©Delcourt 2006 Toume
Vous aimez les enquêtes, les mystères à résoudre, Sherlock Holmes et consort ? Les mystères de Taisho est un manga policier. Plus précisément, plusieurs nouvelles se succèdent dans ce premier opus : indépendants, ces récits construisent au fur et à mesure les figures de deux enquêteurs dans le Japon des années 1920. Dans "La nouvelle assistante", le premier " mystère", Matsunomya, détective privé rencontre sa nouvelle assistante, dont on ne saura rien jusqu'à la dernière enquête où elle semble faire preuve de prescience. Vient-elle du futur ? Mais revenons à la première intrigue : dans "La nouvelle assistante", Maya vient aider le maladroit Matsunomya et l'inspecteur, grâce à des connaissances extraordinaires malgré son jeune âge, à retrouver un dangereux terroriste.
Dans l'intrigue suivante "L'étrange histoire d'une antiquité chinoise", il n'y a pas d'enquête mais un objet d'art "le faiseur de rêve", ayant été acheté par les parents de Maya, amène notre détective privé à faire d'étranges rêves qui semblent concerner Maya. Il voit une jeune enfant dont les parents auraient soudainement disparu. Les enquêtes suivantes " La disparition du kakemono", "Le chat chauve-souris", La maison hantée", "Un lointain visiteur" et "La galerie sans fin" sont tous des cosy mysteries. Dans des pièces closes, des personnes meurent, des objets disparaissent. Plus précisément, une des sources citées serait Edgar Allan Poe : " Du calme, on n'est pas dans un roman d'Edgar Allan Poe", réplique l'inspecteur à Matsunomya - qui le confond avec Edogawa Ranpo - dans l'affaire du "chat chauve-souris", qui rappelle singulièrement "Double assasinat dans la rue Morgue". "La disparition du Kakemono" et "La galerie sans fin" s'inspirent vaguement des ficelles de "La lettre volée".
Très simples, les dessins ne sont pas particulièrement remarquables, voire parfois, ils paraissent inachevés avec des visages laissés blancs. Les personnages présentent des traits réalistes mais certains ont de grands yeux typiques des mangas. De même, les exagérations des traits, les onomatopés sont des clichés aussi présents.
©Delcourt 2006 Toume
Malheureusement, Kei Toume n'arrive pas à créer le même type d'atmosphère que l'auteur du "Portrait ovale" et une aura de mystère autour de ses enquêtes, qui paraissent tirées par les cheveux et la résolution est souvent insignifiante. Certes, certaines intrigues comme "La maison hantée" donne de l'importance au contexte historique avec l'évocation de l'ère Meiji où le Japon s'ouvre à la culture occidentale ou avec le personnage d'Einstein dans " Un lointain visiteur". Ces récits - loin d'être déplaisants - prennent aussi une teinte fantastique à travers les origines mystérieuses de Maya et de son chien géant borgne, mais cela ne suffit pas à donner envie de découvrir la suite de ses aventures trop communes.
"Les Japonais sont férus de littérature policière, et particulièrement de l'école classique fondée sur les énigmes à la Agatha Christie, dont le montage complexe flatte leur goût pour l'ouvrage miutieux et pour ces figures imposées (kata !) que sont, à leur manière, "la chambre close" ou "l'horaire impossible". Sa transposition en manga rend le genre moins austère. Elle permet de visualiser d'un coup d'oeil les scènes de crime [...], de remplacer par de jeunes gens les Miss Marple croulantes et autres Hercule Poirot blanchis, et d'introduire une dose de fantaisie fantastique" (p. 397), déclare J.-M. Bouissou*. Certes, Dans Mystères de Taisho, les enquêteurs sont rajeunis, la maladresse de Matsunomya est amusante mais n'est pas Agatha Christie qui veut...
Toume Kei, Les mystères de Taisho, tome 1, (4 albums, série terminée), Delcourt, Ligugé, juillet 2006, 213 p.
* Bouissou Jean-Marie, Manga, Histoire et univers de la bande dessinée japonaise, Piquier poche, Barcelone, Avril 2018, 477 p.
Participation au challenge un mois au Japon de Lou et Hilde