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1001 classiques
8 décembre 2021

La brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier : ISSN 2607-0006

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🧵Comme dans tous les romans de Tracy Chevalier que j'ai lus, comme A l'orée du verger, Prodigieuses créatures, La jeune fille à la perle ou La dernière fugitive, la romancière trace, dans La brodeuse de Winchester, une portrait de femme, en mêlant la grande histoire à un destin particulier.

Cette fois-ci, elle nous fait découvrir la vie des femmes "excédentaires" en Angleterre, dans les années 30, c'est-à-dire des vieilles filles qui n'ont pas pu trouver de maris après l'hécatombe de la première guerre mondiale. Le fiancé de Violet est mort à la guerre. Son frère aussi. Elle vit donc chez ses parents jusqu'à la mort de son père. Sa mère, une vraie marâtre de conte de fée, lui mène la vie dure et Violet décide de quitter sa famille. Son jeune frère la soutient mais il a une grande famille dont il doit aussi s'occuper. Violet s'installe à Winchester... Là, elle rencontre Gilda, une autre célibataire, une brodeuse, avec qui elle va partager sa passion. Grâce à cette amie, elle rencontre Arthur, un sonneur de cloches, dont elle tombe aussitôt amoureuse... Réussira-t-elle à survivre avec son maigre salaire ? Supportera-elle la solitude ? Deviendra-t-elle une femme émancipée ?

C'est toute une époque que fait revivre Tracy Chevalier en décrivant minutieusement la vie de Violet. Elle détaille aussi l'activité des brodeuses et l'art campanulaire. A l'occasion de l'évocation de vacances de Violet ou des rencontres entre Violet et Arthur, la romancière décrit aussi les églises, la vie de la petite communauté dans laquelle la vieille fille vit, avec son lot de commérages, de préjugés, d'idées reçues...

🧵 Voici donc un nouveau roman plein d'enseignements dans plusieurs domaines. Plusieurs intrigues se mettent en place très lentement et se dénouent, inversement, de manière déroutantes et rapidement, surtout lorsqu'on apprend que le livre rend hommage à un des personnages qui est réel mais qui reste secondaire... et que ces brodeuses existent encore... Ce n'est pas un roman palpitant mais très riche thématiquement...

papothé🧵Merci les Editions Folio pour ce partenariat.

Participation à la catégorie roman se passant à l'étranger du #challengepapothe organisé par @du_cote_de_chez_gael

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22 décembre 2021

Ete, quelque part des cadavres de Park Yeon-Seon : ISSN 2607-0006

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Été des cadavres quelque part, quel excellent roman ! Quelle bonne surprise ! Ce n'est pas un véritable roman policier même s'il y a des disparitions, des morts car il n'y a pas de véritable enquête.
La narratrice Musun est paresseuse et doit repasser pour la troisième fois son entrée en lycée. Lorsqu'elle se réveille tard chez sa grand-mère, laissée là par ses parents qui lui ont laissé juste un mot, dans le village de Duwang-ri où il n'y a pas de réseau, pas d'amis, loin de Séoul, elle est dépitée... de mauvaise foi, fainéante et drôle ! Elle ironise sur toutes ces ajummas qui triment du matin au soir dans les champs... à part quand sa grand-mère regarde un k-drama, le Dallas coréen... Tout en paressant plus que jamais, elle apprend qu'il y a eu, autrefois, dans ce village sans histoire, ce trou à rat, 4 disparitions. Que sont devenues les 4 adolescentes disparues ? Mortes ? Fugues ?
Outre le ton caustique de Musun et le comportement cabotin de la grand-mère, on découvre la vie dans cette campagne coréenne, où chacun sait tout de ses voisins... une plongée agréable et amusante dans ce petit village coréen en compagnie d'une "miss Marple" coréenne fainéante et comique !

Eté, quelques part des cadavres, Park Yeon-Seon, Matin calme, France, 2020, 326 p.

6 avril 2022

Un café maison de Keigo Higashino : ISSN 2607-0006

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Le crime parfait existe-t-il ? Comme dans les cosy mysteries, l'intrigue est particulièrement insoluble car elle se déroule dans un huis clos où la seule personne coupable ne paraît pas pouvoir avoir commis le crime ! Mais comme pour Hercule Poirot, aucun crime ne reste irrésolu face aux déductions du scientifique Yukawa !

Un homme est sur le point de quitter sa femme Yanané, une trentenaire qui crée des patchworks, car elle n'a pas eu d'enfant au bout d'une année de mariage. Cette dernière décide d'aller chez ses parents dans l'île d'Hokkaido, loin de Tokyo. Elle apprend, lors de son séjour dans sa région, que son mari est mort à côté d'une tasse de café renversée. Qui a pu le tuer alors qu'il semble n'avoir reçu aucun invité ? Quel est le mobile du crime ?

Assez rapidement, l'inspecteur Kusanagi et sa coéquipière Kaoru Utsumi découvrent que la victime, Monsieur Mashiba avait une maîtresse. De plus, le café était empoisonné à l'arsenic... ce qui fait ressurgir une ancienne enquête... Kaoru décide de faire appel à Yukawa, un jeune scientifique car l'affaire semble particulièrement difficile. Impossible de comprendre comment le café a pu, à distance, être empoisonné : " s'il ne s'agit pas d'un nombre imaginaire, ajouta-t-il, le regard brillant, vous ne gagnerez pas cette partie. Ni moi non plus. Nous sommes en face d'un crime parfait" (p. 226). La science va-t-elle triompher ? Et l'intuition féminine de Kaoru fera-t-elle avancer l'enquête ?

Comme dans Le dévouement du suspect x, on retrouve avec plaisir le duo formé par Kusanagi et le scientifique Yukawa. Mais ce serait qu'une vaine enquête très sophistiquée dans son intrigue, si l'auteur ne parlait pas indirectement des femmes, de leur place au sein de la famille japonaise et de leurs caractères. Un excellent polar avec une intrigue des plus surprenantes !

logo 2 japon 2022Higashino, Un café maison, Babel noir, Novembre 2013, France, 335 p.

du même auteur : La maison où je suis mort autrefois

Lu par Dasola

Participation à un mois au Japon organisé par lou et Hilde

13 février 2022

Mes sacrées tantes de Bulbul Sharma : ISSN 260-0006

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Voici un nouveau recueil de nouvelles de Bulbul Sharma dans lequel on retrouve tout son talent pour raconter simplement des destins de femmes tout en parlant de l'Inde comme dans Maintenant que j'ai 50 ans !

Le fil rouge de ces nouvelles, outre la présence d'un personnage principal féminin, est le voyage. Un vieille femme décide d'aller en Angleterre voir son fils aîné qui refuse de prendre l'avion ("Le pélerinage de Mayadevi"). Une autre effectue un pélerinage après avoir tué accidentellement son mari ("Une trop grande épouse"). Dans trois autres nouvelles, de jeunes mariées partent en voyage chez leur belle-famille ("L'atterissage à Bishtupur", "Une très jeune mariée" "Jusqu'à Simla en Tonga") tandis que dans la dernière nouvelle ("La vie dans le palais"), une femme fugue après le départ de son propre mari devenu un sage etc...

Avec quelques détails, la nouvelliste dépeint avec humour des femmes qui tyrannisent leur entourage ou au contraire, qui sont soumises à une famille despotique. A chaque fois, un voyage crée un changement dans leur comportement. Même quand le sort de ces femmes semble terrible - comme le mariage ou le veuvage de mariées de 7 ans ! -, la romancière ne tombe jamais dans le tragique et use de toutes les exagérations pour décrire ces femmes. Ainsi dans la première nouvelle, la vieille matriarche décide de rendre visite à son fils aîné. Ses autres enfants "n'étaient pas inquiets pour leur vieille mère.  Ils se demandaient seulement si l'Angleterre aurait la force de la supporter" (p.17)!

Encore une belle et joyeuse peinture de l'Inde, par petites touches, par Bulbul Sharma !

Capture d’écran 2022-02-06 115536Sharma Bulbul, Mes sacrées tantes, Editions Piquiers, France, Janvier 2019, 261 p.

LC avec @blog_vivrelivre.

Participation au challenge Les étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine "découverte de l'Inde avec des nouvelles". En ce qui concerne le bingo, je coche "mariage indien", "récit de voyage"

17 avril 2022

quatorze crocs de Martin Solares : ISSN 2607-0006

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 Partons au Mexique découvrir un auteur de romans policiers : "Martín Solares est né en 1970 à Tampico au Mexique. Parallèlement à son travail de recherche et d’écriture, il travaille depuis 1989 comme critique, professeur et éditeur de littérature. En 1992, il a reçu la mention honorifique du Prix national Periodismo Cultural Fernando Benítez. En 1998, il a obtenu le Prix national Efrain Huerta pour la fiction. De 2000 à 2007, il a vécu à Paris où il a effectué un doctorat en littérature à la Sorbonne." 'Présentation du site Christian Bourgois).

Quatorze crocs ? Quelle est la créature qui peut infliger une telle blessure ? C'est ce que doit découvrir notre enquêteur Le Noir, nouvellement débarqué dans la Brigade nocturne à Paris. A travers la lecture des courts chapitres, nous déambulons à travers un Paris clairement fantastique et surréaliste : Pierre Le noir voit des fantômes qui vont l'aider à mener son enquête, surtout que le mort est mort depuis plus d'un siècle !

L'histoire extrêmement fantaisiste  - Martin Solares semble avoir été frappé par la phrase de Lautréamont : "La rencontre forfuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie" - se plaît, sur un rythme frénétique, à mêler personnages historiques comme le groupe des surréalistes, Pasteur ou Jack l'Eventreur et créatures imaginaires comme des vampires, fantômes... Et le Mexique dans tout ça ? Porfirio Diaz surveille les bureaux modernes de l'immigration des êtres surnaturels...( une critique du régime dictatorial ? ou de la bureaucratie française ?).

De situations saugrenues en aventures extraordinaires, Martin Solares explore les bas-fonds de Paris tout en dévoilant davantage la personnalité de notre enquêteur. Mais on retiendra surtout le goût pour l'absure de l'auteur. Voyez la teneur des dialogues au sujet d'un mort : "Mais pourquoi est-ce qu'il ressusciterait ? Et comment ?

- Tant que tu n'auras pas trouvé qui l'a tué, et sachant qu'il est  le représentant d'une variante méconnue de parasitisme, tout est possible, monsieur l'enquêteur". (p. 90). Oui, tout est possible avec Martin Solares !

Une excellente enquête pleine de références littéraires, drôle et feuilletonnesque !

book trip - mexico bibliSolares Martin, Quatorse crocs, éditions Christian Bourgois, Février 2020, France, 186 p.

LC avec Rachel

Participation au book trip mexicain organisé par A girl et Rachel

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16 avril 2022

Le secret de Madoka de Deme Kingyobachi : ISSN 2607-0006

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MADOKA NO HIMITSU © Deme Kingyobachi 2019

Ecriture inclusive, l'idendité de genre... de plus en plus d'ouvrages abordent les stéréotypes de genres. One-shot, Le secret de Madoka Deme Kingyobachi est un manga tranche de vie où l'on découvre la personnalité d'un garçon, Madoka qui aime les peluches, les choses mignonnes, donc rien de très viril... Obligé de quitter son ancienne école où il était harcelé, le jeune garçon rencontre une jeune fille, Itsuki, qui se comporte comme "un garçon manqué". Elle aime jouer au foot, porter des pantalons...

C'est très caricatural et très léger en qui concerne le traitement des personnages et de l'intrigue. Pas de drame, pas de violence, la mangaka décrit l'évolution des relations entre les deux voisins - Madoka et Itsuki - et surtout avec leurs camarades de classe. Comme c'est un josei, les images sont mignonnes et reflètent bien l'ambiance bienveillante générale.

Quiproquos et scènes cocasses ( il n'y a que dans un manga qu'on peut trouver une pièce de théâtre où cendrillon se tranforme en magical girl !!!) dédramatisent le sujet et mettent en lumière le vrai thème de l'histoire : plus qu'une interrogation sur d'identité de genre, c'est surtout de l'acceptation de soi, de l'autre et de tolérance qu'il est question ici. Même si l'ensemble paraît un peu trop idéalisé, cette histoire légère n'empêche pas la réflexion sur un sujet très sensible...

logo 2 japon 2022Deme Kingyobach, Le secret de Madoka, Editions Akata, Italie, juin 2021.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par lou et Hilde

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MADOKA NO HIMITSU © Deme Kingyobachi 2019

30 avril 2022

Zakuro, Au coeur du Yamato, d'Aki Shimazaki : ISSN 2607-0006

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Après avoir découvert la vie d'un salarié,appelé Aori dans Mitsuba d'Aki Shimazaki, dans une grosse entreprise tokyoïte, nous découvrons celle de Tsuyoshi Toda. Il apparaissait comme un personnage secondaire du le premier tome de cette deuxième série romanesque d'Aki Shimazaki, Au coeur du Yamato. C'est le chef du département des affaires étrangères d'Aori. Contrairement à ce dernier, entièrement dévoué à sa carrière, Tsuyoshi n'évoque qu'assez peu son travail.

Zakuro aborde un pan de l'histoire japonaise, oublié des manuels d'histoires : la déportation en Sibérie des Japonais en 1942 qui se trouvaient en Mandchourie. Le père de Tsuyoshi est porté disparu, comme tant d'autres, depuis la fin des années 1947. Cependant sa femme ne perd pas espoir et son fils, Tsuyoshi s'occupe de ses frères et ses soeurs. Un jour, un ami journaliste affirme l'avoir vu dans un restautant à Los Angeles. Est-ce Banzo Toda son père ? Pourquoi n'a-t-il pas rejoint sa famille une fois revenu de Sibérie ?

Ce tome-ci, Zakuro, ressemble beaucoup aux tomes de la première pentalogie, mais en se rapprochant du genre du roman policier avec cette quête du père à partir des indices donnés par le journaliste. La famille tient une grande place dans cette histoire où le personnage principal prend soin de ses frères et soeurs mais aussi de sa mère qui devient malade. Ses relations avec son petit-fils sont aussi souvent évoqués.

Ainsi tout en décrivant le quotidien et la destinée d'un homme, la romancière accorde une grande place à l'histoire nipponne en dévoilant la vie dans un camp de travaux forcés en Sibérie et le chaos qui régnait das l'après-guerre. Encore un excellent roman qui agence adroitement petite et grande histoire ! Que nous réserve la romancière dans Tanbo, le troisième tome de cette série romanesque ?

logo 2 japon 2022Aki Shimazaki, Zakuro, Au coeur du Yamato, Babel, France, Juillet 2020, 138 p.

Participation à un mois au Japon (checklist éditions Actes Sud ) organisé par lou et Hilde

 

9 mai 2021

Le vase de sable de Matsumoto : ISSN 2607-0006

41QG0686PSLSi vous avez déjà lu des romans policiers de Matsumoto, vous retrouverez des invariants dans Le vase de sable. Voici à nouveau un meurtre qui va être révolu grâce à des déplacements en train comme dans Tokyo Express et Le point zéro.

Les éditions Picquier ont l'art de présenter des quatrième de couverture tout à fait amusante par leurs raccourcis : "Faites connaissance avec l'inspecteur Imanishi. Voyageur infatigable, il enquête de train en train, aux quatre coins du Japon, dans les eaux troubles de la musique et du théâtre d'avant-garde. Il recherche un meurtrier avec un drôle d'accent, découvre les subtilités de la musique concrète et reconstitue patiemment les états civils".

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L'enquête s'ouvre avec la découverte d'un corps près d'un train. L'inspecteur Imanishi sait que la victime parlait le dialecte de la région de Tôhoku mais qui est aussi parlé à Izumo. Aidé du hasard (heureux), de recherches et d'un caractère obstiné, notre inspecteur doit faire face à d'autres meurtres qui convergent tous vers un groupe d'intellectuels "Le Nouveau Groupe".

La forme est tout à fait original dans ce roman policier constitué de fragments de journaux (d'une femme qui se suicide), d'extraits d'ouvrages universitaires, de lettres envoyées et reçues par Imanishi et d'articles de critiques littéraires et effectivement d'états civils... Une carte du Japon et une des dialectes nous permettent de mieux suivre les déplacements et les raisonnements de l'inspecteur : comme dans Le point zéro, l'exploration du passé des suspects principaux fait ressurgir le contexte de l'après-guerre japonais. 

L'écriture est factuelle : Matsumoto décrit avec méticulosité les démarches de son personnage, les recherches qu'il mène et les régions qu'il découvre. Dans Le vase de sable, c'est la région d'Izumo qui est explorée mais aussi celle d'Ise. Tout en suivant l'enquête, nous voyageons dans tout le Japon sans jamais soupçonner le véritable meurtrier... Matsumoto, tout en tissant une intrigue impeccable, réussit à évoquer l'histoire, la géographie et le quotidien nippons. Un classique de la littérature policière à découvrir...

Capture d’écran 2021-04-04 220105Matsumoto Seicho, Le vase de sable, Editions Picquier, Barcelone, décembre 2001, 198 p.

Participation un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde

autres romans : Tokyo Express, Le point zéro

9 juillet 2021

L'Eden des sorcières de Yumeji : ISSN 2607-0006

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© Yumeji / Ki-oon

Rien qu'en voyant l'illustration de la couverture, j'ai eu l'impression que ce manga pourrait me plaire. Les premiers mots de présentation de la mangaka, sur la jaquette, sont aussi de bon augure : " Si les plantes avaient un coeur et une volonté propre, voudraient-elles vivre avec les humains ? Et si je devenais un être végétal ? Et si la flore disparaissait de notre monde ?" Voilà le genre de questions qui m'a traversé l'esprit quand j'ai commencé à écrire mon histoire... J'espère qu'elle vous plaira ! "

Pilly grandit dans un monde où il n'y a plus de végétation, excepté dans les lieux où vivent les sorcières, les seules capables d'entendre leur voix. La jeune fille a été élevée par une vieille femme, qui lui donne une graine lui permettant de trouver l'Eden, un lieu où on ne persécute pas les sorcières et seules quelques élues peuvent s'y rendre. Malheureusement, Pilly n'est guère douée. Elle est candide et naïve et n'arrive pas à faire pousser convenablement les végétaux, dont elle ne comprend pas encore le langage.

Un jour, involontairement, elle va introduire un homme maléfique, Zakum, dans leur jardin caché des humains. Ce dernier va la traquer sans relâche. Heureusement, Pilly va être aidée dans sa quête et sa fuite par une sorte de loup végétal, appelé Oak. Va-elle arriver dans l'Eden ?

Cet univers de dark fantasy écologique et poétique est magnifiquement illustré par Yumeji (double page ci-dessous). Zakum incarne le mal tandis que le loup est l'expression de la haine des humains, Pilly, quant à elle, pose un regard plus nuancé sur le monde. Dès le tome 1, elle vit de multiples aventures tout au long de son périple. Que nous réservera le tome 2 ?

Voici encore une nouvelle héroïne à découvrir aux éditions Ki-oon

Yumeji, L'Eden des sorcières, tome 1 (série en cours), Ki-oon, Italie, Juillet 2021.

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© Yumeji / Ki-oon

12 juin 2022

La colonie de Marivaux : ISSN 2607-0006

M02081423758-large"Un combat entre l'amour et la raison" (Le jeu de l'amour et du hasard, III, 4)

De son vivant, on se moque du style de Marivaux en créant le terme de "marivaudage", un langage précieux et galant comme dans Le Jeu de l'amour et du hasard. Deux jeunes gens, Silvia et Dorante, qui doivent sé'pouser, veulent d'abord connaître le caractère de celui ou celle à qui ils sont destinés. Ils décident, chacun de leur côté, sans le savoir, de changer leur rôle avec leur serviteur. Ainsi la fausse Silvia et le faux Dorante tombent immédiatement amoureux, de même que leur maître. Mais Silvia croit déchoir en épouvant celui qu'elle prend pour un valet, qui est en réalité Dorante. La pièce se construit en dialogues symétriques où chacun fera la connaissance des autres... Quiproquos et mise en abyme révéleront le mérite de chacun et leurs vrais sentiments.

719mQKBDH9L"C'est mon habit qui est un coquin" ( III, 3, La fausse suivante)

Dans La fausse suivante, une jeune fille se déguise en chevalier pour éprouver les sentiments de son futur époux. Elle découvrira quelle est sa vraie nature, aidée de ses serviteurs, notamment Trivelin, sorte de picaro : le sort de ce valet prend une place relativement importante dans cette intrigue où la jeune parisienne, ou le faux chevalier, va découvrir le véritable visage de Lélio, à qui on la destine. Le travestissement et les badinages -à travers le chevalier, Marivaux se permet même de critiquer le marivaudage ! - dissiperont les illusions sur les sentiments de Lélio.

9782210754744-475x500-1"Nos petites-filles réussiront" (La colonie)

Cependant, La colonie s'éloigne de cette esthétique même si on retrouve l'ambiguité du dénouement. Sur une île - comme L'île des esclaves - des hommes et des femmes ont fait naufrage et souhaitent réorganiser leur petite société. Les hommes ont d'emblée exclu les femmes qui se rassemblent à leur tour. Elles créent une affiche pour réclamer davantage de droits. Malheureusement, les hommes ont préparé une petite comédie pour les empêcher de se révolter... Avec légèreté - les hommes ironisent ou sont ridiculisés comme Percinet - Marivaux condense l'esprit des Lumières à travers la lutte des femmes pour davantage d'égalité. Cette petite pièce, en un acte et 18 scènes, s'éloigne singulièrement du style de marivaux : pas de badinages dans La colonie mais la confrontation d'idées de son siècle et celle  de notre siècle aussi...

Marivaux, La colonie, Carrés classiques collège, France, septembre 2021, 115 p.

Marivaux, La fausse suivante, Le livre de poche, Espagne, mars 2014, 124 p.

Marivaux, Le jeu de l'amour et du hasard, France, Juin 1999, GF Flammarion, 157 p.

du même auteur : Le paysan parvenu

15 mai 2022

Une jeunesse au temps de la Shoah, extrait d'Une vie de Simone Veil : ISSN 2607-0006

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De nombreux témoignages sur les camps de concentration existent comme Mauss de Spiegelman, Si c'était un homme de Primo Levi... Mais aussi Une vie de Simone Veil. Dans les quatre premiers chapitres de son autobiographie, la femme politique Simone Veil décrit son enfance privilégiée à Nice et la montée du nazisme - à travers le témoignage de réfugiés - et enfin la déportation.

Sans pathos, elle arrive à retranscrire l'incertitude de l'époque ou la réaction des déportés ou des gens face aux déportés lors de son retour en France. Surtout, elle s'interroge : " Parler de la Shoah, et comment ; ou ne pas en parler, et pourquoi ? Eternelle question?" (p. 113). Elle soulève d'autres questions et ne se montre jamais arrogante ni moralisatrice. Elle évoque aussi d'autres témoignages ou livre sur les camps, notamment Eichmann à Jerusalem d'Hannah Arendt. Il me semble toutefois qu'elle réduit la portée des propos d'H. Arendt en évoquant seulement le fait que tout homme peut être mauvais... La philosophe parle surtout de l'absence de réflexion, de pensées, chez les nazis qui ont conduit au système concentrationnaire...

Toujours avec sobriété, Simone Veil raconte aussi son parcours de femme. Enfant, au moment où Simone Veil et sa famille connaissent des difficultés financières, sa mère, qui est mère au foyer, lui dit : "Il faut non seulement travailler mais avoir un vrai métier" (p. 45). Lorsqu'elle devient adulte et mère de deux enfants, son mari ( comme son père avec sa propre mère) refuse de la laisser travailler. Mais cette future magistrate montre toute sa détermination et décroche son diplôme, à une époque où les femmes n'avaient pas encore accès à tous les métiers de la fonction publique : "Le parcours était semé d'embûches, mais c'était mal me connaître que d'imaginer que j'abandonnerais la partie dès les premiers obstacles" (p. 143).

C'est donc à la fois l'écriture sobre et le caractère déterminé, d'une grande ouverture d'esprit de cette femme qu'on peut admirer dans cette autobiographie. Pourquoi lire ce livre ? Voici la réponse de l'écrivain : " L'idée d'extraire de ma biographie les queslques passages qui peuvent être regardés comme d'utile pédagogie vis-à-vis de la jeunesse d'aujourd'hui m'a paru séduisante" S. V. "

Veil Simone, Une vie (extrait), Le livre de poche, France, octobre 2021, 147 p.

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La famille Jacob, pages centrales, Une vie, Le livre de poche

4 avril 2021

Rashômon et autres contes de Ryûnosuke Akutagawa : ISSN 260-0006

rashomonQuatre "contes " rassemblés dans ce recueil nous introduisent dans l'oeuvre de Akutagawa et deux nouvelles ont été adaptées en film par Kurosawa. Elles ont été écrites entre 1915 et 1922.

"Rashômon" nous introduit d'emblée dans l'univers étrange et inquiétant, voire cauchemardesque, de cet auteur japonais : un homme, qui vient de perdre son emploi, dans une ville sinistrée, est désespéré. Va-t-il être amené à voler ou à mourir de faim ? Dans les décombres de la ville, il voit, le soir tombant, une vieille femme en train d'arracher les cheveux d'un cadavre. Qui est-elle ? Pourquoi agit-elle ainsi ?

Un conteur raconte dans "Figures infernales" l'histoire tragique d'un peintre. Dès le début, l'histoire suscite la terreur du narrateur : "Moi, entre tous, qui le servais depuis vingt ans, je n'avais jamais vu spectacle plus horrible" (p. 33). Enfin, il commence à conter l'histoire d'un peintre aimant beaucoup sa fille, mais il est d'une grande arrogance, créant l'antipathie du seigneur d'Horikawa. Pendant ce temps, sa fille d'une grande beauté rentre au service du seigneur, au grand déplaisir du père. L'artiste ne peint que ce qu'il voit et ses disciples doivent se plier à toutes les excentricités de leur maître. Quand le seigneur lui commande Le paravent des Figures infernales, un choix cornélien s'offre au père : choisira-t-il de sauver sa fille ou de peindre avec justesse...

"Dans le fourré" est une succession de cinq dépositions faites à un lieutenant : on vient de retrouver un homme mort. Un moine itinérant est interrogé, puis un mouchard, la belle-mère du mort, sa femme, un voleur et enfin, le mort par la bouche d'une sorcière. Mais chaque version est différente : l'épouse a-t-elle tué son mari ?  Est-ce le voleur ? Ou l'homme retrouvé mort s'est-il suicidé ?

Enfin, "Gruau d'igname" est plus flou dans ses intentions : un homme, méprisé par tous, rêve de manger un gruau d'igname. Lorsqu'il pourra se rassasier de ce plat, il ne le fera que dans l'inquiétude. En effet, son maître lui prépare des soupières et des soupières de ce met rare. Mais veut-on montrer que cet homme finira par s'affirmer ou au contraire, qu'être le centre d'intérêt peut créer bien des problèmes ?

KonjaruLes trois premières nouvelles permettent de prendre connaissances d'anciens contes, écrits au XIII, Le Konjaru monogatari. C'est un univers peuplé de légendes, de dieux, d'esprits contenant une certaine cruauté, créant une inquiétude chez le lecteur.

En peu de mots, l'auteur sait peindre des situations, des personnages, des atmosphères. Le style est concis mais extrêmement évocateur. Ces nouvelles sont contruites d'une manière virtuose ! On pense notamment à "Dans le fourré", où chaque point de vue diffère légèrement. Qui croire ? Quant à "Figures infernales", le conteur ménage un suspense terrible, ne cessant de retarder le dénouement inéluctable. En mettant en scène le conteur, il nous entraîne dans ces histoires à la limite du fantastique...

Ces nouvelles d'Akatugawa se révèlent être d'excellents récits pour découvrir la littéraire japonaise traditionnelle (Konjaru manogatari) renouvelée...

logo Japon 2021Akutagawa Ryûnosuke, "Rashômon et autres contes", folio 2 euros, Barcelone, 26 décembre 2018, 105 p.

Participation à un mois au Japon organisé par Lou et Hilde, LC du 2 avril : lire une nouvelle.

20 mai 2021

Six-quatre de Hideo Yokoyama : ISSN 2607-0006

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Ce mystérieux titre fait référence à une date - le 5 janvier de la 64eme année de l'ère Shôwa - et à une affaire. De quelle affaire s'agit-il ? une petite fille, Shôko, a été enlevée mais malgré les efforts de la police, elle est retrouvée morte. On soupçonne ausitôt les proches étant donné que le ravisseur connaissait bien la région pour avoir donné des lieux de rencontre avec le père de la fille montrant une certaine aisance à se déplacer dans le coin. Dix ans plus tard, malgré des recherches incessantes - l'équipe du six-quatre n'a toujours pas avancé d'un pouce... Mais lorsque le directeur général décide de venir voir le père de la victime, de sombres et douteux éléments du passé ressurgissent : à quoi font références les Notes Kôda ? Pourquoi deux policiers ont démissionné ? Pourquoi la criminelle refuse de communiquer avec les administratifs ? Que cachent les anciens inspecteurs ayant travaillé sur le six-quatre ?

Le début du roman est ardu car l'écrivain est un ancien journaliste judiciaire : il décrit donc le milieu dans lequel travaille son personnage principal avec précisions c'est-à-dire en indiquant la fonction et les noms de chaque rouage du système journalistique et policier. Le foisonnement des personnages de ce sytème - journalistes, policiers, familles des personnages principaux, de la victime - rend encore plus difficile la lecture.

Et pourtant, on s'attache aux menées de Akima, directeur de la RP (relation presse) et ancien policier ayant travaillé sur le 6-4 : comme les traditionnels inspecteurs de romans policiers, il doit faire face à de nombreux problèmes personnels comme la disparition de sa fille, des problèmes de couples... ce qui le rend vulnérable et humain. Va-t-il réussir sa mission en restant intègre ? Comment va se résoudre l'affaire du six-quatre ?

Il ne faut surtout pas se laisser rebuter par les premières pages et poursuivre sa lecture : grâce à ce polar se déploie toute une affaire policière à résoudre et le fonctionnement de la police gangrénée par la corruption et par des carriéristes. Non seulement le suspense est à son comble tout au long du roman mais en plus, le romancier nous réserve un dernier retournement de situation impressionant. C'est un roman fourmillant de détails, exigeant, foisonnant mais on est complètement thrillé tout au long de sa lecture !

logo Japon 2021Yokoyama Hidéo, Six-quatre, Point, Slovaquie, 12 janvier 2019, 678 p.

Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et Hilde.

Sur le web : billet de A girl from earth, Dasola

1 septembre 2009

Le Cid de Corneille : ISSN 2607-0006

 

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Le Cid, Corneille, adapté par Mennetrier et Baillard, Petit à Petit, 240 p.

Castille, XIeme siècle. Chimène et Rodrigue s'aiment mais au moment d'officialiser leur union, le père de Chimène gifle le père de Rodrigue. Ce dernier, trop âgé, demande à son fils de le venger en engageant un duel avec Don Gomès, père de Chimène. Dilemme cornélien : Rodrigue va-til choisir l'amour ou le devoir ?  Il se dit "réduit au triste choix ou de trahir [s]a flamme ou de vivre en infâme" (acte I, sc. 6).

"A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" (acte II, sc. 2)

Cette adaptation en bande dessinée de cette tragi-comédie possède une dimension pédagogique : à la fin de la pièce, a été ajouté un complément pédagogique qui permet de mieux aborder le théâtre au XVIIeme siècle : une biographie du dramaturge, la définition des genres théâtraux et la présentation de la "querelle du Cid". Tout au long du texte, les mots spécifiques du XVIIeme siècle sont expliqués dans des notes de bas de page.

La lecture du texte de Corneille est agrémentée et facilitée par les dessins de Mennetrier et Christophe Billard. En revanche, la dimension esthétique est quelque peu absente des images qui sont traitées très simplement : peu de décors et du noir et blanc. Cependant, elles ne sont pas dénuées d'imagination et d'humour et les dessinateurs déploient un certain talent à animer les longs monologues.

Même si les dessins sont un peu austères, cette bande dessinée a le mérite de vulgariser l'un des chefs-d'oeuvre de Corneille, illustrant à merveille ce qu'on a appelé le dilemme cornélien : " l'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir" (acte III sc. 6)

17 avril 2021

Exposition "Shizen" de Benjamin Lacombe : ISSN-2607-0006

ShizenIl y a quelques jours, l'illustrateur Benjamin Lacombe annonçait l'installation de son exposition "Shizen" sur sa page Facebook que vous pourrez admirer à la galerie Daniel Maghen, du 4 au 22 mai. On peut y voir les illustrations de ses ouvrages récents comme Bambi, Esprits et créatures du Japon, Histoire de fantômes du Japon (ci-dessous la présentation de ces ouvrages en vidéo) L'étonnante famille Appenzel et Charlock 1 et 2.

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Pour ceux qui ne peuvent pas s'y rendre, vous pouvez expérimenter la visite virtuelle en cliquant sur le lien du site de la galerie Daniel Maghen ou sur l'image de l'affiche de l'expo ci-dessus : https://www.danielmaghen.com/fr/index.htm

Certes, ce n'est pas toujours facile de bien bouger la souris pour se déplacer dans les différentes salles, pour voir les illustrations, les agrandir, obtenir le titre du tableau, mais c'est une visite virtuelle à tenter pour la beauté des dessins ! J'aime autant les couleurs que les motifs décoratifs proliférants. Voici deux tableaux que j'ai choisis de vous montrer, extraits des Esprits et créatures du Japon. Bonne visite !

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Esprits et créatures du Japon © Benjamin Lacombe

logo Japon 2021Du même illustrateur : Frida, Curiosities

Participation au mois du Japon organisé par Lou et par Hilde

24 février 2021

La maison du chat-qui-pelote de Balzac : ISSN 2607-0006

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Qu'est-ce qu'un chat qui pelote ? C'est un chat qui joue le jeu de paume et qui sert d'enseigne à la maison de monsieur Guillaume, un mesquin commerçant. Ce commerçant a une femme dévote et deux filles au physique opposé : la cadette, Augustine, est jolie tandis que sa soeur est laide. Toute cette famille vit avec leurs trois commis dans une obscure boutique. C'est là que Théodore de Sommervieux aperçoit cette ennuyeuse et mercantile famille.

Voici comment est décrit cette scène de la vie privée perçue par un artiste comme Théodore : "Le magasin, n'étant pas encore éclairé, formait un plan noir au fond duquel se voyait la salle à manger du marchand. Une lampe astrale y répandait ce jour jaune qui donne tant de grâce au tableaux de l'école hollandaise. Le linge blanc, l'argenterie, les critaux formaient de brillants accessoires qu'embellissait encore de vives oppositions entre l'ombre et la lumière. La figure du père de famille et celle de sa femme, les visages des commis et les formes pures d'Augustine, à deux pas de lasquelle se tenait une grosse fille joufflue, composait un groupe si curieux ; ces têtes si originales, et chaque caractère avait une expression si franche [...]" ( p. 42).

Alors que le marchand croit que le commis Joseph Lebas va épouser son aînée, ce dernier lui annonce qu'il est amoureux d'Augustine. Mais celle-ci aime Théodore. Finalement un double mariage va d'organiser : l'aînée épousera le commis qui ne l'aime pas et la cadette se marie avec le peintre. Comment vont évoluer ces deux couples ?

Avec la simplicité d'un conte, Balzac oppose deux mariages, deux soeurs et deux classes sociales, résumé ainsi par le narrateur : " Cette observation n'empêcha pas que les arts et la pensée ne fussent condamnés encore une fois au tribunal du négoce" (p. 47). La prosaïque Augustine arrivera-t-elle à se faire aimer de son fantasque mari ? Tout en peignant un drame conjugal ( oui, encore !), Balzac fait aussi la peinture des marchands et des moeurs de son siècle... Cette brève nouvelle contient de nombreuses thématiques typiquement balzaciennes, notamment un discours sur l'esthétique réaliste, où le réel s'oppose à la réalité perçue par un artiste.

Balzac, La maison du chat-qui-pelote, Folio classique, Malesherbes, Juin 2016, p.

LC avec Miriam, Claudia, Rachel, Pativore. Prochaine LC Balzac le 24 mars ("Adieu") et je propose aussi pour le 25 avril, la lecture de Honoré et moi de Titiou Lecoq.

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La comédie humaine :

1. Scène de la vie de province: La vieille fille"La femme abandonnée", " Pierrette", Le curé de Tours, Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, La vieille fille, Le cabinet des antiques,

2. Scène de la vie parisienne :La cousine Bette, Ferragus, La maison Nucingen, "Pierre Grassou", La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais

3. Etude philosophique : Maître Cornélius, Un drame au bord de la mer, Fascino cane, Louis Lambert, Melmoth réconcilié, La peau de chagrin, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie.

4. Scène de la vie privée :  "La maison du chat qui pelote", Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, "Le bal de Sceaux", Mémoires de deux jeunes mariées, Le père Goriot, La bourse, Le colonel Chabert, Gobseck

5. Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée

5 juin 2021

L'île des chamanes de Jay Kim : ISSN 2607-0006

Présentons tout d'abord la romancière : "Kim Jay a commencé une carrière de styliste de mode, avant de bifurquer vers une formation d'autrice-scénariste. Son premier roman, L'assassinat d'Hunminjeongeum, est salué par la critique comme "un chef d'oeuvre" de la littérature coréenne" et devient de suite un best-seller. Elle se passionnne alors pour les thrillers historiques et poursuit avec Yi Sang, détective de Gyeongseong qui se situe dans le Séoul des années 1920, époque propice aux mystères et à un certain romantisme. Elle remporte avec ce titre le Grand Prix de la littérature policière et publie quatre autres volumes mettant en scène le poète Yi Sang - connu pour pour ses vers sombres et mystérieux. Entre-temps Kim Jay publie Jeong Yak-yong, détective itinérant ainsi que L'île des Chamanes et Les voisins, nouvelle enquête de Kim Seong-ho son héros profiler. Kim Jay est vice-présidente de l'association des auteurs de romans policiers de Corée. Elle pratique le fit ballet le yoga pour travailler sur ses ouvrages à venir" (Jacquette)

ile4eme de couverture

En ce qui concerne l'intrigue, la quatrième de couverture est parfaite : elle ne dévoile pas trop l'histoire. Il y a donc trois crimes perpétrés sur des femmes, sur une île du district de Jindo. Un profiler, Seong-ho, est relégué sur cette affaire après avoir eu des problèmes de piratage informatique de ses comptes et d'une tentative de suicide d'un des suspects qu'il interrogeait. Il part accompagné par un spécialiste du folklore car ce dernier a fait une analyse graphique de l'écriture de l'assassin présumé qui a envoyé une lettre au commissariat de Sambo.

On est très vite thrillé : qui a pu commettre ces meurtres ? Dans quelles intentions ? Quel est le lien entre toutes ces femmes ? Pourtant, assez rapidement, on a des coupçons : plusieurs indices mènent à l'assassin. Mais notre profiler, qui doit être capable de reconnaître des sociopathes, déteste boire contrairement à ses hôtes fréquemment ivres, n'arrive pas à dormir, a des troubles de mémoire et ne reconnaît pas un tueur en série quand il l'a sous les yeux... Surtout que sur l'île, le matériel moderne laisse à désirer et l'atmosphère devient glaciale et inquiétante...

Cependant, si ce roman porte ce nom, c'est qu'il y a encore des rituels chamaniques pratiqués dans ce lieu où les traditions se perpétuent. Un des moments-clés de l'enquête est la description d'un ssitgim-gut où le chamane accompagne l'âme des morts vers l'au-delà. D'autres références culturelles comme le Shuseok ou la peinture de Heo Ryoeon sont aussi évoquées. L'auteur peint par petites touches les moeurs des insulaires et des Séoulites tout en évoquant des problèmes de société comme le harcèlement scolaire ou le cyberharcèlement...

Après la vague des polars nordiques, on voit maintenant déferler des polars sud-coréens à découvrir grâce aux éditions "Matin calme"...

Kim Jay, L'île des chamanes, Matin calme, décembre 2020, France, 324 p.

sur le web :

"L'Ile des chamanes", avec toute ma sociopathie
Le héros : un jeune lieutenant ultra-sérieux de la police de Séoul, un profileur. L'ouverture du livre : une femme retrouvée assassinée. Les coupables : probablement des collégiens qui ont harcelé la malheureuse en ligne, sous prétexte qu'elle a dépensé des fortunes en chirurgie esthétique. Il paraît qu'en Corée on appelle ça un "monstre chirurgical ".
https://www.liberation.fr

 

25 avril 2021

Honoré et moi de Titiou Lecoq : ISSN 2607-0006

Honoré

C'est après avoir écrit un livre féministe et tout en découvrant les comptes balzaciens, les maisons où il a habité, ses romans, ses biographies que Titiou Lecoq décide d'écrire une biographie de Balzac. Le titre, "Honoré et moi" peut laisser supposer une large présence de la romancière : en fait, elle parle assez peu d'elle-même mais intervient effectivement dans le récit pour remettre en cause avec humour certains clichés (notamment les rapports de l'auteur et de sa mère) et mettre en valeur d'autres éléments qui l'intéressent comme la place de l'argent dans la vie de Balzac parce qu'elle a trouvé et lu les comptes financiers de l'auteur comme un roman à suspense.

On associe rarement "forçat de l'écriture", ce "travailleur puissant et jamais fatigué" (Hugo) aux problèmes pécuniers : comme le rappelle l'essayiste, "en littérature, on aime peu parler d'argent, et encore moins présenter un grand auteur comme quelqu'un qui voulait s'enrichir". Voici donc un extrait significatif : " Chez Balzac, si les passions humaines sont toujours là, on sait au centime près combien coûte l'amour d'un père pour ses filles. Théophile Gautier ( que je vais longuement citer parce que l'aime) : Jusqu'alors le roman s'était borné à la peinture d'une passion unique, l'amour, mais l'amour dans une sphère idéale en dehors des nécessités et des misères de la vie. [...] Dans La peau de chagrin, il eut le courage de représenter un amant inquiet non seulement de savoir s'il a touché le coeur de celle qu'il aime, mais encore s'il aura assez de monnaie pour payer le fiacre dans lequel il la reconduit. Cette audace est peut-être l'une des plus grandes qu'on se soit permise en littérature, et seule elle suffirait à immortaliser Balzac.[...]" (p. 71) et l'auteure d'ajouter : "Ces angoisses-là existent toujours. La société de consommation a quelque chose de diabolique en ce qu'elle repose sur une foison de produits désirables à acquérir et qui laissent en permanence une sensation d'inachèvement [...]. Mais Balzac va plus loin. Ce qu'il raconte, ce n'est pas simplement l'argent, comme dans un roman picaresque où le héros se débat ave les galères de thune. Il ne s'arrête pas au prix d'une paire de gants. Il se sert du systèmes financier comme d'un élément romanesque. Il raconte l'argent virtuel, le système de crédit, de la spéculation, ce qui rend certains passages de ses oeuvres difficiles d'accès pour les initiés, ainsi dans des spéculations du banquier Nucingen dans La maison Nucingen, ou des magouilles du père Grandet dans Eugénie Grandet"(p. 72).

12060877_honore-de-balzac-with-a-cane-probably-drawn-for-the-bookD'emblée, on est happé par cette biographie dépoussiérée dans son langage et dans l'approche des textes et des événements de la vie de l'auteur de La Comédie humaine. Mais si la vie de Balzac ressemble autant à un roman, c'est qu'il s'est beaucoup inspiré de ses déboires pour écrire ses histoires et il a d'ailleurs créé des  personnages inspirant ses jeunes contemporains.

Donc on tourne les pages sans s'en apercevoir : la mère de Balzac aurait été une femme sans coeur ? Balzac aurait été poursuivi par des créanciers injustement ? Est-il toujours moderne ? Ses romans peuvent-ils intéresser le public du XXIeme siècle ? T. Lecoq aborde aussi bien sa vie privée (ses amours avec les différentes comtesses) que sa vie publique. Son caractère naïf et crédule, voire extravagant est le plus étonnant, même si on peut trouver ces anecdotes dans d'autres biographies : "A Vienne, il rencontre un baron spécialiste de l'Orient qui lui fait un cadeau, une espèce de talisman monté en bague, avec une inscription sibylline. Il l'appelle le "bédouck". Le baron lui dit mystérieusement : "Un jour vous connaîtrez l'importance du petit cadeau que je vous fais". Et là, allez savoir pourquoi si ce n'est grâce à la formidable puissance d'imagination de Honoré, il se convainc que cette bague est un bijou ayant appartenu au prophète Mahomet, puis au Grand Mogol, et qu'elle a bien sûr un pouvoir magique protégeant son propriétaire. Parfait. Honoré n'a donc plus à s'inquiéter de ses dettes et soucis divers, le bédouck lui portera chance dans toutes ses entreprises - au pire du pire, il pourra toujours le revendre une fortune" (p. 181)

Achille_Devéria_Balzac_jeune_lavisC'est certain, ce n'est pas une vie racontée de manière exhaustive - excepté pour la décoration, les lieux habités par l'inventeur du retour des personnages et ses faramineux projets pour gagner de l'argent (mais sous la plume de T. Lecoq, même les détails des factures sont rendus passionnants !). Elle le dit souvent, Titiou Lecoq est complètement fascinée par la dette colossale que creuse l'artiste lui-même en dépit du bon sens - mais elle apporte un regard neuf non dénué d'intérêt ni d'humour...

Illustration d'Honoré et moi, Balzac d'Achille Dévéria

Et voici une dernière citation qui conclut cette biographie et ce billet : " En réalité, il n'y a, bien sûr, pas de morale à chercher dans une vie. Honoré aura été fidèle jusqu'au bout à ce qu'il écrivait dans une lettre : " Je fais partie de cette opposition qui s'appelle la vie." Balzac a fait ce qu'il voulait de sa vie, en dépit de toutes les restrictions que la société a tenté de lui imposer. Il n'a sans doute pas été très heureux, mais il a choisi d'être libre" (p.294). Une biographie à lire passionnante et vivante comme un roman !

Lecoq Titiou, Honoré et moi, L'iconoclate, Alençon, septembre 2019, 295 p.

LC Balzac avec Claudia. Prochaine LC le 20 mai 2021 avec "Une fausse maîtresse".

Sur le web : billet de A girl from earth, Keisha...

5 septembre 2021

Norek, entre deux mondes/ Kaurismaski, Le Havre

A question de l'article intitulé "Y a-t-il trop de romans sur les migrants ?", la réponse en intertitre est bien évidemment négative : "chaque migrant cache un parcours différent".

entre deux mondesJ'ai lu d'une traite ce roman policier Entre deux mondes d'Olivier Norek. Brutal et réaliste.

"Les migrants fuient un pays en guerre vers lequel on ne peut pas décemment les renoyer, mais de l'autre côté, on les empêche d'aller là où ils veulent. C'est une situation de blocage, on va dire", explique un flic à Bastien, nouveau venu dans la police de Calais. Là il découvre l'impensable, comme nous lecteurs : les morts, la pauvreté des exilés, la folie... C'est aussi dans la jungle de Calais qu'atterrit Adam, ancien flic et espion en Syrie. Ce dernier recherche sa femme et sa fille qui sont parties avant lui. Ont-elles réussi à rejoindre cette ville ?

Le roman reposant sur des faits réels est documenté, O Norek ayant été capitaine de police, et arrive à nous faire ressentir la violence de la situation dans "la jungle". Quelle tension en suivant la trajectoire de tous ces personnages, qui échappent à la caricature ! Il n'y a pas d'un côté les méchants et de l'autre les bons mais des hommes qui cherchent à donner un sens à leurs actes...

Que dire de plus si ce n'est qu'on ne peut rester indifférent à la situation des réfugiés, mais aussi des policiers, en lisant ce roman...

Rapidement, je signale le très beau film "Le Havre" de Kaurismaki. "Très beau" au niveau esthétique avec des couleurs vives mais aussi du point de vue du message passé : les migrants y sont dignes et courageux et les habitants du Havre généreux. Avec humour, voire d'une manière burlesque, le réalisateur filme l'entraide et le soutien apportés par un homme et ses voisins à un jeune Sénégalais. La mise en scène extrêmement orginale de Kaurismaki est vraiment à découvir !

Norek O, Entre deux mondes, pocket, Allemagne, octobre 2020, 376 p.

Kaurismaki, Le Havre, 2011, avec André Wilms, Jean-Pierre Darroussin, 1h33

Sur le web : billet de A girl

25 octobre 2021

L'appel de Cthulhu de Lovecraft : ISSN 2607-0006

Lovecraft

👾 Déclinée en série télévisée comme Lovecraft country de Misha Green ou en manga avec Les chefs d'œuvre de Lovecraft illustrés par Gou Tanabe chez @ki_oon_editions, l'œuvre lovecraftienne ne cesse de fasciner.

👾 Parmi les textes cultes de ce Lovecraft universe, on trouve L'appel de Cthulhu. On reconnaît assez vite les éléments de la mythologie lovecraftienne comme des êtres venus avant les hommes sur terre, des êtres innommables et abominables et des faits indescriptibles et terrifiants...

👾 Lorsque son grand-oncle décède de manière suspecte, un jeune homme est attiré par un bas-relief aux inscriptions énigmatiques qui va l'amener à découvrir un culte horrifique. Une enquête avait été menée sur les "grands anciens" et le culte de ce monstre. La mort de L'oncle est-elle naturelle ? Qui est cette créature ?

On suit avec angoisse les aventures du pauvre neveu confronté à des horreurs indescriptibles, "indicibles" comme aime à le répéter Lovecraft, à la folie et au fameux Necronomicon...

👾 Cette très courte nouvelle est incontournable pour découvrir la cosmogonie fictive lovecraftienne et par sa forme d'enquête par un véritable commissaire rend la quête encore plus surnaturelle par contraste. Une nouvelle à découvrir en frissonnant, parfaite en cette période d'Halloween !

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Participation Lovecraft et ses Dérivés, contes et nouvelles et USA au haunted reading bingo du @challengehalloween organisé par Lou et hilde.

Billet récapitulatif ici

26 septembre 2021

Les Marana de Balzac : ISSN 2607-0006

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Qui sont les Marana ? Ce sont des prostituées, comme il y en a tant d'autres dans la littérature du XIXeme siècle. Mais la Marana ne veut pas que sa fille devienne un femme de petite vertu. Elle décide donc de la laisser dans une famille adoptive qui la tient cloîtrée. Mais lors du siège de Tarragone, le capitaine de Montefiore vient se réfugier chez eux. Vous devinez le drame qui va se jouer : le jeune homme séduit Juana, la fille de la Marana. On se croirait dans un vaudeville où les personnages sont caricaturaux avec une Juana mièvre et naïve, un capitaine don juanesque etc...

Juana finit par se marier avec Diard, un médiocre soldat qui veut devenir un héros digne de sa femme. Malheureusement, nous suivons sa déchéance tout long d'une deuxième partie avant que le drame ne se noue dans une dernière partie où Diard se ruine en jouant après avoir rendu sa femme et ses deux enfants malheureux. Découvrez la fin complètement dramatique en lisant cette nouvelle.

Après un début vaudevillesque, on suit la chute de Diard à Paris : Balzac brocarde cette société parisienne médisante et en fait une satire tout à fait réussie. Le rôle dévolu aux femmes semblent bien tragique, comme femme sacrifiée ou prostituée, mais finalement, la fin est complètement surprenante ! Une petite nouvelle d'une grande noirceur à découvrir pour sa satire parisienne et pour son drame familial tournant bien évidemment autour de l'argent...

 

logo balzac vertLC avec Rachel. Prochaine LC le 27 octobre : j'ai choisi une série de petites nouvelles comme "Le réquisitionnaire", "Un drame au bord de la mer", "Z. Marcas" et "Le message", "La grenadière" et "Mme Firmiani". Rachel, pioche dans les nouvelles que tu souhaites lire...

La comédie humaine (catalogue et organisation établis par Balzac):

biographie de Balzac : Honoré et moi, Titiou Lecoq

 Scène de la vie privée : La maison du chat-qui-pelote,"Le bal de Sceaux", La bourse, Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, La fausse maîtresse, "La femme abandonnée", Gobseck, Le père Goriot, Le colonel Chabert

Scène de la vie de province : Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, " Pierrette", Le curé de Tours, La vieille fille, Le cabinet des antiques,

Scène de la vie parisienne : Ferragus, La duchesse de Langeais, La fille aux yeux d'or, La maison Nucingen,Fascino cane, Sarrasine, "Pierre Grassou", La cousine Bette,

scène de la vie politique :

scène de la vie militaire :

Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée,

Etude philosophique : La peau de Chagrin, Jésus-Christ en FlandreMelmoth réconcilié, Le chef d'oeuvre inconnu, "Adieu",Un drame au bord de la mer, Maître Cornélius, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie, Louis Lambert, Les proscrits, Les Marana, Gambara

21 septembre 2020

Les enluminures du livre des merveilles de Marco Polo : ISSN 2607-0006

 Une exposition virtuelle sur la BNF les cartes marines nous entraîne sur les pas de Marco Polo. Une vidéo donne à voir une présentation succinte du voyage du marchand, puis on pourra admirer les chefs-d'oeuvre de la cartographie de l'époque qui font la synthèse des connaissances de l'Antiquité mais qui sont aussi une invitation à l'ailleurs. Elles allient plaisir visuel et connaissances scientifiques.

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Mappemonde circulaire représentant l’hémisphère portugais
Atlas Miller © Bibliothèque nationale de France

Ensuite, on peut visualiser les pages du manuscrit du Devisement du monde : en feuilletant le livre, pour chaque page, un commentaire sonore permet de comprendre le contexte de l'enluminure. Par exemple, en ce qui concerne l'enluminure ci-dessous, on peut entendre les explications suivantes :

"Les Mongols tentèrent par deux fois d’envahir le Japon, en 1274 et en 1281. Lors des deux tentatives, le corps

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expéditionnaire partit de Corée pour atteindre l’île de Kyushu au sud du Japon. La première échoua face à la résistance farouche des Japonais. La seconde, avec des moyens beaucoup plus importants, fut mise en échec par le typhon Kamikaze (Vent divin en japonais) qui détruisit la flotte mongole."

Fol. 72. Les Mongols échouent à conquérir Sapangu © Bibliothèque nationale de France

Marco Polo Kambaluc

 Fol. 37 Le palais du grand Khan à Cambaluc © Bibliothèque nationale de France

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Fol. 85 La licorne et les animaux d'Ely © Bibliothèque nationale de France

L'analyse de Philippe Ménard, dans l'article "L'illustration du "Devisement du monde" de Marco Polo"*, explique que "LOrient des enlumineurs n'est pas un Orient vu, connu, fidèlement rendu. c'est un Orient de convention. [...] Leur Orient est un Orient de rêve" (p. 90). En effet, les illustrateurs ajoutent des éléments dans leurs miniatures, simplifient et parfois fusionnement ou inventent des scènes.

Cette exposition virtuelle propose une présentation didactique, une visite passionnante et un manuscrit qui est une vraie merveille !

Polo Marco, La description du monde

Marco Polo de Fusco

 Sur le web : Site de la BNF

* Ménard Philippe. L'illustration du «Devisement du monde» de Marco Polo. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquairesde France, 1985, 1987. pp. 85-91

9 septembre 2020

Zone blanche de Mathieu Missoffe : ISSN 2607-0006

 

Lorsqu'on commence la série franco-belge Zone blanche (saison 1), on pense visionner une série policière lambda avec le quotidien des gendarmes, des enquêtes mystérieuses. Cependant, assez rapidement, on se rend compte que la forêt - et un étrange loup - devient un personnage capital de la série et l'humour vient atténuer l'atmosphère sombre et glauque des investigations.

Les drames s'accumulent à Villefranche avec la disparition de la fille du maire, Marion, et la découverte d'un cadavre pendu dans la forêt. Le major Laurène Weiss mène les recherches tout en luttant contre une criminalité digne des polars norvégiens. A l'équipe du major s'ajoute un procureur aux allergies improbables, ayant une grande connaissance de L'Enfer de Dante dans lequel il se croit plongé, à juste raison, et à l'ironie mordante.

Outre, la disparition de Marion, les enquêteurs doivent faire face à des drogués, à des enlèvements d'enfants (ce qui donne des répliques teintées d'absurdité : "auriez-vous perdu un bébé ?", demande la stagiaire, qui se fait harceler par des corbeaux, lors de ses appels téléphoniques), des fermiers tueurs, des pyromanes, Maître chanteur, des violeurs... En somme, "un vrai conte de fée", comme dirait le procureur. Et c'est sans compter les difficultés que rencontrent les gens de la bourgade : fermeture d'usines, corruption du maire, imbroglio amoureux entre le maire et le major, organisation secrète...

Bienvenue à Villefranche :

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Zone blanche © Netflix

Au fil des épisodes, on peut admirer la très belle photographie et les magnifiques plans sur la forêt brumeuse, qui prend des dimensions fantastiques, et où la mythologie celte est très présente. Autre atout de cette série, ce sont les sarcasmes et l'ironie du procureur qui rendent savoureux les dialogues : alors que les gens tirent sur les employés de télécom pour empêcher la dernière cabine de la ville d'être enlevée ou que les mamies défendent à coups de fusil leur major, notre procureur parle de "charmante petite ville".

Enfin, de nombreuses références au cinéma de genre empêchent les spectateurs de s'ennuyer : "c'est psychose, la baraque", déclare un des gendarmes en découvrant une vieille ferme dans laquelle se trouve... des animaux empaillés. Mais on peut tout aussi bien penser à des règlements de compte de western ou à la sorcière de Blair Witch avec une imitation de found footage... Zone blanche est une très bonne série à poursuivre et la saison 2 est déjà disponible sur la plateforme Netflix...

Zone blanche de Mathieu Missoffe, saison 1, 8 épisodes d'1h, Netflix, 2017, avec Suliane Brahim, Camille Aguilar, Laurent Capelluto

Sur le web : Poite Isabelle, "Qu'est-ce qui se cache dans les sous-bois de zone blanche ?", Télérama, mis en ligne le 10 avril 2017. URL : https://www.telerama.fr/television/qu-est-ce-qui-se-cache-dans-les-sous-bois-de-zone-blanche,156203.php

Perrin Elisabeth, "Un casting de talent sur France 2", Le Figaro, mis en ligne le 10 avril 2017. URL : https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/zone-blanche-un-casting-de-talents-sur-france-2_7a74bfe0-1b94-11e7-8e12-1180ce5d82c7/

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Zone blanche © Netflix

20 décembre 2020

Capitaine Rosalie de Timothée de Fombelle : ISSN 2607-0006

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 L'album jeunesse est capable d'aborder des sujets graves même pour un public jeune. Dans Capitaine Rosalie, Timothée de Fombelle traite de la Première Guerre mondiale à travers les yeux d'une enfant de 5 ans, Rosalie. Cette dernière a un "secret", c'est "un soldat en mission". Sa mère travaille dans une usine et son père est parti au combat. La petite Rosalie attend au fond de la classe, oubliée de tous. Sa mère lui lit les nouvelles de la guerre envoyées par son père : mais Rosalie comprend rapidement que sa mère ne lui dit pas la vérité. Quelle est la mission de la Rosalie ? Que cache sa mère ?

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Capitaine Rosalie p. 62-63 © Isabelle Arsenault

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Capitaine Rosalie est illustré par Isabelle Arsenault qui a choisi des couleurs froides pour dessiner cette période sombre, faisant ainsi ressortir la chevelure rousse de la petite fille, véritable héroïne à sa manière. Sur des doubles pages ou de simples coins de pages, les dessins viennent redoubler l'histoire pas du tout enfantine de Rosalie. On voit donc cet enfant si jeune et si fragile mener sa propre quête, sa mission, aidée d'Edgar, le cancre de la classe :

Capitaine Rosalie p. 6 © Isabelle Arsenault

" La nuit, je rêve d'une médaille qu'on accroche sur ma chemise de nuit. Je rêve d'un général qui me met la main sur l'épaule. Je sens le froid de la médaille sur ma peau. Et chaque jour ma mission avance. Chaque jour, je suis à mon poste, capitaine Rosalie, au fond de la classe, en embuscade sous les manteaux. Je regarde les inscriptions sur le tableau noir comme si c'était un plan d ebatille. J'essaie de me souvenir de tout. Je recopie des petites choses dans les dernières pages de mon cahier. Personne ne s'occupe de moi. LEs grands m'ont oubliée. Je suis devenue un manteau gris accroché au milieu des autres. Il n'y a que le maître qui se souvient parfois de moi. Et Edgar, le cancre, mon lieutenant, qui me jette parfois des regards curieux. Je sens qu'il attend son heure" (p. 22-23)

Certes les mots sont simples et le style est très accessible mais il se dégage de ce texte une grande émotion qui fait passer un message profond sur la lecture qu'on ne peut qu'aimer. L'auteur a su entrelacer plusieurs thématiques dans cet ouvrage joliment illustré et émouvant. Après Tobie Lolness, Céleste ma planète, T. de Fombelle signe encore un très bel ouvrage didactique et touchant.

Fombelle T., Capitaine Rosalie, Illustrations Isabelle Arsenault, Gallimard, 64 p.

Site d'Isabelle Arsenault

Sur le web : Abescat Michel, "Livre pour enfant : Capitaine Rosalie, l'hiver 1917 par Timothée de Fombelle", Télérama, mis en ligne le 7 novembre 2018. URL : https://www.telerama.fr/enfants/livre-pour-enfant-capitaine-rosalie,-lhiver-1917-par-timothee-de-fombelle,n5884723.php

8 novembre 2020

Cahiers d'Esther de Riad Sattouf : ISSN 2607-0006

Riad sattouf 001article du "20 minutes" du jeudi 11 juin 2020 d'Olivier Mimran

En juin de cette année 2020, peut-être que la publication du cinquième tome des Cahiers d'Esther ne vous aura pas échappé. Si vous ne connaissez pas encore cette série de BD, il faut savoir que les planches qui racontent des tranches de vie de l'adolescente, dessinées par Riad Sattouf, sont inspirées d'une véritable personne. Lisez comme elle se présente sur la quatrième de couverture :

Les-Cahiers-d-Esther-T5-image

Outre l'humour très apréciable, on peut découvrir la vie d'une jeune fille du XXIeme siècle en temps réel : quels sont ses aspirations ? Qu'écoute-t-elle comme musique ? Quelles sont ses relations avec ses parents, son frère, ses copines ?

Chaque planche aborde divers thèmes comme la politique, la musique, la famille... Sérieux, triste ( le harcèlement en classe) ou léger, les sujets reflètent les intérêts, le comportement de toute une génération. Le langage, les goûts vestimentaires ou musicaux, l'attitude adoptée dans la cour de récréation reflètent ceux de toute une génération. Le quotidien d'Esther commence à l'âge de 10 ans et elle en a actuellement 14 : on voit donc l'héroïne évoluer de tome en tome.

Les-Cahiers-d-Esther-tome-5-Histoires-de-mes-14-ansCette BD humoristique, grâce à des commentaires sans fard faites par la jeune fille, et presque sociologique, nous renseigne sur la génération 2.0. Et si vous êtes intéressés par le portrait de la jeunesse contemporaine, vous pouvez visionner les planches adaptées fidèlement sur le petit écran ou retrouver les histoires prépubliées dans L'Obs chaque semaine.

Sattouf Riad, Cahiers d'Esther, tome 5, Histoire de mes 14 ans, Allary édition, France, mai 2020, 54 p.

Sur le web : Mimran Olivier, "Les cahiers d'Esther", "Le confinement avec ses parents, la vraie Esther a trouvé ça un peu relou", confie Riad Sattouf", 20 minutes, mise en ligne le 11 juin 2020. URL :  https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2796703-20200611-cahiers-esther-confinement-parents-vraie-esther-trouve-ca-peu-relou-confie-riad-sattouf

site facebook de Riad Sattouf

Heuss l'enfoiré 001

Illustration "Heuss l'Enfoiré", Les cahiers d'Esther © Riad Sattouf

Le débat esther 001

Pl. "Le débat", Les cahiers d'Ester © Riad Sattouf

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