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1001 classiques
6 mai 2020

Né d'aucune femme de Franck Bouysse : ISSN 2607-0006

 

Né d'aucune femme

 Quelle surprise en commençant l'écoute de ce livre ! Quel mystère ! Né d'aucune femme de Franck Bouysse est proche de certains  romans de Giono - Les âmes grises ou Un roi sans divertissement - par ses thématiques et par ses choix narratifs.

Une femme meurt dans un asile, laissant des cahiers cachés sous sa jupe. Que vont-ils révéler au prêtre venu donner les derniers sacrements. Ces écrits laissent deviner l'existence d'une servante d'une quinzaine d'années abusée par son maître et brutalisée par la mère de ce dernier. La femme du maître des lieux est allitée et cachée. Que lui est-il arrivé ? Heureusement, la jeune paysanne trouve du réconfort auprès du palefrenier, bâtard, demi-frère du maître, dont la femme Rose est aussi absente... 

Tout ceci nous le découvrons à travers différents narrateurs, dont les destins se combinent pour retracer leurs histoires, même si des pans de l'histoire restent cachés, et qui n'ont pas la même importance : la mère de la jeune servante prénommée Rose se faire entendre rarement alors que celle sa fille prend beaucoup d'importance. On n'entend pas celle du maître mais un peu celle de sa mère... Tous ces points de vue sont bien différenciés par les alternances de voix entre Cachou Kirsh et Simon Duprez, qui lisent selon le sexe du personnage. Ils arrivent, en outre, à mettre assez d'intonation pour faire ressentir la détresse du père de Rose, puis sa détermination ou la souffrance de la jeune fille lorsqu'elle est maltraitée par le maître.

On pourra reprocher à ce roman d'être prévisible et de manquer de profondeur. Le style, qui imite le parler d'une personne sans éducation, est réaliste mais assez pénible à entendre... Excepté montrer la nature humaine sous ses aspects les plus sombres, ce fait divers repose essentiellement sur le suspense que l'auteur a su savamment orchestrer.

 Né d'aucune femme de Franck Bouysse lu par Cachou Kirsch et Simon Duprez, Audiolib, 1 CD, 9h03, France, septembre 2020.

Prix Audiolib 2020. Autres romans écoutés pour le prix Audiolib 2020 : Le bal des folles de V. Mas, Ici n'est plus ici de T. Orange, Dans la forêt de J. Hegland,  Girl d'O Brien, Vie de Gérard Fulmard d'Echenoz

Sur le web : billet de Manou, Karine,

 

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1 novembre 2020

Soirée pop-corn # 1 spécial Halloween : ISSN 2607-0006

halloween1Missycornish propose une sélection de films d'horreur à voir le soir d'Halloween. En ce lendemain d'Halloween, nous nous retrouverons pour vous proposer d'autres films que nous aurions visionné sur cette thématique. Les soirée pop-corn deviendront un rendez-vous mensuel organisé avec Missycornish.

Et vous quelle a été votre sélection pour la soirée d'Halloween ? Vous pouvez découvrir la sélection de Missycornish ici. Quant à moi, je vous propose de découvrir, revoir  ou d'éviter 2 films et une série : Izombie, Relic, Peninsula.

 Relic ressemble à s'y méprendre à un film d'horreur, en empruntant toute la codification propre au film de genre  mais c'est pour nous surprendre par son message final délivré : une vieille femme a disparu. Sa fille et sa petite fille sont aussitôt appelées pour enquêter sur cette mystérieuse disparition. C'est l'occasion pour ces deux femmes de prendre conscience de la relation qu'elles entretiennent avec leur aïeule. Sa fille se reproche son éloignement et sa petite fille tente de se rapprocher de la vieille femme revenue tout aussi mystérieusement.

Pusieurs scènes métaphoriques filant les images du pourrissement et de la dégradation de la maison notamment, montrent bien que le véritable sujet est la vieillesse. Certes, la maison semble devenir labyrinthique, envahie par des créatures étranges mais elle symbolise la psyché des personnages.

On peut se demander à qui s'adresse ce film : un public adolescent trouvera l'atmosphère horrifique trop atténuée tandis que le grand public sera peut-être rebutée par l'aspect glauque enveloppant la réflexion sur le passage du temps... Les dernières images sont vraiment terribles et sans être un film inoubliable, la réalisatrice a su créer un film hybride bien ficelé.

Relic, 2020, de Nathalie Erika James, 1h29, avec Emily Mortimer, Robyn Nevin, Bella Heatcote

 Cette suite de l'excellent Dernier train pour Busan, est très décevante ! Dans la Corée du Sud, envahie par les zombies, un groupe de 4 personnes, dont un ancien militaire, qui a perdu sa soeur et son neveu, tués par des zombies, cherchent à récupérer un magot caché dans un camion. Cela donne lieu à des courses poursuites folles, des combats avec les créatures infectées mais aussi d'autres survivants devenus psychotiques... Un autre arc est développé autour d'une famille de rescapés, qui survivent joyeusement dans ce chaos.

Malheureusement, le réalisateur a usé de multiples références à d'autres films d'actions comme Mad Max : Fury road pour les courses poursuites en voiture, à des cinématiques de jeux vidéos pour les tueries de monstres qui n'embellissent pas son film. Ce long métrage, avec ses très beaux éclairages et décors, manque d'humour, d'originalité et de développements des caractères personnages, auxquels on n'arrive pas à s'attacher alors que le scénario est conçu pour créer des situations pathétiques. Regardez Dernier train pour Busan mais pas ce film de série B  ! Quand on sait que ce film a été sélectionné à Cannes, on se demande bien pourquoi...

Peninsula, 2020, Yeon Sang-ho avec Dong-won Gang, Do-Yoon Kim. 

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Peninsula de Yeon Sang-ho

 IZombie est une série policière classique avec des enquêtes sur des disparitions de jeunes délinquants. Ce qui est moins traditionnel, c'est le personnage de la légiste, Liv, qui est en réalité une morte-vivante. Après une fête, sur un bateau qui va faire naufrage, où une drogue a "zombifié" les convives, Liv se réveille en ayant faim de... cerveaux humains. Lorsqu'elle ingère ces cerveaux, elle adopte la personnalité de ses victimes, ce qui lui permet de venir en aide au commissaire Clive Babineaux.

Izombie n'est pas horrifique car les scènes de meutres se déroulent souvent hors-champ et le scénario repose sur des dialogues et des  scènes comiques. Ravi, l'autre légiste, est un mème vivant ! Il est fou de joie d'avoir un zombie à étudier à proximité et mène joyeusement une quête d'un sérum pour empêcher la zombification de sa collègue. Cette dernière, outre le fait de ne plus avoir besoin de se déguiser le jour d'Halloween, prend conscience de la fragilité de la vie, mène une réflexion sur sa vie antérireure et va commencer un combat contre des zombies beaucoup plus belliqueux... Une saison 1 très réussie !

Izombie,de Rob Thomas, Netflix,  saison 1, avec Rose McIver, 2015

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Participation au challenge Halloween organisé par Lou et Hilde

 

21 avril 2022

Mai la rage d'une mère d'Atul Mongia : ISSN 2607-0006

Mai la rage d'une mère est une série indienne violente. Vous ne trouverez pas de saris colorés, de musiques bollywoodiennes dans cette série à l'ambiance de thriller. Corruption et criminels hantent cette histoire qui repose sur des trahisons, des meurtres et du blanchiment d'argent.

  Une femme timide, Sheel, s'aperçoit que sa fille muette se comporte de manière étrange : lorsque cette dernière veut lui expliquer ce qui la préoccupe, elle est percutée par un camion et meurt sans pouvoir parler... Après le procès du chauffard, celui-ci fait des déclarations qui allertent la mère : il ne voulait pas tuer sa fille. La mère endeuillée, surnommée "Mai" par sa fille, décide de mener une enquête... Tout autour d'elle, évoluent les forces spéciales de la police, deux couples de malfrats, une ancienne taularde qui a tué son mari qui la battait, une belle-famille riche mais terrifiante... qui est le coupable ?

En menant son enquête avec obstination, elle va se révéler être meilleure que James Bond dans tout ce qu'elle entreprend même si elle commet de nombreuses erreurs (Et oui, n'est pas Sherlock qui veut) : elle, si douce, grimpe les murs des jardins pour rentrer illégalement dans des propriétés, vole des produits pharamaceutiques, torture une criminel, en assomme un autre... Mais peut-on faire justice soi-même, même si la justice est elle-même corrompue ?

Le suspense est vraiment prenant ! Comme le dit si bien la fille de Mai, rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir. Et c'est donc éclairé d'une lumière jaunâtre, dans des scènes souvent noctures, grises, et tristes que se déroulent la plupart des scènes de cette série en 6 épisodes de 45 minutes. Des pluies de morts et de retournements de situations viennent rythmer chaque épisode qui commence toujours sur un retour en arrière : et c'est là que le spectateur comprend réellement qui sont les personnages tous nuancés... et voir l'ampleur de la corruption dans la société, la place des femmes dans la famille, de la violence dans le système indien. Une efficace série policière indienne mais au visuel trop académique...

274536042_4937182766373437_4794930244502068578_nMai, la rage d'une mère, Netflix, 2022, Atul Mongia

Participation "Ecrans" au challenge Les étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine

13 septembre 2009

Acide Sulfurique d'Amélie Nothomb : ISSN 2607-0006

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J'avais déjà lu Attentat qui m'avait fortement déplu. C'est donc, sans enthousiasme, que j'ai commencé ma lecture... "Concentration" est le nom d'une émission de télé-réalité, conçu sur le modèle des camps nazis. Le groupe des prisonniers est constitué par des gens enlevés dans la rue, lors de "rafles". Pannomique, paléontologue, se retrouve ainsi dans les rangs des victimes. Zdena, véritable brute, est recrutée comme Kapo. Ces deux personnages vont s'affronter devant les caméras...

Dès les premières pages, le ton est donné : l'idée de faire un jeu de télé-réalité reproduisant un camp de concentration semble plutôt malsain. Puis au fil du jeu, on perçoit différents aspects des mécanismes de l'émission, tous plus vils les uns que les autres : la course à l'audimat, la dictature de l'argent, du scandale et l'attrait de la violence. 

Comme vous l'avez compris, ce livre m'a fortement ennuyé. Le style y est déplaisant : mots vulgaires, dialogues plats, aucune profondeur psychologique des personnages... Le thème de la télé-réalité, est un thème racoleur qu' A. Nothomb traite de manière manichéenne, tout en emphase et de manière grotesque.

15 février 2010

Virginia Voolf par Alexandra Lemasson : ISSN 2607-0006

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Comment retranscrire la complexité de la vie d'un écrivain ? C'est le pari que Lemasson relève en écrivant une biographie sur une des romancières les plus célèbres d'Angleterre, dont la légende est déjà construite de son vivant : considérée comme une femme futile pour certains ou une névrosée suicidaire pour d'autres, V. Woolf a une réputation d'auteur difficile et excentrique.
La quatrième de couverture esquisse le portrait d'une femme légère et mondaine : " J'aime boire le champagne et devenir follement exaltée. J'aime partir en voiture vers Rodmell dans la chaleur d'un vendredi soir et manger du jambon, et être assise sur ma terrasse et fumer un cigare avec un hibou ou deux". V. Woolf (1882-1941) fut une femme aux vie multiples : partagée entre Londres et sa retraite du Sussex, rompues aux mondanités comme à la solitude, attentive aux petits miracles quotidiens et bousculée par la folie". Il ne reste pas une trace de cette légèreté dans le reste de la biographie où A. Lemasson retrace, de manière chronologique, la vie de Virginia  Woolf.
Elle égrène ainsi les événements marquants de la vie de la romancière : l'enfance heureuse à Saint Yves, puis endeuillée par la mort de sa mère et de son frère et plus tard celles de sa demi-soeur Stella et de son père. Libéré de l'autorité de son père, elle commence à écrire et publier. S'ensuivent la description de son mariage et des différentes rencontres, qui ont jalonné sa vie, la création du groupe du Bloomsbury, tout en tissant un lien entre sa vie et ses oeuvres.
Lemasson cherche à faire un travail objectif et s'appuie sur l'autobiographie Une esquisse du passé de V. Woolf pour raconter les sentiments de l'auteur mais aussi pour justifier son suicide par lequel elle aborde ce récit de vie. Ce n'est ni une hagiographie, ni une réhabilitation mais un portrait qui se veut nuancé, tordant le cou à la légende noire qui faisait de V. Woolf une folle. Cependant, si ce portrait d'une femme sous l'ère victorienne insiste sur sa folie pour mieux montrer son courage à affronter la réalité, il me semble que cette biographie reste très sombre et que Lemasson détaille trop les deuils et la maladie qu'a affrontés V. Woolf. Qui est V. Woolf ? A cette question, A Lemasson, dans son prologue, répond : "Qui l'a lue ? Beaucoup moins. Il faudrait donc commencer par ses livres sans avoir jamais entendu parler de sa vie." Cette biographie permet d'appréhender la vie de cet auteur dans son ensemble, dans une écriture agréable, mais suivons donc ce conseil et lisons plutôt l'auteur de Mrs Dalloway....
Une lecture tout de même enrichissante, lue dans le cadre du challenge Virginia Woolf

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24 août 2011

Le crayon du charpentier de Manuel Rivas : ISSN 2607-0006

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Né en Galice en 1957, Manuel Rivas est un journaliste, essayiste et nouvelliste. Il a aussi écrit Le crayon du charpentier : quel livre ! Quelle émotion en refermant ce roman et tout au long de la lecture ! Quelle belle écriture !

Mais quel est le thème de ce livre ? Le début paraît un peu confus : un journaliste Da Sousa vient interviewer le docteur Da Barca qui est mourant. Une jeune prostituée Marisa Da Visitaçao, dans un bar, évoque son patron, un certain Herbal. Un narrateur  - on découvrira qu'il s'agit d'Herbal - raconte comment il a tué un peintre anarchiste, un peintre " qui peint des idées". Puis à nouveau Herbal prend la parole pour raconter sa vie peu banale : garde civil, il a exécuté des condamnés politiques sous le régime de Franco. C'est là qu'il fait la connaissance du docteur Da Barca et du peintre à qui il prendra le crayon de charpentier. Ce crayon a un rôle très important : il parle à l'oreille d'Herbal qui peu à peu au contact de cette voix va s'humaniser...

J'ai aimé l'histoire sentimentale entre Da Barca et Marisa Mallo, un amour plus fort que les préjugés sociaux, qui traverse le temps et surmonte l'horreur de la guerre, de la torture...

J'ai aimé Les personnages, si bien décrits, si vivants, jamais manichéens avec des personnages très différents et parfois très beaux -  comme la mère supérieure Izarne, forte et courageuse - et la reconstitution historique et sociale en arrière fond : l'auteur évoque aussi bien la Santa Compana, le porche de la gloire de Saint-Jacques de Compostelle, que le rôle des paseadores. Il décrit aussi la vie dans ces prisons de La Corogne sous Franco, évoque le rapprochement avec les nazis, les cris de colère du peuple qui ne veut pas se laisser piller alors que les leurs sont morts pour la guerre... Surtout le personnage d'Herbal est remarquable : personnage veule, délateur et lâche, il progresse subtilement au fil de ses rencontres et grâce à la voix intérieure du peintre : " Mais si je m'arrête un instant, si je parviens/ à fermer les yeux, je les sens à mes côtés/ Une nouvelle fois, ceux que j'ai aimés : ils vivent à l'intérieur de moi..." (Antero de Quental, p. 228)

J'ai aimé dans ce livre l'écriture qui mélange surnaturel et réel historique, mais sans tomber dans la tonalité fantastique. L'écriture est plus que plaisante, c'est une belle écriture mélangeant les pensées rustres d'Herbal - qui en faisant un rapport sur Da Barca, écrit leçon d' "autonomie" avec un cadavre - aux idées élevées, artistiques du peintre, aux mots pleins de générosité et de courage de Da Barca... Finesse de l'écriture et même l'humour et l'ironie sont discrets. L'écriture est absolument magnifique, même pour évoquer l'horreur ou la maladie :"il suffit d'observer son visage maigre et pâle, ses joues légèrement rose. Les reflets de sa transpiration alors que cet amphithéâtre est on ne peut plus glacial. La mélancolie de son regard. Sa beauté phtisique." ( p. 56) Il est aussi beaucoup question de peinture et le récit est émaillé citations. " Parler est un moyen de conjurer le sort", " la douleur fantôme", autant de thèmes qui font la richesse de ce livre....

Rivas, Le crayon du charpentier, Folio, p. 231

21 janvier 2012

Robinson Crusoe de Daniel Defoe : ISSN 2607-0006

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Le buttler de Pierre de Lune de Wilkie Collins ne jurait que par Robinson Crusoe et Rousseau lui donnait une place prépondérante dans sa bibliothèque dans l'Emile. Et on comprend mieux à sa lecture pourquoi. Tout d'abord un petit mot sur la nouvelle traduction : même si vous n'avez pas lu la version originale, on vous explique que nombre de passages sont souvent coupés. Ici, ce n'est pas le cas. En outre, Françoise sorbier a fait un effort pour rester fidèle à la dynamique écriture - sans anachronisme - de Defoe : point de vocabulaire affecté comme dans certaines versions, point de simplification. Cette version se veut fidèle.

Effectivement le dynamisme de l'écriture transparaît dans cette succession d'actions : Robinson, bourgeois de la classe moyenne, pour avoir désobéi à son père, est sauvé miraculeusement de trois naufrages et de l'esclavage dans lequel il est tombé près des côtes africaines. Mais ce n'est pas le moindre de ses problèmes. Lorsqu'il échoue sur une île déserte, il doit tout faire par lui-même : fabriquer son pain, des paniers, des tentes... et ses vêtements. Il n'y a ausun répit pour Crusoé, de même que pour le lecteur...

"Il n'est jamais trop tard pour être sage". Véritable odyssée humaine, Robinson passe par toutes les étapes de la civilisation. Elle se double d'une odyssée métaphysique et philosophique : il réfléchit sur ses erreurs et sa situation, relativisant ses malheurs et les valeurs de la société : " tous les tourments que nous souffrons à cause de ce qui nous manque me paraissent venir d'un manque de gratitude pour ce que nous avons". Lui qui a participé à la traite des nègres devient l'ami d'un sauvage. Ce livre est une belle réflexion autour de la nature et de la civilisation, non sans humour : même dans le désarroi, Robinson se croit gouverneur de son île, se construit une résidence secondaire. Bien qu'il n'y ait personne pour le voir, ce qu'il souhaite le plus au monde sont des bas et des chaussures anglaises. Inspiré d'une histoire vraie, celle d'un marin Selkirk, Robinson Crusoe est une invitation au voyage ; c'est un héros à redécouvrir, malgré des inventaires un peu longs, mais moins pénibles que celle d'une autre Odyssée...

 Daniel Defoe, Robinson Crusoe, Nouvelle traduction de Françoise Sorbier, Edition Albin Michel, p 432.

Merci pour ce partenariat à Ys et Newsbook !

31 mai 2014

Au mois de juin 2014... : ISSN 2607-0006

Que s'est-il passé au mois de mai ? Grâce à Eva, j'ai repéré cette exposition au musée des arts décoratifs sur Dries von noten, un styliste belge.... Titine, quant à elle, a vu Robert Adam au jeu de paume, Adam, un photographe américain qui saisit les vastes étendues de l'Ouest américain tout en montrant l'évolution de ces contrées au contact des hommes. Autre belle exposition, Il était une fois l'Orient Express est détaillée par Dasola.

En avance sur le mois anglais, Agnes a lu Bienvenue au club de Coe et la maison du sommeil. Quant à Keisha, elle a lu le dernier Coe, Expo 85. Je souhaite lire Les mémoires d'Adrien : Niki en parle ici. Luocine a lu le manoir de Tyneford de N. Solomons qui me tente fort.

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Pour celles qui ne l'aurait pas marqué d'une pierre blanche, c'est le retour du mois anglais : j'ai commencé la lecture de La foire aux vanités, tout en craignant de ne pas finir à temps..., et une LC est prévue le 11/06 avec Claudia : Comme il vous plaira de Shakespeare. Vous pouvez vous joindre à nous ! D'autres LC sont prévues que vous pouvez consulter sur les sites des organisatrices : Titine, Crissylda et Lou.

 

Inglourious Basterds Official Trailer #1 - Brad Pitt Movie (2009) HD

Rapidement, j'évoquerai deux films de Tarantino, qui sait déjouer les codes et les genres cinématographiques. Dans Inglorious Bastards, il renouvelle, sur un rythme trépidant, les films de guerre alliant savamment humour, actions avec les " bastards" qui luttent contre les nazis, rencontrent une espionne allemande... Une deuxième intrigue plus sentimentale s'insère dans cette trame, avec l'histoire de Shosanna dont la famille a été exterminée par des nazis et qui mène une vengeance toute personnelle, le tout sur un rythme explosif.

Tarantino a vraiment l'art de traiter de thèmes sérieux tout y mêlant de l'action et de l'humour. Dans Django unchained, sur fond de musique entrainante, on suit la trajectoire spectaculaire d'un esclave nommé Django : ce dernier est devenu un homme libre grâce à un chasseur de prime, Schultz. Il recherche sa femme qui est esclave de l'abominable Calvin Candie.  On y découvre un di Caprio plein d'une rare cruauté. L'humour - notamment une scène inoubliable où Django apparaît vêtu d'un costume très théâtral - n'enlève rien à la dénonciation de la traite des noirs, montrée à travers des images parfois insoutenables. Tarantino revisite d'une excellente manière le genre du Western...

Inglorious Bastards, Tarantino  avec Brad Pitt, Mélanie Laurent, 2009.

Django unchained, 2013, Tarantino, Jamie Foxx, di Caprio.

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Mes derniers achats : Jack Rosemblum rêve en anglais et Le manoir de Tyneford ! Merci Soie pour le deuxième opus des aventures de Nigel Barnes, Depuis le temps de nos pères. J'ai aussi acheté La maison des miroirs de Connolly, L'équipage de kessel, L'auberge rouge de Balzac et Escadrille 80 de Roald Dhal.... Bonnes lectures à tous et bon mois anglais !

6 juillet 2018

Selfies, La septième enquête du département V, Jussi Adler-Olsen : ISSN 2607-0006

Selfies

 "Corrosif", "acerbe", "caustique" sont des adjectifs qui pourraient qualifier la septième enquête du département V. D'emblée nous sommes projetés dans la vie d'une assistante sociale, qui décide de tuer de jeunes filles belles, oisives, profitant de l'aide sociale. Sa haine et sa lucidité - ce qui est une caractéristique qui s'étend à tous les personnages - la métamorphose en meurtrière. L'une des jeunes filles, Denise, est en conflit avec sa grand-mère, qui est tuée dans des circonstances mystérieuses. C'est sans compter l'équipe du département V, qui fait le lien avec une ancienne affaire criminelle. Pendant ce temps, Rose, la secrétaire du département V, sombre progressivement dans la folie tandis qu'Assad, parle de moins en moins de chameaux et de mieux en mieux le danois, ce qui prive d'humour le récit...

Lentement, les pièces du puzzle vont s'emboiter vers un dénouement permettant la résolution des multiples affaires suivies par les enquêteurs habituels, Karl Morck, Hassad et Gordon. L'ensemble est somme toute assez banal. Cependant, la différence majeure, dans le style de Jussi Adler Olsen, est le refus de toute idéalisation et de l'hypocrisie sociale. Les monologues intérieurs révèlent des pensées abjectes, pas politiquement correctes. On est loin des personnages policés et lissés du genre romanesque : les personnages sont vils et cyniques, l'auteur développant leur intériorité à outrance, écrivant ainsi un roman quelque peu bavard.

Quant au titre, il est assez trompeur : ne vous attendez pas à une trame policière tournant autour des réseaux sociaux. Les médias ont une place assez réduite. C'est plus la dimension sociétale du système social, qui est mis en exergue, même si une équipe de reporters veulent à tout prix filmer les enquêteurs, évidemment dans un but sensationnaliste, au grand désespoir de Morck, le cynique ( ou est-ce l'auteur qui l'est ?).

Cette histoire est lue talentueusement par Julien Chatelet, qui rend supportable les longs dialogues, une certaine vision décapante de la société danoise et la lenteur de l'intrigue foisonnante ( car il est aussi question d'un braquage, d'un meurtre peut-être commis par Rose, d'un ancien nazi, d'adultère etc...). Vous pouvez écouter un extrait ici.

Selfies, Jussi Adler-Olsen, Audiolib, lu par Julien Chatelet, 16h05.

Autres romans : Promesse

Partenariat Audiolib.

22 juillet 2019

Louis Lambert de Balzac : ISSN 2607-0006

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http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-classique/Louis-Lambert-suivi-de-Jesus-Christ-en-Flandre-et-de-Les-Proscrits

"Louis Lambert", "Les proscrits" et "Jésus-Christ en Flandre" sont tous trois des récits appartenant aux études philosophiques. Alors que dans "L'auberge rouge" ou "L'élixir de longue vie" Balzac enveloppe les idées dans un matériau romanesque, Louis Lambert décrit surtout le spiritualisme du personnage éponyme. Le narrateur raconte la vie de ce pauvre garçon, dont la faculté de "voyant" (p. 34) l'empêche de s'intégrer dans l'école, ladite école décrite ennuyeusement sur plusieurs pages.

Remis dans son contexte, ce court récit fait écho aux théories de l'époque comme celles de Mesmer ou de Swedenborg. Mais quelle aridité ! Toutes ces théories longuement développées  paraissent complètement farfelues : "peut-être sommes-nous tout simplement doués de qualités intimes et perfectibles dont l'excercice, dont les développements produisent en nous des phénomènes d'activé, de pénétration, de vision encore observés [...] Il est si commode de déifier l'incompréhensible" (? p. 73) ou "si les apparitions ne sont pas impossibles, disait Lambert, Elles doivent avoir lieu par une faculté d'apercevoir les idées qui représentent l'homme dans son essence pure, et dont la vie, impérissable peut-être, échappe à nos sens extérieurs, mais peut devenir perceptible à l'être intérieur quand il arrive à un haut degré d'extase ou à une grande perfection de vue" (p. 84). J'ai abandonné cette nouvelle : Balzac est meilleur historien des moeurs que mystique.

Dans "Les proscrits", les portraits et le récit sont plus traditionnels. On nous décrit un étrange vieillard - " Il était vraiment impossible à tout le monde, et même à un homme ferme, de ne pas avouer que la nature avait départi des pouvoirs exhorbitants à cet être en apparence surnaturel" (p. 189) -  et son disciple allant chaque jour dans une célèbre école parisienne où ils écoutent les théories mystiques du docteur Sigier. Qui sont ces deux étrangers bannis ? Construite comme une nouvelle à chute, "Les proscrits" ne révèlent qu'à la dernière page l'identité de ce vieillard déclarant avoir survolé les abîmes...

Quant à "Jésus-Christ dans les Flandre", ce récit ressemble à une nouvelle fantastique abordant le thème de la croyance. Dans une première partie, le narrateur transmet une chronique répétée par les conteurs, dans laquelle plusieurs personnages de différentes catégories sociales, embarqués dans un bâteau affrontent une tempête. Quel sort vont connaître les différents passagers ? Après une fin édifiante, brusquement, au paragraphe suivant, le narrateur nous fait part de ses sentiments, de son désespoir. Une femme  - qui devait "être récemment sortie d'un cimetière" (p. 246) - vient le chercher pour lui faire une révélation, elle aussi édifiante. Le récit du narrateur présente un synchrétisme assez curieux : tout semble annoncer des thèmes romantiques avec un héros mélancolique, avec des objets qui prennent vie et avec une apparition surnaturelle mais qui aboutissement à un récit allégorique. La construction atypique s'explique par la genèse de ce récit : "Jésus-Christ en Flandre" est né de la fusion de deux textes ( Notice p. 274). Ils illustrent tous deux, de manière symbolique, la force de la foi.

Ce recueil disparate semble assez éloigné du romanesque de La comédie humaine mais est à lire pour découvrir un autre pan de l'oeuvre balzacienne.

LC. Après une pause en août, nous reprendrons les LC le 22 septembre avec le roman Ursule Mirouët.

Balzac, Louis Lambert, suivi des Proscrits et Jésus-Christ en Flandre, Folio, avril 2014, 303 p.

La comédie humaine :

1. Scène de la vie de province : Eugénie Grandet; Le cabinet des antiques

2. Scène de la vie parisienne : "La maison Nucingen", " Pierre Grassou", La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais

3. Etude philosophique : "Louis Lambert", "Les proscrits", "Jésus christ en Flandre" "L'élixir de longue vie", La peau de chagrin; L'auberge rouge, L'Elixir de longue vie

4. Scène de la vie privée :"Le bal de Sceaux", Mémoires de deux jeunes mariées, Le père Goriot, La bourse, Gobseck, Le colonel Chabert

5. Scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée

25 octobre 2021

book selection : ISSN 2607-0006

PAL

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🎃 Voici ma PAL infernale ! J'ai déjà lu quelques livres, dont certaines lectures datent de l'année dernière, mais que je n'avais pas encore chroniquées...
🎃On peut voir un petit paper toy fantome en décoration : @hildelle proposait sur son blog un Cthulhu tellement mignon que j'ai voulu aussi en faire un. Malheureusement, il était monstrueusement raté. Je me suis rabattu sur un modèle simplicime...
🎃Clin d'œil à @carfeix_henecia_blogue qui a déjà parlé de cette gamme de produits de beauté sur son insta : j'ai aussi mis, en haut de la PAL, un masque sous la douche de body shop spécial pumpkin. C'est un masque exfoliant et nettoyant qui est à 96 % d'ingrédients d'origine naturelle. On sent une grande fraîcheur quand on l'applique sur la peau et ça sent vraiment l'odeur de citrouille ! Je ne sais pas si cela est vraiment efficace car je l'utilise depuis peu. En revanche, je n'ai pas pris la crème pour les mains car l'odeur de vanille est très forte...

bingo

Participation fantome, écologie, diy, book selection du 

haunted halloween bingo organisé par Lou et Hilde.

Billet récapitulatif ici.

18 février 2010

L'hôtel hanté de Wilkie Collins : ISSN 2607-0006

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 W. Collins, quel maître du suspense ! Voici la quatrième de couverture :
" Fiancée humiliée, veuve manipulatrice et soumise évoluant dans une famille en apparence respectueuse des usages de la haute société victorienne... Qui est vraiment la comtesse de Narona ? Une intrigante prête à tout pour toucher une prime d'assurance sur la vie de son époux, ou bien la victime de craintes superstitieuses sur laquelle le destin semble s'acharner ? Entre Londres et Venise, Collins campe des personnages facettes multiples et complexes qui seront consciemment ou non, les complices d'une mort naturelle qui ne tardera pas à être suspecte. Un des grands romans de Wilkie Collins !
Wilkie Collins (Londres, 1824-1889) est incontestablement, dans la littérature victorienne, le maître de la déduction littéraire. Ses oeuvres essentielles (Armadale, La dame en blanc, Pierre de lune...) sont toutes parsemées d'emprunts aux faits criminels, son talent s'épanouissant dans des intrigues d'une grande complexité, mais aussi dans la maîtrise et la finesse de ses portraits psychologiques".

Admirez aussi la splendide couverture : Saint Cecilia de Watherhouse. Cette quatrième de couverture tient ses promesses : les premières pages du roman suscitent mille questions. Qui est cette femme dont on s'interroge sur sa santé mentale ? Est-ce une folle ou une femme superstitieuse ? Le docteur Wybrow apprend rapidement son identité, c'est la comtesse de Narona. Elle aurait volé le fiancé d'Agnès Lockwood, Lord Monbarry. Elle a une réputation d'aventurière et un frère joueur, le baron Rivar. A la mort de Lord Monbarry, la compagnie d'assurance enquête pour savoir si sa mort est naturelle ou si un meurtre a été commis avant de verser la prime d'assurance du lord. De plus, le courrier, Mr Ferraris, a mystérieusement disparu... Agnès, la fiancée délaissée, une des anciennes élève Mme Ferraris, Henry Westwick, frère du Lord et la comtesse de Narona ont des rôles importants et dramatiques à jouer dans cette intrigue captivante, qui nous emmène de Londres à Vienne.

Des fantômes, un peu d'ésotérisme, des meurtres et de nombreux rebondissements, notamment un dénouement spectaculaire et des plus originaux, caractérisent ce roman où le lecteur est assailli sans cesse par de nouvelles interrogations. A cette intrigue passionnante, s'ajoutent des commentaires caustiques du narrateur, sur les moeurs des Français ou des Italiens, s'opposant à la prude Angleterre, et qui égratignent aussi ses personnages : "les autres femmes, élevées suivant les préceptes et les habitudes modernes, en entendant parler d'une semblable conduite, eurent naturellement pour Agnès du dédain plein de compassion. A partir de ce moment elles ne parlaient d'elle que comme d'une personne "des temps jadis", curieux spécimen des vertus des vieux âges".
Une fois commencé la lecture de cette intrigue passionnante tournant autour de la mort et de la folie, de personnages mystérieux comme des sphinx et typiquement, on ne peut plus lâcher ce roman. Un roman fascinant et  un auteur merveilleux !
Collins, L'hôtel hanté, Edition de l'aube, 278 p.  (Challenge Wilkie Collins addict, de Cryssilda)

4 mars 2010

Toute passion abolie de Vita Sackville-West : ISSN 2607-0006

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"Leonard et Virginia Woolf disaient de ce livre en 1931 qu'il était le meilleur de Vita Sackville-West. Elégance folle, finesse et charme rétro". Une pareille remarque ne peut qu'aiguiser la curiosité. Dans ce roman, on découvre la destinée de Lady Slane qui commence à revivre, à partir du jour où son mari meurt : véritable mythe vivant, vice-roi des Indes, membre du parlement, Lord Slane est une légende vivante mais, qui a ainsi relégué dans l'ombre sa femme, pendant toute sa vie. Femme dévouée, celle-ci élève leurs quatre enfants, Kay, Edith, Charles et Carrie, suivant son mari dans tous les coins du globe et surtout abolissant sa passion pour la peinture, au nom de l'amour qu'elle porte à son mari. Ses enfants cherchent à régenter sa nouvelle vie mais à quatre-vingt huit ans, Lady Slane est bien décidée à vivre comme elle l'entend : vivre de manière contemplative dans une petite maison de Hampteasd...
Vita Sackville est une véritable portraitiste. Quel don pour brosser des personnages originaux ! Sous sa plume fleurissent des excentriques : un milliardaire vivant comme un célibataire sans le sous et collectionneur d'objets d'art, Lady Slane qui a le sens de la beauté mais pas de l'argent, un propriétaire croyant aux théories millénaristes et aux chiffres prophétiques. Même Genoux, la fidèle servante de Mrs Slane, appartient à cette catégorie de personnages haut en couleur, parlant à son chat de manière théâtrale !

Les images envahissent le texte pour rendre plus tangible l'éphémère réalité de la vie, la fragilité des souvenirs. Et c'est là, lecteur, que tu risques d'être impatienté : les souvenirs de femme soumise de Lady Slane  ralentissent le roman qui perd son rythme alerte. Mais notre héroïne n'est pas à l'abri de nouvelles surprises. La passion peut-elle vraiment être entièrement abolie ?

L'écriture poétique des souvenirs alterne avec la verve sardonique des personnages tels qu'Edith ou Lady Slane, qui perçoit l'hypocrisie d'un monde régenté par l'argent et les ambitions, le jeu social qui a fait d'elle une femme soumise et qui a étouffé ses aspirations. Cette vieille dame anti-conformiste symbolise les rêves brisés, mais elle reste une femme hors du commun. Vita Sackville, avec finesse, raconte une vie au seuil de la mort, mêlée de mille réflexions sur le bonheur, sur le destin des femmes... tout en suscitant un monde rempli de sensibilité. Dans la lignée de l'écriture de romancières telles que V. Woolf ou K. Mansfield, avec délectation, le lecteur retrouvera une thématique et écriture post-victorienne : le chemin épineux des femmes au début du XXeme siècle.  Lien vers un billet très enthousiaste de Lou...

 Sackville-West, Toute passion abolie, Livre de poche, 221 p.

6 juin 2009

Le rapport Brodeck, philippe Claudel : ISSN 2607-0006

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 « Crois-tu vraiment que les songes sont plus précieux que la vie? »

Le dernier roman de Claudel se situe dans l'après-guerre,  dans un temps imprécis et dans un village reculé. Le personnage principal, Brodeck doit écrire un "rapport" qui relate une mystérieuse histoire de meurtre, celui de « l'Anderer » - c'est à dire l'autre -   qui sert à révéler la nature des hommes du village, leur  cruauté, leur inhumanité. Parallèlement, le narrateur lève le voile sur son passé et les sombres heures qu'il a vécu dans un camp de concentration.

Après les « Ames grises », voici des âmes noires. Mais ce récit sombre est illuminé par une prose simple. A cette simplicité s'ajoute l'émotion créée par la rencontre d'une destinée humaine avec l'Histoire qui apparaît en filigrane. Ce livre n'est pas sans rappeler les témoignages de Primo Levi. Dans ce roman écrit à la première personne, Claudel réussit à donner une voix à part entière à son personnage. Il réussit aussi à poser les jalons de différentes réflexions sur l'espoir, la haine de ceux qui sont différents, la peur de l'autre sans tomber dans le didactisme ou l'ennui.

Cela faisait un an que ce roman trainait dans ma bibliothèque et je n'ai pas regretté de l'avoir l'ouvert parce qu'il m'a énormément plu comme tous les autres romans de Claudel que j'ai lu (Les âmes grises, La petite fille de Monsieur Linh).

15 octobre 2010

Les dames vertes de George Sand : ISSN 2607-0006

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George Sand ( biographie Larousse) est un écrivain tout à fait fascinant, vivant de sa plume, fumant, s'habillant en homme à une époque où les femmes n'avaient que peu de droits. Elle a fréquenté Chopin, Delacroix, Dumas et Flaubert... Ecrivain prolixe, elle a écrit de nombreuses nouvelles dont Les dames vertes.

Le narrateur est un jeune avocat, Just de Nizière,  à l'imagination débordante : devenu avocat pour plaire à son père,  il  aurait "préféré  les lettres, une vie plus rêveuse, un usage plus indépendant et plus personnel de [ses] facultés, une responsabilité moins soumise aux passions et aux intérêts d'autrui". En 1788, il se rend au château de Ionis pour démêler une affaire de famille : Madame Ionis doit hériter d'un immeuble après la découverte d'un testament, cassant un premier testament en faveur de ses cousins, qui sans cet héritage tomberait dans la misère. Bien que dans son droit, celle-ci refuse de gagner ce procès. Doit-il lui faire gagner ce procès et le droit ou laisser triompher les sentiments ? Just loge dans une magnifique chambre où il apprend que des ancêtres du château apparaissent pour prédire l'avenir...

Des spectres apparaissent, des statues semblent prendre vie et vous saurez en lisant cette nouvelle quel est le rôle de la fontaine de Goujon : rêve ou réalité ? Cette histoire serait, somme toute, qu'un conte de l'étrange proche de ceux d'Hoffmann, dans la lignée des contes fantastiques du XIXeme siècle s'il ne portait pas la trace des préoccupations de la romancière, notamment les questions sociales de la mésalliance et une certaine critique de la noblesse : " Bourgeois et philosophe (on ne disait pas encore démocrate), je n'étais nullement convaincu de la supériorité morale de la noblesse". De plus, l'action se passe à la fin du XVIIIeme siècle et on sent les influences des philosophes des Lumières. Le procès ressemble globalement à celui mis en scène dans Entretien d'un père avec ses enfants. Avec Les dames vertes, Georges Sand signe une nouvelle bien tournée, qui joue avec les codes du surnaturel et qui montre toute la diversité de son oeuvre.

Sand, Les dames vertes, Magnard, 139 p.

Autre oeuvre : Laura voyage dans le cristal

Lu dans le cadre du challenge George Sand de George Sand et moi.

27 octobre 2011

Notre Dame de Paris de V. Hugo : ISSN 2607-0006

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"Lisez le roman de Victor Hugo, vous trouverez que le genre salop abonde", écrivait Mérimée à Stendhal en 1831. Que reproche-t-il à ce roman ? C'est l'emploi de thèmes à la mode et mélodramatiques. On a aussi beaucoup reproché à ce livre, son "genre toponymique", un mélange de poésie et d'histoire, d'avoir abusé des termes architecturaux... Lisez la préface de Jacques Seebacher pour replacer ce livre dans les querelles historiques de l'époque.

"Tous les yeux s'étaient levés vers le haut de l'église. Ce qu'ils voyaient était extraordinaire ; sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons et d'étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments, un lambeau dans la fumée.[...] Leur innombrable sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté inquiète de la flamme les faisait remuer de l'oeil. Il y avait des guivres qui avaient l'air de rire, des gargouilles qu'on croyait entendre japper, des salamandres qui soufflait le feu, des tarasques qui éternuait de la fumée. et parmi ces monstres ainsi réveillés de leur sommeil de pierre par cette flamme, par ce bruit, il y en avait un qui marchait et qu'on voyait de temps en temps passer sur le front ardent du bûcher comme une chauve souris devant une chandelle".(p. 579)

Hugo ( exposition virtuelle sur le site de la BNF)  écrit du Hugo : pourquoi en relever les défauts ? Evidemment il développe son esthétique du grotesque et du sublime : Quasimodo est "la perfection de la laideur". Mais ne fait-il pas dire dans La Esmeralda, pièce adaptée du roman, "je suis beau dans mon âme" à ce même personnage ? Le grotesque est aussi présent dans des scènes comiques comme le jugement de Quasimodo le sourd par un juge sourd. Evidemment, c'est un Moyen-Age de pacotille qu'il développe. Non, ce qu'il faut retenir c'est l'extrait ci-dessus : on voit tout ce que cette description architecturale médiévale doit au romantisme.  Commençant sous le signe du carnaval et du théâtre, ce Paris médiéval est peuplé de monstres, la fameuse cour des miracles, mais vue à travers une écriture hugolienne : "C'était un nouveau monde inconnu inouï, difforme, reptile, fourmillant, fantastique".

 On fait aussi la rencontre de Phoebus de Chateaupers et d'une bohémienne, Esméralda, une enfant trouvée comme Quasimodo. La figure du poète est incarnée par Gringoire et l'intelligence et la science par Frollo. Roman à tiroirs avec des scènes de reconnaissances spectaculaires, roman populaire avec ses enlèvements, ses pendaisons, où Frollo emprunte les traits d'un certain moine de Lewis - il a les yeux qui brillent comme des lanternes en voyant Esmeralda et finit par devenir un meurtrier pour l'amour d'elle tout en s'arrachant réellement les cheveux par poignées - C'est surtout un roman de la démesure aussi bien dans la peinture des sentiments que dans les scènes de foule. Balzac écrivait " deux belles scènes, trois bons mots, le tout invraisemblable, deux descriptions, la Belle et la bête et un déluge de mauvais goût". Certes, il est vrai que l'oeuvre est invraisemblable et que l'écriture est toujours excessive chez Hugo, cependant n'est-ce pas la jalousie qui fait parler Balzac ? La postérité n'a-t-elle pas donnée raison à Hugo en adaptant sans cesse ce roman ?

Hugo, Notre Dame de Paris, Livre de Poche, p. 618.

Autres oeuvres : Ruy Blas, Les travailleurs de la mer, Les misérables, Le Rhin, Lettres à un ami,

6 novembre 2011

Le crime d'Halloween d'Agatha Christie : ISSN 2607-0006

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Le titre, la quatrième de couverture et les premières pages de ce roman induisent les lecteurs en erreur : "Halloween", "Les sorcières s'envolent sur leur manche à balais"...  Mais Halloween n'est qu'un simple décor inaugural avant de tomber complètement aux oubliettes pour aborder un cadre plus idyllique, celui d'un jardin d'une grande beauté qu'on dit maudit. Le soir du 31 Octobre, où surgissent sorcières et appartitions, donc, un abominable meurtre d'une enfant de douze ans, prétendant avoir vu un crime, est commis en présence de l'écrivain Mrs Adriadne Oliver. Mais cette fillette Joyce, dont on a maintenu la tête dans une bassine, est une fieffée menteuse : qui la croit ? Certainement une des quinze personnes présentes à ce moment-là, sinon comment expliquer ce meurtre ? Voilà l'interrogation, le crime et l'énigme que soumet l'écrivain Mrs Olivers à Hercule Poirot, appelé à la rescousse.

Si l'intrigue est habile, Le crime Halloween ne fait pas partie des enquêtes originales comme celle du Crime de l'Orient Express ou des dix petits nègres. Le seul charme de cette histoire est le portrait d'Adriane, présentée comme une romancière à l'imagination incorrigiblement débordante - grande mangeuse de pommes - et quelques pistes fantaisistes. Un des jeunes présents à la fête propose une solution improbable mais amusante : " Et le vicaire ? demanda Desmond, plein d'espoir. Il est peut-être un peu siphonné. Tu vois ça d'ici, le péché originel et le reste, l'eau, les pommes et puis... [...] Il n'y a pas longtemps qu'il est dans le secteur. Personne ne sait rien de lui. Suppose que le Snapdragon lui soit monté à la tête. Le feu de l'enfer ! Toutes ces flammes qui montent ! Alors, il prend Joyce par la main et lui dit : " viens avec moi, je vais te montrer quelque chose", il l'emmène dans la pièce aux pommes et il lui ordonne : "agenouille-toi". Et il se met à bramer : " avec cette eau, je te baptise", et il lui plonge dans la tête dans la flotte. tu vois, tout colle. Adam et Eve, la pomme, le feu de l'enfer, le Snapdragon, et un nouveau baptême pour se laver du péché." Pauvre vicaire, il n'est mentionné qu'une fois !

Cette manière romanesque de percevoir le meurtre, cette propension à l'imagination se doublent de nombreuses références littéraires et antiques assez réjouissantes, avec le retour de proverbes - comme la comptine des petits nègres - qui mettront Hercule Poirot sur le chemin d'un criminel peu banal. Un livre vite lu, avec des étranges réflexions réactionnaires sur la société et les meurtriers, et pas un inoubliable d'Agatha Christie ( biographie sur le site Larousse)...

 Christie, Le crime Halloween, Livre de poche, p. 254.

Lu aussi par Niki en BD par allie... et vu par à l'heureduthé...

Autres romans : Poirot joue le jeu, La mystérieuse affaire de style, L'homme au complet marron,

Participation au challenge Halloween de Lou et Hilde.

Participation au mois anglais de Chryssilda, Lou et Titine.

21 avril 2014

Hannah Arendt de M. Von Trotta : ISSN 2607-0006

HANNAH ARENDT - Bande Annonce

Lorsqu'on a lu Eichmann à Jerusalem* de H. Arendt ( plusieurs émissions lui sont consacrées sur France Culture), on peut trouver le film de M Von Trotta trop simpliste et superficiel. Pourtant, le choix de M von Trotta de dresser un portrait partielle de la célèbre philosophe H. Arendt est particulièrement judicieux, évitant de faire de la vie de celle-ci une succession de moments hautement dramatiques avec des périodes notables comme sa relation avec le philosophe Heidegger ou sa rencontre avec Benjamin à Paris... Elle s'attache notamment à filmer les positions de la philosophe pendant le procès d'Eichmann qu'elle a couvert en 1961 et décrit la genèse de son illustre essai Eichmann à Jerusalem. Certes, les idées sont simplifiées, lacunaires mais elle a, me semble-t-il, montré l'essentiel. Comment filmer la pensée en train de se construire ? Souvent, dans une vue plongeante, elle filme la philosophe, réfléchissant dans le calme et la solitude, faisant allusion à la pensée philosophique de H. Arendt, qui se veut un dialogue entre soi et soi-même. En outre, la polémique suscitée par la parution des articles pour New Yorker est bien mis en scène : " Hannah Arendt est-elle nazie ?" titre scandaleusement le Nouvel Observateur d'octobre 1966. Gershom Sholem lui reproche sa désinvolture... A juste titre, T. Todorov, faisait remarquer " qu'à en juger par le nombre de malentendus qu'elle a provoqués, l'expression (["banalité du mal"]) n'était pas très heureuse ; mais l'idée d'A. Arendt est importante". En revanche, son propos sur les conseils juifs - elle s'appuyait sur La destruction des Juifs d'Europe de Raoul Hilberg - a été remise en cause.

Cependant, le film ne tombe pas dans l'abstraction d'un débat d'idées : il évoque de manière réaliste la période concernant le procès, où on peut voir des images d'archives et la retransmission en direct de la captation du procès auquel H. Arendt n'assistera qu'en partie. Autour du portrait de la philosophe, sont aussi brossés les portraits des proches de la philosophe comme son mari, l'indispensable secrétaire et son cercle proche d'amis, tout en faisant allusion à ses rapports complexes avec le philosophe Heidegger. Ce film, qui s'inscrit dans une trilogie ( Rosa Luxembourg, Hildegard Von birgen), est une bonne introduction au système philosophique de l'auteur des origines du totalitarisme, même si l'on regrette que la pensée arendtienne soit réduite à une peau de chagrin.

Hannah Arendt, Film de Margaret Von Trotta, avec Barbara Sukowa, 2012, 113 min.

* H. Arendt, Eichmann à Jerusalem, Folio histoire, 512 p.

 Avis de Dasola.

Pour compléter la vision du procès donné dans ce biopic, vous pouvez visionner le documentaire diffusé sur France 2 : Eichmann, un procès. Là, alternent des documents d'archive du procès, qui se voulait "Le Nuremberg du peuple juif" avec l'intervention de nombreux historiens, romanciers... L'objectif n'est bien évidemment pas le même que celui de Von Trotta. Si celle-ci cherchait davantage à montrer la pensée arendtienne, le documentaire déroule des faits bruts - de l'arrestation d'Heichmann à sa condamnation à mort - et une analyse plus historique : ce documentaire met l'accent sur l'Histoire, avec la prise de conscience internationale des horreurs du génocide. S'attardant longuement sur les témoignages des survivants des camps, le réalisateur a mis en lumière la place capitale de la parole des témoins qui avait été jusqu'à lors peu écoutée.  

Heichmann, un procès, réalisé par Michaël Prazan, 2014

 

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Un documentaire, entièrement constitué d'archives historiques, réalisé par Delage, apporte des informations sur un autre procès de criminels nazis : Nuremberg, les nazis face à leurs crimes. Portraits des principaux nazis - Goering, Hess, Speer... - déroulement du procès donnent une vision assez complète d'un point de vue juridique.

Nuremberg, Les nazis face à leurs crimes, Delage, 1h30.

Les carnets secrets de Nuremberg, quant à eux est une approche psychologique du procès. Ces carnets sont ceux de Léon Goldenshon, psychiatre américain qui fut amené à cotoyer quotidiennement les grands criminels nazis de janvier à juillet 1946. Il devait s'assurer de leur santé mental et découvrir l'origine de leurs actes atroces. Des citations du carnets donnent une vision anecdotique de ces criminels et ne font qu'effleurer le sujet d'un point de vue psychologique. En outre, les reconstitutions qui sont mêlés aux archives historiques sont peu utiles et fictionnalisent un sujet qui n'en a guère besoin.

Les carnets secrets de Nuremberg, de J.C. Deniau, 2006, 59 min,

12 mai 2014

Les Monuments men de Edsel : ISSN 2607-0006

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 Forfuitement, j'ai écouté une émission sur France culture " question d'éthique" ( par Monique Canto-Sperber) intitulée "Les oeuvres d'arts volés par les nazis : les enjeux moraux des restitutions" avec Elizabeth Royer, marchance d'art et historienne, alors que je lisais Monuments men. Cette écoute m'a permis d'avoir un regard critique sur ma lecture. J'avais d'ailleurs vu un documentaire sur "Gurlitt et le trésor nazi" mais qui n'apportait pas vraiment de faits nouveaux.

Monuments men relate la genèse, la biographie et les actions de ce groupe d'hommes envoyés pour protéger les oeuvres d'art pillées pendant la Seconde Guerre Mondiale et les monuments bombardés lors des combats. Qui sont-ils ? Quels étaient leurs moyens ? En quoi consistaient leurs actions ? En s'appuyant sur des essais, sur des biographies, sur  des lettres envoyées par ces hommes tels que Georges Stout, Rose Valland, Romirer... et sur des archives reproduites à la fin de chaque chapitre, Edsel reconstruit la trajectoire de ces hommes qui se vouaient à l'art. Comme les Monuments men n'oeuvraient pas à chaque instant au sauvetage des oeuvres art, on les voit aussi participer au combat. Très clairement, il souligne la difficulté de cette entreprise: " Aucune ville n'a mieux que Saint-Lô illustré la complexité de la mission des Monuments men censés trouver le juste milieu entre la protection du patrimoine et la réalisation des objectifs militaires" (p. 128). Par exemple, Romirer a essayé d'empêcher que le jardin des Tuileries soit saccagé par les camions, les chars de l'armée présents lors de la libération de Paris. De manière factuelle, Edsel resitue leurs actions dans la guerre, décrivant le débarquement en Normandie, la libération de Paris, l'invasion de l'Allemagne et la découverte des camps de la mort.

Cet essai restitue de manière très fouillée le destin de ces hommes. C'est clairement un éloge de leur travail, qui longtemps n'a pas été reconnu : il soulige leur courage, luttant sans cesse contre les décisions militaires, le manque de moyen, l'incompréhension des soldats devant leur mission et leur rôle capital dans la découverte de la mine de Altausee. L'auteur souligne d'ailleurs que l'oubli de leur rôle n'a pas permis de renouveler la création de la MFAA lors de guerres suivantes ( comme en Irak).

L'art pourrait être considéré comme mineur quand des vies de soldats sont en jeu : pourtant, il a un autre enjeu comme le montre les paroles de ce jeune Monument man Harry Ettlinger, juif allemand ayant fui son pays : " Je n'ai pris vraiment conscience de ce que signifiait l'Holocauste, qu'en me rendant compte que les Nazis avaient privé les juifs non seulement de la vie ( au fond, je ne l'ai saisi que bien plus tard) mais aussi de leurs biens personnels [...] Neusschwanstein m'a ouvert les yeux sur cet épisode de l'histoire qu'il ne faut surtout pas laisser sombrer dans l'oubli" ( p. 510).

Edsel n'idéalise pas le comportement de tous, il évoque notamment le pillage des Russes ( "Aux troupes soviétiques [...], se joignaient des officiers des brigades financières dont la mission consistait à s'emparer des richesses de l'ennemi [...] pour racheter les souffrances de son peuple" (p. 393), du peuple Allemand, et des Américains, dans le dernier chapitre " L'après-guerre", il s'attache à chaque Monument man pour décrire leur destin, tout en laissant un peu de côté le fait que beaucoup d'oeuvres n'ont pas été restituées, ni retrouvées... Cet ouvrage, très richement documenté sur l'histoire de cette période ( même si l'auteur a romancé certains dialogues comme l'indique dans la présentation de l'ouvrage, et effectivement, il n'hésite pas à créer du suspense autour des révélations de Rose Vallant), découpés en brefs chapitres facilitant la lecture, permet de faire la lumière sur un sujet peu abordé mais passionnant et qui soulève bien des problèmes éthiques...

Edsel, avec Bret Witter, Monuments men, A la recherche du plus grand trésor nazi, Folio, 598 p.

Partenariat Folio.

Participation au challenge mélange des genres de Miss Léo, ( catégorie essai, mon bilan)

23 mars 2015

Black Coffee d'A. Christie, adapté par Charles Osborne : ISSN 2607-0006

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Un nouveau Agatha Christie, pensais-je acheter en voyant ce titre que je ne connaissais pas encore. Impulsivement acheté, quelle n'est pas ma surprise en voyant écrit que c'est en réalité une pièce adapté par Charles Osborne. Black Coffee est en réalité une pièce de théâtre, ce qui se ressent dans la structure de l'histoire, qui se déroule dans un lieu unique : le salon d'un savant atomiste. Autour de lui gravite sa famille qui ne l'aime guère. Préoccupé par ses inventions, Sir Claud Amory agit comme un avare et un égoïste. Une formule qu'il a mise au point lui permettrait de détruire massivement des villes. Est-ce sont fils qui l'a tué pour s'en emparer car il manque cruellement d'argent ? Est-ce cet Italien étranger qui a volé la dormule pour la vendre au plus offrant ? Qui est coupable ?

Sir Claud ayant fait appel à Poirot avant sa mort pour protéger sa formule, ce dernier accompagné d'Hasting va brillament mener l'enquête. Si Black Coffee ressemble tant à une enquête d'A. Christie, c'est parce qu'Osborne n'est pas un sombre inconnu comme je le croyais tout d'abord, coupable d'avoir bêtement repris une intrigue de la célèbre reine du crime. En effet, grâce à Niki, j'ai découvert qu'il n'était rien moins qu'un des spécialistes reconnus de la romancière anglaise. Il a notamment écrit The life and the crimes of A. Christie et adapté ses pièces de théâtre. Effectivement, les personnages sont conformes à ceux de l'auteur des Dix petits nègres. La machination romanesque est particulièrement bien huilée, comme toutes les intrigues de la romancière anglaise, j'ai donc mené une autre enquête : traquer les différences avec les romans d'A. Christie.

En fait, cette adaptation est particulièrement réussie, voire caricaturale. Tout y est : Poirot est toujours obsédé par la symétrie et les grains de poussières imaginaires, Hasting a toujours moins de matière grise que le fameux détective, le crime est commis par la personne la moins soupçonnable... La seule entorse est que Poirot fume, ce qui n'apparaît pas dans les autres enquêtes me semble-t-il...

Dans cette traque des ressemblances et des différences, une chose m'a surprise : certaines expressions, comme le visage en forme d'interrogation de Poirot, paraissent étranges ou peut-être est-ce un problème de traduction. Finalement, en jetant un rapide coup d'oeil sur les ouvrages, on constate que Black coffee est très ressemblant aux originaux, un pastiche réussi donc !

Black coffee d'Agatha Christie, adapté par C. Osborne, Livre de poche

Sur le web : biographie de Charles Osborne ( wikipedia), billet Black Coffee de Niki

12 mars 2016

Lire ou ne pas lire : Ragougneau et Moussa Konaté : ISSN 2607-0006

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A lire : Konaté,  L'empreinte du renard, meurtre en pays Dogon,  Points, 260 p.

C'est armée d'une carte du Mali que j'ai commencé la lecture de L'empreinte du renard. Ne connaissant pas ce pays, j'ai découvert grâce à l'enquête de Habib, commissaire fameux de Bamako, les coutumes et les moeurs des Dogons.

En effet, des meurtres étranges sont commis en pays Dogons : après un duel traditionnel entre deux amis, d'autres meurtres s'ensuivent. c'est Issa, le conseiller du ministre, qui dépêche Habib dans ce lieu où l'irrationnel domine. Là, le commissaire et l'inspecteur Sosso sont confrontés au silence des Dogonos et à leurs rites qui leurs paraissent étranges, bien qu'habitant le même pays.

On découvre donc le rôle du Hogon, le chef spirituel, un Dama, une fête funéraire ou une séance de divination où des devins observent des messages laissés par des renards... Dans cette communauté, ce qui les surprend, c'est la jeunesse du maire et de ses adjoints, qui semblent très riches malgré leur petit salaire. Le personnage principal applique la loi mais cela ne l'empêche pas de mener des réflexions : " Ce qui est sûr, dit Habib, c'est que j'ai reçu la plus belle leçon d'humilité de ma vie. J'ai rencontré des personnes qui mettent l'homme au centre du monde. S'ils commettent un crime, ce n'est jamais pour défendre des intérêts personnels, mais pr sauver l'honneur et maintenir les fondements de leur société. [...] Ils vivent peut-être en dehors du temps, ils s'accrochent peut-être à un monde condamné à disparaître, mais ce monde a un sens".

L'empreinte du renard permet de découvrir presque de manière ethnologique la communauté des Dogons, mais en plus, la langue est sobre et élégante. Il n'y a pas de longues descriptions pédagogiques : les informations sont intégrés dans des dialogues. Un très bon roman où le suspense est maintenu et qui donne envie de découvrir les autres enquêtes de cet inspecteur.

Autre roman : La malédiction du Lamantin

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A ne pas lire : Ragougneau, La madone de Notre-Dame, Points, 230 p.

Comme j'avais lu une bonne critique du deuxième roman de Ragougneau, intitulé Evangile pour un gueux, publié aux Editions Hamy et qu'on soulignait sa ressemblance avec Fred Vargas, j'ai décidé d'ouvrir son premier roman : La madone de Notre-Dame.

Une jeune femme arabe est assassinée à l'intérieur de l'église mais qui a pu commettre ce crime dans un lieu clos ? Est-ce un crime raciste ? Le mobile est-il religieux ? L'enquête est menée par le commandant Landard, un homme mysogyne, raciste, et brutal :

"C'est ça mon garçon. La statue la Vierge, les curés, les chevaliers de saint frusquin et la petite poule en blanc qui tortillait du cul à pas deux mètres de toi. Tu t'en souviens ?

- Oui, je m'en souvens, oui mais vous avez de ces mots..."

Effectivement, le personnage antipathique et le vocabulaire employé m'a tellement déplu que je n'ai pas fini le roman. Dommage, ce roman policier finissait chaque chapitre en dévoilant un élément essentiel qu expliquait toute la scène antérieure, créant un bon suspense mais cela n'a pas suffit à me donner envie de découvrir le fin mot de l'histoire.

30 avril 2016

Au mois d'avril 2016... ISSN 2607-0006

1) EXPOSITIONS

Itinéraires des photographes voyageurs, Bordeaux : dans le cadre de cet événement, j'ai pu voir trois expositions des photographes Kalian Lo, Anne-Lise Broyer et Guillaume Millet.

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Tivoli, 2010, série au roi du bois : Anne-Lise Broyer courtesy La Galerie Particulière, Paris

Les carnets de la création, sur France culture  parle de A.L Broyer et Céline Clanet.

2) MES LECTURES

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- La revanche du petit juge de Gangemi ,

- Plus haut que la mer de Melandri,

- Piste noire de Manzoni,

-Le commissaire Bordelli de Vichi

3) MES FILMS

UN MONSTRE À MILLE TÊTES Bande Annonce (2016)

Un montre à mille têtes, 2016, de Rogrigo Pla avec Jana Raluy, 1h14

Une femme, au Mexique, est désespérée : son mari est gravement malade mais sa compagnie d'assurance refuse de lui accorder le traitement médical qui pourrait le sauver. Elle décide alors de prendre les choses en main et en otage le médecin, coordonnateur de sa compagnie. Cette première action déclenche une succession de catastrophes, dans une administration kafkaienne. Cette histoire est filmée d'une manière originale. Dès le départ, on sait que cette femme, Sonia Bonet, comparait devant un tribunal et on voit au fur et à mesure les différents témoins du parcours de Sonia. Les scènes sont perçues du point de vue du personnage principal puis d'un autre personnage. L'un d'entre eux est myope, donc, la scène devient floue à travers son regard etc... La maîtrise de la technique est parfaite mais on est tellement concentré sur ces détails et l'aspect technique qu'on reste à distance des malheurs et souffrance de cette femme.

DESIERTO Bande Annonce VF (Thriller - 2016)

Desierto, de Jonas Cuaron, 2016, 1h34, avec Gael Garcia Bernal

Dans le sud de la Californie, après une panne de leur camionnette, des migrants sont obligés de traverser le désert de Sonora pour traverser la frontière illégalement. Un homme xénophobe leur tire dessus et les traque sans pitié, avec son chien qu'il préfère aux hommes. Finalement, à part un dialogue bref sur les raisons d'aller aux Etats-Unis, ce film ressemble à une chasse à l'homme et s'assimile au genre "survival", tant à la mode ces derniers temps. La question des flux migratoires semble passer au second plan dans ce duel entre le gringo rascite et le clandestin...

FRITZ BAUER, UN HEROS ALLEMAND - BANDE ANNONCE VOSTF

Fritz Bauer, de Lars Kraume, 2016, 1h47 avec Burghart Klaubner

Fritz Bauer est un biopic très intéressant, étant donné qu'il révèle le rôle de ce magistrat dans la traque d'Eichmann. Ce dernier serait à Buenos Aires, selon le témoignage d'un aveugle. Bauer continue ses recherches, aidé d'un autre magistrat homosexuel. Ce film montre le caractère de cet homme juif inflexible, de sa lutte acharnée dans une Allemagne encore dirigée par de nombreux anciens nazis. Ce biopic très classique, linéaire, qui ne s'attache qu'à la période de la traque d'Eichmann, est, finalement, surtout intéressant comme témoignage sur l'Allemagne des années 1960, où encore nombre de partisans nazis étaient encore en place dans l'administration...

4) MES ACHATS

 - Mahmoud Darwich, La Palestine comme métaphore et La terre est étroite et autres poèmes + F. Garcia Lorca, Romancero gitano + L. Juiller, Analyser un film +Mario Vargas Llosa, Lituma dans les Andes, Qui a tué Palomina Molero ?

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27 avril 2016

Le commissaire Bordelli de Marco Vichi : ISSN 2607-0006

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A Florence, en 1963, le commissaire Bordelli mène une enquête sur une vieille dame, très riche, qui semble être morte d'une crise d'asthme violente. Cependant, très rapidement, des indices prouvent qu'elle a été assassinée. Ses héritiers sont-ils les coupables ? Voici une enquête très traditionnelle, construit comme un whodunit.

L'enquêteur aussi est assez banal, si ce n'est sa propension à fréquenter des marginaux comme des prostituées, des anciens détenus, un savant fou, un cousin silencieux et aimant corriger des copies... Il faut souligner aussi que, dans cette Italie après-guerre, la pauvreté règne et Vichi s'attache à décrire l'atmosphère de Florence, sous une chaleur torride.

Il y a peu de descriptions de la ville, en revanche, la torpeur du commissaire et l'arrivée de Piras qui est le fils d'un ancien compagnon de guerre, l'amène à se remérorer ses souvenirs de guerre. Dans une note de l'auteur, à la fin du roman, on apprend que ce sont les récits de combats parternels contre les nazis, qui ont inspiré Vicchi. Comme Simenon, avec son commissaire Maigret, l'auteur s'attache surtout à décrire le quotidien de son commissaire, ses problèmes pour arrêter de fumer, son amour pour la nourriture, sa vie sans femme...

Ce roman ne présente aucun événement sensationnel, ni de recherches formelles mais c'est un livre agréable à lire où l'enquête paraît presque secondaire par rapport au personnage de Bordelli et ses différentes rencontres ainsi que son passé. C'est ce dernier aspect, qui m'a plu, et qui semble être encore développé dans la nouvelle enquête de Bordelli, parlant de traque nazis : Une sale affaire ( lu par Keisha).

Vichi, Le commissaire Bordelli, 10-18, 214 p.

Lu par Lewerentz, Le livre d'après,

30 janvier 2016

Au mois de janvier 2016... : ISSN 2607-0006

Claudia 001Aurélia Frey, Image extraite de Variations, 2013, photographie argentique

Comment a commencé l'année ? Tout d'abord, je remercie Folio et audiolib pour leur partenariat car ils me permettent de découvrir de nouveaux auteurs ou des livres que je n'aurai peut-être pas lus... Merci Claudia, aussi, pour le joli colis plein de douceurs que j'ai reçu et à tous les blogueurs qui laissent des commentaires.

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Dasola conseille les Délices Tokyo de Noami kawase, Alex nous donne envie de voir Spotlight. Le coup de coeur de Trilllian est Le garçon et la bête.

Voici quelques films que j'ai vus récemment, mais je vous fais grâce de Star wars, le réveil de la force :

IMITATION GAME - Bande Annonce Officielle VF - Benedict Cumberbatch / Keira Knightley (2015)

Dans Imitation game, on peut découvrir un génial mathématicien du nom d'Allan Turing, qui a cassé le code Enigma, code utilisé par les nazis. Le contexte de la Seconde guerre Mondiale est présent à travers des images d'archives en noir et blanc, venant rappeler le rôle primordial de ce surdoué associal dans cette période de guerre. La découverte de cette personnalité hors du commun permet aussi de découvrir le sort réservé aux homosexuels dans les années 50 en Angleterre mais aussi de voir la souffrance d'une personne inadpatée à la société qui l'entoure. Un sage biopic, très classique, mais instructif.

Imitation game, 2015, M. Tyldum, avec Benedit Camberbatch, Keira Knightley, 1h55

LE PONT DES ESPIONS Bande Annonce (Steven Spielberg - 2015)

Comment est le dernier Spielberg ? Le pont des espions est un film très académique mais il permet de montrer avec sobriété les rapports de forces entre les grandes puissances que sont les EU, la RDA et l'URSS pendant la Guerre Froide. Un avocat doit défendre un espion soviétique, devenant ainsi anti-patriotique aux yeux des Américains. Pourtant, grâce à sa ténacité, il arrive à négocier l'échange de cet espion contre un pilote fait prisonnier par les Soviétiques. Certes, il y a un héros typiquement américain, de l'humour, des rebondissements, une histoire sentimentale, de bons sentiments, mais ce qui est vraiment intéressant c'est l'histoire des conséquences de la construction du mur de Berlin. Un film à voir pour sa dimension historique.

Le pont des espions, 2015, Spielberg, 2h12,  avec Tom Hanks. billet d'Alex, Parenthèse de caractères

Les Enquêtes du Département V : Profanation - Bande-annonce VF

Profanation, les enquêtes du département V est un film policier assez classique, suite de Miséricorde : deux enquêteurs ouvrent une ancienne affaire, qui compromet un riche milliardaire danois. Décidément, les pays nordiques ne cessent de briser l'image idéaliste qu'ils peuvent véhiculer avec ce long métrage très violent et montrant la corruption dont font preuve les hommes politiques. Une partie de l'histoire fait d'ailleurs penser à un campus novel avec des héros évoluant dans un lycée très chic cachant des dépravations. Très classique dans la manière de filmer, mais l'intrigue est plutôt prenante et donne fortement envie de lire les romans dont ils sont adaptés (Judi Adler Olsen).

Profanation, les enquêtes du département V, 2015, de M. Norgaard, 1h59 min

Bon mois de février et belles lectures...

16 mars 2016

Les 8 salopards de Tarantino : ISSN 2607-0006

True grit 001Les 8 salopards, Tarantino :

Des personnages bavards et violents, des scènes grandguignolesques, plusieurs héros qui s'entrecroisent dans une intrigue originale : on reconnaît vite un film de Tarantino ! Huit personnages, dans un paysage enneigé, se retrouvent dans une auberge : un chasseur de prime a capturé une femme pour la faire pendre.  Leur arrivée dans une auberge et leur enfermement ressemblent à un traquenard.

L'originalité de la narration est indéniable. Le spectateur est pris dans un emboîtement de flash-back et de faux-semblants impressionnants. Cependant, l'aspect sanguinolent de certaines scènes et la longueur des répliques alourdissent inutilement le film. On n'en reconnaît pas non plus la musique d'Ennio Morricone si caractéristique. Paradoxalement, les 2h40 passent vite, on est piégé par le scénario... mais on en ressort ennuyé par le verbiage des personnages. J'ai préféré ses précédents films tels qu'Inglourious Basterds ou Django Unchained, moins inventif au niveau formel mais plus remarquable, en ce qui concerne l'histoire.

Billet d'Alex,

 True Grit, Coen, 2011, 1h50 avec Jeff Bridges, Hailee Steinfeld...

Pour une poignée de dollars, 1966, 1h36, Sergio Leone, avec Clint Eastwood...

Les 8 salopards, Tarantino, 2016, 2h48, avec Samuel L. Jackson, Kurt Russel, Jennifer Jason Leight

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