Marceline Desbordes Valmore de Stefan Zweig : ISSN 2607
Dès l'introduction de Marceline Desbordes-Valmore de Stefan Zweig, Olivier Philipponnat prévient que cette biographie n'est "pas une oeuvre d'érudition, mais une célébration".
En effet, dans un ordre chronologique et thématique, Zweig décrit la vie de la poétesse du XIXeme siècle. Il ne cite jamais ses sources ni aucun recueil, mais cite des vers ou des lettres sans aucune référence. Même si la vie de la romancière n'est jamais romancée - il est vrai que la vie de cette femme est plus romanesque que les romans d'aventures - ni inventée, elle comporte des lacunes et des erreurs. Zweig ne recherche pas qui est l'amant mystérieux de Marceline Desbordes-Valmore et il se trompe, dans son deuxième chapitre, quand il relate le voyage de la jeune femme en Guadeloupe.
Ce qui est plus dérangeant, ce sont ses commentaires et les ajouts d'adjectifs complètement subjectifs pour commenter la vie de la jeune poéte : il explique que le jeu d'actrice de Marceline Desbordes Valmore a " quelque chose de surnaturel et de doucement sentimental", "quelque chose de la mystérieuse magie des animaux qui symbolisent la tendresse". Il déclare que "les livres lui sont tombés des mains" : c'est mal connaître le parcours de cette femme qui a appris des vers pour jouer en tant que comédienne dès sa petite enfance et qui a une formation intellectuelle différente des autres poétesses de l'époque. Enfin, il n'hésite pas à dire que "les vers de Marceline ne sont que des cris", qu'"ils ont simplement jailli de son coeur, comme par hasard" ou que "l'art de Marceline desbordes-Valmore est pour ainsi dire sans art" (p. 89) alors que cette comédienne et poétesse ne semble pas avoir choisi par hasard la forme de la chanson dans de nombreux poèmes des Pleurs...
Certes, cette biographie permet de mieux connaître la vie de cette autrice oubliée mais elle manque de rigueur...
Zweig, Marceline Desbordes-Valmore, Livre de poche.