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1001 classiques

6 novembre 2018

Quelques minutes après minuit de Bayona : ISSN 2607-0006

A Monster Calls : quelques minutes après minuit (VF)

Avant de réaliser le dernier opus de Jurassic world : fallen kingdom, Bayona a fait Quelques minutes après minuit. Cette histoire débute "comme un cauchemar" (au sens propre et figuré) nous dit une voix off : un jeune garçon est réveillé par les images cauchemardesques de sa mère qui meurt engloutie dans un cimetière et qu'il n'arrive pas à retenir. On découvre la vie d'un jeune garçon, Conor O'Malley, qui vit avec sa mère malade et qui est battu par des élèves de sa classe, à cause de sa différence : l'enfant dessine, est rêveur... Et pour cause, il se réfugie dans un monde fantastique où les arbres peuvent se déraciner et parler, voire conter des histoires. L'arbre gigantesque, qu'il voit de sa fenêtre, va prendre vie et lui apprendre par trois fictions la vérité sur sa situation qu'il n'accepte pas.

Quelle montage ! Quelle réalisation merveilleuse ! Les contes narrés sont représentés sous la forme d'animation aquarellée, chacune racontant une histoire qui n'est pas manichéenne. Même les "gentils" ( comme King Kong qu'on entrevoit à la télévision) peuvent mourir. Peuplé de symboles - comme le train, le numéro 6 ou l'arbre - comme l'explique Bayona, dans les commentaires audio, le film nous "donne une idée de la vérité mais pas de la réalité". Ce film rappelle l'esthétique et les idées du Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro.

Bayona tisse plusieurs sujets graves tels que le deuil, le harcèlement scolaire, le cancer et la vérité. Cette adaptation du roman de Patrick Ness analyse subtilement des sentiments et un moment de la vie particulièrement difficile, le passage à la vie adulte. En effet, les cadres ( celui des tableaux mais aussi des fenêtres et des portes) se multiplient dans le film, nous permettant de voir le passage des seuils entre le monde de l'enfance et le monde des adultes, celui du réel et de l'imaginaire. Ce merveilleux long métrage présente une grande fidélité au roman de P. Ness, écrit avec des mots simples mais dont la portée symbolique est très riche par la narration des contes. On peut regretter l'absence des illustrations de Jim Kay dans l'édition folio junior ( ci-desous, une de ses illustrations).

En bonus, les commentaires du réalisateur montrent l'envers du décor : très instructifs, les remarques de Bayona nous permettent de connaître les lieux où le film a été tourné, l'émergence de idées pour le choix des dessins, les décisions prises au moment des casting ( Les acteurs, Félicity Jones, Lewis MacDougall et Sigourney Weaver  sont excellents), les hommages cinématographiques... Ses choix artistiques révèlent son attention portée aux détails et aux couleurs, qui entrent en résonance tout au long du film pour créer un réseau de significations mettant en exergue l'importance de l'imagination dans la quête de la vérité. Le réalisateur ne cesse de répéter que le créateur doit "rompre les règles" et c'est ce qu'il a parfaitement réussi dans ce film magnifique. Un film et un livre à découvrir absolument !

Quelques minutes après minuit, Bayona, 2016, 1h48, avec Félicity Jones, Lewis MacDougall et Sigourney Weaver

 Ness, Quelques minutes après minuit, Folio junior, 192 p.

Du même réalisateur : Jurassic world : fallen Kingdom

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https://www.telerama.fr/cinema/juan-antonio-bayona-quelques-minutes-apres-minuit-parle-vraiment-de-ce-qu-est-grandir,152318.php

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3 novembre 2018

C'est le premier, je balance tout ( octobre 2018) : ISSN 2607-0006

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1) LES CHRONIQUES VENUES D'AILLEURS

Bandes Annonces - L'orphelinat

Halloween se termine et s'il vous manquait des idées de films, le bleu du miroir vous propose une sélection : L'orphelinat de Bayona, La mouche de Cronenberg, Simetierre, Ne t'endors pas de Mike Flanagan, Le loup-garou de Londres de Landis, The Strangers de Na Hon jin et bien d'autres références. Quant à moi, j'ai découvert Insidious  1 et 3 de James Wan, Les mauvais esprits de Johannesson.

2) LES LIVRES

J'ai continué la lecture de La comédie humaine avec Gobsek et "La bourse" et pour ceux qui veulent lire ou relire Balzac, je poursuivrai avec la lecture de "L'auberge rouge" avec Claudia le 10.11.

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 3) LES ACHATS

Après mes envies de lectures balzaciennes,  je me lance dans la lecture de romans ou essais féministes. J'ai commencé par l'achat d'un discours de Ngozi Adichie et d'un essai de l'historienne Mona Chollet  : je continuerai à vous faire part de mes découvertes du monde féminisme.

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1 novembre 2018

Insidious de James Wan : ISSN 2607-0006

 INSIDIOUS - Bande annonce - VF

Comment bien fêter Halloween ? En découvrant un classique du film d'horreur ! James Wan est un réalisateur prolifique de films d'horreur. Il a notamment réalisé Insidious et sa suite, les Saw, et Death sentence. Le synopsis d'Insidious ressemble à celui de L'exorciste : une famille déménage lorsqu'elle pense que leur maison est hantée. En effet, leur fils Dalton tombe d'une échelle et dans le coma, sans qu'on trouve d'explications médicales. Le père est universitaire et fuit l'ambiance délétère de la maison. Quant à la mère, une compositrice, elle pense devenir folle lorsqu'elle voit des manifestations surnaturelles comme la trace d'une main ensanglantée sur le draps de son fils. Elle décide de faire appel à Elise, une médium qui leur explique que leur fils est hanté car il est capable de faire des voyages astraux. Ainsi, des morts cherchent à prendre possession du corps du garçon.

Quelques jump scares, une photographie grisâtre, des apparitions sont le lot de beaucoup de films d'horreur. En revanche, la présence de deux chasseurs de fantômes venus aider Elise donne une touche d'humour à ce long-métrage fantastico-horrifique. Avec leurs jouets transformés en détecteurs de présence de l'au-delà, leur comportement puéril, ils apportent un élément comique. De fait, le film n'est pas réellement effrayant mais les représentations des cauchemars et des "voyages astraux" apportent une atmosphère gothique dans ce film assez convenu. L'au-delà apparaît comme une immense maison lynchienne avec des personnages étranges créant le malaise. Moins spectaculaire que L'exorciste, ce film très classique dans son montage se regarde sans déplaisir.

Insidious : Chapitre 3 - Bande-annonce VF

Quant à Insidious chapter 3, Elise est à nouveau présente. Quinn, une jeune fille qui vient de perdre sa mère, vient la consulter pour entrer en contact avec elle. Mais elle a un accident de voiture qui la cloue sur une chaise roulante. Préquel d'Indisious et réalisé par Leigh Whannell, ce nouvel opus de la saga reprend le même synopsis, la même représentation de l'au-delà et les mêmes personnages.

Le rythme lent dessert ce film peu inventif où Elise prend une grande importance en luttant contre les forces démoniaques. A nouveau, le film gagne un peu d'intérêt grâce à la présence des deux chasseurs de fantômes, qui donnent une tonalité à la limite parodique à ce long métrage : " ils ont l'air ridicule", déclare le père de Quinn ! Ils désamorcent toute dimension trop effrayante.  Malgré un message sur le deuil, qui donne de la profondeur à un film qui en manque, l'ensemble reste passablement ennuyeux...

Insidious de James Wan, netflix, 112 min, Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty Simpkins

Insidious : chapter 3, Leigh Whannell, netflix, avec Lin Shaye, Stephanie Scott, 98 min

Sur le web : Rauger François, "Insidious : une famille hantée par un corps astral", Le Monde, mis en ligne le 14 juin 2011. URL : https://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/06/14/insidious-une-famille-hantee-par-un-corps-astral_1535666_3476.html

28 octobre 2018

La daronne de Hannelore Cayre : ISSN 2607-0006

 

44234921_10156921398705701_6699292707015098368_nhttps://www.facebook.com/audiolib/photos/a.481910205700/10156921398695701/?type=3&theater

"Grande nouvelle !", nous annonce le site audiolib : La daronne de H Cayre va bientôt être adapté au cinéma par Jean Paul Salomé, avec Isabelle Huppert dans le rôle principal. Pour ceux qui ne connaissent pas encore H. Cayre, on nous indique sur la jacquette qu'elle est avocate pénaliste et qu'elle a déjà écrit Commis d'office, Comme au cinéma, Toile de maître. La Daronne a été récompensé par le Grand prix de la littérature policière et Le point du polar européen.

Une femme entreprend de raconter sa vie, notamment comment elle est devenue la "daronne". Après une enfance heureuse dans une cage dorée et mafieuse, elle perd tout à la mort de son mari. Elle devient alors traductrice-interprète judiciaire des écoutes de la brigage des stups dont un ami flic Philippe devient le capitaine. En écoutant ces conversations, elle entend des informations entre une aide-soignante qui s'occupe de sa mère et son fils, dealer, à propos d'une cargaison de drogue. Elle décide de les prévenir d'une embuscade de la police : le jeune trafiquant laisse sa cargaison dans la nature. Lorsqu'elle trouve la drogue, elle décide de l'écouler et devient "la daronne".

"La Daronne" est un personnage atypique, atteinte de synesthésie bimodale, qui lui donne envie de manger des couleurs. C'est une femme d'une cinquantaine d'années au franc-parler et peu politiquement correcte. H Cayre prend à contre-pied les caractéristiques du genre en choissisissant une héroïne, plutôt qu'un homme : elle émet des réflexions peu conventionnelles sur la mort ( sa mère est un EHPAD où le personnel est insuffisant), la société, la drogue, l'intégration des jeunes immigrés...

Le sujet et le milieu ne m'ont pas intéressée. En revanche, l'écriture humoristique, inventive (par exemple le détournement d'un proverbe "Caméléon qui louche n'amasse pas mouche" ou le comique des comparaisons avec une vieille femme s'enfuyant "comme le raptor de Jurassic Park", ) m'ont amenée jusqu'à la fin du CD. Le mélange des registres qui passe de la controverse de Valadolid au langage familier donne un style plutôt réjouissant et caustique, en faisant la satire des institutions policières, médicales... La voix claire et vivante d'Isabelle de Botton rend cette écoute très agréable. Vous Pouvez entendre un extrait ici.

La Daronne, Hannelore Cayre, Audiolib, 4h43, lu par Isabelle de Botton.

Merci Audiolib pour ce partenariat.

Sur le web : billets d'Agnès Dasola et Keisha.

24 octobre 2018

Soleil de minuit de Jo Nesbo : ISSN 2607-0006

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http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-policier/Soleil-de-nuit

Nesbo fait partie des auteurs qui entreront dans le Robert comme nous l'annonce cet article de L'express (" ces nouveaux mots qui entrent dans le dico"). La popularité de cet auteur norvégien ( biographie sur le site folio) repose sur la création d'Harry Hole, un inspecteur de police stéréotypé d'Oslo. Soleil de minuit s'inscrit dans une nouvelle série, dont le premier opus est Du sang sur la glace mais il peut être lu indépendamment, étant donné que Soleil de minuit se comprend parfaitement même sans la lecture du précédent opus.

Contruit en opposition à Harry Hole, Jon Hansen est un anti-héros : travaillant comme tueur à gage, sur un quiproquo, pour un trafiquant de drogue d'Oslo, surnommé le Pêcheur, il est obligé de fuir sa ville pour échapper au nouveau... tueur à gage de son ancien patron. Il arrive dans la Finnmarksvidda, " paysage plat, monotone et aride". " Peut-être était-ce le soleil qui brillait alors qu'on était au milieu de la nuit, ou le profond silence, ce village avaient en tout cas quelque chose d'étrangement abandonné" (p. 15) : ainsi nous présente-t-on Kasund où il n'y a pas d'hôtel, ni d'auberge et où le seul endroit où il pourra dormir est une église, puis une cabane isolée.

Cette première nuit passée dans une église lui permet de faire la connaissance de Knut, un enfant de 10 ans, et de sa mère, Léa. Cette femme est le bedeau de l'église de Laestadus, une religion ancestrale, dont le mari est peut-être mort en mer et dont Jon tombe immédiatement amoureux. Notre malheureux Jon, survivant à cette aventure grâce au valium et à l'alcool - au moins un point commun avec Harry Hole - va-t-il échapper au tueur à gage envoyé par le Pêcheur ? Trouvera-t-il assez de détermination pour ne pas se suicider ?

Les descriptions du Finnemark sont en partie tirées des voyages de l'auteur et de témoignages, en ce qui concerne la culture same et  du laestadianisme. Cependant, Soleil de minuit n'est pas un ethno-polar : on nous décrit les coutumes et la vie de ces pêcheurs du nord de la Norvège, de manière partielle, à travers les yeux du personnage principal qui découvre cette contrée. C'est l'une des nouveautés de ce roman policier, sorte "d'anti hard-boiled" où le héros n'arrive pas à tirer sur quelqu'un alors qu'il a été embauché pour cette fonction. Dépressif, Jon raconte à la première personne son histoire présente et passée, tout en faisant preuve d'autodérision. Avec Soleil de minuit, Nesbo arrive à se renouveler avec ce personnage mélancolique, qui évolue dans un Finnmark, qui ne sert pas que de toile de fond, comme dans la série des Harry Hole...

Nesbo, Soleil de minuit, folio policier, 242 p.

Partenariat Folio.

Autres romans : Le bonhomme de neige, Police,

Sur le web : Champenois Sabrina, " Soleil de minuit. Spleen boréal", Libération, mis en ligne le 13 mars 2016. URL : https://next.liberation.fr/livres/2016/04/13/soleil-de-minuit-spleen-boreal_1445951

Séry Masha, " Jo Nesbo, le gagnant, M Livres, mis en ligne le 14 décembre 2015. URL : https://www.lemonde.fr/livres/article/2015/12/16/jo-nesbo-le-gagnant_4833242_3260.html

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20 octobre 2018

Les mauvais esprits de Johannesson : ISSN 2607-0006

LES MAUVAIS ESPRITS Bande Annonce (2018)

A l'approche d'Halloween, Nefflix propose de nouveaux films horrifiques dans son catalogue, notamment Les mauvais esprits dont parle avec justesse Le bleu du miroir. Après les films d'horreur mexicains (L'échine du diable de Guillermo del Toro, L'orphelinat de Bayona), espagnols ( Les autres d'Amenabar) ou britanniques ( La dame en noir de James Watkins), un Islandais, Olaf de Fleur Johannesson, propose une variation autour du thème de la maison hantée.

Angela et son frère Jackson font croire qu'ils sont des chasseurs de fantômes. Ils sont aidés dans leur arnaque par la copine de Jackson, Beth, et un ami, amoureux d'Angela, Elliot. Avec des bruits de portes qui grincent, des voix d'outretombe pré-enregistrés, ils arrivent à duper les gens désireux de renouver avec des morts. Progressivement, Angela perçoit des formes fantomatiques : sa mère, avant elle, avait été internée car elle avait des visions. La nouvelle mission d'Angela paraît particulièrement éprouvante avec la visite d'une maison où ont eu lieu des crimes d'enfants.

Des plans fixes de la maison, des couloirs, des escaliers, et des chambres, font penser qu'il va y avoir des apparitions mais elles ne sont jamais là où on les attend. Pourtant, le réalisateur a le bon goût d'éviter les jump scares à outrance et le gore. Si ce long-métrage ressemble à un téléfilm sans photographie particulièrement belle, Johannesson a utilisé un twist pour nous tenir en haleine. Les mauvais esprits n'est pas véritablement effrayant mais arrive à bien jouer sur les frontières du vrai et du faux, du réel et de la folie. Mais ce film est trop fourre-tout ( une partie est filmé en found footage, l'héritage de la folie, une intrigue amoureuse...) et trop impersonnel pour marquer les esprits.

Les mauvais esprits, de Johannesson, netflix, avec Florence Pugh, Celia Imrie, Ben Lloyd-Hugues, 25 oct 2018, 125 min

17 octobre 2018

Une mort très douce de Simone de Beauvoir : ISSN 2607-0006

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Dans la constellation des récits autobiographiques de Simone de Beauvoir, parmi lesquelles il y a Mémoires d'une jeune fille rangée, La force de l'âge, La force des choses, Tout compte fait et La cérémonie des adieux, on peut trouver ce texte sur l'agonie de sa mère, Françoise, qui a un cancer. Sa fille tend à lui cacher la vérité sur la gravité de la maladie, de même que le personnel médical : le titre est donc antiphrastique. " Ne la laissez pas opérer", lui conseille une infirmière. Simone de Beauvoir a peur aussi que ces opérations soient des tentatives inutiles pour sauver sa mère qui souffre beaucoup.

L'imminence de la mort transforme sa mère. Celle-ci montre un grand courage et de la vitalité. Elle accepte enfin sa part "d'animalité". En conflit avec sa fille durant sa vie, elles se réconcilient enfin. Ce conflit, la narratrice l'explique par l'éducation "spiritualiste" de sa mère, qui pense à l'aide de "cadres tout faits"( p. 80) ( "maman est entrée dans la vie corsetée des principes les plus rigiges : bienséances provinciales et morale de couventine", p. 41) ou fuit les "vérités gênantes". Elle préfère, par exemple, ignorer les infidélité de son époux. Ainsi, face à la mort, " elle renonçait aux interdits, aux consignes qui l'avaient opprimée toute sa vie". A l'inverse, Simone de Beauvoir a pris le "chemin de la contestation" et renonce au mariage bourgeois : " que le mariage bourgeois soit une institution contre nature, son cas suffisait à m'en convaincre" (p. 45).

La romancière analyse aussi les préjugés, les conditions de vie de sa mère, la question du mariage et des rapports entre les femmes et les hommes, au début du XXeme siècle. " Analyser" est le terme qui convient car l'auteur du Deuxième sexe ne s'épanche pas mais décrit  de manière sociologique et clinique les derniers instants de sa mère, ce qui lui permet de souligner le scandale métaphyphique de la mort qu'elle développera tout au long de son oeuvre romanesque (comme dans Tous les hommes sont mortels) ou de son entreprise mémoriale ( Mémoires d'une jeune fille rangée peut être perçue comme le tombeau de Zaza, l'amie de jeunesse de Simone de Beauvoir). C'est une narration qui thématiquement et styliquement peut être rapprochée d'Une femme d'Annie Ernaux et qui permet de retrouver des motifs emblématiques de l'oeuvre de Simone de Beauvoir.

de Beauvoir Simone, Une mort très douce, Folio 124 p.

 

13 octobre 2018

La bourse de Balzac : ISSN 2607-0006

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Dans les dernières lignes du Colonel Chabert, le notaire Derville déclare :  "Nos études sont des égouts qu'on ne peut pas curer. Combien de choses n'ai-je pas apprises en exerçant ma charge ! J'ai vu mourir un père dans un grenier, sans sous ni maille, abandonné par deux filles [...] J'ai vu brûler des testaments ; j'ai vu des mères dépouillant leurs enfants, des maris volant leurs femmes, des femmes tuant leurs maris en se servant de l'amour qu'elles leur inspiraient pour les rendre fous ou imbéciles, afin de vivre en paix avec un amant" ( p. 97)*. La comédie humaine montre donc les rouages de la société sous la Restauration, une société en mutation dominée par les intérêts personnels et l'argent.

A contrario, La bourse, qui semble aussi référer à l'argent, thème omniprésent de l'univers balzacien, semble une nouvelle bien optimiste dans toute cette noirceur. Un jeune peintre, Hippolyte Shinner, tombe d'une échelle, dans son atelier, et est secouru par deux femmes, Mademoiselle Adélaïde Leseigneur et sa mère, vivant au quatrième étage, juste au-dessus de son atelier. En voulant les remercier de leur aide, il découvre leur quotidien : elles vivent dans les débris d'un ancien faste, qui amènent des doutes sur leur position sociale. Le jeune homme tombe immédiatement sous le charme de la jeune femme, qui l'aime réciproquement. Deux vieils hommes viennent tous les soirs jouer au piquet avec la mère d'Adélaïde, perdant systématiquement de petites sommes d'argent. Le jour où les deux femmes volent la bourse d'Hippolyte, il s'interroge sur le mariage qu'il espérait nouer avec Adélaïde... Sont-elles des femmes respectables ? Ont-elles volé intentionnellement la bourse ? Leur mauvaise réputation est-elle justifiée ?

Cette brève nouvelle s'insérant dans les scènes de la vie privée ne développe pas les personnages, ni un milieu et parle d'un des thèmes majeurs de la Comédie humaine : les liens matrimoniaux. Malgré quelques beaux portraits, les enjeux et les intérêts de ce récit sont bien minces et paraissent simples. Par exemple, Hipollyte est peintre mais cela n'est qu'accessoire. La Révolution, la Restauration ne sont évoquées qu'en sourdine. La bourse apparaît comme une oeuvre mineure face aux grands romans de La Comédie humaine.

Balzac, La bourse,Classiques et contemporains, Magnard, 76 p.

*Balzac, Le colonel Chabert, étonnants classiques, 97 p.

Lecture commune avec Claudia. Prochaine lecture commune : L'auberge rouge pour le 10. 11.

La comédie humaine :

1. scènes de la vie de province : Eugénie Grandet, Le cabinet des antiques,

2. scènes de la vie parisienne : La fille aux yeux d'or, La duchesse de langeais

3. Etudes philosophiques : La peau de chagrin

4 scènes de la vie privée : Mémoire de deux jeunes mariées, Le père Goriot, La bourse, Gobseck,

5. scènes de la vie de campagne : Le lys dans la vallée

10 octobre 2018

Mission : Impossible 3 de J.J. Abrams : ISSN 2607-0006

 Mission Impossible 3 ( bande annonce VF )

Mission : Impossible 3 appartient à une franchise - comme Alien, Harry Potter, Thor... - dont chaque film est réalisé par un cinéaste différent : après Bryan de Palma et John Woo, c'est J.J. Abrams qui est au commande de ce troisième opus. Cette franchise est assez connue pour que tout le monde puisse au moins imaginer le début : on propose à l'agent secret Ethan Hunt d'accepter une mission alors qu'il se fiance à Julia. En effet, un des agents qu'il a formé est enlevé et torturé. Il doit le sauver. Il est confronté à Owen Davian, qui le menace ainsi que sa femme. Davian cherche à se procurer un objet : "patte de lapin". Est-ce que Ethan arrivera à sauver sa femme à temps ? Quel est l'objet des convoitises de Davian ? Va-t-il pouvoir le récupérer ?

Certaines scènes d'actions sont mémorables, voire, J.J. Abrams se prend parfois pour Michael Bay : on peut donc voir des combats d'hélicoptères, des explosions et encore des explosions dans la première grosse scène d'action, lorsque Ethan Hunt cherche à sauver son agent. L'action est bien filmée, notamment les scènes noctures avec Shangaï illuminée, au moment où le personnage principal doit aller chercher la "patte de lapin". Heureusement qu'il y a toutes ces scènes d'actions, car toutes celles qui concernent la vie privée d'Ethan et de sa femme sont plutôt mièvres et stéréotypées.

Comme tous les films ayant comme acteur principal Tom Cruise, il vampirise complètement ce long-métrage en étant présent dans toutes les scènes. Il faut dire que l'acteur réalise lui-même ses cascades. Maquillage, déguisements, combats, le rythme est soutenu. C'est un honnête film d'action et d'espionnage, où la patte de l'auteur n'apparaît pas vraiment.

Mission : Impossible 3, J.J. Abrams, Netflix, avec Tom Cruise, P. S. Hoffman, 2005, 126 min.

Sur le web : Mury Cécile, Mission : Impossible 3 de Cécile Mury, Télérama. URL :https://www.telerama.fr/cinema/films/mission-impossible-3,260332.php

6 octobre 2018

Gobseck de Balzac : ISSN 2607-0006

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Le peseur d'or, Gérard Dou, 1664

Ce petit récit est une oeuvre peu lue de Balzac mais emblématique de son oeuvre par son thème : l'argent ( "La vie n'est-elle pas une machine à laquelle l'argent imprime le mouvement ?" p. 35). Ernest, le fils du marquis de Restaud courtise Camille, la fille de la duchesse de Grandlieu. Cette dernière ne semble pas approuver cette liaison car la comtesse de Restaud - fille du père Goriot a ruiné sa famille. Cependant, Derville, leur notaire commence une narration pour rétablir la réputation du jeune homme et favoriser ce mariage d'amour.

Son histoire est donc une analepse, où il présente Gobseck : "Il s'était changé à mes yeux en une image fantastique où se personnifiait le pouvoir de l'or" (p. 35). Ce dernier lui a prêté de l'argent, pour qu'il achète son cabinet. Ensuite, il est témoin de diverses scènes, où la comtesse Restaud, son amant Maxime de Trailles viennent lui emprunter de l'argent. Au désespoir devant l'inconduite de sa femme, le comte Restaud veut déshériter ses fils illégitimes en faveur de son premier fils, Ernest. Gobseck et Derville lui proposent donc un fidéicommis. Au moment de son agonie, la comtesse cherche désespérement à récupérer l'argent de l'héritage...

Après une longue description de Gobseck et de son "milieu", le narrateur Derville décrit les mécanismes financiers sous la Restauration. Ces deux personnages, au coeur de l'intrigue, donnent une vision de la société dominée par l'or et les intérêts personnels.  En sociologue, Balzac peint aussi le type de l'usurier mais aussi de l'aristocratie avec les portraits des Restaud et de Maxime de Trailles et de la bourgeoisie dans le personnage de Derville, le notaire.

Gobseck s'inscrit clairement dans la veine du réalisme tout en gardant une touche fantastique dans la peinture du prêteur. Passion mélodramatique, logique financière, univers réaliste sont contenus dans Gobseck, qui subsument l'univers passionnant balzacien.

Balzac, Gobseck, Carrés classiques, Nathan, 147 p.

Lecture commune avec Claudia. Prochaines lectures communes où vous pouvez nous rejoindre : "La bourse" ( 13.10) et L'auberge rouge ( 10.11)...

La comédie humaine :

1. Scène de la vie de province : Eugénie Grandet, Le cabinet des antiques

2. Scène de la vie parisienne : La fille aux yeux d'or, La duchesse de Langeais

3. Etudes philosophiques : La peau de chagrin

4. Scène de la vie privée : Mémoires de deux jeunes mariées, Le père Goriot, Gobseck

5. scène de la vie de campagne : Le lys dans la vallée

 

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