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 Photo : © Courtesy of Raymond Red Corn et James Gabbert/Istock. couverture : Hite

Comme le célèbre De sang froid de Truman Capote, La note américaine est un "true crime"  : le journaliste David Grann enquête sur des disparitions dans la tribu des Osage et raconte comment des meurtres sont passés inaperçus. Avec ses chiffres, ses faits, ses dates, l'écriture est minutieuse, précise, simple, écriture proche d'un autre roman de non-ficion De sang froid.

Pour raconter cette enquête, il s'est appuyé sur de nombreux documents, témoignages comme l'indique la bibliographie et les remerciements. L'ampleur des recherches titanesques est visible dans la précision du récit dans lequel sont cités des journaux, des témoignagnes, des rituels osages. En revanche, il n'y a pas de système de numérotation dans le renvoi des notes, ce qui ne facilite pas le repérage des sources. Des photographies viennent illustrer les propos de David Grann et donner un visage à tous ces protagonistes et à tous ces lieux. Voyez comment les images s'intègrent au récit :

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 Courtesy of the werstern History Collections University of Oklahoma Libraries, Cunningham No. 184

Mais il ne faut pas réduire La note américaine à une simple enquête. David Grann se penche sur l'histoire de l'Amérique au début du XXeme siècle, de celle de la police et de la création du FBI et celle des Amérindiens. Ces derniers dépossédés de leurs terres sont obligés de s'installer en Oklahoma sur une terre rocailleuse qui recouvre des gisements pétroliers. Chacun cherche à profiter des malheureux Amérindiens devenus richissimes grâce aux gisements de pétrole... Non seulement on cherche à les assimiler, à les voler, à les empoisonner mais surtout, on les méprise en les appelant les "couvertures" et en les considérant comme des barbares. Pour prendre leur terre originellement au Kansas, voici ce qu'écrit le journaliste : " En 1870, les Osages - expulsés de leurs tipis, leurs tombes pillées -

Grann école 001 acceptèrent de vendre leurs parcelles du Kansas aux colons à un dollar vingt-cinq l'acre. Malgré cela, certains d'entre eux massacrèrent des indiens, laissant leurs corps mutilés, sclapés" (p. 59). Qui sont les barbares ?

Courtesy of Raymond Red Corn

"Presque tout a disparu aujourd'hui. Disparues, les gigantesques compagnies pétrolières et leurs forêts de derricks. Disparus, les chemins de fer, dont celui où A Spencer et Franck Nash commirent la dernière attaque de l'Oklahoma en 1923. Disparus, aussi, les hors-la loi dont la majorité ont eu une mort aussi spectaculaire que la vie qu'ils avaient menée" (p. 311). Certains crimes n'ont pas été punis. Là réside le scandale de cette sombre histoire. Lorsque D. Grann parle enfin à la première personne, c'est pour souligner un triste constat : le Règne de la terreur - dans les années 1920 au moment des nombreux meurtres des Osages - n'est que la partie visible des meurtres perpétrés envers les membres de la tribu des Osages. La note américaine nous rappelle la souffrance des descendants de ces victimes qui tombent dans l'oubli ou dans le

Grann saloon 001désintérêt général. Encore en 2017, Sheridan avec Wind river montrait comment des  femmes amérindiennes pouvaient disparaître dans l'indifférence générale... Mais pour ceux qui ont lu La note américaine, ils n'oublieront pas de sitôt ces atrocités...

Aaron Tomlinson

David Grann, La note américaine, Pocket, France, Mars 2019, 421 p.

LC avec A girl from eart

Sur le web : Marilyne, Annie, Book'ing, Miss Léo,

Crom Nathalie, "La note américaine, David Grann", Télérama, mise en ligne le 28 février 2018. URL : https://www.telerama.fr/livres/la-note-americaine,n5504716.php

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"De gauche à droite : Rita, Anna, Mollie, Minnie" (p. 133)

Courtesy of the Osage Nation Museum