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17 octobre 2018

Une mort très douce de Simone de Beauvoir : ISSN 2607-0006

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Dans la constellation des récits autobiographiques de Simone de Beauvoir, parmi lesquelles il y a Mémoires d'une jeune fille rangée, La force de l'âge, La force des choses, Tout compte fait et La cérémonie des adieux, on peut trouver ce texte sur l'agonie de sa mère, Françoise, qui a un cancer. Sa fille tend à lui cacher la vérité sur la gravité de la maladie, de même que le personnel médical : le titre est donc antiphrastique. " Ne la laissez pas opérer", lui conseille une infirmière. Simone de Beauvoir a peur aussi que ces opérations soient des tentatives inutiles pour sauver sa mère qui souffre beaucoup.

L'imminence de la mort transforme sa mère. Celle-ci montre un grand courage et de la vitalité. Elle accepte enfin sa part "d'animalité". En conflit avec sa fille durant sa vie, elles se réconcilient enfin. Ce conflit, la narratrice l'explique par l'éducation "spiritualiste" de sa mère, qui pense à l'aide de "cadres tout faits"( p. 80) ( "maman est entrée dans la vie corsetée des principes les plus rigiges : bienséances provinciales et morale de couventine", p. 41) ou fuit les "vérités gênantes". Elle préfère, par exemple, ignorer les infidélité de son époux. Ainsi, face à la mort, " elle renonçait aux interdits, aux consignes qui l'avaient opprimée toute sa vie". A l'inverse, Simone de Beauvoir a pris le "chemin de la contestation" et renonce au mariage bourgeois : " que le mariage bourgeois soit une institution contre nature, son cas suffisait à m'en convaincre" (p. 45).

La romancière analyse aussi les préjugés, les conditions de vie de sa mère, la question du mariage et des rapports entre les femmes et les hommes, au début du XXeme siècle. " Analyser" est le terme qui convient car l'auteur du Deuxième sexe ne s'épanche pas mais décrit  de manière sociologique et clinique les derniers instants de sa mère, ce qui lui permet de souligner le scandale métaphyphique de la mort qu'elle développera tout au long de son oeuvre romanesque (comme dans Tous les hommes sont mortels) ou de son entreprise mémoriale ( Mémoires d'une jeune fille rangée peut être perçue comme le tombeau de Zaza, l'amie de jeunesse de Simone de Beauvoir). C'est une narration qui thématiquement et styliquement peut être rapprochée d'Une femme d'Annie Ernaux et qui permet de retrouver des motifs emblématiques de l'oeuvre de Simone de Beauvoir.

de Beauvoir Simone, Une mort très douce, Folio 124 p.

 

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Commentaires
L
Je tombe sur ce billet parce que je suis en train de lire "Le Deuxième Sexe". J'ai lu l'année dernière "Mémoires d'une jeune fille rangée", que j'ai trouvé sympathique sans plus et dont il me reste vraiment peu de choses. Le lien avec Ernaux est assez évident en fait, j'ignorais que Beauvoir l'avait tant influencée. <br /> <br /> Merci de m'avoir fait sauter le pas de lire Beauvoir. "Le Deuxième Sexe" est costaud mais vraiment intéressant (je viens de terminer la première partie).
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L
Je ne connais pas du tout l'oeuvre de Simone de Beauvoir alors que j'ai toujours voulu la découvrir. Je lirai tous les précédents récits autobiographiques que tu cites avant celui mais ce livre m'intéresse, évidemment, notamment pour le rapport entre les hommes e les femmes
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A
J'avais tellement adoré et été soufflée par Mémoires d'une jeune fille rangée lu (que) l'année dernière que je m'étais promise de poursuivre ma découverte des oeuvres de Beauvoir. Merci de me rappeler à ma promesse, le temps passe, et on oublie ses bonnes résolutions.:-)
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A
Un très beau livre. Une grande dame...
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V
j'adore Simone de Beauvoir mais le thème m'effraie un peu. (et je n'aime pas Annie Ernaux!!)
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