Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
1001 classiques
11 mai 2016

Le crime de l'orient-express d'Agatha Christie : ISSN 2607-0006

9782367620862-001-G

 Audiolib, dans "A. christie, la reine du crime en chiffres", nous rappelle l'extraordinaire popularité de cette romancière, 40 ans après sa mort : 67 romans policiers, 190 nouvelles, 18 pièces, 2 milliards d'exemplaires vendus dans le monde... Vous pouviez lire ses romans et maintenant, vous pourrez aussi les écouter. En ce qui concerne Le crime de l'Orient-Express, dont j'avais déjà lu le roman, l'enquête est extrêmement agréable à écouter, notamment parce que les chapitres sont très courts et l'écriture simple. On suit aisément l'histoire même en n'écoutant pas d'affilé les 7 heures de lecture. En outre, la voix agréable et expressive de Samuel Labarthe contribue à l'écoute intelligible de cette célibrissime enquête ( sur la jacquette, on nous indique qu'il a suivi les cours de Mesguich et vous l'avez peut-être vu dans La conquête de Durringer ou Les petits meurtres d'Agatha Christie).

"L'impossible ne peut se produire, donc l'impossible doit devenir possible malgré les apparences"

Doit-on encore présenter cette intrigue ? Elle fait partie de ces enquêtes ingénieuses, comme Les dix petits nègres, car l'histoire est particulièrement originale : un homme est tué dans un train, bloqué par la neige. Il a été tué de 12 coups de couteau. Qui a pu commettre ce meurtre effroyable dans un lieu clos ? En redécouvrant l'histoire, on remarque les faiblesses de l'intrigue - notamment un lien, très rapidement, se tisse entre les suspects et la victime et une mécanisation des faits ( présentation de chaque suspect, un par un, audition de chaque personne à la suite...). Mais c'est avec plaisir qu'on retrouve Poirot tout en déduction, car empêché de tous mouvements dans ce train à l'arrêt, il va depuis son fauteuil, résoudre cette énigme.

le-crime-de-l-orient-express

Le crime de L'Orient-Express de Sydney Lumet :

Alors que Douze hommes en colère est un huis clos réussi, ce whodunit n'est pas brillamment adapté par S. Lumet. Certes, l'intrigue est respectée et le casting éblouissant. Malheureusement, le personnage de Poirot incarné par Albert Finney paraît plus fou qu'excentrique, plus extravagant que minutieux. Son jeu outré n'est pas sans rappeler un autre Poirot, peu crédible, Peter Ustinov ( qui ronfle bouche ouverte dans un salon, dans Mort sur le Nil, mais au moins ce film avait le mérite d'être comique, grâce à des personnages secondaires extravagants). Bref, celui qui incarne le mieux Poirot, sa méticulosité et son orgueil, est David Suchet. Ce film suscite l'ennui, parce que Poirot y est ridiculement mal interprété et parce que l'intrigue est répétitive ( 12 témoins à écouter !).

Agatha Christie, Le crime de l'Orient-Express, lu par Samuel Labarthe, 6h41. Vous pouvez écouter un extrait ici.

Sidney Lumet, Le crime de l'Orient-Express, 1974, 120 min, avec Albert Finney, Vanessa Redgrave, J.P. Cassel, Lauren Bacall...

Merci Audiolib pour ce partenariat

Publicité
7 mai 2017

Rompre le silence de Borrmann : ISSN 2607-0006

9782253092902-001-T

Rompre le silence est le premier roman de Metchild Borrmann, paru en 2013 et qui a obtenu le prix du meilleur roman policier en Allemagne ( le Deutscher Krimipreis). Elle a depuis écrit cinq romans, dont Le violoniste. Effectivement, ce roman policier est efficace car il ne distille les renseignements que de manière parcimonieuses par des analepses. Le lecteur curieux attend donc avec impatience des informations. Robert Lubisch découvre, dans les papiers de son père décédé, avec lequel il ne s'entendait guère, une photographie d'une belle femme et une carte d'identité SS. Qui est cette femme ? A qui appartient ces papiers nazis ? Une journaliste décide d'aider Lubitsch mais elle est rapidement assassinée. Pourquoi a-t-on voulu la faire taire ?

L'intrigue nous pousse à tourner les pages. Pourtant, les personnages paraissent sans épaisseur, stéréotypés, prévisibles. On n'arrive pas à s'attacher à l'enquêteur, ni au personnage principal ( qui n'est pas Robert Lubisch), ni à leurs états d'âme. La deuxième déception dans ce roman vient du contexte historique. L'évocation de l'Allemagne nazie ne sert que d'arrière-fond à l'histoire : l'auteur a plus reconstitué une ambiance qu'une période historique ( on peut voir l'indulgence des autorités publiques lors de la dénazification, la propagande...). Une lecture entraînante mais qui n'est pas indispensable...

Borrmann, Rompre le silence, Livre de poche, 286 p.

Merci livre de poche pour ce partenariat.

17 février 2018

Miss péregrine et les enfants particuliers de Ranson Riggs : ISSN 2607-0006

41a-43mF0+L81-osY3tJKLCVT_Miss-Peregrine-et-les-enfants-particuliers-tome-3-_7143

 Quelle merveille ce premier opus ! Non seulement le livre est un bel objet comportant des photographies et une présentation soignée mais l'histoire est enchanteresse. Jacob aime écouter les histoires fabuleuses de son grand-père Abraham, qui mettent en scène un orphelinat dirigé par Miss Peregrine où évoluent des enfants particuliers : l'une a une bouche derrière la tête, l'autre a des abeilles dans l'estomac, comme sur les photographies qu'il montre à Jacob (ci-dessous). Peu à peu, Jacob s'éloigne de ce grand-père qu'il juge fantasque. Pourtant, ce dernier meurt, tué par un monstre appelé " Creux". Abraham a eu le temps de lui murmurer quelques paroles : il doit aller sur l'île des enfants particuliers. Ce premier tome est riche en découvertes, en histoires extraordinaires, en rencontres anormales. On pénètre dans un monde fabuleux et dans un univers étonnant, aidé par des illustrations permettant l'immersion dans l'insolite ( il a été adapté par Tim Burton, en 2016)

1 0012 0013 001

Mais le deuxième opus a été plus décevant : à la fin du tome 1, les creux et les estres ( formes évoluées de creux) ont attaqué Miss Peregrine, qui a été enlevée. Bloqué dans l'Angleterre plongée dans la seconde guerre mondiale ( oui, car il ausi question de voyage temporel), en plus, de toutes les particularités de tous les particuliers), Jacob doit aller sauver miss Peregrine avec l'aide des enfants particuliers, notamment Emma, qu'il aime. Ils doivent affronter de nombreux dangers. Mais point trop n'en faut ! Que de longueurs ! Que d'anecdotes importunes ! Suivant "la loi du crescendo" ( expression de J.Y. Tadié, une péripétie par chapitre dans les romans d'aventures), on assiste avec incrédulité à une succession d'événements complètement inutiles à la narration, présentées comme miraculeuses tant elles sont peu crédibles ( les enfants survivent à un naufrage, à des attaques de creux, de sous-marins etc...) même si finalement, tout est justifié in fine.

9782367625614-001-T

Quant au tome 3, il comporte toujours trop d'aventures, il est trop verbeux et exhibe un peu trop ses sources. Après d'innombrables péripéties, Jacob et Emma arrivent enfin dans le lieu où miss Peregrine est retenue prisonnière. Elle se situe dans le coeur de Londres, du XXeme siècle, dans un lieu de désolation comme le Mordor ( " parce qu'on n'entre pas si facilement en Mordor", dit Jacob, p. 182). si vous avez déjà lu Tolkien, sachez que le voyage vers le Mordor est long et ennuyeux ! Jacob possède une des particularités de Harry Potter et il est aussi question de vol des âmes comme dans Le royaume du Nord de Pullman ( je n'en dis pas plus pour ceux qui sont tentés par les trois volumes, mais j'ai retenu d'autres points de similitudes...).

L'écoute est toujours aussi agréable, portée par la voix de Benjamin Jungers ( sauf pour la voix d'Addison, choix bizarre, que vous pouvez entendre ci-dessous dans l'extrait) mais pour ce type de livre où l'iconographie est importante, le livre me paraît un meilleur choix. Justement, c'est cette dimension visuelle et la richesse de la langue qui sont attrayantes et compensent un peu les facilités narratives. " Ca veut dire que les contes ont un sens caché ?", demande un des enfants particuliers dans le deuxième volume (p. 81) : on peine à trouver celui de cette trilogie...

Ransom Riggs, Miss Peregrine et les enfants particuliers, Le livre de poche, 436 p.

Ransom Riggs, Miss Peregrine et les enfants particuliers, " Hollow city", Le livre de poche, 505 p.

"La bibliothèque des âmes", Miss Peregrine et les enfants particuliers, audiolib, 11h41, lu par Benjamin Jungers

Partenariat Audiolib. Vous pouvez écouter un extrait ici.

1 septembre 2017

C'est le premier, je balance tout (septembre 2017) : ISSN 2607-0006

c-est-le-1er-je-balance-tout-banniere-bicolore-sapinlogo d'Allez vous faire lire

1) FILMS

BANDE ANNONCE THE CIRCLE (OFFICIEL)

Mae ( jouée par Emma Watson) est embauchée par The circle - un groupe de nouvelles technologies - qui amène les gens à être ultra connectés. Cependant, on n'a pas attendu J. Ponsoldt pour savoir que la surveillance constante peut être néfaste. Quelques incohérences sont, en outre, à relever dans le rôle de l'héroïne et du concepteur du logiciel. C'est un film oubliable, étant donné que la thématique n'est pas neuve et qu'elle est traitée sans originalité.

The circle, de Ponsoldt, avec Emma Watson et Tom Hanks, 2017, 1h50

La Planète des Singes 3 : Suprématie - BANDE ANNONCE VF

La planète des singes, suprématie clôt la trilogie commencée par La planète des singes, les origines. César pense qu'une cohabitation est possible entre les hommes et les singes mais le colonel Mccullough, un militaire fou - tel un nouveau Kurtz sorti d'Apocalypse now- décide de traquer les singes. Il y a aussi une autre apocalypse qui est évoquée, mais celle-ci biblique, avec le slogan des soldats ( l'alpha et l'oméga renvoyant au jugement dernier dans l'Evangile de Saint Jean). Un peu de comique, un peu de sentiments ( trop à la fin, avec une fin un peu bavarde), des questionnements sur l'humanité et l'animalité, des motion captures saisissantes : un film à voir pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu !

La planète des singes, suprématie, de Matt Reeves, 2017, 140 min, Billet sur la route du cinéma, Dasola,

2) MES LECTURES : TOP...

J'ai redécouvert un chef d'oeuvre ( L'éducation sentimentale de Flaubert), découvert un autre auteur remarquable, Lobo Antunes ( Le cul de Judas dont je vous parlerai bientôt) et j'ai continué la série policière écrite par Connelly (Mariachi plaza).

ththth

... FLOP

9782757823118

Alors que j'avais lu avec admiration tous les livres de Rosa Montéro ( Les larmes sous la pluie, le poids du coeur et L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir), j'ai abandonné à la centième page  Le territoire des barbares. Ce roman narre la traque de Zarza, une jeune femme qui vit seule, par son frère jumeau, qui cherche à se venger. Rien dans l'écriture ou l'histoire n'a retenu mon attention.

Montero, Le territoire des barbares, Points,  288 p.

thth

yenneAutre abandon : Divergente 2. Dans un futur post-apocalyptique, une société est divisée en 5 factions : les altruistes, les audacieux, les Erudits, les Sincères et les Fraternels. Comme vous l'avez compris, selon votre caractère, vous êtes destinés à une fonction et malheur à celui qui n'arrive pas à rentrer dans une case et qu'on appelle alors un "divergent". Notre jeune héroïne, Béatrice Prior, est une divergente, conséquemment, elle ne ressent pas les effets d'un sérum, qui permet à Jeannine ( une érudite) de dominer toutes les autres factions. C'est un bon livre young adult qui aborde de nombreux problèmes liés à l'adolescence ( quelle place dans la société ? Comment s'intégrer dans un groupe ? L'amour et l'amitié ) mais aussi à un système totalitaire. Malheureusement, les sentiments de Béatrice envahissent trop le deuxième tome et j'ai abandonné ce roman qui était pourtant très intéressant.

Roth, Divergente 1, Pkj, 488 p.

Roth, Divergente 2, Pkj, 523 p.

3) LES CHRONIQUES VENUES D'AILLEURS

ththth

Le fossoyeur de film et Le cinéma de Durendal sont tous deux des critiques de cinéma talentueux. Ils proposent des analyses de films précises, parfois comiquement présentées et richements argumentées. Grâce à eux, j'ai vu des films peu connus ( comme Jusqu'en enfer de Sam Raimi ou  Planète hurlante, une adaptation de P. K Dick, voir ici), ils m'ont donné envie de voir un classique du genre ( 2001 L'Odysée de l'espace) ou ils m'ont aidé à mieux comprendre certains univers comme le Marvel cinematic universe (ici)... Deux sites très différents mais à découvrir !

4) ACHATS

Ce mois-ci peu d'achats ( Balibar, Marie Curie, 2001 l'Odyssée de l'espace, Clarke et La vague de Strasser), je m'attaque à ma PAL !

ththth

11 novembre 2017

Dans l'ombre, la trilogie des ombres, d'Indridason : ISSN 2607-0006

unnamed

148992_image_66563-crop

Image de l'" Europe des écrivains : l'Islande"

Le documentaire diffusé sur arte " L'Europe des écrivains : L'islande" montraient trois auteurs présenter leur île : Thorarinsson, auteur de polars, Stefansson et Olafsdottir. Ces auteurs soulignaient des aspects primordiaux dans la littérature et l'histoire du pays : l'importance de la nature violente et aride, la crise écomonique du XXeme siècle et la "Situation", c'est-à-dire l'occupation des Américains pendant la seconde Guerre Mondiale.

148992_image_66577-crop

Image de l'" Europe des écrivains : l'Islande"

C'est d'ailleurs cet aspect-là que le premier opus, Dans l'ombre, de cette trilogie policière développe : sur fond de nazisme et d'occupation américaine, se noue un drame sentimental et idéologique. 

9782367624297-001-T

 Point d'Erlendur, mais un duo d'enquêteurs, dont les personnalités sont juste esquissées, va tenter de résoudre cette affaire. Flovent, enquêteur islandais et Thorson,  enquêteur militaire. On a découvert dans un appartement de Reykjavik, un représentant de commerce tué d'une balle, avec une croix gammée sur le front. Mais assez vite, on s'aperçoit que la véritable cible était le fils d'un directeur d'école, qui aurait des accointances avec les nazis. Tout un passé sombre va ressurgir.

Surtout, leur enquête les amène à interroger les militaires américains, permettant à l'écrivain islandais de décrire l'influence de ces jeunes soldats dans le pays, mais aussi à interroger des gens vivant dans des endroits reculés montrant l'aspect plus rural du pays ( dimension sociétale qu'on trouve avec bonheur dans ses précédents romans comme La femme en vert ou ou L'homme du lac). Indridason lorgne vers le roman d'espionnage pour ce premier volume de la trilogie des ombres, sans tomber dans des complications incompréhensibles. Si les dialogues patinent un peu, on attend tout de même impatiemment la suite...

La mise en voix de ce texte présente de grandes qualités, mais les changements d'intonation lors des dialogues m'ont paru un peu excessifs. La lecture est suffisamment expressive sans les cabotinages. Vous pouvez écouter un extrait ici.

Dans l'ombre, Indridason, lu par P. Résimont, 9h03.

Partenariat Audiolib

Participation au challenge nordique de Margotte.

Publicité
28 mai 2018

La femme de l'ombre, la trilogie des ombres, d'Indridason : ISSN 2607-0006

 

CVT_La-femme-de-lombre_1466

Dans ce deuxième volet de La Trilogie des ombres, plusieurs intrigues s'entrelacent et ne se rejoindront qu'à la fin du roman. Nous pouvons ainsi suivre la trajectoire d'une jeune femme, en 1943, qui quitte la Finlande pour retourner en Islande. Elle attend son fiancé, qui lutte contre les nazis mais qui est déporté dans un camp. Sur le bateau qui la ramène dans son pays, un ami tombe à l'eau. Est-ce un accident ? Plus tard, un homme est retrouvé dans la mer à Reykjavik. Flovent et Thorsen, déjà présents dans Dans l'ombre) enquête tout en étant confronté à d'anciens pro-nazis, au meurtre d'un homosexuel, à la disparition d'une femme liée à l'occupation américaine...

Le genre du "nordic noir" s'essouffle-t-il ? Comme l'avoue l'auteur dans une entrevue dans Le Point, intitulée "Polar : Arnaldur Indridason fait entrer Hitler en Islande", il a abandonné son personnage principal Erlendur au bout de 13 opus car il se répétait : " Il a déjà été le héros de treize livres. Je pense qu'une série ne doit pas s'éterniser"(Ibid). Et nous aussi nous le pensons. Il choisit donc de nouveaux personnages principaux et une nouvelle époque, peu décrite dans les romans islandais : " Très peu de choses ont été écrites sur la guerre et l'après-guerre en Islande" (Ibid).

En abordant "La situation", cela lui permet de se renouveler et il arrive à complexifier ses intrigues, là où elle présentait une certaine linéarité dans ses précédents romans. Si l'on en sait davantage sur le mouvement nazi en Islande et sur l'occupation par les alliés pendant cette période, les personnages restent superficiels empêchant toute empathie, ou tout simplement tout attachement. De même, l'écriture est toujours aussi plate. Malgré l'excellente lecture de Philippe Résimont (vous pouvez écouter un extrait ici, on commence à ressentir une certaine lassitude de ce type de roman... Ce n'est pas un mauvais roman mais il est plutôt quelconque, rejoignant la très longue liste des romans policiers nordiques...

La femme de l'ombre, d'Indridason, audiolib, lu par Philippe Résimont, 8h43, 2018.

Autres romans de l'auteur : Dans l'ombre, tome 1L'hiver arctique, L'homme du lac, Le lagon noir,

Partenariat Audiolib

Sur le web : Malaurie Julie, "Polar : Arnaldur Indridasson fait entrer Hitler en Islande", Le Point, mis en ligne le 30 mars 2017. URL :https://www.lepoint.fr/livres/polar-arnaldur-indridason-fait-entrer-hitler-en-islande-30-03-2017-2115977_37.php 

4 août 2018

Mapuche de Ferey : ISSN 2607-0006

product_9782070784950_195x320

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-policier/Mapuche2

4 ans avant Condor ( première publication en 2016), Ferey avait déjà écrit une enquête policière se passant en Amérique du Sud, en Argentine : Mapuche. Ce roman policier nous raconte comment Ruben Calderon, un détective, est engagé par un journal pour enquêter sur la disparition d'une jeune femme, fille d'un riche industriel de Buenos Aires, Eduardo Campallo. Au même moment, un travesti disparaît aussi : son ami travesti Paula et Jana, une Mapuche, font appel à Calderon. Les deux intrigues vont rapidement se rejoindre dans une quête commune liée aux disparus de la dictature de Videla.

On y trouve des thèmes obsessionnels de l'auteur, ce roman policier ressemblant fort au suivant. On retrouve le même type de personnages, avec un révolté, Ruben Calderon, en butte à la dictature de Videla, une Mapuche tombant amoureux de notre héros, une certaine complaisance dans la description des scènes de tortures. Dans les ressemblances, on peut aussi noter des fragments poétiques écrits par l'un des personnages.

Comme au Chili, la société argentine fait côtoyer la misère la plus noire à l'opulence la plus clinquante ( et souvent bien malhonnêtement acquise). Outre la dénonciation de l'état actuel des choses, qui repose sur une nombreuse documentation, elle s'accompagne d'une critique du passé dictatorial, du massacre du peuple mapuche et s'intéresse plus particulièrement au "Processus" : les enfants des disparus torturés étaient adoptés par des hauts dignitaires en place. A découvrir pour les injustices ayant lieu en Argentine - décidément, l'arrière-plan historique est plus intéressant dans les romans de Ferey que les personnages - même si l'écriture est beaucoup plus tarabiscotée que celle de Condor et alourdie par des détails inutiles...

Ferey, Mapuche, Folio policier, 560 p.

Autres romans : Condor,

Sur le web : Peras Delphine, "Mapuche, par Caryl Ferey", L'express, mis en ligne le 31 mai 2012. URL : https://www.lexpress.fr/culture/livre/mapuche-par-caryl-ferey_1120804.html

Partenariat Folio.

7 mars 2019

La toile du monde d'Antonin Varenne : ISSN 2607-0006

la toile du monde

https://www.audiolib.fr/livre-audio/la-toile-du-monde-9782367628257

Une femme, Aileen Bowman, élevée dans un ranch du Nevada et journaliste du New-York Tribune, vient couvrir, afflubée de son pantalon et de ses bottes, l'exposition universelle de Paris de 1900. Monuments parisiens et personnalités historiques font l'objet des articles de la journaliste américaine. Les nuits parisiennes et les rencontres professionnelles ou amoureuses se succèdent pour dépeindre "la toile du monde".

Arrivée dans le "monde électrifié", Aileen va résider dans les locaux de la Fronde, dirigée par la féministe Marguerite Durand. Elle y rencontre d'autres femmes qui se battent, par exemple, pour qu'elles puissent exercer le métier d'avocat. "Cela ne m'empêche pas de me méfier des combats pour obtenir autant que les autres, parce que que les autres ne vous l'accordent jamais avant d'être certains que vous êtes devenues un des leurs, que vos différences sont effacées. Les hommes accorderont le droit de vote aux femmes quand ils seront sûrs  qu'elles voteront comme eux", déclare la femme américaine : cette phrase est certainement plus remarquable que bien des écrits féministes.

Aileen est un personnage fictionnel mais elle rencontre de nombreux personnages historiques comme l'inventeur du moteur Diesel (Rudolf Diesel), des peintres tels que Julius Stewart, des scientifiques, des critiques comme Royal Cortissoz... L'exposition universelle est ainsi évoquée de manière précise et documentée, à travers des dialogues et de couts paragraphes descriptifs. Les articles d'Aileen sont d'ailleurs une personnification de Paris qui énoncerait elle-même les changements advenus dans la ville lumière. L'auteur ne s'arrête pas là et continue à énumérer les métamorphoses du monde moderne au début du XXeme en narrant la vie d'Aileen de retour dans son ranch.

A cette première intrigue, d'autres s'ajoutent comme une relation amoureuse naissante entre Aileen et un ingénieur, puis avec sa femme. Parallèlement à ses articles, la journaliste recherche aussi ses racines ( sa mère est française) et son frère, Joseph, un métis indien participant aux spectacles des villages coloniaux. Et c'est là que le roman, à partir de la moitié du récit, se perd dans des thèmes inutiles au développement de l'intrigue : l'auteur semble se complaire dans l'évocation de scènes érotiques concernant la vie intime de son personnage et à décrire avec complaisance des scènes de bordel, utiliser de manière répétive les mots "catin", "putain". Dommage qu'on s'attarde autant sur l'émancipation sexuelle du personnage principal alors que le sujet était déjà si riche.

La lecture de Julien Defaye  - comédien et photographe - s'accorde parfaitement avec le sujet et ses personnages : sa voix est dynamique comme l'est le personnage principal et la vie trépidante parisienne. Elle devient solennelle lorsqu'il fait parler Paris personnifiée dans les articles de journaux. Il sait aussi changer de tonalité dans les nombreuses conversation et on est ainsi jamais perdu dans l'écoute des dialogues (Vous pouvez écouter un extrait ici). Une belle lecture bien rythmée !

072

Neurdein frères, " Champ de Mars. Palais de l'électricité, fête de nuit"

BNF, Estampes et Photographie, D. L. 1900, Qb1 1900 folio, Exposition universelle, photographies de Neurdein, tome 3

 La toile du monde, Antonin Varenne, lu par Julien Defaye, 9h47, Audiolib.

Audiolivre lu dans le cadre du Prix Audiolib 2019.

Sur le web : Exposition virtuelle "Les Expositions universelles à Paris 1867-1900" Bibliothèque nationale de France.

25 juillet 2019

Le procès Paradine d'Alfred Hitchcock : ISSN 2607-0006

51JETWDF4QL

La troisième période hitchcockienne, des années 40 à 50, est particulièrement éclectique. Après des films politiques comme Lifeboat (1945), le réalisateur des oiseaux fera un film de procès. Lorsqu'une femme est belle et épouse un riche mari aveugle et que ce dernier meurt empoisonné, elle paraît forcément coupable aux yeux de l'opinion publique. Mais l'est-elle vraiment ? Seul, un avocat tombé éperdument amoureux de la victime, Madame Paradine, croit en son innocence. Les preuves vont s'accumuler contre elle : arrivera-t-il à la sauver ?

Contrairement aux films de procès, Hitchcock ne profite pas de cette histoire pour remettre en cause la justice ou des problèmes moraux ou sociaux mais il en fait un drame passionnel. C'est un film lent, bavard, développant la jalousie de la femme de l'avocat, l'ambiguité de la cliente et l'obsession de l'avocat : à travers ce long-métrage, il fait d'ailleurs quatre portraits de femmes très différents, de la femme fatale - Madame Paradine - à la femme soumise (la femme du juge).

Ce film, bien construit, n'est pas aussi complexe que d'autres long-métrages hitchcockiens et manque singulièrement d'humour. On retrouve ses thèmes favoris comme le faux-coupable et une enquête. Il manque aussi d''ambiguïté et de profondeur comparé à des films de procès plus récents comme The third murder de Kore Eda (2017) ou du Silence et des ombres de Robert Mulligan ( 1962).

Voici une adaptation d'un roman de R. S. Hichens plus banale que les autres films du réalisateur de Rebecca, en partie parce qu'il n'a pas choisi les acteurs qu'il souhaitait, comme il l'explique dans une interview, et que Selznick a participé davantage dans la production. Cela explique peut-être qu'il soit passé inaperçu par rapport à d'autres scénarios plus impressionnants de cette période comme La corde (1949) ou L'inconnu du Nord-Express (1951).

Le procès Paradine, Hitchcock, Gregory Peck, Ann Todd, 1947, 125 min.

Visionnage commun avec Tachan. Un visionnage avec Tachan est prévu le 24.09 : nous verrons Les enchaînés.

Autres films : Lifeboat, L'inconnu du Nord-Espress, Psychose, La corde, Une femme disparaît, La loi du silence, Mais qui a tué Harry ?, chantage, Les 39 marches,, Jeune et innocent, meurtre, le grand alibi, Une femme disparaît

Sur le web : France inter. 2013. Hitchcock/trufaut, secrets de fabrication.

22 novembre 2020

La fameuse invasion de la Sicile par les ours de Dino Buzzati : ISSN 2607-0006

61akuu207FL

http://www.gallimard-jeunesse.fr/Catalogue/GALLIMARD-JEUNESSE/Folio-Junior-Textes-classiques/La-fameuse-invasion-de-la-Sicile-par-les-ours

 Dans cette édition extrêmement complète, une biographie nous indique que Buzzati a été journaliste mais aussi peintre et dessinateur. C'est pourquoi le conte de La fameuse invasion de Sicile par les ours - mais ce terme générique n'est pas entièrement satisfaisant - est accompagné des dessins de l'auteur. La genèse nous est même exposée : à la demande de ses nièces, il aurait dessiné par hasard une montagne avec des ours qui combattent des soldats et il aurait décidé de les réemployer lorsque le Corriere della sera lui demande un texte destiné à un jeune public.

sanglier 001

Illustration 1 : La fameuse invasion de la Sicile par les ours de Buzzati © gallimard-jeunesse

Mais de quelle invasion parle l'auteur ? Et comment résumer un texte écrit alternativement en prose et en vers, comme un récit épique ? Il suffit de savoir que Tonin a été enlevé par les humains et que son père Léonce, le roi des ours, devra affronter les hommes pour le retrouver un jour. Regardez surtout comment Buzatti arrive à nous faire tomber complètement sous le charme de cette histoire, avec de l'humour. Dès le chapitre 2, il nous demande d'observer le dessin du combat précédent où on y distingue le Professeur De Ambrosiis. Il déplore aussi avec humour "qu'il n'y a pas de rime en osiis" (p. 31). Et quelle fantaisie ! Des sangliers attaquent les ours, qu'à cela ne tienne, le nécromant Ambrosiis - toujours lui - les métamorphose en sangliers volants ! ( illustration 1). Quant aux fantômes, ils sont soumis à des lois farfelus et le coquemitaine est le plus drôle que vous n'ayez jamais vu ! Voyez sa tête sur l'illustration 2 ! Vous avez envie de voir de l'action : n'ayez crainte, les péripéties sont nombreuses. Regardez le monstre qui surgit de la mer ( illustration 3), sans compter les traîtres de mélodrame et des enchantements !

Comme l'auteur du Désert des Tartares sait s'attacher son petit - et grand - lecteur ! Le narrateur ne cesse de s'adresser à nous et de créer une attente  : " Petits enfants, au prochain épisode, vous verrez le mystère du bois des Rhizopodes" (p. 103). Une fois les ours victorieux des hommes, ils cohabitent pour un temps. Mais lorsque de mystérieux problèmes surgissent, apparaît un "ours détective" pour aider le roi à résoudre les problèmes de son royaume. Ne croyez pas que le narrateur extravague à souhait, il a ajouté un joli discours sur la nature : "retournez dans vos montagnes", sont les derniers mots du roi Léonce (p. 140). Découvrez vite ce conte fantastique et fantaisiste merveilleusement illustré par Buzzati !

Buzzati Dino, La fameuse invasion des ours en Sicile, folio junior, Espagne, mai 2019.

croquemintaine 2 001

Illustration 2 : La fameuse invasion de la Sicile par les ours de Buzzati © gallimard-jeunesse

monstre 3 001

Illustration 3 : La fameuse invasion de la Sicile par les ours de Buzzati© gallimard-jeunesse

28 mars 2019

Sept yeux de chats de Choi Jae-hoon : ISSN 2607-0006

51qzg3EFLrL

http://www.editions-picquier.com/ouvrage/sept-yeux-de-chats/

Auteur coréen, Choi Jae-Hoon a publié un recueil de nouvelles Le baron du comte Curval en 2010 et Sept yeux du chat en 2012. Vous ne connaissez pas cet auteur ? N'hésitez pas à lire son roman ! 

Tout commence comme Les dix petits nègres coréens : 7 personnes sont réunis dans un chalet, ayant été invités par le Diable, qui tient un site web sur les tueurs en série. Leur hôte est absent et une tempête de neige les empêchent de quitter les lieux. Que faire ? Après une première nuit passée ensemble, un des hommes est retrouvé mort. Qui est le coupable ? Vous pensez que c'est un whodunit classique, mais il n'en est rien : " - Le jeu... a commencé" (p.33). A la fin de la première nouvelle ou chapitre " sixième rêve", commence un chapitre "Equation d'une vengeance" où nous comprenons que la première histoire est en réalité une pièce. Vraiment ? Mais c'est aussi l'histoire que traduit un certain M dans le troisième chapitre, intitulé "Pi". Le dernier chapitre "Les sept yeux de chats", parle du destin du livre qui a disparu... Mais ceci n'est pas un bon résumé. Dans chaque nouvelle, nous retrouvons des éléments similaires mais agencés de manière différente.

"Le nombre Pi se prolonge à l'infini sans qu'aucune de ses décimales ne se répète." (p. 324)

L'auteur nous invite dans un roman labyrinthique où les mêmes motifs et les mêmes personnages sont repris de manière vertigineuse et où on ne sait jamais quelle est la bonne version de l'histoire. Le narrateur est-il un fou enfermé dans une mine qui se raconte des histoires pour ne pas mourir ou est-il un traducteur qui change l'histoire des romans qu'on lui demande de traduire ? Tout en voulant créer le roman à suspense parfait ( p. 324), l'auteur coréen réfléchit sur la littérature, les pouvoirs de la fiction et notamment sur les sources de la création et de l'inspiration. Les personnages de fiction peuvent prendre vie et les références - Alice aux pays des merveilles, La jeune fille et la mort de Munch, Le baiser de Klimt - montrent talentueusement un jeu sur la fiction, la mort et le réel :  "Quelle différence entre la réalité et le fantasme du moment qu'on survit ? (p. 247). Le lecteur peut essayer de trouver la vérité, peut jouer et imaginer trouver la solution. Oui, c'est bien le roman à suspense parfait !

Jae-Hoon Choi, Sept yeux de chats, Espagne, Edition Phillippe Picquier, 2014.

Sur le web : A girl from earth, Niki,

24 septembre 2019

Les enchaînés d'Hitchcock : ISSN 2607-0006

affiche-du-film-de-alfred-hitchcock-les-enchaines

Avec Lifeboat, Les enchaînés est l'un des films politiques d'Hitchcock qui met en scène un scénario inspiré vaguement des mémoires de Marthe Richard. Tourné en 1945, ce long-métrage, qui se déroule après la fin de la seconde guerre mondiale à Rio, a pour héroïne Alicia, l'élégante fille du nazi Huberman qui vient d'être condamné, qui mène une vie oiseuse et alcoolisée jusqu'au moment où Devlin, un agent du FBI, lui propose de travailler  pour les Etats-Unis. Elle doit espionner un Allemand, Sebastian, ancien ami de son père. Va-t-elle réussir sa mission. Est-elle un agent fiable ?

L'intrigue d'espionnage est particulièrement simple et forme comme un interlude léger autour du vrai coeur du film qui tourne autour d'une histoire d'amour mais nous y reviendrons plus tard. Le patron du FBI, particulièrement jovial, se contente d'être heureux de la bonne tournure des affaires et n'hésite pas à utiliser Alicia pour arriver à ses fins. Aucun dilemme moral ne semble perturber cet homme qui pousse Alicia à se marier avec l'Allemand pour le bien de son enquête. Toutes ces séquences autour des hommes du gouverment sont assez sèchement tounées.

Quel est le sujet souterrain des Enchaînés ? Une comédie bien plus noire se joue entre les deux protagonistes principaux : Delvin doute de l'amour d'Alicia et cette dernière attend que Delvin avoue ses véritables sentiments. Non seulement le couple glamour - Ingrid Bergman et Gary Grant - joue à merveille leur personnage mais, comme dans une mise en abyme, ils doivent interpréter des personnages pour rendre crédibles leur rôle d'espions. Où s'arrêtent les faux-semblants ? D'emblée, Devlin déclare : " une fille perdue ne change pas". Est-ce le cas d'Alicia ? Peut-on changer ?

Avec ce long-métrage, Hitchcock mérite bien d'être appelé "le maître du suspense" : on craint à chaque instant pour la vie de la malheureuse espionne improvisée qui doit évoluer parmi d'autres personnages très inquiétants comme l'odieuse mère de Sebastian. La manipulation hitchcockienne jouant avec les sentiments des protagonistes et avec les nerfs du spectateur, les jeux de regards particulièrement éloquents et les gros plans sur des objets clés ou les clés tout court - qui regarde qui ou quoi ? - font des Enchaînés un spectaculaire thriller psychologique et d'amour.

Les enchaînés de Hitchcock, 1945, 104 min, avec Ingrid Bergman, Claude Rains, Gary Grant.

Visionnage commun avec Tachan.

Autres films : Le procès Paradine, Lifeboat, L'inconnu du Nord-Espress, Psychose, La corde, Une femme disparaît, La loi du silence, Mais qui a tué Harry ?, chantage, Les 39 marches,, Jeune et innocent, meurtre, le grand alibi, Une femme disparaît

Sur  le web : Ferenzi Aurélien, "Hitchcock en 6 leçons", Télérama, mis en ligne le 21 janvier 2011. URL : https://www.telerama.fr/cinema/hitchcock-en-6-lecons,64727.php

Murat Pierre, "Cinq questions pour une reprise, "Les enchaînés" d'Hitchcock", Télérama, mis en ligne le 5 octobre 2008. URL : https://www.telerama.fr/cinema/cinq-questions-pour-une-reprise-les-enchaines-d-hitchcock,34366.php

Deyle Hélène, "Un film et son époque: Les enchaînés", Le monde, mis en ligne le 22 juillet 2017. URL : https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2017/07/22/tv-un-film-et-son-epoque-les-enchaines_5163882_1655027.html

photo-les-enchaines-7

6ad2864_14701-1mlvjz0

Ingrid Bergman et Gary Grant dans Les enchaînés d'Hitchcock

13 juillet 2019

The wandering earth de : ISSN 2607-0006

THE WANDERING EARTH Trailer (2019) Sci-Fi Action Movie HD

Plutôt rare sur nos écrans, The wandering earth est un blockbuster chinois, qui malheureusement passe inaperçu en France étant donné qu'il est directement arrivé sur les plateformes de streaming. Adapté d'un roman de SF de Cixin Liu, connu pour son livre Le problème à trois corps, ce long métrage mériterait d'être visionné sur grand écran tant visuellement, c'est splendide. Après une rapide exposition de l'inexorable dégradation de la planète - le système solaire est en train de mourir - et de la vie d'un astronaute, on assiste à une catastrophe de grande ampleur : "la terre errante", c'est-à-dire la terre propulsée par de gigantesques moteurs pour trouver un autre système planétaire, risque de percuter Neptune.

Majestueux, grandioses, les paysages sont impressionnants ( image 1). Pour bien montrer l'échelle de chaque image, le réalisateur part toujours de gros plans suivis de zoom arrière qui finissent par englober la terre entière. La convergence des moteurs qui s'unissent pour faire avancer la terre marque aussi l'union des pays. Et quel décor ! La planète devenue inhabitable est recouverte de neige, donnant lieu à de somptueux décors enneigés post-apocalyptiques ( images 2 et 3).  Certes, The wandering earth n'est qu'un film catastrophe et qu'un blockbuster mais les effets spéciaux sont d'une très grande qualité. C'est un vrai plaisir visuel de voir toutes ces inventions de ces villes souterraines, de ces grandes étendues de neige.

MOSS l'intelligence artificielle "déserte", refuse de rester en contact avec la terre qui va s'écraser sur une autre planète. Deux astronautes sortent réparer des dégâts et dérivent dans l'espace : ne serait-ce pas des clins d'oeil à d'autres longs-métrages de SF ? Certains personnages principaux meurent, les villes sont détruites une à une mais les survivants ne perdent pas espoir. Les uns se sacrifient, les autres luttent ensemble. Un film post-apocalyptique optimiste, humaniste ? C'est plutôt rare, c'est idéaliste mais fabuleusement bien réalisé et cela donne envie de découvrir les oeuvres de Cixin Liu...

wandering-earth-1

Image 1 du film "The Wandering Earth" Crédits : Copyright China Film Company Limited

9aaa80bc-3b2a-11e9-a334-8d034d5595df_image_hires_161320

Image 2 du film "The Wandering Earth" Crédits : Copyright China Film Company Limited

wandering-earth-shanghai-2044

Image 3 du film "The Wandering Earth" Crédits : Copyright China Film Company Limited

The winthering earth de Frant Gwo, Netflix, 2019, 2h05,

Sur le web : "The wandering earth, le film chinois qui sauve la terre", Le monde, mis en ligne le 26 février 2019. URL : https://www.lemonde.fr/culture/video/2019/02/26/the-wandering-earth-le-film-chinois-qui-sauve-la-terre_5428578_3246.html

Serrell Mathilde, "Avec The Wandering earth blockbuster chinois, une autre fin du monde est possible", France culture, mis en ligne le 26 février 2019.

14 novembre 2021

L'atelier des sorciers de Kamone Shirahama : ISSN 2607-0006

L-atelier-des-sorciersL-Atelier-des-Sorciers 3L-Atelier-des-Sorciers 4

L-Atelier-des-Sorciers 5🌺Avez-vous envie d'un peu de féerie ? Lisez L'atelier des sorciers de Kamone Shirahama ! Les trois premiers tomes de cette série encore en cours (billet sur le premier tome ici) - le tome 9 vient de sortir avec sa version collector qui contient un calendrier - narre l'arrivée de Coco, une humaine, dans l'école de magie.

🌺Son apprentissage de la magie la rend enthousiaste mais elle est poursuivie par la confrérie du Capuchon. Les autres sorcières ont toute un caractère différent et ne servent pas seulement de faire valoir. A partir du tome 4, commence alors un nouvel arc où les jeunes apprenties préparent un examen qui leur permettront de faire de la magie en public. Comme les célèbres sorciers de Poudlard, les fillettes étudient, s'amusent et doivent affronter de nouvelles épreuves. Elles évoluent, en effet, dans une caverne où il existe encore des traces de sorts interdits. Kieffrey, leur maître est blessé et Yinny, un autre apprenti est transformé en loup écailleux. Vont-elles réussir à ressortir vivantes de cette nouvelle épreuve? Pourront-elles trouver une solution pour rendre une apparence humaine à Yinny ? Kieffrey va-il guérir (le contraire serait étonnant) ?

🌺Comme dans les tomes précédents, le tome 5 enrichit l'univers magique : on en apprend davantage sur la fameuse confrérie, le passé des sorciers et sur les règles magiques. Même si Coco devient ridiculement mièvre, toujours pleine de bons sentiments, ses compagnes ont un caractère plus vraisemblable. Le monde féérique s'agrandit sous nos yeux avec nouveaux lieux comme la caverne où vivaient les Rodomon, lieu où se déroulent les examens.

🌺Les dessins restent d'une très belle qualité. Les cases n'ont jamais la même tailles mais changent en fonction des actions. Les décors sont rares, cependant les motifs décoratifs et les personnages en pleine pages sont nombreux et toujours sublimes... On attend la suite avec impatience !

Shirahama, L'atelier des sorciers, Tome 5 ( série en cours), Pika édition.

LC avec Docbird

d8a28cb591435cfd2b4440ae1f48714a

 © Kamome Shirahama

11 septembre 2022

ceux qui avaient choisi de Charlotte Delbo : ISSN 2607-0006

51ZQIFY9Q5L

A la fin du chapitre sur la seconde Guerre Mondiale où le rôle des femmes a été minimisé, dans son essai Les grandes oubliées, Titiou Lecoq conseillait de lire Charlotte Delbo, touchée par ses paroles "Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants"* et son rôle. Découvrons donc les oeuvres de cette femme, notamment sa pièce de théâtre Ceux qui avaient choisi.

Dans un café, un ancien nazi, un hélleniste, aborde une femme qui est en train de lire un de ses romans. Mais cette femme est une ancienne rescapée des camps de concentration. Le dialogue entre les deux personnages semblent impossible : qui était responsable de ces horreurs ? "Cette question a été souvent débattue de la folie qui s'empare de tout un peuple, expliquée par les économistes, les politiques, les psychologues, les sociologues, les gemanistes, etc. elle n'a pas été élucidée pour autant. On voudrait comprendre", déclare Françoise, la femme.

Au delà de ce dialogue, l'auteur introduit d'autres thèmes sur le souvenir, l'amour, la résistance... le tout narré dans une forme atypique : Charlotte Delbo qui a été secrétaire de Jouvet n'écrit pas une pièce classique : deux tableaux se succèdent dans lesquels des paroles disposées comme un poème sont insérées. Voici une oeuvre engagée à connaître

 *[...] Comment comment/ vous pardonner d'être vivants/ comment comment vous ferez-vous pardonner/ par ceux-là qui sont morts pour que vous passiez bien habillés de tous vos muscles/ que vous buviez aux terrasses/ que vous soyez plus jeunes chaque printemps/ Je vous en supplie/ Faites quelque chose qui vous justifie/ Apprenez un pas/ Une danse/ Quelque chose qui vous justifie/ Qui vous donne le droit/ D'être habillés de votre peau de votre poil/ Apprenez à marcher et à rire/ Parce que ce serait trop bête/ A la fin/ Que tant soient morts/ Et que vous viviez/ Sans rien faire de votre vie" (Charlotte Delbo, Une connaissance inutile).

Delbo Charlotte, Ceux qui avaient choisi, Etonnants classiques, Barcelonne, 2017, p. 119

 

16 avril 2023

Passion simple et le jeune homme d'Annie Ernaux : ISSN 2607-0006

41mqaJ2BkDLSans titre

"Quand j'étais enfant, le luxe, c'était pour moi les manteaux en fourrure, les robes longues et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'était de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme". Qu'est-ce que la passion ? Passion simple d'Annie Ernaux est certainement le texte le plus intimiste de ses récits autobiographiques.

En effet, elle relate un passion qui l'a obnubilée pendant une année. Elle raconte comment elle a été obsédée par un homme. Avec minutie, elle décrit ses pensées, analyses ses propres gestes mais fait assez peu de commentaires sur son écriture, ses souvenirs comme elle le fait habituellement. Elle semble vouloir décrire juste la passion : "Je déambulais en sueur sous son regard imaginaire boulevard des Italiens pendant qu'il était ailleurs, insaisissable".

En revanche, dans Le jeune homme, elle décrit une aventure amoureuse mais au prisme des classes sociales et des préjugés : à 54 ans, la romancière sort avec un étudiant... Elle décrit cette histoire avec détachement - aucune ressemblance justement avec Passion simple - en analysant le comportement de son amant : "Il y a trente ans, je me serais détourné de lui. Je ne voulais pas alors retrouver dans un garçon les signes de mon origine populaire, tout ce que je trouvais "plouc" et que je savais avoir été en moi".

"Mon corps n'avait plus d'âge. Il fallait le regard lourdement réprobateur de clients à côté de nous dans un restaurant pour me le signifier". Cette relation est à l'origine aussi de commentaires sur les souvenirs et sur les préjugés sociaux - comme son avortement, son vieillissement - et plus globalement sur sa vie de femme. Jamais sentimentale et sans faux-semblant, Annie Ernaux scrute sa vie sans s'épargner et sans larmoyer...

Une vie en écriture et une d'écriture passionnante à découvrir !

Annie Ernaux, Passion simple, folio,  France, Octobre 2022, 77 p.

Annie Ernaux, Le jeune homme, Gallimard, Normandie, Octobre 2022, 38 p.

Autres romans de la romancière : Mémoire de fille, La place, la honte, une femme, Regarde les lumières mon amour, L'événement

28 juin 2022

Simone Veil, l'immortelle, de Bresson et Duphot : ISSN 2604-0006

Paris, 26 novembre 1974. C'est par cette date que commence la BD Simone Veil, l'immortelle de Bression et Duphot : c'est l'année où le combat de la ministre de la santé dans le gouvernement de Jacques Chirac commence. Elle doit défendre son projet  sur l'interruption volontaire de grossesse. Elle doit faire face aux hostilités : " je suis décidée à aller jusqu'au bout, ce ne sont pas les obstacles qui vont m'arrêter, surtout lorsque l'on a vécu une adolescence sous le régime nazi. [...]. Je ne me laisserai pas abattre par ce torrent de haine et je ne montrerai pas à tous ces hommes qu'une femme est plus fragile qu'eux". (p. 99).

Les deux auteurs, Bresson et Duphot ont mis en image la vie de Simone Veil avec la narration de sa bataille politique mais aussi des retours en arrière décrivant sa jeunesse à Nice au moment des premières offensives antisémites, en 1940. Une autre analepse dépeint sa vie dans les camps. Pour chaque époque de sa vie, ce que retiendront ces deux auteurs, c'est le courage, la détermination, l'humanité de cette femme panthéonisée. A l'heure où en Arkansas, les dernières cliniques d'avortement ferment leurs portes (En une de Libération, lundi 2 juin 2022, "Liberté, égalité, IVG, La décision de la Cour suprême américaine de réduire la liberté d'avorter rappelle au monde la fragilité des acquis sociétaux. En France, la volonté d'inscrire ce droit dans la Constitution tourne à la bataille polititique"), il est nécessaire de se rappeler la lutte de Simone Veil pour le droit des femmes. Annie Ernaux parle aussi de sa propre expérience de l'avortement dans L'événement. Des livres à connaître !

81+JITagYWLcover-bigL-evenement

1 juin 2023

Un visiteur inconnu d'Agatha Christie : ISSN 2607-0006

31HU-dEOYTL

Le visiteur inattendu d'Agatha Christie est une pièce de théâtre, un huis clos qui rassemble tout l'univers d'Agatha Christie : Par une nuit de brouillard, Michael Stocker arrive dans une maison dans laquelle il découvre une femme, Laura Warwick, tenant un revolver. Elle déclare avoir tué son mari. Subjugué par sa beauté, Michael l'aide à camoufler le meutre. Pourquoi ne pas accuser un homme dont l'enfant a été tué par Richard Warwick, le mort. Richard avait été innocenté mais grâce au faux témoignage de son infirmière.

Un sergent et un inspecteur viennent enquêter. Peu à peu, le caractère de chaque personnage est révélé, de même que celui du mort. Ce dernier est devenu cruel et mauvais depuis qu''il est handicapé. Chacun des membres de la famille, la femme, la mère, le frère attardé, le voisin, amant de Laura pourrait être le meurtrier. Qui a tué Richard Warwick ? 

L'intrigue ingénieuse semble pourtant facile à résoudre... Le coupable est évidemment celui qui est au dessus de tout soupçon... tandis que les membres de la famille s'accuse tour à tour d'avoir tué Richard.  Cette courte pièce est extrêmement efficace, même si elle n'a pas l'envergure des dix petits nègres ou le meurtre de Roger Ackroyd !

A. Christie, Un visiteur inconnu, Magnard, Avril 2023, Italie, 142 p.

Autres romans lu : Autobiographie d'Agatha Christie, L'homme au complet marron, Le crime de l'Orient Express, Témoin indésirable, La mystérieuse affaire de Style, Poirot joue le jeu, cartes sur table, Le crime d'Halloween

25 juin 2023

Le château des animaux de Félix Delep et Xavier Dorison : ISSN 2307-0006

Sans titreCouv_405133tome 3

Dans le préambule du Château des animaux, Xavier Dorison parle ouvertement de sa source d'inspiration : La ferme des animaux d'Orwell. Il ajoute "George Orwell a donc vu juste. Mais il n'a pas tout vu".

Cette bande dessinée est comme une suite de La ferme des animaux : Napoléon et les cochons évoqués au détour d'une bulle, les tyrans, sont remplacés par un boeuf despotique, avec sa milice de chiens. Ils imposent des règles complètement injustes pour les autres animaux vivant dans la peur et la famine. Ces derniers, plus faibles, se rebellent le jour où une cane, Marguerite, est clouée au pilori et tuée pour exemple, pour avoir mené une révolte contre le boeuf.

A partir de ce moment-là, un rat voyageur vient donner un spectacle ridiculisant le tyran en place... mais il prône la non violence. Sauvé de la mort par une chatte, Miss Bengalore, il l'aide à organiser la résistance. Va-t-elle réussir à convaincre les autres animaux de s'unir ? réussiront-ils à renverser le tyran ?

L'intrigue est presque similaire à La ferme des animaux mais cette bd en 4 tomes arrivent à développer la psychologie et le passé des animaux au fil des tomes. Même en connaissant l'histoire d'origine, on veut quand même savoir comment finira Miss Bengalore va pouvoir renverser le tyran... Les mécanismes du pouvoir et l'attitude très réaliste des animaux posant de nombreuses questions d'éthique nous font pleinement entrer dans cette histoire... Que nous réserve le dernier tome ?

Delep et Dorison, Le château des animaux, tomes 1, 2, 3, Casterman

Lu par A girl

9782203148888_pgcat4-b05a4

3 avril 2010

Pierre de lune de Wilkie Collins : ISSN 2607-0006

51577326

Voici encore un roman de Wilkie Collins, qui diffère au niveau de la forme de ses autres oeuvres, mais tout aussi palpitant et surprenant au niveau de l'intrigue. La pierre de lune, prétendue magique et dotée de pouvoir, magnifique et fabuleux bijou, connaît un destin hors norme : volée, perdue, elle arrive entre les mains de Herncastle, d'une manière crapuleuse. Gardée par trois brahmanes, Herncastle arrive à la voler en les tuant lors de la prise de Seringapatam, en 1799. Cinquante ans plus tard, cette pierre maudite atterrit dans les mains de la fille de Lady Verinder, Miss Rachel, le jour de son anniversaire. Herncastle en offrant ce bijou à sa nièce, a-t-il intentionnellement voulu attirer le malheur sur sa belle famille qui l'a rejeté ? Est-elle maléfique ? Le soir même, le bijou est volé.

Deux ans plus tard, Betteredge, le majordome de Lady Verinder, entreprend d'écrire l'histoire du vol de la Pierre de Lune, sur la demande du cousin de Rachel, Mr  Franklin Blake. Qui a pu commettre le vol de la pierre dans une maison barricadée ? Commence une enquête de l'inspecteur Seagrave. Ce dernier, jugé trop sot pour résoudre cette terrible affaire est remplacé par le sergent Cuff, qui se révèle être un détective hors norme, et semble avoir trouvé le coupable. Mais l'affaire de la pierre maudite est loin d'être résolue. La narration des faits entourant le vol, de Betteredge, est suivie de celle d'une vieille fille, Miss clack, nièce de feu John Verinder. Plusieurs plumes se relaient pour retracer l'extraordinaire quête de la Pierre de Lune, peuplée d'hindous fanatiques, de jeunes gens oisifs de la bonne société, de réputations entachées, de servantes voleuses, de détectives amoureux de roses...  et de secrets gardés pour ne pas "braver l'opinion publique"...

Ce roman est une nouvelle découverte palpitante ! On est charmé et amusé par le personnage de majordome, lecteur de Robinson Crusoé : "N'allez pas m'accuser non plus d'ignorance ou de stupidité, si je déclare ici qu'aucun livre n'a jamais égalé ni n'égalera jamais Robinson Crusoé. Je fréquente ce livre depuis des années - généralement accompagné d'une bonne pipe - et il m'a souvent été un compagnon précieux. Lorsque je suis découragé, j'ai recours à Robinson Crusoé. Lorsque j'ai besoin d'un conseil... Vite, j'ouvre Robinson Crusoé...". La narration de l'histoire de la Pierre de lune par le majordome est fort drôle, car sa relation oscille entre superstition  et pragmatisme : dignement, "il avoue que quoiqu'il arrive dans une maison, vol ou meurtre, le petit déjeuner est sacré" ! Le fait que l'histoire soit relatée du point de vue d'un serviteur nous permet de voir le reflet de la bonne société anglo-saxonne à travers des anecdotes : critique acerbe de la justice, a priori sur les aristocrates, remarques misogynes. A travers ces descriptions, c'est toute la société du monde britannique du XIXeme siècle qui revit sous sa plume.

Et puis, sa manière d'écrire consciencieusement, amène dans son histoire une avalanche de digressions qui augmente notre impatience de découvrir le criminel... dont le nom est plutôt surprenant. Habilement, parfois, il en dit beaucoup et parfois pas assez laissant dans le flou, le lecteur. L'intensité dramatique ne cesse d'augmenter au fil des diverses narrations : l'enquête est rocambolesque, incroyablement complexe à résoudre. Tous les narrateurs ont une personnalité remarquable, tantôt risible - Mr Betteredge en lecteur fanatique de Robinson Cruosé ou Mrs Clake, pour qui même un prude victorien est une âme naufragée ! -, tantôt émouvante, Mr Jenning ou Mr Blake. Wilkie Collins a su admirablement peindre tous ses personnages, faire éclater la vérité de manière théâtrale et scientifique et révéler les secrets cachés sous le vernis pudique de la société victorienne, avec humour, tout en se jouant des nerfs de ses lecteurs !

Quelle diversité dans l'oeuvre de Wilkie Collins ( Il a aussi écrit Profondeurs glacés, L'hôtel hanté) ! On ne s'ennuie pas en compagnie de Wilkie et de cette rocambolesque et diabolique aventure de La pierre de Lune...
Collins, Pierre de lune, Phébus, Libretto, 504 p.

Lecture dans le cadre du challenge Wilkie collins addict de Cryssilda... L'avis de Titine...

27 juillet 2011

Sherlock Holmes, série BBC 2010 de Steven Moffat et Gatiss : ISSN 2607-0006

sherlock_season-4

Bien que cette série ait été largement commentée, il ne semble pas inutile d'en reparler tant la série est réussie : après la version très dynamique et modernisée mais peu fidèle de Guy Ritchie, Sherlock Holmes a toujours le vent en poupe et reprend sa célébrissime veste en tweed et du service mais cette mini-série d'épisodes d'1h30 n'apparaît-elle pas comme un "bis repetita" ? En fait, la série des Sherlock Holmes dépoussière intelligemment les enquêtes du célèbre détective : les personnages ont gardé leur caractère, leurs manies, l'atmosphère du 221 B Baker street est bien recréée, cependant les scènes se déroulent dans le Londres du XXIe siècle, avec utilisation de toutes les nouvelles technologies, tels que les textos, et un Sherlock Holmes adepte du smartphone et un Watson tenant un blog ! 

Dans "Une étude en rose", premier opus de la série, tous les ingrédients des romans et nouvelles de Conan Doyle (biographie sur le site Larousse) sont présents : suspense, génie de la déduction, humour, excentricité de Sherlock Holmes jusqu'à l'extravagance, se qualifiant lui-même de sociopathe. Une série de suicides présente des points communs mais le disparition de la valise de la quatrième victime prouve bien qu'on a affaire à un tueur en série.  Qui mieux que Sherlock Holmes pourra démasquer le meurtrier alors que la police est désemparée ?

La qualité des séries BBC ne se dément pas et l'originalité des images n'est pas étrangère à l'humour et à l'intérêt que suscite l'épisode : les textos ou les déductions de Sherlock Holmes sont ajoutés aux images à la manière des BD. Quant aux acteurs, ils sont excellents : Benedict Cumberbatch campe un Holmes maniant humour noir et intelligence, tandis que Waston joue bien le fidèle second admiratif et un peu ahuri. Le premier opus qui va à un rythme endiablé, mettant en relief le charme, la vivacité et l'élégance des acteurs aussi bien que des images, donne vraiment envie de visionner toute la série.

Les inrock en parlent, ainsi que A l'heure du thé, blog de wen, Maribel...

Série Sherlock Holmes, BBC, réalisé par Steven Moffat et Marc Gatiss, avec benedict Cumberbatch et Martin Freeman.

15 août 2011

La planète des singes, les origines de Rupert Wyatt : ISSN 2607-0006

 

planete-singes

 Pierre Boulle a écrit Le pont de la rivière Kwai et d'autres œuvres, mais celle que la postérité a retenue est La planète des singes : Jinn et Phylis, lors d'un voyage d'agrément trouve, comme dans les romans d'aventures, une bouteille abandonnée dans l'espace. Elle contient un manuscrit, l'histoire d'un journaliste, Ulysse Mérou, qui tel son ancien homonyme, va faire un voyage dans l'espace, de la terre à Beltégeuse. Deux années de voyage intersidéral représentent environ 3 siècles sur terre. Arrivée sur l'étoile Beltégeuse, l'aventure se révèle extraordinaire car la planète est presque semblable à la terre et d'une grande beauté. Là, il rencontre une femme divine mais bientôt va succéder l'horreur lorsqu'il découvre que les habitants intelligents de cette planète se révèlent être des... singes !

L'originalité de ce livre réside dans l'exploitation de la théorie de Darwin mais en sens inverse. Le livre reste crédible dans toutes les hypothèses émises dans la prise de pouvoir des singes : les hommes auraient domestiqués les singes, jusqu'au jour où capables de refaire les mêmes gestes que l'homme, ils finissent par chasser ces derniers dont la terreur et la paresse les vouent à leur perte. 

Livre de Science-fiction, il est plus proche des romans post-apocalyptiques que des romans de SF avec la création d'un monde complètement original car l'écriture est très simple et sans jargon technologique ou autres inventions pullulant dans les romans du genre. Surtout la fin réserve une double surprise, bien que préparée par certains indices dès le début du récit cadre.

Bande annonce La Planète des singes : les origines (VO)

César ou Spartacus ? La planète des singes, les origines, exploite quelques passages du livre de Pierre Boule tout en inovant sur les causes de la disparition des hommes.  Will Rodman est un scientifique qui mène des recherches sur Alzheimer testant ses produits sur les chimpanzés. César est un singe, dont la mère a reçu les injections en laboratoire, d'une intelligence hors-norme. Suite à une agression violente sur un voisin, il est enfermé dans un refuge où il subit de nombreuses maltraitances aussi bien de la part des hommes que des autres animaux. Il va alors, grâce à son intelligence, se révolter contre sa condition... 

Décevant, telle est la première impression qu'on a en sortant de ce film bien que l'intrigue tienne la route. Certes les effets spéciaux sont remarquables et on ne les remarque même pas tant les chimpanzés et autres primates du film sont réalistes et crédibles dans leurs comportements. Évidemment, beaucoup de scènes panoramiques, d'ensemble sont véritablement impressionnantes mais il en ressort que ce film reste une grosse production américaine avec beaucoup de sentimentalité - le héros a une aventure avec une jolie vétérinaire au rôle de potiche, le singe défend le père de Rodman, qui est en quelque sorte son " grand-père" parce que ce dernier est frappé par un voisin -, et beaucoup d'actions simiesques bien que les acteurs étant des singes cela change un peu : on a donc droit à la conventionnelle course-poursuite entre policiers et chimpanzés, un combat entre chimpanzés... 

Cela n'est pas mauvais, mais César a trop l'allure d'un nouveau Spartacus plein de bons sentiments et comme toujours le film pèche par un côté redondant, où tout est expliqué mille fois au cas où le spectateur n'aurait pas bien tout compris : d'où une impression de longueur. Bonne surprise, cependant, aucun des personnages n'est manichéen excepté la brute de voisin et le gardien du refuge...

Boulle, La planète des singes, Pocket, 189 p.

La planète des singes, les origines, réalisé par Rupert Wyatt, avec James Franco, Freida Pinto, 2011, 2h.

Billet de Dasola.

17 mai 2012

Les contes du jour et de la nuit de Maupassant : ISSN 2607-0006

6301550469_a2e2df71f0*Monument hommage à Guy de Maupassant, Raoul Verlet.

En lisant un article de Mariane Bury, "Maupassant pessimiste ?", je me suis posée la même question qu'elle : existe-t-il un Maupassant gai, optimiste puis pessimiste ? Deux périodes ? Non, en s'appuyant sur la nouvelle "L'infirme" et d'autres chroniques, elle démontre que Maupassant a toujours été un pessimiste... En fait, à bien regarder ses oeuvres, les deux faces, farcesque et tragique, se côtoient subtilement dans toutes ses oeuvres. Dans "L'infirme", le narrateur rencontre dans un train un ancien soldat, qui devait se fiancer à Mlle de Mandal, devenu infirme. Aussitôt le narrateur de s'imaginer dans un romanesque sentimental que l'infirme a épousé la jeune fille. Comme dans la littérature que Maupassant qualifie de " sirop", " sympathique et consolante" ( "Autour d'un livre"), la jeune fille se sacrifie car elle l'aime véritablement. Et puis une autre version lui vient, à l’opposé de la première : la jeune fille soigne ce vieux débris, dans une vie faite de misère... On nage donc en plein naturalisme. La vérité chez Maupassant sera tout autre... et plus vraisemblable.

Pendant longtemps, j'ai considéré Maupassant comme un triste disciple de Shopenhauer, modèle de tous les fins-de-siècle. Il n'y a qu'à lire "Coco", où un pauvre cheval après toute une vie de labeur devient le martyr d'un paysan brutal, cynique, dépourvu d'âme qui prend plaisir à le faire mourir de faim par cruauté gratuite... Ironie du sort, là où fut enterré le cheval - où il souffrit le supplice de Tantale- l'herbe pousse plus dru. La lecture du "Gueux" confirmera cette première vision de même que" Le parricide". Il suffit de lire Les contes du jour et de la nuit pour se rendre compte qu'il y a plusieurs suicides, morts violentes, actes cruels...

Puis après une lecture attentive, on s’aperçoit que son écriture est davantage sarcastique, la satire et la caricature n'est jamais loin : lorsque dans "Au Printemps", il met en garde les hommes contre la félonie des femmes, il écrit : "Alors ma campagne se mit à courir en gambadant, enivré d'air et d'effluves champêtres. Et moi, je courais derrière en sautant comme elle". N'est-ce pas une parodie de roman sentimental ? Et dans "Une partie de campagne", Mme Dufour est comparée à un sac : "Mr Dufour que la campagne émoustillait déjà lui pinça vivement le mollet, puis, la prenant sous les bras, la déposa lourdement à terre comme un énorme paquet". On ne pourrait mieux critiquer la petite-bourgeoisie.

Là où Maupassant est délicieusement ironique, c'est dans une chronique comme "Nos optimistes" : en réponse à une plainte d'Halévy, membre de la glorieuse Académie Française qui se se lamente de l'envahissement du pessimisme, l'auteur d'Une vie, propose quelques lois : "Art. 2 - il est rigoureusement interdit sous peine de deux ans à vingt ans de travaux forcés d'être ou de paraître malheureux, malade, difforme, scrofuleux, etc...etc... de perdre un membre dans un accident de voiture, de chemin de fer, à mois qu'on ne se déclare aussitôt satisfait de cet événement. [...].Art 8- Il est interdit à tous Français riche et bien portant de s'apitoyer sur le sort des misérables, des vagabonds, des infirmes, des vieillards sans ressources, des enfants abandonnés, des mineurs, des ouvriers sans travail et en général de tous les souffrants qui forment en moyenne les deux-tiers de la population, ces préoccupations pouvant jeter les esprits sains dans la déplorable voie du pessimiste. [...]. Art 10 - Quiconque parlera de Decazeville ou de Germinal sera puni de mort."... Maupassant pessimiste ? Pas si sûr... Je ne fais qu'effleurer quelques aspects de son oeuvre mais j'espère que ces quelques lignes vous donnerons envie de feuilleter ces chroniques et nouvelles délicieusement féroces...

Maupassant, Les contes du jour et de la nuit, folio, 233 p.

autres oeuvres : Pierre et Jean, Bel-Ami,

Choses et autres, Maupassant, qui rassemble de nombreux articles tels que " Le fantastique", Les bas-fonds", " Les soirées de Médan", " Par-delà "..., Livre de poche, 498 p.

Plusieurs sites sont consacrés à Maupassant : maupassantania.

23 mai 2012

L'art nouveau, la carte postale, partie 1 : ISSN 2607-0006

artnou1cg3Pourquoi consacrer un ouvrage à la carte postale illustrée ? La réponse nous est donnée par un journaliste anglais : "Quand les archéologues du XXXsiècle commenceront à fouiller les ruines de Londres, ils s'intéresseront avant tout à la carte postale illustrée, meilleur guide qui soit pour comprendre l'esprit de l'époque Edouard VII. Ils recueilleront et rassembleront des milliers de ces petits cartons et reconstruiront notre époque à travers les étranges hiéroglyphes et les images que le temps aura épargnés. Parce que la carte postale illustrée est un témoin candide de nos distractions, de nos passe-temps, de nos us et coutumes, de nos attitudes morales et de notre comportement." (1907, James Douglas, Préface).

Peu de livres sont consacrés à la carte postale illustrée, considérées peut-être comme un art mineur selon le crédo de l'Art nouveau qui est "l'art dans tout" et "l'art pour tous". Et pourtant ce type de message à la fois visuel et verbal marque le début de la civilisation de l'image : il est en même temps le reflet de la culture figurative et des moeurs de la société. Les artistes ont représenté aussi bien des centres artistiques comme Le chat noir ou des femmes du quotidien qu'on appelait le style " La petite femme". Les autres thématiques majeures sont le sport, les paysages avec la représentation des stations balnéaires marquant le début des loisirs de masse, tous les phénomènes marquants de la Belle Epoque. Albert Guillaume est par exemple un des " reporters graphiques" des fastes du beau monde.

Justement, produit de la société de masse, elles en reflètent les mythes, les nouveautés... Les cartes postales ont en outre un lien avec la publicité et les affiches : en 1872, elles permettent de faire la publicité pour les illustrations sur Londres de Gustave Doré. Mais les décorations ne sont pas là seulement pour la joliesse ou pour l'aspect commercial, elles représentent parfois des critiques sociales ( Théophile Steinlen) par le biais des caricatures ou pendant les guerres, elles incitaient à la souscription pour les emprunts nationaux.

Ce beau livre abondamment illustré présente des biographies à la fin de l'ouvrage, bien que lacunaires souvent, ce domaine n'ayant pas fait d'archives systématiques, et des illustrations classées par pays. Des origines de la carte illustrée aux différentes techniques d'impression, cet ouvrage montre bien qu'elle est un moyen de "propagande esthétique" selon l'expression de Steinlen. Il faut dire qu'à ses débuts, la carte postale était moins un moyen de communication qu'une affaire de collectionneurs...

images102_001

* R. Kirchner ( Autriche) et Berthon (France), "La série des chemins de fer".

L'art nouveau, La carte postale, G. Fanelli, E; Godoli, Celiv, 375 p.

challenge "l'art dans tous ses états" de Chelbylee

8 mai 2014

Memories of murder/The snowpiercer de Bong Joon-Ho : ISSN 2607-0006

Memories-of-murder1

Après avoir vu Mother, découvert son film comico-fantastique The Host, j'ai pu voir Memories of murder et j'étais bien curieuse de découvrir son dernier film The Snowpiecer.

Tout d'abord, parlons de Memories of murder. Dans les années 80, des meurtres en série sont commis en Corée. Face à ce nouveau type de crime, la police est désemparée et cumule les bévues. Dès les premières images du film, des indices sont détruits à cause de la négligence de la police et toute l'intrigue se contruit sur cette absence de preuves et la ruine psychologique des enquêteurs principaux. La police, aux moyens archaïques, emploie des méthodes peu orthodoxes, révélant la déréliction des principaux enquêteurs. Qui est l'assassin ? Trois suspects sont suscessivement arrêtés mais aucune preuve ne peut être définitivement donnée, ce qui crée une tension jamais résolue... L'arrivée d'un flic de Séoul va-t-il permettre à l'enquête de progresser ?

C'est avec beaucoup de talent que  Joon-Ho Bong arrive à ressusciter la Corée des années 80. Le film est sombre, très lugubre : dans des coloris gris ternes, nous pouvons voir se déployer une enquête sur fond rural. Le réalisateur déclare même avoir créé le genre du "thriller rural", renouvelant ainsi les films sur les sérials killers. Le désarroi grandit parmi ces policiers impuissants à attraper le criminel. C'est une oeuvre très réaliste, qui s'inpire de faits réels et qui montre un grand soin dans la reconstitution - décor, objets et costumes - de ce fait survenu en 1986. On retrouve avec l'intérêt un film où l'on retrouve l'esthétique de J-H Bong.

Memories of murder, J-H Bong, 2004, 2h10.

arton24127

Snowpiecer est une contre-utopie inspiré d'une BD, intitulé Le transperceneige de B. Legrand et Jacques Lob (1984) : dans un paysage post-apocalyptique, situé en en 2013, les derniers survivants de l'humanité essaient tant bien que mal de survivre, dans un train qui fait le tour du monde. Le réalisateur donne une vision marxiste de l'humanité avec une lutte des classe sans cesse renouvelée. Le message manichéen, lutter pour la liberté - et les scènes de combats hollywoodiens éloignent ce film de l'esthétique du réalisateur. De nombreuses scènes d'une grande cruauté - comme un combat à la hache qui paraît interminable - sont répétitives et caricaturales. Seuls les paysages enneigés sont impressionnants et grandioses. Un film d'une grande violence où l'on ne retrouve pas l'humour ni la touche esthétique de J-H Bong.

Snowpiercer, J-H Bong, avec chris Evans, Jamie Bell.

lien vers le billet de Dasola qui parle aussi de la BD.

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 > >>
Publicité
1001 classiques
Newsletter
62 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 501 878
Publicité