Les misérables de V. Hugo : ISSN 2607-0006
Après Les mystères de Paris d'Eugène Sue, publié en 1842 sous forme de feuilleton, et avant les Rougon-Maquart de Zola, Hugo ( exposition virtuelle consacré à cet auteur sur le site de la BNF) a lui aussi écrit un grand roman sur le peuple où il crie son indignation devant la misère croissante du prolétariat. L'intrigue rocambolesque et pleine de rebondissements suscite la pité du lecteur, avec lequel l'auteur instaure un dialogue. Qui sont ces misérables ? "Je suis un misérable", s'écrit Jean Valjean qui a volé son bienfaiteur, le bon abbé de Digne. Fantine apparaît d'abord comme une Galatée avant de tomber dans la déchéance. "Les misérables", c'est aussi Fantine qui vend ses cheveux, ses dents puis son corps pour survivre. "Mais je serais un misérable !", dit Javert. "Misérables" signifie le pauvre mais aussi celui qui n'a pas de morale. Mais quel est le propos de l'auteur ?
Oeuvre utile, Les misérables est une œuvre engagée : Jean Valjean est comdamné à 20 ans de bagne pour avoir volé un pain pour nourrir une famille nombreuse : l'auteur s'insurge. Plaidoyer pour le peuple, Victor Hugo use d'une forme populaire, celle du roman-feuilleton - avec ses titres savoureux - bien qu'il ait été d'emblée publié en roman. Narrateur omniscient et omniprésent, il interpelle le lecteur. Le ton d'ailleurs est souvent sentencieux.
"Qui atteint son idéal ?" Œuvre somme, C'est aussi une œuvre bigarrée qui mêlent description, lettres, passages historiques, digression sociale, historique, procès.... Les références sont tout aussi hétéroclites : Honoré D'Urfé côtoie Manon Lescaut de Prévost, Socrate... Et le style est souvent grandiloquent et les métaphores pleuvent. A fresque épique, style épique, symbolique et hyperbolique. Cette écriture surchargée est parfois indigeste. Jean Valjean entre dans un couvent ? On nous raconte en détail l'histoire du couvent. Jean Valjean arrive dans le village de Montferreil, on nous en décrit la ville, etc... La vision de l'auteur est surtout manichéenne comme le souligne l'écriture antithétique. C'est une gigantesque fresque sociale et historique où le sublime côtoie l'abîme. Hugo est aussi un orateur. Ah ! L'auteur sait persuader en brossant le tableau de ces misérables.
"La conjonction de deux étoiles" : Mais ces misérables, c'est aussi une intrigue savamment construite où Jean Valjean est poursuivi de manière invraisemblable par l'ammoral Javert. Jean Valjean qui pour se racheter devient le père Madeleine, bienfaiteur de toute une ville puis le "père" Fauchelevent de la petite Cosette. Déguisement, nom d'emprunt, self made man, Jean valjean est un surhomme qui traverse des kilomètres d'égouts pour sauver Marius. C'est aussi l'histoire de Cosette et de Marius qui devront affronter les Thénardier et toute une bande d'affreux scélérats avant de trouver le bonheur. Mais comme le dit si bien l'auteur en pleine description des barricades de 1832, de plus de deux cents pages, "abrégeons". Les Misérables est un roman formidable étymologiquement parlant.
Hugo,Les misérables, t . I, Folio classique, p 945.
Hugo, Les misérables, t. II, Folio classique, p. 958 p.
Autres romans : Les travailleurs de la mer, Ruy Blas, Le Rhin, Lettres à un ami,