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1001 classiques
9 septembre 2019

Pluto (volumes 1 à 8) d'Urasawa et Nagazaki : ISSN 2607-0006

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PLUTO © by Naoki URASAWA / Studio Nuts, Osamu TEZUKA, Takashi NAGASAKI, Tezuka Productions

Les univers futuristes et le questionnement sur les intelligences artificielles vous passionnent ? Commencez-donc la série Pluto qui mêle enquête policière et science-fiction. Cette série de 8 volumes mêlent aussi plusieurs références. Rappelons que Genette, dans Palimpsestes parle de cette manière de l'intertextualité : "Disons que l'art de " faire du neuf avec du vieux" a l'avantage de produire des objets plus complexes et plus savoureux que les produits "fait exprès" : une fonction nouvelle se superpose et s'enchevêtre à une structure ancienne, et la dissonance entre ces deux éléments coprésents donne sa saveur à l'ensemble" (p. 556)*.

Pourquoi parler d'intertextualité et de "saveur" ? Pluto reprend un personnage qui procure le plaisir de la madeleine proustienne : Astro Boy, créé par Osamu Tezuka. En 2003, pour l'anniversaire de ce personnage icônique du manga, deux mangakas Urasawa et Nagazaki lui rendent hommage à travers une enquête : Mont-Blanc, l'un des des 7 robots les plus forts du monde, qui a participé à une guerre en Asie centrale, est assassiné. Gesicht, un androïde spleenétique, enquête sur ces assasinats étranges : sur les lieux du crime, on retrouve la tête des morts entourée de deux cornes, référence à Pluton, dieu des enfers.

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L'univers développé dans ce manga n'est pas sans rapeller Blade runner avec l'enquête et la lutte entre des cyborgs et les hommes. Un IA en forme d'ours, des implants de robots effacés quant à eux font écho à d'autres nouvelles de P. K. Dick. La loi empêchant les robots de tuer des humains renvoie aux lois de la robotique d'Asimov. Urasawa a créé un monde riche, entrant en résonance avec la littérature d'anticipation mais aussi avec d'autres mangas : certains combats rappellent le genre du mécha. On est admiratif devant l'intrigue complexe se déroulant dans

Pl. 1 : PLUTO © by Naoki URASAWA / Studio Nuts, Osamu TEZUKA, Takashi NAGASAKI, Tezuka Productions

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différents pays - dont le trait est magnifique comme la ville en pleine page dans les planches 1 et 2, volume 6 - et gravitant autour de différents personnages, dont des robots extrêment attachants par leur humanité. Les dessins, exceptés les paysages, sont plutôt sobres et les pages sont organisées de manière très rigides, multipliant des cases  montrant des gros plans de visages (planche 3, volume 8). Les machines ont-elles une âme ? Les hommes et les robots peuvent-ils cohabiter ?

Pl. 2 : PLUTO © by Naoki URASAWA / Studio Nuts, Osamu TEZUKA, Takashi NAGASAKI, Tezuka Productions

"Les scientifiques comme nous... n'ont-ils aucune limite à respecter dans leurs recherches... ?, demande Tenma le créateur d'Astro (p. 55, volume 8). A un autre niveau de lecture, cette BD japonaise s'interroge sur l'origine du mal et du bien. Les deux derniers tomes se dispersent et sont mélodramatiques à souhait mais ce seinen est vraiment à dévorer...

Urasawa et Nagazaki, Pluto, (8 volumes, série terminée), Big Kana, Italie.

* Genette, Palimpsestes, Points essais, Saint-Amand, novembre 1982, 574 p.

Sur le web : Brethes Romain, "Naoki Urasawa, dieu du manga", Le point pop, mis en ligne le 23 janvier 2018. URL : https://www.lepoint.fr/pop-culture/bandes-dessinees/naoki-urasawa-dieu-du-manga-20-01-2018-2188312_2922.php

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Pl. 3 : PLUTO © by Naoki URASAWA / Studio Nuts, Osamu TEZUKA, Takashi NAGASAKI, Tezuka Productions

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29 juillet 2019

Démokratia (volume 1) de Motoro Mase : ISSN 2607-0006

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© Kazé - 2017

L'une des branches exploitées par la SF est le questionnement sur les intelligences artificielles, les robots. Démokratia interroge aussi un système politique : la majorité a-t-elle toujours raison ? Voter en groupe permet-il de trouver la meilleure solution ? En effet, dans ce seinen de Motoro Mase, deux ingénieurs, Igumi et Taku, décident secrètement de créer une intelligence artificielle qui aurait pour but d'atteindre la perfection en réalisant les décisions de plus de 3000 participants. Ces derniers ont le même champ de vision que Mai, le robot dont ils ont les commandes. Evidemment, plusieurs règles sont imposées : aucun participant ne doit rencontrer la machine, ni savoir où elle est. C'est pourquoi ses phrases et les visages qu'elle perçoit sont cryptés. Si un des participants n'est pas régulier, il sera immédiatement remplacé par une autre personne, etc...

Suivre la majorité est-ce juste ? Pour palier à ce défaut, l'ingénieur inscrit parmi les choix deux opinions minoritaires : "Je sais bien que les opinions minoritaires n'ont que très peu de chance d'être suivies... Mais après tout, l'homme n'est jamais à l'abri d'un éclair de génie ! Il s'agit de laisser une chance aux voix différentes de s'exprimer". Notre androïde va-t-il devenir un modèle à suivre en étant la somme des connaissances de 3000 personnes aléatoirement choisies ? De minuscules détails créent un sentiment de malaise. Si vous connaissez la série Black mirror, on se croirait plongé dans le même type d'univers dans lequel  l'angoisse est diffuse.

Ce premier tome pose longuement les bases du programme démokratia. Nous faisons aussi connaissance avec l'androïde, qu'il est impossible de différencier avec un humain ce qui lui permet de rentrer en interaction avec des gens. On suit aussi plus particulièrement trois participants, dont les vies personnelles - qui sont souvent d'une grande noiceur - influent sur les décisions qu'ils font prendre à Mai. Cependant si l'exposition est très longue, dès ce premier opus, un drame survient : Mai rencontre un désaxé. Que choisiront de faire les participants du programme Démokratia ? Qui sera responsable de ses actions ?

A travers des dessins dont le trait est plutôt réaliste, sauf pour l'androïde et le psychopathe, mais surchargé de détails (planche 1), le mangaka arrive à nous donner envie de poursuivre l'histoire alors même qu'il n'y a pas de personnages principaux. Justement, les cadrages subjectifs permettent une meilleure identification aux participants. Les choix pour représenter les discussions entre participants virtuels varient, évitant l'ennui. Surtout, on est curieux de savoir à quoi va aboutir le questionnement sur cette expérience dont la violence est sous-jacente. Sous un postulat en apparence simpliste, à savoir la majorité a-t-elle raison, Motoro Mase l'a renrichi de plusieurs données (la cyberculture, l'anonymat et la responsabilité des utilisateurs des réseaux sociaux...) qui incite à lire la suite de cette série.

Mase Motoro, Démokratia, volume 1 ( 5 volumes, série terminée), Kaze, février 2017, 198 p.

LC avec A girl from earth

Sur le web : minisites Kazé

ob_66837a_055-bPl. 1 Démokratia de Motoro Mase © Kazé - 2017

2 juillet 2019

Dédale 1 et 2 de Takachimi : ISSN 2607-0006

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©Takachimi

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Illustration 1 : Dédale ©Takachimi

En 2009, Sword art online lançait la mode des joueurs de jeux vidéos prisonniers d'un monde virtuel. Voici deux héroïnes prises dans le même type de piège numérique. Etudiantes, tout oppose les deux personnages principaux : Yôko (illustration 1 ci-dessus) a un physique ingrat mais elle est rationnelle alors que Reika a un physique avantageux mais elle est complètement inadaptée à la vie réelle. Son métier consiste à trouver les bugs dans la conception des jeux : pour elle, les "bugs", c'est la beauté", " la porte vers des mondes inconnus dont personne, pas même le concepteur du jeu ne saurait imaginer l'étendue" (p. 6).

Ce manga, un seinen, commence alors que Reika et Yôko déambulent dans un monde familier mais étrangement agencé. Persuadées d'être dans un jeu vidéo, elles imaginent trois solutions pour sortir de ce lieu : 1 . "Trouver un moyen de prendre contact avec l'extérieur

2. Tout casser pour sortir de ce dédale de force.

3. "Rester ici et devenir la maîtresse des lieux". (p. 19)

Evidemment, ces deux personnages au caractère complètement opposé créent un duo comique. Reika s'amuse et emploie ses talents de gameuse pour trouver les clés de cet univers alors que Yôko ne rêve que de s'en échapper pour aller retrouver son conpagnon. Mais le jeu va bientôt se transformer en survival avec la rencontre de monstres.

A ce concept déjà vu dans Tron : L'héritage de Kosinski ( 2010), Ready player one de Spielberg ( 2018), Edge of tomorrow de Doug Liman (2014), le mangaka mêle plusieurs influences comme la science-fiction, les jeux vidéos avec les items, les peintures d'Escher (Planche 1, ci-dessous) ou des monstres comme pac man ou d'autres plus lovecraftiens pour créer un univers insensé. D'ailleurs une grande place est donnée aux arrières-plans, aux décors.

"Tu ne sers à rien dans la vraie vie, mais dans ce genre de situation t'es carrément au top !", déclare Yôko à Reika ou " La quête principale, le véritable but, c'est de trouver les failles du décor pour partir à la découverte d'une infinité de chemins ! Le concept est révolutionnaire" (p. 86) : Takachimi fait l'éloge des mondes virtuels tout en les commentant et en nous entraînant dans un univers toujours plus surprenant et renversant. Deux choix s'ouvrent devant vous ? Alors choisissez le troisième ! Il parle aussi de l'amitié et des rapports des gamers à la réalité augmentée, sujet éminemment contemporain. Visuellement très inventif, l'univers de Dédale fait aussi l'éloge de l'imagination, de tout ce qui va à l'encontre des concepts préétablis. Deux opus à découvrir !

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Pl. 1 : Dédale © Takachimi

Takachimi, Dédale, Ed. Doki Doki, 2 volumes, Italie, 2016, 244 p.

Tron : L'héritage de Kosinski, Netflix, 2010, 2h avec Jeff Bridges, Garrett Hedlund, Olivia Wilde

Edge of tomorow, de Doug Liman, Netflix, 2h, 2014, avec Tom Cruise, Emily Blunt

Sword art online de Reki Kawahara et Tomohiko Ito, Netflix, anime saisons 1 et 2

Sur le web : A girl from eart,

Jarno Stéphane, "Dédale de Takachimi", Télérama, mis en ligne le 16 août 2017. URL : https://www.telerama.fr/livres/dedale,147894.php

12 juin 2019

Gunnm, volume 1 : Un ange de rouille (édition orginale) de Yukito Kishiro : ISSN 2607-0006

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GUNNM ©Glénat 2019 Kishiro

 Vous n'avez jamais lu de manga ? Vous pouvez faire l'amusant et superficiel test proposé par Le monde pour trouver celui qui vous convient ou simplement choisir un manga culte comme Gunnm, paru de 1990 à 1995, adapté en 2019, sous le titre d'Alita : Battle Angel par Robert Rodriguez.

Le tome 1 de Gunnm (l'édition originale), manga de science-fiction, un seinen, nous fait pénétrer dans l'univers du cybernéticien Ido : il vit sur terre, devenue la décharge de Zalem, une ville flottante ( illustration 1). En recherchant des pièces détachées pour réparer des cyborgs, des androïdes et des robots, il découvre un cyborg féminin amnésique dont le buste est en parfait état. Il décide de la réparer et de la prénommer Gally. Assez vite cette dernière découvre qu'Ido est aussi chasseur de prime, tuant les criminels, remplaçant ainsi une police qui a déserté les lieux. Gally décide elle  aussi de devenir une " hunter-warrior" lorsqu'elle sauve la vie d'Ido en utilisant naturellement le panzerkunst, une technique d'art martial très aboutie venue de Mars. Après avoir eu le corps détruit dans un combat contre un redoutable cyborg Makaku, Ido répare le corps de Gally en lui donnant celui d'un Berserker - en référence à la mythologie nordique.

Ainsi résumé, Gunnm 1 ne semble qu'une succession de combats et pourtant, ce manga arrive à créer intelligemment un univers cyberpunk avec une vision pessimiste du futur de la terre qui interroge les utilisations des intelligences artificielles. Kuzutetsu, la ville décharge, fourmille de détails et de lieux qu'on découvre avec curiosité, grâce à des dessins aux traits fins et aux arrières-plans souvent grisés ou blancs, permettant une meilleure compréhension des images. Le mangaka déploie tout un univers construit de manière cohérente mais qui mêle plusieurs mythologies et références culturelles.

La violence omniprésente - corps désarticulés, cyborg mangeur de cercelles, hectolitres de sang - dans ce manga n'est pas gratuite (planches 2 et 3). Elle est toujours motivée de manière psychologique : si Ido travaille comme chasseur de prime par " goût du sang", d'autres comme Gally, veulent défendre les innocents. La brutalité des personnages est celle aussi du monde dans lequel chacun tente de survivre.

Si l'on continue à lire cette histoire malgré la déchaînement de violence, c'est ausi pour ses personnages attachants avec Ido, qui ne manque pas d'humour, qui se conduit comme un père attentif et (très) compréhensif pour sa fille cybernétisée, qui ressemble d'abord à une adolescente révoltée mais qui évolue bien vite vers une jeune femme aux choix éthiques personnels. Dans sa quête d'identité, Gally se montre beaucoup plus humaine que bien des humains. Après avoir lu ce premier tome, on est évidemment tenté de découvrir la suite des aventures de cette héroïne iconique courageuse et audacieuse.

 Kishiro Yukito, Gunnm, volume 1 : Un ange de rouille, ( 9 volumes, série terminée) Glénat, Italie, mars 2019, 224 p.

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Illustration 1 : GUNNM © Glénat 2019 Kishiro

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Pl 2 et 3 : GUNNM © Glénat 2019 Kishiro

Sur le web : Paquot Valentin, "Le petit lexique indispensable du manga", Le figaro, mis en ligne le 1 janvier 2017. URL : http://www.lefigaro.fr/bd/2017/01/01/03014-20170101ARTFIG00008-le-petit-lexique-indispensable-du-manga.php

Croquet Pauline, "Du Japon à Hollywood : "Gunnm" le manga cyberpunk culte", Le monde, mis en ligne. URL : https://www.lemonde.fr/pixels/visuel/2016/10/19/du-japon-a-hollywood-gunnm-le-manga-cyberpunk-culte_5016474_4408996.html

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