Hiver arctique / l'homme du lac d' Indridason : ISSN 2607-0006
Le genre policier a souvent mauvaise presse. Est-ce seulement des romans d'énigmes, des romans à l'écriture peu recherchée ? Sont-ils tous inoffensifs comme peuvent l'être certains romans d'Agatha Christie ou de Patricia Wenworth ? Parfois c'est le cas, d'autres fois, l'auteur y inclut des problèmes de société, des descriptions, qui sont le reflet de notre siècle. Dans Hiver arctique, l'auteur nous parle des problèmes d'intégration et de racisme envers la communauté cambodgienne implantée en Islande. Lorsque le corps d'un petit garçon cambodgien est retrouvé sans vie en bas de son immeuble, l'inspecteur Erlendur enquête pour savoir quels sont les mobiles de ce crime odieux.
L'homme du lac renvoie à un contexte moins contemporain, avec des retours en arrière dans les années 60 où de jeunes étudiants islandais étaient envoyés à Leibzig pour étudier, séjours financés par le parti communiste. Dans un lac, qui se vide peu à peu à cause d'une faille créée par un séisme, une femme retrouve le corps d'un homme attaché à un appareil d'écoute russe. Cet objet va mettre Erlendur sur la piste d'un crime ancien lié aux agissements de la Stasi.
Ces deux romans ainsi que le premier roman d'Indridason La cité des Jarres, permettent à l'auteur de décortiquer la société islandaise contemporaine, se teintant parfois d'un arrière fond historique. Certes l'équipe d'enquêteurs autour d'Erlendur peut être qualifiée d'insipide, on a bien des difficultés à s'intéresser à la saga familiale de notre inspecteur à la limite du caricatural entre son ex-femme malveillante et sa fille toxicomane, sa solitude et ses plats surgelés. Sans consistance. L'écriture est d'ailleurs assez banale, et pourtant, l'auteur arrive à nous captiver, malgré un rythme très lent, à nous faire entrer dans ses enquêtes grâce à la peinture des moeurs de sa société : la lenteur du récit, le manque de spectaculaire ou de rebondissements invraisemblables contribuent à renforcer l'atmosphère glaciale et délétère de ce petit état insulaire que l'auteur n'hésite pas à stigmatiser...
Indridason, Hiver artique, Points, 405 p.
Indridason, L'homme du lac, Points, 406 p.