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1001 classiques
22 avril 2020

Pierrette de Balzac : ISSN 2607-0006

Le curé de Tour

Si les auteurs réalistes ne cherchent pas à embellir la réalité, le moins qu'on puisse dire c'est que Balzac n'a guère idéalisé les hommes et la peinture de son siècle dans la tragique histoire de Pierrette.

Le début est fort long où se déploient les généalogies des personnages principaux, descriptions de leurs intérieurs au baromètre près, alliances politiques et description de la petite ville de Provins. Pierrette, devenue orpheline, ne peut pas être élevée par sa grand-mère bretonne impécunieuse. Elle est recueillie chez d'abominables parents, deux célibataires, les Rogron, d'anciens merciers, qui la persécutent. Ils sont si insuportables qu'ils ont été bannis de la meilleure société de leur petit village et cherchent à se venger en formant un groupe de libéraux.

La peinture des mesquineries, des ambitions et des bassesses de chacun n'a jamais été aussi sombre que dans ce récit où les hommes semblent avoir perdu leur humanité et sont au contraire animalisés. Vinet, un avocat qui participera aux malheurs de la jeune orpheline, a une "figure vipérine à tête plate" (p. 172), puis il est appelé " Rusé renard judiciaire" dont le museau s'affine, et La vieille fille Rogron ressemble à une "hyène". Quant à Pierrette, délaissée, maltraitée, oubliée, elle n'est qu'un pion dans l'échiquier comme Beatrix Cenci.

Pierrette se compose donc des luttes de deux clans autour d'intrigues matrimoniales et politiques où "l'argent était leur seule idole". Après avoir tissé les alliances des uns et des autres, l'auteur décrit un procès qui opposent les persécuteurs de Pierrette et la grand-mère de la jeune bretonne. La justice, l'innocence d'une personne ne pèsent pas lourd face aux ambitieux, qui ne souhaitent qu'une bonne situation dans la société : l'inventaire final des titres obtenus par les principaux personnages montrent bien ce qui les intéressent.

beatrix cenciSous la plume de Balzac, la caricature des deux célibataires s'étend à l'ensemble de la société, excepté pour Pierrette comparée à Beatrix Cenci ("Aujourd'hui l'histoire et les vivants, sur la foi du portrait de Guido Reni, condamnent le pape, et font de Beatrix une des plus touchantes victimes des passions infâmes et des factions", p. 289), que ce soit sous le règne de Charles X ou celui de Louis Philippe.

Beatrice Cenci © Julia Margaret Cameron

Balzac, Le curé de Tours, suivi de Pierrette, Folio, France, mars 2018, 343 p.

LC avec Miriam et Claudia. La prochaine LC aura lieu le 24 mai 2020 avec la lecture de "Maître Cornélius".

La comédie humaine :

1. Scène de la vie de province: " Pierrette", Le curé de Tours, Ursule Mirouet, Eugénie Grandet, Le cabinet des antiques,

2. Scène de la vie parisienne : Ferragus, La maison Nucingen, "Pierre Grassou", La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais

3. Etude philosophique : Fascino cane, Louis Lambert, Melmoth réconcilié, La peau de chagrin, L'auberge rouge, L'élixir de longue vie.

4. Scène de la vie privée : La vendetta, Une double famille, "Le bal de Sceaux", Mémoires de deux jeunes mariées, Le père Goriot, La bourse, Le colonel Chabert, Gobseck

5. Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée

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Commentaires
K
Les chouans? Même si le confinement repart, là je l'ai chez moi!
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D
s'il y a bien un auteur que je n'ai jamais réussi à lire, c'est bien Balzac. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé mais ma lamentable lecture forcée des Chouans quand j'étais au lycée a du un peu trop me marquer. Des années ont passées depuis, il faudrait peut-être que je réessaye.<br /> <br /> Daphné
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L
Je ne connaissais pas ce titre. En lisant les commentaires, c'est plutôt "Le Curé de Tours" qui me fait envie.
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A
Tiens quand j'y pense, j'aurais pu profiter du confinement au début pour me remettre à Balzac, c'était l'occasion, quand je piochais dans ma vieille PAL. Là j'ai craqué, j'ai acheté la suite du Witcher en ebook et je ne vais pas tarder à m'y mettre.:)
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C
Oui, la comparaison avec les animaux, c'est une remarque très juste! Tu as raison de dire que Balzac n'est pas tendre envers sa société ! Ce livre est très pessimiste ou disons lucide ! Comme le curé et comme le colonel Chabert ! <br /> <br /> Je te suis avec maître Cornélius.
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