C'est avec Tokyo express, écrit en 1958, que Seichô Matsumoto devient célèbre. La quatrième de couverture résume bien (malgré des inexactitudes) ce roman policier, presque comiquement avec ses racourcis : "Un double suicide d'amoureux et une sordide affaire de corruption. Un meurtrier très méticuleux et une enquête bien embrouillée qui pourrait ressembler à première vue à une visite touristique dans tout le Japon. Dans les bars de ToKyo, l'inspecteur Mihara découvre des pots-de-vin et la vérité au fond d'un verre. Dans les trains, de Kamakura à Hokkaido, il y a de curieux pressentisements devant un paysage de chiffres et apprend aussi la posésie japonaise dans un annuaire des chemins de fer".
Tokyo express est une sorte de whodunit où - comme chez A. Christie - les trains ont une grande importance. L'énigme est si complexe et alambiquée que régulièrement l'inspecteur Mihara fait des schémas pour y voir plus clair et aider le pauvre lecteur... L'intrigue prime sur tout le reste, y compris les sordides magouilles politiques. C'est donc un roman policier conventionnel, juste distrayant, même si la forme et le fond ne sont pas mauvais.
Matsumoto Seichô, Tokyo express, Clamecy, Avril 2020, Picquier poche, 189 p.
Illustration du Point zéro © Shin Mishô
En revanche, avec sa jolie couverture d'Atiger, Le point zéro écrit l'année suivante, en 1959, est une histoire policière qui prend une toute autre dimension. L'intrigue y est toujours aussi complexe avec des disparitions, des meurtres, des changements d'identité multiples. Mais les personnages sont plus développés et l'auteur y a inséré l'histoire de l'après-guerre au Japon.
L'histoire se déroule dans les années 1960, à Tokyo mais aussi dans le Kanazawa enneigé (l'édition 10/18 contient quelques illustration de Shin Mishô, extrait de l'édition japonaise) : une jeune femme Teiko vient de se marier, grâce à un entremetteur, avec un homme qu'elle connaît à peine. Une mois après leur mariage, il disparaît. La courageuse et obstinée veuve décide d'aller à Kanazawa où son mari travaillait comme employé d'une agence publicitaire. Aidée d'un collègue de son mari, puis de son beau-frère, elle découvre peu à peu la vie de son mari et cette région japonaise...
Dans ce roman, l'énigme policière est captivante mais on retient aussi le discours sur le mariage arrangé, la place des femmes dans la société japonaise et leur rôle dans l'après-guerre. D'ailleurs l'héroïne, tout en étant discrète, mene intelligemment son enquête. Comme Teiko erre souvent seule dans la région de Kanazawa, on découvre avec elle le quotidien des habitants et une atmosphère hivernale baignée de mélancolie. Un excellent roman policier !
Matsumoto Seichô, Le point zéro, 10/18 grands détectives, France, juillet 2020, 287 p.
Participation au challenge un mois au Japon organisé par Lou et par Hilde (LC : un roman des éditions Picquier)
Sur le web : billet de Rachel
Une société bien moins lisse et disciplinée qu'elle ne s'affiche, un Japon ambivalent voire ambigu derrière la façade harmonieuse : le terreau est connu, irrigue la production artistique nipponne de l'après-guerre. Dont, logiquement, ce capteur sismique de l'époque qu'est censé être le roman noir.
https://www.liberation.fr
C'est l'histoire d'un antique fief de samouraïs que l'arrivée du train à grande vitesse propulse dans la modernité. Depuis mars 2015, deux heures et demie de Shinkansen (le TGV japonais) séparent Tokyo de Kanazawa, divisant par deux la durée du voyage.
https://www.lexpress.fr
Jardin de Kenroku-en https://fr.visitkanazawa.jp/mustgoplace/touristspot/area1/1