The house of mirth de Terrence Davies : ISSN 2607-0006
"Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée "(Oscar Wilde ) : tel semble être le propos de l'adaptation très fidèle du sublime roman d'Edith Wharton, The house of mirth, par Terrence Davies. Lily Bart a raté son train et elle rencontre dans le hall d'une gare, Selden, un avocat qu'elle aime sans l'avouer. Lily désargentée n'a d'autre choix que de faire un beau mariage si elle veut continuer à évoluer dans les hautes sphères de la société new-yorkaise.
Le raffinement des objets et des costumes, les couleurs chatoyantes, les scènes rutilantes vont peu à peu laisser place à la grisaille. Aux fêtes mondaines succède la solitude, car les splendides intérieurs ne font pas oublier, sous la beauté de la reconstitution, la fausse bienséance et la vanité de ces aristocrates " comme il faut". L'apparence et l'argent ont plus d'importance que les valeurs morales auxquelles l'héroïne est attachée. A côté de ces aristocrates impitoyables, n'hésitant pas à user de Lily pour arriver à leur fins comme Bertha Dorset, Gus Trenor, évoluent aussi les arrivistes comme Rosedale, Mrs Hatch. Intrigues et coups bas précipiteront Lily dans la déchéance : plans fixes, gros plans, la lenteur des images mais la brièveté des scènes traduisent l'attente du mariage puis la déchéance. "Les gens disent toujours des choses malveillantes", dit Grace Stephney, qui contribue par ses révélations à la chute de Lily. L'histoire des lettres pouvant mettre à mal la malveillante Bertha illustre bien l'interrogation de Lily : où s'arrête la dignité, où commence la droiture ?
"Le mariage n'est-il pas votre vocation ?", demande Selden à Lily. Comme toute héroïne tragique, Lily subit un destin auquel on la destine. Mais elle hésite devant un dilemme : mariage d'amour ou d'argent. Les partis qui se présentent à elle sont des Percy Grace transpirant d'ennui tandis que Lily est véritablement attachée à Selden. L'atrice Gillian Anderson, par ses traits diaphanes et son élégance, semble tout droit sortir du roman d'Edith Wharton, tant elle incarne la beauté et la jeunesse puis le désespoir sans jamais se départir de ses bonnes manières et de sa grâce. G. Anderson est éblouissante et magnifique dans ce rôle : elle donne vie aux frémissements intérieurs du personnage d'E. Wharton. L'écriture de la suggestion de la romancière est bien rendue : sans lourdeur didactique, sans pathos, les dialogues sobres contribuent à rendre palpable la pression exercée sur Lily. Les images impeccables, la reconstitution fabuleuse n'empêchent pas l'héroïne d'être émouvante et le film, comme le livre, restent inoubliables.
The house of Mirth, 134 min, de Terrence Davies, avec Gillian Anderson
Autre film : Orgueil et préjugés
challenge "back to the past", organisé avec Lou.
challenge Edith Wharton de titine, blog, plaisir à cultiver.
'' house of mirth '' - official film trailer - 2000.