Robinson Crusoe de Daniel Defoe : ISSN 2607-0006
Le buttler de Pierre de Lune de Wilkie Collins ne jurait que par Robinson Crusoe et Rousseau lui donnait une place prépondérante dans sa bibliothèque dans l'Emile. Et on comprend mieux à sa lecture pourquoi. Tout d'abord un petit mot sur la nouvelle traduction : même si vous n'avez pas lu la version originale, on vous explique que nombre de passages sont souvent coupés. Ici, ce n'est pas le cas. En outre, Françoise sorbier a fait un effort pour rester fidèle à la dynamique écriture - sans anachronisme - de Defoe : point de vocabulaire affecté comme dans certaines versions, point de simplification. Cette version se veut fidèle.
Effectivement le dynamisme de l'écriture transparaît dans cette succession d'actions : Robinson, bourgeois de la classe moyenne, pour avoir désobéi à son père, est sauvé miraculeusement de trois naufrages et de l'esclavage dans lequel il est tombé près des côtes africaines. Mais ce n'est pas le moindre de ses problèmes. Lorsqu'il échoue sur une île déserte, il doit tout faire par lui-même : fabriquer son pain, des paniers, des tentes... et ses vêtements. Il n'y a ausun répit pour Crusoé, de même que pour le lecteur...
"Il n'est jamais trop tard pour être sage". Véritable odyssée humaine, Robinson passe par toutes les étapes de la civilisation. Elle se double d'une odyssée métaphysique et philosophique : il réfléchit sur ses erreurs et sa situation, relativisant ses malheurs et les valeurs de la société : " tous les tourments que nous souffrons à cause de ce qui nous manque me paraissent venir d'un manque de gratitude pour ce que nous avons". Lui qui a participé à la traite des nègres devient l'ami d'un sauvage. Ce livre est une belle réflexion autour de la nature et de la civilisation, non sans humour : même dans le désarroi, Robinson se croit gouverneur de son île, se construit une résidence secondaire. Bien qu'il n'y ait personne pour le voir, ce qu'il souhaite le plus au monde sont des bas et des chaussures anglaises. Inspiré d'une histoire vraie, celle d'un marin Selkirk, Robinson Crusoe est une invitation au voyage ; c'est un héros à redécouvrir, malgré des inventaires un peu longs, mais moins pénibles que celle d'une autre Odyssée...
Daniel Defoe, Robinson Crusoe, Nouvelle traduction de Françoise Sorbier, Edition Albin Michel, p 432.
Merci pour ce partenariat à Ys et Newsbook !