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1001 classiques
19 novembre 2016

Une femme/ la la honte d'Annie Ernaux : ISSN 2607-0006

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Comme dans La place, Une femme et La honte sont des récits autobiographiques. Dans Une femme, Annie Ernaux raconte la vie de sa mère, notamment sa maladie et sa mort. Encore un récit de soi français ? Encore une romancière qui s'épanche ? Non, ces deux courts récits ne sont pas un énième récit égocentrique, mais elle montre comment sa mère, issue d'un monde ouvrier a cherché à sortir de cette classe, en devenant commerçante. On découvre ses paroles, ses expressions, ses problèmes, ses liens avec sa fille.

Comme dans La place et contrairement à Rousseau qui se compare à Chérubin ou à un personnage picaresque, elle utilise volontairement "une écriture plate" sans fioriture. Outre, l'analyse anthropologique de la vie d'une femme dans la première moitié du XXeme siècle, la romancière mène une réflexion sur son écriture : pourquoi écrire ? Comment exprimer ses sentiments envers sa mère ? "Ce que j'espère écrire de plus juste se situe sans doute à la jointure du familial et du social, du mythe et de l'histoire[...] mais je souhaite rester, d'une certaine façon, au-dessous de la littérature". Annie Ernaux arrive avec beaucoup de justesse à nous décrire une relation complexe et touchante et l'étude sociale de la vie d'une femme du début du XXeme siècle, en Normandie.

Dans La honte, les mêmes caractéristiques d'écriture sont présentes que dans les deux romans précités : à cela s'ajoute de longues parenthèses, des réflexions sur l'écriture et sa fonction, et les récits de l'année 1952. Ce n'est plus toute une vie qu'on suit mais à partir d'un événement douloureux, l'auteur égrène les souvenirs et sa vie à cette époque. A partir des objets trouvés, elle évoque des épisodes familiaux comme un voyage à Lourdes ou la religion de sa mère... Les mots en italique ressuscitent toute une époque et un milieu. Annie Ernaux est bien "cette archiviste" dont elle parle dans Une femme : elle sait rendre vivante des époques entières. Un style à découvrir !

Annie Ernaux, Une femme, folio, 106 p.

Annie Ernaux, La honte, Folio, 142 p.

Annie Ernaux, La place,  folio, 114 p.

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Commentaires
D
J'en ai lu aussi des Annie Ernaux et ces lectures sont particulières car on ne se réjouit évidemment pas toujours des évènements relatés et du vécu de l'auteur mais quels témoignages car oui le contexte est fidèle à l'époque, comme tu le dis ce sont des documents d'archive, instructifs et très bien écrits, j'aime beaucoup
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L
Je ne garde pas un bon souvenir de mes lectures d'Annie Ernaux mais je vais quand même tenter ces lectures car Annie Ernaux est une auteure phare d'aujourd'hui !
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C
Je connais bien cette «écriture plate» de Annie Ernaux, je ne suis pas très d'accord lorsque se dit «d'une certaine façon en-dessous de la littérature». <br /> <br /> Son style convient à son projet d"archiviste", c'est quand même de la littérature, et pourquoi pas majeure. Ceci dit je ne suis pas un grand lecteur de Ernaux mais peux l'apprécier à sa valeur. <br /> <br /> J'ai lu "Une femme" et "La place" mais n'ai pas aimé "Une passion simple".<br /> <br /> Bon dimanche.
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L
Je connais très mal Annie Ernaux, mais j'ai "Les armoires vides" en attente depuis qu'on me l'a conseillée pour ses aspects sociologiques. Je pense la relire prochainement pour la mettre en parallèle avec d'autres lectures.
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E
J'ai beaucoup de mal avec les romans biographiques/autobiographiques...mais je sais qu'Annie Ernaux est une grande auteure française, donc je tenterais peut être un jour ^^
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