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1001 classiques
21 avril 2010

Carmen de Mérimée : ISSN 2607-0006

 

52215696

Carmen, Mérimée, Folio, 154 p.

Tout commence comme dans La Vénus d'Ile, du même auteur ( Biographie ici), excepté le cadre : un archéologue, en Andalousie, sur les traces des batailles de César, rencontre par hasard, un étranger. A la vue de l'agitation de son guide, il s'interroge : est-ce un contebandier ? Un voleur ? Serait-ce le fameux Don José Maria que tout le monde recherche ? Nos deux voyageurs décident d'aller se reposer dans une auberge, mais à la faveur de la nuit, le guide qui a reconnu le célèbre brigand, décide de le dénoncer aux autorités. Quant au narrateur, il sauvera cet homme. Il continue son pélerinage jusqu'au moment où sa route croise la flamboyante Carmen et de nouveau, Don José... Mais lorsqu'ils se retrouveront, Don José doit être exécuté : quels événement ont pu amener ce fatal dénouement ? Il conte alors sa vie...

Deux narrateurs se succèdent dans cette nouvelle pour nous conter leur rencontre avec l'ensorcelante Carmen, la bohémienne. La narration faite par un érudit et dandy est extrêment bien menée et l'intérêt de Mérimée pour le peuple gitan l'amène même à faire une petite étude de leur langue en fin de nouvelle. Carmen est aussi un croisement de multiples références littéraires comme le Cid ou Dom Juan, héros de la terre d'Espagne, dont Carmen garde les traces. On apprécie aussi le pittoresque de la nouvelle, avec tout un lexique espagnol, qui crée une couleur locale, et l'illustration de la passion diabolique et tragique à travers le personnage de Carmen. Un sombre mythe agréable à lire à redécouvrir...

.Mais écoutons plutôt Adrien Goetz qui a écrit une longue et belle préface  à cette nouvelle et qui a analysé ce mythe : "Carmen est devenue un monument : on a restauré aujourd'hui la manufacture de tabacs de Séville "comme elle était au temps de Carmen" et les inspecteurs des Monuments historiques ne trouveraient rien à redire à cette impeccable réalité d'un bâtiment qui ressemble à celui de la fiction. Carmen forgée de toutes pièces à partir de tout ce quipouvait renouveler la mode espagnole en 1845, est devenue un mythe universel, sans lieu, ni date. Gautier avait repris le thème dans Emaux et camées : " Carmen est maigre, - un trait de bistre/cerne son oeil de gitana" pour comparer, à la fin de son poème, sa "moricaude" à la bouche riante " qui prend sa pourpre au sang des coeurs", comme un vampire, à une Venus Anadyomène. [...] Dès lors, tout était dit et le personnage prit son essor, jusqu'à faire oublier la force contenue dans les quelques pages de Mérimée". [...] Carmen, que Mérimée avai voulue en marge des espagnolades de son temps, devient aussi peu espagnole que possible : elle rejoint don Juan, dont on oublie facilement l'hispagnisme originel, parmi les granges incarnations de la séduction, de la fatalité, de la mort."

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Commentaires
F
carmen<br /> cette effrontée sauvage incarne encore l'amour fatal tant recherché par plusieurs femmes libres à la recherche du sublime.Devant l'envahissement accru de la modernité , de la matière tous: femmes et hommes éprouvent un penchant sans mesure pour l'excès,l'insolite pourquoi pas l'interdit: c'est ce que à mon sens explique la réussite de carmen actuellement; on éprouve différemment notre soif de la liberté;
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M
@ Choupynette : oui, tu as raison mais en fait, je trouve que le personnage de Carmen est assez peu présent même si elle a un rôle primordial... au final, ce sont les deux narrateurs qui sont surtout présents, surtout parce qu'ils racontent l'histoire de leur point de vue...
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C
ce que je trouve très intéressant, c'est comment un roman qui véhicule une image très négative de la femme libre, en accord avec les préjugés de l'époque, est lu aujourd'hui comme l'histoire tragique de Carmen, qui est victime, et non plus "femme fatale".
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M
@ Ellcrys : N'hésite pas à le relire, non seulement le roman est très court mais aussi très agréable à lire... passionnant !
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E
Je me souviens, que quand je l'ai lu au collège, j'avais beaucoup aimé. Maintenant, il faudrait peut-être que je le relise ...
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