"Par exemple : pourquoi débutait-on par les garçons pour attribuer le numéro des élèves ? Le fait qu'un garçon soit numéro un, le fait que l'on débute par les garçons, le fait que les garçons soient devant les filles, demeurait tout simplement évident, naturel". Cette constatation, faite par Kim Jiyoung, n'est que le début des injustices que subissent les filles dans la société coréenne.

Dans ce roman peu romanesque mais proche de l'essai, Cho Nam-Joo prend comme personnage principal une fille qui supporte toutes les injustices, tous les préjugés envers les femmes. Elle est en quelque sorte un exemplum de toute une génération. D'abord considérée comme une fille non désirée - il vaut mieux avoir un fils -, elle est harcelée en classe par un garçon, puis elle va connaître les privations qui favorisent son frère et enfin la dure loi du travail qui privilégie les hommes, qui ne prennent pas de congé parental.

Parfois, on nous décrit Jiyoung pleurer devant autant d'iniquités mais l'autrice s'appuie bien souvent sur des statistiques pour dénoncer le statut des femmes dans cette société (et dans beaucoup d'autres d'ailleurs). Le ton est souvent distant et factuel. La romancière semble énoncer des situations types et en montrer les conséquences. On voit donc la pression sociale qui s'accumule sur les femmes aussi bien dans le cadre salarial ou familial... Certes, la place de la femme a beaucoup évolué mais la conclusion montre que, même en enfonçant des portes ouvertes, les mentalité changent lentement...

Cho Nam-Joo, Kim Jiyoung, née en 1982, 10/18, France.

Lu par Lilly

Participation au challenge coréen de Céline

L'oeuvre de Mizuki Tsujimura Le château solitaire dans le miroir vient d'être adaptée en manga. Une collégienne Kokoro ne veut plus aller en classe depuis qu'elle se fait harceler par ses camarades, un groupe de filles qui se moquent sans cesse d'elle. Un jour son miroir scintille et elle se retrouve, comme Alice aux pays des merveilles, projetée dans un château où se trouvent sept autres collégiens.

Dans ce lieu, elle est accueillie par une mademoiselle loup qui édicte les règles du château : tous ont été réunis pour trouver une clé leur permettant d'ouvrir une chambre dans laquelle ils pourront réaliser un voeu. Arriveront-il à trouver cette clé ? Quel souhait vont-ils faire ?

Dans ce premier tome de cette série courte ( 5 tomes), on fait connaissance avec les divers personnages. Des retours en arrière dévoilent le passé de Kokoro et ce qui l'a amenée à développer une phobie scolaire. Vus à travers les yeux de Kokoro, les autres personnages n'ont pas encore beaucoup de consistance mais cela viendra peut-être dans les autres tomes.

Ce manga fait la part belle aux contes de fée de Grimm, Andersen... que Kokoro aime lire. Mais le décor fantastique permet de développer un discours sur la société, notamment sur la phobie scolaire, le harcèlement, les aspirations des adolescents. Un manga fantastico-social à découvrir !

Tomot Taketomi, Le château solitaire dans le miroir, France, mais 2023, nobi nobi.

roman lu par Katell

L'attendiez-vous avez impatience ? Le 4 mai 2023 sortait le nouveau tome des Carnets de l'apothicaire !

Dans ce tome 11, le jeune apothicaire va enfin résoudre l'énigme du temple du choix, un temple construit pour s'assurer que les descendants de la reine mère soient légitimes. Cela l'amène à faire des conclusions sur les ancêtres de l'empereur qui règne. Est-il le véritable descendant de la lignée ? Mao Mao a une intuition concernant Jinshi mais elle préfère rester à sa place et ne pas trop risquer sa vie...

De nombreux souvenirs tournent autour de Jinshi : ses cauchemars, les histoires de sa dame de compagnie... Mais l'arrivée de L'impératrice dourairière, la mère de l'empereur, qui vient demander les services de la petite dame de compagnie va épaissir le mystère : elle pense avoir jeté un sort à son mari et avoue qu'elle a eu deux enfants, dont Jinshi... Grâce à ses connaissances scientifiques et en observant les lieux dans lesquels est mort l'empereur, Mao Mao va percer les secrets concernant le défunt empereur.

L'enquête révèle toujours autant de secrets et crée de nouveaux mystères autour de la cour impériale. Ce tome se concentre sur la vie de Jinshi et ses origines mais développe aussi une réflexion sur l'esclavage... Un tome tout aussi intéressant que les autres mais qui semble bien court. On a hâte de retrouver notre petite dame de compagnie dans une future enquête !

Itsuki Nanao, Les carnets de l'apothicaire, tome 11, ki-oon (11 en cours), Italie, janvier 202.

Série : Tome 1, tomes 2 à 3, tomes 5 et 6, , tome 9, tome 10

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1) LES FILMS

2) LES LIVRES LUS

Pour le challenge Un mois au Japon organisé par lou et Hilde, j'ai lu Les doigts rouges et Le nouveau d'Higashino, la pentalogie L'ombre du charbon de Shimazaki ( Azami, Hozuko, Suisen), les mangas (Full metal achemist de Harakawa et Jizo de Mr Tan)

Pour les étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine, j'ai lu Les princes de Sambalpur d'Abir Mukherjee.

J'ai aussi lu un roman jeunesse Un amour de tortue de R. Dahl et j'ai continué la lecture des récits autobiographiques d'Annie Ernaux (Passion simple, Le jeune homme). 

Pour les LC coréennes, nous avons lu avec Rachel La route de Sampo de Hwang sok-yong. Pour le 20 mai, nous proposons Plus heureuse que moi tu meurs de Joo Youngha avec Rachel. douddoumatous et @couleursdeslys et Audrey

Le  30 mai avec Claudia, Myriam et Rachel, nous lirons La Rabouilleuse de Balzac et le 25 juin, avec rachel, doudoumatous, La malédiction de Satapur de Sujata Massey. 

3) BOOKHAUL

 Beaucoup de livres achetés ont été aussitôt lus comme Le nouveau d'Higashino ou les romans d'Ernaux et Les princes de Sambalpur de Mukherjee...

Dans ce recueil de nouvelles, Hwangsok-Yong poursuit la description de la vie des laissés-pour-compte de la société coréenne à différents moments de l'histoire de la Corée.

"Herbes folles" relate le destin tragique d'une jeune fille, vivant dans un quartier pauvre. Elle est engagée par la mère de la narratrice mais cette dernière se montre peu sérieuse et finit par être renvoyée. Eclate la guerre de Corée qui divise le quartier... qui cause la disparition de certains habitants du quartier ou leur folie...

La troisième nouvelle "Les ambitions d'un champion de Ssireum", retrace aussi un destin tragique, d'un jeune homme qui perd successivement son père, puis sa mère. Sans argent, il a promis à sa mère de ne pas devenir pêcheur comme son père, ses grands-parents, tous morts en mer. Il commence à faire de petits travaux en ville mais malgré son physique avantageux, il n'arrive pas à faire fortune...

"Oeil de biche", la deuxième nouvelle, suit les pas d'un soldat coréen revenu de la guerre du Vietnam, aux côtés des Américains. en s'engageant volontairement, il pensait avoir trouvé une carrière facile. Malheureusement, il revient malade et n'a pas participé aux combats. Des souvenirs de la guerre resurgissent dans lesquels il revoit les habitants se moquer des soldats... Et même de retour en Corée, les militaires ne sont pas du tout perçus comme des héros !

Quant à "La route de Sampo", en plein hiver, deux vagabonds décident de se rendre à Sampo,une île peu peuplée, l'île natale de l'un des deux voyageurs. En chemin, ils rencontrent une prostituée qu'ils veulent aider. Vont-il arriver jusqu'à cette île ?

Est-ce la forme de la nouvelle qui nous empêche de compatir avec ces personnages ? Avec beaucoup de réalisme, Hwang Sok-Yong décrit le destin de Coréens qui subissent les changements de la société comme dans "La route de sampo" ou qui souffrent de la guerre de Corée. Ce petit recueil ne suscite vraiment pas le même intérêt que le roman Monsieur Han ou Au soleil couchant. Mieux vaut ne pas commencer par ces nouvelles pour découvrir l'écriture de l'auteur.

Hwang Sok-Yong, La route de Sampo, Espagne, Octobre 2017, Picquier poche, 136 p.

Lecture commune avec Rachel

Participation au challenge coréen de Céline

autres romans de l'auteur : Monsieur Han, Princesse Bari, Au soleil couchant

Après son arrivée en Inde dans L'attaque du Calcutta-Darjeeling, l'inspecteur Sam Wyndham est confronté à un nouveau meurtre dont il est le premier témoin.

Lors d'un rassemblement de princes indiens, notre inspecteur en compagnie du sergent indien Sat Banerjee voit mourir sous ses yeux le prince du royaume de Sambalpur. L'affaire est vite classée car le tueur a été retrouvé. Mais Wyndham n'est pas satisfait des conclusions hâtives de l'enquête et décide d'aller en vacances dans ce petit royaume réputé pour ses mines de diamants. Cependant, même avec l'accord du maharajah de Sambalpur, il peine à enquêter face aux protocoles royaux qui l'empêchent d'approcher les femmes de la famille royale ou d'interroger les suspects.

L'intrigue alambiquée mêle politique - avec de nombreux reproches à l'encontre des britanniques -, religieuse et histoire de l'Inde. La dimension historique est passionnante étant donné que dans une note, l'auteur explique ses sources réelles. Après une mise en place très lente dans le premier opus L'attaque du Calcultta-Darjeeling, Mukherjee a amoindri les problèmes d'opium de l'inspecteur pour décrire plus longuement le faste de ces royaumes indiens. Rien n'est caricatural dans les portraits de ces maharajahs où modernité et traditions, despotisme et bien-être du peuple se côtoient...

Une excellente intrigue layrinthique qui montre les complots royaux et les ficelles politiques dans l'Inde des années 1920 !

Mukherjee Abir, Les princes de Sambalpur, folio policier, septembre 2021, France, 408 p.

Participation aux étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine.

lu par Keisha,

autre roman de l'auteur : l'attaque du Calcutta Darjeeling

Après Bulbbul, film d'horreur féministe, la réalisatrice a tourné un deuxième film Qala. C'est un film indien atypique qui mélange univers gothique et thriller !

Dans un immense manoir sombre, une femme élève sa fille, Qala, pour qu'elle devienne chanteuse et musicienne de mélodies traditionnelles indiennes. S'entraînant 8 heures par jour, mais n'arrivant pas à atteindre l'idéal fixé par sa mère, la jeune fille sombre peu à peu dans le désespoir quand sa mère recueille un chanteur à la voix divine.

Lorsqu'elle réussit à atteindre la gloire, elle n'est pas pour autant heureuse... Elle n'a toujours pas gagné l'affection de sa mère et son chemin a été semé d'embûches dans ce milieu musical dominé par les hommes, qui abuse de leur position.

La mise en scène remarquable avec des les hallucinations de la chanteuse se rapproche de celle de Black swan, film dans lequel la recherche de la perfection mène une jeune danseuse à la mort. L'atmosphère créée par des décors de labyrinthes enneigés ou de manoirs qui paraissent hantés contribuent à créer angoisse et suspense... Pourquoi Qala est-elle hantée par le chanteur recueilli par sa mère...

Un film très esthétique et très étouffant qui dénoncent encore la condition des femmes : " je croyais que j'étais invisible", dira l'héroïne.

Qala, Anvita Dutt, 2022, Inde

Participation aux étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine.

Autre film de la réalisatrice : Bulbbul

Adapté d'un manga de Yaro Abe, La cantine de minuit est une série courte de 10 épisodes de 24 minutes dans laquelle on peut découvrir le quotidien de quelques habitués d'un restaurant ouvrant de minuit à 7 heures du matin.

Une employée de bureau tricote des pulls, tout en attendant de manger son tonteki, pour des hommes qui, finalement, ne l'aiment pas. Elle manque de confiance en elle et désespère de se marier. Mais un collègue semble s'intéresser à elle. Vont-ils se rapprocher ? Un père, joueur de mah-jong, jouent toutes les nuits, laissant son fils mangeant des oeufs de tofu, dans le restaurant. Un jour, la police l'arrête. Que va-t-il advenir de ce père et de ce fils ? Un physicien, qui aime manger des omuraisu, rencontre et tombe amoureux d'une entraineuse de bar. Une fois ses dettes remboursées, la jeune fille, qui est coréenne retourne dans son pays avec ses parents, qui refusent que leur fille épouse un étranger. Que va faire le physicien amoureux ? Un vendeur de légumes solitaire, depuis qu'il a perdu sa mère, confie qu'il est hanté par le fantôme de sa mère. Pourquoi ?

D'autres personnages se rencontrent, se disputent, s'aiment, se retrouvent dans ce restaurant, sous l'oeil bienveillant du chef, qui observent cette comédie humaine... Comme les plats servis ont l'air délicieux ! Malgré certaines histoires tragiques, dans cet endroit chaleureux, on découvre avec plaisir la vie de ce petit quartier de Tokyo et de ses habitants à travers ces tranches de vie très réalistes et les recettes de plats japonais... Une série très sympathique !

Participation à un mois au Japon organisé par lou et Hilde

Après avoir élaboré des intrigues particulièrement soignées dans Un café maison ou Les doigts rouges, Higashino élabore une nouvelle intrigue originale dans Le nouveau. Qui est le nouveau ? C'est Kaga, un inspecteur adjoint du commissariat de Tokyo. Il découvre le quartier du vieux Tokyo lors d'une enquête.

Nous plongeons tout d'abord dans l'atmosphère d'un magasin de biscuits. Nao va dans une école de coiffure mais aide sa grand-mère malade à tenir le magasin. Kaga vient les interroger sur un assureur venu les voir pour l'hospitalisation de la grand-mère. Il est très observateur et très humain dans sa manière de se comporter avec les gens.Cet assureur aurait un lien avec une femme assassinée dans un quartier proche...

Cette dernière, avant d'être tuée, est aussi passée dans une boutique de vaisselle où la belle-mère et sa bru ne s'entendent pas du tout. Elles se querellent pour tout au grand désespoir du mari. Kaga, tout en menant son enquête, découvre cette famille désunie. En effet, l'originalité de cette enquête réside dans la méthode d'investigation de cet inspecteur, qui part d'infimes détails pour trouver la vérité. Non seulement, on découvre les moeurs des habitants du vieux Tokyo mais aussi le fonctionnement des familles, la psychologie des personnages...

Très lentement, au fil des pérégrinations de Kaga, on découvre tout un quartier japonais et ses habitants. Kaga trouvera le coupable, mais il s'occupe tout autant des victimes : "Ne vous en faites pas, je le [le coupable] cherche. Mais le travail d'un enquêteur ne se limite pas à cela. Pour nous, les personnes affligées par un crime sont aussi des victimes. et notre rôle est de les aider". Un très beau polar !

Higashino, Le nouvau, Babel noir, mars 2023, France, 329 p.

du même auteur:Les doigts rouges, Un café maison, La maison où je suis mort autrefois

Participation à un mois au Japon organisé par lou et Hilde

Lu par Dasola

"Quand j'étais enfant, le luxe, c'était pour moi les manteaux en fourrure, les robes longues et les villas au bord de la mer. Plus tard, j'ai cru que c'était de mener une vie d'intellectuel. Il me semble maintenant que c'est de pouvoir vivre une passion pour un homme ou une femme". Qu'est-ce que la passion ? Passion simple d'Annie Ernaux est certainement le texte le plus intimiste de ses récits autobiographiques.

En effet, elle relate un passion qui l'a obnubilée pendant une année. Elle raconte comment elle a été obsédée par un homme. Avec minutie, elle décrit ses pensées, analyses ses propres gestes mais fait assez peu de commentaires sur son écriture, ses souvenirs comme elle le fait habituellement. Elle semble vouloir décrire juste la passion : "Je déambulais en sueur sous son regard imaginaire boulevard des Italiens pendant qu'il était ailleurs, insaisissable".

En revanche, dans Le jeune homme, elle décrit une aventure amoureuse mais au prisme des classes sociales et des préjugés : à 54 ans, la romancière sort avec un étudiant... Elle décrit cette histoire avec détachement - aucune ressemblance justement avec Passion simple - en analysant le comportement de son amant : "Il y a trente ans, je me serais détourné de lui. Je ne voulais pas alors retrouver dans un garçon les signes de mon origine populaire, tout ce que je trouvais "plouc" et que je savais avoir été en moi".

"Mon corps n'avait plus d'âge. Il fallait le regard lourdement réprobateur de clients à côté de nous dans un restaurant pour me le signifier". Cette relation est à l'origine aussi de commentaires sur les souvenirs et sur les préjugés sociaux - comme son avortement, son vieillissement - et plus globalement sur sa vie de femme. Jamais sentimentale et sans faux-semblant, Annie Ernaux scrute sa vie sans s'épargner et sans larmoyer...

Une vie en écriture et une d'écriture passionnante à découvrir !

Annie Ernaux, Passion simple, folio,  France, Octobre 2022, 77 p.

Annie Ernaux, Le jeune homme, Gallimard, Normandie, Octobre 2022, 38 p.

Autres romans de la romancière : Mémoire de fille, La place, la honte, une femme, Regarde les lumières mon amour, L'événement