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1001 classiques
22 mars 2010

Mrs Dalloway de V. Woolf : ISSN 2607-0006

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Mrs Dalloway est le roman londonien de V. Woolf ( biographie ici), décrivant à travers l'intériorité des personnages, un Londres d'après guerre peu conformiste, poétique et sombre. Lisez Mrs Dalloway, où sans discontinuité, vous serez submergé par "des myriades d'impressions", les pensées de Clarissa Dalloway, de son mari Richard, d'un de leur ami Peter Walsh. Une fois entré dans le tourbillon des pensées des personnages, on suit avec attention les sensations, les sentiments et les souvenirs de chacun d'entre eux. Jamais le langage particulier des personnages ne se confond avec une autre voix, qui sont toutes singulières : Mrs Dalloway est entièrement tournée vers cette réception qu'elle organise. Elle est bien différente de celle de Septimus en proie à la folie, peuplée des images de la mort, de l'enfer et du suicide.
Lisez ce roman qui vous emmène au-delà des apparences où les mots naissent, se pressent, semblent vouloir s'échapper des pages, semblables au flux et reflux de la mer. Portrait d'une femme, de la parfaite hôtesse, Mrs Dalloway laisse transparaître aussi une description impressionniste du Londres d'après-guerre. Lisez ce roman de la beauté des sensations, saisissant l'instant de cette journée londonienne de juin, comme dans ce magnifique passage : "Puis elle ouvrit les yeux : qu'elles étaient fraîche, les roses, comme du linge tuyauté tout propre, rentrant de la blanchisserie dans des corbeilles d'osier ; et sombres et soignés les oeillets rouge qui redressaient la tête ; et tous les pois de senteur s'étalant dans leurs vases, veinés de violet, d'un blanc de neige, pâles - comme si c'était le soir, et que des jeunes filles en robes de mousseline étaient venues cueillir les pois de senteur et les roses à la fin de la superbes journée d'été, avec son ciel bleu nuit, ses delphinium, ses oeillets, ses arums ; que c'était le moment où toutes les fleurs - les roses, les oeillets, les iris, les lilas - luisent d'un doux éclat ; où chaque fleur semblent brûler de ses propres feux, avec douceur, avec pureté, au milieu des massifs embrumés ; et comme elle aimait les paillons de nuit gris pâles qui tourbillonnaient en tous sens au-dessus de l'héliotrope, au-dessus des primevères du soir !". Lisez Mrs Dalloway !

 Woolf, Mrs Dalloways, Folio, 321 p.

Lu dans le cadre du challenge, V. Woolf, organisée par Lou et d'une lecture commune avec Keisha, AGFE, Pauline, Mango, Cynthia, Papillon, George Sand, Tif, Dominique, l'or des chambres...

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16 janvier 2010

On ne badine pas avec l'amour de Musset : ISSN 2607-0006

 

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Musset, chantre des romantiques, signe ici une comédie dramatique écrite dans une prose poétique. Camille est promise à Perdican, mais lorsque celle-ci sort de son couvent, elle est décidée dès la première rencontre à refuser ce mariage et à prendre le voile : les autres religieuses du couvent lui ont fait la leçon en la mettant en garde contre les hommes. Quant à Perdican, pétri des images de sa douce enfance, il souffre du refus de Camille et se venge en courtisant Rosette, la soeur de lait de Camille.

"Les mots sont des mots et les baisers sont des baisers".

On ne badine pas avec l'amour constitue une comédie de l'amour, où le badinage peut se révéler funeste. Le genre du proverbe était un jeu des salon littéraire à l'origine. Et il est bien question de jeu dans cette comédie qui joue sur les masques et les sentiments jusqu'au moment où la mort s'en mêle.

De nombreuses scènes sont véritablement comiques grâce aux fantoches de la pièce : le Baron père de Perdican n'entend rien à l'amour et ne comprend qu'à demi-mot les répliques des autres personnages, créant ainsi des raccourcis tout à fait amusants. Autour de lui se démènent dame Pluche, affublé d'un nom ridicule, qui est une véritable caricature de vieille fille dévote, et Blazius, précepteur de Perdican, un abbé grand buveur et mangeur. Ces personnages contribuent grandement à créer un comique de situation. Ainsi lorsque Maître Blazius vient annoncer au Baron que Camille était rouge de colère et voulait obliger Dame Pluche à porter un billet qu'elle froisse pour ne pas avoir à l'apporter, voici ce que répond le Baron : "Je n'y comprends rien ; mes idées s'embrouillent tout à fait. Quelle raison pouvait avoir dame Pluche pour froisser un billet plié en quatre en faisant des soubresauts dans une luzerne ! Je ne puis ajouter foi à de pareilles monstruosités."

Pourtant, On ne badine pas avec l'amour n'est pas seulement une comédie : le sérieux de l'avertissement contenu dans le titre s'exerce tout au long de la pièce donnant une dimension tragique à la comédie du dépit amoureux. Camille n'est-elle qu'une orgueilleuse ? Perdican est il un libertin ? Va-t-il réellement épouser Rosette ? Une tension dramatique s'installe pour ne plus quitter la scène : progressivement les jeunes héros se découvrent mais l'aveu vient trop tard comme dans Les caprices de Marianne. La légèreté de l'écriture de Musset n'exclut pas la souffrance et un certain lyrisme. Les personnages sont bien plus complexes qu'il n'y paraît et sont le reflet d'un amour désenchanté et lucide : chaque mot de cette comédie de l'orgueil semble pousser les héros vers un précipice...

Le verbe, le mot et la poésie dominent les trois actes oscillant entre le grotesque et le sublime jusqu'à l'extrême fin tragique. Toute la pièce est portée par la magnifique et musicale prose de Musset, qui met dans la bouche de son jeune héros cette fameuse tirade  : "Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses ; curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime; c'est l'union de ces deux êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui".

Des drôleries, de la fraîcheur mais aussi du désespoir, On ne badine pas avec l'amour est une analyse de l'amour sans concession, et une pièce romantique magnifique...

11 avril 2010

Le chateau Miromesnil de Maupassant : ISSN 2607-0006

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Le château Miromesnil, où naquit Maupassant ( biographie ici), allie admirablement différents styles : la façade sud est de style Henri IV, très sobre à dominante rouge, brique de Varengeville et grise, pour les ardoises. Deux tours défensives ont remplacé d'anciennes  fortifications. La façade Nord présente un style Louis XIII monumental, réaménagé au XIXeme siècle : elle est ornée de masques, de guirlandes et de pilastres. Les pièces sont vraiment admirables avec des ambiances XIXeme siècle, tapisserie à fleurs, gravures avec des femmes en tenue d'époque, un piano ayant appartenu à Laure de Maupassant et des meubles Louis XVI...

Maupassant naquit donc dans l'une des tourelles, et tous ses romans sont imprégnés de cette Normandie natale : Boule de suif, son premier succès se déroule à Tôte. On peut voir, dans ce château, quelques souvenirs rattachés à cet écrivain comme une lettre adressée à Flaubert ou son acte de naissance. Mais ce lieu est riche historiquement puisque, ici, a aussi habité le marquis Armand Thomas de Hue, juriste, homme humaniste, qui supprimera notamment la question préalable. Ses appartements contiennent de magnifiques objets tels qu'une boîte à secret en ivoire, ses livres...

Non loin du château se trouve une petite chapelle, très sobre extérieurement mais qui renferme de très beaux vitraux, jaune d'argent du XVIeme siècle. Autour du château, se déploie un magnifique parc, dominé par un cèdre du Liban, des magnolias et des rosiers et un jardin botanique "mix border" (pour les anglophiles amoureux de la nature... ),

Dommage que ce lieu ne soit lié qu'à la naissance de Maupassant, donc il n'y a que peu de souvenirs sur l'auteur. La visite fut tout de même extrêmement agréable. A visiter pour tous ceux qui aiment l'esthétique XIXeme siècle et les ambiances bucoliques...

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J'ai acheté ce livre Choses et autres de Maupassant en souvenir...

8 mars 2010

La souris bleue de Kate Atkinson : ISSN 2607-0006

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La souris bleue de Kate Athinkson, Livre de poche, 412 p.

chapitre 1 : Où on découvre la vie mouvementée de la famille Land. Cette famille comprend un père mathématicien, complètement absent, une mère, qui fait "tout par devoir, rien par amour", entourée de quatre filles, Amélia, Sylvia, Julia et Olivia, bouillonnantes de vie, au grand désespoir de leur mère ! Dans le lot, Olivia "fille de lumière", toujours accompagnée de sa souris bleue, sort du lot par sa beauté et sa mignardise. Un soir, où l'aînée et Olivia obtiennent la permission de dormir dehors, dans une petite tente, la petite dernière disparaît. Trente cinq ans de recherche n'ont pas permis de la retrouver.

Chapitre 2 : Où on découvre l'amour absolu d'un père pour sa fille. Théo, avocat, élève seul ses deux filles. Il est très proche de sa fille Laura qu'il adore et pour mieux la protéger des dangers extérieurs, il lui propose de faire un stage dans son cabinet : pour le premier jour de stage de sa fille, il est absent, et c'est ce jour-là que choisi un fou dangereux pour la tuer !

Chapitre 3 : Où on découvre la vie de Michèle. Michèle est une jeune mère, qui recherche la perfection dans sa vie. Pour pouvoir être une parfait épouse, elle s'occupe de sa fille, jardine, cuisine... jusqu'où jour où elle tue son mari à coups de hache dans un accès de désespoir.

Chapitre 4 : Où apparaît un détective privé... Jackson Brodie, ancien militaire et ancien inspecteur de police est devenu détective privé : il est chargé de trouver des chats, de surveiller une jeune hôtesse de l'air suspectée par son mari d'être infidèle... et est appelé par Amélia Land pour retrouver sa soeur Olivia. En effet, celle-ci, à la mort de son père, a retrouvé la fameuse souris bleue dans les tiroirs du bureau de son père... Que faisait le jouet d'Olivia dans le bureau de leur père ? Comme si cela ne suffisait pas, Théo Wyre fait aussi appel à lui, pour retrouver l'assassin de sa fille. Surgit aussi soudainement dans sa vie, la soeur de Michèle qui recherche l'enfant de cette dernière... Jackson se lancent alors dans une triple enquête pleine de rebondissements extravagants...

Avec causticité et humour, Atkinson nous plonge dans l'univers bouillonnant de vie de tous ses personnages, qui sont tous attachants et haut en couleur. Ce roman foisonne de détails et de vie, et on suit avec ravissement l'enquête de Jackson qui réserve bien des surprises. On retrouve avec plaisir des références et l'imaginaire de la littérature victorienne : Victor Land se représentait sa mère dépressive comme une folle typiquement victorienne, chemise de nuit blanche et échevelée, hantant les couloirs de sa maison tandis qu'Amélia la prude voudrait vivre dans l'univers des romans de James et est une lectrice d'Edith Wharton.  Mais le roman comporte aussi à côté de situations cocasses, invraisemblables, des aspects très sombres. Y sont aussi abordés nombres de sujets de la société contemporaine tels que les relations familiales...
Le ton est décapant ! L'auteur sait nous captiver grâce à ce roman enlevé, à la fois cinglante étude de moeurs et remarquable enquête policière.

26 mars 2010

Orgueil et préjugés adapté par Andrew Davies : ISSN 2607-0006

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On ne peut que louer et adorer la version BBC d'Orgueil et préjugés, qui reproduit parfaitement le livre d'Austen ( biographie ici). Les cinq filles Bennet sont en âge de se marier. Voici de quoi laisser libre cours à l'imagination romanesque et ironique de Jane Austen. D'abord déçue par une Lizzy un peu trop souriante et effacée, j'ai été rapidement entraînée par l'ironie des dialogues et par la description caustique de la haute société : lorsque Darcy et son ami Bingley, présentés comme des riches partis, arrivent dans un bal, chacun s'exclame sur leur belle prestance mais une femme demande : "serait-il aussi  beau s'il était moins riche ?"
Surtout la première rencontre entre Mrs Bennet et Darcy est tout à fait amusante : elle lui demande s'il veut danser avec Elizabeth et jacasse tant que lorsqu'elle relève la tête, Darcy a déjà fui devant cette femme bruyante et babillarde ! Forcément, elle en conçoit beaucoup de préjugés contre cet homme orgueilleux.

La reconstitution est remarquable : les intérieurs, l'élégance des bals sont très esthétiques. Véritablement fidèle dans la peinture des personnages, lorsque l'on voit le flagorneur Collins ou les gloussantes soeurs Bennet, on ne peut que s'écrier : Ah ! c'est exactement le personnage créé par Jane Austen ! Et que dire de Darcy ? Beau, suffisant, arrogant puis passionné et amoureux. Colin Firth incarne superbement Darcy.
C'est le livre fait film ! Une véritable merveille ! Une somptueuse reconstitution de la société du XIXeme britannique à voir, absolument !

Autre adaptation : Wrigth, Orgueil et préjugés

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24 avril 2010

Le triomphe de la nuit, vol. 1 d'Edith Wharton : ISSN 2607-0006

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Quelle belle découverte ! Le triomphe de la nuit est un magnifique recueil de nouvelles, qui nous entraîne dans l'univers des "ghosts stories" anglaises. Ce recueil regroupe cinq nouvelles très diverses " La cloche de la femme de chambre", "Les yeux", "plus tard", "Kerfol", "Le triomphe de la nuit" et je n'en aborderai que deux pour vous laisser découvrir seuls, tout le charme de ces histoires :

1. La cloche de la femme de chambre : Alice Harthey est une jeune femme, en convalescence, recherchant une place de femme de chambre. On lui propose de travailler au service de Mrs Brimpton mais dès le premier jour, elle pense apercevoir un femme pâle, qui serait l'ancienne femme de chambre décédée. Pourquoi ferme-t-on toujours la porte de cette dernière à clef ? Quel est le rôle de Ranford, le jeune et avenant voisin ? Alice, a-t-elle l'esprit dérangée ? Pourquoi sa maîtresse refuse d'utiliser la sonnette qui est dans sa chambre ? Au fil des pages, le mystère ne cesse de s'épaissir...

2. " Kerfol" : En Bretagne, le narrateur décide de visiter "Kerfol", une demeure médiévale, isolée, entourée de silence, qu'il souhaite acheter. Lorsqu'il arrive devant cet impressionnant château, il n'aperçoit que des chiens : on lui explique qu'il n'a vu que des fantômes de chiens. Le narrateur se plonge alors dans la lecture de l'étrange histoire des anciens seigneurs des lieux, restée dans les annales judiciaires : Yves de Cornault épouse, en second mariage, une jeune fille, Anne de Barrigan dont il s'éprend passionnément. Lorsque Yves de Cornault est retrouvé mort dans les escaliers de son château, les accusations se portent aussitôt sur sa jeune femme. Qui l'a tué ? Commence alors le récit étrange de son procès...

Lecteurs, si vous avez lu et aimé Henry James, si vous aimez l'écriture du non-dit, vous admirerez la prose d'Edith Wharton qui a su, avec ses nouvelles fantastiques nous plonger au coeur d'intrigues savamment construites pour créer l'attente, le doute, parfois l'horreur, enrobées dans une ambiance mystérieuse. Chaque nouvelle est extrêmement singulière, n'usant jamais de la même narration : le narrateur est parfois un observateur, parfois un personnage du drame ; les scènes se déroulent aussi bien en Amérique qu'en France ou en Angleterre... Edith Wharton réussit à susciter des atmosphères angoissantes, à créer du suspense et maîtrise l'art de la suggestion. Comme chez James, le fantôme est moins un signe de surnaturel, qu'une incarnation "morale", symbolisant la culpabilité, la trahison... tout en laissant, dans les récits, une part d'ombre et de nuit. Une très belle réussite du genre !

 Wharton, Le triomphe de la nuit, Edition Joelle Losfeld, 182 p.

Challenge Edith Warthon de Titine. Liens vers d'autres avis, Lou et lilly...

21 février 2010

Le secret de Noël d'Anne Perry : ISSN 2607-0006

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Tout nouvellement pasteur, Dominic Corde et sa femme Clarisse arrivent à Cottisham où Mr Winter, le pasteur de ce petit village, est parti pour un mois de vacances. Sur les lieux, les jeunes mariés découvrent un beau site et des gens tout à fait charmants. Nos deux amoureux vivent particulièrement heureux jusqu'au moment où Clarisse fait une macabre découverte dans la cave du presbytère...

Autant vous dire que je ne m'étendrai pas beaucoup sur un livre qui m'a ennuyée, peut-être dû à ma récente découverte enthousiaste de W. Collins, qui rend, en comparaison, ce roman policier très fade et que j'ai failli abandonner en cours de route. Nos deux jeunes héros n'ont aucune envergure et n'ont pas l'étoffe de grands détectives tels que Holmes ou Poirot. Ils n'ont pas non plus le charme piquant et irrévérencieux du couple Pitt. Les personnages secondaires brossés à grands traits sont tout aussi falots. La mise en place de l'intrigue est des plus lentes et des plus simples. Il ne se passe quasiment rien pendant 150 pages, à part les considérations de la parfaite ménagère qu'est Clarisse. Le dénouement est rapidement expédié dans les dix dernières pages... Je crois surtout que les sentiments mièvres de notre jeune couple m'ont agacée ou alors les bons sentiments qu'ils éprouvent pendant une période telle que Noël. Bref, ce n'est pas le meilleur roman d'Anne Perry et j'ai de beaucoup préféré Resurrection row ou Le cadavre de Bluegate Fields...

Vous trouverez un autre avis sur le site de Lou.

 Perry, Le secret de Noël, 10/18, Grands détectives,  188p.

 

30 avril 2010

LE SWAP : "THE PORTRAIT OF LADY" : ISSN 2607-0006

Il y a un mois, commençait la grande aventure du swap The portrait of the lady, organisé par Lou et Titine, nouvelle aventure pour moi, puisque c'est mon premier swap ! Des romancières anglaises, l'ère victorienne et des héroïnes anglo-saxonnes... Comment résister ?
Quelle ne fut pas ma surprise en ouvrant mon colis : tout est furieusement esthétique, tout est so british et tout est terriblement raffiné ! Jugez et admirez par vous-même ! Et tout cela m'a été envoyé par ma charmante swappeuse, grande connaisseuse de l'art and kraft  : TITINE  ! (tous les titres en gras et entre guillemets sont de mon adorable swappeuse !)
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  • Et premier clin d'oeil aux amoureuses de Darcy, pour le séduire, voici une carte "english Georgian dress".
  • "London calling" : ce carnet, aux couleurs de l'Angleterre, magnifique, ne me quitte plus, je suis aussi amoureuse de lui !
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  • "Have a break" : des produits Gardener et un mug "Ophélie de Millet" .
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  • " Et un de plus" : je n'avais pas ce Wilkie dans ma PAL, mais heureusement Titine a comblé cette lacune... Seule contre la loi, la quatrième de couverture me semble augurer une lecture passionnante et je ne peux m'empêcher d'en écrire un extrait : " Thriller labyrinthique, âpre réflexion sur les faux-semblants, vibrant portrait d'une héroïne libre et intraitable, Seule contre la loi passe pour le premier roman policier dont le détective est une femme". Je n'ai qu'une envie, c'est de me jeter dessus et de commencer à le lire...

  • "Pour m'accompagner dans mes lectures" : le véritable marque-page en cuir "The Jane Austen Centre". Je l'adore et je crois que toutes les admiratrices de Jane vont être jalouses... Je ne le quitte plus !

  • "Un bijou trop peu connu" : Drôle de temps pour un mariage de Julia Strachey, un auteur que je ne connais pas et que je vais me faire un plaisir de découvrir...

  • "De la méchanceté, de l'ironie, de l'humour" : Lady Susan de Jane Austen (seule ombre du tableau, par ma faute, je l'ai déjà lu et je m'en excuse, car j'ai peut-être mal rempli mon questionnaire...).
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  • My dear Titine,

Je t'écris ces quelques mots fortement émue et terriblement ravie : tous les objets sont élégants et magnifiques ! Comme tu le sais, j'adore chaque objet et ce swap a été merveilleux pour moi... Vive les romancières victoriennes ! Vive la lady que tu es !
J'ai été émerveillée et admirative, à chaque ouverture de paquets et à chaque découverte du contenu so british ! Maintenant, le marque-page m'accompagne effectivement dans chacune de mes lectures (j'ai déjà commencé une collection !) et le carnet a trouvé sa place dans mon sac (il ne me quitte plus).  J'ai évidemment essayé mes produits de beauté Gardener, doux et embaumants, et j'espère pouvoir bientôt commencer la lecture des romans : voici des livres qui me promettent de belles soirées ! Quant à la carte postale, elle a déjà trouvé sa place sur les murs de mon appartement...
En espérant que ma swapée Romanza soit tout aussi contente...

Je te remercie vivement et sincèrement de m'avoir fait participer à ce swap, ainsi que Lou, notre co-organisatrice...
Merci à toutes les deux. Merci Titine, et à bientôt pour des lectures communes et pour continuer l'exploration délicieuse du monde des romancières et des aventurières victoriennes...
Victoriennement votre, Maggie

 

14 avril 2010

Bravoure d'Emmanuel Carrère : ISSN 2607-0006

Sur l'impulsion de "découvrons un auteur" de Pimprenelle, nous pouvions, pour le mois d'avril, lire les romans d'Emmanuel Carrère. N'ayant jamais lu de livres de cet auteur et ayant fait l'acquisition récente, au salon du livre de Bravoure, je me suis donc lancée dans l'aventure.

Quelques mots sur l'auteur (biographie édition folio): " Emmanuel Carrère est né en 1957. D'abord journaliste, il a publié un essai sur le cinéaste Werner Herzog en 1982, puis L'ami du jaguar, Bravoure (Prix passion 1984, prix de la Vocation en 1895), Le détroit de Béring, essai sur l'Histoire imaginaire (prix Valérie Larbaud et Grand prix de la science fiction française 1987), Hors d'atteinte ? et une biographie du romancier Philip K. Dick, Je suis vivant et vous êtes morts. Il a aussi signé La classe de neige, prix Fémina 1995, porté à l'écran par Claude Miller, de même que L'adversaire adapté par Nicolas Garcia. En 2003, il réalise un documentaire, Retour à Kotelnitch, et adapte lui-même en 2004, La moustache coécrit avec Jérome Beaujour, et interprété par Vincent London et Emmanuelle Devos. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues."

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Bravoure a pour point de départ une anecdote autour de la création de Frankenstein de Mary Shelley : chacun des auteurs présents en 1816, près du Lac Léman, devait écrire une histoire de spectres : Byron et P. Shelley, ont très vite abandonné, le docteur Polidori ainsi que Mary Shelley (biographie ici) ont terminé leur récit mais seul celui de Mary Shelley passera à la postérité.

Celui de Polidori fait l'objet d'une étrange controverse autour du véritable auteur : il a été publié sous le nom de Lord Byron. C'est cet aspect que développe l'auteur : le début du roman est extrêmement mystérieux, on découvre un personnages tourmenté, malade, en proie au laudanum. Polidori, après avoir été le secrétaire et médecin de Lord Byron va peu à peu sombrer dans la déchéance et la folie, après de nombreux échecs et humiliations diverses. Soudain, la narration est prise en compte par un certain capitaine Walton, dans une époque récente, - Walton est le nom d'un des personnages de fiction de Shelley - qui réécrit Frankeinstein, en gardant les personnages mais en changeant les événements : Victor Frankeinstein, nom d'emprunt, d'un savant épousera bien Elizabeth dans cette version mais malade, elle est tuée puis ressuscitée par son mari. Cette dernière devient diabolique et tue des personnages de son entourage pour les rendre similaires à elle. Ils vont ainsi former une famille de morts-vivants décidée à remplacer la race humaine.... Suivront aussi l'histoire de Ann, contemporaine de celle du capitaine Walthon et la véritable histoire de Mary Shelley.

Vous l'avez compris, cher lecteur, cette histoire mêle plusieurs genres et imbrique plusieurs intrigues, à tel point que la confusion se crée autour de l'identité des personnages. On apprécie les anecdotes autour de la vie des personnalités littéraires comme Byron, les Shelley... et le style pastichant celui de Mary Shelley : on se retrouve plongé littéralement dans un nouveau Frankeinstein. Mais où s'arrête la fiction ? Où commence la vérité historique ? Quelle est la part de rêve dans ce roman où personne n'est celui qu'on croit et où chacun est en proie à des cauchemars ? Si certaines parties du récit paraissent confuses, j'ai quand même apprécié l'intrigue bâtie comme une énigme littéraire et la création romancée du Frankeinstein de Shelley... Une découverte déconcertante mais qui me donne envie de découvrir d'autres romans du même auteur...

Les autres participantes sont : pimprenelle, Moka, stéphie, Evertkhorus, vanounyme, lili, Penny Lane, Calypso, Mirontaine, Lou, Cynthia, Caro, PrsPepys, Marie L, géraldine, Lasardine, Clara , Djak, Lancelau, Zorane, Cacahuète, Aurore

Carrère, Bravoure, Folio, 369 p.

15 mai 2010

Les travailleurs de la mer de V. Hugo : ISSN 2607-0006

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Premier roman de l'exil de V. Hugo ( une exposition virtuelle est consacrée à Victor Hugo sur le site de la BNF), depuis le 2 décembre 1851, Les travailleurs de la mer est un récit peu romanesque, mais une oeuvre foisonnante, étrange, à la limite de la démesure baroque.

Quatrième de couverture :

" Pour pouvoir reconstruire un nouveau bateau à vapeur après le naufrage de la Durande, il faut sauver la précieuse machine du navire dont le constructeur est mort. Donc qu'un homme seule, matelot, mais aussi forgeron, ait l'audace de risquer plusieurs jours jusqu'aux rochers de Douvres où repose l'épave - et d'affronter la mer. L'homme qui accepterait ce péril serait plus qu'un héros. "Je l'épouserais" dit Déruchette, la nièce de l'armateur. Et parce qu'il s'est épris de la jeune fille, Gilliatt va tenter l'entreprise.
Mais suffit-il d'une idylle pour construire un roman d'amour ? celui-ci en tout cas ne saurait bien finir, car le coeur humain dit Hugo, est une "fatalité intérieure". Les travailleurs de la mer, dont l'action se déroule dans l'archipel de la Manche, sont d'ailleurs aussi bien un roman d'aventures, à l'époque de la machine et de la révolution industrielle, que la fable épique d'un homme seul face aux éléments. Et bien avant de le faire paraître en 1866, Hugo n'avait pas sans raison choisi de l'intituler L'Abîme.

"Se faire servir par l'obstacle est un grand pas vers le triomphe" :

Cette quatrième de couverture annonce le ton, ce roman "marin" est aussi un témoignage de la vie de l'époque, doublé d'un roman d'amour. Les chapitres sont courts mais très disparates. L'histoire ressemble à un assemblage de morceaux de bravoure. Ne cherchez pas la vraisemblance, lecteur, vous entrez dans l'étrange univers des travailleurs de la mer.  La lecture de ce long roman est malaisée car V. Hugo, entrecoupe son récit de digressions à l'infini, emboitant des emboitements : il suffit de regarder la structure du roman labyrinthique : chaque "livre" est subdivisé en "partie", elle-même découpée en chapitres. Certains passages portent sur la langue, Il mêle les expressions latines et les expressions locales guernesiaises, tel que "veuvier" à la place de "veuf". A peine lu, on se souvient à peine de la moitié des détails et du vocabulaire. Les passages historiques, font place à des descriptions géographiques ou techniques.

L'écriture se révèle d'autant plus complexe que les références bibliques, historiques se multiplient et qu'une écriture de la formule côtoie des phrases amples... On perçoit d'ailleurs l'écriture du poète dans des rythmes binaires. Tel un nouveau Homère, Hugo multiplie les catalogues  comme celui des écueils, puis celui des vents etc... Il ne faut pas moins de dix pages pour raconter le naufrage de la Durande, ou les écueils : " Pour ceux qui, par les hasards des voyages, peuvent être condamnés à l'habitation temporaire d'un écueil dans l'Océan, la forme de l'écueil n'est point chose différente. Il y a l'écueil pyramide, une cime unique hors de l'eau ; il y a l'écueil cercle, quelque chose comme un rond de grosse pierres ; il y a l'écueil corridor. L'écueil corridor est le plus inquiétant"... (p. 390).

Roman foisonnant, les personnages se croisent dans ce sombre univers : Contrebandiers, homme honnête comme Clubin, qui se révèle être, en fait, un génie du mal, Mess Lethierry, sa fille Déruchette et Gilliat... Pour l'amour de cette fille, Gillliat accepte, après le naufrage de la Durande, d'aller chercher le moteur de ce bateau à vapeur. Coiffé de son bonnet de galérien, il devra affronter une tempête, une pieuvre, la faim, la soif pour finalement se sacrifier, car la beauté chez le héros romantique est intérieure. Mais, l'auteur développe aussi l'esthétique du laid avec la description de la pieuvre, faisant ainsi se côtoyer le grotesque et le sublime.

L'intrigue est hautement symbolique et Hugo laisse percevoir son anticléricalisme, et son goût pour le progrès, incarné par la Durande. Ce livre singulier est à lire lentement, prenez votre souffle avant d'entrer dans l'univers particulier des Travailleurs de la mer... Ce livre devait être intitulé" L'abîme" : "Gillliat avait un abîme, Déruchette". Abîme de la mer qui engloutit les hommes, l'abîme du mal incarné par Clubin mais aussi abîme du lecteur qui se perd dans la complexité narrative, les retours en arrière et les multiples sujets !

Cette édition contient de belles esquisses de V. Hugo, en adéquation avec l'atmosphère assez sombre du roman...Lire d'une traite ce roman est une gageure, tant il est foisonnant et je n'ai d'ailleurs pas lu L'archipel de la Manche, l'introduction à l'oeuvre. La lecture est assez pénible mais j'ai tout de même apprécié cette oeuvre atypique.

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Hugo, Les travailleurs de la mer, Livre de poche, 668 p.

Autre oeuvre de l'auteur : Ruy Blas

Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Choupynette (son billet est ici)

19 avril 2010

Quand souffle le vent du Nord de Galttauer : ISSN 2607-0006

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"Un message anodin peut-il bouleverser votre vie ? Leo Leike reçoit par erreur un mail d'une inconnue, Emmi Rothner. Poliment, il le lui signale. Elle s'excuse et, peu à peu, un dialogue s'engage, une relation se noue. Au fil des mails, ils éprouvent l'un pour l'autre un intérêt grandissant.
Léo écrit : "Vous êtes comme une deuxième voix en moi qui m'accompagne au quotidien"
Emmi admet : Quand vous ne m'écrivez pas pendant trois jours, je ressens un manque".
Emmi est mariée, Léo se remet à grand-peine d'un chagrin d'amour. De plus en plus attirés l'un par l'autre, Emmi et Léo repoussent néanmoins le moment de la fatidique rencontre..." (quatrième de couverture).

Un roman entièrement par mails ? Voici une forme prometteuse, renouvelant le roman épistolaire... Et ce long récit, qui se lit très rapidement, est effectivement, simple, pétillant, plein de fraîcheur. Pas de retard de lettres, pas de missives perdues, les échanges s'enchaînent jusqu'au moment où nos deux héros, qui ne se sont jamais vus, commencent à ressentir des sentiments dépassant un simple échange... Sont-ils amoureux ? Vont-ils se rencontrer ? Où va les mener ce jeu de séduction ?

Mais qui sont Emmi et Léo ? Tout d'abord mystérieux, les personnages vont peu à peu sombrer dans la séduction. Leurs tergiversions, et surtout le personnage d'Emmi, mariée, mais séductrice sont vraiment horripilants. Elle, qui semble, louer son couple, ne semble le dire que pour s'en convaincre. Cachée derrière son écran, elle manipule même sa meilleure amie. Leurs paroles semblent parfois stériles comme s'ils en pressentaient la fin : le jeu, devient plus sérieux, et un drame se noue. On ne joue pas impunément avec les mots, ni avec les sentiments des autres. Convaincant par la forme, ce roman manque de romanesque ou d'un "je ne sais quoi" qui rendrait les personnages vraiment attachants ou plus consistants. Un livre léger dont la forme est une véritable prouesse et dont la fin est de tout de même à découvrir...

 Galttauer, Quand souffle le vent du Nord, Grasset, 348 p.

Livre voyageur de Keisha : merci (vous trouverez d'autres liens sur son site et la référence d'un ouvrage, qui repose sur le même procédé, que j'ai beaucoup apprécié,  et que je promets de lire : L'imposture, d'Anne Gallet et Isabelle Flaten, publié aux éditions La dernière goutte). Il voyage maintenant jusque chez Choco. Roman chroniqué par Cahtulu, Mango, celmoon,Cuné, Stéphie...

21 avril 2010

Carmen de Mérimée : ISSN 2607-0006

 

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Carmen, Mérimée, Folio, 154 p.

Tout commence comme dans La Vénus d'Ile, du même auteur ( Biographie ici), excepté le cadre : un archéologue, en Andalousie, sur les traces des batailles de César, rencontre par hasard, un étranger. A la vue de l'agitation de son guide, il s'interroge : est-ce un contebandier ? Un voleur ? Serait-ce le fameux Don José Maria que tout le monde recherche ? Nos deux voyageurs décident d'aller se reposer dans une auberge, mais à la faveur de la nuit, le guide qui a reconnu le célèbre brigand, décide de le dénoncer aux autorités. Quant au narrateur, il sauvera cet homme. Il continue son pélerinage jusqu'au moment où sa route croise la flamboyante Carmen et de nouveau, Don José... Mais lorsqu'ils se retrouveront, Don José doit être exécuté : quels événement ont pu amener ce fatal dénouement ? Il conte alors sa vie...

Deux narrateurs se succèdent dans cette nouvelle pour nous conter leur rencontre avec l'ensorcelante Carmen, la bohémienne. La narration faite par un érudit et dandy est extrêment bien menée et l'intérêt de Mérimée pour le peuple gitan l'amène même à faire une petite étude de leur langue en fin de nouvelle. Carmen est aussi un croisement de multiples références littéraires comme le Cid ou Dom Juan, héros de la terre d'Espagne, dont Carmen garde les traces. On apprécie aussi le pittoresque de la nouvelle, avec tout un lexique espagnol, qui crée une couleur locale, et l'illustration de la passion diabolique et tragique à travers le personnage de Carmen. Un sombre mythe agréable à lire à redécouvrir...

.Mais écoutons plutôt Adrien Goetz qui a écrit une longue et belle préface  à cette nouvelle et qui a analysé ce mythe : "Carmen est devenue un monument : on a restauré aujourd'hui la manufacture de tabacs de Séville "comme elle était au temps de Carmen" et les inspecteurs des Monuments historiques ne trouveraient rien à redire à cette impeccable réalité d'un bâtiment qui ressemble à celui de la fiction. Carmen forgée de toutes pièces à partir de tout ce quipouvait renouveler la mode espagnole en 1845, est devenue un mythe universel, sans lieu, ni date. Gautier avait repris le thème dans Emaux et camées : " Carmen est maigre, - un trait de bistre/cerne son oeil de gitana" pour comparer, à la fin de son poème, sa "moricaude" à la bouche riante " qui prend sa pourpre au sang des coeurs", comme un vampire, à une Venus Anadyomène. [...] Dès lors, tout était dit et le personnage prit son essor, jusqu'à faire oublier la force contenue dans les quelques pages de Mérimée". [...] Carmen, que Mérimée avai voulue en marge des espagnolades de son temps, devient aussi peu espagnole que possible : elle rejoint don Juan, dont on oublie facilement l'hispagnisme originel, parmi les granges incarnations de la séduction, de la fatalité, de la mort."

19 mai 2010

Lambeaux de Charles Juliet : ISSN 2607-0006

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Charles Juliet met à nu son coeur dans Lambeaux. Ce sont des lambeaux de son coeur mais aussi celui de sa mère qu'il expose dans ce récit autobiographique original. Adressée comme une lettre à sa mère, employant le tutoiement pour s'adresser à celle qu'il n'a jamais connue, Charles Juliet  lui donne la parole, livre les pensées d'une femme courageuse, à la destinée malheureuse. Il fait exister les idées, les souffrances de cette femme, qui est écartelée entre ses origines paysannes et son amour des livres qu'elle ne pourra pas assouvir...
Comme un cri de douleur, il fait ensuite parler son moi enfant, puis adolescent, qui considère la vie comme une "fissure". Un nouveau portrait de femme se dessine dans son enfance, celui de sa mère adoptive.

Cette biographie sombre, très sombre, rend hommage à deux femmes. La célébration de ces femmes se double d'une célébration de la nature, très délicate et poétique : "En haut de la fenêtre, sur la pellicule de glace qui couvre les vitres, tut te plais à voir briller ces fine paillettes or qu'avivent les dernières étoiles. Tu rêves, songes à ce que sera ta vie, cherches à imaginer ce monde dont tu souffre de ne rien savoir" ou " ce dimanche de ciel clair. Cette lumière pâle, veloutée, et tous ces ocres, ces bruns, ces rouges, ces oranges et ces mauves épandus sur les arbres. Mais la mélancolique beauté de cette campagne ajoute à ta souffrance". A la beauté des lieux et de la vie intérieure, s'opposent la jalousie et la mesquinerie des ignorants et la brutalité du destin. Mais comme toute autobiographie d'écrivain, l'auteur aborde sa naissance à l'écriture, qui est comme une renaissance ouvrant une page d'espoir. Un autobiographie sombre et poétique qui donne la parole aux oubliés de la vie...

"Lorsqu'elles se lèvent en toi, que tu leur parles, tu vois s'avancer à leur suite la cohortes des bâillonnés, des mutiques, des exilés des mots

ceux et celles qui ne se sont jamais remis de leur enfance

ceux et celles qui s'acharnent à se punir de n'avoir pas été aimés

ceux et celle qui crèvent de se mépriser et de se haïr

ceux et celle qui n'ont jamais pu parler parce qu'ils n'ont jamais été écoutés

ceux et celles qui ont été gravement humiliés et portent au flanc une plaie ouverte

ceux et celles qui étouffent de ces mots rentrés et pourrissant dans leur gorge

ceux et celles qui n'ont jamais pu surmonter une fondamentale détresse".

Autobiographie lue dans le cadre du challenge de Bev.
 Juliet , Lambeaux, Folioplus classiques, 113 p.

29 octobre 2010

Mina de Vanghel de Stendhal : ISSN 2607-0006

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Mina de Vanghel est une jeune fille riche, l'une des plus riches de la cours d'Allemagne à la mort de son père. Sa mère craignant de laisser sa fille seule la presse de se marier. Mais Mina a une imagination débridée et se fait une haute conception de l'amour :" Mina ne connaissait les cours que par les romans de son compatriote Auguste Lafontaine. Ces tableaux de l'Albane présentent souvent les amours d'une riche héritière que le hasard expose aux séductions d'un jeune colonel, aide de camp du roi, mauvaise tête et bon coeur. Cet amour, né de l'argent, faisait horreur à Mina". Pour échapper à cet amour qu'elle juge vulgaire et plat, elle décide d'aller vivre à l'étranger. Elle s'entraîne à se déguiser en homme pour s'enfuir de la cour lorsque sa mère obtient la permission d'aller en France. Là, elle croit rencontrer l'amour en la personne d'un homme marié et médiocre, Monsieur de Larçay.

"Une âme trop ardente pour se contenter du réel de la vie".

Pour trouver l'amour, Mina est prête à tout. Elle de déguise en dame de compagnie pour entrer au service de Madame de Larçay et se rapprocher de l'homme qu'elle aime et invente un plan machiavélique où les masques vont révéler l'identité de chacun. Elle n'hésite pas à manipuler les personnes autour d'elle. Ah ! Encore un trio amoureux !  Mais ici, c'est la femme qui a un caractère fort et les hommes n'ont qu'une place subalterne ou un rôle désavantageux.

Le narrateur, sur un ton détaché, usant d'ironie pour parler de son personnage, expose sa conception de l'amour. A travers le destin de Mina de Vanghel, c'est le phénomène de cristallisation que démontre Stendhal (biographie Larousse) : on invente des qualités à l'aimé, on voue un culte à un amour idéalisée... Mina de Vanghel est une très belle tragédie, sans effusion de sang, ni de sentiments, sur fond de décor romantique, ruines, clair de lune et balcon, le lac de Genève et des références à Rousseau. Et on pourrait d'ailleurs conclure sur les mots de Rousseau, cité à plusieurs reprises dans cette nouvelle, qu'il n'y a de vraiment beau que ce qui n'existe pas.

 Stendhal, Mina de Vanghel,  Bibliothèque Gallimard.

Lecture dans le cadre du challenge "Au bon roman" de Praline.

11 septembre 2010

Hiver arctique / l'homme du lac d' Indridason : ISSN 2607-0006

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Le genre policier a souvent mauvaise presse. Est-ce seulement des romans d'énigmes, des romans à l'écriture peu recherchée ? Sont-ils tous inoffensifs comme peuvent l'être certains romans d'Agatha Christie ou de Patricia Wenworth ?  Parfois c'est le cas, d'autres fois, l'auteur y inclut des problèmes de société, des descriptions, qui sont le reflet de notre siècle. Dans Hiver arctique, l'auteur nous parle des problèmes d'intégration et de racisme envers la communauté cambodgienne implantée en Islande. Lorsque le corps d'un petit garçon cambodgien est retrouvé sans vie en bas de son immeuble, l'inspecteur Erlendur enquête pour savoir quels sont les mobiles de ce crime odieux. 

L'homme du lac renvoie à un contexte moins contemporain, avec des retours en arrière dans les années 60 où de jeunes étudiants islandais étaient envoyés à Leibzig pour étudier, séjours financés par le parti communiste. Dans un lac, qui se vide peu à peu à cause d'une faille créée par un séisme, une femme retrouve le corps d'un homme attaché à un appareil d'écoute russe. Cet objet va mettre Erlendur sur la piste d'un crime ancien lié aux agissements de la Stasi.

Ces deux romans ainsi que le premier roman d'Indridason La cité des Jarres, permettent à l'auteur de décortiquer la société islandaise contemporaine, se teintant parfois d'un arrière fond historique. Certes l'équipe d'enquêteurs autour d'Erlendur peut être qualifiée d'insipide, on a bien des difficultés à s'intéresser à la saga familiale de notre inspecteur à la limite du caricatural entre son ex-femme malveillante et sa fille toxicomane, sa solitude et ses plats surgelés. Sans consistance. L'écriture est d'ailleurs assez banale, et pourtant, l'auteur arrive à nous captiver, malgré un rythme très lent, à nous faire entrer dans ses enquêtes grâce à la peinture des moeurs de sa société : la lenteur du récit, le manque de spectaculaire ou de rebondissements invraisemblables contribuent à renforcer l'atmosphère glaciale et délétère de ce petit état insulaire que l'auteur n'hésite pas à stigmatiser...

Indridason, Hiver artique, Points, 405 p.
 Indridason, L'homme du lac, Points, 406 p.

11 juillet 2010

Série Z de J. M. Erre : ISSN 2607-0006

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"Plus il ne paye pas de mine, moins il n'est pas coupable". Lecteurs, regardez-vous des films de Série Z ? C'est le cas de Félix Zac, anti-héros de série Z de J.M. ERRE, qui maîtrise sur le bout des doigts, Retour des tomates tueuses, L'attaque des sangsue géantes, des clowns tueurs de l'espace, Les rats de l'Apocalypse...

Félix, trentenaire, ayant une femme, une fille,  écrit des scénarios de films inachevés où des septuplés se clonent pour monter une équipe de foot ou bien un détective narcoleptique enquête tout en dormant 20 heures par jour... Situation très banale me diriez-vous ! Cependant, le dernier scénario, qui a pour titre l'Hospice de l'angoisse, a été repéré par Boudini, un réalisateur-boucher. Félix, l'artiste maudit, va-t-il enfin réaliser son rêve ?

Ainsi les héros de son film sont des acteurs retraités ayant la fâcheuse manie de disparaître. Enlèvement par extraterrestre ? Diminution de taille ? Invisibilité ?
Vous l'avez compris : ce livre parle de série Z, défini par l'auteur lui-même : "Au cinéma on désigne sous le nom de série Z une catégorie de films moqués pour leur budget insignifiant, leur médiocrité technique et leur pauvreté artistique. " Mais Félix n'écrit pas seulement des intrigues de films "bis", il tient un blog et devient enquêteur malgré lui lorsque la réalité rejoint la fiction et que de véritables disparitions ont lieu dans la Niche Saint Luc, une maison de retraite d'acteurs de série Z. Commence alors une enquête délirante...
Difficile de ne pas rire devant cette parodie de blog, de scénario de film Z et la caricature de la vieillesse. Clins d'oeil, jeux de mots, l'auteur use allégrement  d'humour noir et d'humour potache... Série Z est aussi une parodie de romans policiers. Divertissant ? Distrayant ? Non, complètement hilarant et J.M. Erre, par de nombreux rebondissements et par ce livre peu sérieux, voire irrévérencieux, sait nous faire rire jusqu'à la dernière page ! Cependant, à lire à petite dose pour ne pas faire de cauchemars sur les dentiers, charentaises, pacemaker et déambulateurs, accessoires indispensables de la Niche Saint Luc !

Erre, Série Z, Buchet et Chastel, 366 p.

Lu par Lou...

18 juillet 2010

Crime par ascendant de Ruth Rendell : ISSN 2607-0006

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Martin Nanther décide de rédiger la biographie de son arrière grand-père, médecin ordinaire de la reine Victoria, spécialisé dans des recherches sur l'hémophilie. Lecteur, vous vous demandez certainement pourquoi et quel intérêt peut-il y avoir à écrire sur la vie d'un Victorien terne et sans histoire. Cependant, dès le début de sa collation de manuscrits et de documents, il découvre stupéfait des zones d'ombres et des éléments troublants.

Où il est question d'une lettre mystérieuse : mêlant adroitement les recherches sur la vie de son grand-père et sa vie personnelle de pair au Parlement, Martin va mener une enquête, après avoir reçu une lettre, sur un meurtre et une personnalité, vieux de plus de 150 ans, car la fille d'Henry a écrit dans cette lettre à une de ses soeur "qu'il a commis des actes monstrueux". Est-il l'assassin de sa première fiancée ? Pourquoi épouse-t-il  Edith, fille d'un avocat obscur et dans la gêne plutôt qu'Olivia, une fille richement dotée ?

Où on découvre un narrateur attachant : Narration à la première personne, Crime par ascendant met en scène un personnage principal plutôt atypique. Sous son costume guindé de pair, et ses cravates, le narrateur a une imagination débordante. Mais surtout, sous des allures de goujat, Martin reste lucide sur ses désirs, espoirs et sentiments. L'auteur arrive bien à nous décrire ses états d'âme et ses pensées contradictoires sur la paternité, à la fois égoïste et désireux de faire plaisir à sa femme qu'il adore... S'il n'est pas aussi sombre que son arrière grand-père, ses pensées ne sont pas toutes très catholiques !

Où on découvre l'époque victorienne : Difficile dans un premier temps de rentrer dans l'histoire où les noms abondent et les détails foisonnent et où on apprend en détails le système du parlement, la chambre des lords, que connaît bien son auteur pour la fréquenter. Et pourtant l'écriture minutieuse, quasi journalistique, nous entraîne à travers les très courts chapitres, dans une histoire très sombre et très mystérieuse. Jamais l'ennui ne s'installe malgré les longues descriptions. Ce n'est pas un roman historico-policier à proprement parler car l'intrigue se passe dans le monde contemporain mais de nombreuses références aux moeurs victoriennes sont souvent évoquées et comparées à la société actuelle permettant à la romancière de montrer l'évolution des moeurs et de la condition de la femme.

" Une autre élément curieux de cette affaire me vient à l'esprit. Henry devait connaître les Henderson avant de monter le coup de main de Gower street, et il n'aurait pu les connaître qu'en menant des recherches à leur sujet. A-t-il eu recours  à une agence de détectives privés ? A un personnage similaire à Sherlock Holmes ? J'ai en tête l'image relativement sinistre, très victorienne, un personnage tout droit sorti de Wilkie Collins, suivant Samuel, surveillant sa maison, liant conversation avec le vieux M. Quendon quand il sortait pour son "petit tour", reluquant les jeunes filles depuis le pas de porte d'une boutique. Mais pourquoi ? dans quel but ? "(p. 241) Enquête bien agencée, elle ne manque ni de références littéraires, ni d'humour, ni de suspense car chaque chapitre accumule son lot de surprises et de questions, de découvertes et la vérité éclate encore plus sinistre qu'on ne le croit ! Ruth Rendell a su remarquablement bien mêler vie intime et contemporaine du narrateur, ses doutes et ses interrogations sur sa vie familiale, et une terrible enquête d'un "crime" odieux se déroulant sous l'ère victorienne. Une enquête captivante...

Rendel, Crime par ascendant, Livre de poche, 510 p.
Merci à Bob et à Livre de poche pour ce partenariat.

9 juillet 2010

-Hommage de Julia Margaret Cameron à Victor Hugo : ISSN 2607-0006

 

 



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Sur la couverture : 15-" The Echo" (Hattie Campbell)

Julia Margaret Cameron est une excentrique typiquement britannique. Photographe-amateur à une époque où cette technique se développait à peine, Julia Margaret innove en faisant des flous artistiques, en s'inspirant de la littérature pour la pose des personnes et en refusant de retoucher celles-ci même lorsqu'elles sont tachées. Elle aimait par-dessus tout photographier les personnalités de son temps mais si elle n'a jamais mis d'objets ou de paysages en valeur dans ses photographies, ses modèles étaient assez divers, des enfants et des inconnus posant même pour elle. Sa soeur, Sarah Prinsep tenait un salon, fréquenté par Tackeray, Millet... et son amitié avec Tennyson lui permit de traquer de nombreuses célébrités, qui se pliaient bon gré mal gré aux exigences de J. M. Cameron, notamment Julia Jackson, (ci-dessous) sa nièce et mère de V. Woolf.

Voici tout d'abord des anecdotes peignant bien cette femme originale : " Un tempérament fougueux, un caractère déterminé et ne revenant jamais sur une décision, ne faisait qu'accentuer chez elle la forte propension à la singularité et au non respect des convenances. Les mémoires et les souvenirs des contemporains fourmillent d'anecdotes amusante qui la montrent, insouciante des modes, vêtues de draperies flottantes et de châles indiens aux couleurs éclatantes, reconduisant jusqu'à la gare ses hôtes ayant toujours une tasse de thé, ou décidant un matin de percer une fenêtre et réussissant à convaincre maçons, menuisiers, peintres, vitriers et couturières de tout réaliser dans la journée"...

La plupart de ses photographies sont des portraits proche de l'esthétique des Préraphaélites, représentant des modèles rêveuses, mélancoliques, dans une atmosphère onirique. Elle s'est inspirée de la littérature pour certaines des poses, comme les poèmes de Tennyson, la légende d'Ophélie ou celle de Béatrice Cenci... Certains des portraits ressemblent aux madones de Raphaël. Les flous artistiques sont souvent rehaussés par une lumière particulière créant des contrastes très forts. L'innovation majeure est son goût des gros plans pourtant difficile à réaliser vers 1870. A travers les photographies rassemblées dans ce catalogue, on perçoit tout le talent de Julia Margaret Cameron qui apporte une réelle dimension esthétique et littéraire à cet art.

Hommage de Julia Margaret Cameron à Victor Hugo, Catalogue rédigé par Jean Marie Brusson

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Julia Jackson de face "Stella" 1867 From Life Registered Photograph © Julia Margaret Cameron, Julia Jackson, 1867 April

8 août 2010

Chez les heureux du monde d'Edith Wharton : ISSN 2607-0006

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"Lily savait qu'il n'est rien dont la société se venge plus durement que d'avoir couvert de sa protection des gens qui n'ont pas su en profiter : c'est pour avoir trahi sa complicité que le corps social punit le coupable qui se laisse prendre. Et, dans le cas présent, il n'y avait pas de doute sur l'issue"...

Edith Wharton a su délicieusement peindre la société new-yorkaise, pour l'avoir fréquentée. Elle la décrit admirablement dans Chez les heureux du monde, qui raconte la destinée de Lily Bart, jeune fille sans appui et sans argent, évoluant dans les hautes sphères de l'aristocratie New-yorkaise : elle est admirée pour sa beauté "décorative" et adulée par tous les hommes qui l'approchent. "Au-delà" - devise de Lily - des dorures, des faux-semblants et des artifices se cachent des codes impitoyables à ne pas transgresser. Les rumeurs et les médisances de sa propre classe sociale briseront sa réputation pourtant sans tache.

Il y a un peu de Proust dans cette description d'une société new-yorkaise, qui vit régentée par ses propres codes, comme la coterie des Verdurin, le côté de Guermantes... Féroce satire des arrivistes, des aristocrates, la plume sans concession et ironique d'Edith Wharton n'épargne personne, pas même son héroïne lucide mais attachée à des valeurs qui la perdront. Les splendeurs et les misères de Lily sont le reflet d'une aristocratie décadente, bientôt supplantée par une nouvelle caste. Sous les froufrous des jupes, les grandioses réceptions, les bals, les masques tombent.
Il y a un peu de Jane Austen dans la destinée de l'héroïne, qui oscille au-dessus d'un gouffre, entre argent et mariage. Tragédie sociale, Chez les heureux du monde est aussi un tragédie de l'amour. Entre le riche mariage qu'elle rêve de faire et son amour pour Selden, elle hésite mais le poids de la société et ses choix, faits en dépit des conventions, transformeront sa vie en une poignante tragédie.
Cependant l'écriture d'E. Wharton est inimitable dans sa poésie et dans sa mélancolie et on souffre, on frémit et on pleure en même temps que l'émouvante miss Bart.  On ressort de cette lecture, ébloui par la fluidité et la beauté de l'écriture de cette romancière mais aussi étreint par une grande tristesse pour le sort de l'héroïne. Un livre à lire absolument pour sa délicate peinture des moeurs américaines du début du XXeme siècle et découvrir une héroïne hors du commun...

Wharton, Chez les heureux du monde, Livre de poche, 427 p.

Autres romans : Xingu, Le triomphe de la nuit

Challenge Edith Wharton  de Titine. Lu aussi par Lilly.

12 octobre 2010

L'étrange histoire de Benjamin Button de Fitzgerald : ISSN 2607-0006

9782266190558FS

Benjamin Button, F. Scott Fitzgerald, Pocket, 56 p.
Né avec l'apparence d'un vieillard de quatre-vingts ans, Benjamin Button va vivre à rebours tous les événements majeurs du destin d'un homme : études, mariage, jeux d'enfance, apprentissage... Cependant, son parcours très conventionnel va être entravé par son apparence physique. Et malheureusement pour lui, il est né dans une famille très respectable et dans une société bien pensante qui n'aura de cesse de lui reprocher sa différence : " A Baltimore, M. et Mme Button avaient, avant la guerre de Sécession, une situation sociale et financière des plus enviables. Ils avaient noué des liens avec les familles en vue, ce qui, comme le savent tous les gens du sud, leur permettait de faire partie intégrante de la prétendue "bonne société", qui s'épanouissait à l'époque dans le sud des Etats-Unis. Comme c'était la première fois qu'ils se pliaient à cette charmante coutume qui consiste à faire un enfant, M. Button était naturellement inquiet.". Ainsi dès le début du texte, le narrateur ironise doucement sur la vanité et les préjugés de la société qui accueille la venue de Benjamin. 

Cette nouvelle fantastico-philosophique porte aussi un regard critique sur les hommes et la société ; abordant les thèmes de l'apparence, de la différence et des préjugés qui transparaissent dans le refus d'accepter la réalité par le père de B. Button : " si disons, il arrivait à trouver un habit d'enfant très large, il pourrait lui couper cette longue barbe horrible, lui teindre les cheveux, et ainsi dissimuler cette ignominie, et préserver un semblant de respectabilité - y compris son propre rang au sein de la bonne société de Baltimore". La nouvelle, par essence un genre bref, aurait mérité d'être davantage développée tant le sujet est intéressant et foisonnant...

L'Etrange Histoire de Benjamin Button - Bande Annonce (Français)

Benjamin Button, vu par David Fincher
Ne vous attendez pas à une adaptation fidèle : le film reprend le canevas de la nouvelle mais pour mieux broder autour, un fabuleux road movie avec une magnifique histoire d'amour doublée d'une philosophie quelque peu différente de la nouvelle. Si le thème de la différence est repris, énoncé sentencieusement par un pygmée et montrant la solitude de Benjamin, le film prend une toute autre dimension, celle d'une réflexion sur la vie et l'amour.
"On ne sait jamais ce que la vie nous réserve" : effectivement comme un leitmotiv, chaque personnage traduira ainsi sa vision du monde. Rencontre, hasards, morts, naissances, le réalisateur a voulu illustrer le foisonnement de la vie avec un arrière fond historique important. La chance ? elle est illustrée, par exemple, par le personnage comique, frappé sept fois par la foudre. Quant à la mort et aux naissances, elles sont symbolisées par le lieu où grandit Benjamin, un hospice qui lui fait côtoyer la mort très tôt, lui, le nouveau né.
A côté de la prouesse technique des transformations qui font rajeunir Benjamin et au contraire vieillir Daisy, et de la saisie de petits instants très beaux de la vie quotidienne, on peut reprocher à ce film très long, voire trop long, une certaine lenteur de rythme pas toujours nécessaire et une certaine complaisance à être moralisateur. Mais ce qui est touchant, c'est la solitude du personnage, et la pudeur avec laquelle elle est montrée sans tomber dans le mélo et la mélancolie baroque du passage du temps : "rien ne dure" mais "il y a des choses qu'on n'oublie jamais" dit Daisy au seuil de la mort. Malgré ses défauts, Benjamin Button reste un très beau film...

11 octobre 2011

Les misérables de V. Hugo : ISSN 2607-0006

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Après Les mystères de Paris d'Eugène Sue, publié en 1842 sous forme de feuilleton, et avant les Rougon-Maquart de Zola, Hugo ( exposition virtuelle consacré à cet auteur sur le site de la BNF) a lui aussi écrit un grand roman sur le peuple où il crie son indignation devant la misère croissante du prolétariat. L'intrigue rocambolesque et pleine de rebondissements suscite la pité du lecteur, avec lequel l'auteur instaure un dialogue. Qui sont ces misérables ? "Je suis un misérable", s'écrit Jean Valjean qui a volé son bienfaiteur, le bon abbé de Digne. Fantine apparaît d'abord comme une Galatée avant de tomber dans la déchéance. "Les misérables", c'est aussi Fantine qui vend ses cheveux, ses dents puis son corps pour survivre. "Mais je serais un misérable !", dit Javert. "Misérables" signifie le pauvre mais aussi celui qui n'a pas de morale. Mais quel est le propos de l'auteur ?

Oeuvre utile, Les misérables est une œuvre engagée : Jean Valjean est comdamné à 20 ans de bagne pour avoir volé un pain pour nourrir une famille nombreuse : l'auteur s'insurge. Plaidoyer pour le peuple, Victor Hugo use d'une forme populaire, celle du roman-feuilleton - avec ses titres savoureux - bien qu'il ait été d'emblée publié en roman. Narrateur omniscient et omniprésent, il interpelle le lecteur. Le ton d'ailleurs est souvent sentencieux.

"Qui atteint son idéal ?" Œuvre somme, C'est aussi une œuvre bigarrée qui mêlent description, lettres, passages historiques, digression sociale, historique, procès.... Les références sont tout aussi hétéroclites : Honoré D'Urfé côtoie Manon Lescaut de Prévost, Socrate... Et le style est souvent grandiloquent et les métaphores pleuvent. A fresque épique, style épique, symbolique et hyperbolique. Cette écriture surchargée est parfois indigeste. Jean Valjean entre dans un couvent ? On nous raconte en détail l'histoire du couvent. Jean Valjean arrive dans le village de Montferreil, on nous en décrit la ville, etc... La vision de l'auteur est surtout manichéenne comme le souligne l'écriture antithétique. C'est une gigantesque fresque sociale et historique où le sublime côtoie l'abîme. Hugo est aussi un orateur. Ah ! L'auteur sait persuader en brossant le tableau de ces misérables. 

"La conjonction de deux étoiles" : Mais ces misérables, c'est aussi une intrigue savamment construite où Jean Valjean est poursuivi de manière invraisemblable par l'ammoral Javert. Jean Valjean qui pour se racheter devient le père Madeleine, bienfaiteur de toute une ville puis le "père" Fauchelevent de la petite Cosette. Déguisement, nom d'emprunt, self made man, Jean valjean est un surhomme qui traverse des kilomètres d'égouts pour sauver Marius. C'est aussi l'histoire de Cosette et de Marius qui devront affronter les Thénardier et toute une bande d'affreux scélérats avant de trouver le bonheur.  Mais comme le dit si bien l'auteur en pleine description des barricades de 1832, de plus de deux cents pages, "abrégeons". Les Misérables est un roman formidable étymologiquement parlant.

 Hugo,Les misérables, t . I, Folio classique, p 945.

Hugo, Les misérables, t. II, Folio classique, p. 958 p.

Autres romans : Les travailleurs de la mer, Ruy Blas, Le Rhin, Lettres à un ami,

24 juin 2010

Jane de Julian Jarrold : ISSN 2607-0006

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L'une des plus connues des romancières anglaises a eu sa vie adaptée au cinéma par Julian Jarrold en 2007. Cette romancière est Jane Austen. Jeune fille malicieuse, Jane Austen a une soeur fraîchement fiancée et va elle-même tomber amoureuse d'un jeune homme qui mène  une vie débauchée et désargentée. Comme dans ses romans apparaît la problématique de l'amour, du mariage et de l'argent : raison ou sentiment ? Passion ou argent ? Son coeur va-t-il être attiré par le pâle et maladroit et riche Wisley, si gauche que Jane le surnomme ironiquement "le pétillant neveu" ou le fougueux et caustique mais impécunieux Lefroy ? Les personnages ressemblent à ceux des romans de Jane Austen, Lefroy ayant une troublante ressemblance avec Darcy. Elle-même et sa mère notamment ont des points communs avec les Bennet. Beaucoup de scènes évoquent Orgueil et préjugés, dont on voit la genèse ou  Raison et sentiments. Si le film ne contient pas vraiment de surprises majeures, l'ambiance des bals, des robes d'époque, la campagne anglaise sont très plaisantes. Les scènes sont piquantes, les dialogues ne manquent pas d'humour ni de fraîcheur.

Ce film donne une belle image de Jane Austen écrivant, lisant, indépendante et passionnée. Bien que de facture très classique, ce biopic retrace avec vivacité le destin de la romancière tout en rendant hommage à la femme et à ses romans. Académique certes, fabulation autour de la mystérieuse vie de Jane Austen, dont on connaît peu de choses, cette biographie fantaisiste n'en est pas moins un hommage à un écrivain majeur de la littérature britannique.

Avis de Lou, Titine..

12 novembre 2010

La religieuse de Diderot : ISSN 2607-0006

 

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Ce qui a commencé comme une joyeuse mystification repose sur des faits réels. Grimm, Diderot ( présentation de Diderot sur le site de la BNF : les essentiels littérature) et quelques autres beaux esprits, s'ennuient après le départ du marquis de Croismare, en Normandie. Ils ne trouvent rien de mieux à faire pour le faire revenir dans la capitale que de lui parler d'une affaire qui l'intéresse fort : le cas d'une religieuse appelée Marguerite Delamarre, qui a été cloîtrée contre son gré, et qui a fait appel à la justice pour sortir de ces monastères où le sort des jeunes filles n'est guère reluisant. Ils écrivent donc des lettres qu'ils signent Suzanne Simonin où elle demande la protection du marquis en faisant appel à ses sentiments pieux et à son esprit éclairé. A partir de ces lettres, présentes dans la préface, Diderot a écrit les mémoires de cette religieuse.

Racontée à la première personne, Suzanne entreprend ses mémoires. C'est une jeune fille enfermée malgré elle dans un monastère, et elle raconte les circonstances dans lesquelles elle a dû prendre le voile, pour ensuite s'attarder sur les détails de sa" captivité" : enfant naturel, sa mère lui demande de prononcer ses voeux pour ne plus avoir sous ses yeux, la preuve de son adultère. D'abord réticente, Suzanne est obligée de se plier à la volonté de ses parents qui la tenait enfermée dans une pièce en ne lui adressant plus la parole alors que ses deux soeurs ont été mariées et dotées fort avantageusement. Sa vie devient alors un véritable chemin de croix, subissant des sévices corporels, l'ennui et la solitude dans ces couvents où le sort des jeunes filles dépendent de mères supérieures tantôt hystériques, tantôt fanatiques. L'une d'elle dira aux religieuses à propos de Suzanne, après qu'elle ait décidé de recouvrer sa liberté par le biais d'un procès :  "Marchez sur elle ce n'est qu'un cadavre". Quelques-unes obéirent et me foulèrent aux pieds; d'autres furent moins inhumaines. Mais aucune n'osa me tendre la main pour me relever".

"Vade retro satana"  : Ces mémoires, adressée à Croismare, présente une suite de tableaux pathétiques, désignés tel quel par la narratrice elle-même : "vous qui vous connaissez en peinture, je vous assure, monsieur le marquis, que c'était un agréable tableau à voir. Imaginez un atelier de douze personnes, dont la plus jeune pouvait avoir quatorze ans, et la plus âgée n'en avait pas vingt-trois ; une supérieure qui touchait à la quarantaine, blanche, fraîche, pleine d'embonpoint, à moitié levée sur son lit, avec deux mentons qu'elle portait avec bonne grâce, des bras ronds comme s'ils avaient été tournés, des doigts en fuseau, et tout parsemés de fossettes ; des yeux noirs, grands, vifs, et tendres, presque jamais entièrement ouverts, à demi fermé [...]. Mais la grâce, hélas lecteurs, vous l'apprendrez, ne sont pas le sujet de ce mémoire. Lecteurs, vous suivrez avec horreur l''aggravation de la situation de la religieuse et ces tableaux désolants, d'une rare violence morale. Les persécutions sont nombreuses et diaboliques, ayant comme acmé une scène d'exorcisme des plus sombres et glauques : Suzanne nous raconte comment les autres religieuses l'ont dépouillée de ses affaires, l'ont empêchée de dormir... mais ces scènes contiennent aussi une violence satirique dirigée contre le clergé qui croit encore aux superstitions et qui entrave la liberté des femmes : "voilà l'effet de la retraite. L'homme est né pour la société ; séparez-le, isolez-le, ses idées se désuniront, son caractère se tournera, milles affections ridicules s'élèveront dans son esprit, comme les ronces dans une terre sauvage. Placez un homme dans une forêt, il y deviendra féroce ; dans un cloître, où l'idée de nécessité se joint à celle de la servitude, c'est pis encore. On sort d'une forêt, on ne sort plus d'un cloître ; on est libre dans la forêt, on est esclaves dans le cloître".

A travers ce passage, c'est la voix de l'auteur et ses idées qu'on entend. Ce livre est excessif, il émeut et choque. Et c'est bien l'objectif de Diderot qui cherche notre compassion pour toutes ces jeunes femmes enfermées malgré elles, privées de liberté.
Certes, on peut parler d'exagération mais ce roman à thèse mêle fiction et réel, car de nombreux cas de démence, de fuite, de morts chez les religieuses ont été notés à l'époque. Ce roman s'inscrit dans la lignée des écrits philosophiques de l'auteur et du siècle des Lumières en dénonçant la violence faite à l'individu, à sa volonté et sa liberté.
Et si lecteurs, vous êtes intéressés par le style de l'époque, de cet auteur, vous pouvez consulter le petit un dossier qui suit la préface et  avec des extraits des Salons écrit en 1763, l'éloge de Richardson, des extraits de l'encyclopédie qui développent et expliquent la conception romanesque de Diderot, notamment la notion de pathétique. Ce livre effrayant, parfois difficile à supporter devant tant d'injustices, nous fait découvrir l'esthétique du roman sensible du XVIIIeme siècle tout en révélant la plume satirique de Diderot et en nous rappelant la lutte des philosophes contre le fanatisme.

Diderot, La religieuse, Livre de poche, 315 p;

Challenge autobiographie de Bleue et violette.

8 décembre 2010

L'homme au complet marron d'Agatha Christie : ISSN 2607-0006

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Les whodunits d'Agatha Christie (biographie sur le site Larousse) semblent tous se ressembler. Et pourtant, ses intrigues traditionnelles présentent toujours des inventions narratives : dans L'homme au complet marron, comme dans Le meurtre de Roger Accroyd, la célèbre "duchesse du crime", nous emmène de surprises en révélations. Mais quelle est l'originalité de ce roman policier d'énigme ?

A côté d'un père paléontologue, Anne Beddinfield meurt d'ennui, en Afrique du Sud, alors que son seul rêve est de "voir le monde et de courir l'aventure". A la mort de son père, qui la laisse orpheline et sans le sou, Anne est emmenée à Londres par le notaire de son père, Mr Flemming. Peu de temps après son arrivée, Anne assiste à un meurtre : un homme tombe sous les rails d'un métro après avoir vu quelque chose qui l'a effrayé. Le médecin qui a constaté la mort dans le métro ne s'est pas présenté même pas après la publication d'un article sur le double meurtre. L'homme tué sous les roues du métro, n'avait pas de papier : autant d'événements mystérieux qui va amener notre héroïne à enquêter. Quelques heures plus tard, elle apprend le meurtre d'une jeune femme dans le pavillon d'un certain sir Eustache, tuée semble-t-il par un homme portant un complet marron. Ces deux meurtres sont-il liés ? 

Agatha Christie joue avec les clichés littéraires dans ce roman : notre jeune héroïne courageuse rêve de romanesque. Elle compare les personnes qui gravitent autour d'elle avec ses héros de romans comme le Rhodésien farouche et sombre de ses romans qu'elle s'imagine sous les traits du capitaine Race. Puis, elle est malade pendant la traversée, contrairement aux héros de romans, pense-t-elle. Cependant, Anne se révèle être une jeune fille pleine de ressources : "une aventurière qui se respecte ne peut être à cheval sur les principes". Agatha Christie s'est souvent plu à se représenter sous les traits de Mrs Oliver, une romancière, aidant parfois Poirot dans ses enquêtes ; cette fois-ci, elle s'est amusée à faire des réflexions sur l'écriture romanesque à l'intérieur de son histoire : "je soupçonne tout le monde, répliquai-je [Anne], l'air sombre. Si vous avez lu des romans policiers, Suzanne, vous sauriez que le coupable est toujours celui qu'on soupçonnait pas. Les criminels gras et joyeux comme sir Eustache ne se comptent plus".

Contrairement aux romans policiers où les indices sont parfois cachés au lecteur, ici, hypothèses, déductions sont livrées au lecteur. La narration d'ailleurs est menée de front par notre héroïne mais aussi par Sir Eustache : cet homme qui ne songe qu'au confort accumule les ennuis avec des secrétaires zélés : il supplée à l'histoire d'Anne en racontant les mêmes événements dans son journal intime, mais sous un autre angle, pour mettre le lecteur sur de fausses pistes ! Cette enquête est aussi originale par l'exotisme des lieux, et les nombreux rebondissements. L'auteur fait preuve d'une grande inventivité dans l'intrigue et la complique à souhait : déguisements incessants de tous les personnages, retournement de situation, fausses identités et bien sûr un tueur des plus improbables !

Notre jeune héroïne avec beaucoup d'humour nous conte ses aventures. Elle n'a pas le sérieux et l'orgueil du célèbre Poirot, donnant ainsi à son récit un ton pétillant et frais. Ajoutez à cela, le journal de sir Eustache, non moins humoristique, brimé par son secrétaire. Cette enquête effrénée, avec amour idyllique et déguisements rocambolesques, vous entraînera jusqu'en Afrique du sud, sans un moment de répit mais avec beaucoup d'humour : une enquête originale, qui révèle une surprise de taille au niveau de la narration, pleine de drôlerie et de fraîcheur !

 Christie, L'homme au complet marron, Le masque, 252 p.

Autres romans  : Poirot joue le jeu, Les indiscrétions d'Hercule Poirot, La mystérieuse affaire de style
challenge Agatha Christie de George

29 août 2010

Le secret de la ferme-grise de M-E Braddon : ISSN 2607-0006

 

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Dans la seconde moitié du XIXeme siècle, l'Angleterre victorienne voit l'essor du roman policier, épigone des romans gothiques où s'illustrent Collins ou Braddon. "Le vent d'automne soufflait avec des hurlements tristes et étranges, et des sons inarticulés et plaintifs s'élevaient des champs plats et nus. Le brouillard sortait de ces terres dépouillées et des prairies basses, et s'étendaient comme un funèbre voile, sous lequel la rivière coulait lentement pour aller se jeter au loin dans la mer." Le décor est planté, celui d'une campagne anglaise humide, peu accueillante et cachant de terribles secrets. Le récit s'inscrit d'emblée sous le signe de la mort avec l'enterrement de Martin Caldéon, mort étrange en vérité car Martin, le gentilhomme fermier de la Ferme-grise, meurt d'une maladie inconnue alors qu'il était jeune et de robuste constitution. Agnès, sa future fiancée, hait Dudley, le frère du défunt. Pourquoi ? Est-elle folle comme le sous-entend Dudley ? Cette lande abrite des personnages inquiétants tel l'intendant Purvis, qui suit comme un fantôme chaque pas de son nouveau maître Dudley Carléon. L'avoué de Dudley le met en garde contre cet individu. Est-il en danger comme le pense l'avoué ? L'auteur entoure peu à peu de mystère ses personnage principaux : de nombreux faits sont elliptiques ou inexpliqués comme le départ de Purvis et de sa soeur à Londres, le comportement étrange de Dudley envers ce dernier...

Lecteurs, vous cherchez du mystère, des secrets cachés par des gentlemen victoriens et de la noirceur, alors ouvrez Le secret de la ferme grise... E.Braddon a su merveilleusement peindre la désolation du lieu, sinistre et sombre à souhait. la ferme-grise basse et sombre semble un tombeau pour ceux qui s'en approchent. On soupçonne, sous ce récit, un secret annoncé par différents indices disséminés - comme l'aveu d'Agnès, les pressentiments de Judy - dans le texte mais qu'on ne comprend qu'à postériori ou qui ne sont confirmés que plus tard. Cette histoire elliptique nous permet d'entrevoir la vérité qu'à la fin de la nouvelle, qui se lit trop rapidement contrairement à ses romans un peu bavards, mais dont l'intrigue nous fascine jusqu'à la dernière ligne. Vous trouverez, dans ce roman, les jalons de ce qui a contribué au succès de certains romans victoriens...

 Braddon,cLe secret de la ferme grise, Labyrinthes, 92 p.
L' avis de cécile et celui de Lilly, Allie.

Lu dans le cadre du challenge Braddon de Lou;

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