Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

1001 classiques

22 avril 2012

Titanic de Fellowes : ISSN 2607-0006


Titanic 2012 TV Series Trailer

"L'insubmersible" Titanic coulait dans des sombres eaux glacées il y a exactement cent ans. Titanic de J. Fellowes n'est pas aussi remarquable que Downton Abbey. Certes, les costumes d'époque, les reconstitutions, les querelles religieuses contemporaines, la nette démarcation entre les classes sociales sont extrêmement bien rendus : c'est visuellement superbe, tout comme Gosford park ou Downton Abbey. Mais c'est justement trop ressemblant, un peu comme une réplique de ses films, mais transposée sur le Titanic. Seule une ou deux scènes de la salle des machines, et le naufrage final nous rappellent le contexte. Les dialogues sont assez plats, se composant essentiellement de commérages de langues de vipère. Tout le monde a l'air assez indifférent au naufrage, seul compte pour eux leurs sentiments, ressentiments. Chacun est préoccupé par ses amours, ses problèmes d'argent ou d'égo....

Si on prend plaisir à se promener d'une classe sociale à l'autre, à admirer le luxe des premières classes, il est assez peu question du Titanic, bien qu'étant la première grande catastrophe de la modernité. On reste tout de même ébloui par la manière dont J Fellowes sait peindre la société de l'époque, le mépris pour les troisièmes classes et la haine des étrangers...

Pour compléter votre intérêt pour le sujet "C dans l'air, le Titanic 100 ans de fascination" et Xenius, se penchent sur l'énigme du Titanic, des différentes manifestations actuelles commémorant cet événement, des changements apportés notamment dans les normes de sécurité, les raisons scientifiques de ce naufrage. Le Titanic, la véritable histoire est un docu-fiction qui insiste sur les aspects techniques du naufrage, la question des portes étanches, des raisons du naufrage... Malheureusement, la présentation sous forme de docu-fiction avec reconstitution des témoignages des survivants décrédibilisent ce documentaire, qui est par ailleurs remarquablement didactique. Le Titanic aurait-il pu éviter cette catastrophe ? Pourquoi cette tragédie a tant marqué les esprits ? Alicia nous parle du Titanic insubmersible de Gordon korman, Allie de Voyage mortel de H. Brewster du Titanic de Richard D. Nolane et Lou de Cent ans, les enfants du Titanic. Vous trouverez aussi un article très détaillé sur Wikipédia et une interview du réalisateur sur Télérama.

Fellowes, Titanic, mini-série, voir ici.

Autres séries : Downton abbey

"Le Titanic, la véritable histoire", Richard Dale, 2011, 90 min.

Challenge back to the past organisé avec Lou.

Publicité
21 avril 2012

La dame de chez Maxim's de Feydeau : ISSN 2607-0006

74796209

Né près des Grands Boulevards rénovés, Feydeau (biographie sur le site Larousse) baigne dans le milieu artistique et littéraire de la Belle époque : son père côtoyait aussi bien Flaubert que Gautier... Il semble prédestiné à cette carrière de vaudevilliste qu'il entama très tôt.

Vous connaissez peut-être "L'ours et l'amateur des jardins", une fable de La Fontaine où ce dernier nous met en garde contre les amis benêts car mieux vaut un ennemi intelligent. En effet, un ours voulant tuer une mouche posée sur le nez de son ami l'homme, décide de lui lancer un pavé dans la figure. Vous pouvez vous-même tirer les tristes conclusions de ce fâcheux événement. Feydeau met en scène un valet Bretel aussi maladroit que balourd dans Les pavés de l'ours : Bretel parle de "farandole" à la place de "parabole", prend un tapis pour essuyer ses pieds, insulte la future belle-mère de son maître Lucien sans le savoir... Si notre valet se ridiculise et fait rire de ses maladresses, Madame de Prévallon, la future belle-mère de Lucien, bégaie donnant ainsi lieu à de cocasses phrases : " Malalap...malalap...appris... Vous direz  à monsieur Lulu... Lucien que je suis affreuse... affreuse...

- Bretel : affreuse, oui, Madame.

- Madame de Prévallon : affreusement en colère... Et que tout est ro-rompu entre nous. A...adieu.

Évidemment Lucien veut épouser la fille de Mme Prévallon parce que c'est un beau parti... Mais Bretel fera-t-il échouer ce mariage à force d'inculture et de grossièretés ?

La dame de chez Maxim's est certainement la pièce la plus connue de Feydeau. Elle met en scène la môme crevette, une danseuse du Moulin rouge qui se retrouve après une nuit bien arrosée dans la chambre du docteur Petyton, marié à Gabrielle, "une vieille toupie". Sur ces faits déjà compromettants pour le pauvre Petyton, son oncle, le général débarque et prend la môme crevette pour la femme de Petyton. A l'insu de la vrai Mme Petyton, le docteur la fait passer pour la femme de Mongicourt, un ami. Tout ce petit monde se retrouve sur les terres du général pour le mariage de sa nièce où la grande bourgeoisie provinciale est confrontée à cette demi-mondaine... Ajoutez à cela un "fauteuil extatique" qui endort tous ceux qui s'y assoient, une Mme Petyton qui croit aux esprits, l'arrivée d'un ancien amoureux de la môme crevette qui va épouser la nièce du général... Petyton va-t-il réussir à dénouer les fils de cet incroyable imbroglio ?

Les comédies de Feydeau sont typées, il ne cesse de décliner les thèmes de l'argent et du mariage d'affaire, multiplie les quiproquos, les méprises, jusqu'à l'étourdissement dans La dame de chez Maxim's, les femmes cachées dans le placard... On nage en plein vaudeville pour notre plus grand plaisir. Bien sûr, les ficelles sont répétitives, quasi identiques d'une pièce à l'autre, mais on se laisse prendre à ces intrigues rocambolesquement mise en scène et au charme désuet de la Belle-Epoque...

 Challenge théâtre " en scène" Bladelor.

 Feydeau, Les pavés de l'ours, Hatier, p. 93.

 Feydeau, Notre futur, GF, étonnant classique.

 Feydeau, La dame de chez Maxim's, Folio, 404 p.

18 avril 2012

Mon oncle de Tati : ISSN 2607-0006

 

 


BANDE-ANNONCE MON ONCLE JACQUES TATI 1958 TRAILER HQ

 Depuis cet hiver 1895, avec L'arroseur arrosé des frères Lumières, le cinéma ne cesse de décliner l'univers du burlesque et de la farce. Buster Keaton et Charlie Chaplin excellaient dans le gag. Mais si Chez Chaplin, le comique se double d'une satire violente qu'elle soit sociale - La ruée vers l'or - ou qu'elle soit politique - Le dictateur -, Jacques Tati, lui, reste en dehors de tout engagement. Au premier abord, par sa critique humoristique de la modernité dans Mon oncle, J. Tati apparaît plutôt réactionnaire... Et pourtant son personnage semble chercher davantage à s'adapter à ce monde modernisé qu'à le bouleverser. Reconnaissable à son parapluie, son imperméable, sa silhouette longiligne et sa gestuelle maladroite, le fameux "oncle" ne cesse de désorganiser l'ordre établi.

Incapable de trouver un travail - avec un clin d'oeil Aux temps modernes de Chaplin -, il n'a de cesse de faire rire de son comportement décalé. Dans Mon oncle, les gags se multiplient autour de cette opposition entre l'esthétique "Bauhaus" et industrielle incarnée par la famille Arpel et son quartier... De la mécanique du rire, des récurrences de scènes, de lieux, des constrates naissent aussi un monde presque surréel : l'esthétique très marquée années 60 lui confère même un charme suranné.

Comme ses prédécesseurs, les dialogues sont peu importants chez Tati mais le bruit y a une place majeure : utilisé en point d'ancrage, véritable actant de son film, caractérisant le personnage, le bruit symbole de la modernité envahit tout cet univers en mutation. En revanche, les gestes, les mouvements, l'agitation des corps jusqu'à l'hystérie envahissent l'écran pour créer un comique certain. Avec ce réalisateur, ça passe ou ça casse... La méticulosité de Tati qui post-produit tout et son personnage original font de Tati un grand réalisateur mais en deçà d'un Chaplin... et ça donne envie de visionner Eraserhead de David Lynch dont les thématiques et les procédés sont très proches...

Mon oncle, Tati, 1h50, 1958.

12 avril 2012

Sherlock holmes, saison 2 : ISSN 2607-0006

SHERLOCK: S2E1 A SCANDAL IN BELGRAVIA TRAILER

Pas étonnant que cette série soit une véritable réussite quelque peu déjantée ! M. Gatiss et S. Moffat, ont l'habitude des adaptations victoriennes. Mais on n'assiste pas seulement à un changement de siècle mais aussi à des ajouts originaux tout en restant dans l'esprit des nouvelles écrites par Conan Doyle... Un scandale à Buckingham, Le chien de Baskerville et la chute du Reichenbach sont des aventures de Sherlock Holmes tout à fait captivantes où notre héros est aussi brillant que cynique. Les personnages secondaires sont à la hauteur et véritablement développés. Tous les personnages ont un haut sens de la théâtralité s'ajoutant à des dialogues percutants : le cynisme de S. Holmes est à savourer, de même que l'humour presque toujours noir quand il s'agit de Holmes...

Véritable dandy, Sherlock Holmes évolue dans un décor époustouflant comme l'atmosphère dans l'épisode du chien des Baskerville... Les objets technologiques ont une grande place dans ces histoires où les portables, ordinateurs, blogs et autres technologies servent l'intrigue avec efficacité, atteignant des sommets avec le "palais mental" de Holmes où ses pensées sont visibles... Et quelles intrigues ! Vols des bijoux de la couronne, affrontement entre Sherlock et son ennemi dangereusement fourbe Moriarty ( La chute du Reichenbach ou La solution finale), attaques de molosses gigantesques ( Le chien des Baskerville), manigances d'une intrigante au service d'un criminel Moriarty - Irène Adler, dans un scandale à Buckingham -, on n'est pas au bout de nos surprises dans ces intrigues, qui en mélangent plusieurs, magnifiquement mises en scène. "Des empreintes gigantesques, un molosse, je ne raterai pas cela pour un empire", dit en substance Sherlock Holmes et nous non plus !

Série britanique de Marck Gatiss et Steven Moffat, avec Benedict Crumberbatch et Martin Freeman, BBC, épisode de 50 min, 2012.

6 avril 2012

Nuages de cendre de D. Cooper : ISSN 2607-0006

51dTyggY21L

L'Islande est une " terre de glace" mais aussi de feu, dont Dominic Cooper nous conte une ancienne véritable affaire, une orageuse vendetta nordique. Un vieux médecin mélancolique se rappelle d'un terrible antagonisme entre deux hommes, deux shérifs qui s'affrontent dans l'Islande du XIXeme siècle. La haine qui brûle entre eux est transmise à leurs descendants finissant dramatiquement. Qui peut les juger à travers une histoire lacunaire ?

Les blancs de cette histoire, qui nous est dévoilée peu à peu, sont retransmis par différentes voix, prenant tour à tour la parole pour révéler l'affrontement entre deux hommes et tout un pan de l'histoire islandaise. En 1718, après une terrible épidémie de variole et une éruption volcanique sans précédent, l'Islande croule sous le joug danois. Jens Wium, un shérif danois au passé obscur brutalisent son homologue islandais, Thorsteinn. Peu de temps après un retissant procès d'inceste provoque une dégradation des rapports entre les deux hommes.

Thorsteinn est-il mort par la faute de J. Wium ? Leurs enfants reproduisent cette haine... Mais le monde n'est ni tout noir, ni tout blanc et on découvre petit à petit une terrible vérité sur chacun des personnages, nous gardant dans un flou insoutenable tout au long de la narration. Une fois les noms propres assimilés, une fois habitué au changement de voix, on est embarqué d'une traite dans cette tragique histoire de vengeance, sombre, très sombre, tout en étant fasciné par les innombrables descriptions de l'île, des tempêtes de neiges et de landes désertes, arides et brumeuses comme les hommes qui les habitent... Une histoire palpitante !

Cooper, Nuage de cendre, Métailié, p. 236.

Merci Dialogue et Caroline pour ce partenariat.

Publicité
31 mars 2012

L'art d'aimer d'Ovide : ISSN 2607-0006

Vous souhaitez trouver l'homme ou la femme qui vous convient ? Vous voulez ensuite faire perdurer votre amour ? Alors prenez pour maître Ovide, suivez ses conseils... Mais L'art d'aimer n'est pas une oeuvre banale : aimer serait soumis à des règles comme un art poétique ? Ovide évidemment parodie les traités de l'agriculture, de chasse, militaire, de l'époque en empruntant ainsi maints images qu'on trouve dans de tels ouvrages. Ne lisez pas cet essai comme un guide mais comme une oeuvre qualifiée d'érotique - dans le sens qui a trait à l'amour et non à la sexualité - , une oeuvre légère et parfois satirique qui semble-t-il aurait valu l'exil à Ovide tant son oeuvre est irrévérencieuse, critiquant certaines institutions de manière oblique... alors qu'Auguste voulait retrouver un certain "puritanisme"...

"Où chercher ? : A Rome, même. Tandis que, libre encore, tu vas où tu veux, la bride sur le cou, choisis celle à qui tu puisses dire : " toi seule me plais". Elle ne tombera pas du ciel, glissant parmi l'air subtil ; il te faut chercher la femme qui te charmera tes yeux. Il sait bien, le chasseur, où tendre les filets à cerf ; il sait bien la vallée que hantent les grognements du sanglier ; [...]".

Au cirque : Ne néglige pas non plus les courses où rivalisent les chevaux généreux. [...] Si comme il arrive, il vient à tomber de la poussière sur la poitrine de ta belle, que tes doigts l'enlèvent ; s'il n'y a pas de poussière, enlève tout de même celle qui n'y est pas : tout doit servir de tes soins officieux. Le manteau trop long traine-t-il à terre ? Prends-en le bord, et, avec empressement, soulève-le du sol malpropre.Aussitôt récompense de ton zèle officieux, sans que ta belle puisse s'en fâcher, tes yeux verront des jambes qui en valent la peine" !

"Si les larmes te font défaut ( car elle ne viennent pas toujours à commandement), mouille-toi les yeux avec la main. "Je ne t'ordonne pas non plus d'offrir ta poitrine aux flèche. Mon traité, prudent, te donneras des ordres plus faciles à suivre" ! écrit-il suite à l'histoire de Milanion et d'Atalante. "

"L'amour au teint de rose" : la mythologie comme l'évocation de Dédale ou l'épisode de la Diane chasseresse, côtoie ces conseils parodiques, et le ton docte n'est pas sans créer un certain humour. Les références aux " fils d'Eson", ou à "Ménale" d'ailleurs rendent parfois ardu la lecture de ce traité. On ne peut que souligner la modernité d'Ovide qui a construit son ouvrage en trois parties dont une concerne les conseils donnés à des femmes. Une excellente oeuvre comique qui mérite d'être relu à côté des Métamorphoses qui ont peu éclipsés les autres oeuvres de l'auteur...

Ovide, L'art d'aimer, Belles Lettres Hatier, 221p.

Participation au challenge de l'Irrégulière. Lu aussi par Neph

24 mars 2012

Au mois de mars 2012 : ISSN 2607-0006

salon_livre_paris_2012Au mois de mars, j'ai moins lu et moins fréquenté les blogs, cependant, je ne pouvais pas passer à côté d'un événement majeur, le salon du livres où sans m'y être rendue, j'ai eu l'impression d'y être plongée grâce à divers comptes-rendus, celui de lilibook, celui de Lou, Alicia,Céline... Et grâce aux gentilles attentions d'Alicia qui m'a envoyé une dédicace de K. Colquhoun et des marques-pages... Merci Alicia !

47538089index

♥ A force de lire des critiques dithyrambiques sur les romans de Ferdjoukh que ce soit 4 soeurs, vu chez Allie, Lilly, Céline... ou Aggie change de vie chez Lou, Malice, j'ai décidé de me lancer dans la lecture de petits romans très courts : Aggie ou les métamorphoses d'une cendrillon en princesse, dans l'ère victorienne, et Minuit cinq, qui reste dans l'ambiance dickensienne des enfants misérables et orphelins. Mais autant l'écriture merveilleusement imagée d'Aggie m'a enthousiasmée autant Minuit-cinq paraît moins abouti, juxtaposant très rapidement les grands thèmes topiques de la littérature feuilletonnesque comme la scène de reconnaissance, un vol de bijoux...

2351980034

♥ Comme vous savez, il plane toujours un doute sur la paternité des oeuvres de Shakespeare et on a dit tout et n'importe quoi sur le sujet. Si vous voulez voir du n'importe quoi, allez voir le film, chroniqué de manière joyeusement ironique par Lou, ici et vous pouvez voir un autre film tourné en dérision par Méloë, Le fantôme de l'opéra par Terrence Fischer. En ce qui concerne le cinéma, vous pouvez vous inscrire sur le site de titine et Sabbio, au challenge Hitchcock  ! Rebecca, Les oiseaux, L'inconnu du Nord Express, L'ombre d'un doute, Vertigo, des classiques à voir et à revoir et à lire aussi... Quant à Sherlock Holmes, "Jeux d'ombres, il n'a pas fini de faire parler de lui, notamment chez Choupynette.

la-maison-du-marais-florence-wardenCVT_La-tante-Julia-et-le-scribouillard_5450cvt_Une-belle-canaille_2899

♥ Crissylda, nous parle de la sortie d'une belle canaille de Wilkie, et Lou de victorienne oubliée, Florence Warden, de manoirs anglais et de papillons dans le roman de Poppy Adams. Du côté de la littérature espagnole, Keisha, nous parle de la tante Julia et du scribouillard : elle a l'art de dénicher les livres jubilatoires ! Et si l'art vous intéresse, il y a un magnifique reportage sur Rembrant sur arte mais aussi sur un écrivain du Nouveau Roman, Butor.... Bonne lecture à tous !

20 mars 2012

Voyage avec Turner de Inge Herold : ISSN 2607-0006

73944951

* Interior de Petworth house with people in conversation.

"Le peintre de la lumière " : sous Georges III, naissait l'un des plus grands peintre anglais : William Turner. On peut parler de génie précoce pour ce peintre qui, à 15 ans; entre dans la royal Academy. Copiant les antiques, il innove notamment dans la technique de l'aquarelle et de la peinture à l'huile en cherchant à rendre l'intensité de la lumière, utilisant des pigments pures pour rendre les éclats de lumières et peignant sur des fonds blancs. Certes, Turner a bien mérité ce surnom de "peintre de la lumière", précurseur et modèle des peintres impressionnistes, à travers ses tableaux de couchers de soleil, de tempêtes de mer...

Ce documentaire permet la découverte des influences de Turner, notamment le Lorrain mais il s'est inspiré de nombreux tableaux de la Renaissance et ses nombreux voyages lui ont permis d'admirer les Salons parisiens où étaient exposés les oeuvres de David, de se confronter aux visions " sublimes" des montages suisses. Turner est influencée par la conception romantique des paysages état-d'âme. Quel vertige dans ses tableaux ! Quelques anecdotes pimentent cette biographie comme la rivalité avec Constable : lors des vernissages, Turner arrivait et finissait ses tableaux sur place, lui valant une réputation de fou ou d’excentrique. Attiré par les marines, le thème des mers déchaînées, le peintre britannique serait resté quatre heures attaché à un mat pour contempler à loisir une tempête...

"Dites-lui que l'indéfini est mon fort" :  l'abstraction, le flou, le vaporeux, l'évanescence qui émanent de certains paysages, le faisaient fort peu apprécier de ses contemporains. Pourtant, Ruskin le distingue dans son Modern's painters. Malheureusement, dans ce victorianisme ambiant, Ruskin découvre à la mort du peintre, de nombreuses esquisses érotiques. considérant que c'est l'oeuvre d'un fou, Ruskin détruit plus de 300 dessins de Turner - mais on peut se demander où est la folie ? - Ce documentaire est une fort belle introduction à la peinture turnérienne, visuellement superbe et résolument moderne...

documentaire, par Inge Herold, 1997, 59 min, A voir ici.

Participation au challenge romantique de Claudia.

15 mars 2012

La dame au linceuil de Bram Stoker

la-dame-au-linceul--799707-264-432

L'auteur de Dracula a aussi écrit des nouvelles avec un soupçon de vampire et une note gothique. Reprenant le même procédé que son célèbre roman Dracula, il nous livre le récit d'un aventurier devenu milliardaire du jour au lendemain, à travers des lettres, des extraits de journaux, de testaments et essentiellement son journal.

Le roman commence en plein mystère avec un extrait du journal de l'occultisme (1907) : " C'est une étrange histoire qui nous parvient de l'Adriatique. Il semble que dans la nuit du 9 de ce mois alors que la Victorine, de la compagnie Italienne de Navigation à vapeur, doublait, un peu avant minuit, le cap connu sous le nom de la Lance d'Ivan, sur la côte des Montagnes Bleues, la vigie attira l'attention du capitaine, qui se trouvait alors sur la passerelle de commandement, sur la présence d'une petite lumière à prosimité du rivage. [...].
P. Caufield, passager à bord et rédacteur du journal de l'occultisme rapporte ceci : " Tous trois ainsi que moi-même, vîmes la chose. Le reste de l'équipage et des passagers était en bas. Tandis que nous approchions, je pus voir ce qu'étais réellement cette chose, mais il fallut beaucoup plus de temps aux marins pour se rendre compte de son étrangeté.[...] Je vis bientôt que le bâteau, qui m'avait semblé depuis le début, avoir une forme bizarre, n'était autre qu'un cercueil, et que la femme qui s'y tenait debout était vêtue d'un linceuil."

Certes, nous voici à nouveau en compagnie de vampires, mais l'auteur semble jouer avec les codes du genre. Ici, pas de peur hyperbolique, de frayeur innommable, le narrateur du journal accepte volontiers de se marier avec un... vampire. On nage en plein surnaturel, avec une tante Janet qui a des dons de double vue et qui lui prédit un mariage avec une fiancée macabre. Mais les codes sont si voyants, le narrateur usant du mot "gothique" à plusieurs reprises pour qualifier le vampire - "magnifique face gothique", d'apparition gothique"- et se documentant même sur eux. La désinvolture et la légéreté contaminent même le récit qui laisse de côté de nombreux personnages - la tante est parfois oubliée, le premier narrateur disparaît complètement après le premier chapitre... C'est donc une histoire qui démonte les rouages de la littérature gothique. Ce qui est vraiment merveilleux dans ce roman, c'est l'atmosphère sous la "lueur capricieuse de la lune", la description d'un château justement gothique, et d'un jardin entièrement blanc et captivant... Un récit captivant, avec une fin un peu décevante, avec un démontage en règle, comme chez Radcliffe, des manifestations surnaturelles.

 Stocker, La dame au linceuil, Babel, 192 p.

Autre roman : Dracula

14 mars 2012

Comment on meurt de Zola : ISSN 2607-0006

73182241

"Comment on meurt" : Au XIXeme siècle, Les éloges funèbres étaient de coutume et on immortalisait les disparus par des peintures, puis par des photographies. La mort est aussi le thème de cinq nouvelles de Zola, rassemblées sous le titre, "comment on meurt". Ecrasé par le grand cycle "des Rougon-Macquart", on connaît moins ces nouvelles, qui concentrent des thèmes chers à Zola. Le talent de Zola est dans la peinture de ces cinq tableaux, abordant la mort d'un personnage représentant de sa classe sociale, tout en racontant dans ses grandes lignes sa vie. Il y a, par exemple, le comte de Verteuil qui vit désuni à sa femme, ce qu'il cache soigneusement. Son cercueil sera accompagné d'un cortège et d'aristocrates indifférents : une cérémonie en grande pompe donc.

En revanche, chez les bourgeois, on meurt comme on vit : cupidité de la mère et cupidité des enfants. Ainsi rien de morbide, Zola recrée des microcosmes de la société, en romançant la vie de ses personnages, qui sont eux aussi frappés d'hérédité, et sont des types, représentants de leur classe. Vraiment la peinture de la société est inégalable chez Zola !

"Nantas" : "Je suis une force". Une des grandes figures du XIXeme siècle est celle de l'ambitieux : on pense aussi bien à Rastignac qu'à Nucingen chez Balzac ou à Bel-ami de Maupassant. L'ambitieux de Zola s'appelle Nantas : arrivé de la province, il ne rêve que de gloire. Comme Rastignac, surplombant le cimetière du père Lachaise, lançait son fameux " A nous deux, maintenant", Nantas, du haut de son galetas déclare : ("[il tutoya Paris, il devint familier et supérieur].) Maintenant tu es à moi". Après des mois de misères, Nantas trouve une opportunité :  Mlle Chuin, gouvernante de Flavie, fille d'un baron, lui propose un mariage arrangé car Flavie a fauté avec un homme marié. Pour Nantas, ce sont des rêves de ruisseaux d'or qui s'ouvrent à lui...

Nantas est intelligent et son ascension sera fulgurante : malheureusement, il tombe amoureux de sa femme qui le méprise... Il pense alors à la mort au moment où la fortune lui sourit et qu'il devient un important personnage politique. C'est une nouvelle, qui rassemble trois thèmes majeurs développés sous le Second Empire - Ascension, amour, argent -, et qui est raconté dans le souffle épique, propre à l'écriture zolienne, au point d'en devenir presque caricatural par moment.

"Cendrillon de la littérature", la nouvelle oblige à une certaine rapidité des enchaînements d'actions et peu de développements, ce qu’apprécieront les anti-zoliens... Des nouvelles fort distrayantes et divertissantes, reflets du XIXeme siècle, Zola anatomise la société avec beaucoup de talent.

Zola, "Comment on meurt", "Nantas", in Contes et nouvelles 2, Zola, Garnier Flammarion,332 p.

Autres romans : La fortune des Rougon, Thérèse Raquin, La bête humaine,

Publicité
Publicité
1001 classiques
Newsletter
62 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 501 649
Publicité