Démokratia (volume 1) de Motoro Mase : ISSN 2607-0006
© Kazé - 2017
L'une des branches exploitées par la SF est le questionnement sur les intelligences artificielles, les robots. Démokratia interroge aussi un système politique : la majorité a-t-elle toujours raison ? Voter en groupe permet-il de trouver la meilleure solution ? En effet, dans ce seinen de Motoro Mase, deux ingénieurs, Igumi et Taku, décident secrètement de créer une intelligence artificielle qui aurait pour but d'atteindre la perfection en réalisant les décisions de plus de 3000 participants. Ces derniers ont le même champ de vision que Mai, le robot dont ils ont les commandes. Evidemment, plusieurs règles sont imposées : aucun participant ne doit rencontrer la machine, ni savoir où elle est. C'est pourquoi ses phrases et les visages qu'elle perçoit sont cryptés. Si un des participants n'est pas régulier, il sera immédiatement remplacé par une autre personne, etc...
Suivre la majorité est-ce juste ? Pour palier à ce défaut, l'ingénieur inscrit parmi les choix deux opinions minoritaires : "Je sais bien que les opinions minoritaires n'ont que très peu de chance d'être suivies... Mais après tout, l'homme n'est jamais à l'abri d'un éclair de génie ! Il s'agit de laisser une chance aux voix différentes de s'exprimer". Notre androïde va-t-il devenir un modèle à suivre en étant la somme des connaissances de 3000 personnes aléatoirement choisies ? De minuscules détails créent un sentiment de malaise. Si vous connaissez la série Black mirror, on se croirait plongé dans le même type d'univers dans lequel l'angoisse est diffuse.
Ce premier tome pose longuement les bases du programme démokratia. Nous faisons aussi connaissance avec l'androïde, qu'il est impossible de différencier avec un humain ce qui lui permet de rentrer en interaction avec des gens. On suit aussi plus particulièrement trois participants, dont les vies personnelles - qui sont souvent d'une grande noiceur - influent sur les décisions qu'ils font prendre à Mai. Cependant si l'exposition est très longue, dès ce premier opus, un drame survient : Mai rencontre un désaxé. Que choisiront de faire les participants du programme Démokratia ? Qui sera responsable de ses actions ?
A travers des dessins dont le trait est plutôt réaliste, sauf pour l'androïde et le psychopathe, mais surchargé de détails (planche 1), le mangaka arrive à nous donner envie de poursuivre l'histoire alors même qu'il n'y a pas de personnages principaux. Justement, les cadrages subjectifs permettent une meilleure identification aux participants. Les choix pour représenter les discussions entre participants virtuels varient, évitant l'ennui. Surtout, on est curieux de savoir à quoi va aboutir le questionnement sur cette expérience dont la violence est sous-jacente. Sous un postulat en apparence simpliste, à savoir la majorité a-t-elle raison, Motoro Mase l'a renrichi de plusieurs données (la cyberculture, l'anonymat et la responsabilité des utilisateurs des réseaux sociaux...) qui incite à lire la suite de cette série.
Mase Motoro, Démokratia, volume 1 ( 5 volumes, série terminée), Kaze, février 2017, 198 p.
LC avec A girl from earth
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