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1001 classiques

13 avril 2011

Frankenstein adapté par Whale et par Branagh : ISSN 2607-0006

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La liste est longue des adaptations de Frankenstein, montrant par là la fascination qu'exerce ce mythe. Les deux adaptations, celle de Branagh et celle de Whale, exploitent deux versants du roman de Mary Shelley ( biographie sur le site Larousse).

Commencé comme un jeu avec Percy Shelley, le docteur Polidori et Byron, elle raconte la genèse de son roman dans sa préface : " Je m'occupai à penser à une histoire - une histoire capable de rivaliser avec celles qui nous avaient excité et dicté dans cette tâche. Une qui parlerait aux peurs mystérieuses de notre nature et susciterait un frisson d'horreur [...]". Elle  fit un cauchemar éveillé qui devait donner naissance à un récit mythique traversant les siècles.
Et Whale s'inscrit bien dans la veine du film de monstre et d'horreur : il exploite l'aspect gothique du roman de Shelley. La nature n'a aucune place dans ce film, seule compte la créature et sa création. Contrairement au livre, Whale insiste sur des détails horrifiques : profanation de tombe dans un cimetière, vol du cerveau d'un criminel... En outre, les expériences se déroulent dans un vieux moulin en haut d'une butte escarpée. D'autres modifications sont faites, notamment au sujet du monstre qui devient un meurtrier et n'évolue jamais. Peu fidèle au roman, cette adaptation n'en reste pas moins un bon film de genre avec l'interprétation très remarquée de Boris Karloff.

Au contraire, l'adaptation de Branagh se révèle extrêmement fidèle : il a gardé le récit cadre et la dimension romantique du roman de Shelley, avec la mise en valeur des aspects typiquement romantiques. Le film s'ouvre sur les grandes étendues de glace du pôle Nord, puis s'arrête plus tard sur de grandioses montagnes enneigées. Victor Frankenstein apparaît comme un nouveau Prométhée et sera puni de son orgueil. Beaucoup d'actions et de scènes spectaculaires redonnent un nouveau souffle à la légendaire créature tout en respectant l'esprit du roman et en restituant l'ambiance de l'époque.

Ces deux films prolongent la légende créée par la romancière anglaise : deux versions très différentes mais tout aussi intéressantes, même si elles n'arrivent pas à égaler la virtuosité du roman de Shelley.

Frankenstein, Whale, 1932.

Frankenstein, Branagh, 1994.

 Challenge back to the past, organisé avec Lou, spécial tea cup.

Frankenstein (1994) - Trailer

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11 avril 2011

Downton abbey de Julian Fellowes : ISSN 2607-0006

Bande Annonce - Downton Abbey - Saison 1

Série britannique, dans Downton abbey, le réalisateur reprend un procédé utilisé dans Gosford Park : parallèlement à la vie des maîtres de la demeure edwardienne de Downton, il filme le quotidien des domestiques. La série commence de manière dramatique et sur un rythme trépidant. Un télégramme annonce la mort des héritiers de Downton dans le naufrage du Titanic. Nous sommes en 1912 et les trois filles de lady Grantham - tout comme les filles Dashwood de Raison et sentiments - sont spoliées du domaine et de l'héritage. Quel drame ! L'héritier n'est autre qu'un cousin éloigné, Mattew Crawley faisant partie des classes laborieuses !

La reconstitution nous plonge au début du XIXeme siècle où les différences de classes sont très marquée. "Tout ce luxe et rien pour nous", constate le valet de pied de Robert Grantham. De même, Matthew Crawley est ostracisé par son appartenance à la middle class : il travaille sauf les week-end ! "Qu'est -ce qu'un week-end ?", s'écrie scandalisée la comtesse Violet Grantham ! Une mort subite, des prétendants ennuyeux, des chasses à courre rythment la vie de cette riche famille aristocratique.  La vie de la domesticité n'est pas moins agitée. Secrets, intrigues, amours, vols, les journées des domestiques dans une grande demeure ne sont pas de tout repos.

Mais au-delà de l'intrigue et de l'atmosphère de la riante campagne anglaise, l'intérêt de cette série réside dans la peinture des caractères et le jeu talentueux des acteurs : les trois filles de la comtesse Cora Grantham sont très différentes ce qui crée des dissensions. L'aînée Mary profite de sa beauté pour être capricieuse et badiner tandis que la cadette est aussi laide que méchante et ne cherche qu'à supplanter sa soeur. Quant à Sibyl, bien que peu présente, elle est généreuse et courageuse : elle incarne des idées féministes ou du moins modernes, en aidant une domestique à améliorer sa condition, alors que Mary attend passivement de se marier comme le veut l'usage.

Un autre aspect attrayant de cette série, et pas des moindres, sont les scènes humoristiques avec des scènes cocasses notamment lorsque le majordome Carson, qui discourt sans cesse sur la dignité, révèle qu'il a été antérieurement danseur et se produisait dans les foires. En outre, la rivalité entre Violet,  aristocrate arrogante, et Mrs Crawley, altruiste qui ne compte pas se taire devant la hautaine douairière, prête à des scènes savoureuses. Voici une fresque sociale haute en couleur dans l'Angleterre en pleine mutation du début du XIXeme siècle , magnifiquement interprétée et à la reconstitution très soignée, à ne pas manquer !

challenge "Back to the past", "special tea cup", organisé avec Lou

 Sur le web : Céline.

Série britannique, réalisée par Julian Fellowes, première saison, (7 épisodes), diffusée en 2010, avec Maggie Smith, Hugh Bonneville, Elisabeth Mc Govern.

9 avril 2011

The house of mirth de Terrence Davies : ISSN 2607-0006

 

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"Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée "(Oscar Wilde ) : tel semble être le propos de l'adaptation très fidèle du sublime roman d'Edith Wharton, The house of mirth, par Terrence Davies. Lily Bart a raté son train et elle rencontre dans le hall d'une gare, Selden, un avocat qu'elle aime sans l'avouer. Lily désargentée n'a d'autre choix que de faire un beau mariage si elle veut continuer à évoluer dans les hautes sphères de la société new-yorkaise.

Le raffinement des objets et des costumes, les couleurs chatoyantes, les scènes rutilantes vont peu à peu laisser place à la grisaille. Aux fêtes mondaines succède la solitude, car les splendides intérieurs ne font pas oublier, sous la beauté de la reconstitution, la fausse bienséance et la vanité de ces aristocrates " comme il faut". L'apparence et l'argent ont plus d'importance que les valeurs morales auxquelles l'héroïne est attachée. A côté de ces aristocrates impitoyables, n'hésitant pas à user de Lily pour arriver à leur fins comme Bertha Dorset, Gus Trenor, évoluent aussi les arrivistes comme Rosedale, Mrs Hatch. Intrigues et coups bas précipiteront Lily dans la déchéance : plans fixes, gros plans, la lenteur des images mais la brièveté des scènes traduisent l'attente du mariage puis la déchéance. "Les gens disent toujours des choses malveillantes", dit Grace Stephney, qui contribue par ses révélations à la chute de Lily. L'histoire des lettres pouvant mettre à mal la malveillante Bertha illustre bien l'interrogation de Lily : où s'arrête la dignité, où commence la droiture ?

"Le mariage n'est-il pas votre vocation ?", demande Selden à Lily. Comme toute héroïne tragique, Lily subit un destin auquel on la destine. Mais elle hésite devant un dilemme : mariage d'amour ou d'argent. Les partis qui se présentent à elle sont des Percy Grace transpirant d'ennui tandis que Lily est véritablement attachée à Selden. L'atrice Gillian Anderson, par ses traits diaphanes et son élégance, semble tout droit sortir du roman d'Edith Wharton, tant elle incarne la beauté et la jeunesse puis le désespoir sans jamais se départir de ses bonnes manières et de sa grâce. G. Anderson est éblouissante et magnifique dans ce rôle : elle donne vie aux frémissements intérieurs du personnage d'E. Wharton. L'écriture de la suggestion de la romancière est bien rendue : sans lourdeur didactique, sans pathos, les dialogues sobres contribuent à rendre palpable la pression exercée sur Lily. Les images impeccables, la reconstitution fabuleuse n'empêchent pas l'héroïne d'être émouvante et le film, comme le livre, restent inoubliables.

The house of Mirth, 134 min, de Terrence Davies, avec Gillian Anderson

Autre film : Orgueil et préjugés

challenge "back to the past", organisé avec Lou.

challenge Edith Wharton de titine, blog, plaisir à cultiver.

'' house of mirth '' - official film trailer - 2000.

5 avril 2011

Back to the past : le challenge ISSN 2607-0006

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Vous frémissez en regardant The turn of the screw ? Vous êtes envoutés par les somptueux décors de Pride and prejudice ? Les tenues de Fanny vous fascinent dans Brigth star ? Tous ces films ont en commun d'être des "costume drama", des films d'époque à l'intrigue romanesque ou historique qui nous enchantent par la mugnificience des décors et des costumes, par l'ambiance particulière d'une époque. Ressuscitant des périodes passées, ils évoquent aussi bien la vie de personnalités, telles que Jane Austen dans Becomming Jane, ou une figure royale comme Marie Antoinette, que les moeurs de l'époque : Oliver Twist, Lady Chatterley ... Si vous aimez regarder des films victoriens, édwardiens..., plonger dans une époque révolue où on portait robes longues et capelines - parfois très seyantes comme le fait remarquer si judicieusement notre chère Lou, capes et perruques, inscrivez-vous au challenge "back to the past" que nous organisons avec Lou.

Voici une liste chronologique non exhaustive, s'inscrivant d'une période aux limites un peu floues, allant du  Moyen-âge au début du XXeme siècle (1930). Humoristiques, magnifiques, sensuelles ou historiques, Lou vous a concocté des logos "drama", pour orner vos billets.

*Vous avez jusqu'au 30 juin 2012 pour publier au moins un billet (mais aussi beaucoup plus, si vous voulez).

*Quelques idées et d'autres que vous trouverez sur le site films en costume :

-Dowton abbey ( GB, 1912), The king speech ( GB, 1925), Gosford Park (GB, 1932),

- Picnic at Handing rock, (1900), Une chambre avec vue, (1907), Lady Chatterley, A la recherche du temps perdu.

XIX : Neverland, Sherlock Holmes, Frankenstein, Oliver Twist, Les hauts de hurlevent, Les misérables, Madame Bovary, La dame de Windsor, Le portrait de Dorian Gray, Barry Lindon, Dracula, Les contes et nouvelles de Maupassant, Germinal, La bête humaine, Thérèse Raquin Manfield park ( 1806),, Persuasion (1814), Emma, (1815), Jane Eyre (1829), The youg Victoria, (1837), La leçon de piano (1851),  Little woman (1861), the portrait of lady (1872), FRom Hell ( 1888),Tess of the Ubervilles ( 1884)

- Marie Antoinette ( 1769), Valmont, Les liaisons dangereuses ( 1782), Sense and sensibility (1795), Becomming Jane ( 1795), Pride and Prejudice (1797), Northanger abbey ( 1798), Sleepy Hollow (1799)

* édit du 5/04

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*"Vous pouvez aussi opter pour l'option Tea Cup Special offer ! Mais pour devenir la reine de la tasse de thé, il vous faudra parler de dix films ou séries se passant en Grande-Bretagne, toujours à la même époque". Voici deux logos conçus spécialement pour nos british frendly. So ready ?

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3 avril 2011

Totally killer de Greg Olear : ISSN 2607-0006

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Quid pro quo : Nom d'un bureau de placement, cette expression latine signifiant "donnant donnant", cache dans le roman de Greg Olear, une organisation surprenante, à l'opposé du "politiquement correct". Lorsque Taylor Schmidt débarque à New York, fraîchement diplômée, elle va découvrir les rouages de cette agence. Désespérée, elle a fait appel à eux car le marché du travail est saturé. Le contrat qu'elle accepte va se révéler monstrueux, comme un pacte faustien. Mais Taylor est morte et le narrateur, 18 ans plus tard, commence à évoquer sa vie. Que se cache derrière l'organisation Quid pro quo ? La fin justifie-t-elle les moyens ? 

" En 1991, ma génération, la génération MTV, les tire-au-flanc, shin jin, rui, la génération X" : Des listes des objets cultes de la génération 1990 emplissent le récit comme dans Les choses de Pérec, les objets, séries TV, marque de t shirt, d'aliments, musique et films ressuscitent une époque pas si lointaine. C'est une pertinente réflexion, que le narrateur mène, sur un monde à peine disparu où même un proverbe comme "on ne va pas en faire tout un fromage" est devenu obsolète.

" C'était l'argent qui était à l'origine de notre mécontentement". L'un des leitmotiv du livre est la difficulté de ces jeunes de trouver du travail dans les années 90. Au-delà de la description de la société de consommation, c'est tout un système économique où "Le pouvoir corrompt mais le pouvoir fascine", que l'auteur critique.

Ce qui est déplaisant, c'est le style trash, parfois grossier, mêlant références antiques et culture populaire des années 90. Avec un narrateur complètement obsédée par la femme dont il retrace la vie, cher lecteur, ne vous attendez pas à une écriture racinienne. Mais ce mélange culturel, où Hadès côtoie des références à Batman, est bien le reflet de cette fin du XXeme siècle. Lecteurs, vous trouverez dans ce polar une critique sociétale doublée d'humour noir, cependant Totally killer est aussi  un thriller avec une intrigue passionnante dont la fin est renversante. La satire grinçante des baby-boomers, ne doit pas faire oublier que Totally killer est un très bon thriller machiavéliquement organisé avec du suspense et une fin étonnante, où le vrai et le faux sont difficiles à démêler. Un livre générationnel remarquable !

Olear, Totally Killer, Gallmeiter, 301p.

Merci BOB et Gallmeister pour ce partenariat.

L'avis de Stéphie.

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29 mars 2011

Musset à la scène et à l'écran au XXeme siècle : ISSN 2607-0006

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"C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui" (scène 4, Acte I, On ne badine pas avec l'amour). Les mots et les thèmes de l'oeuvre mussetienne résonnent d'universalité et de modernité. On parle de" Maison Musset", tant ses pièces sont jouées à la Comédie Française. Musset écrit après son dépit de l'échec de La nuit vénitienne, "Un spectacle dans un fauteuil". Certes, avec son marivaudage amoureux, le théâtre de Musset est un théâtre de la parole mais sa grande théâtralité lui permet d'être encore mis en scène et de laisser libre court à l'imagination de grands auteurs et réalisateurs.

Ecrivain majeur du XIXeme siècle, il influence aussi bien Hugo, qui dans Marion Delorme s'inspire de A quoi rêvent les jeunes filles, que Renoir dans La Règle du jeu ou Wilde dans L'important d'être constant. Ses pièces sont souvent coupées, retravaillés, adaptées. Pourquoi Musset fait-il l'objet de tant de changements ? L'hybridité des adaptations vient du mélange des registres et des genres dans les pièces de Musset qui se prêtent ainsi à de multiples remaniements.

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Si Les caprices de Marianne,* de Claude Loursais (1962) reste fidèle au texte dans sa version filmique, conventionnelle, Elena Hazanov* modernise la pièce en la situant dans un Paris contemporain, les guitares électriques remplaçant les sérénades d'antan et en coupant des répliques. Mais nos deux héros désenchantés restent les figures immortelles  d'une jeunesse désemparée. Les "fantaisies tristes" de cet écrivain continue d'inspirer les réalisateurs comme Eric Civanyan, qui a adapté Il ne faut jurer de rien en 2007, avec Gérard Jugnot et Jean Dujardin. De même, les réalisateurs se sont emparés de la vie de l'auteur. Après A Malibran de C. Guitry, Les Confessions d'un enfant du siècle de Santelli ou Les enfants du siècle de Diane Kurys, ( 1999, avec Juliette Binoche et B. Magimel), une adaptation de La confession d'un enfant du siècle de Sylvie Verheyde va être bientôt paraître sur nos écran avec Pete Doherty et Charlotte Gainsbourg : deux enfants du XXIeme siècle... Musset poussiéreux ? Espérons que S. Verheyde nous apportera une preuve supplémentaire qu'il ne l'est pas !

* Liens vers les films ou bandes-annonces.

* Les caprices de Marianne, film d'Elena Hazanov, 1h16.

* journée d'étude, " La scène est où on voudra", Musset à la scène et à l'écran au XXeme siècle, 16 mars, Université de Rouen.

27 mars 2011

Les oiseaux de Daphné Du Maurier : ISSN 2607-0006

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Immortalisé par A. Hitchcock, "les oiseaux" de Daphné du Maurier est une nouvelle assez effrayante où l'Angleterre est soudain envahie par des oiseaux, s'attaquant aux hommes. Quelle en est la raison ? Dans une atmosphère apocalyptique, Nat Hockens, ancien combattant, lutte pour sa survie et celle de sa famille dans une campagne dévastée par ce nouveau fléau : vont-ils résister à l'attaque incessante des oiseaux ?

Recueil de nouvelles*, les oiseaux  met en scène différents milieux sociaux à la croisée des genres, fantastique, policier, surnaturel... mais toujours pour mieux surprendre le lecteur en le terrifiant par une étrangeté issue du quotidien. Pour Henry James, et c'est aussi le cas dans ce recueil de la romancière, "les mystères les plus mystérieux [...] sont à notre porte".

Chaque nouvelle s'ouvre sur un quotidien banal, minutieusement décrit pour s'enrayer aussitôt : dans "Mobile inconnu", Mary Farren se donne subitement la mort. Quel mobile est à l'origine du geste de cette femme à qui tout souriait ? Elle a fait un mariage au-dessus de sa condition, elle attend un enfant... Son mari engage un privé pour enquêter sur le passé de sa femme. La construction diabolique de cette nouvelle est digne des romans policiers victoriens !

"J'ai passé par la brèche en m'essoufflant un peu, puis j'ai regardé autour de moi et vous me croirez si vous voulez, elle était couchée sur une pierre longue et plate, les bras sous sa tête et les yeux fermés. [...] Mais se coucher comme ça sur une tombe, ça n'avait pas l'air naturel". Récit à la première personne, le titre mièvre "Encore un baiser" est démenti par une histoire très sanglante : un jeune garagiste tombe amoureux d'une jeune femme à l'allure étrange qui aime se promener la nuit dans les cimetières. Qui est-elle ? Pourquoi doit-elle fuir ? Pas de vampirisme, loin des thèmes gothiques chers à la romancière dans Rebecca ou L'auberge de la Jamaïque,  ces nouvelles énigmatiques ancrées dans le quotidien distillent une angoisse croissante jusqu'aux dernières lignes.

 Du Maurier, Les oiseaux, Livre de poche, 446 p.

Autres romans : L'auberge de la Jamaique, Rebecca,

* Ce recueil comprend 7 nouvelles : "Les oiseaux", "le pommier", "Encore un baiser", "Le vieux", "Mobile inconnu"," Le petit photographe"," une seconde d'éternité".

Lu dans le cadre du challenge de la nouvelle de Sabbio.(Novelliste en herbe).

20 mars 2011

Les sorcières de Salem d'Arthur Miller : ISSN 2607-0006

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Les sorcières de Salem : La fille du révérend Parris, Betty, ne peut plus bouger : sorcellerie ? Plusieurs jeunes filles, dont Mary, Abigaïl,... qui vont constituer le jury présidé par Hawthorne, sont prises de visions et accusent plusieurs femmes d'accointance avec le diable : parmi elles, se trouvent Elizabeth Proctor, dont le mari fut l'amant d'Abigaïl. quatorze femmes sont arrêtées et condamnées à la pendaison. Puis trente neuf. Au fur et à mesure que la vérité se fait jour, l'imagination, la folie collective, l'hystérie du jury composé des jeunes filles grandissent. De simples poupées, deviennent des objets vaudou, les vieilles dames venant mendier deviennent des sorcières et la lecture de romans devient diabolique. "Elle ne savait pas ses commandements, c'est une preuve accablante ! les juges l'ont dit", s'exclame Mary servante des Proctor. Le puritanisme, la peur de la pendaison, la superstition aveuglent chacun alors que la sorcellerie semble présente partout : John Proctor voulant sauver sa femme et se riant de toutes ses superstitions va bientôt être accusé. Cependant, derrière la chasse aux sorcières se révèlent des histoires de vengeance et de jalousie, des mobiles pécuniaires et de la rancoeur...

En trois actes, Arthur Miller, avec une écriture dépouillée mais efficace, crée  une tension qui ne  cesse de croître. Drame de la jalousie et de l'honneur, tous les sentiments exacerbés se succèdent sous la plume de l'auteur : dénonciation, cupidité, aveuglement : Arthur Miller scrute l'âme humaine. Où est la vérité ? Sorcellerie ou fanatisme ? Tandis que les arrestations pleuvent, les masques tombent aussi... Ce tristement célèbre épisode de l'histoire américaine fait écho à la chasse aux communistes sous McCarthy. A chaque époque, la justice semble se dissoudre sous les attaques d'une certaine Amérique puritaine, sous la bassesse et l'hypocrisie. Une pièce remarquable !

La Chasse aux sorcières (1996) - Bande-annonce officielle VF

La chasse aux sorcières : "Je hais l'hypocrisie", dit Abigail qui incarne avec force un amour passionnel mais destructeur. Dans ce film d'époque, dont l'atmosphère de suspicion est très bien rendue, l'iniquité du procès est renforcée par le dénouement : les méchants ne sont pas toujours punis alors que les innocents n'éhappent pas à la mort... Ce film visuellement très classique est porté par des acteurs magnifiquement possédés, notamment Winona Ryder, non par le diable, mais par leur rôle.

Miller, Les sorcières de Salem, Robert Laffont, Pavillon poche, 239 p.

La chasse aux sorcières, adapté par N. Hytner, Winona Ryder, Daniel Day Lewis, 1996 , 1h51.

 L'avis de Lou !

20 mars 2011

Le jardin du diable d'Atkins : ISSN 2607-0006

 

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S'il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark de Hamlet, l'Amérique de la Prohibition n'est guère plus reluisante. C'est ce que découvre à ses dépends le détective privé de l'agence Pinkerton, Samuel Hammett, qui deviendra l'écrivain Dashiell, l'auteur de la Moisson rouge et de La clé de verre.  Lors d'une fête orgiaque, présidée par un acteur comique du cinéma muet, Roscoe Arbuckle, une jeune femme, vaguement actrice, meurt. Aurait-elle été violentée par Roscoe ivre ? A-t-il tué cette femme ? Qui est réellement la jeune fille qui l'accompagnait ? Suit le procès du célèbre acteur parallèlement à l'enquête de Samuel. Aidée d'un agent de la Prohibition, il mène une enquête à San Fransisco tout en côtoyant les milieux cinématographiques, les milieux de la presse... ce qui lui permettra de découvrir une scandaleuse vérité...

Le jardin du diable est un livre à l'écriture cinématographique, découpée en courts chapitres ressemblant à des séquences filmiques, suivant plusieurs personnages de l'histoire simultanément. La lenteur de l'enquête, la lourdeur de l'écriture* rendent pénible l'immersion dans cette enquête véritable des années 1921. Mais petit à petit Atkins a su développer une histoire riche sur la peinture d'un milieu, ressusciter l'atmosphère délétère de l'époque, celui des starlettes, des arnaqueurs, des bootleggers... "ces gens sont des cannibales, ils vous dévoreraient jusqu'aux os" ,dit à Roscoe son avocat. Cette métaphore est bien l'expression d'un milieu sans pitié, sans morale où les bootleggers et les nantis font la loi. Au-delà du tableau de la corruption par l'argent, Atkins a su montrer la naissance d'un écrivain : il abandonne les histoires de fragiles vieilles dames pourchassant des criminels pour la vérité d'une Amérique corrompue. Les moeurs dépravées de l'époque inspireront à Sam Hammett la matière brute de ses futurs romans... Un bon sujet, mais l'écriture d'Atkins est empreinte de lourdeur et fastidieuse à lire...

 Atkins, Le jardin du diable, Les éditions du Masque, 462 p.

* Exemple de métaphore improbable : "quand elle se tourna vers elle, Maude remarqua une touffe de poils de bonne taille entre ses cuisses blanches, comme un caniche français étranglée" ?

Merci BOB pour ce partenariat ainsi que les éditions du masque.

voici le billet extrêmement complet de Wens.

13 mars 2011

La lettre écarlate d'Hawthorne : ISSN 2607-0006

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Un long prologue montre l'affection de l'auteur pour la ville de Salem. Il faut savoir que le trisaïeul du romancier, ainsi que le père de ce dernier,  furent des juges sans pitié. John Hawthorne (biographie Larousse) participa au fameux procès des sorcières de Salem (1692). Hawthorne y évoque sa vie d'inspecteur des douanes, dans un milieu très conservateur et poussiéreux. Un jour, parmi de vieux papiers, il trouve un énigmatique rouleau écrit par l'inspecteur Pue au XVIIIeme siècle, avec un tissu superbement ouvragé, sur lequel est brodé la lettre A. Mais quelle est l'énigme de cette lettre ?

Cette "relique" est intrinsèquement liée à l'histoire d'Hester Prynne : à son arrivée en Nouvelle Angleterre, sans son mari médecin resté étudier en Allemagne, Hester et le révérend Dimmesdale ont une liaison coupable. Lorsque naît leur enfant Pearl, la jeune femme doit porter le symbole de son péché : elle brode un A écarlate qu'elle porte sur sa poitrine, signe visible de sa déchéance. Son mari, Roger Chillingworth arrive au moment où sa femme est exposée aux yeux de la foule, pendant trois heures, sur le pilori de l'infamie. Il lui demande de ne pas révéler son vrai statut, tant qu'il ne sera pas vengé de cet outrage, car nul ne sait qui est l'amant d'Hester. Commence pour notre triangle amoureux, un drame non pas vaudevillesque mais tragique. Comment le mari va-t-il se venger ?

A l'image de la lettre écarlate, formidablement brodée par Hester, l'auteur entrelace différents motifs. Ce livre se teinte des couleurs symboliques tels que le rouge et le noir. Le doyen adresse à la foule" un discours sur le péché et ses pièges divers entremêlées de continuelles allusions à la lettre infamante" : ce discours est tel qu'il associe le rouge de la lettre aux flammes de l'enfer, exacerbant les terreurs des villageois. Mais cette lettre symbolise aussi l'expiation d'Hester tandis que le noir va être l'apanage de l'âme de son mari : la cruauté de sa revanche prend aussi une couleur infernale. La lutte entre le Bien et le Mal que mène le pasteur, dans sa paroisse et intérieurement, empreint le texte de religiosité, peignant ainsi la vie des puritains, dans la Nouvelle Angleterre du XVIIeme siècle.

Sous le joug de la religion, ces trois personnages se débattent et c'est leur combat intérieur que nous livre l'auteur. Au-delà du visible, Hawthorne se penche sur l'invisible en rendant les états d'âme imagés : le courage, la générosité et la solitude d'Hester, la souffrance allant jusqu'à la folie du pasteur lâche et la cruauté de Roger Chillingworth. mais une issues est-elle possible pour ces trois acteurs du drame ? Ces faits authentiques, rehaussés par l'imagination et l'écriture de Hawthorne permettent de témoigner d'une période de l'histoire de l'Amérique et brille d'un certain éclat dans cette littérature puritaine dont peu de récits perdurent...

 Hawthorne, La lettre écarlate, GF, 299 p.

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