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1001 classiques

21 décembre 2011

Les Borgia de Neil Jordan : ISSN 2607-0006

The Borgias Season 1 Trailer (TV)

" Rome ne serait pas Rome sans tous ces complots" La légende noire est née sous la plume des romantiques, mais de leur vivant, les Borgia étaient décriés, accusés de meurtres, d'inceste, de simonie... La première ascension montre en grande pompe l'ascension au trône du futur Alexandre VI, Rodrigo Borgia : les achats des autres cardinaux, les alliances à travers les mariages de Lucrère avec un Sforza ou celle de son petit frère Gioffre permettent l'accession au pouvoir de toute la famille Borgia. En parallèle, on suit les manœuvres du cardinal della Rovere - le futur pape soldat, Jules II- qui a fuit Rome...

"Vaut-il mieux être aimé que craint " (Machiavel) : Le réalisateur ne lésine pas sur les effets : cette série est un condensé de tous les meurtres possibles et inimaginables, sous l'eau, avec des garots, des poisons, en duel... Tout est prétexte à violence et débauche. Cependant, si les Borgia sont montrés le plus fidèlement possible, les autres grands seigneurs et cardinaux ne sont pas de reste : le cardinal Sforza fornique avec sa cousine, tandis que le Prince de Milan faisait empailler ses adversaires... Coups bas, sexe, luxure et violence, voici les ingrédients majeurs de cette série qui semble pourtant atténuer la noirceur de cette époque.

Toutefois, on se prend étrangement de sympathie pour ces héros malgré eux, poussé par un père assoiffé de pouvoir et d'argent. Celui qui semble le moins fidèle est certainement Cesare qui bien que machiavélique - il a servi de modèle au fameux Prince du non moins fameux ambassadeur des Médicis, semble plus sensible que dans la véritable Histoire. Les infidélités sont nombreuses et pourtant, le rythme soutene, les scènes spectaculaires d'autres plus sentimentales comme l'agonie de Djem, certaines mêmes comiques comme le défilé des prétendants pour la main de Lucrèce ou celui de Gioffre arrivent à nous tenir en haleine, sans compter le faste des décors et des costumes. Une très belle reconstitution romancée...

Les Borgia, de Neil Jordan avec Jeremy Irons, François Arnaud, 2011.

Les Borgia, revue Historia

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18 décembre 2011

La malle en cuir ou la société idéale de Stevenson : ISSN 2607-0006

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Certains manuscrits connaissent une vie très romanesque : c'est le cas de La malle en cuir, manuscrit inachevé de Stevenson et livre de "bohème". Premier roman de Stevenson, à l'état de manuscrit, Michel Le Bris en retrouve la trace à  New York, après avoir arpenté les salles de ventes de manuscrits, et les collections privées. Il met plus de 16 ans à éditer ce roman, ayant d'autres publications en cours... Une très longue préface permet de suivre ce jeu de piste et comprendre l'amour de M. Le Bris pour Stevenson qui décide d'écrire aussi une suite...

Alternant belles descriptions et dialogues, Stevenson nous narre l'épopée comique de plusieurs jeunes étudiants voulant fonder une société idéale. Sous le galimatias des paroles de nos jeunes idéalistes percent une condamnation  de la société, que ce soit la famille ou les institutions. Proche d'une nouvelle comme Le club des suicides pour la description d'une vie de bohème, ce roman inachevé n'étant pas retravaillé porte de nombreuses faiblesses, moins comique et plus décousu que nombre de ses romans suivants. si les premières pages de ce roman sont pénibles à lire - l'emphase semble volontaire et devient involontairement ridicule - à cause de dialogues maladroits, on finit progressivement par se demander quel est le contenu de cette malle de cuir que ne révélera pas Stevenson mais un autre auteur et à s'intéresser au sort de ces jeunes utopistes...

Si M. Le Bris a continué avec brio le roman, doublant le nombre de page de l'histoire, on ne peut s'empêcher de penser à un certain opportuniste : certes il respecte le ton de l'histoire et sa grande connaissance de l'auteur et de sa correspondance lui ont permis de rester fidèle au projet de l'auteur, mais était-ce utile ? Cet hommage ne détourne-t-il pas l'oeuvre et la volonté de Stevenson ? Pour ceux qui aiment Stevenson, on apprécie certains traits de l'écriture de l'auteur que l'on retrouve avec plaisir et une certaine propension à une imagination littéraire - allusion aux Treize de Bazac, aux Mille et une nuits - tout en étant déçu par l'inachèvement de l'histoire...

MERCI à dialogues et à Caroline pour ce partenariat.

Autres romans : Le club des suicides; L'île au trésor,

17 décembre 2011

Les enquêtes de Murdoch de Maureen Jeening : ISSN 2607-0006


Les enquêtes de Murdoch - Générique (Série tv)

L'éventreur de Toronto : Parmi les nombreuses séries policières diffusées ou rediffusées ces derniers temps, attardez-vous dans l'univers de Murdoch. Jack l'éventreur a défrayé les chroniques victoriennes mais il fascine toujours. Dans l'éventreur de Toronto, Murdoch et toute son équipe affronte Jack l'éventreur, parti d'Angleterre pour éliminer d'autres femmes dans le monde, de la France au Caire en passant par le Canada. L'enquête semble assez vite se résoudre, grâce à l'aide d'un aliéniste et de Slaton, un enquêteur sur les traces de l'éventreur mais Murdoch n'est pas satisfait du profil de l'assassin... Et heureusement, il découvre l'identité du véritable tueur en série en s'appuyant sur les empreintes trouvées sur le lieu du crime.

"Le nouveau monde affronte l'Ancien, la science affronte la sorcellerie" ( "La marionnette diabolique") : Le charme de cette série tient tout autant du charisme que du caractère des personnages principaux que de divers ingrédients qui viennent différencier cette série des autres. William Murdoch est un épigone de Sherlock Holmes, tant par ses raisonnements scientifiques que par son attention aux détails. Le personnage du médecin légiste est incarné par une femme le docteur Julia Ogden, soulignant par là la modernité des personnages bien que le tonitruant inspecteur Brackenreid soit des plus réactionnaires. Quant au pauvre G. Grabtree, il joue le rôle de Watson...

Mais les comparaison s'arrêtent là car le réalisateur s'est plu à mêler fiction et réel : Conan Doyle vient assister à une enquête tandis que Wells intervient dans une affaire sur l'eugénisme. L'esprit ouvert de l'inspecteur permet de mettre en scène toutes les nouveautés inondant la fin du XIXeme siècle que ce soit les théories des aliénistes - "La marionnette diabolique" - que les superstitions - "Le manoir hanté" et les sciences... Ainsi, Murdoch est confronté à son époque : le racisme, la peine de mort... Les dialogues humoristiques en sus d'intrigues bien bâties, viennent renforcer le charme de cette série d'époque aux décors de qualité...

Les enquêtes de Murdoch, Maureen Jeening.

Billet de Lou. Participation au challenge "back to the past", organisé avec Lou.

15 décembre 2011

Entourloupe tout azimut de Ian Flemming : ISSN 2607-0006

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Des héros anglais, celui qui est extrêmement populaire est l'espion de sa majesté, James bond ! La série des 007, nous le montre en personnage assez macho, séducteur et imbu de lui-même et tout en action... Et c'est ce que confirmera les premières lignes de cet opus où on voit Bond en petit fonctionnaire, racontant sa routine, amateur de belles voitures, pensant à ses conquêtes... Il côtoie les plus importants personnages de l'état qui lui donne une mission très spéciale : à savoir si Drax, héros anglais du jour car il a décidé de construire une fusée atomique appelée le vise-lune empêchant l'Angleterre d'être attaquée par ses pays voisins, triche aux cartes et pourquoi ? Ce millionnaire qui a survécu à une explosion pendant la Seconde Guerre Mondiale a une identité incertaine : défiguré et ayant perdu la mémoire, il est devenu un des piliers de l'industrie britannique... Après l'assassinat d'un agent de Scotland Yard infiltré dans les usines de Drax, Bond reprend du service...

La psychologie a très peu de place dans ce livre, étant davantage un roman d'espionnage où la politique internationale est évidemment plus importante même si cette dimension est très simplifiée. En revanche, les descriptions concernant, le vise-lune, l'arme fabriquée par Drax est décrite de manière très technique. Pour couronner le tout, Entourloupe tout azimut, portant le bien meilleur titre de Moonraker en anglais est bien maladroitement écrit. Les dix premiers chapitres concernent des parties de bridge pour démasquer Drax : Ian Flemming n'a pas peur d'être ennuyeux en décrivant chaque carte tenue dans les mains et pour qui ne connait pas ce jeu, c'est assez fastidieux à lire... en outre, on peut relever des répliques incongrues comme Bond disant : " assez de plaisanterie, espèce de grand cinglé plein de poils "

Mais c'est aussi un opus léger qui laisse une large place à beaucoup d'actions rondement menées : James Bond devra se battre avec un allemand peu commode, puis est enlevé et ficelé ainsi que l'agent féminin qui l'aide, Gala, ensuite réussit à soulever des pierres après un éboulement qui a failli l'étouffer et enfin traverse des tiges d'acier pour empêcher une bombe nucléaire de détruire l'Angleterre ! Pas moins que ça ! Le roman se lit facilement et fait penser à un roman de gare, peut-être parce que ce type de héros est daté, trop monolithique...

Flemming, Entourloupe tout azimut, Livre de poche, 256 p.

Participation au challenge du mois anglais de Lou, chryssilda et Titine.

13 décembre 2011

Création de Jon Amiel : ISSN 2607-0006

Bande Annonce de Création de Jon Amiel

Création de Amiel est une biographie de Darwin ( biographie sur le site Larousse) assez curieuse : le réalisateur a choisi de filmer un moment capital de la vie de Darwin, le moment où il écrit son livre révolutionnaire, De l'origine des espèces, alors qu'il est en proie au chagrin causé par la mort de sa fille. Curieux, ce film l'est à plusieurs titres. "la religion comme ciment de la société" est un propos très développé à travers les conflits entre Darwin et sa femme, très croyante. "Vous avez tué dieu", lui dit Thomas Huxley : c'est un Darwin en conflit avec lui-même qu'on nous montre, hésitant entre les valeurs d'une société et la publication d'un livre qui viendrait tout remettre en cause.

" La nature sélectionne pour sa survie" :

Plus étonnant est la manière dont le réalisateur a choisi de montrer la douleur de Darwin à ce moment capital de sa vie. La mort de sa fille l'a complètement bouleversé. Le réalisateur J. Amiel mêle souvenirs et présent, réel et irréel, pour illustrer les doutes et la maladie de Darwin, subissant aussi une crise conjugale, choix d'ailleurs des plus discutables : Amiel dramatise et tombe dans le pathos là où il aurait pu davantage développer le travail scientifique de Darwin, ses pensées et ses opinions étant magnifiquement illustrées par des flash-backs ou par des gros plans accélérés sur la nature...

Dommage que, dans cette magnifique reconstitution, visuellement très réussie, la fiction débridée prenne le pas sur la réalité, la vie personnelle sur l'oeuvre...

Création, Jon Amiel, 1h43, 2009, avec Paul Bettary, Jennifer Connely...

challenge "back to the past" organisé avec Lou.

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8 décembre 2011

Desirer de Richard Flannagan : ISSN 2607-0006

9782714446152ORI

"coeur indiscipliné" (Dickens) : Dans ce roman s'inspirant de la réalité, Richard Flannigan alterne l'histoire d'une petite fille aborigène, Mathinna, et celle de Dickens. Quel lien entre ces intrigues parallèles ? Un personnage et le désir. Le personnage, c'est Lady Franklin alors femme du vice-roi de la terre de Van Diemen en Tasmanie : elle veut éduquer Mathinna comme une vraie lady. Une vingtaine d'années plus tard à Londres, elle rencontre Dickens : elle veut sauver l'honneur de son mari qu'on accuse de cannibalisme. Ce dernier perdu dans les glaces du pôle Nord est accusé d'anthropophagie. Pour essayer d'oublier ses problèmes conjugaux, Dickens accepte de jouer une pièce défendant sir Franklin : ce sera Glacial abîme.

Ce roman critique subtilement le colonialisme  : la lente déchéance de Mathinna reflète celle de tout son peuple qu'une poignée d'Anglais, se jugeant supérieurs, désirent à tout prix plier à leurs règles victoriennes. Mais Lady Franklin est dominée par un autre désir, celui d'aimer cet enfant. Ce que les préjugés l'empêchent de faire... Quant à Dickens, tout en jouant sa pièce et en se révélant le plus génial conteur et acteur de la période victorienne, il est l'objet du même préjugé en défendant Sir Franklin contre la parole des peuplades esquimaux et tout en luttant contre l'amour qu'il éprouve pour une jeune actrice, Ellen Ternan : "A cet instant, il sut qu'il l'aimait. Il ne pouvait plus imposer de discipline à son coeur indocile. Et lui, cet homme qui avait passé toute une vie à croire que céder au désir était la caractéristique du sauvage, se rendit compte qu'il ne pouvait plus rejeter ce qu'il voulait" (p. 293).

Si l'écriture de R. Flannagan n'est en rien remarquable, Désirer reste un très beau roman sur les sentiments qui agitent les différents personnages, sur la terrible description de la lente agonie des aborigènes, et la dénonciation des fausses valeurs. Des destins tragiques se déploient autour de la question de la nature et de la culture. L'émotion naît de la vision de la tyrannie du désir. Mais le roman pèche par son découpage artificiel et l'alternance entre les deux histoires : on aurait aimé en savoir davantage sur la pièce jouée par Dickens et ses rapports avec Wilkie Collins... Un livre passionnant mais dont la construction est par trop spécieuse...

Flannagan Richard, Désirer, Belfond, p. 309.

Sur son site, vous pourrez trouver diverses informations concernant les personnages du livre, ici...

Lu aussi par Ys et par Claudia

5 décembre 2011

La pêche aux avaros de David Goodis : ISSN 2607-0006

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"La souffrance pourpre des désirs impossibles" : "C'était une eau calme, grise, veinée de vert aux endroits où la lumière perçait un rideau de nuages plombés. L'homme leva les yeux et regarda en grimaçant le ciel hostile. Un énorme nuage sombre se frangeait d'or pâle, très haut dans le ciel. Il espéra que le ciel finirait par se dégager. Puis sa tête disparut sous la surface et il se mit à couler". Après avoir failli se noyer, Jander réchappe à des marécage pestilentielles grâce à l'aide de Vera. Là dans un lieu désert et solitaire, Jander découvre progressivement des hommes vivant cachés et à couteaux tirés au sens propre comme au figuré : Pourquoi se cachent-ils ? Pourquoi cherchent-ils à s'entretuer ? Qui est Véra ?

Peu à peu les éléments du puzzle se mettent en place, sans recherche de réalisme... Au contraire, à bien y réfléchir, car ce n'est pas ce qui au premier abord ressort, les événements extravagants et les coïncidences se multiplient, mais pour mieux créer un monde angoissant. C'est non seulement un huis clos avec peu de protagonistes et avec des personnages secondaires peu développés, mais aussi un monde étrange, peu compréhensible qui s'offre à nos anti-héros... un univers mystérieux et opaque.

Sorte de huis clos étouffant, le monde de Goodis est désespéré et sans issu pour ses personnages. La fin brutale ne laisse aucun échappatoire à ces individus marginaux et peu favorisés par le destin. Aucun pathos, mais la réalité brutale et triviale : Jander est un petit fonctionnaire, harcelé par sa mère et sa soeur, qui aime sans espoir de retour... Véra ne pourra être sauvée... La mort et la solitude hantent tous ces personnages. "Ils étaient seuls au monde dans la brume pourpre. Il avait le sentiment qu'elle lui parlait, mais ce n'était pas avec des mots. C'était plutôt une sorte de sanglots silencieux, l'angoisse qui se dissimule derrière les larmes". Reflet de la vie infortunée de l'auteur, les personnages de Goodis donnent une vision sans concession du monde : ce n'est pas l'intrigue qui importe mais une atmosphère glauque et sinistre, dont l'esthétique rappelle celle, cinématographique, d'un David Lynch...

challenge de Titine, "romans noirs des années 50"

3 décembre 2011

Marina de Carlos Ruiz Zafon : ISSN 2607-0006

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L'histoire débute dans le quartier de Sarria, un quartier isolé et qui semble à l'abandon... Puis après avoir fait la rencontre d'Oscar, jeune adolescent, narrateur de cette histoire, on découvre à travers ses yeux une mystérieuse jeune fille. Cette dernière l'amène dans un cimetière où une femme entièrement recouverte d'un manteau noir, se déplaçant en fiacre (?) vient poser des fleurs sur une tombe sans nom. Une tombe sans nom ? Une maison sombre, étrange et renfermant d'horribles mannequins presque vivants ? Voici un début prometteur empli de mystère.

Mais continuons à tourner les pages. Voici que nos deux jeunes héros, sans le vouloir découvre une histoire rocambolesque vieille de 30 ans qui concerne une sorte de savant fou et une belle chanteuse défigurée. Tour à tour, on découvre la vie extraordinaire de tous ces personnages : roman fantastique ? d'horreur ? C'est tout le cela à la fois, ce roman tenant aussi du genre du roman feuilleton, pour les multiples rebondissements qui ont tendance à sortir à chaque tournant de rue ou d'égout, que du roman fantastique avec des objets qui s'animent et des figures diaboliques... 

Ce roman agréable à lire grâce à de belles descriptions pluvieuses et sombres, est riche, voire trop riche. On dirait que toutes les histoires qui hantaient le romancier ont été jetées dans ce livre d'un seul coup... en mêlant tout les genres. On reconnaît de nombreuses influences, un peu trop vivibles d'ailleurs, allant de l'homme de sable d'Hoffmann aux Grandes espérances de Dickens - le passage avec la montre arrêtée - en passant par Le fantôme de l'opéra de Leroux. On regrette juste qu'à force de surenchère dans l'horrible et le bizarre, l'auteur en vienne à raconter une histoire qui lasse un peu par la reprise des mêmes ficelles... Malgré de gros défauts, ce livre reste plaisant à lire : pour ceux qui connaissent Ruiz Zafon, vous retrouverez son univers feuilletonnesque de prédilection ainsi que sa chère Barcelone embrumée et hantée...

Autres romans : L'ombre du vent, Le jeu de l'ange

Lu par Mélodie, George, Stephie., Manu, ...

1 décembre 2011

Le nom de la rose de Jean Jacques Anaud : ISSN 2607-0006


Le nom de la rose Bande annonce + Lien vers le film

Si comme Jean-Jacques Anaud, vous êtes fascinés par le Moyen Age, les livres et les romans policiers, regardez Le nom de la rose qui combine tous ces éléments d'une façon terriblement palpitante  !

Un moine se suicide dans une abbaye où se situe une formidable bibliothèque labyrinthique cachée, suivie de nombreux meurtres. Est-ce l'oeuvre du diable ? Le malin rôde-t-il parmi ces religieux ? Dans un contexte religieux agité, controversé, on voit s'affronter les moines autour des questions du pouvoir temporel et spirituel... Guillaume de Baskerville mène l'enquête : esprit libre et ouvert, il va être confronté à l'Inquisition, incarné par l'inflexible Bernado Guy. Dernière originalité, l'histoire est racontée par Adso de Melk, un jeune novice, plus tourmenté par les plaisirs de la chair que par les querelles religieuses. Naïf et amoureux, il provoque par son ignorance d'amusants dialogues. A une question sotte d'Adso, son maître Guillaume répond : " c'est élémentaire "! Outre les querelles religieuses, le fanatisme, Umberto Eco aborde la perception du rire au Moyen Age. Un film très riche, passionnant, et magnifique : il aura fallu pas moins de 5 ans et 9 scénarios pour aboutir à ce superbe film qui nous plonge au coeur du Moyen Age...

Il est intéressant de se pencher sur les bonus pour connaître quelques anecdotes et curiosités autour du film ainsi que la méthode de travail de J.J. Anaud : Sean Connery qui incarne à merveille le franciscain Guillaume de Baskerville aurait été jugé trop ringard à l'époque du film : la Columbia aurait même déchiré le contrat sachant ce choix. Film d'époque, J.J. Anaud a particulièrement veillé sur la crédibilité du décor, du choix des lieux... Il narre aussi, et c'est là qu'on découvre à la fois la passion du Moyen Age du réalisateur et ses dons de conteur et d'imitateur, sa relation extrêmement amicale avec U. Eco qui a refusé d'intervenir dans ce film, son oeuvre à lui étant achevé...

"Ubi sunt" ("mais où sont les neiges d'antan", Villon) :

les choses disparaissent mais les noms restent... Cependant le roman dont est inspiré Le nom de la rose est non seulement un livre admirable mais aussi une énigme, notamment pour son titre. Selon sa théorie du lecteur, U. Eco a refusé d'expliquer davantage son titre, étant donné que pour lui les livres sont des "machines à générer de l'interprétation" et que le texte "produits ses propres effets de sens". L'apostille au nom de la rose est une formidable et humoristique analyse de la fabrique du texte. L'auteur théorise aussi son lecteur et conte la genèse de son oeuvre... Un petit livre à connaître !

Le nom de la rose, Jean Jacques Anaud, avec Sean Connery, Christian Clater, 1986, 2h

Eco, Le nom de la rose, Livre de poche, 1980.

Lu par Choupynette, Karine, ...

 Eco, Apostille au nom de la rose, livre de poche, 90 p.

 

27 novembre 2011

Les aventures de Tom Sawyer de Mark Twain : ISSN 2607-0006


Générique Tom Sawyer

Tom Sawyer semble être un héros de l'enfance tombé dans la désuétude, poussé hors du champ littéraire par des personnages plus récents comme Harry Potter et compagnie. Ses aventures, relatées par Mark Twain sont d'ailleurs un étrange mélange de banalité et d'aventures incroyables,  de remarques ironiques et d'événements insignifiants.

L'enfance décrite semble assez banale, celle d'un enfant orphelin, élevé par sa tante, qui refuse de travailler et préfère faire les quatre cents coups avec ses amis. Paresseux, menteur, voleur, Tom n'est pas un modèle enfantin conventionnel. Comme dans un autre roman de jeunesse ultérieur Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee, la part à l'imagination est grande : Tom Sawyer s'identifie toujours dans ses jeux à Robin des bois, à des pirates en citant textuellement les répliques... Rien que du très banal et du très humain. Si l'on s'ennuie parfois à suivre Tom dans ses mésaventures ou aventures, l'histoire prend parfois un tour plus surprenant, très romanesque : Tom et Huckleberry Finn sont les témoins cachés d'un meurtre et Tom finira même par trouver un énorme trésor. En outre, le livre n'est pas dénué de comique qui naît dans les réactions et descriptions exagérées des aventures amoureuses, des sentiments et des réactions de Tom et dans les remarques ironiques de l'auteur qui ne cesse d'intervenir pour souligner ce que la société peut avoir de rigide dans ses lois comme dans ses coutumes.

Ainsi là où le roman se fait le reflet d'une époque révolue, c'est dans la part très grande qui est faites à la superstition et à la religion. C'est là où le ton de l'auteur se fait le plus railleur : " L'hymne une fois chantée, le révérend M. Sprague se transforma en un bulletin de nouvelles. Il donna sur les réunions, les fêtes, les événements de la localité, des détails dont l'énumération semblait devoir durer jusqu'au jugement dernier. Etrange habitude, qui persiste en Amérique même à notre époque où la presse est si développée. il semble que moins une coutume se justifie plus elle soit dure à déraciner", ou "le pasteur énonça le texte de son sermon et entreprit d'une voix monotone un commentaire si filandreux que bien des assistants commencèrent à dodeliner de la tête; Et cependant il s'agissait du feu éternel, auquel les élus devaient échapper en si petit nombre que ce n'était guère la peine de les sauver" ! On prend davantage de plaisir à découvrir l'écriture railleuse de Mark Twain qu'aux aventures de Tom Sawyer...

Twain, Tom Sawyer, Folio junior, 343 p.

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