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1001 classiques
13 avril 2011

Frankenstein adapté par Whale et par Branagh : ISSN 2607-0006

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La liste est longue des adaptations de Frankenstein, montrant par là la fascination qu'exerce ce mythe. Les deux adaptations, celle de Branagh et celle de Whale, exploitent deux versants du roman de Mary Shelley ( biographie sur le site Larousse).

Commencé comme un jeu avec Percy Shelley, le docteur Polidori et Byron, elle raconte la genèse de son roman dans sa préface : " Je m'occupai à penser à une histoire - une histoire capable de rivaliser avec celles qui nous avaient excité et dicté dans cette tâche. Une qui parlerait aux peurs mystérieuses de notre nature et susciterait un frisson d'horreur [...]". Elle  fit un cauchemar éveillé qui devait donner naissance à un récit mythique traversant les siècles.
Et Whale s'inscrit bien dans la veine du film de monstre et d'horreur : il exploite l'aspect gothique du roman de Shelley. La nature n'a aucune place dans ce film, seule compte la créature et sa création. Contrairement au livre, Whale insiste sur des détails horrifiques : profanation de tombe dans un cimetière, vol du cerveau d'un criminel... En outre, les expériences se déroulent dans un vieux moulin en haut d'une butte escarpée. D'autres modifications sont faites, notamment au sujet du monstre qui devient un meurtrier et n'évolue jamais. Peu fidèle au roman, cette adaptation n'en reste pas moins un bon film de genre avec l'interprétation très remarquée de Boris Karloff.

Au contraire, l'adaptation de Branagh se révèle extrêmement fidèle : il a gardé le récit cadre et la dimension romantique du roman de Shelley, avec la mise en valeur des aspects typiquement romantiques. Le film s'ouvre sur les grandes étendues de glace du pôle Nord, puis s'arrête plus tard sur de grandioses montagnes enneigées. Victor Frankenstein apparaît comme un nouveau Prométhée et sera puni de son orgueil. Beaucoup d'actions et de scènes spectaculaires redonnent un nouveau souffle à la légendaire créature tout en respectant l'esprit du roman et en restituant l'ambiance de l'époque.

Ces deux films prolongent la légende créée par la romancière anglaise : deux versions très différentes mais tout aussi intéressantes, même si elles n'arrivent pas à égaler la virtuosité du roman de Shelley.

Frankenstein, Whale, 1932.

Frankenstein, Branagh, 1994.

 Challenge back to the past, organisé avec Lou, spécial tea cup.

Frankenstein (1994) - Trailer

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28 octobre 2010

Le grillon du foyer de Dickens : ISSN 2607-0006

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Sous titré "un conte de fées...

Le grillon du foyer a été regroupé, avec un chant de Noel et d'autres récits, dans les Chrismas books, qui ont eu un succès retentissant lors de leur parution. Thème cher à Dickens ( biographie Larousse), pendant la période de Noël, selon les dires de l'un de ses fils, Dickens était particulièrement joyeux et vif car pour lui, cette époque de l'année représentait un moment de générosité et de pardon. Dans ce récit hautement symbolique, il aborde certains aspects de son siècle avec son talent de conteur inimitable.

C'est avec le chant combiné de la bouilloire et d'un grillon que s'ouvre ce récit : si le grillon du foyer des Peerybingle est aussi joyeux, c'est que le foyer de Mary et John Peerybingle ressemble à une famille modèle. Dans ce foyer chaleureux arrive un beau vieillard demandant l'asile. Ensuite, le conteur nous plonge, dans un deuxième chant, dans le foyer des Plummer, de Caleb et sa fille aveugle, qui hélas, ressemble à celui de milliers de misérables sous l'ère victorienne. Caleb fabrique des jouets d'enfant pour le compte du terrible et horrible Gruff et Takleton. Caleb, pour alléger la vie de l'infirme, lui fait croire qu'ils sont choyés par leur employeur et que leur intérieur est magnifique. L'affreux Takleton, comme Scrooge, incarne la méchanceté, et est un tueur de grillon de surcroît ! Il espère se marier à May, une jeune fille beaucoup plus jeune que lui comme le couple que forme John et Mary. Malheureusement, rien ne passe comme prévu : Mary trompe-t-elle son mari ? May va-t-elle épouser un vieillard acariâtre ? Qui est ce vieil homme qui loge chez les Peerybingle ? Caleb a-t-il raison de mentir sur leur sort à sa fille aveugle ?

... Domestique"...

Dickens, conteur sans égal, n'a pas son pareil pour brosser des portraits, voire des caricatures, certes sans profondeur psychologique, ni vraisemblance. Voici celui de Takleton  : "Mais confiné à contrecoeur dans le paisible état de fabricant de jouets, c'était un ogre domestique, qui avait toujours vécu aux dépens des enfants dont il était l'implacable ennemi ; Il méprisait tous les jouets et n'en aurait acheté pour rien au monde ; dans sa malice, il se complaisait à glisser une expression sardonique dans les traits des fermiers de cartons pâte menant leur cochon au marché des crieurs publics annonçant la perte de quelque conscience d'avocat, des vieille dames mécaniques reprisant des bas ou découpant des pâtés, et d'autres articles tirés de son fond [...]. Il excellait en de pareilles inventions. Tout ce qui pouvait évoquer un poney cauchemardesque faisait ses délices" .

Il  n'hésite jamais à employer une comparaison incongrue, comme le vieillard qui parle de lui comme d'un colis ou  : " Gruff et Takleton était là, faisant l'aimable avec le sentiment évident d'être aussi parfaitement à l'aise, aussi parfaitement dans son élément qu'un jeune saumon fraîchement éclos au sommet de la grande pyramide" ! Et voici une autre comparaison décalée qui ne manque pas de faire sourire : " Lorsque la voiture fut un peu plus près, il constata que Takleton était déjà tout paré pour la noce et qu'il avait orné la tête du cheval de fleurs et de rubans. L'animal avait bien plus l'air d'un futur marié que Takleton, dont l'oeil à demi fermé trahissait une expression plus désagréable que jamais".

La description des foyers permet à Dickens de dénoncer la misère des uns et l'avarice des autres mais comme à son habitude, et à celles de nombres de victoriens, sous la façade, se révèle plusieurs problèmes. Mais si l'auteur se fait dénonciateur de la misère dans laquelle certains ouvriers vivent, cette oeuvre parle plutôt du mariage et de la fidélité, notamment dans les couples peu assortis où la femme est deux fois plus jeune que le mari. La jeune Mary trompe-t-elle son vieux mari ? May acceptera-t-elle un mariage fondé sur l'argent plutôt que l'amour ? Même si l'auteur aborde certains problèmes sociaux de l'ère victorienne, cette réflexion sur la vie quotidienne sous le règne de Victoria est plutôt optimiste et amusante. Quel conteur ce Dickens ! Quelle vivacité et quel humour ! L'oeuvre de Dickens est toujours à relire ou à redécouvrir !

 Dickens, Le grillon du foyer, Folio bilingue, 304 p.

Autres oeuvres : L'homme hanté

Challenge Dickens, organisé par Isil.

15 janvier 2011

Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier : ISSN 2607-0006

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Qui est Mary Anning ? Elizabeth Philpot ? Tracy Chevalier nous conte le destin insolite de ces deux femmes naturalistes, au XIXeme siècle, dans le sud de l'Angleterre. On découvre ainsi leur vie, celle d'une vieille fille de 25 ans, appartenant à un milieu social bourgeois et celui de Mary Anning, fille d'ouvrier. Elles se définissent, au départ, comme des découvreuses de fossiles car chacune est passionnée par la recherche d'ammonites ou de lis de mer. Le jour où Mary Anning découvre un étrange "monstre", qui se révèlera être un ichtyosaure, elle va connaître plusieurs drames et inscrire son nom dans l'histoire des sciences...

Développant un univers singulier et un langage différent, ces deux femmes nous racontent leur existence dans l'Angleterre du XIXeme siècle. Ce sont des biographies réelles mais l'auteur y a ajouté quelques intrigues romanesques. Ressemblant à des personnages de Jane Austen, évoqués à plusieurs reprises, Elizabeth et ses soeurs Margaret et Louise, anciennes londoniennes, évoquent leur vie de vieilles filles, excentrique chacune à leur manière. Leur quotidien et les habitudes de l'époque ne paraissent pas ennuyeusement décrites car ils sont vus à travers les yeux d'une femme courageuse et passionnée. Elle aborde des aspects aussi variés que l'architecture du lieu, les visites dans des musées londoniens, les bals et les fréquentations de ses soeurs... Loin des salons que sa disgrâce physique et son intelligence empêchent d'apprécier, Elizabeth nous instruit sur sa passion pour les fossiles.

Une simple histoire de fossiles ? Certes les deux femmes parlent de leur vie amoureuse, de leurs sentiments, mais elles doivent aussi supporter le regard d'autrui et surtout celui, plus méprisant des hommes qui les tiennent pour "quantité négligeable" selon les propres mots de Lord Henley, représentant de la gentry locale. A une époque où les femmes n'avaient pas le droit de rentrer à l'intérieur de la geological Society, Elizabeth va se battre pour imposer les découvertes de Mary Anning. Plusieurs passages amusants soulignent d'ailleurs le ridicule de l'arrogance et de la prétention des hommes de l'époque : " Tout d'abord enchantée, je m'aperçus au bout de quelques minutes que Lord Henley ne connaissait rien aux fossiles, si ce n'est qu'ils pouvaient être collectionnés et qu'ils le faisaient paraître intelligent et raffiné. C'était le genre d'homme à en imposer par ses pieds plutôt que par sa tête." Sa théorie sur la forme des ammonites n'est guère reluisante ! Dans sa trame romanesque, l'auteur a d'ailleurs très bien reconstitué les débats de l'époque opposant les théoriciens de l'évolutionnisme et ceux du créationnisme : elle réussit à rendre compte des balbutiements des thèses de l'époque. La dimension scientifique qui n'est guère approfondie, n'en rend pas moins le débat passionnant, faisant intervenir des grands scientifiques tels que Cuvier.

Biographie romancée, Prodigieuses créatures n'en reste pas moins un livre très enthousiasmant au niveau de la description des moeurs des femmes et de l'évolution et du progrès dans le domaine scientifique. Dans un style naturel, fluide et léger, elle décrit le destin original de ces deux femmes qui ont contribué à l'histoire du naturalisme. Tracy Chevalier leur rend un bel hommage. Elle suscite notre curiosité et nous communique leur enthousiasme : c'est une histoire fascinante servie par une très belle plume...

 Chevalier, Prodigieuses créatures, La table ronde, Quai voltaire, 377 p.

Billets élogieux de Lou, Eiluned...

1 novembre 2010

Indignation de Philip Roth : ISSN 2607-0006

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Dans son dernier roman, Philip Roth nous livre un destin individuel sur fond de guerre de Corée. C'est à travers les souvenirs d'un jeune étudiant, Marcus Messner, que nous voyons l'histoire de l'Amérique des années 50 se dérouler sous nos yeux. Fils d'un boucher juif, pour échapper à ce milieu et à un père devenu protecteur jusqu'à la folie, il entre à l'université de Winesburg dans l'Ohio. Là, ce jeune homme honnête et travailleur est confronté à un monde conservateur, raciste, dans lequel il a bien des difficultés à s'adapter.

Particulièrement agréable et fluide, l'écriture de ce roman nous entraîne dans la vie de Marcus Messner. Pourquoi cette écriture est-elle si attrayante ? Elle semble livrer en toute simplicité et franchise les pensées même les plus intimes de notre héros. S'appuyant sur des images concrètes issues de la boucherie, milieu d'origine de Marcus, elle révèle une personnalité à la fois droite et honnête mais aussi candide et inexpérimentée. Avec une fraîcheur désarmante, le jeune narrateur nous livre ses premiers émois amoureux à travers une correspondance avec la jeune Olivia et les anecdotes sur son travail à la boucherie kasher de son père qui font parfois sourire. Mais ce roman est aussi très sombre, assombri par la description de la vie d'un étudiant dans les années 50 et l'ombre de la guerre de Corée.

Indignation est d'abord la description de la vie d'une université du Middle West, université réactionnaire et stricte où l'administration s'insinue dans la vie personnelle des étudiants, où changer de chambres à plusieurs reprises peut apparaître comme un signe d'asociabilité, où leur vie sexuelle faisant l'objet d'une observation étroite peut être utilisée contre eux. La religion aussi est stigmatisée à travers les offices obligatoires et l'ostracisme que subissent ceux qui ne font pas partie de la majorité blanche et chrétienne : " Il y avait 12 fraternités sur le campus mais 2 d'entre elles seulement admettait les juifs". "Etroit" pourrait aussi qualifier la mentalité du directeur et de son président Lenz et de tout ce système universitaire réactionnaire et conservateur, qui mène à la révolte des étudiants, aussitôt réprimée avec renvoi d'étudiants, appelée la "grande razzia des petites culottes". Finalement, il faudra attendre les années 1870 pour que les choses évoluent.

Dans le destin tragique de Marcus, sa vie est assombrie par des tragédies personnelles comme la folie de son père, mais aussi par la guerre très sanglante de Corée où des milliers de jeunes moururent : " Dans la lutte pour occuper la colline abrupte cotée sur la crête escarpée de Corée centrale, les deux camps subirent des pertes si lourdes que le combat se mua en un bain de sang fanatique,comme ça avait été le cas pendant toute cette guerre. Les quelques combattants vaincus et blessés qui n'avaient pas explosé ou été poignardés à mort finirent par quitter les lieux en titubant, avant l'aube, laissant  la montage de Massacre - nom qui fut donné à cette colline cotée dans les récits relatant notre guerre du milieu du siècle - couverte de cadvres et aussi dépourvue de vie humaine qu'elle l'avait été pendant des milliers d'années, avant l'avènement d'une juste cause au nom de laquelle chacun des deux camps massacra l'autre" . Indignation est une tranche de vie sur fond d'histoire américaine des années 50, vue à travers la sensibilité d'un homme au seuil de sa vie, une vie broyée par la société bien-pensante, une vie volée par la guerre barbare. Un très beau roman...

Roth, Indignation, Gallimard, 196 p.
L' avis de Claudia

6 novembre 2010

La traversée de l'été et Petit déjeuner chez Tiffany de Truman Capote : ISSN 2607-0006

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Avec ces deux romans New-yorkais, Truman Capote dresse le portrait de deux femmes aux caractères diamétralement opposés, mais tout en nuance. Le style diffère aussi, étant donné que La traversée de l'été est son premier roman, un roman qu'il disait inachevé puis perdu.

"La belle saison avait pris fin depuis longtemps"

Mais commençons par l'histoire de La traversée de l'été dont le manuscrit a connu une vie mouvementée. Lors d'un déménagement, Truman Capote aurait laissé des affaires qui ont été récupérées par sa concierge : quelle ne fut la surprise de tous, de retrouver à une vente aux enchères à Sotheby's en 2005, le premier roman de Truman Capote, avant son succès des domaines hantésGrady Mc Neil est la figure principale de ce roman "étouffant" : jeune fille des beaux quartiers, en conflit avec sa mère, elle refuse d'accompagner ses parents pour une croisière en Europe : ce sera son premier été à New-York, seule. Alors que sa mère souhaite "lancer sa fille dans le monde et que ses préoccupations sont matérielles (Dior ou Fath pour la robe de débutante ?), Grady s'interroge sur ses sentiments : Aime-t-elle vraiment Clyde ? Juif, gardien de parking, il appartient à un milieu dont elle ignore tout. La traversée de l'été est un très beau roman sur le gouffre que peuvent créer la position sociale et sur les incertitudes de l'adolescence. Que sait-on de l'amour à 17 ans ?

Petit déjeuner chez Tiffany :

Quant à Holly Golightly, l'héroïne de Petit Déjeuner chez Tiffany , connu aussi grâce à l'adaptation de Blake Edwards, Les diamants sur un canapé, elle est menteuse par nécessité, frivole et superficielle. Insaisissable, elle papillonne, entourée d'hommes. Elle veut être actrice mais reste sans rôle. Demi-mondaine, bavarde, elle ne semble pas sentir le poids de la réalité, indifférente à ce qui l'entoure. Finalement, elle est arrêtée, après avoir été à son insu, mêlée à un trafic de drogue  puis disparaît. Les souvenirs racontés par son voisin écrivain, la montre comme une femme artificielle, mais encombrée par un passé assez lugubre. Voici sa première apparition, assez excentrique, rappelant la voisine qu'a incarné Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion de Billy Wilder : "Le sentiment que l'on m'épiait. Que quelqu'un était dans la chambre. Puis il y eut une succession de coups secs frappés sur la vitre, apparition d'un gris spectral. Je renversai le grog. Il me fallut un certain temps avant que je me décide à ouvrir la fenêtre et à demander à Miss Golightly ce qu'elle voulait. "J'ai laissé en bas un type absolument terrifiant, me dit-elle, passant de l'échelle de secours dans ma chambre. Je veux dire qu'il est charmant quand il n'est pas saoul, mais qu'il se mette à écluser, et vous parlez d'un sauvage ! [...] Elle écarta son peignoir de flanelle grise de son épaule pour me montrer ce qui arrive lorsqu'un type vous mord. Elle ne portait rien d'autre que ce vêtement.".

L'écriture de ces deux romans est extrêmement différente : dans La traversée de l'histoire, le style de Capote est surchargée par des comparaisons surprenantes ou outrées comme "son visage mince, ses traits aussi délicats que des arêtes de poisson, semblaient baignés de miel" ou  "obéissant à sa compagne, une femme couleur de fraise mûre imprégnée de cognac, il se pencha par-dessus la table voisine pour adresser à Peter un salut un peu embarrassé", tandis que celui de Petit déjeuner... est beaucoup plus épuré, proche de sa volonté de "sous-écrire" ses romans... New-York n'a qu'une très petite place symbolique, dans ces deux romans comme l'opposition de la 5eme avenue avec Broadway pour son premier roman, et Tiffany pour le second. Comme dans la plupart de ses oeuvres, les descriptions se font par petites touches, souvent des notations de lumières exprimant soit le désarroi, soit la beauté du monde vu à travers les yeux de personnages : " Du haut du balcon, elle apercevait le faîte des tours et des gratte-ciel qui semblaient trembler, comme menacés de se dissoudre dans le rayonnement brutal de l'après-midi". Le récit de la vie de Holly ne comportent pas de profondeur et paraît assez vain : le sujet est aussi mince que l'intérêt qu'on peut y porter. Grady Mc Neil est une magnifique figure d'adolescente, tout en souffrance et en nuance. De la traversée de l'été, il émane une infinie tristesse touchante : certes, un premier roman à la prose surchargée, mais qui mérite d'être redécouvert. Cependant, détresse et solitude fondamentale des êtres transparaissent dans ces deux récits : n'est-elle pas celle aussi de cet écrivain narrateur de Breakfast at Tiffany's, qui ressemble tant à Truman Capote ?

 Capote Truman, Petit déjeuner chez Tiffany, Folio, 188 p.
Capote Truman, La traversée de l'été, Livre de poche, 150 p.

Autres romans : Musique pour caméléons, Cercueils sur mesure

Lu dans le cadre du challenge New York d'Emily.

Les avis de Katell, Clarabel, Lou...et je rajoute celle de Mango, Lilly, Karine...

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27 mars 2011

Les oiseaux de Daphné Du Maurier : ISSN 2607-0006

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Immortalisé par A. Hitchcock, "les oiseaux" de Daphné du Maurier est une nouvelle assez effrayante où l'Angleterre est soudain envahie par des oiseaux, s'attaquant aux hommes. Quelle en est la raison ? Dans une atmosphère apocalyptique, Nat Hockens, ancien combattant, lutte pour sa survie et celle de sa famille dans une campagne dévastée par ce nouveau fléau : vont-ils résister à l'attaque incessante des oiseaux ?

Recueil de nouvelles*, les oiseaux  met en scène différents milieux sociaux à la croisée des genres, fantastique, policier, surnaturel... mais toujours pour mieux surprendre le lecteur en le terrifiant par une étrangeté issue du quotidien. Pour Henry James, et c'est aussi le cas dans ce recueil de la romancière, "les mystères les plus mystérieux [...] sont à notre porte".

Chaque nouvelle s'ouvre sur un quotidien banal, minutieusement décrit pour s'enrayer aussitôt : dans "Mobile inconnu", Mary Farren se donne subitement la mort. Quel mobile est à l'origine du geste de cette femme à qui tout souriait ? Elle a fait un mariage au-dessus de sa condition, elle attend un enfant... Son mari engage un privé pour enquêter sur le passé de sa femme. La construction diabolique de cette nouvelle est digne des romans policiers victoriens !

"J'ai passé par la brèche en m'essoufflant un peu, puis j'ai regardé autour de moi et vous me croirez si vous voulez, elle était couchée sur une pierre longue et plate, les bras sous sa tête et les yeux fermés. [...] Mais se coucher comme ça sur une tombe, ça n'avait pas l'air naturel". Récit à la première personne, le titre mièvre "Encore un baiser" est démenti par une histoire très sanglante : un jeune garagiste tombe amoureux d'une jeune femme à l'allure étrange qui aime se promener la nuit dans les cimetières. Qui est-elle ? Pourquoi doit-elle fuir ? Pas de vampirisme, loin des thèmes gothiques chers à la romancière dans Rebecca ou L'auberge de la Jamaïque,  ces nouvelles énigmatiques ancrées dans le quotidien distillent une angoisse croissante jusqu'aux dernières lignes.

 Du Maurier, Les oiseaux, Livre de poche, 446 p.

Autres romans : L'auberge de la Jamaique, Rebecca,

* Ce recueil comprend 7 nouvelles : "Les oiseaux", "le pommier", "Encore un baiser", "Le vieux", "Mobile inconnu"," Le petit photographe"," une seconde d'éternité".

Lu dans le cadre du challenge de la nouvelle de Sabbio.(Novelliste en herbe).

23 octobre 2011

La mégère apprivoisée de Franco Zeffirelli : ISSN 2607-0006

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Comédie burlesque et misogyne d'un bout à l'autre, La mégère apprivoisée est une pièce qui a mal vieilli de part son propos et sa forme décousue : après une introduction qui met en scène un ivrogne, un lord et une troupe de comédiens commence la pièce véritablement sur une intrigue d'un double mariage. Bianca n'épousera Luciento que si sa soeur Catharina - qui est une affreuse harpie qui jure comme une charretière - se marie aussi. Là débarque dans Padoue un homme ruiné qui cherche fortune et femme : Petruchio décide d'épouser Catharina et de la transformer en femme aimante.

Contrairement à ce que disait Peppys lorsqu'il vit jouer cette comédie en 1667 au théâtre Royal, - c'est une "méchante pièce"- c'est une pièce qu'il vaut mieux voir jouée que lue : l'adaptation de Franco Zeffirelli est superbe, pleine de bruits et de fureur et reprenant de nombreuses répliques de la pièce shakespearienne.  Colorées, vives, les scènes s'enchaînent sur divers lieux et divers personnages, avec de formidables scènes publiques tels que le mariage, le carnaval, la fête finale... Les costumes sont tout aussi éblouissants.

Ce film repose aussi sur le jeu des acteurs : Elizabeth Taylor et Burton incarnent à merveille se couple querelleur et violent mais passionné - querelles qui existaient réellement au sein du couple, querelles exploitées aussi dans d'autres films comme dans Qui a peur de Virginia Woolf.  Shakespeare s'est inspiré de toute une tradition littéraire qui faisait de la femme une furie mais ce qui peut heurter toutefois le lecteur du XXIeme siècle, c'est le propos de la pièce et le moment où Catharina finit sur une révoltante tirade: " ton mari est ton seigneur, ta vie, ton gardien, ton chef, ton souverain, celui qui prends soin de toi et qui pour assurer ta subsistance, soumet ton corps à de durs travaux sur terre [...]. Le respect qu'un sujet doit à son prince, oui, ce respect même, une femme le doit à son époux ; et lorsqu'elle se montre indocile [...] qu'est-elle d'autre qu'une rebelle perfide, une ennemie, coupable d'une impardonnable félonie envers son tendre seigneur".

La mégère apprivoisée, de Franco Zeffirelli, 1h57, 1976, Elizabeth Taylor, Richard Burton.

autre oeuvre : Jane Eyre

 Shakespeare ,La mégère apprivoisée, GF bilingue, 215 p.

Challenge Shakespeare, organisé avec Claudia : les billets de Claudia et Wens, Océane.

7 juillet 2011

De pierre et de cendre de Linda Newbery : ISSN 2607-0006

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Lorsque vous ouvrez ce livre, vous êtes immédiatement plongé dans un début mystérieux qui vous fera penser à La dame en blanc de Wilkie Collins avec l'arrivée du peintre Samuel Godwin à Fourwinds, en pleine nuit, rencontrant une jeune fille hystérique. De nombreux autres éléments renvoient au fameux livre de Charlotte Bronte, Jane Eyre, avec un personnage de gouvernante, Miss Agnew, qui a en charge les deux filles de Mr Farrow. Ces dernières, Marianne et Juliana seront aussi les élèves de Samuel. Le récit de ces deux personnages s'entrecroisent et le double point de vue interne permet de mener le lecteur sur de fausses pistes. Les questions se succèdent : Pourquoi Marianne se comporte de manière étrange avec des crises de somnambulisme ? Pour quelles raisons l'ancienne gouvernante a été renvoyée ? Comment est morte leur mère ?

Épigone des romans anglo-saxons, Newberry s'en démarque par une grande noirceur psychologique, non pas effrayante mais dérangeante : les secrets que cachent les habitants de Fourwinds se révèlent être beaucoup plus sombres qu'un mariage en dessous de sa condition ou qu'un enfant hors mariage... Et surtout De pierre et de cendre est un roman énigmatique mais aussi un roman sur l'art. Les premiers mots de Marianne concerne une sculpture : " Le vent d'Ouest il faut le trouver... le capturer et le mettre à l'abri." Est-ce que cette sculpture a disparu ? A-t-elle au moins existé ?

Peintre mineur, Samuel est aussi un peintre en devenir qui est confronté à la question de la gloire, du style... Le roman se déroulant vers 1989, l'esthétique des préraphaélites est évoquée... créant ainsi une intrigue originale autour d'un tableau et d'une sculpture. Dommage, la fin rapide semble un peu terne et plate. Certes, les topos des romans néo-victoriens abondent mais L. Newbery sait faire vivre ses personnages, riches de sentiments et de sensations, et elle a su choisir des narrateurs originaux et naïfs et nouer une intrigue extraordinairement brillante !

 Newbery, De pierre et de cendre, Livre de poche, 380 p.

Les avis de Lilly, Lou, Cryssilda, Karine, Alice...

2 juillet 2011

44 Scotland street d'Alexander McCall Smith : ISSN 2607-0006

9782264047595FS

Roman feuilleton du XXe siècle, le 44 Scotland Street se conforme aux lois du genre. Découpé en brefs chapitres avec leur traditionnels titres (" Où l'on fait plus ample connaissance avec Bruce", "La difficile mission d'Angus Lordie"...), chaque publication amène un nouveau personnage et des rebondissements multiples. On peut ainsi découvrir la vie de Pat, qui travaille dans la galerie de Matthew qui ne connaît rien à l'art, on suit pas à pas un jeune saxophoniste de 5 ans Bertie et les déboires pédago-psychologiques de sa mère Irène, la vie de Bruce et de ses patrons dans une agence immobilière, l'apparition d'une voisine Domenica... Les rebondissements sont parfois surprenants : Pat a-t-elle découvert un véritable Peploe ? Alexander McCall Smith sait créer l'attente, quelle habileté dans les derniers mots d'un chapitre : "Par ailleurs, elle se sentait mal à l'aise en compagnie de Ronnie et Pete. Elle leur trouvait quelque chose de perturbant, un côté inquiétant qui évoquait, sinon le coeur des ténèbres, du moins l'heure entre chien et loup", surtout que ces deux personnages se volatilisent ! Et parfois un peu moins palpitants : Pat va-t-elle s'empoisonner avec les chanterelles de Bruce ? Voire parfois des détails insignifiants comme la description de la voiture de Domenica : "La Mercedes-Benz 560 SEC couleur crème. [...] Le moteur a une capacité de 5,6 litres, ce qui lui donne la puissance de 5 Mini" - "5 Mini ! s'extasia Pat". Nous, nous ne extasions pas...

La présentation des personnages, vie amoureuse et vie familiale, voisins envahissants, côtoie des réflexions plus générales sur la vie, les relations à autrui, comme l'hypocrisie, le mensonge,... Et on découvre aussi la culture écossaise, leur amour du football, leurs peintres, leur kilt... Lecteurs, si vous aimez les romans-feuilletons de Dickens ou Les chroniques d'Armistead Maupin qui ont inspiré la forme du récit à Alexander McCall Smith, vous apprécierez de voir vivre tous les habitants du 44 Scotland street... Cependant même en le lisant comme un vrai roman feuilleton, certains passages paraissent longs... La qualité des aventures est assez inégale et certains épisodes tirent en longueur sans raison apparente et sans l'ombre du plus petit intérêt. Même chose pour le style. Tout de même on a envie de s'exclamer : à quand le prochain roman-feuilleton ?

 McCall Smith, 44 Scotland Street, 10/18, 414 p.

Participation au mois kiltissime organisé par Lou et Cryssilda.

Lu aussi par Cryssilda et Titine.

5 août 2011

Albertine disparue de Proust : ISSN 2607-0006

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* A l'ombre des jeunes filles en fleur, (site première)

Alors que Margotte propose une flânerie proustienne, L'express vous déconseille, en 4 points, non sans humour mais assez péremptoirement de délaisser A la recherche du temps perdu : pourquoi ? parce c'est du "temps perdu", qu'André Gide n'a pas aimé, ce n'est qu'une histoire de sexe et qu'il n'y a aucun suspense ! Voici en 4 temps, quatre raisons, beaucoup moins drôles que l'article de l'Express, d'aimer "Albertine disparue"... et tout Proust :

1." On n'aime que ce qu'on ne possède pas tout en entier" (La prisonnière).

Certes La recherche ne se lit pas en un jour, ni en une semaine, ni en un été ! Il faut (re)trouver du temps pour le lire ! Cependant, personne ne vous oblige à le lire d'une traite : Proust se savoure comme une madeleine. En outre, Albertine disparue est le plus court des romans proustiens : le manuscrit retrouvé montre que l'auteur avait condensé son roman : est-ce une addition à la La prisonnière ? Est-ce une partie à part ? Nous n'en saurons rien mais la brièveté du tome est indéniable. Au-delà de ce tome, La recherche semble bien court par rapport à la vaste Comédie humaine de Balzac ou au cycle des Rougon-Macquart de Zola...

2. Valéry, Jacques Rivière et Cocteau... ont aimé la Recherche...

Ah ! Ce n'est pas parce que Gide n'a pas aimé A la recherche du temps perdu qu'il ne faut pas l'aimer. Valéry, qui n'était pas non plus n'importe qui, en 1923 louait l'écriture de l'auteur dans son "hommage à Proust". Justement, après des débuts laborieux dans Albertine disparue, " Mademoiselle Albertine est partie!", composé d'instants proustiens, de souvenirs empilés les uns sur les autres, la phrase proustienne arrive toujours à vous enchanter : toute résistance s'effondre. En voici un exemple, après qu'Albertine soit morte, le narrateur se rend à Venise avec sa mère :

"Mais dès le second jour ce que je vis en m'éveillant, ce pourquoi je me levai (parce que cela s'était substitué dans ma mémoire et dans mon désir aux souvenirs de Combray), ce furent les impressions de ma première sortie du matin à Venise, à Venise où la vie quotidienne n'était pas moins réelle qu'à Combray, où, comme à Combray le dimanche matin, on avait bien le plaisir de descendre dans une rue en fête, mais où cette rue était tout en une eau de saphir, rafraîchie de souffle tiède, et d'une couleur si résistante que mes yeux fatigués pouvaient pour se détendre et sans crainte qu'elle fléchît, y appuyer leurs regards" (p. 128).

Ne vous laissez pas décourager, car ce récit évanescent, doublement abstrait puisqu'il parle d'une rupture donc d'une absence, exprimée à travers des souvenirs, vous bercera par son langage poétique et par ces analyses microscopiques, minutieuses de la psyché humaine, de l'oubli, du deuil, du souvenir...

3. "La vérité suprême de la vie est dans l'art" ( Le temps retrouvé).

La recherche, une histoire de sexe ? (L'auteur de l'article chercherai-il au contraire à pousser à des achats proustiens ???). Oui, certes mais c'est aussi l'histoire d'un homme écrivant... la recherche ! C'est aussi une critique sociale, une peinture des sentiments... L'attention portée aux mots, à sa valeur sociale est tout aussi importante que les méandres des sentiments des personnages. Tout sous la plume de Proust se métamorphose en art  : "Françoise devait être heureuse de la mort d'Albertine, et il faut lui rendre justice que par une sorte de convenance et de tact elle ne simulait pas la tristesse". Mais les lois écrites de son antique Code et sa tradition de paysanne médiévale qui pleure comme aux chansons de geste étaient plus anciennes que sa haine d'Albertine et même d'Eulalie" (p. 118). Le narrateur veut parler de son histoire d'amour avec Albertine, il invoque la tragique pièce de Phèdre de Racine... 

4. "C'est là en effet un des grands et merveilleux caractères des beaux livres que pour l'auteur ils pourraient s'appeler "Conclusions" et pour le lecteur "incitations". (Sur la lecture, Proust)

N'y a-t-il aucun suspense ? Vous souhaitez savoir qui est Swann. Que devient Odette de Crécy ? Qu'appelle-t-on le côté de Guermantes ? Lisez la recherche au-dessus de votre serviette de plage, et non, comme oreiller, en-dessous de votre tête !

 Proust, Albertine disparue, Grasset, 201 p.

Participation à la flânerie proustienne de Margotte/ Lecture commune avec Keisha.

5 octobre 2011

Oliver Twist de Dickens : ISSN 2607-0006

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Chaque mois dans les Mélanges de Bentley, les lecteurs impatients découvraient la publication de 16 pages d'Oliver Twist, interrompue pendant l'été 1837 à cause du deuil de la belle-soeur de Dickens ( biographie sur le site Larousse). Il n'est pas besoin de vous dire combien l'impatience des lecteurs devait être grande à l'attente de chaque livraison tant ce roman est merveilleusement ficelé ! Mais que découvrait-il dans ces pages ? Oliver Twist fait partie des personnages qu'il n'est pas de besoin de décrire comme Cosette ou Mme Bovary, leur nom est devenu un symbole. Oliver, c'est l'enfance malheureuse. Orphelin dès la naissance, il est obligé de travailler dans une fabrique d'étoupe, puis, chez un entrepreneur de pompes funèbres avant de tomber dans les griffes du satanique Fagin.

Ce roman s'inscrit dans le genre de la Newgate School of fiction : il veut dénoncer la nouvelle lois sur les pauvres de 1834, d'où une certaine insistance dans la description de la pauvreté et des maltraitances que subit Oliver. Larmoyant et mélodramatique dans le premier tiers du livre qui paraît long, très long, il prend peu à peu des teintes plus sombres et plus rocambolesques : coïncidences et faits extraordinaires de tous genres viennent complexifier l'aventures d'Oliver qui disparaît peu à peu du premier plan. Car Oliver Twist est aussi le roman des criminels et des crimes en tout genre. A partir de son arrivée à Londres, les intrigues s'entremêlent pour se rejoindre dans un dénouement spectaculaire. Comme tout bon roman-feuilleton, les épisodes extravagants s'accumulent ainsi que des faits invraisemblablement inouïes : Monk cherche l’appariteur Bumble ? Voici que ce dernier s'arrête justement par hasard dans le même bouge que Monk alors qu'ils ne se sont jamais croisés auparavant ! Certaines scènes sont aussi invraisemblables. Que penser de cette attitude de Fagin ? " Quoi ? dit la fille, tandis que Fagin se taisait, la bouche presque collée à son oreille, sans cesser de la regarder dans les yeux " !

Pourquoi faut-il lire ce livre de Dickens ? Bien sûr, pour sa mise en scène de Londres dickensifiée : "Près du point de la Tamise sur lequel donne l'église de Rotherhithe, à l'endroit où les édifices des rives sont les plus sales, et les bateaux du fleuve les plus noircis par la poussière des charbonniers et la fimée des maisons aux toits bas, entassées les unes sur les autres, c'est là que se trouve des nombreuses localités qui se cachent dans Londres absolument inconnues, même de nom, de la grande majorité des habitants. Pour atteindre cet endroit le visteur doit pénétrer dans un dédales de rues étroites, boueuse et malodorantes, surpeuplées de riverains parmi les plus grossiers et les plus pauvres, consacrées au commerce que leur présence est censée susciter." Jamais Londres n'a paru aussi brumeux et sordide...

Un classique à connaître à tout prix bien que l'humour de Dickens soit moins présent, même si certaines caricatures sont extrêmement réussies comme les portraits des super-scélérats. Quelle verve ce Dickens ! Quelle inventivité ! Ce personnage est devenu si populaire que Disney en a fait une version ridiculement niaise sur un tempo euphorique, tandis que Roman Polanski a adapté de manière très soignées et très  fidèle cette histoire fameuse, spectaculaire et inoubiable.

 Dickens, Oliver Twist, Livre de poche, 725 p.

Autres roman : Le grillon du foyer, L'homme hanté,

Oliver Twist de Roman Polanski, avec, Barney clarck, Ben kingsley, 2005, 2h05.

Oliver Twist de Disney, avec Richard Dreyfuss, Elijah Wood

Challenge Dickens de Isil

22 avril 2011

Il ne faut jurer de rien adapté par Eric Civanyan : ISSN 2607-0006

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Dans la même veine que ses pièces à proverbe comme On ne badine pas avec l'amour de Musset, Il ne faut jurer de rien est une courte comédie, mettant en scène un jeune libertin Valentin, qui dédaigne le mariage. "Prétends-tu que toutes les femmes soient fausses et que tous les maris sont trompés ?", lui demande son oncle Van Buck, qui espère le voir épouser la jeune et riche  Cécile de Mantes. Valentin ne croit plus en l'amour et parie qu'il séduira Mlle de Mantes en huit jours : cela prouvera sa légèreté, confirmant ainsi sa méfiance envers les femmes. Ce pari amène des situations farfelues. Mêlant scènes comiques grâce à des fantoches comme la baronne, mère de Cécile, toujours accompagnée d'un sot abbé, et scènes lyriques, Musset aborde l'éternelle question de l'amour et du mariage. Qui de l'oncle ou de Valentin aura raison ?

Civanyan en fait une bonne grosse comédie : le choix des acteurs, Gérard Jugnot et J. Dujardin, annonce d'emblée la couleur. Il ne faut pas rechercher la fidélité au texte bien que certaines répliques de Il ne faut jurer de rien et celles de Badine parsèment les dialogues dans un langage moderne. Tout en développant les personnages secondaires, il reprend la trame principale à laquelle il ajoute aussi une dimension historique faisant même intervenir le Baron Haussmann. Ce film énergique n'est d'ailleurs pas dénué d'une certaine couleur historique. La comédie tire vers la farce avec un comique gaillard : le réalisateur met l'accent sur la débauche de Valentin et de toute la société par la même occasion. Les personnages semblent issus du répertoire moliéresque : l'oncle est transformé en monomaniaque avare, tandis que l'abbé a des airs de Tartuffe. Tous les traits de caractère sont grossis, avec une baronne atteignant le comble du ridicule. Entre classicisme et modernité, cette comédie dynamique, sans nuance, manque quelque peu de subtilité et tombe trop facilement dans l'humour grivois...

Il ne faut jurer de rien, Civanyan, 2005, Mélanie Doutey, Gérard Jugot, Jean Dujardin.

Challenge back to the past, organisé avec Lou.

24 avril 2011

Mary Reilley de Frears : ISSN 2607-0006

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Il semblerait que dans l'imaginaire ou la réalité, l'ère victorienne si austère ait enfanté de nombreux monstres. Adapté d'un livre de Valérie Martin, Mary Reilly revisite le mythe du docteur Jekyll et Mister Hyde, en inventant de nouveaux protagonistes à l'histoire de Stevenson et une histoire romanesque entre le docteur Jekyll et une domestique. Comme le titre éponyme du film l'indique, le personnage principal de ce film est Mary Reilly, une servante au service du docteur. Elle suscite son intérêt par sa douceur et sa bonté, contrastant avec une enfance des plus noires et des plus sombres.

Mary Reilly joue clairement sur le thème de la dualité : les séquences sont savamment orchestrées entre des intérieurs beaux, luxueux et lumineux où se meut Mary tandis que les extérieurs sont emplis de brouillard, de grisaille et le laboratoire de Jekyll est poussiéreux et sombre. La dimension sanglante, proche parfois du grand guignolesque, ajoute une touche de terreur dans des visions parfois cauchemardesques. Cette dualité apparaît évidemment dans la lutte entre le bien et le mal que livre le docteur Jekyll, avec lui-même faisant échos aux idées baudelairiennes de l'aspiration entre le ciel et l'enfer et que la "vraie beauté est dans la corruption" : " je suis la plaie et le couteau", dit le docteur Jekyll, citant ainsi un des poèmes de la douleur et du dédoublement des fleurs du mal.

Si le film de Fleming met l'accent sur les métamorphoses et la face noire de Hyde, ici Jekyll incarne la dualité de l'homme. "Je ne pense pas que ça existe des actes sans conséquences", affirme Mary Reilly, s'efforçant de respecter les convenances et la place qui lui revient. Film américain, il est très britannique par la place donnée à la vie des domestiques, avec un butler typique. Ce film souffre parfois du grand-guignolesque et d'un Hyde pas très convaincant. Une oeuvre originale mais pas inoubliable....

Mary Reilley, Stephen Frears, (1996) avec Julia Roberts, Malkovitch

Challenge back to the past, organisé avec Lou (option tea cup), et son avis.

Mary Reilly - Trailer

8 septembre 2011

Karen et moi de Nathalie Skowronek : ISSN 2607-0006

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"J'avais une ferme en Afrique" : c'est par ces mots évocateurs que N. Skowronek entreprend de raconter la vie de Karen Blixen, tout en tissant des liens avec sa propre vie et tout en instaurant un dialogue avec la célèbre romancière danoise. Cette rencontre rêvée, sublimée et littéraire lui permet de raconter sa souffrance, d'évoquer les personnes importantes qui ont peuplé sa vie ainsi que ses premiers pas dans l'écriture...

La vie de K. Blixen est retracée à partir de sa correspondance avec de nombreuses citations de lettres, mais aussi des résumés de La ferme en Afrique, l'autobiographie de Karen B. Ainsi se construit une autre image de cette grande conteuse qu'elle masque pudiquement dans La ferme en Afrique : de nombreuses déceptions ont jalonné sa vie et elle souffre grandement du manque de reconnaissance (?) ou du moins de pas pouvoir réussir sa vie comme elle l'entend car son mariage sombre et se termine par un divorce et son amant Denys finit par la quitter. Malade, elle souffre physiquement mais aussi moralement lorsqu'elle doit quitter l'Afrique.

Mais si N. Skowronek évoque tant les malheurs et la fragilité de K. Blixen, tout en soulignant son originalité, son indépendance et son courage, c'est que Karen lui apparaît comme un double. Parallèlement à ce premier portrait, elle développe le sien :" elle est désormais celle en miroir de laquelle je me penche sur ma vie de femme" (p. 14). Dommage que l'écrivain n'ait pas développé davantage la biographie de Karen au lieu de parler d'elle d'une manière nombriliste, bien que le double destin soit annoncé dans le titre. L'aspect plaisant de son récit vient de la description du processus d'écriture, de l'évocation de ses lectures préférées et des références littéraires : "Cela me faisait du bien, je me perdais dans mes pensées, j'imaginais des livres que j'espérais écrire un jour. Virginia Woollf n'était jamais loin, elle me parlait, je l’apercevais entre les branches des arbres. Cette forêt c'est ma chambre à moi, le seul endroit où je pouvais avouer mes rêves de poésies." (p.58). L'écriture ne manque pas d'attraits pour ce premier roman, ni le sujet mais elle n'a pas l'élégance de la prose de Karen Blixen

 Skowronek, Karen et moi, Arlea, 146 p.

Merci à Newbook et Arléa pour ce partenariat.

Lu aussi par Alinéa...

27 avril 2011

Shakespeare in love de John Madden : ISSN 2607-0006

Shakespeare en quelques dates : Ce qui est frappant dans les biographies de Shakespeare ( biographie présentée par Dominique et sur le site du Larousse), c'est que finalement, on ne sait qu'assez peu de choses sur cet auteur... Né en 1564 à Stratford, il est le fils d'un gantier, un riche bourgeois mais qui a connu des revers de fortunes. Les premières années sont mystérieuses. Alla-t-il à l'université ? Qu'a fait Shakespeare de 1582-1592 ? Pendant ces années, appelées les "années perdues", on a supposé qu'il a fait ses débuts de comédien chez Hesketh un riche propriétaire terrien. En 1582, il se marie avec Anne Hattaway et en 1656, ses premières pièces furent jouées.  Les compagnies arrêtèrent de jouer vers 1692 à cause des épidémies de peste. Le succès de Shakespeare ne cesse de croître et sa troupe du Chambellan devient membre des comédiens du roi. Copropriétaire du Globe, il écrit des comédies, des tragédies et des pièces historiques et ne cesse d'écrire qu'en 1613. Ses pièces sont souvent d'un genre inclassable, mêlant comédie et tragédie, et évoluant vers une esthétique baroque : " nous sommes de l'étoffe des rêves et notre petite vie est entourée de sommeil".

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"Totus mundus agit histrionem" ( Petrone). Dans l'ouvrage écrit par François Laroque, très bellement illustré, pour brosser le portrait de ce dramaturge élizabéthain, il aborde divers thèmes, développe le contexte historique qui a largement nourri l'oeuvre de Shakespeare : croyances et folklore populaire affleurent dans les oeuvres shakespeariennes. Les fêtes de la Renaissance, données lors des grandes fêtes du calendrier ou de la venue de la Reine, à l'occasion des banquets en hiver et fantômes, surnaturel, sorcières hantent l'univers du grand dramaturge. A cette époque se développe aussi toute une mythologie monarchique : bien qu'Elizabeth I ( 1558-1608) ne soit pas évoquée dans les pièces de Shakespeare, elle instaure une esthétique propre à Londres en pleine expansion. Mais dès 1613, un climat de décadence se développe sous Jacques I.

"Shakespeare in love" - Official Trailer

Shakespeare in love : on le voit, l'imagination des critiques est fertile ainsi que celle des réalisateurs : J. Madden imagine à partir de ces années perdues, une bluette sentimentale entre le dramaturge et une jeune femme aristocrate. C'est de cet amour impossible, car Viola est promise au duc de Wessex, que serait née la pièce Roméo et Juliette.

Si vous voulez connaître les moeurs d'un théâtre de l'époque élizabéthaine, regardez cette comédie romanesque aux reconstitutions très réalistes. Le réalisateur évoque les problèmes d'attribution des textes, avec le travail de Marlowe et Shakespeare, mais aussi les conditions de vie des acteurs :  rivalités entre théâtres, apprendre des rôles avec des dialogues qui changent, les rôles féminins joués par des jeunes garçons, l'importance de plaire au public et la reconstitution du globe... Une mention spéciale doit être faite pour les costumes extravagants et éclatants. Les scènes de duel attendues, les fêtes dans les chateaux avec intervention de saltimbanques appartiennent aux moeurs de l'époque mais la trame en elle-même est peu crédible de même que la mort de Marlowe expliquée d'une manière farfelue. Ce film est lyrique, comique, tragique, à l'image d'une des pièces les plus célèbres de Shakespeare Roméo et Juliette, dont sont mis en scène des passages entiers grâce à une mise en abîme. Cette comédie est un beau témoignage et un hommage à Shakespeare, bien que l'intrigue romanesque soit des plus fantaisistes...

Shakespeare, Comme il vous plaira, Découverte Gallimard, François Laroque, 185 p.

"La vie de Shakespeare", le Magazine littéraire, Par Louis Lecoq, p. 20-22.

Shakespeare in love, de John Madden, avec Firth Collins, Ben affleck, Joseph Fiennes, Gwyneth Paltrow, (118 min).

Challenge back to the past, organisé avec Lou, special tea cup.

Challenge shakespeare, organisé avec claudia.

18 mai 2011

Miss Charity de Murail : ISSN 2607-0006

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 Avec humour, Charity, une petite-fille de l'ère victorienne nous raconte son enfance bercée par les contes cruels de sa nourrice écossaise et par les histoires qu'elle se raconte sur toutes sortes d'animaux. On découvre les préceptes qui régissent la vie de cette petite fille, qui choisit l'imagination comme rempart à toutes les interdictions : "une jeune fille convenable ne devait pas passer dans un musée. C'était un lieu de rencontres douteux", les femmes sont plus vêtues pour aller se baigner que dans un simple bal, les enfants ne doivent pas parler en présence des adultes. Les dialogues alternent avec des récits, dans un style simple mais humoristique, plein de références shakespeariennes et wildiennes. La biographie de Beatrix Potter se fait romance en de nombreux points, l'auteur se laissant influencer par la littérature de l'époque avec une gouvernante séquestrée, sauvée miraculeusement par son prince charmant (en fait, un précepteur allemand !) et une domestique devenant folle, après avoir incendié la maison, dans la plus pure tradition des romans gothiques.

"Nous sommes tous dans la boue mais certains d'entre nous regardent les étoiles".(Wilde)

Cette biographie romancée est accompagnée par des illustrations dont certaines font penser à celle de B. Potter mais elles paraissent bien maladroites et inutiles parfois... Les gens et animaux sont bien mieux croqués dans les incisives remarques de B. Potter : "J'avais peut-être espéré rencontrer Monsieur Barney dans une serre au milieu des bananiers en fleur. Monsieur Barney nous attendait dans son bureau, un bureau assez sombre et humide, propice à la culture de la moisissure. Lui-même long et sec, semblait avoir séché sous presse entre deux buvards" (p. 140). Construites en opposition par rapport à Charity, sa mère et la mère Bertram sont des produits typiquement victoriens, de même que les deux cousines de Charity, qui suivent le destin tout tracé des femmes de cette époque : "Je me doutais bien dès que j'avais le dos tourné, elle faisait rire à mes dépends. Mais qu'importe, elle me divertissais toujours un peu et je n'avais pas à prendre la peine de lui répondre. Elle parlait toute seule comme Cook. coin, coin, coin.". Hypocrites et orgueilleuses, elles ont un coffre fort à la place du coeur...

Les malheurs morbido-romanesco-rocambolesques de tous ces animaux prennent une place démesurée et sont parfois répétitifs. De même, on pourra trouver un peu artificiel les dialogues de la fin, qui ressemblent davantage à une compilation forcée des oeuvres de Wilde qu'à une vraie conversation sensée, alors que les vers et pièces shakespeariens sont adroitement mêlés au dialogue. Ce sont les seules ombres de cette peinture amusante, fraîche et enlevée de la société victorienne, qui nous donne envie de découvrir une autre biographie écrite par M-A Murail, celle de Dickens.

Murail, Miss charity, illustré par Philippe Dumas, L'école des Loisirs, 563 p.

Lu aussi par Alice, Ys, allie, George, Theoma, Karine et beaucoup d'autres...

Vous pouvez retrouver d'autres informations sur le site" l'univers de B. Potter". Il existe également le film Beatrix Potter par Noonan

film__3968-miss-potter--hi_res-68851aafMiss Potter © MOMENTUM PICTURES ALL RIGHTS RESERVED

12 novembre 2011

Halloween party II : ISSN 2607-0006

Evil Dead 2 (1987) - Trailer

Dans cet opus d'Evil Dead II, on retrouve Ash l'anti-héros qui arrive dans une petite cabane, perdue dans les bois, avec une amie. Là il écoute une cassette où un professeur annonce la découverte du Nécronomicon, le livre des morts, perdu depuis le XIIIeme siècle. La voix du professeur réveille, par ses incantations, les esprits de la forêt qui viennent posséder le couple. Devil Head II est ouvertement et joyeusement une parodie de Massacre à la tronçonneuse et de L'exorciste, deux films cultes tournés en dérision. Malheureusement, ce film est beaucoup moins abouti que l'armée des ténèbres : moins original, moins inventif, c'est surtout au niveau des dialogues quasi inexistants que le film pèche le plus; car ils ne sont composés - mais c'est que Sam Raimi a bien compris l'essence des dialogues des films d'horreur - que de criiiiiis et encore de criiiiis. In fine, un opus quelque peu décevant même si certaines scènes resteront gravées dans votre mémoire : des portes qui grincent, une tête de cerf empaillée - une allusion à Psychose ? - et des lampes hantées se mettent à bouger comme si elles riaient d'une manière très... communicative. Evil dead II reste un bel hommage comique aux films d'épouvante.

Sam Raimi, Evil dead II, 85 min, 1987, avec Bruce Campbell.

Le Bal des Vampires - Bande Annonce Officielle (VOST) - Roman Polanski

Fidèle au mythe de Dracula créé par Bram Stocker, R. Polanski s'en rappelle pour mieux en détourner les codes. Le génial et méconnu - et pour cause... - professeur Abronsius, surnommé le "cinglé" dans le milieu scientifique, poursuit des chiroptères géants, aidé de son fidèle mais benêt assistant Alfred. Les gags farcesques se succèdent à un rythme endiablé : chutes nombreuses, le comique repose essentiellement sur un comique de gestes, où il est aussi question de chauves-souris somnambules et où Dracula veut bien se faire dédicacer le livre d'Abronsius, intitulé Les chauve-souris et leurs mystères. Scène d'anthologie, le final spectaculaire : le bossu se sert d'un cercueil comme d'une luge... On nage vraiment en pleine parodie et il faut voir ce film pour savourer l'ironie du sort finale.

Roman Polanski, le bal des vampires, 1968, avec Roman Polanski et Jack Gowran.1h50.

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 L'ineptie des dialogue jointe à une intrigue inconsistante font de ce film un navet qui a de surcroit mal vieilli. L'horizon d'attente est limité à ce qu'annonce le titre et une jaquette kitschissime, c'est à dire une attaque de sangsues géantes. Les acteurs sont trop expressifs, jeu d'expressions faciales inspirés des films muets. L'un des personnages a raison de dire que " ces gens-là ne sont pas comme tout le monde" ! La plupart du temps, ils sont avinés donnant lieu à des propos mysogines, des blagues vaseuses, des dialogues involontairement comiques : à l'un des habitués du bar qui dit avoir vu un monstre, donc une des sangsues géantes, un autre répond que c'est certainement un crocodile géant mal formé (?!). Quant aux effets spéciaux, ils se résument à des sangsues ressemblant à l'extraterrestre de La soupe aux choux ! Un film involontairement comique qu'il n'est pas indispensable de connaître, voire à éviter pour ne pas perdre son temps et pour ne pas s'ennuyer ferme... Un film improbable !

L'attaque des sangsues géantes, Bernard Kowalski avec Ken Clarck et Yvette Vickers.

participation au challenge Halloween de Lou et Hilde.

20 juin 2011

Dickens de Marie Aude Murail : ISSN 2607-0006

"Nulla dies sine linea" aurait pu être aussi le devise de Dickens, père du roman fresque ou du roman feuilleton : il écrit beaucoup et dans l'urgence... "De 9 heures à 14 heures, il est à son bureau, isolé des siens par une double porte. En moyenne, il écrit 2000 mots à chaque séance de travail, quatre mille quand il est en transe"* : mais Dickens ne peut se résumer à des chiffres. Non, l'accent est mis généralement par ses biographes sur ses œuvres, sur son humour, sur les personnages abondants et les intrigues à rebondissements. Murail, Gattegno** et Zweig (biographie sur le site Larousse) ont écrit des biographies de Dickens d'une manière assez libre, certainement pas d'une manière exhaustive, mais avec passion.

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Zweig, Trois maîtres, Livre de poche :

L'admiration pour Dickens perce dans chaque ligne, Zweig le présentant comme une star de l'époque qu'il était, provoquant des émeutes. Fait-il pour autant une apologie ? En fait, il s'interroge sur l'incroyable succès de Dickens : pourquoi a-t-il connu une telle popularité ? Le chapitre "Dickens", dans Trois maîtres, est moins une biographie qu'une poétique de ses romans. Sans interprétation psychologique, l'auteur replace le célèbre auteur victorien dans son contexte et analyse subjectivement et très justement le style dickensien, soulignant à la fois son humour et son admirable intuition pour avoir mis en scène et s'être adressé à ceux qui le lisent, c'est-à-dire les bourgeois. Zweig donne ainsi une vision de l'univers de Dickens par rapport à son siècle. L'écriture surchargée de Sweig ne gâche pas ses belles analyses. Laissons conclure l'auteur : "Et ainsi Dickens reviendra toujours de son oubli, lorsque les hommes auront besoin de gaîté et lorsque, fatigués des tragiques tiraillements de la passion, ils voudront entendre, même dans les choses les plus effacées, la musique mystérieuse de poésie".

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 Murail, Charles Dickens, Ouvrier à douze ans, célèbres à 24, Médium Club :

Comme un roman, avec des titres dignes des romans du XIXeme siècle tels que "Où un jeune gentleman se retrouve dans le cirage" ou "quand la gloire vous tombe dessus et que vous avez vingt-quatre ans",... Marie-Aude Murail beaucoup plus traditionnelle dans sa manière d'aborder l'auteur, fait une biographie chronologique. Avec une écriture fluide, très dynamique, la romancière analyse l'oeuvre et la vie, abordant tour à tour ses amours, ses personnages, développant les projets philanthropiques de Dickens, les lectures publiques pour aider un institut d'ouvriers. Mais ce qu'on retiendra de Dickens, ce sont ses personnages inoubliables tels que le vieux Scrooge, la petite Dorrit etc... et son talent inimitable de conteur humoristique mais côtoyant aussi de magnifiques morceaux de bravoures au registre pathétique.

Ces deux belles biographies et études nous parlent différemment, mais toujours avec brio, d'un auteur dont la popularité est encore incontestable.

* p. 114, Charles Dickens, M-A Murail.

** Dickens, Jean Gattegno, Seuil.

23 novembre 2011

Rosemary's baby de Roman Polanski : ISSN 2607-0006

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 Voici un film côtoyant les sciences occultes tout à fait passionnant. Les sorciers ont quitté le monde des contes de fées pour devenir encore plus terrifiants. Un jeune couple, Rosemary et Guy Woodehouse s'installent à New York, plein d'insouciance et d'espoir. Mais peu à peu leurs voisins s'immiscent dans leur affaire, dans leur appartement, et Rosemary perçoit de nombreux signes inquiétants dans cette demeure à commencer par l'histoire de la maison - hantée - qui aurait abrité une sorcière cannibale et un ancien adepte de la magie noire. Dès leur arrivée, Rosemary décide de décorer sa maison et ne pense qu'à jouer le rôle de la femme d'intérieur parfaite, mais des détails sinistres et diffus font présager le pire.

C'est avec beaucoup d'art et de subtilité que Roman Polanski installe une angoisse qui grandit peu à peu. Pourquoi leurs voisins - Minnie et Roman Castevet - ont-ils enlevés tous leurs tableaux ? Les morts et les accidents se multiplient autour du couple, sont-ils liés à ces étranges voix, qu'entend Rosemary, venant des appartements voisins ? Roman Polanski réussit le tour de force à nous faire croire à l'incroyable et comme dans d'autres films plus récents comme La neuvième porte ou The ghost writer, l'écrit, les jeux de mots ont une grande importance et c'est grâce à un annagramme que Rosemary découvrira la vérité. Très naturellement et subtilement, le film tourne au cauchemar et à l'irréel sans jamais tomber dans le grotesque : Mia Farrow incarne à merveille cette femme fragile, apeurée et isolée et l'imagerie populaire diabolique est très bien mise en scène, avec quelques images surréalistes.  Un film tout à fait horrifique et captivant de Roman Polanski.

Rosemary's Baby, Roman Polanski, 1968, 2h16, Mia Farrow, John Cassavetes.

Autre film : Le bal des vampires,

Vous pouvez ici suivre le parcours de Roman Polanski sur le site de Nikki.

Challenge Halloween de Lou et Hilde.

26 juin 2011

Rebus et le loup garou de Londres de Ian Rankin : ISSN 2607-0006

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 Voici notre célèbre enquêteur écossais appelé à travailler à... Londres : un tueur en série sévit, assassinant sauvagement des femmes en laissant une morsure sur leur ventre. Cependant le modus operandi ne présente aucun point commun : différents lieux, différentes professions, les victimes ne semblent pas avoir de lien. Mais les difficultés ne font que commencer pour Rebus car ses collègues ne semblent pas apprécier un étranger ( = écossais) dans l'équipe et la communication n'est pas l'apanage de Rebus. Outre ses déboires professionnels, à Londres, vivent aussi son ex-femme et sa fille qui a pour ami un jeune homme qui déplaît à Rebus...

 Si vous avez aimé L'étrangleur d'Edimbourg, vous serez assez surpris par ce troisième opus. Rebus est un personnage très différent et a beaucoup évolué en un quidam assez insignifiant. Il tombe amoureux au premier regard, il est bien évidemment en froid avec son ex-femme, et correspond plus à un cliché qu'à un personnage avec sa propre psychologie. Voilà le hic : cette enquête est très proche des séries télévisées, ce dont l'auteur est conscient et y fait quelques allusions. "Rebus lui-même se faisait l'effet d'un spectateur et pensait à tous ces films et séries policières qu'il avait pu regarder, où la police débarque en masse dès la première minute (détruisant au passage les indices matériels) et résout l'affaire à la cinquante-neuvième ou quatre-vingt-neuvième minute. ridicule à vrai dire. Le travail d'enquêteur n'était que ça : du travail. Acharné, répétitif, besogneux, frustrant, et surtout de longue haleine".

Heureusement, l'humour pince-sans-rire de Rebus et un regard moqueur sur la psychologie, l'atmosphère londonienne - où traine un ou deux excentriques dont un dentiste exalté et une scène spectaculaire dans la National Gallery - et une intrigue infaillible - impossible de deviner qui est le tueur avant les dix dernières pages - permettent de compenser un style qui regorge de comparaisons incongrues et de clichés même si c'est pour mieux s'en moquer...

 Rankin, Rebus et le loup Garou de Londres, Livre de poche, p. 349.

Lecture dans le cadre du mois kiltissime organisée par Lou et Cryssilda.

9 janvier 2012

La tyrannie des couleurs, "La route du haut safran" de Jasper Fforde : ISSN 2607-0006

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Depuis L'utopie de Thomas More, ce genre exerce une attraction particulière sur les auteurs qui aiment à développer des sociétés idéales pour mieux dénoncer les problèmes contemporains. Ffjorde avec une imagination tout bonnement délirante invente une chromocratie où la vie des personnages est régentée par une hiérarchie stricte codée par des couleurs : les rouges et les jaunes sont socialement plus élevés que des gris, simples ouvriers...C'est une société régie par des valeurs très strictes où même un noeud papillon mal fait peut vous valoir des "démérites".

Comme dans Fahrenheit 451 de Bradbury, le jeune héros Edouard Rousseau va se rebeller contre l'iniquité et les atrocités de cette "tyrannie des couleurs", des mensonges de la chromocratie. Les mots "racailles" et le fait que les personnages portent des codes barres ne semblent pas anodins et semble renvoyer implicitement à la seconde guerre mondiale. Au-delà des idées mises en oeuvre dans ce roman, qui se révèlent assez banales, le roman est assez indigeste à lire : l'auteur a entièrement créé un monde nouveau, une géographie nouvelle avec des noms transparents comme le "reboot", "les franges extérieures", "Carmin Est"... Une histoire nouvelle toute aussi transparente, en parlant à plusieurs reprises des "Bonds en arrière", jamais explicités.

Mais parfois le texte reste très allusif et on ne sait rien de cette maladie appelée le mildiou sauf qu'il vous expédie dans le reboot. On ne sait pas pourquoi non plus certaines personnes n'ont plus d'oreilles etc... Peut-être l'auteur prévoit-il une suite comme le suggère la fin du roman. "Les Pucks, les balayages de mémoires, le Lincoln, le citron vert et le Gordini, tout ça n'en est qu'une faible partie" : le fatras d'inventions décourage parfois un lecteur déjà réfractaire à cet univers. C'est sans compter aussi que le héros est jeune, idéaliste et a des préoccupations d'adolescent. Un livre pour la jeunesse ? Cela y ressemble, surtout que le vocabulaire et le style est des plus banales, voire sans saveur particulière.  Soit on entre de plain pied dans cet univers coloré, soit on reste en marge à s'ennuyer ferme par cette longue mise en place d'éléments.

 Fforde, La tyrannie des couleurs, Fleuve noir, 589 p.

Merci à dialogue pour ce partenariat

26 février 2012

Le chapeau de Mr Briggs de kate Colquhoun : ISSN 2607-0006

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"La folie du rail" : A. Christie semblait fascinée par les trains et a placé dans ces lieux clos plusieurs meurtres sauvages... Quant à Zola, s’inspirant d'une histoire réelle, le meurtre de Poinsot par Charles Judd, il écrit La bête humaine. En 1853, un meurtre effroyable ayant lieu dans un train va défrayer les chroniques londoniennes : Le chapeau de Mr Briggs retrace cette histoire réelle qui concurrence la fiction tant les rebondissements et les éléments de l'intrigue sont semblables à ceux de Wilkie Collins et à l'histoire Le secret de Lady Audley d'E. Braddon. Kate Colquhoun fait d'ailleurs de nombreux parallèles entre le roman d'E. Braddon et la mentalité de l'ère victorienne. Quel choc pour les bourgeois "comme il faut" lorsqu'ils apprennent qu'un homme respectable comme Mr Briggs, travaillant à la City et "bon père de famille", sans histoire, se fait assassiner dans le train qui le ramenait tous les samedis rejoindre son tranquille foyer ! La presse évidemment s'empare de l'affaire, en même temps que la police, qui va piétiner un bon moment entre de faux aveux et des vrais pistes... laissées en suspens ! L'horreur est à son comble ! plus personne ne se sent en sécurité.

C'est avec beaucoup de brio que K. Colquhoun recrée l'atmosphère tapageuse de l'East End et l'horreur croissante de la bourgeoisie, tout en faisant allusion à littérature contemporaine de l'affaire - du peuple de Dickens, à La dame en blanc, de Wilkie Collins - et en y insérant habilement de surprenantes phrases très romanesques : "Au-dessus de sa tête le frêle croissant d'une nouvelle lune limpide vibrait entre les nuages". La presse se fait l’écho de cette littérature dite "à sensation": "on crut un moment que l'inspecteur Kerresey poursuivait en chaise de poste un suspect à travers les montagnes d'Ecosse" (p. 82). Mais le réel imite l'art et dépasse la fiction quand on apprend que ce n'est pas dans les montagnes d'Ecosse qu'on poursuit le criminel mais à New York !

Historienne de formation, K. Colquhoun décrit minutieusement la recherche des indices, les témoignages - qui se répètent à la longue - l'affaire judiciaire, le déroulement des séances etc... ce qui nous permet de nous plonger au cœur de l'histoire. Toutefois, la "forêt de noms propres" et le foisonnement des lieux nous laissent étourdis, voire abasourdis. Surtout, ce crime réveille maints problèmes concernant la presse, la sécurité dans les trains et la question de l'abolition de la peine de mort. La dimension historique n'est pas oubliée avec les pressions de la Prusse sur le Danemark, pays de la nouvelle reine, femme d'Edward. Malgré le foisonnement d'informations, ce livre documentaire - il y a un "sentiment d'histoire" selon une expression de Taine - développe de manière extraordinairement passionnante l’atmosphère et les problèmes de l'Angleterre du XIXeme siècle.

Colquhoun, Le chapeau de Mr Briggs, Bourgois, p.458.

Lu aussi par Ys et Alicia

6 juin 2012

84 charing cross road d'Hélène Hanff : ISSN 2607-0006

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Si j'avais été Hélène Hanff, en recevant mon livre le 84 charing cross road, j'aurais asticoté mon libraire à cause de la laideur de sa couverture - ce qui n'est pas tout à fait vrai car si elle ne me plaît pas, elle n'est pas hideuse... - et j'aurais écrit pour avoir un autre exemplaire ! Oui, car Hélène Hanff, dramaturge américaine méconnue a entretenu une relation épistolaire avec son libraire anglais pendant une vingtaine d'années...  On pourrait croire que cette correspondance ne parle que de livres, de mandats, de commandes mais grâce à l'écriture pleine de vivacité d' H. Hanff, on ne s'ennuie à aucun moment... Voici 5 raisons d'aimer cette correspondance d'une grande lectrice :

- L'humour dont fait preuve H. H. : " vous me donnez le tournis à m'expédier Leigh Hunt et la vulgate comme ça, à la vitesse du son ! Vous ne vous en êtes probablement pas rendu compte, mais ça fait à peine plus de deux ans que je vous les ai commandés. Si vous continuez à ce rythme-là vous allez attraper une crise cardiaque. Je suis méchante..."

- son amour des livres, qui semblent parfois plein de clichés, mais qui sous sa plume les rendent plus passionnés : " Seigneur, soyez béni pour ces vies de Walton. c'est incroyable qu'un livre publié en 1840 puisse être dans un état aussi parfait plus de cent ans plus tard. Elle sont si belles, ces pages veloutées coupées à la main, que je compatis avec le pauvre William T. Gordon qui a inscrit son nom sur la page de garde en 1841, quelle bande de minables devaient être ses descendants pour vous vendre ce livre, comme ça, pour une bouchée de pain. bon sang, j'aurai voulu courir pieds nus à travers LEUR bibliothèque avant qu'il la vendent."

- Sa générosité, alors que l'Angleterre subit des restrictions draconiennes, l'auteur, malgré sa relative pauvreté, envoie colis sur colis à tous les libraires...

- son anglophilie :"Vous serez stupéfait d'apprendre que moi qui n'aime pas les romans j'ai fini par me mettre à Jane Austen et me suis prise de passion pour Orgueil et préjugés, que je ne pourrai pas arriver à rendre à la bibliothèque avant que vous ne m'en ayez trouvé un exemplaire". (p. 83)

- Pour les anecdotes sur son métier, sa vie et son époque : "Prenez garde, je viendrai en Angleterre en 1953 si le contrat ellery est renouvelé. Je vais grimper tout en haut de cet escabeau de bibliothèque victorien , bousculer la poussière sur les étagères du haut et la bienséance de tout le monde. vous ai-je dit que j'écrivais des histoires policières pour la série Ellery Queen à la télévision ? tous mes scripts ont pour toile de fond des milieux artistiques ( ballet, concert, opéra) et tous les personnages - suspects ou cadavres - sont des gens cultivés ; en votre honneur, je vais peut-être en situer un dans le milieu du commerce des livres rares. vous préférez être l'assassin ou le cadavre ?"

Les lettres d'H. Hanff alternent avec les différents libraires de Marc and Co, décrite comme "la plus ravissante des vieilles boutiques, sortie tout droit de Dickens", mais c'est avec Frank Doel qu'elle noue une très belle amitié épistolaire et livresque. Ironie du sort, H.Hanff a travaillé toute sa vie à écrire des pièces et des scripts mais ce sont ces fameuses lettres destinées à la librairie de Charing cross Road qui lui apporteront la célébrité... et ce succès n'est pas démérité : on se passionne véritablement pour chaque événement épico-livresque de Hélène Hanff...

billet de Vilvirt

6 avril 2012

Nuages de cendre de D. Cooper : ISSN 2607-0006

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L'Islande est une " terre de glace" mais aussi de feu, dont Dominic Cooper nous conte une ancienne véritable affaire, une orageuse vendetta nordique. Un vieux médecin mélancolique se rappelle d'un terrible antagonisme entre deux hommes, deux shérifs qui s'affrontent dans l'Islande du XIXeme siècle. La haine qui brûle entre eux est transmise à leurs descendants finissant dramatiquement. Qui peut les juger à travers une histoire lacunaire ?

Les blancs de cette histoire, qui nous est dévoilée peu à peu, sont retransmis par différentes voix, prenant tour à tour la parole pour révéler l'affrontement entre deux hommes et tout un pan de l'histoire islandaise. En 1718, après une terrible épidémie de variole et une éruption volcanique sans précédent, l'Islande croule sous le joug danois. Jens Wium, un shérif danois au passé obscur brutalisent son homologue islandais, Thorsteinn. Peu de temps après un retissant procès d'inceste provoque une dégradation des rapports entre les deux hommes.

Thorsteinn est-il mort par la faute de J. Wium ? Leurs enfants reproduisent cette haine... Mais le monde n'est ni tout noir, ni tout blanc et on découvre petit à petit une terrible vérité sur chacun des personnages, nous gardant dans un flou insoutenable tout au long de la narration. Une fois les noms propres assimilés, une fois habitué au changement de voix, on est embarqué d'une traite dans cette tragique histoire de vengeance, sombre, très sombre, tout en étant fasciné par les innombrables descriptions de l'île, des tempêtes de neiges et de landes désertes, arides et brumeuses comme les hommes qui les habitent... Une histoire palpitante !

Cooper, Nuage de cendre, Métailié, p. 236.

Merci Dialogue et Caroline pour ce partenariat.

25 avril 2012

God save the food ! : ISSN 2607-0006

A toutes celles qui aiment la littérature anglaise, qui rêvent de manoirs tudors... Voici quelques recettes typiquement britanniques :

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Lemon curd :- Râpez le zeste de 4 citrons non traités au dessus de la casserole.

- Pressez et versez 2 dl de jus dans la casserole.

- Ajoutez 200g de sucre et 4 oeufs battus et laissez cuire 5 mn sur feu doux en fouettant jusqu'à l'épaississement. Filtrez, laisser tiédir 10 min puis incorporez 125 g de beurre en fouettant.

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Eton mess : ingrédients : 500g de fraise, 50g de sucre, 4dl de crème liquide très froide, 6 petites meringues

1) Lavez les fraises, équeutez-les et coupez-les en morceaux. Mélangez-les avec la moitié du sucre.

2) Fouettez la crème, ajoutez le reste de sucre et continuez de fouetter jusqu'à ce qu'elle soit très ferme. Ajoutez les fraises et leur jus. Émiettez grossièrement les meringues.

3) Servez aussitôt ou réservez une heure au réfrigérateur.

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Shortbread : 175 g de farine, 125 g de beurre, 60g de sucre, 1 pincée de sel.

- Mettez la farine, le sucre et le sel dans une terrine et ajoutez le beurre. Mélanger en sablant légèrement la pâte, puis formez une boule.

- allumez le four à 180°C. Etalez la pâte sur un cm sur la plaque du four tapissée de papier sulfurisé. Dessinez, avec un couteau, des lignes verticales et horizontales afin d'obtenir des rectangles de 6x2 cm; Glissez au four et laissez cuire 10 à 12 min, jusqu'à ce que les gâteaux soient blonds.

- Retirez du four, laissez refroidir puis découpez les shortbreads en suivant les lignes. Il se conservent bien dans une boîte métallique.

jelly

Jelly : 1/2 litre de jus de fruits de votre choix ( grenade, orange sanguine, clémentine, fraise...), 2g d'agar-agar, sucre à volonté.

- Versez le jus de fruit dans une casserole et sucrez-le selon vote goût; Ajoutez l'agar-agar en pluie et mélangez 1 min sur feu doux.

- Laissez refroidir, puis versez la préparation dans un grand moule ou plusieurs petits. Réservez au réfrigérateur, 6h ou plus. Démoulez sur un plat ou des assiettes et servez.

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