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1001 classiques
28 avril 2010

L'homme hanté de Charles Dickens : ISSN 2607-0006

52501882

Ecrit après Un chant de Noël, L'homme hanté présente beaucoup de similitudes avec cette dernière. Un chimiste nommé Mr Redlaw, aussi peu avenant que Mr Scrooge, en période de Noël, rencontre un fantôme. Voici son portrait : "Qui eût vu sa joue creuse, son oeil cave et brillant, son habit noir, sa tournure vaguement sinistre, quoique bien prise et proportionnée, ses cheveux grisonnants qui pendaient autour de son visage telles des algues emmêlées - comme s'il eût été tout  au long de sa vie la cible isolée de la corrosion et du ressac de l'immense océan humain - qui n'eût dit qu'il ressemblait à un homme hanté ? Qui eût observé sa physionomie taciturne, pensive, sombre, voilée d'une coutumière réserve, farouche toujours, jamais enjouée, avec l'air égaré de qui retourne sur un lieu et dans un temps passé, ou écoute d'anciens échos résonnant dans sa tête, qui n'eût dit que c'était là la physionomie d'un homme hanté ? ". Le grincheux savant accepte un pacte diabolique avec le spectre, son double mauvais, qui lui permettrait de perdre la mémoire, d'oublier les souvenirs malheureux et les offenses qu'on lui a faites, mais il est aussi doté du pouvoir de faire perdre la faculté de compatir, de tous ceux qui s'approchent de lui...

D'emblée dans un long souffle oratoire, le décor et les personnages sont posés : une famille nombreuse pauvre, côtoyant le chimiste, permet à Dickens de dénoncer la misère sociale. La route du chimiste croise aussi celle d'un jeune étudiant, qui détient un secret sur son identité, lié au passé de Redlaw. Mais le suspense n'est pas exploité dans cette intrigue proche de L'abîme : tous les ingrédients tendent vers une morale énoncée à la dernière ligne de la nouvelle, qui est davantage une réflexion sur le rôle de la mémoire.
Largement et lourdement didactique, reposant sur des symétries manichéennes, la lecture de cette petite nouvelle morale paraît assez ennuyeuse car dépourvue de l'humour qui fait le charme des romans de Dickens ( Biographie ici). Cependant, l'écriture de Dickens est toujours aussi plaisante et L'homme hanté reste un texte à découvrir, notamment pour les premières pages particulièrement savoureuses du Londres enneigé et du portrait de Redlaw...

Dickens, L'homme hanté, gravure de Gustave Doré, 173 p.

L'avis favorable de Cécile. Challenge "Dickens" d'Isil et "English classic" de Karine

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Commentaires
M
@ Ellcrys : malheureusement, je n'ai pas lu David Coppefield mais je pense le lire bientôt... L'homme sans passé n'est pas un récit qui m'a enthousiasmé mais je ne peux pas décourager une admiratrice de Dickens et j'espère qu'il te plaira plus qu'à moi !
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E
Comme j'ai adoré David Copperfield, c'est avec plaisir que je note ce livre, qui me fait super envie.
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M
@ Titine : Je peux le faire voyager... Voici un Dickens que je redoutais : moralisateur et sans humour. Mais avec Dickens, maintenant que je connais d'autres textes, je ne suis plus subjective... J'aime son écriture même si je n'ai pas trop apprécié l'histoire...
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T
Je le découvrirai forcément même si c'est un Dickens mineur puisque je veux tout lire de cet auteur !
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M
@ maeve : je connais depuis peu Dickens mais j'aime beaucoup son écriture même si ce petit roman m'a déçue...<br /> <br /> @ Océane : L'ambiance, les personnages pittoresques sont agréables mais c'est l'intrigue que j'ai beaucoup moins apprécié car trop moralisateur...
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