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1001 classiques
5 février 2011

Le tour d'écrou d'Henry James : ISSN 2607-0006

 

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 Le tour d'écrou est certainement le chef d'oeuvre de la littérature fantastique. Commençant comme un récit traditionnel, une histoire racontée autour d'un feu, le thème de la nouvelle l'est beaucoup moins. Annoncé comme un récit "épouvantablement épouvantable", l'histoire de la gouvernante commence pourtant comme un conte de fée. Par amour pour son employeur, une jeune fille accepte de travailler dans d'étranges conditions : elle doit élever deux enfants mais sans jamais faire part de ses problèmes à l'oncle des deux enfants.  Le lecteur ne sait que par bribes les histoires antérieures de ces deux enfants que la gouvernante accepte de prendre en charge : morts des parents, le départ de plusieurs gouvernantes... Assez vite la jeune gouvernante, sensible et impressionnable, va avoir des hallucinations.

Les deux enfants, Flora et Miles sont-ils mauvais ? Hallucinations ou réalité ?  Et tout au long du récit, irréel et réel, beauté et épouvante se côtoient jusqu'à l'acmé finale. Jamais l'art de l'implicite et de la litote de James (biographie Larousse) n'ont été aussi présents que dans cette nouvelle envahie par "l'inquiétante étrangeté".

Le_Tour_d_ecrou

Si le téléfilm de Fywell  est impeccable au niveau de la réalisation et de l'atmosphère, l'écriture fantastique est occultée par un parti pris du réalisateur : la narratrice, la jeune gouvernante est dans un asile. Il semblerait d'emblée qu'elle soit folle. Son éducation, sa jeunesse expliquent ses hallucinations : une tendance nettement psychanalytique a été faite de l'oeuvre jamesienne. Le réalisateur joue nettement aussi sur l'opposition entre le bien et le mal. L'innocence et la beauté incarnées par les enfants contrastent avec la noirceur des adultes et des scènes d'orage et d'apparitions... faisant apparaître un thème fantastique absent de l'oeuvre de James : "j'ai vu le diable", dira la narratrice. Un beau film d'époque mais très éloigné de l'univers de James.

 James, Le tour d'écrou, Livre de poche, 159 p.

Autre oeuvre : Daisy Miller

Adaptation en téléfilm de Tom Fywell, 2009, 90 min.

Challenge Henry James de Cléanthe.

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Commentaires
C
J'ai pas réussi à le trouver, et je n'aurais pas eu le temps de le regarder... Ma thèse me mange de plus en plus de temps :'(
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M
@ céline : D'où "un chef d'oeuvre du fantastique". Et le film ? As-tu eu le temps de le regarder ? Je ne sais toujours pas comment tu fais pour lire et voir autant de films !!! J'admire tes grandes capacités! !!!
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C
C'est un livre extrêmement complexe et ... flou. Comme si on n'arrivait pas à faire le point.
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M
@ céline : "et son petit coeur, dépossédé, s'était arrêté de battre" !! C'est vrai que ces mots sont certainement ceux que je préfère dans cette nouvelle... Comme nous n'avons que le point de vue de la narratrice, on a l'impression qu'elle est folle et à cheval sur les convenances même pour les enfants. Mais ne peut-on pas aussi supposer que les enfants sont "méchants", sans aller jusqu'à la possession ? Je reste quant à moi dans le doute... <br /> Je suis sûre que le film va ta plaire ! Il est tellement beau ! même si l'ambiguïté disparaît... J'attends ton billet avec impatience...
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C
Je finis cette nouvelle à l'instant, et je suis complètement paumée... Folle ou pas folle ? Je pencherais pour le "folle", et ayant des désirs pas très nets pour son élève ...<br /> Je vais voir le film maintenant !<br /> Les deux dernières phrases sont époustouflantes !
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