Daisy Miller de Henry James : ISSN 2607-0006
A côté des romans d'aventures d'un Jack London ou des romans "régionalistes" de L.M. Alcott, Henry James (biographie Larousse) développe des romans psychologiques où le poids des conventions est omniprésent. Il décrit dans Daisy Miller le destin de deux jeunes héros : Winterbourne et Daisy. Leur rencontre en Suisse apparaît d'emblée sous le signe de l'opposition et du contraste : Winterbourne a les préjugés de sa classe tandis que Daisy semble indépendante et libérée. Aime-t-elle Winterbourne ? "sembler", "paraître" sont des verbes qui conviennent parfaitement à l'héroïne éponyme, car à aucun moment les pensées de Daisy ne sont dévoilées laissant le jeune homme et le lecteur cerner le personnage de la jeune femme. Celle-ci pleine de contradictions ou capricieuse, ne rêve que de vivre entourée d'hommes et d'une société légère, ce qui est jugé inconvenant pour une jeune fille. Mais qui est vraiment Daisy Miller ? Est-elle victime de son caractère libérée, de son indépendance, de son manque d'éducation avec des parents complètement absents ou des préjugés ? Ainsi si on nous livre les atermoiements de Winterbourne, les pensées de Daisy Miller restent opaques...
Au fur et à mesure, le lecteur découvre que Daisy n'est pas si insensible à l'ostracisme qui la frappe mais le narrateur se tait et l'auteur reste dans le sous-entendu et le non-dit, laissant la psychologie du personnage impénétrable : Daisy Miller est un portrait de femme troublant et mystérieux à une époque où les rapports entre hommes et femmes sont inégalitaires. Sur fond d'opposition Europe / Amérique, Henry James brosse un destin individuel qui pose les questions de l'innocence et des préjugés : Daisy est-elle une femme émancipée ou est-elle innocente ? Cultivant une écriture du mystère, Henry James nous laisse juste apercevoir le portrait d'une femme ambiguë et mystérieuse et excelle à dépeindre la destinée d'une femme dans la deuxième moitié du XIXeme siècle.
James, Daisy Miller, Folio 2 euros, 106 p.