Bravoure d'Emmanuel Carrère : ISSN 2607-0006
Sur l'impulsion de "découvrons un auteur" de Pimprenelle, nous pouvions, pour le mois d'avril, lire les romans d'Emmanuel Carrère. N'ayant jamais lu de livres de cet auteur et ayant fait l'acquisition récente, au salon du livre de Bravoure, je me suis donc lancée dans l'aventure.
Quelques mots sur l'auteur (biographie édition folio): " Emmanuel Carrère est né en 1957. D'abord journaliste, il a publié un essai sur le cinéaste Werner Herzog en 1982, puis L'ami du jaguar, Bravoure (Prix passion 1984, prix de la Vocation en 1895), Le détroit de Béring, essai sur l'Histoire imaginaire (prix Valérie Larbaud et Grand prix de la science fiction française 1987), Hors d'atteinte ? et une biographie du romancier Philip K. Dick, Je suis vivant et vous êtes morts. Il a aussi signé La classe de neige, prix Fémina 1995, porté à l'écran par Claude Miller, de même que L'adversaire adapté par Nicolas Garcia. En 2003, il réalise un documentaire, Retour à Kotelnitch, et adapte lui-même en 2004, La moustache coécrit avec Jérome Beaujour, et interprété par Vincent London et Emmanuelle Devos. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues."
Bravoure a pour point de départ une anecdote autour de la création de Frankenstein de Mary Shelley : chacun des auteurs présents en 1816, près du Lac Léman, devait écrire une histoire de spectres : Byron et P. Shelley, ont très vite abandonné, le docteur Polidori ainsi que Mary Shelley (biographie ici) ont terminé leur récit mais seul celui de Mary Shelley passera à la postérité.
Celui de Polidori fait l'objet d'une étrange controverse autour du véritable auteur : il a été publié sous le nom de Lord Byron. C'est cet aspect que développe l'auteur : le début du roman est extrêmement mystérieux, on découvre un personnages tourmenté, malade, en proie au laudanum. Polidori, après avoir été le secrétaire et médecin de Lord Byron va peu à peu sombrer dans la déchéance et la folie, après de nombreux échecs et humiliations diverses. Soudain, la narration est prise en compte par un certain capitaine Walton, dans une époque récente, - Walton est le nom d'un des personnages de fiction de Shelley - qui réécrit Frankeinstein, en gardant les personnages mais en changeant les événements : Victor Frankeinstein, nom d'emprunt, d'un savant épousera bien Elizabeth dans cette version mais malade, elle est tuée puis ressuscitée par son mari. Cette dernière devient diabolique et tue des personnages de son entourage pour les rendre similaires à elle. Ils vont ainsi former une famille de morts-vivants décidée à remplacer la race humaine.... Suivront aussi l'histoire de Ann, contemporaine de celle du capitaine Walthon et la véritable histoire de Mary Shelley.
Vous l'avez compris, cher lecteur, cette histoire mêle plusieurs genres et imbrique plusieurs intrigues, à tel point que la confusion se crée autour de l'identité des personnages. On apprécie les anecdotes autour de la vie des personnalités littéraires comme Byron, les Shelley... et le style pastichant celui de Mary Shelley : on se retrouve plongé littéralement dans un nouveau Frankeinstein. Mais où s'arrête la fiction ? Où commence la vérité historique ? Quelle est la part de rêve dans ce roman où personne n'est celui qu'on croit et où chacun est en proie à des cauchemars ? Si certaines parties du récit paraissent confuses, j'ai quand même apprécié l'intrigue bâtie comme une énigme littéraire et la création romancée du Frankeinstein de Shelley... Une découverte déconcertante mais qui me donne envie de découvrir d'autres romans du même auteur...
Les autres participantes sont : pimprenelle, Moka, stéphie, Evertkhorus, vanounyme, lili, Penny Lane, Calypso, Mirontaine, Lou, Cynthia, Caro, PrsPepys, Marie L, géraldine, Lasardine, Clara , Djak, Lancelau, Zorane, Cacahuète, Aurore
Carrère, Bravoure, Folio, 369 p.