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1001 classiques
11 février 2010

Les indiscrétions d'Hercule Poirot d'A. Christie : ISSN 2607-0006

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Rien de vaut un classique du genre... policier pour passer un agréable moment. A. Christie ( biographie ici), dans Les indiscrétions d'Hercule Poirot met en scène une intrigue assez traditionnelle : à la mort du riche Richard Abernethie, toute sa famille est présente pour l'enterrement. La cérémonie funèbre se déroule sans encombre jusqu'au moment où le notaire les rassemble pour la lecture du testament : à ce moment, Cora, la soeur de Richard, considérée comme une "simple d'esprit", sous-entend malencontreusement que son frère aurait pu être tué. Un assassinat ? Qui aurait pu commettre le meurtre sinon un membre de la famille qui hérite d'une fortune à sa mort ? Peu à peu, le doute s'immisce dans la tête du brave notaire qui décide de faire appel au célèbre Hercule Poirot.

On aime le monde désuet qu'A. Christie ressuscite : il y a toujours chez l'auteur, une nostalgie du siècle victorien. Ici elle peint la décadence d'une famille de bourgeois où la jeune génération est opposée à la vieille génération, toutefois, les convenances sont tenaces. Les Abernethie sont une famille comme aime à les décrire A. Christie, bigarrée, avec des hommes appartenant au monde de la finance, des acteurs et des femmes ayant faits des mauvais mariages (entendez, au-dessous de leur condition).

On aime le petit détective au crâne d'oeuf et à la moustache spectaculaire qui semble si bien connaître l'âme humaine. S'inscrivant dans la lignée des détectives perspicaces, observateurs et grand connaisseur d'âme, Hercule Poirot n'a pas besoin d'empreintes digitales, d'indices mais fait fonctionner ces petites cellules grises. Ici, il n'apparaît que très tard dans l'enquête pour mieux laisser les personnages et le lecteur se perdre en hypothèses. Même vieillissant, il garde toujours son orgueil. Cependant, son rôle n'est pas très étoffé dans cette affaire même si c'est lui évidemment qui trouve l'infime détail accusant le meurtrier, qui nous aura échappé à tous !
On aime aussi cette intrigue alambiquée : des gâteaux empoisonnés à l'arsenic, une femme tuée à coups de hache, des religieuses présentes à chaque crime, de nombreux suspects, mais le véritable assassin est toujours le plus invraisemblable d'entre tous.
Avec une écriture simple, une intrigue efficace, qui pique notre curiosité, Les indiscrétions d'Hercule Poirot est une lecture plaisante même si ce n'est pas la plus remarquable.

 Autres romans : Poirot joue le jeu et Le crime de l'Orient-Express.

Christie, Les indiscrétions d'Hercule Poirot, Edition du masque, 284 p.

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9 février 2010

Les paupières d'Yoko Ogawa : ISSN 2607-0006

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Attirée par la gracieuse couverture représentant une fragile fleur d'une couleur pourpre violacée, et connaissant très mal la littérature japonaise, j'ai voulu découvrir ce recueil de nouvelles dont le ton très divers et très étrange laisse le lecteur dans une sensation de confusion. Ce recueil est composé de 8 nouvelles :" C'est difficile de dormir en avion", " L'art de cultiver les légumes chinois", " Les paupières", " Le cours de cuisine", "Une collection d'odeurs", "Blackstore", "Les ovaires de la poétesse" et "Les jumeaux de l'avenue des Tilleuls".

Quatrième de couverture : " Une petite fille touchée par l'élégance d'un vieil homme le suit dans son île et devient son alliée face à l'hostilité du monde environnant. Dans la maison vit un hamster, au regard dépourvu de paupières. Une japonaise prend l'avion pour l'Europe. A ses côté s'installe un homme qui lui parle puis s'endort. dans l'obscurité du vol de nuit, l'inconnu lui révèle alors l'existence des "histoires à sommeil". Une jeune femme part en voyage pour tenter de fuir ses insomnies. En s'éloignant de son pays, de son amant et de ses habitudes, elle espère trouver suffisamment d'étrangeté pour, le soir venu, s'endormir tranquillement. Dormir, s'endormir, s'éloigner du monde pour retrouver le chemin de l'inconscient, tel est le propos de ce recueil de nouvelles à lire comme une très belle introduction à l'oeuvre de Yoko Ogawa, aujourd'hui mondialement reconnue."

Toutes les nouvelles sont très étranges car on saisit mal l'objet ou le sujet du récit. S'arrêtant abruptement, elles manquent de consistance et chaque fin est énigmatique. Un lien se tisse entre tous ces courts récits, celui du sommeil ou du rêve. Certaines nouvelles se teintent de fantastiques, d'autres cachent une réalité plus horrible sous une belle écriture, où sont notés d'infimes détails : la mutilation, l'inconnu terrifiant sont d'autres thèmes récurrents des récits où toujours une note discordante apparaît dans un quotidien anodin. Par exemple, le narrateur de" Blackstore" raconte comment son frère un champion de natation se réveille un jour le bras bloqué au niveau de l'oreille. Pourquoi ? Ce bras se fossilise et finit pas se détacher. A la fin de la nouvelle, le frère se retrouve dans un hôpital et nous n'avons toujours aucune explication... 

Même si l'écriture est impeccable, fine, fluide, et que les notations de sensations sont particulièrement réussies, je n'ai pas du tout été conquise par ces nouvelles, plutôt effrayantes, qui tournent court et qui n'arrivent pas à susciter une atmosphère dans laquelle on peut s'immerger.

 Ogawa,  Les paupières, Babel, 203 p.

7 février 2010

Sherlock Holmes de Guy Ritchie : ISSN 2607-0006

Sherlock Holmes - Bande Annonce Officielle (VF) - Robert Downey Jr / Jude Law / Guy Ritchie

J'hésitais à aller voir les nouvelles aventures du célèbre détective créé par Conan Doyle ( biographie  sur le site Larousse), lorsque j'ai lu un billet élogieux sur le site de Lou qui m'a incitée à aller le voir, jugez un peu : " Et si vous aimez Londres et le XIXe, les vues de la capitale sont magnifiques (peut-être les plus belles scènes dans une Londres victorienne pour moi)". Effectivement, la reconstitution de Londres, les costumes d'époque et les décors d'intérieur sont tout à fait époustouflants.

Sherlock Holmes de Guy Ritchie est un film comico-policier-d'actions. Le spectateur est d'emblée projeté en pleine cérémonie satanique : de nombreux meurtres rituels ont été commis par Lord Blackwood. Condamné à mort, il ressuscite pour assujettir Londres. Face à lui, deux adversaires de taille, Holmes et Watson vont contrecarrer ses plans les plus diaboliques, grâce à la légendaire déduction infaillible de Holmes.

En ce qui concerne les personnages, Holmes n'en porte que le nom car il est métamorphosé en homme d'action, boxeur hors pair... Echevelé, excentrique et déjanté, il ressemble davantage à un dandy décadent, maniant l'humour et l'ironie, qu'au vieux limier décrit par Conan Doyle. Un des aspects gardés par le réalisateur est l'amour de Holmes pour les déguisements, ce qui rend loufoque certaines scènes. Watson n'est plus un stupide acolyte mais l'égal d'Holmes. La mise en scène est un peu surchargée en combats, trop "blockbusterisé" pour vraiment convaincre. On n'échappe pas à la traditionnelle course poursuite, aux explosions titanesques... Cependant, l'intrigue ésotérique est digne d'être résolue par Holmes, les acteurs (Jude Law et Downey JR., les scènes où il apparaît drogué et hagard semble être du vécu tant elles sont vraisemblables) très drôles et Londres merveilleux. Décidément, Sherlock Holmes a le vent en poupe, pour notre plus grand plaisir ! Bien que très éloigné de l'univers de Conan Doyle, on aime ce Sherlock Holmes modernisé et surtout le Londres du XIXeme siècle.

6 février 2010

Anna Karenine, c'est moi d'Elizabeth Jacquet : ISSN 2607-0006

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 "Etre une héroïne de roman ne m'empêche pas de prendre le métro, au contraire. Portée par ma vocation, je m'y engouffre avec exaltation. Différents mondes superposés les uns aux autres ne nous apprennent-ils pas à vivre dans plusieurs dimensions ?"
Etablie avec succès dans sa nouvelle activité de traiteur à domicile, Alice Quester cherche toujours des réponses à ses multiples questions : en quoi consiste notre existence ? Comment lui donner l'intensité désirée ?
Son projet :
1. Lire et relire Anna Karenine
2. Se pencher sur le cas de Tolstoi.
3. Suivre de près sa soeur aînée, son frère altermondialistes, son voisin de palier... et aussi cet homme aperçu au volant d'une voiture ou sur les pages people d'un magazine : Neil Larue.
4. Voir si tous ces destins mêlés au sien peuvent former quelque chose de cohérent : un vrai roman de la vie, ou une vraie vie de roman.

1. Lire et relire Anna Karenine : Dès les premières pages, on est entraîné dans l'univers de l'héroïne à travers les plus beaux extraits du roman de Tolstoi, Anna Karenine vue par Vronski. "Il s'arrêta pour laisser sortir une dame, que son tact d'homme du monde lui permit de classer d'un coup d'oeil parmi les femmes de la meilleure société. [...] Il se retourna, ne pouvant résister au désir de la regarder encore"... On découvre ainsi l'héroïne la plus célèbre du grand romancier russe, mais le personnage est aussi un véritable révélateur de sentiments pour Alice : "Anna est la part d'enfant perdu affolé que nous portons en nous lorsque notre désir excède les normes du monde qui nous entoure". Tour à tour, au gré de l'histoire d'Anna et des autres personnages du roman de Tolstoi, Alice s'interroge sur l'amitié, l'amour, la mort, la solitude, ses relations aux autres. "Comment combler nos vides intérieurs ?" "Dans le roman comme dans la vie on ne sait rien, où est l'erreur, le bien, l'existence qu'il nous faut, à quoi à qui peut-on s'en remettre, le hasard existe-il, y-a-t-il une providence ?"... Oui, il faut lire et relire Anna Karenine : on l'aime, on suit ses pas et on souffre avec elle.
2. Se pencher sur le cas de Tolstoi. L'auteur s'est efforcé, tout en retraçant la vie d'Anna Karenine et de son héroïne Alice Quester, d'y mêler des éléments de la vie de Tolstoï et notamment la genèse du roman. On découvre ainsi un auteur russe préoccupé des problèmes de son temps, sensible à la misère sociale. Il est aussi décrit et perçu à travers le journal de sa femme comme un homme aimant l'action, heureux dans le mariage et obsédé par son roman, son Anna : on nous livre peu à peu la difficile écriture du roman, sa publication, sa réception. Des petites anecdotes au sujet de son amitié tumultueuse avec Tourgueniev sont tout à fait plaisantes : "7 février 1856. Disputé avec Tourguéniev. 13 février. Dîné chez Tourgueniev ; nous nous entendons de nouveau bien. 12 mars. Avec Tourgueniev, je crois que je suis définitivement brouillé. 20 avril. Eté chez tourgueniev et très gaiement bavardé avec lui [...]"
3. Suivre de près sa soeur aînée, son frère altermondialistes, son voisin de palier... et aussi cet homme aperçu au volant d'une voiture ou sur les pages people d'un magazine : Neil Larue. Les personnages secondaires, sans consistance, viennent abîmer l'histoire centrée autour des trois personnages principaux : Tolstoï, Anna et Alice.
4. Voir si tous ces destins mêlés au sien peuvent former quelque chose de cohérent : un vrai roman de la vie, ou une vraie vie de roman. Dommage, les grandes et bonnes idées ne font pas forcément les bons romans. L'écriture est complètement décousue et parsemée parfois de certains mots et d'un style relâchés. L'impression de désordre est renforcée par la superposition des différentes vies des personnages, par les pensées erratiques de l'héroïne et par des citations agréables à lire mais en trop grands nombres. Certains passage ressemblent davantage à des prises de notes qu'à un roman ! L'auteur semble montrer que toute vie peut être un roman et tout roman est une vie. Ah ! Comme on regrette cette écriture désordonnée qui gâche le plaisir de la lecture. L'intrigue a un air d'inachèvement et de divagations portées par le hasard ou par le vent...

Lorsqu'on referme ce livre, on a aimé Anna Karenine, celle de Tolstoi mais celle de Jacquet, un peu moins. Alice Quester, héroïne du XXIeme siècle est beaucoup moins séduisante et romanesque que sa comparse. Ici, la véritable héroïne est Anna Karenine. Lisez le roman de Tolstoi...

Roman lu dans le cadre d'un partenariat : je remercie les éditions Philippe Rey et BOB pour cette découverte.

 Jacquet, Anna Karenine, c'est moi, Ed. Philippe Rey, 325 p.

4 février 2010

Corps et biens de Desnos : ISSN 2607-0006

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Le nom de Desnos est associé au sommeil hypnotique et au surréalisme et Corps et bien s'inscrit dans cette révolution poétique. Les poèmes de Desnos oscillent entre rêves et déconstruction du langage, poésie émouvante ou ludique. Les surréalistes ont rejeté toutes les normes, les contraintes, au nom du hasard et de l'inconscient. "Le langage cuit" est un langage usé  : il faut lui donner plus de saveur et surprendre le lecteur. Se présentant comme des énigmes, chaque poème renouvelle le langage et brise les "formes prisons".

"langage cuit II"

d'une voix noire

d'une voix maigre

m'a séduite

dans la nuit mince

dans le jour des temps

se vêtir d'une crêpe de chevelure

la muse aux seins mourants

Et la voix ronde

dit que la voie est esclave

Quelle lumière cuite ce jour-là !

Voici un jeu sur les pléonasmes : "vent nocture"

" Sur la mer maritime se perdent les perdus
Les morts meurent en chassant
des chasseurs dansent en rond une ronde
Dieux divins! Hommes humains!
De mes doigts digitaux je déchire une cervelle
cérébrale.
Quelle angoissante angoisse!
Mais les maîtresses maîtrisées ont des cheveux chevelus
Cieux célestes
terre terrestre
Mais où est la terre céleste?"

Dans Corps et bien, Desnos redonne la vie aux mots figés dans des expressions lexicalisées, joue sur la matérialité du mots comme dans la section Rrose Sélavy, sur leur sonorité. Desnos manie les mots et en exploite toutes les richesses de la langue : anagramme, paronomase, contrepèterie, antonyme, homophone, les mots sont à l'honneur. Cependant, cette poésie n'est pas seulement ludique, surprenante mais elle est aussi une réflexion sur le langage. Les dernières sections comme A la mystérieuse laissent percer un certain lyrisme et onirisme. Le rêve imprègne aussi ce magnifique recueil hallucinatoire :

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de
baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est
chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant
ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient
pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années, je
deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute
que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes
les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins
toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec
ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu'a être fantôme parmi les fantômes et plus ombre
cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera
allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

Un recueil, mais aussi le portrait d'un homme : le rêve comme mode de vie.

Desnos, Corps et biens, Poésie Gallimard, 202 p.

 

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