Les filles au lion de Jessie Burton : ISSN 2607-0006
" Une oeuvre d'art [Les filles au lion] qui a survécu à la guerre civile en Espagne et à une guerre mondiale, et que l'on retrouve dans une maison du Surrey voilà qui ouvre un tas de possiblités romanesques" ( p. 366), déclare un galeriste Edmund Reede, collaborateur d'une vieille dame Marjorie Quick et de sa secrétaire Odelle Bastien. Et c'est ce que va explorer Jessie Burton : elle architecture son roman autour de multiples secrets et d'un tableau peint supposément par un artiste espagnol Isaac Robles.
Nous commençons pas découvrir Odelle Bastien, jeune fille débarquée à Londres de Trinidad, qui tente d'écrire un roman tout en cherchant à survivre dans le Londre des années 60, confrontée au racisme. Celle-ci fait la rencontre de Lawrie Scott qui lui montre un tableau, Les filles au lion pour retenir son attention. Cette "oeuvre saisissante, sinistre, révolutionnaire" enthousiasme aussi d'Edmund Reed, qui souhaite faire une exposition autour de cette oeuvre dont le créateur a connu une vie énigmatique. Comment ce tableau est tombé entre les mains de la famille Scott ? Pourquoi Marjorie Quick s'enfuit à la vue de ce tableau ? Quel est le véritable sujet du tableau et qui en est l'auteur ?
Les filles au lion propose une intrigue fictionnelle digne des romans dumasiens. "Dumaficelé", il alterne deux périodes ( Londres en 1960 et l'Espagne des années 36) qui permettent assez vite de comprendre les "cables" qui relient toutes ces vies. On devine donc assez rapidement les secrets des personnages mais pourquoi continue-t-on à lire le roman ? Le mystère du tableau propose une réflexion autour de la condition des femmes et de la création artistique. "Les femmes en sont incapables, figure-toi. Elles n'ont pas de vision", déclare amèrement une jeune fille à son amie, au sujet des oeuvres d'art que vend son père. De plus, Odelle étant originaire de Trinidad, elle doit supporter des humiliations, tout en subissant les affres de la création. L'auteur évoque aussi le foisonnement artistique de ces années 30, reposant sur des recherches, comme le montre la formidable documentation qu'elle a effectuée ( une bibliographie monstrueuse se situe à la fin du roman). Malgré les facilités narratives, des personnages naïfs, on ressent un véritable plaisir romanesque à découvrir la machine livresque construite par Jessie Burton.
Burton Jessie, Les filles au lion, Folio, 506 p.
Sur le web : Les filles aux lions, Télérama, mis en ligne le 16 août 2017. URL : https://www.telerama.fr/livres/les-filles-au-lion,155608.php
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