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1001 classiques
26 novembre 2016

Meurtre aux poissons rouges de Camilleri : ISSN 2607-0006

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Après Gangemi ( La revanche du petit juge) ou Vicchi ( Le commissaire Bordelli), j'ai eu envie de connaître un autre célèbre auteur de romans policiers italiens. J'ai donc jeté mon dévolu sur Camilleri. J'ai abandonné La première enquête de Montalbano à cause de la traduction : dès la première ligne, on peut lire " les deux hommes se tenaient alabrités" ? Puis, "enfin le circulaire survint, les deux hommes grimpèrent, il repartit" ( Un bus ? on comprend le sens mais je n'ai jamais vu " circulaire" employé dans ce sens là). Outre des erreurs grammaticales, je n'ai pas pu continuer ma lecture tant des phrases incompréhensibles m'irritaient : "Tu veux voir qu'il s'était pris quelques degrés de fièvre? " ?

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Reposant donc le livre, j'en ai saisi un deuxième (pas publié dans la même collection), écrit à deux mains. Et quel plaisir ! Quelle originalité ! Une collègue de Montalbano, personnage récurrent des romans de Camilleri, l'inspecteur Grazia Negro lui écrit pour lui demander son aide dans une affaire des plus étranges qu'on cherche à étouffer : un homme est retrouvé axphysié, chez lui, près de lui des énigmatiques poissons rouges et une chaussure en moins. Un roman policier épistolaire ! On découvre jointe à la lettre les déposition des témoins, procès-verbaux, rapport du légiste, des photographies...

La réponse de Salvo Montalbano ne tarde pas et réserve bien des surprises, de même que la suite de l'enquête, qui est des plus rocambolesques mais reste vraisemblable ! Grazia, menacée de mort, fait passer ses messages dans des tortellini et Salvo utilise des messages cryptés. Le tout ne manque pas d'humour avec notamment le personnage étourdi et distrait de Catarella ou le séducteur Mimi Augello. Une enquête pleine de rebondissements et dont le suspense est maintenu grâce à une intrigue qui se met en place comme un puzzle... Un enquête originale, étourdissante et drôle...

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Camilleri, La première enquête de Montalbano, fleuve noir, 340 p.

Camilleri et Lucarelli, Meurtre aux poissons rouges, 152 p.

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19 novembre 2016

Une femme/ la la honte d'Annie Ernaux : ISSN 2607-0006

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Comme dans La place, Une femme et La honte sont des récits autobiographiques. Dans Une femme, Annie Ernaux raconte la vie de sa mère, notamment sa maladie et sa mort. Encore un récit de soi français ? Encore une romancière qui s'épanche ? Non, ces deux courts récits ne sont pas un énième récit égocentrique, mais elle montre comment sa mère, issue d'un monde ouvrier a cherché à sortir de cette classe, en devenant commerçante. On découvre ses paroles, ses expressions, ses problèmes, ses liens avec sa fille.

Comme dans La place et contrairement à Rousseau qui se compare à Chérubin ou à un personnage picaresque, elle utilise volontairement "une écriture plate" sans fioriture. Outre, l'analyse anthropologique de la vie d'une femme dans la première moitié du XXeme siècle, la romancière mène une réflexion sur son écriture : pourquoi écrire ? Comment exprimer ses sentiments envers sa mère ? "Ce que j'espère écrire de plus juste se situe sans doute à la jointure du familial et du social, du mythe et de l'histoire[...] mais je souhaite rester, d'une certaine façon, au-dessous de la littérature". Annie Ernaux arrive avec beaucoup de justesse à nous décrire une relation complexe et touchante et l'étude sociale de la vie d'une femme du début du XXeme siècle, en Normandie.

Dans La honte, les mêmes caractéristiques d'écriture sont présentes que dans les deux romans précités : à cela s'ajoute de longues parenthèses, des réflexions sur l'écriture et sa fonction, et les récits de l'année 1952. Ce n'est plus toute une vie qu'on suit mais à partir d'un événement douloureux, l'auteur égrène les souvenirs et sa vie à cette époque. A partir des objets trouvés, elle évoque des épisodes familiaux comme un voyage à Lourdes ou la religion de sa mère... Les mots en italique ressuscitent toute une époque et un milieu. Annie Ernaux est bien "cette archiviste" dont elle parle dans Une femme : elle sait rendre vivante des époques entières. Un style à découvrir !

Annie Ernaux, Une femme, folio, 106 p.

Annie Ernaux, La honte, Folio, 142 p.

Annie Ernaux, La place,  folio, 114 p.

11 novembre 2016

Sept secondes pour devenir un aigle de Thomas Day : ISSN 2607-0006

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Sept secondes pour devenir un aigle est un recueil de SF plutôt surprenant étant donné que toutes les nouvelles ne me paraissent pas appartenir à ce genre. En effet, le premier court récit parle de la découverte de Mariposa par Magellan et fait cohabiter une intrigue politique et écologique, à la limite du fantastique. En outre, le récit repose sur différentes époques ( relation du récit de voyage de Magellan, la Deuxième guerre mondiale et les années 1950) et différents styles de langage, qui déçarsonnent le lecteur, sont assez éloignés de l'écriture de la littérature d'anticipation.

Ce sont des caractéristiques que l'on retrouve dans d'autres nouvelles. "Ethologie du tigre" (Un homme a cessé de se battre pour les derniers tigres du Cambogde) et "Sept secondes pour devenir un aigle" affirment nettement leur message écologique : dans un road-movie initiatique l'amenant jusqu'en Californie, un jeune indien, sorti par son père de sa réserve, apprend à ouvrir les yeux sur les dévastations industrielles ( "Garée sur le bas-côté de la route, l'Impala se trouvait au centre d'un paysage de désolation : une terre noire à perte de vue, hérissée de pompes à pétrole - celles, très cinématographiques, dont la partie sommitale, tournoyante, évoque les mécanismes de roues des vieux trains à vapeur. Une terre gorgée de pétrole, d'huile, de cambouis, de poussière métallique. Une lande morte, stérile, juste coupée en deux par la route à quatre voies").

En revanche, deux nouvelles s'inscrivent bien dans la littérature d'anticipation : "Tjukurpa" montre le choix d'un groupe de jeunes arborigènes choisissant de retrouver la nature primordiale, grâce à des rêves virtuelles et la dernière nouvelle "Lumière noire" nous laisse découvrir un monde dominé par une intelligence artificielle. Il est intéressant, parmi tous ce matériau composite et déroutant de voir des pistes de réflexion diversifiées, des choix d'action très différents d'un personnage à l'autre face un futur menacé. On n'a pas une vision aussi radicale et pessimiste que dans Soleil vert. on peut juste regretter l'irruption de moments violents et de mots crus qui détonnent par rapport à la narration globale.

Day, Sept secondes pour devenir un aigle, folio SF, 374 p.

Partenariat Folio

4 novembre 2016

les Assassins d'Ellory : ISSN 2607-0006

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Si tu regardes trop l'abîme, l'abîme regardera en toi" ( Nitzsche)

En 2006, à New York, une série de crimes copient d'anciens meurtriers en série comme ceux du Zodiaque, du marteau de Dieu... Pour traquer l'assassin, l'inspecteur Irving est aidé d'un rescapé d'un tueur en série, John Costello, documentaliste dans un journal le City Herald. Un copycat ? Une citation en exergue lue déjà mille fois ?

Mais le suspense est diabolique ! Malgré une écriture très éclectique à laquelle il faut s'adapter ( extraits de journaux, d'articles internet, alternance au départ des pensées de John puis les faits, la retranscription d'interrogatoires), on finit par être aussi nerveux qu'Irving : arrivera-t-il à arrêter le meurtrier qui semble insaisissable ? La quête semble désespérée car le meurtrier ne laisse aucun indice et se joue de la police en l'induisant en erreur... Mais quelle tension !

L'atmosphère très noire et opressante, l'écriture factuelle rend difficile à lâcher ce roman. A l'humanisme des deux personnages principaux s'opposent l'évocation de nombreux tueurs en série et de nombreux faits sordides autour de leurs crimes comme la recherche d'objets ayant appartenu aux criminelles. On nous décrit aussi le fonctionnement de la NYPD et de ses heurts avec le politique et le journalisme. Même si le sujet n'est pas particulièrement original, le questionnement sur le mal, sur la personnalité des tueurs, le réalisme de l'enquête et l'absence de facilité narrative nous font reposer ce livre qu'une fois la dernière page lue !

Ellory, Les assassins, Livre de poche, p.661

Merci aux éditions Livre de poche pour ce partenriat

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