Terrienne de Mourlevat : ISSN 2607-0006
"Aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays d'utopie n'y figure pas" écrivait O. Wilde. ô combien me paraît juste cette citation car ces mondes imaginaires qui interrogent notre réel me plaisent infiniment. Voici une utopie destinée à la jeunesse mais qui n'est pas dépourvue de qualités. Dans Terrienne, Mourlevat utilise le procédé du monde parallèle comme Drood de Dan Simmons ou Neverwhere de Gaiman.
Un vieil écrivain, Virgil, prend en autostop une jeune fille, qui va à Campagne, ville qui n'existe pas sur les cartes et dont l'accès n'est que rarement possible. Anne y recherche sa soeur, disparue depuis un an. Quel monde vont découvrir Anne et Virgil ? La jeune fille va-t-elle retrouver sa soeur ? Sa quête aboutira-t-elle ?
Ne croyez pas que Terrienne soit une simple dystopie. L'humour, souvent absent de ce type de récit, contribue à rendre attrayant ce récit. Bien sûr, ce n'est pas une comédie molieresque mais certains passages sont très drôles. Des références à la littérature contribuent aussi à l'intérêt de ce roman : sont convoqués tout à tour le mythe d'Orphée, le conte de "Barbe bleue"... sans oublier le personnage de Virgil, l'écrivain : "Virgil dormit par courtes séquences et d'un sommeil agité. Dans ses moments de veille, il lui semblait qu'il était en train d'écrire un roman fou, un roman dans lequel il ne se serait imposé aucune des limites raisonnables habituelles un roman écrit sans stylo ni traitement de texte, mais avec son propre corps en trois dimensions, dans l'épaisseur des choses"... In fine, on découvre un monde imaginaire où l'auteur nous fait réfléchir sur l'identité humaine, avec humour.
Mourlevat, Terrienne, Gallimard jeunesse, 407 p.