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1001 classiques

6 mars 2011

Emma adapté par Diarmuid Lawrence et par Mc Grath : ISSN 2607-0006

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Emma, l'"héroïne" de Jane Austen, est une jeune fille orgueilleuse et romanesque qui se plaît à marier ses amies : elle va jeter son dévolu sur Miss Harriet, dont les origines sont obscures, et chercher à la marier tout à tour à  tous les jeunes hommes célibataires de Highbury, tels que Mr Elton, Mr churchill...

"Emma l'entremetteuse" (Mc Grath) :

Certes, le film est fidèle au roman de Jane Austen, reprenant de nombreuses scènes et conversations du livre. Mais Emma est bien mal incarnée par G. Paltrow : celle-ci est incapable d'avoir un visage naturel et est aussi expressive qu'une actrice de film muet : son visage est mobile et grimaçant d'un bout à l'autre de l'histoire. La joliesse de la reconstitution ne fait pas oublier son jeu excessif. Un film assez lisse et classique où l'on s'ennuie un peu...

"Emma la romanesque" (D. Lawrence) :

La version BBC est tout aussi impeccable au niveau de la reconstitution avec d'ailleurs un déjeuner victorien en plein air spectaculaire. L'intérêt de cette version est de mettre en avant le côté romanesque de notre héroïne. Entremêlées à l'intrigue, surgissent brusquement des visions sentimentales de notre héroïne. Si on lui apprend que Miss Jane Fairfax a été sauvée par Mr Dixon, d'une noyade, aussitôt notre héroïne de s'imaginer une idylle naissante entre eux : parmi les vagues houleuses d'une tempête déchaînée, on voit Jane Fairfax, dans une position inconfortable et dangereuse, souriant à son sauveur ! Miss Harriet se fait agresser par des petits bohémiens. Mr Frank Churchill, arrivant à point nommé, réussit à la sauver de cette situation gênante : bien sûr, à l'instant même où on lui fait le récit de ce sauvetage, Emma imagine un mariage entre eux avec toute une imagerie sentimentale : Mr churchill arrivant sur un cheval et emportant Miss Harriet vers des jours heureux ! Toutes ses rêveries, représentées d'une manière mièvres, rendent cocasses les illusions de notre héroïne. Si le personnage d'Emma est réussie, les caricatures le sont aussi : Mrs Bates apparaît plus bavarde et ennuyeuse que jamais, Mr Woodhouse plus somnolent et égoïste... quant à Mrs Elton, elle incarne le comble du ridicule.  Les amusantes représentation des rêves d'Emma rendent ce film plus comique et attrayant que le livre...

Emma, adapté par Diarmud Lawrence, 1996, 104 min, avec Kate Beckinsale.

Emma adapté par Mc Grath, avec Gwylneth Paltrow, 1999.

Challenge "Un an de passion avec Jane Austen", d'Ellcrys

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6 mars 2011

Emma de Jane Austen : ISSN 2607-0006

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Cinquième roman de Jane Austen ( biographie Larousse Alalettre.com), Emma décrit une héroïne très différente de celles des oeuvres précédentes. Loin de la pétillante Elizabeth Bennet ou de la timide Fanny de Manfield Park, elle est une jeune fille vaniteuse et manipulatrice, flattée par tous, sauf Mr Knightley qui n'est pas dupe. N'ayant ni le goût de la lecture, ni celui de persévérer dans quels que domaines que ce soit, elle s'amuse à créer des unions dans son entourage, n'ayant elle-même aucune envie de se marier...

L'intrigue du mariage se dilue dans les conversations et les portraits secondaires qui révèlent l'importance du paraître et de l'être lié au niveau social. Parmi eux, on trouve l'insignifiante Harriet, l'autoritaire Mrs Churchill, l'ambitieux Mr Elton. En parlant de Mr Martin, un fermier, Emma déclare : " ces gens-là font partie de la classe avec laquelle je n'ai rien à faire". Jamais les contraintes sociales n'ont eu autant d'importance que dans ce roman-ci, ce qui  provoque bien des désillusions pour nos différents personnages. Peut-on parler de caricature ? Certainement, les défauts des personnages sont amplifiés, il suffit de se pencher sur le chapitre XXXVI, véritable scène de comédie : Mr Weston parle de son fils tandis que Mrs Elton parle de sa suffisance : jamais leur violon ne s'accorde, chacun ne parlant à l'autre que pour mieux se vanter.

Cependant, ce roman est parfois bavard. Les conversations oiseuses semblent interminables : est-il important de manger de la bouillie le soir ? Saler le jambon est-il la meilleure façon de manger cette viande ? Mais patience, lecteurs, le dénouement rapide compense ces longueurs, de même que l'importance de la dimension romanesque. Et c'est là que le roman prend vraiment une dimension intéressante : le romanesque et les rêveries qui sont surtout le fait d'Emma, mais les autres personnages ne sont pas épargnés, permettent de révéler les défauts des personnages mais aussi de montrer le décalage entre le réel et les romans. Emma, souvent appelée "héroïne" est comique tant sa vision du monde est éloignée de la réalité : "cette aventure était véritablement passionnante... Un beau jeune homme [ Frank Churchill] et une ravissante jeune fille [Harriet Smith] entraînée dans une histoire pareille, cela ne pouvait manquer de faire naître certaines idées dans le coeur le plus froid ou le cerveau le plus solide, d'après Emma du moins"? Hélas ! Emma s'illusionne complètement sur un éventuel mariage entre ces deux êtres : le roman démontrera exactement l'inverse... La cascade finale de mariages heureux fait-elle de Jane Austen, une romancière romantique ? Certainement pas ! Avec cette Don Quichotte au féminin, Jane Austen semble dénoncer les dangers du romanesque, notamment des romans sentiments, lorsqu'il déborde du cadre de la fiction.

 Austen, Emma, 10/18, 574 p.

Autres romans : Mansfield Park, Orgueil et préjugés, Lady Susan, Northanger abbaye

challenge "un an de passion avec Jane Austen", d'Ellcrys

Lecture commune avec George, Lili galipette, Anne, Jules , hilde, ...

3 mars 2011

Le discours d'un roi de Tom Hooper : ISSN 2607-0006

Bande-annonce : Le Discours d'un Roi VF

Quatre Oscars, récompensant le meilleur film, le meilleur acteur pour Le discours d'un roi, signifie-t-il que c'est un chef d'oeuvre ? Tom hooper filme la vie de George VI, au moment de son accession au trône : son frère, Edward VIII, abdique pour épouser une divorcée américaine, Wallis Simpson. Mais George VI est bègue.  A la veille d'un des conflits politiques majeurs du XXeme siècle, le roi est chargé d'un discours, va-t-il surmonter son handicap ? comment guérir ?

Ces séances de thérapie avec l'orthophoniste, Lionel logue, un acteur qui n'a pas fait carrière, lui permet de se libérer et de lui confier sa malheureuse enfance. Cette relation en dit long sur le protocole et sur le caractère du roi, homme colérique et emporté. Rien n'est embelli, on nous livre un portrait sans fard auquel est ajoutée une touche d'humour, par le biais de ce thérapeute original et extravagant.

A sujet royal, la vie d'un illustre représentant de la maison des Windsor, décors somptueux. La restitution de l'époque, l'Angleterre des années 30 est parfaite. Firth Colin incarne magistralement et avec beaucoup de justesse la souffrance de ce roi. Mais, finalement, ce film n'arrive pas à dépasser le genre du biopic. Alors qu'il est fait référence à la radio comme d'un outil de propagande pour certains, ou au rôle de George VI dans la lutte contre le fascisme, cette dimension politique est occultée. ll est très peu question au final, de l'aspect historique, l'intrigue étant centrée sur la personnalité du roi et sur sa parole. La faiblesse de ce film, aux acteurs impeccables, est d'être trop mélodramatique et pas assez historique : la lutte idéologique et politique se réduit peu à peu à une peau de chagrin, donnant ainsi à ce beau film, une touche lénifiante.

Le discours d'un roi, Tom Hooper; 2011, avec Helena Bonham Carter, Firth Colin, 1h58

Avis de Céline, Lou, Dasola...

 

2 mars 2011

Black Swan d'Aronofsky : ISSN 2607-0006

BLACK SWAN | Official Trailer | FOX Searchlight

Le lac des cygnes est l'histoire d'une jeune fille, transformée en cygne par le magicien Von Rothbart, qui ne pourra reprendre sa forme humaine que si elle rencontre le vrai amour. Au moment où le prince Siegfried lui déclare son amour, un bal a lieu où sa rivale, la fille de Von Rothbart, va prendre son apparence pour séduire le prince. Ce dernier trompé par cette illusion va épouser ce "cygne noir". Lorsqu'il s'aperçoit de sa méprise, il est trop tard, la jeune fille, folle de désespoir, se suicide. C'est Nina, une ballerine de la New-York city ballet, qui va incarner la reine des cygnes. "je veux être parfaite", déclare Nina qui malheureusement, dans sa perfection et sa technicité n'arrive pas à incarner la sensualité du cygne noir.

Débute pour Nina une lutte contre elle-même pour atteindre cet idéal : incarner les deux cygnes. Surprotégée par une mère possessive, subissant la pression de Thomas Leroy le directeur artistique de la troupe et de la rivalité d'une autre ballerine, Nina sombre peu à peu dans la souffrance et la paranoïa. Natalie Portman est époustouflante et spectaculaire dans ce rôle de danseuse dévouée à son métier. Et c'est là que le bat blesse : si artistiquement, la représentation du travail de danseuse est impeccable, avec des magnifiques scènes gracieuses, les troubles du personnages s'incarnent dans des images dérangeantes. 

Musique récurrente, thème du double, le film joue aussi sur les codes du genre de l'épouvante  mais avec excès. L'histoire commence avec un rêve mais finit dans un cauchemar car chacun sait que la perfection n'est pas de ce monde. Abordant la question du passage de l'âge lié aux exigences d'un métier, de la question du dépassement de soi, ce film est une réussite, sur fond de musique de Tchaïkovsky mais qui pèche par une surenchères d'images sordides.

Aronofsky, Black Swan, 1h50, avec Natalie Portman, Vincent Cassel, 2011.

Les avis de Choupynette et Dasola.

1 mars 2011

Oeil du serpent d'Oates : ISSN 2607-0006

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 Même en s'éloignant de récits de faits divers comme En eaux troubles ou des descriptions des milieux sociaux comme dans Délicieuses pourritures, on retrouve une atmosphère malsaine, que maîtrise parfaitement J. C. Oates, qui explore les pans inavouables de la psyché des hommes, dans son thriller psychologique Oeil de serpent. "Lee Roy Sears est-il, oui ou non, un meurtrier ?", demanda Geena O'Meara, femme de l'avocat Michael qui doit défendre ce dernier surnommé "Oeil de serpent". Ancien combattant du Vietnam, cet homme indigent et de surcroit aux origines indiennes pourra-il s'en sortir ? Michael, homme intègre et militant contre la peine de mort, réussit à faire commuer la peine de mort de Lee Roy en condamnation à vie. Sept ans plus tard, grâce à sa bonne conduite et à son travail d'art-thérapie, Lee Roy est libéré et va travailler dans le Connecticut, là où habite la famille O'Meara. Là Michael vit paisiblement avec sa femme et ses jumeaux. Mais le rêve américain qu'ils incarnent va être troublée par Lee Roy.

Dans ce roman policier, comme dans tous ses romans, J. C. Oates regarde l'envers du rêve américain. Michael représente justement l'américain type qui a réussi sa "vie très américaine et sans histoire" (p. 22), malgré un sentiment de culpabilité qui le ronge. L'auteur décrit longuement ce modèle familial, peut-être un peu trop longuement, mais n'est-ce pas pour mettre en valeur la descente vertigineuse et soudaine vers une réalité cauchemardesque ?

Michael, travaillant comme avocat pour la firme Pearce, une industrie pharmaceutique, est confronté à de nombreux cas juridiques liés à des maladies psychologiques et aux réactions aux médicaments : Les problèmes psychologiques, l'inconscient ainsi que la place des fantasmes dans chaque individu permettent à l'auteur de développer tous les aspects sombres et obsessionnels de l'homme. D'ailleurs le lecteur ayant accès aux pensées de Lee Roy pressent et redoute de terribles événements. Ce roman policier atypique, sans enquête traditionnelle mais montrant plutôt la naissance d'un monstre, est efficace et est agréable à lire, même si  des longueurs et une deuxième intrigue sur la gémellité semble interférer inutilement avec l'intrigue principale.

Oates, Oeil du serpent, Archi poche, 369 p.

Merci à BOB et à Archi poche pour ce partenariat.

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28 février 2011

jeu concours Maigret

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 JEU-CONCOURS MAIGRET

livre_poche_logoEn partenariat avec le livre de poche, je vous propose de gagner 3 livres de Simenon, en répondant aux questions suivantes :

 

1) Où est né Simenon ? Liège

2) Quel est le premier métier de Simenon ? Journaliste

3 ) Dans quel pays, l'auteur passa-t-il dix ans de sa vie de 1945 à 1955 ? Etats-Unis

4) Dans quel roman Maigret apparaît-il pour la première fois ? Train de nuit

Un tirage au sort désignera les 3 gagnants. Vous avez jusqu'au 8 mars pour répondre aux questions.

Laissez vos réponses dans "contact" et bonne chance à tous !

FINALEMENT GRACE A LA GENEROSITE DE LIVRE DE POCHE, 5 LIVRES SONT OFFERTS.
LES GAGNANTES SONT : TITINE, BENEDICTE, LILIBOOK

CALYPSO ET OCEANE.

veuillez m'envoyer vos adresses par le biais de contact.

Merci d'avoir participé à ce jeu. Et merci à livre de poche !

28 février 2011

Premières enquêtes de Simenon : ISSN 2607-0006

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Les aventures de Maigret sont nombreuses : dans cette dernière parution du livre de poche, Premières enquêtes, sont rassemblés deux romans particuliers, l'un parce qu'il raconte la première enquête de Maigret alors qu'il n'a que 26 ans (publié en 1949) tandis que l'autre est le premier roman publié sous le nom véritable de Simenon, en 1931 .
Pietr le letton : Un escroc d'envergure internationale, Pietr le Letton, est attendu à Paris. Dans ce train, un homme est tué qui ressemble à s'y méprendre à Pietr le Letton. pourtant Maigret voit ce dernier sortir du train et rejoindre un homme d'affaire américain. Qui est l'homme mort dans le train ? Maigret va suivre Pietr le Letton découvrant des aspects surprenants de sa personnalité, se comportant tantôt comme un dandy, tantôt comme un mendiant... Mais qui est-il réellement ?
La première enquête de Maigret. Secrétaire du commissaire Bret, appartenant au beau monde, Maigret mène sa première enquête aidé par un musicien, témoin d'un meurtre. De quel meurtre d'agit-il ? Le musicien aurait entendu des coups de feu dans un riche hôtel privé parisien. Mais dans le milieu mondain, on n'aime pas les scandales et la condition sociale de Maigret l'empêche d'enquêter ouvertement sur la riche famille Balthazar. Une enquête difficile commence...

Reconnaissable par ses éléments traditionnels, comme l'ambiance pluvieuse, la description de la routine et du quotidien, Simenon se démarque du Whodunit traditionnel en laissant de côté les indices et en étudiant " l'homme souterrain, celui qui se dissimule sous la façade sociale"*. Ces deux romans sont plus surchargés et plus rocambolesques que les autres enquêtes simenoniennes : surcharge de meurtres, beaucoup de personnages et de lieux. On constate que Simenon va vers une simplification des enquêtes et vers une épuration de son style.

Mais quel est l'intérêt de découvrir ces nouvelles enquêtes de Maigret ? Dans ces deux romans, toute l'originalité du commissaire Maigret apparaît : dès l'enquête sur Pietr Le letton, il ne cherche pas à faire la justice ou à débusquer le mal mais on perçoit ce futur Maigret qui s'interroge sur les hommes : la fin de l'enquête est aussi atypique que dans L'Affaire Saint-Fiacre. Dans La première enquête de Maigret, on découvre ce personnage  faisant ses preuves, dans un cadre où la dimension sociale est très présente. Deux enquêtes pleines de rebondissements permettant de découvrir les débuts du plus célèbre commissaire du Quai des Orfèvres.

Simenon, Premières enquêtes, Livre de Poche, 381 p.

* J. Dubois, Les romanciers du réel, De Balzac à Simenon, Points essai, pp. 314-330.

Merci à Livre de poche pour ce partenariat.

Challenge Maigret organisé par peuple du soleil

27 février 2011

La vie immortelle d'Henrietta Lacks de Rebecca Skloot : ISSN 2607-0006

9782702141748-T

Des milliers d'heures d'interviews, des proches, de la famille Lacks, des recherches d'archives permettent à R. Skloot, journaliste scientifique de retracer le destin extraordinaire de H. Lacks. Mais qui est cette femme ? Peut-être la connaissez-vous sous le nom de HeLa, code de cellules qui ont permis une percée très importante dans le domaine médical comme le séquençage génétique, la fécondation in vitro ? Au-delà de l'aspect scientifique, qui se cache derrière ces cellules ? Tout en décrivant son enquête journalistique dans les années 1990, elle reconstitue la vie d'Henrietta Lacks, dans les années 50 à Baltimore, en période de ségrégation raciale.

Comment ce projet lui est venu ? " Il y a sur le mur, la photo d'une femme que je n'ai jamais rencontré . Le coin gauche est déchiré et recollé au ruban adhésif. Arborant un tailleurs impeccablement repassé, elle regarde droit dans l'objectif et sourit, les mains sur les hanches, les lèvres peintes en rouge vif. Nous sommes à la fin des années quarante et elle n'a pas encore trente ans. Sa peau brun clair et lisse, ses yeux encore jeunes et espiègles, semblent se rire de la tumeur, qui privera ses cinq enfants de leur mère, et bouleversera à jamais le cour de la médecine. Sous la photo une légende indique Henrietta Laks, Helen Lane, Helen Larson". C'est donc une photo anonyme, vu à 16 ans dans un cours de sciences, qui amène l'auteur à s'interroger sur la famille Lacks et à se pencher sur divers problèmes éthiques et sociaux.

Si ces cellules ont permis de grandes découvertes scientifiques, elles sont aussi à la base d'un questionnement moral : pourquoi la famille Lacks n'a eu connaissance de la culture cellulaire qu'en 1973 alors qu'elles étaient étudiées depuis 1951 ? Pourquoi cette famille n'a pas les moyens de payer des frais médicaux alors que la commercialisation des Hela est devenue une industrie qui brasse des millions ? Ce récit soulève aussi des questions d'éthique. D'ailleurs l'histoire des sciences est évoquée avec ses tâtonnements, et ses dérives comme les travaux de l'eugéniste Carrel et le procès Nuremberg. Est-ce que les médecins ont enfreint la loi en prélevant des cellules d'Henrietta sans le consentement de sa famille ?

Parallèlement à l'avancée des recherches scientifiques, Rebecca Skloot, en hommage à cette femme inconnue et oubliée qui a contribué au bien-être de l'humanité, nous trace son portrait tout en narrant ses démarches journalistiques et ses difficultés. Il lui aura fallu dix ans pour écrire ce livre ! Cette enquête passionnante et instructive, qui aborde des thèmes aussi variés que la question des lois raciales, de l'éthique, de la science est aussi un bel hommage à Henrietta Lacks.

Skloot, La vie immortelle d'Henrietta Lacks, Calmann-levy, 431p.

Merci à BOB et aux éditions Calmann-levy pour ce partenariat

21 février 2011

Le moine de Lewis : ISSN 2607-0006

Lewis-Le-Moine

"Il me semble, ô livre vain et sans jugement ! que je te vois lancer un regard de désir là où les réputations s'acquièrent et se perdent dans la fameuse rue appelée Paternoster. furieux que ta précieuse olla-podrida soit ensevelie dans un portefeuille oublié, tu dédaignes la serrure et la clef prudente, et tu aspires à te voir, bien relié et doré, figurer dans les vitrines de Stockdale, de Hookham, ou de Debrett". Par une adresse, à son livre, humoristique, Lewis nous fait parvenir Le moine, véritable bréviaire de la littérature gothique. Mais qui est ce moine ?

Le moine de Lewis est une oeuvre flamboyante, à tel point, qu'Artaud disait : "Je continuerai à tenir pour une oeuvre essentielle Le moine qui bouscule cette réalité à pleins bras, qui traîne devant moi des sorciers, des apparitions et des larves, avec le naturel le plus parfait, et qui fait enfin du surnaturel une réalité comme les autres". A Madrid, accompagnée de sa laide tante Leonella, Antonia fait la rencontre de Lorenzo qui va vite tomber sous son charme et elle va entendre parler, pour la première fois, d'Ambrosio, le moine qui fascine tout le monde par sa vertu. Antonia vient voir son oncle le marquis de Las Cisternas car sans ressource et avec une mère gravement malade, elle cherche la protection de ce parent éloigné. A  partir de cette histoire, une myriade de récits fantastiques pleine d'hallucinations, de fantômes, de revenants, de prédictions tourbillonnent vertigineusement. Une deuxième intrigue commence : Agnès, religieuse du couvent et soeur de Lorenzo, entretient une relation secrète avec le marquis. Vont-ils pouvoir s'aimer tendrement ? Lorenzo pourra-t-il demander en mariage l'innocente Antonia ? Le moine va-t-il rester vertueux ?

"A ceux qui osent, rien n'est impossible"

Diverses histoires mises en abîme de passions punies donnent vie à des thèmes, repris plus tard dans la littérature fantastique, tels que l'histoire de la nonne sanglante ou celle du juif errant.

" Assis sur un fragment de roche, le calme  de ce spectacle m'inspirait des idées mélancoliques qui ne manquait pas de charme, le château que j'avais en pleine perspective, offrait un aspect imposant et pittoresque.Ses murs épais que la lumière de la lune teignait de la lueur mystérieuse ; ses vieilles tour à demi-ruinées, qui s'élevaient dans les nues et semblaient menacer les plaines d'alentours ; ses créneaux tapissées de lierres, et ses portes ouvertes en l'honneur de l'hôte fantastique, me pénétrait d'une triste et respectueuse horreur". Tous les topos de la littérature gothique, du château hanté, des femmes violentées dans des caves remplies de cadavres, au pacte avec le diable sont présents, formant avec excès une oeuvre gothique au carré. La suite d'exergues de Shakespeare  et la place des rêves, des hallucinations et des prémonitions induisent une vision onirique mais pleine de violence : l'illusion de la vie, sa fragilité révèlent la noirceur de l'âme des hommes et de son iniquité. Tout n'est qu'apparence et vanité : "Depuis qu'il [Ambrosio] avait perdu la réalité de la vertu, l'apparence semblait lui être devenue précieuse".

" De moment en moment, la passion du moine devenait plus ardente, et la terreur d'Antonia plus intense. Elle lutta pour se dégager ; ses efforts furent sans succès et, voyant Ambrosio s'enhardir de plus en plus, elle appela au secours à grands cris. L'aspect du caveau, la pâle lueur de la lune, et les objets funèbres que ses yeux rencontraient de toute part, étaient peu faits pour lui inspirer les sentiments qui agitaient le prieur ; ses caresses même l'éprouvaient par leur fureur : cet effroi, au contraire, cette répugnance manifeste, cette résistance incessante, ne faisaient qu'enflammer les désirs du moine, et prêter de nouvelles forces à sa brutalité". Remarquable par sa littéralité, les références à la littérature, que ce soit la Bible ou des légendes "le roi des eaux" croisent le destin des hommes et côtoient le paroxysme des atrocités, des sentiments, des passions : excessivement onirique, Le moine est un magnifique et frénétique palimpseste de la littérature gothique.

 Lewis, Le moine, Babel, 480 p.

Lecture commune avec céline et sabbio

14 février 2011

To be or not to be de Lubitsch : ISSN 2607-0006

TO BE OR NOT TO BE - Bande-annonce VOST

Né dans une famille juive, Lubitsch (biographie Larousse) fuit l'Allemagne en 1922 et réalise une oeuvre engagée To be or not be. Hitler dans les rues de Pologne, en 1939, avant même son invasion ? Quel est le secret de sa présence dans ce pays ? Pourquoi est-il seul ? Non, ce n'est pas Hitler mais un acteur. Il fait partie d'une troupe de comédiens, qui se retrouve mêlée à un sombre complot : Joseph Tura et sa femme Maria jouent Hamlet lorsque celle-ci rencontre un jeune aviateur qui démasque un espion à la solde des Allemands, le professeur Siletsky. Pour empêcher ce dernier de donner les noms de résistants polonais, la troupe décide de déjouer les plans de Siletsky en singeant la Gestapo. Plusieurs mises en scène leur permettent de duper les nazis et de lutter contre l'invasion allemande.

Caricature d'Hitler, satire du nazisme, Lubitsch en pleine période nazie n'hésite pas à stigmatiser la dictature allemande. Ridiculisant les troupes nazis ainsi que ses représentants, il dénonce avec cette oeuvre engagée la censure et les atrocités de la guerre.
Pourquoi cette référence à Shakespeare ? A côté de la critique politique, se noue un drame amoureux. Joseph Tura joue le rôle d'Hamlet mais à chaque fois qu'il prononce la célèbre réplique "to be or not to be", un homme se lève... Doutant tout d'abord de ses capacités de comédien, il s'aperçoit que ce nom de code cache une intrigue amoureuse dans laquelle sa femme est mêlée.

Quiproquo, caricature, le film enchaîne tous les ingrédients de la comédie mis au service d'une satire du nazisme. Cependant, cette oeuvre comporte ce que la critique a appelé la "Lubitsch touch" : le procédé du théâtre dans le film crée une illusion au service de la réalité. Le comique de farce, de répétition côtoie un scénario original et plein de finesse et Lubitsch manie des dialogues humoristiques comme une arme. Une très grande comédie...

to be or not to be, 1942, Lubitsch,
challenge Shakespeare, organisée par Claudia et maggie

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