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3 février 2018

C'est le premier, je balance tout ( février 2018) : ISSN 2607-0006

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1) Les chroniques venues d'ailleurs

Hamnøy –the Oldest and Most Picturesque Fishing Village in Lofoten, Norway

Savez-vous que Margotte a lancé un challenge nordique ( présentation ici) ? Il prend fin en août 2018 mais ne vous privez pas de littérature venue du Nord pour autant. Ce week-end, elle organisait un RAT et on devait soutenir les blogueuses.  C'est chose faite même si je n'ai pas pu y participer. Emma présente d'ailleurs L'heure trouble de Théorin. Je suis inscrite à ce challenge et j'ai fait quelques achats en vue de cette participation...

2) Les achats

Depuis que j'ai lu Le poisson Scorpion et L'usage du monde de Nicolas Bouvier, je commence à prendre goût à la littérature de voyage. A défaut d'arpenter des pays réels, je voyage donc grâce à ces auteurs. D'autres auteurs vont m'emmener loin comme Koyoshi ( Maiko, Journal d'une apprentie geisha) et Jaaskelainen avec Lumikko.

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3) Les livres et films

Ce mois-ci n'a pas été riche en lecture mais en visionnage de films. J'ai tout de même découvert un auteur : La fille du fermier d'Harrison. Vous aimez le cinéma coréen ? Regardez The strangers. Je vous conseille aussi Nocturnal animals de Tom Ford et Premier contact de Denis Villeneuve, deux réalisateurs que j'affectionne. Dans le Marvel cinématic universe, je conseille Thor.

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4) Les flops

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Parmi les films qui m'ont ennuyé, il y a Thor , le monde des ténèbres, Les animaux fantastiques, qui sont insipides ( bien que visuellement réussis) et Deadpool : je n'ai pas regardé ce long métrage jusqu'à la fin car une débauche de violence et de vulgarité m'ont déplu.

Deadpool, de Tim Miller, 1h43 avec Ryan Reynolds

Bonnes lectures pour mars...

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19 juillet 2017

La rivière à l'envers l'intégrale/ Silhouette de Mourlevat : ISSN 2607-0006

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"La vie a plus de fantaisie que moi" (tome 1)

Mais quel conteur ! Quand on ouvre  le livre des aventures de Tomek, on a l'impression de traverser le miroir d'Alice aux pays des merveilles. Lorsqu'Hannah, une jeune fille entrée dans son épicerie lui avoue qu'elle part à la recherche de la rivière à l'envers, Tomek part aussitôt à l'aventure. Mais pourquoi cette rivière coule à l'envers ? Où se situe-t-elle ? Et quelle aventure ! Le jeune héros doit traverser la forêt de l'oubli, le village des parfumeurs, répondre à des énigmes sur une île qui n'existe pas... Que d'inventions ! Que de poésie !

"Mais tu dois savoir qu'aucun de ces cadeaux n'égalera cette histoire que je vais te dire"(tome 2)

Aussitôt La rivière à l'envers refermé, on n'a qu'une envie c'est de rester dans ce monde enchanteur grâce au deuxième volume. Le récit d'Hannah, qui reprend certains éléments de celui de Tomek, est aussi poétique et exaltant : à nouveau, on découvre des lieux étranges, des personnages hors du commun, des caravanes qui n'existent pas, des villages en ruine et des équipées diaboliques, une princesse Alyzée maudite... Hannah nous ensorcelle avec son récit comme une nouvelle Shéhérazade : " Je t'ai lu presque tout le grand livre des Mille et Une nuits, Tomek Plus de 800 pages... Quelquefois, je perdais le fil de l'histoire, et je laissais couler les mots dans ma bouche sans m'occuper de leur sens. D'autres fois, au contraire, je le suivais si bien que je devenais Shéhérazade. J'étais allongée auprès du sultan Sharhriyar, et je contais pour ne pas mourir".  Des enchantements, le monde du conte, des références littéraires, un univers à découvrir, un auteur à lire et à aimer !

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Cette oeuvre estampillée "jeunesse", mais qu'adulte, on peut tout autant savourer est déjà une oeuvre transmédiatique grâce à audiolib. Vous pouvez désormais écouter les histoires de Mourlevat, en intégral, lu par l'auteur lui-même. Sa voix très agréable nous entraine rapidement dans les aventures de nos héros. Le découpage en courts chapitres permet une écoute facile. En outre, l'écoute de CD est autorisée en classe. Ces CD d'audiolib sont encore une véritable réussite.

Mourlevat, La rivière à l'envers, audiolib, 6h56

Partenariat Audiolib. Extrait à écouter ici.

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Alors que Terrienne m'avait fait aimer un auteur pour son humour et son style, j'ai abandonné son recueil de nouvelles Silhouette. Une femme appelée à figurer dans un film... Un adolescent qui veut sauver son chat... Cruelles et ancrées dans la réalité quotidienne, je n'ai pas, dans ces courts récits, retrouvé le style de l'auteur. Est-ce le genre qui m'a déplu ? Les nouvelles à chutes sont légions maintenant... Est-ce les thèmes qui renvoient à un univers banal qui m'ont fait abandonner ce recueil ? Sans être déplaisantes, je n'ai pas voulu passer plus de temps avec ce livre.

Mourlevat, Silhouette, Gallimard jeunesse, 220 p.

Mourlevat, La rivière à l'envers, 1. Tomek, PKJ, 191 p.

Mourlevat, La rivière à l'envers, 2. Hannah, PKJ, 158 p.

4 janvier 2018

Nocturnal animals, Tom Ford : ISSN 2607-0006

NOCTURNAL ANIMALS - Official Teaser Trailer - In Select Theaters November 18

Tom Ford avait déjà réussi un film particulièrement esthétique : A single man. Avec Nocturnal aminals, on retrouve de magnifiques couleurs contrastées, des paysages somptueux ( même la mort est esthétisée !). C'est une variation aussi sur le deuil d'un amour de jeunesse et sur la solitude. Mais le scénario se déroule de manière originale et la fin n'est pas aussi perssimiste que le laisse entendre la violence des images et la souffrance des personnages. Mais qui sont les personnages ? Quel est le synopsis ?

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Susan est une galeriste, originaire d'une famille catholique texane et délaissée par son mari. Elle reçoit un roman de son ex-mari. Insomniaque, elle commence à lire le roman, qui met en scène une famille, qu'on visualise sous les traits d'Edward et d'une femme qui lui ressemble. Sur une route du Texas déserte, Edward et sa famille se font agresser. Parallèlement à la lecture du roman, Susan s'interroge sur sa vie présente...

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Ce film est riche de symboles et porté par des acteurs qui jouent avec une grande justesse. Le film n'est en rien sentimental et met en parallèle une enquête très violente - celle racontée dans le roman - et la vie de Susan. Est-elle heureuse ? A-t-elle fait les bons choix ? L'histoire racontée par le roman est angoissante, pleine de suspense, s'opposant à la vie très normée de Susan : ce changement de rythme nous tient en haleine jusqu'au bout. Outre les thèmes que j'ai déjà cités - la solitude, le deuil, l'amour - s'ajoute aussi me semble-t-il une réflexion sur l'art contemporain, les écrivains et l'art qui peut directement impacter la vie réelle.

Nocturnal animals, Tom Ford, 116 min, avec Amy Adams, Jack Gyllenhaal, 2016

13 janvier 2018

Thor, Le monde des ténèbres, Alan taylor : ISSN 2607-0006

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Thor, le monde des ténèbres ( d'Alan Taylor, qui a réalisé entre autre une saison de Game of Thrones) est beaucoup moins intéressant et prenant que le premier opus Thor : certes il y a de l'action, mais les personnages n'évoluent pas vraiment et on a peu de nouveautés.

On a donc les deux héros jeunes et beaux. Jane est possédée par l'ether ce qui attire la convoitise des elfes noirs...

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qui sont des adversaires très laids et particulièrement méchants...

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Certains passages sont très esthétiques et source d'émotions...

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... d'autres drôles comme le physicien qui explique la coincidence des neuf mondes à l'aide de chaussures ( et vous ne le voyez pas mais il est en slip dans d'autres scènes...)

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Mais l'ensemble manque de profondeur. D'ailleurs le scénario peut-être écrit sur un confetti. Cet épisode est peut-être insignifiant mais j'attends avec impatience de voir Thor ragnarock.

Thor, le monde des ténèbres, Alan Taylor, 2013, 1h52 avec Anthony Hopkins, Chris Hemsworth, Natalie Portman, Tom Hiddleston

 

12 février 2018

Songe à la douceur de Beauvais : ISSN 2607-0006

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Après un premier abandon des petites reines qui avait connu me semble-t-il un joli succès, j'ai voulu tenter de lire un autre roman de cet auteur, qui est très médiatisé, avec Songe à la douceur. Malheureusement, j'ai aussi abandonné ce deuxième roman. Pourtant, l'écoute permet généralement de rendre plus facile la découverte de texte car on se laisse entraîner par une voix. Ce n'est d'ailleurs pas la voix très agréable de Rachel Arditi, qui m'a dérangée, mais l'histoire aussi bien que le style m'ont d'emblée agacée. J'ai finalement abandonné nos anti-héros...

 Eugène traine son mal être jusqu'à la banlieue où vit Tatiana. Elle tombe aussitôt amoureuse. Mais lorsque le roman débute, on apprend qu'ils se retrouvent après quelques années de séparation et Eugène semble à nouveau sous le charme de Tatiana. Cette histoire d'amour est inspirée d'Eugène Onéguine de Pouchkine et de Taïchkovski. L'hypotexte est écrit en vers mais celui de C. Beauvais est en vers libres. J'ai trouvé l'humour du texte appuyé, à l'instar d'un autre auteur J. M. Erre dont j'ai abandonné la lecture pour les mêmes raisons : un comique trop visible et surrabondant. Les qualités d'écriture sont noyées dans des remarques caricaturales :

Beauvais 001Voici toutefois le billet d'un autre auditrice qui a aimé écouter cette histoire et elle se pose à raison la question de l'humour : parenthèse de caractère.

Partenariat Audiolib.

Songe à la douceur, Beauvais, 4h40, écoutez un extrait ici.

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7 janvier 2018

Thor, Kenneth Branagh : ISSN 2607-0006

THOR (VF) - Bande Annonce

Dans Thor, nous pouvons découvrir un des héros de Marvel atterrir sur terre, contre sa volonté, et percuté par une scientifique étudiant des phénomènes scientifiques dans le Nouveau Mexique. Nous apprenons dans un flash-back qu'il devait être couronné roi d'Asgard : lors de la cérémonie, Thor lance son marteau en l'air, ( capture d'image ci-dessous même si elle n'est pas très nette)  se fait acclamer par la foule, fait des clins d'oeil aux femmes... et surtout déclenche une guerre contre les Géants de glace.  Face à ce dieu arrogant, narcissique et immature, Odin décide de l'envoyer sur terre : le dieu du tonnerre perd tous ses pouvoirs et Mjollnir ne pourra être soulevée que par un héros de valeur...

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J'ai failli abandonner le film dans le premier quart d'heure : je trouvais les décors en toc et l'acteur tout en muscle insupportable. Puis, je me suis laissée entraîner par l'histoire : bien m'en a pris. On voit donc le héros progresser pour mériter son marteau et ses pouvoirs : comme dirait l'oncle de Spider Man, "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités" ! Outre l'évolution du personnage, c'est la dimension humoristique qui participe pour beaucoup à rendre attrayant ce film. L'adaptation de Thor dans un monde qui n'est pas le sien crée des décalages et du comique de situation. N'oublions pas que ce film est adapté d'un "comics", mot transparent.

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Surtout, lorsqu'on écoute les commentaires de Kenneth Branagh, dans les bonus ( il commente entièrement le film), on comprend mieux les choix du réalisateur : par exemple, les deux captures d'écran sont des images débullées. Ce choix a été fait, explique le réalisateur, pour donner du dynamisme, imiter les BD. De même, de nombreux plans ont été pensés pour mettre en scène le conflit entre le père et le fils.  Décors, costumes, choix des acteurs donnent un divertissant film d'action. Une bonne surprise...

Thor, Kenneth Branagth, 2011, 1h55, avec Chris Hemsworth, Anthony Hopkins, Natalie Portman...

Autre film de Branagh : Frankenstein

9 janvier 2018

Premier contact, Villeneuve : ISSN 2607-0006

Arrival Official Trailer 1 (2016) - Amy Adams Movie

Les scénarios de Villeneuve sont toujours des réussites : je pense à Sicario ou Prisoners. Dans Premier contact, une linguiste Louise Banks est appelée à la rescousse par l'armée car des extra-terrestres ont débarqué sur terre. Que veulent ? Viennent-ils pour détruire la terre ? Aidée d'un astro-physicien, Louise a peu de temps pour dialoguer avec les aliens car le monde est au bord du chaos et de nombreux états sont sur la défensive... Parallèlement à ces événements, Louise a de nombreux souvenirs qui ressurgissent soudainement...

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Premier contact

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2001, L'odyssée de l'espace

Ce qui est dommage, c'est que la présence des aliens ne semble là que pour traiter de questions qui touchent le personnage principal. D'ailleurs, les raisons de leur présence ne me semblent pas très claire. Des éléments du scénario m'ont paru incohérents : pourquoi la linguiste arrive à déchiffrer le langage alien mais eux ne semble pas pouvoir communiquer avec elle ? Comment a-t-elle fait pour créer ce langage ? La décision finale du personnage étonne, c'est un peu comme si les savoirs qu'elle avait acquis ne servaient à rien...

En revanche, Villeneuve surprend en ne voguant pas sur le genre du film à grand spectacle mais en mettant l'accent sur la communication, la découverte de l'autre, la rencontre. L'esthétique choisie semble faire signe vers l'Odyssée de l'espace ( autre film que je n'ai pas su apprécier et que je n'aurai peut-être pas compris si je n'avais pas lu le livre), qui a peut-être influencée l'histoire un peu fantastique de Louise Banks...

Premier contact, Denis Villeneuve, 2016, 1h56, avec Amy Adams, Jeremy Renner

11 novembre 2016

Sept secondes pour devenir un aigle de Thomas Day : ISSN 2607-0006

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Sept secondes pour devenir un aigle est un recueil de SF plutôt surprenant étant donné que toutes les nouvelles ne me paraissent pas appartenir à ce genre. En effet, le premier court récit parle de la découverte de Mariposa par Magellan et fait cohabiter une intrigue politique et écologique, à la limite du fantastique. En outre, le récit repose sur différentes époques ( relation du récit de voyage de Magellan, la Deuxième guerre mondiale et les années 1950) et différents styles de langage, qui déçarsonnent le lecteur, sont assez éloignés de l'écriture de la littérature d'anticipation.

Ce sont des caractéristiques que l'on retrouve dans d'autres nouvelles. "Ethologie du tigre" (Un homme a cessé de se battre pour les derniers tigres du Cambogde) et "Sept secondes pour devenir un aigle" affirment nettement leur message écologique : dans un road-movie initiatique l'amenant jusqu'en Californie, un jeune indien, sorti par son père de sa réserve, apprend à ouvrir les yeux sur les dévastations industrielles ( "Garée sur le bas-côté de la route, l'Impala se trouvait au centre d'un paysage de désolation : une terre noire à perte de vue, hérissée de pompes à pétrole - celles, très cinématographiques, dont la partie sommitale, tournoyante, évoque les mécanismes de roues des vieux trains à vapeur. Une terre gorgée de pétrole, d'huile, de cambouis, de poussière métallique. Une lande morte, stérile, juste coupée en deux par la route à quatre voies").

En revanche, deux nouvelles s'inscrivent bien dans la littérature d'anticipation : "Tjukurpa" montre le choix d'un groupe de jeunes arborigènes choisissant de retrouver la nature primordiale, grâce à des rêves virtuelles et la dernière nouvelle "Lumière noire" nous laisse découvrir un monde dominé par une intelligence artificielle. Il est intéressant, parmi tous ce matériau composite et déroutant de voir des pistes de réflexion diversifiées, des choix d'action très différents d'un personnage à l'autre face un futur menacé. On n'a pas une vision aussi radicale et pessimiste que dans Soleil vert. on peut juste regretter l'irruption de moments violents et de mots crus qui détonnent par rapport à la narration globale.

Day, Sept secondes pour devenir un aigle, folio SF, 374 p.

Partenariat Folio

20 janvier 2018

The stranger de Na Hong-Jin : ISSN 2607-0006

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Dans the strangers, de nombreuses morts surviennent dans un village coréen. Les policiers incompétents n'arrivent pas trouver les causes de cette épidémie, qui poussent les habitants dans une folie meurtrière. Aussitôt, ces dernirs accusent un Japonais, qui vit en ermite, d'être un fantôme et de hanter les lieux. Le drame survient lorsque la fille d'un des policiers est aussi contaminée. Il décide alors de se faire justice et le chaman qui l'aide déclare : " La proie est tombée dans le piège". Mais qui est la proie ? Sur qui le piège va-t-il se refermer ?

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Entre scènes sombres et scènes burlesques, le film oscille entre plusieurs genres. Beaucoup d'événements renvoient à la vie très soporifique d'un des policiers et de sa famille : ces séquences réalistes et rustiques ne sont pas sans rappeler Mother ou Memories of murder de Bong Joon Ho ( ce que ce réalisateur appelle " le thriller rural"). En effet, The strangers s'apparente à un histoire policière avec une dimension burlesque ( chute, imbécillité des policiers) et avec des  jumps scares comiques. Mais la tension dramatique monte et peu à peu, l'enquête prend des allures de film d'horreur. Certaines séquences font penser à une sorte d'exorciste coréen tandis que d'autres rappellent des films de zombies.

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Le mélange est assez peu hollywoodien et conventionnel : point de fin heureuse et point de véritable dénouement. Il y est beaucoup question du chamanisme mais je ne sais pas si ces pratiques sont montrées avec réalisme ou vraisemblance. L'aspect sociétal réside là, dans ces différentes croyances du sud de la Corée.

Décidément, le cinéma coréen est des plus attrayants, même si c'est un cinéma souvent violent, violence présente dans Dernier Train pour Busan Yeon Sang Ho ou J'ai rencontré le diable de J. Woon Kim. J'attends toujours avec impatience les derniers films coréens et en 2017, Le tunnel de Kim Seong Hoon était représentatif de ce cinéma coréen, qui renouvelle les genres.

The stranger, Na Hong Jin, 2h36

27 janvier 2018

La fille du fermier de Jim Harrison : ISSN 2607-0006

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Connu pour des textes comme Légendes d'automne, qui a été adapté au cinéma ou Dalva ( Télérama propose une sélection de 5 livres), Jim Harrison est une "figure majeure de la littérature des grands espaces" (p. 7). N'ayant jamais lu cet auteur, ce bref roman ou longue nouvelle est une excellente introduction à l'oeuvre de ce romancier : quel dépaysement ! Sarah, à 9 ans, quitte son Ohio natale pour le Montana : elle découvre une vie solitaire, aux somptueux paysages et aux moeurs rustiques. Entre un père mutique et une mère évangélique, Sarah se construit à l'aide de Terry, un adolescent qui lui fait découvrir la littérature et Tim, un vieux cow-boy. Intelligente, belle, mais isolée et mature, Sarah cherche à se venger d'un homme, qui l'a agressée un soir de beuverie...

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Sarah est une héroïne digne de l'ouest américain ! Comme Calamity Jane, ou Mattie Rosse ( True Grit, Charles Portis), elle n'hésite pas à se faire vengeance et à manier les fusils. Elle grandit dans une ferme, sans véritable contact social. Le livre repose sur une dualité : l'amour des livres et de la musique de Sarah mais aussi la réalité, celle des mains calleuses, de la chasse à l'élan, de la mélancolie ou de l'alcoolisme touchant les femmes vivant dans ces endroits déserts... Elle lit Tristram Shandy de Sterne et connaît par coeur une phrase de Emily Dickinson : " La vie est si étonnante qu'elle laisse peu de temps pour autre chose". (p. 96).

Elle grandit donc recluse dans ce Montana à la fois sauvage, fascinant, mais extrêmement âpre : elle est très vite confrontée à la sexualité et elle ne cesse de s'interroger sur ses études, l'amour, et sa vengeance. Mais est-elle prête à tout sacrifier par vengeance ? On suit donc avec fascination le passage de l'adolescence de Sarah. Seule la fin m'a paru choquante mais elle ne semble pas l'être pour le Montana... J'ai passé un bon moment à découvrir la rudesse du Montana, dans cette prose sans fioriture, sèche, en parfait accord avec le sujet...

Jim Harrison, La fille du fermier, Folio 2 euros, 130 p.

L'avis de Maryline

Partenariat Folio

23 février 2018

Sidney Sambers et l'ombre de la mort, Les mystères de Grantchester de James Runcie : ISSN 2607-0006

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Sydney Sambers et l'ombre de la mort ressemble à un recueil de nouvelles, constitué de 6 enquêtes mais se déroulant dans une continuité chronologique. Dans le chapitre "l'ombre de la mort", une veuve vient annoncer à Sidney Chambers, qui est un écclésiaste, que son amant, qu'on vient d'enterrer, a été assassiné. Elle avait prévu de quitter la ville avec lui. Qui a pu tuer son amant ? Ami de l'inspecteur Keating, le chamoine de Grantchester va mener l'enquête. Dans le chapitre suivant, "Une affaire de confiance", une vieille femme meurt dans des circonstances suspectes. Aurait-elle été tuée par son médecin, qui souhaite épouser la fille de la vieille dame ? A nouveau, les talents du jeune pasteur vont être mis à l'épreuve. 

Un écclésiaste qui enquête vous paraît-il surprenant ? En fait, les gens se confient plus facilement au prêtre et ce dernier réfléchit davantage aux questions morales, ce qui lui permet de trouver les motivations des personnages. La dimension religieuse n'est pas absente mais ce n'est pas un prêche qu'on nous sert : on voit davantage la vie quotidienne d'un prêtre, ses préoccupations morales...

En outre, les enquêtes s'ancrent clairement dans l'après-guerre ( évoquée par Sidney, qui a participé à la seconde Guerre Mondiale) : "L'incessante escalade internationale en matière d'armes atomiques était telle que, pour la première fois, l'humanité possédait les moyens de sa propre extermination. [...] Et pourtant, ici, tout le monde parlait de tapis.". On se plaît à suivre ces enquêtes qui mêlent humour, moeurs, psychologie, intrigue sentimentale et policière. De nombreuses références littéraires et artistiques - Sidney enseigne la théologie et cite des poèmes - viennent rehausser les enquêtes. Elles ont été adaptées pour la télévision et méritent d'être lues.

Runcie James, Sidney Sambers et l'ombre de la mort, Les mystères de Grantchester, Acte sud, 356 p.

Avis de Lewerentz

19 mars 2018

Condor de Caryl Férey : ISSN 2607-0006

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Au Chili, dans la quartier de la Victoria, plusieurs adolescents décèdent, dans l'indifférence générale. Grabriella, une jeune Mapuche vidéaste, décide de faire appel à un avocat Roz-Tagle pour défendre leur cause : elle a cru voir des traces de drogue sur le nez de la dernière victime de quinze ans, le fils d'un ami. Celle-ci est aussi aidée de Stefano, un ancien militant du MIR qui a lutté contre Pinochet.

Le titre fait référence à l'opération Condor : on assassinait les opposants du régime, en s'appuyant sur la DINA. Quelques années plus tard, on retrouve ces anciens militants qui font face à leurs tortionnaires mais aussi la nouvelle génération, qui doit envisager l'avenir dans un pays dominé par le capitalisme, la corruption, la pauvreté. Roman politique, avec le passé du pays qui hante les personnages, Condor est aussi un ethno-polar : quelques passages font référence à la culture mapuche et aux autochtones du désert d'Atacama.

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"Salar" de Tara

L'écriture est sèche et nerveuse. Excepté une digression autour d'un récit écrit par Esteban et des larmes récurrentes, ce roman brasse incroyablement bien une grande diversité de thèmes et de lieux : s'appuyant sur des voyages, sur des rencontres au Chili et sur la lecture des livres de Pierre Kalfon, C. Ferey nous montre la vie dans les "poblaciones" avec des enfants vivant dans des décharges, des études inaccessibles au plus grand nombre, et l'histoire des habitants du "salar" de Tara. Même si les personnages ne sont pas très attachants ( un peu stéréotypés), Condor nous plonge au coeur de la tragique histoire et des paysages superbes du Chili post-dictatorial...

Ferey, Condor, Folio policier, 500 p.

Sur le web : Abramovici Pierre, "Opération Condor : cauchemar de l'Amérique latine", Le monde diplomatique, mis en ligne en mai 2001. URL : https://www.monde-diplomatique.fr/2001/05/ABRAMOVICI/1729

Partenariat Folio.

Lecture de partage de lecture

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7 juillet 2017

Le mystère d'Avebury de Goddard : ISSN 2607-0006

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En 1981, à Avebury, David Umber est le malheureux témoin de l'enlèvement d'une petite fille et du meurtre de sa soeur, les enfants des Hall. Il venait rencontrer, dans ce lieu historique, un universitaire, qui devait lui donner des renseignements sur Junius : ce dernier est un polémiste anonyme du XVIIIeme siècle. L'affaire semble close, lorsqu'un tueur en série reconnaît, dix ans plus tard, avoir tué la jeune enfant des Hall. Mais Sharp, l'enquêteur en charge de l'affaire, à la retraite, a reçu une lettre anonyme, qui relance l'affaire. 

"Parce que ça veut dire que nous pouvons oublier les experts scientifiques à la noix. Je n'ai jamais fait confiance aux blouses blanches de toute façon [...]. Alors que le temps ? C'est autre chose. Il révèle des structures, des motifs. Ce que les gens touchés par l'enlèvement de Tamsin Hall et le meurtre de Miranda Hall ont fait pendant toutes ces années, voilà les éléments que nous allons passer au crible", déclare Charp. L'ancien inspecteur et David vont donc rencontrer tous les témoins de l'affaire.

Il y a donc une énigme littéraire, à l'intérieur d'une énigme policière. Qui est Junius ? Quel est son lien avec l'enlèvement de Tamsin Hall ? David tente de résoudre cette affaire mais les embûches sont sans nombre. Autant l'énigme autour de Junuis est enthousiasmante et réelle, autant l'excès de rebondissements rend invraisemblable l'histoire : les lieux, les personnages, les secrets se multiplient. En outre, le personnage principal est maladroit, naîf et désorienté. On dirait un pantin balloté par un écrivain en proie à une imagination débordante. L'aspect jeu de piste avec les rendez-vous manqués devient un procédé lassant.

Cependant, Robert Goddard arrive à maintenir le suspense jusqu'à la fin, mais en complexifiant à l'outrance l'intrigue, qui aurait mérité d'un peu plus de vraisemblance. Sous ses airs de simple quête de vérité, on perçoit aussi une vision assez sordide de l'humanité, où tout se monnaie, où les hommes sont sans scrupule et sans honneur.  Les mystères d'Avebury reste toutefois un bon page-turner...

Goddard, Le mystère d'Avebury, Les éditions sonatine, 394 p.

Billet de Lewerentz ici.

30 juin 2018

C'est le premier, je balance tout (juillet 2018) : ISSN 2607-0006

 

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1) LES CHRONIQUES VENUES D'AILLEURS

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Canicules, période estivale, détente ! Avant de faire une pause en août, j'ai commencé Les lettres à Nelson Algren de Simone de Beauvoir, Mémoriser sans peine de Delegaigne Les petites bulles de l'attention de Lachaux et Ada Antoine Bello ( depuis ma découverte d'Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet, je veux lire tout Bello ! J'en parlerai probablement bientôt sur ce blog). Comme vous pouvez le constater, je lis de manière obsessionnelle tout ce qui touche Simone de Beauvoir et la cognition... Mais je vais aussi emporter dans ma valise Mapuche de Férey dont j'avais beaucoup apprécié Condor, Les filles aux lions de Jessie Burton et Selfies de Jussi Adler Olsen. Et vous qu'emportez-vous sous la chaleur ?

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2) MES FILMS

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OKJA Bande Annonce VF (Netflix) Film d'Aventure Coréen, Cannes 2017

Outre ces trois films, j'ai enfin pu voir Okja. Le film était-il aussi attrayant que les précédents films de Bong Joon-ho ? Ce réalisateur sud coréen a déjà réalisé l'excellent The Host et Mémories of murder.

Comme The snowpiercer, Okja est une superproduction qui souffre un peu de son hollywoodisation par ses couleurs empruntées à Wes Andersen, une longue course poursuite traditionnelle des films américains d'action ou une amitié ressemblant à celle de Totoro. Cette surhybridation fait perdre un peu de la spécificité du style du réalisateur, même si on retrouve le burlesque ( des chutes, une gesticulation exagérée des acteurs). Okja est un cochon modifié génétiquement, élevé avec amour par Mija dans les montagnes de la Corée de Sud. Mais ce pachyderme n'a été créé qu'à des fins consuméristes sous des dehors humanistes : la société Mirando proclame haut et fort qu'elle veut résorber les problèmes d'alimentation dans le monde. Malgré ses défauts, comme une mise en place un peu lente, l'intrigue prévisible, le message convenu de la déshumanisation de la société capitaliste, Okja reste un bon film. Mais que reste-t-il de son auteur dans ce blockbuster ( et on pourrait se poser pareil question pour Thor réalisé par K. Branagh ou Jurassik world de Bayona) ? 

Okja de de Bong Joon-ho, 1h58, Avec Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Paul Dano, sur Netflix, 2017

Sur le web : Le bleu du miroir,

Propos recueillis par Samuel Douaire, " Bong Joon-ho : il y a une dimension cartoon dans "Okja",Télérama, 28 juin 2017. URL : https://www.telerama.fr/cinema/bong-joon-ho-il-y-a-une-dimension-cartoon-dans-okja,159987.php

Régnier Isabelle, "Okja : Une belle et sa bête seules contre tous", Le Monde Cinéma, mis en ligne 28 juin 2017. URL :https://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/06/28/okja-une-bete-et-sa-belle-seules-contre-tous_5152185_3476.html

3) MES LIVRES

Voici mes lectures éclectiques de ce mois : Une mémoire infaillible de Sébastien Martinez, La maison où je suis mort autrefois d'Higashino et La peste écarlate de J. London. Que de belles découvertes ce mois-ci !

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4) MES ACHATS

Après la lecture de l'intéressant et captivant roman d'Higashino ( La maison où je suis mort autrefois), j'ai acheté Le dévouement du suspect X. Simone de Beauvoir, est-elle encore beaucoup lu ? Je me suis plongée dans Une femme rompue et j'ai tellement apprécié son style que j'ai acquis L'invitée et Une mort très douce. On ne présente plus M. Connely : j'espère que ce volume Sur un mauvais adieu sera aussi efficace que les précédents romans de l'auteur !

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12 mai 2018

Mémoire de fille d'Annie Ernaux : ISSN 2607-0006

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On retrouve le style autobiographique d'Annie Ernaux dans Mémoire de fille. Comme si La place était une oeuvre matricielle, les thèmes de la honte, de la place sociale et une réflexion sur l'écriture sont à nouveau présents dans cet écrit : doit-elle écrire à la première personne ou doit-elle dire "elle" pour ce "je" de l'année 58 qu'elle n'est plus ("Dans ces conditions, dois-je fondre la fille de 58 et la femme de 2014 en un "je" ?" "p. 23 )? Pourquoi écrire ? L'auteur délivre aussi la genèse de son récit : " Est- ce que je n'ai pas voulu, obscurément, déplier ce moment de ma vie afin d'expérimenter les limites de l'écriture, pousser à bout le colletage avec le réel [...], m'acharner à dénoncer une imposture".

Annie Ernaux tente donc de dire le réel, les expériences sexuelles, l'année de ses 17 ans ( elle cite des lettres, décrit des photographies, elle se rend sur les divers lieux cités...) mais l'art (et les livres) est capitale dans la compréhension de ce réel, comme elle l'écrit dans une lettre envoyée à une amie en 1961 : " Je me cloître, trouvant le repos pascalien dans ma chambre. Mes meilleurs moments sont ceux où, vers 5 heures, je regarde derrrière une vitre le soleil se coucher. Le froid pétrifie tout au-dehors et je viens de travailler 4 heures de rang. La sombre bibliothèque municipale me convient aussi [...] il y a ce mot de Nietzche que je trouve si beau : Nous avons l'Art pour ne point mourir de vérité" (p. 161)

Lisons-nous donc un livre similaire aux précédents ? Le titre Mémoire d'une fille semble entrer en résonnance avec Les mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, figure littéraire convoquée à plusieurs reprises. A. Ernaux a mis au coeur de cette oeuvre, non pas la figure paternelle comme dans La place ou sa mère comme dans Une femme mais la sexualité de la femme et son destin, notamment les choix d'une vie. Sans lyrisme, sans provocation et sans affectation, elle décrit la condition féminine dans les années 58.

La lecture du deuxième sexe de Simone de Beauvoir lui apporte un modèle et des réponses. Elle qui évoque tant ses études, qui ont creusé un écart avec sa famille, elle aborde enfin la place des livres dans la construction de son identité : la lecture lui fournit des concepts pour comprendre l'expérience amoureuse qu'elle a vécu avec un homme et un exemple de modèle féminin. Ce livre qui rend discrètement hommage à l'auteur de la Force de l'âge sort à point nommé dans la collection folio poche, au moment où cette dernière va entrer dans la collection de la Pléiade, véritable consécration.

Annie Ernaux, Mémoire de fille, Folio, 165 p.

Autres récrits de l'auteur : La place, la honte, une femme, Regarde les lumières mon amour

Billet de Lilly.

Partenariat Folio

 

15 octobre 2017

La littérature post-apocalyptique : ISSN 2607-0006

 

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Dans un article du Monde diplomatique, Catherine Dufour s'interroge sur la SF : " Dépassée, la science-fiction ?". Elle distingue deux types, "la science-fiction romanesque" ( par exemple, La horde de contrevent, de Damasio) et "la science-fiction de proximité". Ce n'est pas de cette dernière dont je vais vous parler. C. Dufour la qualifie "d'habituation", c'est-à-dire qu'elle anticipe l'évolution technologique, comme dans 1984 d'Orwell pour ne citer qu'un paradigme.

Selon l'auteur, "la science-fiction romanesque" a de beaux jours devant elle et c'est d'elle dont je vais vous entretenir.

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Le film Le mur invisible est adapté d'un roman allemand du même titre, écrit par l'Allemande Marlen Haushofer. Contrairement à beaucoup de ce roman de ce type, on ne saura pas les raisons pour lesquelles un mur indestructrible et invisible s'est formé au-dessus d'une petite maison isolée dans la montagne. Une femme y vit seule, enfermée. Un film ennuyeux ? Pas du tout ! tout d'abord, le film est assez court (1h30) pour éviter les longueurs. On nous raconte le quotidien de cette femme, forcée de s'habituer à ces nouvelles conditions : comment faire pour subsister lorsqu'on n'a plus accès à toutes les commodités d'une ville ? Comment survivre lorsqu'il ne reste pas une seule personne pour vous parler ?

Le suspense est maintenu : va-t-elle découvrir d'autres survivants ? Réussira-t-elle à trouver des ressources pour s'alimenter ? etc... On remarquera toutefois, le ryhtme assez lent du film : l'héroïne contemple souvent cette nature vidée d'hommes, qui finalement l'aide à vivre. Comme, le mystère autour du mur reste entier, on peut se demander alors s'il n'y a pas une valorisation du retour à la nature, d'une vie simple... En outre, ce film évite le cliché des survivals horrifiques avec zombies, hordes d'humains se battant entre eux pour survivre... L'actrice porte le film sur ses épaules, avant l'arrivée de toutes les héroïnes de post-apocalyptique comme Katniss ou Triss... Un film étrange dont le mystère reste entier...

 Le mur invisible, de Julian Polstler, 108 min avec Martina Gedeck

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Le paradoxe de Fermi est certainement le roman post-apocalyptique le plus réaliste qu'il soit. Ce que nous lisons est le journal intime d'un homme esseulé, survivant dans la montagne. Le narrateur décrit une catastrophe monétaire, qui progressivement amène le chaos. Il décrit alors comment s'organise la vie des survivants. Certains pensent encore pouvoir maintenir des savoirs pour pouvoir reconstruire le monde alors que d'autres s'acharnent à tout piller et détruire.

"La bête humaine survivra-telle ? Je ne sais pas. Sans la civilisation, nous sommes moins que des animaux"( p. 197) : dépassant le genre du survival, le roman se double de réflexions physiques et métaphysiques. L'auteur y a ajouté la question de l'évolution de l'espèce et il semble s'appuyer sur les analyses d'un darwiniste pour expliquer sa théorie (Darwin et les grandes énigmes de la vie, S. Jay Gould). Qu'est-ce le Paradoxe de Fermi ? Le temps humain serait très court au regard de l'univers : c'est pourquoi l'homme n'a pas trouvé trace d'autres vivants sur les planètes. Sommes-nous seuls dans l'univers ? L'homme est-il responsable de sa propre destruction ? Boutine donne sa réponse au paradoxe à la dernière page, avant, il faudra lire tout ce roman de SF très prenant...

Boutine, Le paradoxe de Fermi, Folio SF, 211 p.

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 Paru en 1954, ce roman s'inscrit dans la longue mode des récits de vampires : un virus a peu à peu décimé la race humaine, les transformant en êtres assoiffés de sang. Seul Neville, un homme mordu par une chauve-souris, réussi à survivre. Ce roman est des plus pessimistes : les causes de la pandémie semble être d'origine humaine, et c'est la faiblesse du personnage principal qui le ménera à sa perte. Point de héros pour reconstruire la civilisation après la mort de quasiment tous les humains.

En effet, nous avons affaire à un héros faible, buvant pour oublier les horreurs qu'il voit quotidiennement. Par rapport aux romans antérieurs portant sur le même sujet, Matheson a introduit une dimension plus scientifique, puisque Neville cherche des solutions en analysant le virus qui transforme les êtres en vampire. Quelques clichés demeurent comme l'utilisation de l'ail.  L'auteur a-t-il cherché à renouveler le mythe des vampires ? Donne-t-il sa vision de l'humanité ? J'ai trouvé le livre vide et le personnage sans intérêt ( excepté, pour montrer les bas instincts de l'homme...)

Matheson, Je suis une légende, Folio SF, 228 p.

9 juin 2018

La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino : ISSN 2607-0006

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Vous connaissez mal ou peu la littérature japonaise ? Ce récit pourrait être une bonne introduction pour découvrir un auteur comme Higashino : publié dans la collection Babel noir, La maison où je suis mort autrefois n'est pas véritablement un roman policier. Certes, il y a plusieurs morts, certaines symboliques, d'autres réelless mais l'enquête se tourne plus vers une quête identitaire que vers la découverte d'un coupable. 

Dans un récit cadre, le narrateur qui est un trentenaire, célibataire, réçoit une lettre de son père lui annonçant la destruction de leur maison. Elle lui en rappelle une autre plus terrifiante. Commence une analepse où le narrateur raconte comment deux ans plus tôt, pour aider une ex-petite amie Sayaka, il va se rendre dans une demeure contenant bien des mystères. Sayaka est tourmentée : elle a retrouvé dans les affaires de son père mort, une clé et un plan. En outre, peu à peu, on découvre qu'elle a de mauvaises relations avec sa fille de 3 ans. S'ajoutant à tous ces éléments, elle avoue qu'elle n'a pas de souvenirs d'enfance. La visite de l'étrange maison lui permettra-t-elle de retrouver la mémoire ? Que va -t-elle découvrir ?

Dans une écriture sobre mais détaillée, se succèdent d'infimes détails qui vont tous s'assembler pour mettre au jour une terrible vérité. L'atmosphère devient vite étouffante et angoissante. Mais au-delà d'un suspense terriblement efficace, le lecteur découvre les relations intergénérationnelles au Japon, l'éducation des enfants et leurs enjeux. La dimension psychologique et la question de l'enfance sont aussi très présents : " D'ailleurs, chacun n'a-t-il pas une maison où l'enfant qu'il était  est mort autrefois ?", s'interroge le narrateur...

Higashino, La maison où je suis mort autrefois, Babel noir, 254 p.

15 juin 2018

Une mémoire infaillible de S. Martinez : ISSN 2607-0006

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Sébastien Martinez, champion de France de la mémoire 2015 et formateur en mémorisation auprès d'étudiants et d'entreprises, nous propose plusieurs méthodes de mémorisation, autre que la répétition. "L'art de la mémoire" ( ci-dessous un court écrit de Maulpoix en retrace l'historique) n'est plus enseignée depuis qu'internet nous déverse un flot de connaissances, sans qu'on ait des efforts à fournir alors qu'elle faisait partie de la rhétorique antique.

Commençons par ce que Sebastien Martinez appelle la "méthode du SEL" : voici une liste de mots. Comment la  mémoriser ? Il faut restituer le souvenir encodé par les 5 SENS, puis les lier (LIEN) en créant une histoire (ENFANCE). Des exemples concrets sont donnés de manière pédagogique pour illustrer la manière dont il faut procéder. Ainsi SEL est l'aconyme de SENS, LIEN, ENFANCE. Vous pouvez d'ailleurs tester cette méthode avec la liste, ci-dessous, proposé dans le livre ( p. 29)

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Autre méthode, vous pouvez créer votre propre langage. Prenons l'exemple des chiffres : le "major système" consiste à associer les chiffres à une image convoquant les 5 sens. Quant au chapitre 3, nous découvrons la technique du "palais mental" ou "rhétorique architecturale" (Maulpoix). Vous avez peut-être vu celui de Sherlock Holmes dans la série de Gatiss et Moffat. On visualise une maison, un appartement et on y dépose des mots.

S. Martinez avec beaucoup d'enthousiasme et de didactisme transmet différentes manières de mémoriser des listes, des numéros, des textes, des langues vivantes. Je suis adepte de la technique de la répétition et je ne pense pas changer mes méthodes. En revanche, j'ai testé plusieurs méthodes proposées et elles fonctionnent mais je les ai quelque peu modifiées en fonction de ma propore sensibilité. Un livre à recommander à tous, même à ceux qui n'ont pas besoin d'étudier...

Martinez Sébastien, Une mémoire infaillible, Livre de poche, 178 p.

Sur le web : Maulpoix Jean-Michel, "L'art de la mémoire de Frances A. Yates" [en ligne], n° 271, La nouvelle revue Française, juillet 1975. URL : http://www.maulpoix.net/memoire.html

26 juin 2018

Jack London dans les mers du sud : ISSN 2607-0006

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Une belle citation nous accueille au début d'un parcours photographique et ethnographique invitant à la découverte de J. London comme écrivain voyageur : "J'aimerais mieux être un météore superbe et que chacun de mes atomes brille d'un magnifique éclat, plutôt qu'une planète endormie". Cette exposition s'articule autour des archipels traversés comme les îles d'Hawaï, Les îles marquises, Samoa... Des photographies prises par l'auteur, durant les étapes de son voyage, montrent tantôt l'équipage d'amateurs, tantôt des paysages etc... Objets d'époque, comme une machine à écrire ou un gramophone, et oeuvres d'art océnien complètent les notices retraçant le voyage.

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Sur la pirogue à voile de Tehei, entre Raiatea et Tahaa, 1908

@ Courtesy of Jack London Papers, The Huntington Library

http://www.musee-aquitaine-bordeaux.fr

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Le Snark dans la baie de Taiohae, Nuku Hiva, îles Marquises, 1907

© Courtesy of Jack London Papers, The Huntington Library, San Marino, California

https://vieille-charite-marseille.com

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https://vieille-charite-marseille.com

En 1907, sur le Snark ( hommage à Lewis Carroll), embarquent J. London et sa femme Charmian. Ce voyage dure 7 ans mais les avaries nombreuses et la maladie empêcheront l'écrivain d'aller plus loin. Cependant, ces périples inspireront de nombreux ouvrages parmi lesquels ont peu citer Les contes des mers du sud, La croisière du Snark ou L'aventureuse... En résonance avec les découvertes du couple et de l'équipage est projetée, à la fin du parcours, une vidéo de Martin Johnson. Ce dernier, cuisinier puis mécanicien sur le Snark, devient cinéaste et filme, sur les îles Salomon et les nouvelles Hébrides, la vie quotidienne des populations locales, leurs traditions, leur cérémonie, nous faisant accéder à de nouvelles cultures... Une très belle exposition immersive par la disposition des photographies, qui nous entourent dans chacune des pièces...

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Grand poteau cérémonial ( détails) Ugi, île Salomon, collecté par J. London en 1908 -collection J. London, Museum California State Parks, USA @ Courtesy of California states Parks, 2017

https://vieille-charite-marseille.com

 Exposition Jack London dans les mers du sud, au Musée d'Aquitaine

Mardi 29 Mai 2018, de 11:00 à 18:00

Toutes les informations sur le site du musée d'Aquitaine.

18 novembre 2017

Promesse de Jussi Adler-Olsen : ISSN 2607-0006

PROFANATION - Bande Annonce VF - Les Enquêtes du Département V

J'ai découvert le fameux auteur danois, Jussi Adler-Olsen, créateur des enquêtes du département V, via une adaptation : Profanation est une enquête assez sombre, dont les suspects évoluent dans les hautes sphères de la société danoise. La série est noire, mais peu originale. J'ai un souvenir assez précis de l'intrigue mais j'ai complètement oublié la personnalité des enquêteurs, ne me rappelant que de la belle qualité de l'image et d'une intrigue à nous tenir en haleine.

Profanation, de Mikkel Norgaard, 2015, 1h59

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Dans la sixième enquête du département V, Promesse, un policier se suicide le jour où il prend sa retraitre car il n'arrive pas à résoudre une enquête et il a demandé de l'aide à Carl Morck. Il enquêtait sur la mort d'une jeune fille renversée par un chauffard, affaire vieille de 17 ans. Deux histoires se mettent en place et finiront par se rejoindre : parallèlement à l'enquête du trio, est développée une histoire de secte, des adorateurs du culte du soleil.

Quelle n'est pas ma surprise quand je découvre plusieurs éléments comiques, voire plutôt de l'humour noir dans les premiers chapitres alors que je croyais que l'univers de cet auteur était très sombre ! La mort d'un cousin laisse notre inspecteur Carl Morck complètement indifférent, voire juge cyniquement le frère de ce cousin intéressé. Ensuite, son assistant Assad prend à la lettre les expressions lexicalisées créant du comique de mots.

Le romancier a su doser plusieurs ingrédients traditionnels : vie privée des enquêteurs, actions, rebondissements... . Assad se fait appeler Said mais nous n'en saurons pas plus dans cet opus. On assiste aux relations familiales et sentimentales de Morck. Le roman est un peu bavard, avec de nombreuses intrigues secondaires, mais à l'écoute, cela n'est pas gênant : les chapitres étant découpés en petites parties s'écoulant rapidement. Toutefois, ce roman policier reste une lecture de divertissement, étant donné qu'aucune dimension particulière n'est développée, si ce n'est le fonctionnement des sectes, mais là, rien de bien nouveau... Disons que cet opus-là ne me paraît pas remarquable mais se laisse écouter facilement.

Jussi Adler Olsen, Promesse, Audiolib, 16h53, lu par Julien Chatelet.

Partenariat Audiolib.

Participation au challenge nordique de Margotte.

1 janvier 2018

C'est le premier, je balance tout (Meilleurs voeux 2018) : ISSN 2607-0006

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TOPS : FILMS

Mon palmarès n'a rien d'original, surtout que j'ai vu moins de films cette année et que je n'ai pas pu voir 3 longs métrages qui me tenaient à coeur : Okja de Bong Joon Ho, Un homme intègre, et Blade runner 2049 de Villeneuve.

La planète des singes, suprématie, Matt reeves

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Le Caire confidentiel, Tarik Saleh

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Get out, Jordan Peele

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TOPS : LIVRES

Même chose pour les livres : mes lectures se sont réduites à une peau de chagrin ! Je vais, en outre, vous présenter des livres dont je n'ai pas parlé pendant l'année mais qui m'ont marquée.

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Ce roman jeunesse est une merveille : Lyra vit accompagnée de son daimon Pantalaimon et d'Erudits. Elle est intriguée par la Poussière évoquée par son oncle Lord Asriel. Lorsque son ami Roger est enlevé, Lyra part à sa recherche... De l'aventure, des psychologies développées sans infantilisation, des personnages attachants, des rebondissements où l'auteur n'a pas hésité à introduire de la cruauté, de la noirceur, plusieurs milieux inventifs. Bref, l'accumulation des qualités de ce roman pourrait être longue : une belle surprise ! J'ai hâte surtout de découvrir la suite des aventures de Lyra !

A la croisée des mondes, Le royaume du Nord, Pullman, folio 533 p.

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Le regard de Ken Liu et Le poids du coeur de Montero sont deux romans qui parlent sensiblement des mêmes sujets, dans des styles très différents : ces auteurs questionnent la finitude de l'homme, notre monde contemporain, les dérives de la technologie en utilisant la structure d'une enquête.

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Après Piste noire où nous avons découvert un inspecteur cynique et bougon, dans Froid comme la mort, il est à nouveau confronté à meurtre : une femme est retrouvée pendue dans son salon. Suicide ? Assez rapidement, il découvre que c'est en réalité un meurtre. Mais le vrai coupable n'est pas celui qu'on croit. Voici l'inspecteur le plus désagréable, le plus mal embouché, le plus sarcastique confronté à l'anniversaire de sa maîtresse, au mauvais temps hivernal de l'Aoste, à la bêtise de ses agents, à un assassinat, qui va se résoudre avec un clin d'oeil à la littérature. Sans avoir l'air d'y toucher, avec son personnage original et avec de l'humour noir, Manzini place au coeur de son roman un problème sociétal. Dans les remerciements, Manzini souligne qu'"il y a 122 cas de féminicide en Italie, selon la Maison internationale de la femme de Rome".

Manzini, Froid comme la mort, 293 p., Folio policier.

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Enfin, Monsieur Jabot de Topffer, l'inventeur de la BD, dont l'humour est délicieux ! Bouvier soulignait d'ailleurs "le rire qui monte de ses albums" dans Boisonnas.

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"Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais" (Wilde)

Bonne année & belles lectures pour 2018...

15 janvier 2018

Les animaux fantastiques de David Yates : ISSN 2607-0006

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Les animaux fantastiques (dont le réalisateur David Yates a aussi réalisé Harry Potter et les reliques de la mort) est une extention de l'univers d'Harry Potter, mais l'enchantement ne s'est pas produit surtout à cause du scénario  : Nobert Dragonneau arrive à New-York, dans les années 1926. Certains de ses animaux fantastiques s'échappent de sa malle emportée par un non-maj ( un moldu), Jacob Kovalski. Il est aussitôt repéré par Tina, une enquêtrice du Congrès magique des Etats-Unis. Va-t-il réussir à récupérer ses animaux ?

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Ce n'est pas une simple transposition d'un Harry Potter plus vieux dans un autre lieu. L'univers créé est différent et magnifique. Point de château enchanté comme Poudlard mais on a un mélange de reconstitution de rues de New-York et de lieux magiques. Les animaux s'amusant à se déplacer continuellement, on traverse de nombreux endroits tous magnifiquement reconstitués : les décors sont somptueux. Visuellement, c'est spectaculaire.

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Certes les décors sont magnifiques mais le film semble surtout mettre en valeurs les bêtes, délaissant un peu l'histoire. Sur ce plan-là, la gageure est réussie : les animaux s'intègrent parfaitement à l'univers new-yorkais. Les images de synthèse sont particulièrement abouties et montrent une grande imagination. 

On reprochait à Valérian d'être une succession de beaux plans comme des cartes postales, et je pense qu'on peut faire le même reproche pour ce film-ci. Peut-être que ce long-métrage ne sert que de mise en place étant donné qu'il y a une suite prévue pour 2018. C'est pourquoi le scénario m'a paru bien mince, prétexte à des prouesses numériques. Surtout, les deux personnages principaux m'ont paru assez timides, hésitants, sans charisme et je n'ai pas réussi à m'intéresser à leur sort. 

Les animaux fantastiques, david Yates, 2016, 2h13, avec Eddie Redmayne, K. Waterston

14 juillet 2018

Les filles au lion de Jessie Burton : ISSN 2607-0006

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" Une oeuvre d'art [Les filles au lion] qui a survécu à la guerre civile en Espagne et à une guerre mondiale, et que l'on retrouve dans une maison du Surrey voilà qui ouvre un tas de possiblités romanesques" ( p. 366), déclare un galeriste Edmund Reede, collaborateur d'une vieille dame Marjorie Quick et de sa secrétaire Odelle Bastien. Et c'est ce que va explorer Jessie Burton : elle architecture son roman autour de multiples secrets et d'un tableau peint supposément par un artiste espagnol Isaac Robles.

Nous commençons pas découvrir Odelle Bastien, jeune fille débarquée à Londres de Trinidad, qui tente d'écrire un roman tout en cherchant à survivre dans le Londre des années 60, confrontée au racisme. Celle-ci fait la rencontre de Lawrie Scott qui lui montre un tableau, Les filles au lion pour retenir son attention. Cette "oeuvre saisissante, sinistre, révolutionnaire" enthousiasme aussi d'Edmund Reed, qui souhaite faire une exposition autour de cette oeuvre dont le créateur a connu une vie énigmatique. Comment ce tableau est tombé entre les mains de la famille Scott ? Pourquoi Marjorie Quick s'enfuit à la vue de ce tableau ? Quel est le véritable sujet du tableau et qui en est l'auteur ?

Les filles au lion propose une intrigue fictionnelle digne des romans dumasiens. "Dumaficelé", il alterne deux périodes ( Londres en 1960 et l'Espagne des années 36) qui permettent assez vite de comprendre les "cables" qui relient toutes ces vies. On devine donc assez rapidement les secrets des personnages mais pourquoi continue-t-on à lire le roman ? Le mystère du tableau propose une réflexion autour de la condition des femmes et de la création artistique. "Les femmes en sont incapables, figure-toi. Elles n'ont pas de vision", déclare amèrement une jeune fille à son amie, au sujet des oeuvres d'art que vend son père. De plus, Odelle étant originaire de Trinidad, elle doit supporter des humiliations, tout en subissant les affres de la création. L'auteur évoque aussi le foisonnement artistique de ces années 30, reposant sur des recherches, comme le montre la formidable documentation qu'elle a effectuée ( une bibliographie monstrueuse se situe à la fin du roman). Malgré les facilités narratives, des personnages naïfs, on ressent un véritable plaisir romanesque à découvrir la machine livresque construite par Jessie Burton.

Burton Jessie, Les filles au lion, Folio, 506 p.

Sur le web : Les filles aux lions, Télérama, mis en ligne le 16 août 2017. URL : https://www.telerama.fr/livres/les-filles-au-lion,155608.php

Partenariat Folio .

23 juillet 2018

L'affaire du chien des Baskerville de Pierre Bayard : ISSN 2607-0006

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Auriez-vous écrit à Doyle pour qu'il ressuscite Sherlock Holmes après la publication du "Problème final" ? Alors vous êtes une " intégrationniste". Mais qu'est-ce que c'est ? Reprenons du début. Dans un premier chapitre intitulé " Sur la lande", Bayard résume l'enquête du Chien des Baskerville écrite par Conan Doyle et analyse la méthode de Holmes mais le critique, qui est aussi professeur de littérature française et psychanalyste, remet en cause ses déductions et va mener une contre-enquête. Pourquoi Bayard suppose-t-il que le véritable assassin n'a pas été arrêté ?

L'auteur considère que la littérature est "un univers troué" et qu'une grande place est  laissée à l'imagination du lecteur ( p. 76). De surcroît sa remise en cause des conclusions de l'enquête repose sur le choix d'un narrateur douteux : Watson est qualifié d'idiot par Sherlock Holmes ( p. 81). Mais surtout Pierre Bayard développe une théorie sur les personnages, qui repose sur L'univers de la fiction, ouvrage de Pavel. Les "ségrégationnistes" nient la valeur de vérité des énoncés de la fiction et s'opposent aux "intégrationnistes", qui pensent exactement l'inverse.

Et c'est là que se pose la question de la "puissance des mondes imaginaires", sur lequel repose "Le complexe de Holmes", forgé par Bayard. Du don Quichottisme au bovarysme, la séparation du fictif et du réel est sans cesse interrogée. S'appuyant sur de larges extraits de l'oeuvre de Conan Doyle, d'une recontextualisation de l'oeuvre, Bayard propose un assassin plausible, même si les raisons de la critique des méthodes de Holmes me paraissent parfois excessifs. De même, le dernier chapitre " Le chien des Baskerville", me semble surinterpréter le texte. L'affaire du chien des Baskerville développe une lecture très fine, jamais ennuyeuse d'une des enquêtes du brillant détective (enfin pas si brillant, à en croire Bayard) tout en s'interrogeant sur la notion de personnage... N'hésitez pas à vous lancer dans cette palpitante enquête littéraire !

Bayard Pierre, L'affaire du chien des Baskerville, les éditions de Minuit, 190 p.

5 mai 2018

Un avant-poste du progrès/ Au coeur des ténèbres de Conrad/ Apocalypse now de Coppola : ISSN 2607-0006

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De son voyage au Congo, Conrad, capitaine de navire, a ramené une expérience amère : il relate les atrocités vues dans son journal mais aussi dans Au coeur des ténèbres et Un avant-poste du progrès. Alors qu'il rend l'interprétation d'Au coeur des ténèbres problématique, Un avant-poste du progrès est clairement une critique du colonialisme. Il est l'un des premiers à travailler comme agent du colonialisme, au service de l'Angleterre, tout en en dénonçant les pratiques.   

Dans cette nouvelle, Kayerts et Carlier, deux agents de la compagnie commerciale du Congo belge, sont révoltés par les pratiques de Makola, un esclavagiste, qui fait partie de l'administration coloniale. Puis, l'inaction et l'isolement les rendent complètement indifférents à ce qui les entoure, ne pensant qu'aux profits qu'ils pourront faire. Ils pensent aussi apporter " La lumière, la foi et le commerce dans les zones ténébreuses de la terre"  (p. 47). Mais leur bêtise les amène à un destin tragique et rend évidente la dénonciation de l'entreprise colonialiste, son échec. "C'est Bouvard et Pécuchet au Congo", indique Mael Renouard dans son introduction (p. 8). Le titre ironique fait d'ailleurs penser à l'écriture flaubertienne.

Conrad Joseph, Un avant-poste du progrès, bibliothèque Payot, 94 p.

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 Au coeur des ténèbres a pour narrateur un marin, qui nous présente Marlow, qui commence le récit d'un voyage qu'il a effectué au Congo. Capitaine d'un navire pour une compagnie du Congo belge, il doit remonter le fleuve pour ramener Kurtz, un agent devenu fou dont on vante le "génie". Ce voyage confronte Marlow à l'horreur du colonialisme mais aussi à l'inhumanité des colons, à travers de nombreuses références à l'enfer. Cependant, le récit ne présente pas un sens aussi explicite que dans Un avant-poste du progrès, comme l'indique d'emblée le narrateur du récit cadre : "Et pour lui, le sens d'un épisode n'était pas à l'intérieur comme les cerneaux, mais à l'extérieur, enveloppant seulement le récit qui l'amenait au jour comme un éclat voilé fait ressortir une brume, à la semblance de l'un de ces halos vaporeux que rend parfois visibles l'illumination spectrale du clair de lune" (p. 33).

Cette longue nouvelle a été une déception pour les lecteurs victoriens, habitués à des romans d'aventures qui exaltent l'Empire britannique : ils découvraient, avec Au coeur des ténèbres, un roman sombre, aux descriptions morbides, où l'aventure est finalement absente. Lontemps lu comme un roman perssimiste sur la condition humaine, Todorov rappelle dans son article "Connaissance du vide : Coeur des ténèbres" la polysémie de ce voyage : cette nouvelle est une descente aux enfers, une découverte de l'inconscient mais aussi une " allégorie de la lecture", où "la connaissance du vide" semble désigner l'impossible accès à la vérité par la narration.

Conrad Joseph, Au coeur des ténèbres, Folio bilingue, 332 p.

Todorov, "Connaissance du vide : coeur des Ténèbres".

Apocalypse Now - Trailer

Même si Au coeur des ténèbres n'est pas crédité au générique, Apocalypse Now s'inspire librement de l'oeuvre de Conrad en transposant les événements au Vietnam. Comme Marlow, Willard doit aller rechercher le colonel Kurtz dans la jungle du Vietnam  car ce dernier mène une armée à son propre compte. Dans la version redux, le film montre aussi des colons français débattant de politique. Le propos du film semble s'éoigner de celui du récit en faisant une critique de la guerre mais on retrouve des visions hallucinées de la forêt, du voyage et une réflexion sur la condition humaine, le colonialisme. ce film grandiose a connu un tournage cahotique, véritable apocalypse pour le réalisateur comme le rappelle Rouyer dans sa présentation "Il était une fois... Apocalypse now".

Apocalypse Now, Coppola, Avec Marlon Brando, Martin Sheen, 1979, 3h14

Sur le Web : Lacuve Jean-Luc, Apocalypse now redux, mis en ligne le 17 septembre 2017. URL : https://www.cineclubdecaen.com/realisat/coppola/apocalypsenow.htm

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