Kingdom de Kim Seung-Hun : ISSN 2607-0006
Encore une série avec des zombies après ceux du classique La nuit des morts-vivants de Romero, des zombies sud-coréens dans Dernier train avant Busan, des zombies comiques de Shaun of the dead et des zombies récents et décalés de The dead don't die de Jarmusch...! Pourtant, les deux saisons de Kingdom réalisées par Kim Seung Hun ( connu pour Tunnel sorti en 2017) méritent d'être vues : la série ne repose pas sur le gore, même si on tranche des têtes à tour de bras, mais la pandémie se propage sur fond de réalités sociales, historiques, politiques.
Dans la Corée médiévale de l'ère Joseon, deux clans luttent pour le pouvoir. Le clan Haewon Cho est prêt à tout pour régner dans le pays en évinçant le prince héritier Chang. L'abominable seigneur Cho décide même de faire revivre le roi mort en attendant que sa diabolique fille, enceinte, donne naissance à un héritier. Dans le pays, où le peuple meurt de faim, se répand une horde de morts-vivants. Certains se sacrifient pour aider le prince Chang à découvrir la vérité sur cette pandémie, d'autres s'enfuient pour sauver leur peau...
D'un épisode à l'autre, de la saison 1 à la saison 2, la tension grandit : l'épidémie évolue et on n'est jamais bien sûr de la mort d'une personne. En parlant de mort, il faut rappeler que comme dans Game of Thrones, aucun personnage n'est à l'abri d'une mort brutale ou subite même pas les personnages principaux... Le suspense est aussi maintenu par les intrigues curiales : jusqu'où ira l'ambition dévorante du clan Cho ? qui empoisonnera qui ? Qui se fera dévoré ? qui régnera ? A côté de ces personnages machiavéliques et abominables, se dessine en creux le portrait du bon prince, Chang, aussi courageux qu'actif, sachant courir comme un guépard sur les toits du palais royal et manier le sabre comme un samouraï.
Et comme c'est une série sud-coréenne, on a forcément une hybridation des genres complètement réussie : parmi tous ces sombres personnages, on voit évoluer un duo comique avec une femme médecin téméraire, suivie d'un falot magistrat aussi lâche que bruyant. Aux scènes d'actions succèdent des scènes de dénonciation du comportement des puissants qui veulent à tout prix sauvegarder les traditions, quitte à mettre les autres en danger et aux sublimes paysages, ainsi qu'aux magnifiques costumes essentiellement portée par la fille du clan Cho, succèdent des villages insalubres.
De nombreux retournements de situations, des personnages secondaires attachants, des plans audacieux notamment les scènes aquatiques (photogramme ci-dessous) dans la saison 2, et des sujets
Kingdom © Netflix
de réflexions très bien amenés vont vous faire aimer ce period drama sud-coréen, adapté d'un webcomic Land of the gods.
Kingdom, de Kim Seung Hun, saisons 1 et 2, Netflix, 2019.
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sur le web : Sorin Etienne, "Kingdom, la série sud-coréeene de Netflix délpoie les moyens du grand écran", Le Figaro, mis en ligne le 26 mars 2020. URL : https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/kingdom-la-serie-sud-coreenne-de-netflix-deploie-les-moyens-du-grand-ecran_d575bc54-6f61-11ea-916b-6184e2949cca/
Langlais Pierre, "Kingdom sur Netflix, la série coréenne qui nous réconcilie avec les zombies", Télérama, mis en ligne le 25 janvier 2019. URL : https://www.telerama.fr/series-tv/kingdom-sur-netflix,-la-serie-coreenne-qui-nous-reconcilie-avec-les-zombies,n6090918.php
Ono-dit-biot Christophe, "Kingdom, l'épidémie vaincue à coups de sabre", Le point pop, mis en ligne le 23 mars 2020. URL : https://www.lepoint.fr/pop-culture/kingdom-l-epidemie-vaincue-a-coups-de-sabre-23-03-2020-2368296_2920.php#
Kingdom © Netflix