Confessions d'un automate mangeur d'opium de Fabrice Colin et Mathieu Gaborit : ISSN 2607-0006
En entrant dans les territoires littéraires de la steampunk, il faut savoir que la dimension ludique domine : en réaction au très sérieux cyberpunk, le steampunk, lui, joue avec les genres, les époques, le réel et la fiction... Ecoutez le postcast de France culture, vous en saurez davantage sur ce genre : "A toute vapeur ! voyage en pays steampunk".
Confessions d'un automate mangeur d'opium crée un lien avec Confessions d'un mangeur d'opium anglais de Quincey sans compter la présence de Villiers de L'Isle-Adam, d'une créature de métal douée d'âme (comme dans L'ève future, la présence du créateur et de sa créature est typiquement steampunk), et d'une actrice qui est la narratrice, Margaret. Il a des aussi un savant fou, personnage emblématique des romans du XIXeme siècle comme dans L'île du docteur Moreau de H. G. Wells ou Frankenstein de Mary Shelley. Evidemment sont posées les questions des limites des progrès de la science...
De quoi parle ce roman ? Margaret, la narratrice, apprend que sa meilleure amie est morte en tombant d'un aérocab. Mais elle découvre qu'un automate serait à l'origine de cette chute. Ce récit alterne avec la narration de son frère, Théophraste, aliéniste, qui va l'aider dans cette enquête. "La suite est digne d'un roman-feuilleton" (p. 126) comme le remarque justement l'inspecteur intervenant après un meurtre. En effet, il y a une course-poursuite en vedette, des combats avec des hommes possédés par des serpents mécanisés, des recherches sur l'éther donnant l'immortalité, des enlèvements, une fuite en engin à vapeur dans les égouts, la présence de la reine Victoria, de rois cambodgiens immortels... Il faut être être prêt à lire un récit complètement loufoque, voire parfois confus comme dans le chapitre 18 !
Si les dialogues sont longs et pénibles à lire, les descriptions implantant l'univers steampunk recréent avec fantaisie le Paris de la fin du XIXeme siècle : "Ce quartier-ci était encombré de passerelles, de passages, d'enseignes et de badauds. Le ciel était noir de circulation : les aérocabs se succédaient sans discontinuer aux stations aériennes, couvertes de dômes vert-de-gris. Les arabesques de fer forgé le disputaient à la rigueur de la pierre et du marbre, matériaux nobles mais dépourvus de fantaisie. Des automates de réclame aux yeux nacrés vantaient d'un débit monotone les agréments de tel ou tel magasin, et les passants les regardaient la tête haute, comme s'ils craignaient quelque chose." (p. 161).
© Didier Graffet
Si vous partez explorer l'univers des Confessions d'un automate mangeur d'opium, soyez prêt à lire un roman rocambolesque et foutraque !
Colin Fabrice et Gaborit Mathieu, Confessions d'un automate mangeur d'opium, Bragelonne, Italie, Janvier 2021, 408 p.
Participation "capitale" pour le bingo à vapeur de Miss chatterton
Effluvium, Didier Graffet et Xavier Mauméjan