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1001 classiques
19 septembre 2010

Le perroquet de Flaubert, Julian barnes

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Parlons tout d'abord un peu de Flaubert ( biographie Larousse) puisqu'il va être question de lui dans le roman de Barnes. Flaubert qui ambitionnait d'écrire sur rien a donc écrit Madame Bovary, L'éducation sentimentale mais aussi la brève nouvelle Un coeur simple. Flaubert, avec une précision documentaire - il n'a pas volé son classement d'auteur réaliste - raconte la vie de Félicité, une servante qui finit par confondre, à la fin de existence, son perroquet et l'esprit saint : dans cette nouvelle, Flaubert fait à la fois la satire d'un monde étriqué et montre son anticléricalisme. Ce perroquet tient une grande place dans la vie de Félicité et dans le livre : elle finit par l'empailler lorsqu'il meurt pour le garder près d'elle, ainsi "enfin il[le perroquet] arriva, - splendide, droit sur une branche d'arbre, qui se vissait dans n socle d'acajou, une patte en l'air, la tête oblique, et mordant une noix, que l'empailleur par amour du grandiose avait dorée" et " L'[image d'Epinal]ayant acheté, elle le suspendit à la place du comte d'Artois, de sorte que du même coup d'oeil, elle les voyait ensemble. Il s'associèrent dans sa pensée, le perroquet se trouvant sanctifié par e rapport avec le Saint Esprit, qui devenait plus vivant à ses yeux et intelligible". Si vous prenez le temps de lire la préface, lecteurs, vous découvrirez une anecdote assez amusante où on dit que l'auteur de Salammbô a fait des recherches ornithologiques, à propos de son perroquet, et il a emporté chez lui un perroquet empaillé : " je le garde pour m'emplir la cervelle de l'idée de perroquet". (Un coeur simple de Flaubert, Livre de poche, 94 p.)

Le perroquet de Flaubert, Barnes, roman stock, 341 p.

Dans Le Perroquet de Flaubert, J. Barnes met en scène un narrateur médecin en pèlerinage à Rouen qui n'est guère ému par les souvenirs de la guerre où pourtant certains de ses amis sont morts, en revanche, il s'attendrit devant la vision du perroquet de Flaubert à l'hôtel de Rouen. Pourtant lorsqu'il voit le même perroquet dans le pavillon de Flaubert à Croisset, il va chercher à savoir quel est le perroquet légitime... Notre cher docteur ne manque pas d'humour et le grotesque flaubertien semble déteindre sur le texte de Barnes. Mais sous sa drôlerie, apparaissent des questions bien plus sérieuses : quelles sont les limites de l'interprétation d'un texte ? Peut-on tout faire dire aux mots ? Il aborde aussi la question délicate de l'écriture d'une biographie. On apprend ainsi des éléments sur la vie de l'auteur notamment sa liaison avec Juliet Hebert et analyse" l'oursinité" de Flaubert : posture littéraire ou véritable solitude de cet auteur ?  Les interrogations amusantes de l'auteur n'en sont pas moins pertinentes.

Cette étude des lettres, des romans et de la vie de Flaubert, qui inclut de nombreuses recherches étymologiques, est un essai qui n'en porte pas le nom. A l'image de l'écriture de Flaubert, Barnes mêle sérieux et comique et des réflexions fines sur les raisons d'écrire. Lecteurs, vous apprécierez ce livre, si vous aimez l'humour british, Flaubert... (ou les perroquets !) car sous forme de digressions désinvoltes et jubilatoires, Barnes nous promène dans l'oeuvre de ce romancier majeur du XIXeme siècle. Un essai vraiment original !

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Commentaires
M
@ claudia : Flaubert et certains auteurs ne sont pas à lire trop jeunes, je suis tout à fait d'accord ! (c'est ce qui m'est arrivé !)<br /> <br /> @ Nymphette : Romancé, certes mais très documenté. En effet, les références et les citations sont très précises : il n'y a que la manière d'introduire les faits qui sont fictives. Comme c'est très drôle et très bien écrit, je ne peux que te le conseiller vivement...
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N
FLAUBERT est un des rares "classiques" que j'ai lu et aimé. Cet essai (il semble tout de même assez romancé!) a l'air tout à fait intéressant et sort du cadre habituel de mes lectures, je note le titre!
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C
C'est vrai ce que dit Malice : Flaubert, il ne faut pas le lire trop jeune. C'est une question d'âge!
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M
@ Alinéa : moi aussi, j'ai longtemps laissé de côté Flaubert mais je le redécouvre... Si je ne manquais pas autant de temps, je lirai bien les flaubert que j'ai dans ma PAL...<br /> <br /> @ Mango : J'ai vu ton billet sur "rien à craindre", je pense en lire d'autres de cet auteur...<br /> <br /> @ George : J'espère que cet essai te plaira...
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M
@ Keisha : Je n'aime pas Flaubert mais barnes oui, je l'ai apprécié grâce à cet essai très documenté mais dont le style est humoristique...<br /> <br /> @ Malice : Je n'appréciais pas Flaubert mais mes dernières relectures m'ont vraiment fait changer d'avis... Une question d'âge, je pense.<br /> <br /> @ Margotte : si tu aimes Flaubert, jette-toi sur le livre de Barnes, si bien écrit !<br /> <br /> @ Océane : merci pour le conseil lecture : je suis en train de découvrir Barnes et c'était mon premier essai lu.<br /> <br /> @ Claudia : si la forme est originale, le fond est très sérieux et documenté avec citations d'oeuvre à l'appui ! C'est un livre attrayant bien que ce soit une biographie...<br /> <br /> @ Karine : La vérité est dévoilée à la fin... suspense, je n'en dirai pas plus. En ce qui concerne le fait que ce soit un essai enrobé dans de la fiction n'est pas gênant : le fond est très sérieux... Vers la fin seulement, l'histoire fictionnelle prend le pas sur le thème de l'oeuvre de Flaubert. C'est très bien documenté et très sérieux, bien que le ton le soit un peu moins... Je conseille vraiment cette étude originale.<br /> <br /> @ Anne Sophie : Je ne connaissais pas l'auteur et j'ai choisi au hasard cet essai pour le découvrir : j'ai bien fait, c'est un livre excellent.<br /> <br /> @ Dominique : je note le Botton, si le style est semblable. En plus, j'aime Proust, je vais certainement être enthousiaste !<br /> <br /> @ Choupynette : ahhh ! Ne me parle pas de l'éducation sentimentale, qui est l'un de mes pires cauchemars ! (Pire que les travailleurs de la mer, qui t'avais échappé des mains...)<br /> <br /> @ Céline : je suis un peu dans ton cas car pendant longtemps, j'avais de l'aversion pour Flaubert. Mais le style de Barnes peut te faire changer d'avis.<br /> <br /> @ Ys : je ne connais pas le roman dont tu parles (mais il faut peut-être que l'inscrive sur ma LAL puisque vous êtes deux à m'en parler) mais celui-ci, je te le conseille vivement.<br /> <br /> @ Emilie : je note, je ne connais aucun roman de Barnes ! Les biographies m'ont toujours intéressée mais celle-ci est singulière.
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