Un début dans la vie de Balzac : ISSN 2607-0006
L'histoire de la genèse de ce roman est aussi mouvementée que la vie de l'anti-héros d'Un début dans la vie. Lorsqu'en 1841, Piquée directeur du Musée des familles, réclame un texte à l'auteur de La comédie humaine, Balzac choisit un scénario fourni par sa soeur Laure ( Notice p. 224). Mais après une première version avec une fin morale, le romancier a ajouté des chapitres pour la publication en roman-feuilleton dans le journal (Notice). De fait, le roman final semble digressif et disparate.
Un début dans la vie commence comme bien des romans de Balzac par poser le cadre - l'histoire des transports dans la province - pour ensuite égréner la vie des différents protagonistes : ainsi découvre-t-on la vie du conducteur Pierrotin et du comte de Sérizy. Ce dernier, étant trahi par son régisseur Moreau (dont la vie nous est aussi dévoilée) décide de retourner dans son château de Presles, en prenant une voiture publique, incognito. Dans le coucou, plusieurs personnes engagent la conversation sur leur passé : George Mesrat, un jeune élégant, serait un ancien officier. Quant à J. Bridau - personnage de "La Bourse" -, il prend le nom du grand peintre Shinner... Chacun, comme Oscar Husson, un autre passager, s'invente une vie extraordinaire. Pourtant, les masques tombent lorsque tous se retrouvent au château de Presles. A partir de moment, on suit particulièrement le parcours d'Oscar punit par sa vanité et qui connaîtra moults rebondissements avant la fin du récit.
Tout d'abord, notons que la conversation, dans la voiture publique, est une succession de mystifications, émaillée de proverbes déformés par Mistrigris, l'apprenti peintre donnant une coloration drôlatique à toute cette première partie : "Châssez le naturel, il revient au jabot" (p. 88) ou "faire d'une pierre deux sous" (p. 103) etc... Mais le premier dénouement, qui se termine par une démonstration morale - ne pas être vaniteux, savoir être discret... -, se double par le parcours d'Oscar devenu notaire puis soldat : l'histoire se mue en récit d'apprentissage et prend une dimension historique dans la dernière ligne. Un début dans la vie révèle bien des surprises et une dimension sociale très balzacienne qui n'ont rien à envier à ses grands classiques.
Balzac, Un début dans la vie, folio, France, mars 2011, 288 p.
Pierre Laforgue, « Par où commencer et comment finir : Un début dans la vie », Fabula / Les colloques, Le début et la fin. Roman, théâtre, B.D., cinéma. URL : http://www.fabula.org/colloques/document755.php, page consultée le 21 juin 2020.
LC avec Miriam. Prochaine LC le 26 septembre avec Les chouans.
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La comédie humaine :
1. Scène de la vie de province: " Pierrette", Le curé de Tours, Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, Le cabinet des antiques,
2. Scène de la vie parisienne : Ferragus, La maison Nucingen, "Pierre Grassou", La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais
3. Etude philosophique : Maître Cornélius, Un drame au bord de la mer, Fascino cane, Louis Lambert, Melmoth réconcilié, La peau de chagrin, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie.
4. Scène de la vie privée : Un début dans la vie, La vendetta, Une double famille, "Le bal de Sceaux", Mémoires de deux jeunes mariées, Le père Goriot, La bourse, Le colonel Chabert, Gobseck
5. Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée