Miss péregrine et les enfants particuliers de Ranson Riggs : ISSN 2607-0006
Quelle merveille ce premier opus ! Non seulement le livre est un bel objet comportant des photographies et une présentation soignée mais l'histoire est enchanteresse. Jacob aime écouter les histoires fabuleuses de son grand-père Abraham, qui mettent en scène un orphelinat dirigé par Miss Peregrine où évoluent des enfants particuliers : l'une a une bouche derrière la tête, l'autre a des abeilles dans l'estomac, comme sur les photographies qu'il montre à Jacob (ci-dessous). Peu à peu, Jacob s'éloigne de ce grand-père qu'il juge fantasque. Pourtant, ce dernier meurt, tué par un monstre appelé " Creux". Abraham a eu le temps de lui murmurer quelques paroles : il doit aller sur l'île des enfants particuliers. Ce premier tome est riche en découvertes, en histoires extraordinaires, en rencontres anormales. On pénètre dans un monde fabuleux et dans un univers étonnant, aidé par des illustrations permettant l'immersion dans l'insolite ( il a été adapté par Tim Burton, en 2016)
Mais le deuxième opus a été plus décevant : à la fin du tome 1, les creux et les estres ( formes évoluées de creux) ont attaqué Miss Peregrine, qui a été enlevée. Bloqué dans l'Angleterre plongée dans la seconde guerre mondiale ( oui, car il ausi question de voyage temporel), en plus, de toutes les particularités de tous les particuliers), Jacob doit aller sauver miss Peregrine avec l'aide des enfants particuliers, notamment Emma, qu'il aime. Ils doivent affronter de nombreux dangers. Mais point trop n'en faut ! Que de longueurs ! Que d'anecdotes importunes ! Suivant "la loi du crescendo" ( expression de J.Y. Tadié, une péripétie par chapitre dans les romans d'aventures), on assiste avec incrédulité à une succession d'événements complètement inutiles à la narration, présentées comme miraculeuses tant elles sont peu crédibles ( les enfants survivent à un naufrage, à des attaques de creux, de sous-marins etc...) même si finalement, tout est justifié in fine.
Quant au tome 3, il comporte toujours trop d'aventures, il est trop verbeux et exhibe un peu trop ses sources. Après d'innombrables péripéties, Jacob et Emma arrivent enfin dans le lieu où miss Peregrine est retenue prisonnière. Elle se situe dans le coeur de Londres, du XXeme siècle, dans un lieu de désolation comme le Mordor ( " parce qu'on n'entre pas si facilement en Mordor", dit Jacob, p. 182). si vous avez déjà lu Tolkien, sachez que le voyage vers le Mordor est long et ennuyeux ! Jacob possède une des particularités de Harry Potter et il est aussi question de vol des âmes comme dans Le royaume du Nord de Pullman ( je n'en dis pas plus pour ceux qui sont tentés par les trois volumes, mais j'ai retenu d'autres points de similitudes...).
L'écoute est toujours aussi agréable, portée par la voix de Benjamin Jungers ( sauf pour la voix d'Addison, choix bizarre, que vous pouvez entendre ci-dessous dans l'extrait) mais pour ce type de livre où l'iconographie est importante, le livre me paraît un meilleur choix. Justement, c'est cette dimension visuelle et la richesse de la langue qui sont attrayantes et compensent un peu les facilités narratives. " Ca veut dire que les contes ont un sens caché ?", demande un des enfants particuliers dans le deuxième volume (p. 81) : on peine à trouver celui de cette trilogie...
Ransom Riggs, Miss Peregrine et les enfants particuliers, Le livre de poche, 436 p.
Ransom Riggs, Miss Peregrine et les enfants particuliers, " Hollow city", Le livre de poche, 505 p.
"La bibliothèque des âmes", Miss Peregrine et les enfants particuliers, audiolib, 11h41, lu par Benjamin Jungers
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