La duchesse de Langeais de Balzac : ISSN 2607-0006
Balzac (biographie du Larousse) écrit en marge de La comédie humaine, L'histoire des XIII, qui comprend La fille aux yeux d'or, Ferragus et La duchesse de Langeais : dans ce dernier roman de quoi va-t-il nous parler ? Il a connu un drame passionnel et un échec amoureux avec la duchesse de Castries, mais le réel a été transposé en matériau littéraire dans La duchesse de Langeais. Un général recherche une femme, jusque dans un couvent en Andalousie et dès le début, il est question d'un "drame secrètement intéressant qui jamais ait fait battre un coeur d'homme" (p.61). Mais Balzac s'entend à tenir son lecteur en haleine par une narration originale en commençant par la fin, l'auteur nous entraîne ensuite, dans une analyse de toute la société parisienne pour entrer ensuite dans le vif de l'intrigue !
D'une manière à laquelle l'auteur nous a habitué, une longue digression permet à l'auteur du Père Goriot de critiquer avec virulence le Faubourg Saint-Germain, cette aristocratie qui n'a pas su se moderniser ni s'adapter. Publié en feuilleton, Balzac maintient le suspense en retardant l'intrigue principale et en donnant son point de vue politique sur la société parisienne. L'auteur donne-t-il une leçon ? Cette digression est-elle étrangère à l'histoire ? Non, l'auteur montre l'influence du milieu sur la duchesse de Langeais, produit de ce milieu déliquescent.
Justement revenons à la duchesse de Langeais : elle est la parisienne dans toute sa dissimulation, une rouée maîtrisant les codes de sa caste, fréquentant les salons et mal mariée, et elle va chercher à séduire Montriveau, se l'attacher à elle mais sans se donner. Quant à lui, ce général de l'Empire, présenté comme un aventurier au fort caractère, il tombe pour la première fois amoureux sans connaître les usages de ce milieu. L'auteur déploie alors la peinture d'un passion exacerbée : tout chez ce romancier paraît plus grand.
Balzac, à travers des généralisations, amène la lumière aussi bien sur les salons parisiens que sur les sentiments des personnages. Certes le passage entre les différentes parties est quelque peu abrupte. Certes le ton est hyperbolique et les personnages comme dans La fille aux yeux d'or sont frappés d'excès, mais quelle passion n'est pas hyperbolique ? Si l'écriture du romancier est reconnaissable et le thème déjà présent dans son oeuvre, l'auteur a su remarquablement renouveler la peinture sociale et amoureuse de son temps.
Balzac, La duchesse de Langeais, Livre de poche, 224 p.
Autres romans : La fille aux yeux d'or, Le père Goriot
Lecture commune avec Cess, challenge au bon roman de Praline.