effluvium, Didier Graffet et Xavier Mauméjan

 

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25 mai 2022

Thirst de Park Chan- Wook : ISSN 2607-0006

Voici la présentation de Thirst de Park Chan-Wook sur Arte VOD : "Un jeune prêtre coréen succombe en Afrique à un nouveau virus mortel. Une transfusion sanguine d'origine inconnue le ramène soudain à la vie. De retour dans son pays, il subit d'étranges mutations physiques et psychologiques : le prêtre est devenu vampire... Une adaptation folle de Thérèse Raquin de Zola par le réalisateur de Old boy!"

Une adaptation "folle" ? Mais c'est un euphémisme ! Effectivement, on reconnaît tous les éléments principaux du roman de Zola avec les soirées ennuyeuses chez les Raquin, le triste mariage enre Thérèse et son ami d'enfance, l'adultère, la scène de la pêche... le mari qui revient hanter les amants... Cependant, tout est absolument farfelu ! Les cadrages et les couleurs sont aussi d'une grande inventivité !

Quant à l'histoire vampirique, elle donne une dimension grotesque, sensuelle et macabre à l'histoire tragique, sulfureuse, des amants. Tae-Ju, la Thérèse Raquin coréenne devenue vampire saute de toit en toit, porte sa belle-mère et le fauteuil dans lequel elle est assise, devant les habitués de leur soirée complètement éberlués...

Il ne faut absolument pas chercher une grande fidélité au roman français pour pouvoir apprécier ce film, qui transcrit parfaitement une stupéfiante romance passionnée, mais qui contient aussi de nombreux éléments gores, voire de mauvais goût ! Cette adaptation complètement démente de Thérèse Raquin a reçu le prix du jury au festival de Cannes 2009 et est interdit au moins de 12 ans...

Park Chan-Wook, Thirst, 2009, 2h13

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22 mai 2022

Le voyage de Phoenix de Jung : ISSN 2607-0006

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"Le phoenix est un oiseau légendaire qui a le pouvoir de renaître de ses cendres après s'être consumé sous l'effet de sa propre chaleur. Il incarne l'immortalité, la résurrection et la pureté... [...]Lorsqu'il sentait sa mort venir, il se construisait un nid d'herbes aromatiques pour s'y consumer. Il en renaissait un nouveau Phoenix...". Cet oiseau symbolise la résilience humaine. Comment survivre à la mort d'un enfant ? Comment continuer à vivre lorsqu'on est exilté et qu'on a tout perdu ? Chacun des personnages mis en scène dans Le voyage de Phoenix de Yung doit surmonter les difficultés de la vie.

Jennifer travaille dans un orphelinat coréen. Elle se sent proche d'eux car elle n'a pas connu son père, qui a fait la guerre de Corée, et sa mère refuse de lui en parler. Elle aime particulièrement Kim, un petit orphelin qui va être adopté par un couple américain Hélen et Aron, un illustrateur pour album pour enfants. Le couple donnera régulièrement des nouvelles du petit Kim, qui s'adapte rapidement à sa nouvelle vie dans le Minnesota, appelé l'Etat aux" dix mille lacs" et aux "dix mille coréens adoptés".  Jennifer rencontre un jeune nord-coréen, qui a réussi à s'échapper d'un camp de travail. Elle va aussi rencontrer un ancien soldat de l'armée américaine resté en Corée du Sud, après la guerre, qui va lui en apprendre davantage sur son père...

Chaque personnage - Kim, Aron, Helen, Jennifer et Lee San Ho - vit des drames, des moments heureux... Jung tisse à nouveau des thématiques déjà présentes dans son autobiographie Couleur de peau : miel, comme l'adoption, la recherche identitaire, le deuil d'un proche... Il a aussi ajouté l'histoire de la guerre de Corée (à travers la vie du père de Jennifer ou du réfugié nord-coréen). On retrouve aussi son magnifique coup de crayon, qui transcrit aussi bien les moments sinistres comme les descriptions des camps de travail mais aussi des moments de bonheur entre Kim et son père adoptif... Une bande dessinée magnifique et poignante !

Jung, Le voyage de Phoenix, Quadrants, septembre 2015, 300 p.

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Le voyage de Phoenix; Jung

13 septembre 2020

The lost city of Z de David Grann : ISSN 2607-0006

 Lors d'une conférence littéraire, un homme plutôt grand,avec un air plein de bonhommie, s'avance. A peine présenté et la première question posée, il se lance dans des réponses longues, développées et surtout pleines d'humour. Quel conteur ! Quelle verve ! Cet homme, c'est David Grann, l'auteur de La note américaine.

Que ce soit pour raconter l'extermination des indiens ou la vie d'un explorateur anglais, D. Grann a le don d'harponner le lecteur. The

La-cite-perdue-de-Zlost city of Z n'est pas une biographie supplémentaire d'un homme, Le colonel Fawcett,  qui a fasciné des milliers de lecteurs et de nombreux explorateurs. D. Grann a décidé de s'équiper, de suivre les traces de l'aventurier britannique en Angleterre et en Amérique du Sud et de vérifier ses thèses. Dans l'Amazonie, des indiens auraient construit une fabuleuse cité, l'Eldorado, qu'il a nommé Z : " Comment des générations de scientifiques et d'aventuriers avaient pu être le jouets d'une obsession fatale, cemme d'élucider " la plus mystérieuse exploration du XXeme siècle" et de localiser la cité perdue de Z : voilà ce que j'étais venu étudier, rien de plus" (p. 11). Le colonel était persuadé que les anciennes tribus de l'Amazonie étaient capables d'édifier de somptueuses cités.... Une multitude d'aventuriers ont disparu en voulant retrouver la trace de Fawcett, D. Grann arrivera-t-il à trouver ce qu'il lui est arrivé et la fameuse cité ?

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The lost city of Z © Netflix

Comme dans La note américaine, le reportage de Grann s'appuie sur une riche documentation. Il a pu rencontrer des descendants de Fawcett et compulser ses carnets secrets. Les lettres envoyées à sa femme lui permettent de retracer la vie de l'explorateur. Les nombreuses expéditions du colonel dans la jungle amazonienne sont de véritables exploits à l'époque. Il frôle à tout moment la mort dans cette nature hostile où fourmillent insectes mortelles, tribus d'indiens dangereuses, maladies.. Mais le colonel ne renoncera jamais à sa quête jusqu'à sa disparition près de Cuiabà.

Le journaliste ne se contente pas de raconter des événements biographiques mais il va replacer toute cette histoire dans son contexte tout en faisant une large place à l'histoire des explorateurs anglais et à celle des amérindiens, en racontant notamment le boom du caoutchouc, l'arrivée des conquistadors. Il n'oublie pas d'évoquer Bartolomé de Las Casas et sa fameuse controverse avec Sépulveda : les indiens ont-ils une âme ? Enfin, il évoque les théories récentes des anthropologues et archéologues menant des recherches dans le Sud de l'Amérique.

Encore une fois, D. Grann arrive merveilleusement à mêler histoire de l'Amérique, récit biographique et enquête palpitante comme dans un roman de Conan Doyle (l'auteur se serait d'ailleurs inspiré des aventures de Fawcett pour écrire Le monde perdu) !

Une telle destinée romanesque a donné envie au réalisateur James Gray de donner vie à cet explorateur légendaire. Le film est extrêmement classique et rend plutôt falot le personnage principal. On voit clairement comment Fawcett s'est exposé à la réprobation de tous à cause de son statut social mais aussi de ses thèses, celui d'une civilisation avancée existant en Amazonie, dans une Angleterre coloniale. Certes, la reconstitution est belle, les décors magnifiques, mais on s'ennuie vaguement devant les événements qui se succèdent platement...

Grann David, The lost city of Z, Points, Février 2017, France, 415 p.

The lost city of Z de James Gray, Netflix, 2017, avec Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Tom Holland...

Autre roman : La note américaine

Sur le web : Guichar Louis, Avec The lost city of Z, James Gray livre un film aussi majestueux que subtil", Télérama, mis en ligne le 14 mars 2017. URL : https://www.telerama.fr/cinema/the-lost-city-of-z-james-gray-livre-un-film-aussi-majestueux-que-subtil,155391.php

Le masque et la plume cinéma

"The Lost City of Z/"Citoyen d'honneur"/"La Confession"/"Le secret de la chambre noire"/"L'autre côté de l'espoir"/"Grave"/"Chacun sa vie"

https://www.franceinter.fr

 

11 novembre 2020

La voie du tablier Koosuke Oono : ISSN 2607-0006

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© Kousuke Oono / 2018 SHINCHOSHA

 "Tueurs ou victimes, les héros à "voie" sont plongés jusqu'au cou dans ce que l'Occident définit comme le mal. Ils ont assassiné leurs parents ou été victimes d'ignobles complots. Ils sont témoins ou acteurs de la boucherie guerrière et du massacre des innocents"* : c'est ainsi que que Jean-Marie Bouissou définit le héros "à voie". Koosuke Oono inscrit son personnage dans cette tradition mais ce n'est pas une voie banale. Tatsu l'immortel, yakuza capable de tuer 10 hommes à lui seul, a choisi de devenir... homme au foyer. Il s'évertue donc à nettoyer son appartement, à préparer des bentos à sa copine et à faire les courses.

Evidemment, cela crée des scènes loufoques où Tatsu choisit des cibles par exemple, mais la cible est un habit en solde. Face à des policiers qui contrôlent son identité, s'il plonge sa main dans sa veste, c'est pour en sortir un bon de réduction ! L'aspect comique du personnage vient du décalage entre son aspect effrayant et ses intentions de "parfaite ménagère".

On retrouve un "style manga" typique avec des sentiments hyperboliques représentés grâce à des déformations ou à d'énormes onomatopées (planche 1). Les procédés comiques sont répétifs et le scénario de ce seinen est assez décousu - ce n'est qu'une suite de petits instants quotidiens, de gags - voire fafelu avec un chapitre sur la vie du chat de Tatsu (Pouquoi ?) mais on attend la suite avec impatience en espérant qu'un scénario se mette en place.

Oono Koosuke, La voie du tablier, volume 1, (5 volume, en cours), Big Kana, Italie, Juin 2019, 159 p.

*Bouissou Jean-Marie, Manga, Histoire et univers de la bande dessinée japonaise, Picquier poche, Barcelone, avril 2018, 477 p.

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Pl. 1 : La voie du tablier © Kousuke Oono / 2018 SHINCHOSHA

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8 mars 2021

L'événement d'Annie Ernaux : ISSN 2607-0006

Le 13 janvier 2021, A. Ernaux aurait dû faire l'actualité avec son roman Passion simple adapté au cinéma par Danielle Arbid. Malheureusement, la sortie de ce film sélectionné au Festival de Cannes en 2020 est repoussée. Toutefois, sa longue nouvelle autobiographique L'événement est toujours d'actualité, avec le thème de l'avortement, en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

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Une librairie bordelaire © 1001 classiques

Dans ce court récit, A. Ernaux décrit quelques mois, dans les années 60, durant lesquels elle essaie d'avorter suite à une grossesse non désirée. Son copain, étudiant en médecine, indifférent à son sort et éloigné géographiquement ne la soutient ni moralement, ni financièrement. Elle ne peut guère compter sur l'aide de ses parents, d'origine modeste et pétris de préjugés. C'est dans la solitude qu'elle doit faire face à cette situation, situation d'autant plus difficile qu'à l'époque, les femmes n'ont d'autres solutions que d'avorter clandestinement.

On pourra apprécier la retenue de la romancière, qui ne tombe jamais dans une plainte ou un lyrisme facile. Au contraire, elle fait ressentir sa douleur, sa solitude et sa souffrance sans effusion. On reconnaîtra d'ailleurs son style habituel, son écriture "plate" (La place) qui mêle autobiographie, restitution de son époque et réflexion sur l'écriture : en l'occurence, elle cherche une manière d'exprimer sa douleur en cherchant à retrouver les sensations, les sentiments qu'elle a vécus sans les transformer. Vers la fin du récit autobiographique, elle affirme : "Et le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci : que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l'écriture, c'est-à-dire quelque chose d'intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans ma tête et la vie des autres" ( p. 125).

Un roman similaire à ses précédents romans ? En fait, Annie Ernaux, par ce récit d'un événement douloureux, s'inscrit dans la mémoire collective, mais plus spécifiquement de celle de toutes les femmes : (" Je ne suis pas le plombier !" [dit un chirurgien]. cette phrase comme toute celle qui jalonnent cet événement, des phrases très ordinaires, proférées par des gens qui les disaient sans réfléchir, déflagre toujours en moi. Ni la répétition ni un commentaire sociopolitique ne peuvent attérnuer la violence. [...] Et cette phrase que lui avait peut-être inspirée un sketch de Fernand Raynaud qui faisait alors rire toute la France, continue de hiérarchiser le monde en moi, de séparer, comme à coup de trique, les médecins des ouvriers et des femmes qui avortent, les dominants et les dominés" (p. 108).

"Il se peut qu'un tel récit provoque de l'irritation, ou de la répulsion, soit taxé "de mauvais goût". D'avoir vécu une chose, qu'elle qu'elle soit, donne le droit imprescriptible de l'écrire. Il n'y a pas de vérité inférieure. Et si je ne vais pas au bout de la relation de cette expérience, je contribue à obscurcir la réalité des femmes et je me range du côté de la domination masculine du monde" (p. 58).

Contrairement à ce que croit la romancière, la lutte contre l'IVG est peut-être terminée en France mais elle ne l'est pas dans d'autres états comme le rappelle un film récent Never rarely sometimes always (2020) ou d'autres événements de notre société contemporaine (France info).

Ernaux Annie, L'événement, Folio, France, août 2001, 130 p.

Autres romans de la romancière : Mémoire de fille, La place, la honte, une femme, Regarde les lumières mon amour

Sur le web : billet de Lilly

VIDEO. IVG : comment ça se passe dans le monde ?
L'IVG peut être pratiquée jusqu'à 24 semaines. C'est l'un des délais les plus élevés d'Europe avec les Pays-Bas. L'avortement est quasiment illégal. Les femmes polonaises ne peuvent désormais recourir à l'IVG qu'en cas de viol, d'inceste ou de danger pour la vie de la mère.
https://www.francetvinfo.fr

 

5 juillet 2021

Seoul copycat de Lee Jong-Kwan : ISSN 2607-0006

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Si vous avez apprécié les polars sud-coréens sur grand écran comme Memories of murder, de Bong Joon Ho, le récent Lucky strike de Kim Jong Hoon ou Stranger de Na Hong Jin, vous aimerez certainement les romans policiers coréens.

Seoul copycat repose davantage sur la manipulation des personnages, une intrigue retorse plus qu'une véritable enquête. En effet, l'inspecteur de police chargé de mener une enquête sur plusieurs meurtres, dont les suspects meurent à leur tour, dans les mêmes conditions que les victimes, est amnésique et aveugle ! Un tueur en série, nommé copycat, ferait donc justice en tuant ces suspects relâchés. Il est donc aidé par une jeune profileuse, Han Jisu, dont les interrogatoires musclés auraient poussés au suicide plusieurs suspects. Une enquête est donc ouverte pour surveiller son comportement... Avec tous ces déboires, elle prend des médicaments pour calmer son anxiété. L'inspecteur amnésique, Lee Suyin, va-t-il retrouver la mémoire et la vue ? Il est le seul à avoir peut-être affronté le copycat lors d'un incident qui l'a conduit à l'hôpital...

Que de retournements de situation ! Quelle suspense ! On est thrillé du début à la fin : au fur et à mesure des interrogatoires que subit le convalescent, l'enquête va peu à peu se dénouer. Ce dernier perçoit bien des anomalies dans le lieu où il est gardé. Han Jisu, de plus en plus dépressive, retrouve des indices sur les anciens lieux du meurtres et tout semble mener au suspect le moins probable (pas celui que vous croyez, mais un autre).

Seoul copycat de Lee Jong-Kwan - qui a été rédacteur dans une revue de professionnelle de criminologie - est un polar bien ficelé et efficace mais il manque une dimension sociétale, historique ou autre pour le rendre vraiment remarquable. Contrairement à L'île des chamanes, ce polar aurait pu, en fait, se dérouler n'importe où et excepté les noms des personnages et des villes, rien n'est spécifiquement coréen dans cette enquête, qui repose entièrement sur une intrigue astucieusement construite...

Jong-Kwan Lee, Seoul copycat, Matin calme, août 2020, France, 252 p.

Lecture commune avec Rachel.

7 février 2022

Search and destroy d'Atsushi Kaneko : ISSN 2607-0006

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© by KANEKO Atsushi 

Dans une postface, on peut lire ce message du mangaka Atsushi Kaneko : " A chaque fois que l'absurdité du monde lui inspire la colère, l'humain est amené à faire en parallèle l'expérience de la solitude, car il prend conscience de sa propre insignifiance et de son impuissance. Dans ces moments, le contact de la colère contenue dans le manga, la littérature, le cinéma, la musique ou l'art en général peut être l'occasion de rencontrer un autre qui partage la même indignation, de trouver une légétimité au sentiment qui bouillonne en soi. Si la sulture n'influe pas directement sur le politique, elle a le pouvoir de transformer le coeur de chacun".

C'est cette colère qu'il a transcrit dans son manga Search and destroy, série courte de trois volumes, réécriture de Dororo de Tezuka. Search and destroy reprend donc le même argument que Dororo : une jeune fille Hyaku, en partie humaine, animée d'une colère hors-norme, dans un futur post-apocalyptique dans une esthétique très stalinienne, recherche différentes parties de son corps. En effet, à sa naissance 48 screechs, des robots, se sont accaparés de ses différentes parties humaines pour ressentir des sensations qu'ils ne connaîtrons jamais.

planche search and destroy 2Avec ses noirs profonds, les dessins sont très violents et viscérals, allant de pair ainsi avec la colère de la jeune fille, partie en quête de ses propres membres. Pour quelle raison lui a-t-on fait subir ce sort ? Une fois son corps reconstitué, qui sera-t-elle ?

© by KANEKO Atsushi 

Parallèlement à cette enquête, elle rencontre un jeune garçon orphelin Doro - vous voyez-là clairement la référence à Tezuka ! - qui lui aussi fera des découvertes sur son identité. Et les screechs dans tout ça ? Certains de ces robots exploités vont se rebeller avec pour cri de ralliement "search and destroy". "Les screechs sont dépourvus de coeur. Leurs émotions ne sont que le fruit de calculs... le résultat de simples algorithmes" : ce vieux questionnement sur l'âme des machines que questionnait aussi, par exemple, Asimov s'accompagne d'interrogations sur le machiavélisme en politique... 

Une héroïne forte, des thématiques très riches, un dessin très singulier ! Un véritable coup de ♥ pour ce chef d'oeuvre de Atsushi Kaneko !

Search and Destroy, Atsushi Kaneko, trois volumes (série terminée), delcourt/tonkam, 2021.

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© by KANEKO Atsushi

7 novembre 2021

L'appel des montagnes de Tetsuo Utugi : ISSN 2607-0006

 

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Pourquoi lire L'appel des montagnes de Tetsuo Utugi si vous n'éprouvez aucun attrait pour le sport ou pour la montagne ? Ce manga aborde bien plus de thèmes que ce que le titre ne laisse suggérer.

Dans le premier tome, Kusaba, Kuroki et Kaneda font de l'alpinisme dans le club de l'univsersité de Santama. Il doivent absolument recruter de nouveaux étudiants s'ils ne veulent pas voir leur club fermer ! Justement, trois jeunes filles - qui n'ont jamais fait de sport - hésitent à s'inscrire. Qu'à cela ne tiennent, nos trois grimpeurs tentent par tous les moyens de les embrigader ! Commencent alors un cours d'équipement et l'ascension du mont Takao, proche de Tokyo.

Dans le deuxième volume, les trois novices tentent de faire de l'alpinisme seule après leur cours- elles grimpent le mont Oyama d'où elles peuvent voir le mont Fuji - sans leurs mentors, ce qui provoquent des cascades de catastrophes. On suit parallèlement les anciens - Kusaba, Kaneda et Kuroki s'entrainer sur des parcours plus difficiles.

L-appel-des-montagnes planche 2C'est l'occasion, à nouveau de décrire de nouveaux lieux et de nouveaux équipements... On voit aussi bien les personnages s'entraîner que passer du bons moments ensemble (oui, ils font les pitres et visiblement les vêtements de montagne ne vous rendent pas forcément fashion). Tout y est : l'aspect technique de l'escalade ( avec des planches un peu techniques), économique avec passage dans les magasins, les entraînements et les descriptions des lieux. L'ensemble est servi par un magnifique style, des dessins très fins et très  minutieux. Dommage, aucun bonus ne vient donner des informations sur le mangaka ou sur la genèse de cette série... On attend les tomes suivants avec impatience !

L'appel des montagnes, Tetsuo Utugi, tomes 1 et 2, Soleil manga, en cours, 2021.

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© 2018 Tetsuo Utsugi

27 novembre 2021

Le gambit du renard de Yoon Ha lee : ISSN 2607-0006

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Le Gambit du renard de l'auteur coréen Yoon Ha-Lee est un livre complètement curieux, étrange, mystérieux, destabilisant... Soit l'auteur n'a cure de son lecteur, soit il le maintient dans un flou et un mystère intentionnel.

Tout d'abord, on est projeté dans une bataille dans laquelle le capitaine Kel Chéris doit défendre un générateur dans un milieu hostile. Mais au moment où accompagnée de sa compagnie, Chéris l'atteint, on lui demande d'abandonner sa mission car elle a utilisé une formation de combat "hérétique". Voici le troisième paragraphe de l'incipit: "D'après le rapport, les Anguilles possédaient un générateur directionnel des tempêtes. Les tempêtes brouillaient les radioguidages. L'effet était localisé, mais c'était problématique lorsque des colonnes parallèles se retrouvaient aux extrêmités d'une route, à une centaine de kilomètres de distance et carrément fatal lorsque les mouvements sur la surface planétaire vous envoyaient dans les tréfonds du sous-sol". Rassurez-vous, vous ne saurez jamais à quoi ressemble les Anguilles !

Qui sont les hérétiques ? Qu'appelle-t-on la Forteresse des Aiguilles diffuses ? Qu'est-ce que le pourrissement ? Le point de vue est celui de l'héroïne donc on n'en sait jamais davantage que le personnage,c'est-à-dire peu. Vous pensez certainement que les explications viennent après, dans la suite du roman ? Pas du tout ! A aucun moment, l'auteur prend la peine d'expliquer le monde futuriste de space opéra qu'il a construit. On comprend tout de même que le capitaine Kel fusionne avec un "traitre", gardé prisonnier, général vainqueur de toutes les batailles qu'il a menées et sorte de fantôme. Tous deux doivent arrêter le pourrissement de la Forteresse prise par des hérétiques.

Croyez-vous qu'on a envie d'abandonner le roman ? En fait pas du tout ! On est tellement intrigué par cette histoire absolument folle que l'on continue à chercher les réponses à nos questions. On comprend vaguement que les hérétiques défendent la démocratie (le mot n'est dit qu'un à seul moment, il faut réellement être attentif...)et que l'Hexcarcat a réprimé le monde des philosophes. Quant à Chéris, elle sert sous l'emblème du faucon, qui n'est pas sans rappeler l'aigle impérial ou d'autres symboles du même type...

Construit comme une gigantesque partie d'échec, le fameux "gambit" du titre, ce roman, qui n'est pas complaisant envers son lecteur, vous laissera soit échec et mat, soit vous mènera jusqu'à la fin de la première partie, étant donné que ce n'est que le premier opus d'une trilogie. Aura-t-on des réponses à la fin de la trilogie ?

papothéLC coréenne avec Rachel.

Participation "un roman avec dans le titre un nom d'animal" #challengepapothé de @du_cote_de_chez_gael

20 février 2022

La messe de l'athée de Balzac : ISSN 2607-0006

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"La messe de l'athée" de Balzac présente un portrait aussi paradoxale que son titre oxymorique ! C'est une lecture à clé puisqu'on nous décrit la vie de "l'illustre Desplein" qui est en réalité un contemporain de Balzac : le chirurgien Dupuytren. Ce dernier, salué comme un génie et auréolé de gloire, va prendre sous son aile, Bianchon, le fameux médecin présent dans Le père Goriot, qui vit encore comme un pauvre étudiant.

Son maître, Desplein, est un "cabaniste", c'est-à-dire un homme qui ne s'intéresse qu'à l'aspect clinique des êtres. Il est riche, athée et connaît le succès. Cependant, un jour, Bianchon découvre par hasard que le chirurgien écoute des messes, en cachette. "L'intrigue s'embrouillait" comme le dit si bien notre narrateur. Pourquoi Desplein assiste à ces messes ? Pourquoi nie-t-il se rendre dans l'église ? Bianchon enquête sur ce mystère pour découvrir ensuite les raisons des agissements cachés de ce médecin.

Le chirurgien révèle toute la vérité sur son ascension sociale. Il est encore question du dévouement entier et sincère d'un personnage. Alors que Desplein dépeint la société matérialiste des années 1830, il fait le portrait d'un homme qui échappe à l'attrait de l'argent. Sa propre trajectoire et son caractère en sont aussi changés. Cette nouvelle balzacienne dévoile tout le talent de l'auteur de La peau de Chagrin pour révéler l'envers du décor de ses contemporains.

logo balzacLecture commune avec Rachel, Miriam, Claudia, Pativore.

Prochaine LC le 30 mars : Le cousin Pons

 

 

 

 

La comédie humaine (catalogue et organisation établis par Balzac):

biographie de Balzac : Honoré et moi, Titiou Lecoq

 Scène de la vie privée : La maison du chat-qui-pelote,"Le bal de Sceaux", La bourse, Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, La fausse maîtresse, "La femme abandonnée", Gobseck, Le père Goriot, Le colonel Chabert, La grenadière, La messe de l'athée, Madame Firmiami,

Scène de la vie de province : Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, " Pierrette", Le curé de Tours, La vieille fille, Le cabinet des antiques,

Scène de la vie parisienne : Ferragus, La duchesse de Langeais, La fille aux yeux d'or, La maison Nucingen,Fascino cane, "Pierre Grassou", La cousine Bette,

scène de la vie politique : Un épisode sous la terreur,

scène de la vie militaire :

Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée,

Etude philosophique : La peau de Chagrin, Jésus-Christ en FlandreMelmoth réconcilié, Le chef d'oeuvre inconnu, "Adieu",Un drame au bord de la mer, Maître Cornélius, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie, Louis Lambert, Les proscrits, Les Manara, Le réquisitionnaire

Etude analytique :

28 octobre 2020

Ghost Teller de QTT : ISSN 2607-0006

Cyi9KbqDoERN0X48RelFLes webcomics, mangas coréens appelés aussi "manwhas", souvent adaptés en séries télévisées comme Bring it on ghost, Kingdom, Itaewon class, Other people hell, Along with the gods... semblent connaître un grand succès. Vous pouvez avoir accès à ces mangas, sur des sites comme webtoon ou Delitoon.

La lecture est facilitée par la mise en page verticale - il suffit de faire défiler les images de haut en bas - et le système de téléchargement via l'application sur un smartphone, permet de les lectures hors connexion. Chaque semaine paraissent de nouveaux chapitres. 

Série fantastique, Ghost Teller met en scène des fantômes se racontant des histoires : la première intitulée "cette femme-là" nous présente une jeune femme laide et malchanceuse. Elle n'a ni mari, ni travail. Un jour, dans la boutique d'une voyante, elle vend son âme pour obtenir deux bonheurs contre un malheur. Assez rapidement, elle fait la connaisance d'un bel homme qui l'épouse. Elle aura un fils tout aussi beau que père. Quel malheur lui réserve le sort ?

Les décors sont assez peu détaillés mais les dessins peuvent être de belle qualité, comme c'est le cas pour Ghost Teller. Les couleurs viennent renforcer l'ambiance et plairont à ceux qui ne s'habituent pas à l'absence de couleurs dans les mangas.

Après "Cette femme-là", commence une deuxième histoire concernant un orphelinat raconté par un deuxième fantôme...

L'avantage des webtoons, outre l'aspect matériel, c'est que les sites proposent divers genres et différentes esthétiques. A vous maintenant d'expérimenter, de tester et peut-être d'adopter les webtoons...

QTT, Ghost Teller, Webtoon, 2020.

Sur le web : Maillé Pablo, "Avec les webtoons, la BD sud-coréenne est en passe de conquérir le monde", mis en ligne le 8 octobre 2019, Télérama. URL : https://www.telerama.fr/livre/avec-les-webtoons,-la-bd-sud-coreenne-est-en-passe-de-conquerir-le-monde,n6427246.php

Challenge coréen

Participation au challenge coréen de Christie

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Participation au challenge Halloween de Lou et Hilde

11 février 2021

Le médecin de famille de Lucia Puenzo : ISSN 2607-0006

Adapté d'un roman de la réalisatrice Lucia Puenzo, intitulé Wakolda ( 2011), Le médecin de famille fictionnalise une période de la vie de Josef Mengele. Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux nazis avaient fui en Amérique du Sud. Présent quelques années en Argentine, J. Mengele fuit ce pays, dénoncé pense-t-on par Nora Eldoc, une espionne ayant réellement existé.

En Patagonie, une famille rencontre un homme poli et froid, qui va aussi devenir le premier client de l'hôtel dont elle a hérité. Cet homme, soit-disant vétérinaire, s'intéresse de près à leur fille Lilith, qui a des problèmes de croissance. Il décide de lui prescrire un traitement. De même la mère Eva, qui attend des jumeaux, attire l'attention du médecin. Entre-temps, le père Enzo, restaure des poupées et le médecin décide de les fabriquer en série...

Peu d'actions viennent rythmer ce film lent comportant peu d'événements. C'est davantage l'atmosphère qui est travaillée : de magnifiques paysages en plan général permettent d'admirer la Patagonie. Couleurs et photographie de l'image sont absolument magnifiques. Ce décor contraste avec l'ambiance sombre de l'usine dans laquelle on voit les poupées fabriquées. Peu à peu, l'angoisse s'insinue lorsqu'on voit évoluer ce personnage inquiétant s'immiscant dans cette famille, testant ses produits sur la petite fille, s'occupant des jumeaux.

En arrière-plan de ce drame familial, on nous montre une école allemande, dans laquelle travaille Nora Eldoc, une espionne qui a repéré Mengele dans ce médecin. En hors-champ évolue une petite société pro-nazis et on évoque aussi l'arrestation d'Eichman. Ce long-métrage lent et académique aborde donc l'eugénisme ( "Le mélange salit le sang et dévaste la mémoire", déclare le médecin allemand à Lilith) et l'Histoire de manière anecdotique mais il a au moins le mérite de parler d'un sujet peu traité : le quotidien de criminels nazis vivant en toute impunité... Un bonus dans le DVD permet d'écouter la réalisatrice expliquant ses choix, révélant les éléments fictifs...

Le médecin de famille, Lucia Puenzo, 2013, 1h33, avec Alex Brendemuhl, Nathalia Oreiro, Diego Peretti.

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"Le Médecin de famille". WANDA FILMS/SEBASTIAN PUENZO

31 décembre 2021

Un épisode sous la terreur de Balzac : ISSN 2607-0006

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Cette nouvelle de balzac est entièrement construite sous le signe du secret. Dès l'incipit, une atmosphère mystérieuse s'installe : "Il avait tant neigé pendant toute la journée, que les pas s'entendaient à peine. LEs rues étaient désertes. La crainte assez naturelle qu'inspirait le silence s'augmentait de toute la terreur qui faisait alors gémir la France ; aussi la vieille dame n'avait-elle encore rencontré personne ; sa vue afflaiblie depuis longtemps ne lui permettait pas d'ailleurs d'apercevoir dans le lointain, à la lueur des lanternes, quelques passants clairsemés comme les ombres de l'immense voie du faubourg". 

Deux effets d'attente sont mis en place : qui est cette vieille dame ? Quelle est la boîte qu'elle va chercher chez un boulanger ? Une fois son identité connue et celle de ses compagnons d'infortune, ce sont des religieuses et un prêtre, un inconnu vient les troubler en venant chaque année demander une messe. Qui est-il ? Pour quelle raison demande-il cette célébration ?

Une note à fin de la nouvelle - dans l'édition GF des Nouvelles de Balzac - attire notre attention sur la véracité de l'histoire. L'histoire aurait été rapportée par le fils d'un des protagonistes de l'histoire.... même s'il a des éléments vraisemblables, c'est surtout l'art de la chute de Balzac qui rend cette nouvelle sur un petit évènement de la Terreur tout à fait passionnant !

"Un épisode sous la terreur", Balzac

LC avec Rachel et Miriam (billet ici)

La comédie humaine (catalogue et organisation établis par Balzac):

biographie de Balzac : Honoré et moi, Titiou Lecoq

 Scène de la vie privée : La maison du chat-qui-pelote,"Le bal de Sceaux", La bourse, Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, La fausse maîtresse, "La femme abandonnée", Gobseck, Le père Goriot, Le colonel Chabert

Scène de la vie de province : Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, " Pierrette", Le curé de Tours, La vieille fille, Le cabinet des antiques,

Scène de la vie parisienne : Ferragus, La duchesse de Langeais, La fille aux yeux d'or, La maison Nucingen,Fascino cane, "Pierre Grassou", La cousine Bette,

scène de la vie politique :

scène de la vie militaire :

Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée,

Etude philosophique : La peau de Chagrin, Jésus-Christ en FlandreMelmoth réconcilié, Le chef d'oeuvre inconnu, "Adieu",Un drame au bord de la mer, Maître Cornélius, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie, Louis Lambert, Les proscrits,

Etude analytique :

1 mai 2022

L'étoile du Nord de D. B. John : ISSN 2607-0006

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Les romans d'espionnages sont souvent complexes avec de multiples problèmes géopolitiques et de nombreux personnages sans oublier les péripéties à foison. Ce n'est absolument pas le cas de L'étoile du Nord  de D. B. John qui s'intéresse tout particulièrement à un état : la Corée du Nord à travers le point de vue de trois personnages.

On suit donc les aventures qui paraissent rocambolesques - mais qui reposent sur des faits réels comme le rappellent les notes de l'auteur en fin d'ouvrage où il révèle ses sources et ses inspirations  - de Moon, une nord-coréenne, de Jenna, une américano-coréenne et de Cho, un représentant du régime de Corée du Nord.

Moon est une pauvre paysanne qui cherche à améliorer son misérable quotidien en vendant des galettes de riz sur un marché clandestin. Elle va faire la rencontre de "Bouclette" et de Kyu, un orphelin errant dans les rues. A travers son histoire, c'est le quotidien des Nord-Coréens que l'on découvre entre peur du régime et révolte devant de nombreuses injustices. Entrelacés à ce récit, deux autres narrations nous font découvrir la vie d'un haut fonctionnaire du régime de Kim Jong-Il, appelé Cho et celle de Jenna qui vit aux Etats-Unis : sa soeur jumelle a disparu sur une plage de Corée de Sud. Est-elle morte ? Pourquoi a-t-elle disparu ? Recrutée par la CIA pour ses connaissances sur la corée du Nord et pour ses aptitudes physiques, elle va mener une enquête pour retrouver sa soeur... Quant à Cho, ce colonel doit être sans cesse sur ses gardes pour ne pas déplaire aux dirigeants... Envoyé aux Etats-Unis, il doit négocier pour obtenir des fonds. Le moindre faux-pas dans l'entourage du Leader provoque une mort certaine...

L'auteur croise habilement tous ces destins pour décrire un des Etats les plus secrets du monde... Mais les brefs chapitres, qui facilite la lecture, empêche aussi l'immersion dans la vie de chaque personnage. A peine a-t-on le temps de prendre connaissance d'un événement concernant l'un des personnages qu'on est aussitôt précipité dans la vie d'un autre, radicalement différente. Le choix d'un seul personnage aurait appauvri la perception que l'on pourrait avoir de la Corée du Nord, cependant, l'accumulation frénétique d'actions rend laborieuse la lecture : la mort du père de Jenna est ainsi expédiée en une ligne, les personnages sont tous caricaturaux, excepté Cho !

Une fictionnalisation de l'histoire contemporaine pas déplaisante, voire enrichissante, mais trop hachée dans sa construction !

J. B. John, L'étoile du Nord, Equinox, France, janvier 2019, 611 p.

LC coréenne avec Rachel.

16 septembre 2020

Itaewon class de Gwang Jin : ISSN 2607-0006

optimizeAdapté d'un webcomic, Itaewon class de Gwang Jin est une série coréenne de 16 épisodes se démarquant des autres K-dramas. Pourquoi ? Certes, certains clichés restent présents comme des triangles amoureux, des moments émotionnellement forts, des embûches sans nombre qui se dressent devant le héros et d'invraisemblables coincidences, mais tous ces stéréotypes sont atténués par le jeux des acteurs moins outranciers que ce que l'on peut voir habituellement dans les autres K-dramas et l'intrigue semble beaucoup plus vraisemblable sans amant venu des étoiles, d'une autre dimension temporelle...

Voici quelques raisons (oui, car une liste de 1000 raisons serait trop longue à faire et à lire) pour lesquelles vous devez regarder Itaewon class qui raconte l'ascension de Saeroyi : le héros est renvoyé de son lycée car il a frappé le fils d'un dirigeant d'une grande chaîne alimentaire, Jang Dae-Hee. Son fils est ensuite responsable de la mort du père de Saeroyi mais il cache son délit de fuite grâce à son père. Saeroyi fait de la prison pour avoir tenté de tuer le fils de la famille Jang mais il décide de se venger en devenant plus riche et plus puissant que la famille Jang...

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Itaewon class © Netflix

1. On ne s'ennuie pas dans cette série où dans un seul épisode, le père du héros meurt et ce dernier, Saeroyi, rencontre son premier amour et se fait renvoyer de son lycée et le lycéen le plus riche de la ville devient son ennemi pour la vie. Rien que ça ! Et ce n'est que le premier épisode... Imaginez la suite, il y a même des enlèvements ! 

2. Aucun des personnages principaux n'est une K-pop idol (contrairement à Hello Monster, où joue D. O., chanteur de EXO ou My only love song où le rôle principal est attribué à Lee Jong Hyeon, ex-chanteur de CNBlue) mais tous sont jeunes, beaux et courageux. On a juste envie de vendre un rein pour être aussi fashion qu'eux, avoir de pareils amis et un patron aussi intègre et tolérant !

3. La photographie est superbe, la ville est superbe et les acteurs sont superbes ! Il y a trop de répétitions de "superbes" dans une seule phrase mais on ne peut pas faire autrement.

4. Itaewon class ne parle pas seulement d'une histoire de vengeance, de réussite sociale et de romance mais il aborde aussi des problèmes sociétaux comme le racisme et l'identité sexuelle. C'est le K-drama parfait.

5. Si vous êtes un K-pop addict, vous pouvez entendre V de BTS chanter Sweet Night, entendre Live de Gaho ou Someday the boy de Kim Feel... et si vous n'êtes pas un K-pop addict, vous le deviendrez forcément.

6. Vous serez certainement émotionnellement touchés par autant de scènes dramatiques : mort du père, amour impossible du héros, amour à sens unique de l'héroïne Yi-Seo ou de son meilleur ami. Le père trahit son fils et les employées trahissent leur patron etc... etc... On pleure beaucoup, même en ayant un coeur de pierre et un rire de hyène comme Dae Hee Jang.

Itaewon class, de Gwang Jin, Netflix, 16 épisodes d'une heure, 2016, avec Park Seo-Joon

Challenge coréenSur le web : Juraver Sénami, "Itaewon class, la série qui dénonce les discriminations", Le point, mis en ligne le URL : https://www.lepoint.fr/afrique/itaewon-class-la-serie-coreenne-qui-denonce-les-discriminations-14-06-2020-2379803_3826.php

participation au challenge coréen de Christie.

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Itaewon class © Netflix

7 octobre 2020

Blanche-Neige et le chasseur de Rupert Sanders : ISSN 2607-0006

20140118Il était une fois un conte sans cesse adapté : Blanche-Neige. Il apparaît en 1810 dans la première édition manuscrite du recueil des frères Grimm. Un méchante marâtre veut tuer sa belle-fille, plus belle qu'elle, mais le chasseur, qui doit la tuer, a pitié d'elle et la laisse vivre...  Chacun connaît la suite, avec la rencontre des sept nains, les ruses de la reine pour se débarrasser de Blanche-Neige, son sommeil et enfin l'arrivée du prince charmant.

Blanche-Neige © Netflix

Marthe Robert, dans sa préface des Contes de Grimm, qualifie ce type de récit "d'éducation sentimentale"* et Bruno Bettelheim - dans Psychanalyse des contes de fées - ne dit pas autre chose, au-delà de son analyse freudienne : "ces épreuves encouragent l'enfant à ne pas se laisser démonter par les difficultés qu'il rencontre en luttant pour devenir lui-même" (p. 300).

Après la version édulcorée de Disney, où tout le monde chante joyeusement à tue-tête, voici la version gothique du conte. Les mêmes personnages sont repris mais métamorphosés en personnages de dark fantasy. La marâtre est une véritable sorcière horrifique, faisant apparaître des monstres. Quant à Blanche-Neige, elle ne porte ni robe ni cheveux bien coiffés mais une armure, l'oeil charbonneux et combat des trolls. Elle n'a plus besoin de prince charmant pour se délivrer du sortilège et fait preuve de courage en menant une armée dans un combat épique.

La magie n'opère pas complètement tant les choix semblent guidés par des goûts commerciaux : l'héroïne est incarnée par Kristen Stewart connue pour son rôle principal dans Twilight -, les sept nains et le château semblent tout droit sortis du Seigneur des anneaux (2001) et les intrigues autour de la couronne, ainsi que les combats ne sont pas sans évoquer Games of throne. Le décor de la forêt et l'armure portée par l'héroïne font penser à Alice aux pays des merveilles de Tim Burton(2010). Ce n'est pas un navet mais ce long-métrage manque cruellement d'originalité...

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Blanche-Neige et le chasseur de Rupert Sanders, Netflix, 2h, avec Kristen Stewart, Charlize Theron, Chris Hemsworth, Ian McShane et Sam Claflin

* Grimm, Contes, Folio, France, Décembre 1997, 145-157 p.

Bettelheim Bruno, Psychanalyse des contes de fées, France, septembre 1999, Pocket, 293-323.

Sur le web : Luciani Noémie, "Blanche-Neige et le chasseur : une Blanche-Neige héroïque pour jeunes filles modernes", Le monde, mis en ligne le 12 juin 2012. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2012/06/12/blanche-neige-et-le-chasseur-une-blanche-neige-heroique-pour-jeunes-filles-modernes_1717076_3476.html

Colombani Florence, "Blanche-Neige et le chasseur - remake hollywoodien", Le point, mis en ligne le 11 juin 2012. URL : https://www.lepoint.fr/cinema/blanche-neige-et-le-chasseur-remake-hollywoodien-11-06-2012-1472053_35.php

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Blanche-Neige et le chasseur © Netflix

19 février 2021

L'atelier des sorciers de Kamone Shirahama : ISSN 2607-0006

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© Kamome Shirahama

Quel succès pour K. Shirahama ! Chacun de ses mangas sort en édition collector pour magnifier le dessin de ce manga de magie. Coco le personnage de L'atelier des sorciers est un peu le Harry Potter du manga. Présentons d'abord la mangaka : " Diplômée de l'Université des Arts de Tokyo, section Design, elle embrasse une carrière d'illustratrice free-lance et de mangaka. Elle réalise plusieurs couvertures de comis américains : Marvels, DC, Star Wars... Parmi ses autres mangas, on peut citer Enidewi" (jaquette).

Le parallèle entre ces deux sagas est facile à faire puisque Coco est une petite fille ordinaire qui découvre à 10 ans qu'elle peut faire de la magie. Elle entre alors dans une école dans laquelle trois autres fillettes apprennent depuis leur plus jeune âge à pratiquer la magie. Malheureusement, Coco découvre que la magie se pratique en dessinant. Quoi de plus facile ! Elle décide alors de reproduire un dessin qu'un magicien lui a vendu lorsqu'elle était plus jeune, ce qui provoque une catastrophe...

61wSRRlzhcLLa première chose qui frappe l'oeil, dans ce manga, c'est la beauté des dessins. Les cercles dominent et remplacent parfois la case réglementaire. Certains personnages ressemblent à des figures féminines présentes dans les cartes postales art nouveau. Les cases ne suivent jamais le schéma d'un gaufrier mais présente une grande variété de mise en page avec de superbes éléments de décors. Le trait est très fin comme dans une gravure.

© Mucha

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© Kamome Shirahama

L'originalité de la magie dans cette histoire où les sorciers portent des capes et des chapeaux pointus mais pas de balai volant, c'est qu'elle naît de dessins qui pourraient être pratiqués par tous. C'est pourquoi cette magie reste secrète. Certains l'utilisent à mauvais escient comme l'antagoniste de Coco, la confrérie du capuchon. Outre cet adversaire, la fillette doit passer de nombreuses épreuves pour rester en compagnie des apprenties-sorcières : passer l'examen des élèves sorciers sans que Coco y soit préparée, afffronter un dragon...

Comme dans Harry Potter, cet univers magique se constitue peu à peu sous nos yeux : quelle encre utiliser pour faire les dessins magiques ? Quels sont les symboles à utiliser... On découvre ainsi les différents emblèmes magiques et les lieux constituant cet univers comme la tour-bibliothèque, les monts surréalistes, Carn la ville des sorciers...

Le personnage principal est jeune, naïf mais aussi très attachant : Coco est débrouillarde, tenace et courageuse. De nombreux éléments, lieux et personnages secondaires sont peu développés et seulement introduits dans ce tome 1. L'ensemble est assez enfantin avec des petites saynètes comiques ou mignonnes. Cependant, on attend avec impatience de faire plus ample connaissance avec ce monde de fantasy.

Shirahama K., L'atelier des sorciers, tome 1 (7 tomes, série en cours), Pika, 204 p.

Sur le web :

billet de Docbird, billet de Kiona

" L'Atelier des sorciers ", manga enchanteur
Tolkien a aussi des héritiers au Japon. Les mangas de fantasy et de récits où la magie est un élément central de la narration abondent. En revendiquant l'influence d'Harry Potter et du Seigneur des anneaux, la mangaka Kamome Shirahama inscrit totalement sa série L'Atelier des sorciers dans ce courant tout en cherchant à le renouveler.
https://www.lemonde.fr

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© Kamome Shirahama

9 juin 2021

Da 5 bloods de Spike Lee : ISSN 2607-0006

Spike Lee est un réalisateur engagé même lorsqu'il filme des braquages comme dans Inside man. Son dernier film, directement sorti sur une plateforme de streaming présente des défauts mais n'en est pas moins intéressant.

Quatre vétérans noirs américains décident de retourner au Vietnam pour retrouver des lingots d'or cachés lors d'un de leur combat et de rapatrier le corps d'un ancien compagnon. Ils retournent donc tous, au Vietnam, dans l'espoir de retrouve l'argent. Sous leur air de vieux touristes joyeux et inoffensifs, ils manoeuvrent habilement pour mettre la main sur leur trésor. Malheureusement, leur quête n'est pas sans dangers entre un des vétérans qui devient fou, les serpents, la jungle...

Ce long film ne paraît pas si long que ça malgré car les actions s'enchaînent avec des retours en arrière, des intrigues secondaires, des fusillades, des rencontres... Mais c'est justement là que le bât blesse : ce foisonnement, sans compter l'insertion d'images documentaires sur les défenseurs des droits des Afro-américains comme Marin Luther King, est un peu brouillon et bouillonnant. Il y a des longueurs avec le développement de personnages complètement inutiles comme celui de démineurs (même si on voit bien la pique envers les Français qui ont colonisé l'Indochine), deux intrigues amoureuses superflues. Justement, les sujets sont effleurés et le réalisateur semble s'éparpiller pour démontrer comment les Noirs ont été envoyés en première ligne lors de cette guerre et la propagande vietnamienne pour diviser les soldats américains etc...

Ce film comporte, en outre, de nombreux dialogues avec des règlements de compte sanglants comme ceux de Tarantino et fait des références explicites au long-métrage de Coppola, Apocalypse Now. Mais on reconnaît aussi les cadrages audacieux et originaux du réalisateur de Blackkklansman qui valent bien le détour !

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Da 5 Bloods, de Spike Lee. © DAVID LEE/NETFLIX

Da 5 bloods de Spike Lee, Netflix, avec Isiah Whitlock jr, Delroy Lindo, Jonathan Majors, Clarke Peters, Norm Lewis, 2020, 2h36.

Autres films : Inside man, Blackklansman

Sur le web :

Da 5 Blood, Spike Lee perdu dans la jungle sur Netflix
CRITIQUE - Dans ce film, le cinéaste dénonce les ravages de la guerre du Vietnam sur la communauté afro-américaine. Mais s'embourbe dans une aventure bien trop bavarde. Spike Lee aurait dû être le premier Noir à présider le jury de Cannes cette année. Le Covid-19 en a décidé autrement.
https://www.lefigaro.fr

 

 

7 février 2021

soirée pop-corn rétro # 4 : ISSN 2607-0006

Eternel Charlot ! Plus d'un siècle après sa création, Charlot est resté un personnage emblématique, encore populaire. Le didacteur, La ruée vers l'or... font désormais partie des "classiques", des incontournables ou des indémodables...

Dans les années 1920, Charlie Chaplin a réalisé de nombreux courts-métrages annonçant déjà ses films plus tardifs. Dans Charlot s'évade, le célèbre réalisateur donne vie à un prisonnier en cavale, qui sauve une jeune fille de la noyade ainsi que la mère et même le fiancé de la jeune bourgeoise.

Après ce sauvetage, Charlot va fréquenter cette société aisée lorsque ressurgit d'un placard le gardien de prison. Le fiancé évincé s'aperçoit que Charlot qui se fait passer pour le propriétaire d'un yatch est en réalité l'évadé recherché par les gendarmes, qui font irruption dans l'hôtel où évolue tout ce beau monde...

Après avoir quitté son costume de bagnard, Charlot revêt son costume reconnaissable, chaussures immenses, veston noir. Déjà, se succèdent des courses-poursuites endiablées, des coups de pieds, des chutes. Charlot s'évade est évidemment burlesque comme la majorité de la production de Charlie Chaplin mais ce court-métrage est aussi une critique de cette société insouciante, comme plus tard, les films satiriques tels que Le dictateur ou Les temps modernes : la jeune fille acceptera de fréquenter un homme qui n'appartient pas à son milieu ? Toutefois, le film reste surtout un chef-d'oeuvre de comique avec ses situations cocasses qui s'enchaînent sur un rythme effréné.

Perdus dans la masse de films du réalisateur britannique, les courts-métrages comme Charlot s'évade ou Charlot policeman sont à redécouvrir...

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Charlot s'évade, Chaplin, 1917, 27 min

Soirée pop-corn organisé avec Missy Cornish.

Sur le web :

 

Les chemins de la connaissance - Charlot-Chaplin, un mythe 2/5 : Le shlemiel et le dandy

Aucun document n'atteste la date et le lieu exacts de la naissance de Charlie Chaplin dans le Londres de la fin du 19ème, une sorte de flou plane sur ses origines... On a donc pu imaginer tout et n'importe quoi ; certains l'ont dit enfant de bohémien...

https://www.franceculture.fr

 

27 juin 2021

Le jardin des illusions de Sendon Umishima : ISSN 2607-0006

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Le jardin des illusions © Senbon Umishima

Les dessins de ce manga Le jardin des illusions sont aussi magnifiques que l'illustration de la couverture de ce one shot. Ce n'est pas une histoire complète qui nous est proposée mais un recueil de 9 nouvelles... ce qui n'est pas courant et change des longues séries comme One piece. Donc, c'est une bonne introduction à ce genre, étant donné que les histoires sont totalement indépendantes.

Les 9 courts récits sont assez inégaux, exceptés pour les images qui sont toutes splendides, avec parfois des changements de style. les registres aussi diffèrent d'une nouvelle à l'autre. La première, intitulée "Yururi et parfois la mer et le dauphin", met en scène une jeune sirène qui cherche à s'intégrer dans le monde des humains. Avec ses habitudes marines - elle ne connaît que les poissons et l'univers maritime, va-t-elle réussir à se lier d'amitié avec d'autres enfants ? 

Quant à "Sophia" et "Le manoir de la sorcière", ce sont les histoires les plus frappantes et les plus abouties : dans "Sophia", Senbon Umishima développe un univers de SF où un jeune garçon est surveillé par un robot ayant une forme similaire à un chien. Lorsqu'il grandit, il est effrayé par le changement et la perte de ses souvenirs : " tout finit par changer, autant moi que mon père ou tes composants", dit le jeune maître à son robot. Lorsqu'il a 17 ans, une guerre mondiale éclate et voilà notre héros séparé de son robot chargé de le surveiller. Ce dernier se met en quête de son maître, se métamorphose pour survivre - ce n'est après tout qu'une baby-sitter au dépard et non un robot de combat ! - et vit mille aventures. Le robot sera-t-il changé au bout de cette guerre ?

Enfin dans "Le manoir de la sorcière", on découvre un jeune garçon surveillé jalousement par sa gouvernante. Peu à peu, le garçon s'aperçoit que des phénomènes étranges se déroulent dans la vieille demeure où il habite. Qui est en réalité cette gourvernante ? Dans ce scénario, la mangaka nous entraîne dans un univers de roman noir, gothique et horrifique où l'on parle de deuil impossible et de damnation éternelle...

Ainsi se succèdent des histoires d'amour d'enfance ("Les cheveux font la femme" et "Un jour de pluie", de persévérance ( "L'épanouissement d'une lanium" ou "Mille feuilles au quotidien", presque sans dialogue) souvent des tranches de vie comme " "Les oreilles de fées" ou "Mille feuilles au quotidien" trop peu développées... La mangaka exprime d'ailleurs ses idées sur chaque nouvelle, ainsi que le contexte de la création, en bonus. Jetez un oeil sur ces magnifiques dessins en attendant un autre volume...

Senbon Umishima, Le jardin des illusions (one shot), juin 2021, Ligugé, Delcourt Tomkam.

31 juillet 2021

Gambara de Balzac : ISSN 2607-0006

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Ce court récit de Balzac peut paraître bien ennuyeux pour qui ne s'intéresse pas à la musique. Un riche Italien perçoit une belle femme et la suit. C'est Marianna, femme d'un compositeur, un compositeur fou qui ne joue bien que quand il est ivre : "il est fou et ne connaît pas son état", déclare son hôte Giardiani, une cuisinier raté qui l'ignore.

Andrea Marcosini,  le riche Milanais, se rapproche du compositeur pour séduire sa femme. Commencent alors des débats musicaux et des descriptions de symphonies imaginaires (Le Mahomet) ou réelles comme Robert-le-diable

Cette nouvelle parle comme beaucoup de contes artiste de Balzac de la folie des génies et des créateurs, tels que le peintre du chef d'œuvre inconnu. Malheureusement, les longs dialogues n'illustrent pas forcement la recherche de l'idéal de Gambara. Mais ces longs débats concernant la musique s'expliquent certainement par la demande de Schesinger qui voulait un récit pour sa "Revue et gazette musicale de Paris" (et aussi par sa genèse cahotique avec une réécriture du texte d'origine par le secrétaire de Balzac, de Belloy,  puis par Balzac).

En revanche, Gambara qui ne joue juste que quand il est ivre et les remarques de Giardani, autre créateur fou, ne sont pas sans rappeler les personnages grotesques d'Hoffmann sans que la nouvelle soit fantastique. 

Évidemment, la dimension économique est omniprésente dans cette histoire se déroulant en 1830, gâchant les histoires d'amour et les destins des artistes. C'est l'aspect que j'ai préféré (avec une superbe et dernière phrase finale) et qui reflète le mieux l'époque balzacienne.

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Balzac, Gambara, Folio, France, juin 2000.

LC avec Rachel. Je la remercie pour le nouveau logo ! Pour la prochaine LC, nous lirons  "Les Manara" pour le 25 septembre.

La comédie humaine (catalogue et organisation établis par Balzac):

biographie de Balzac : Honoré et moi, Titiou Lecoq

 Scène de la vie privée : La maison du chat-qui-pelote,"Le bal de Sceaux", La bourse, Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, La fausse maîtresse, "La femme abandonnée", Gobseck, Le père Goriot, Le colonel Chabert

Scène de la vie de province : Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, " Pierrette", Le curé de Tours, La vieille fille, Le cabinet des antiques,

Scène de la vie parisienne : Ferragus, La duchesse de Langeais, La fille aux yeux d'or, La maison Nucingen,Fascino cane, Sarrasine, "Pierre Grassou", La cousine Bette,

scène de la vie politique :

scène de la vie militaire :

Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée,

Etude philosophique : La peau de Chagrin, Jésus-Christ en FlandreMelmoth réconcilié, Le chef d'oeuvre inconnu, "Adieu",Un drame au bord de la mer, Maître Cornélius, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie, Louis Lambert, Les proscrits,

13 septembre 2021

Insectes de Minheye Zang : ISSN 2607-0006

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Après la lecture de Séoul Copycat de Lee Jong Kwan et de L'île des chamanes de Jay Kim, je continue mes lectures de polars coréens, publiés dans les éditions Matin calme.

Cette fois-ci, la romancière Minheye Zang, nous emmène dans une enquête un peu décousue au départ parce qu'on rencontre divers personnages, sans lien entre eux, autour du cadavre d'une petite fille. Dans la bouche de cette dernière, un enquêteur trouve un insecte inconnu, qui pense-t-il va l'amener vers un suspect. On découvre aussi la vie de deux jeunes délinquants, collectionnant les insectes, d'une mère désespée cherchant sa fille, d'un flic perpiscace et de son co-équipier...

L'inspecteur Seo-Jun a bien des difficultés à résoudre cette enquête, face à de nombreux faux-semblants et des pistes trafiquées par le tueur... Il doit aussi faire face, comme nous lecteurs, à de nombreuses horreurs touchant de jeunes enfants, dans des familles dysfonctionnelles ou des enfants abandonnés.... On est loin des cosy mysteries : l'atmosphère développée est sombre, glauque... parce que l'enquête tourne autour de la maltraitance des enfants, dans un système qui semble les ignorer.

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Enfin, voici un petit mot en qui concerne la mise en page : de surprenants petits insectes parcourent les pages à l'image de l'intrigue qui se construit autour de l'entomologie, créant une certaine originalité dans cette enquête sud-coréenne à découvrir...

Minheye Zang, Insectes, Matin calme, 2021, France, 279 p.

LC avec Rachel

20 octobre 2021

Tower of god de Siu : ISSN 2607-0006

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Dans un article de BFMtv ( "Après avoir conquis internet, le webtoon s'impose dans les librairies françaises" de Jérôme Lachasse), on apprend que le webtoon est en vogue en ce moment : ce sont des BD coréennes qu'il faut lire en scrollant sur un portable. A tel point que certaines maisons d'édition de manga ont décidé de les imprimer dans des formats luxueux.

Tower of god est aussi un de ces mangas, accessible sur webtoon. Plus de 120 chapitres ! Récemment, ce webtoon, en raison de sa popularité, certainement, à été imprimé sur papier glacé et en couleur. Le sens de la lecture est d'ailleurs le même que les bd occidentales.

Pourquoi une version papier ? C'est vrai que pour les lecteurs de mangas, le support papier facilite la lecture. On y découvre un jeune garçon qui recherche Rachel, sa meilleure amie d'enfance entrée dans une tour gigantesque qui réalise tous les souhaits des participants. Visiblement notre héros n'était pas destiné à entrer dans cette tour. Va-t-il réussir à retrouver Rachel ? quels dangers devra-t-il affronter ? Pourquoi sont-ils là ?

Siu, le créateur de webtoon, réussit à poser efficacement les bases de son histoire. On en apprend juste assez pour être saisi de l'envie de lire la suite. On voudrait en savoir plus notamment sur le passé du personnage, le type de monde dans lequel il vit etc... Les dessins ne sont pas aussi beaux que ceux de certains mangas mais les cadrages et la diversité des plans révèlent une certaines créativité... Succomberez-vous à ce nouveau phénomène littéraire ?

Siu, Tower of god 1, France, juin 2021, Ototo, 190 p.

LC coréenne avec Rachel. Prochaine LC, nous lirons un roman de SF, Le gambit du renard de Yoon Ha Lee

20 mai 2021

La Fausse Maîtresse de Balzac : ISSN 2607-0006

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Aujourd'hui 20 mai, jour anniversaire de Balzac, nous fêterons cet anniversaire en lisant une petite nouvelle qui peut sembler anodine dans l'architecture de La comédie humaine. Et pourtant "La Fausse Maîtresse" réserve bien des suprises.

Dans l'incipit, Balzac installe le contexte en évoquant l'exil des Polonais à Paris dans les années 1830. En effet, l'un des personnages principaux de ce court récit est un jeune homme polonais, le comte Adam Laginski menant une vie dissipée et se mariant à une jeune héritière, Clémentine du Rouvre. Ils nagent dans un parfait bonheur, grâce au "capitaine", à "Paz". Mais qui est cet homme que la comtesse Clémentine n'a jamais vu ? Pourquoi semble-t-il se cacher ?

Un triangle amoureux traditionnel va-t-il être développé ? Comme dans "Adieu", il est question de grandeur d'âme et de sacrifice, sans oublier l'argent, rouage indispensable à l'univers balzacien. Comme le comte Thadée Paz, parent pauvre d'une famille noble, a été sauvé par l'insignifiant Adam à deux reprises, il s'occupe de l'intendance et d'admirer de loin la femme de son ami. Lorsqu'il sent que son penchant pour elle et que son amour pourrait être partagé, il se crée une fausse maîtresse, une écuyère appelée Malaga. De péripéties en retournements de situation, Balzac arrive à parler d'amitié entre ces deux hommes, du comportement de la Parisienne, de décoration et de gestion du ménage et de sacrifice amoureux. 

Certes les sujets ne sont pas nouveaux sous la plume de Balzac, et ils ne sont guère approfondis, mais ils sont racontés dans un style feuilletonnesque avec de nombreux rebondissements surprenants et des plus romanesques, qui nous emportent et nous transportent dans le début du XIXeme siècle...

Balzac, "La Fausse Maîtresse", Folio 2 euros, Barcelone 10 janvier 2020, 97 p.

LC avec Rachel et Miriam et Claudia. Prochaine LC 23 juin : nous lirons La physiologie du mariage. Après quelques échanges avec Rachel, nous avons choisi Sarrasine pour la prochaine LC !

La comédie humaine (catalogue et organisation établis par Balzac):

biographie de Balzac : Honoré et moi, Titiou Lecoq

 Scène de la vie privée : La maison du chat-qui-pelote,"Le bal de Sceaux", La bourse, Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, La fausse maîtresse, "La femme abandonnée", Gobseck, Le père Goriot, Le colonel Chabert

Scène de la vie de province : Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, " Pierrette", Le curé de Tours, La vieille fille, Le cabinet des antiques,

Scène de la vie parisienne : Ferragus, La duchesse de Langeais, La fille aux yeux d'or, La maison Nucingen,Fascino cane, "Pierre Grassou", La cousine Bette,

scène de la vie politique :

scène de la vie militaire :

Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée,

Etude philosophique : La peau de Chagrin, Jésus-Christ en FlandreMelmoth réconcilié, Le chef d'oeuvre inconnu, "Adieu",Un drame au bord de la mer, Maître Cornélius, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie, Louis Lambert, Les proscrits,

Etude analytique :

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