Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
1001 classiques
13 juin 2015

La dernière fugitive de Tracy Chevalier : ISSN 2607-0006

 

81VD-mHAIxL

"En art, l'extravagant vaut mieux que le plat", disait T. Gautier pour défendre la graniloquence d'Hernani. En effet, si l'on s'ennuie dans le dernier roman de Tracy Chevalier, même si le récit se lit très facilement, c'est parce que tout est plat et convenu, aussi plat que les plaines de l'Ohio et de Faithwell où a atterri l'héroïne : après une déconvenue sentimentale, Honor Bright, une jeune fille quaker, traverse l'Atlantique avec sa soeur. Malheureusement, celle-ci meurt assez rapidement et Honor se retrouve seule dans ce vaste pays inconnu où commence à se manifester des abolitionnistes.

Ainsi voit-on que la trame est la même que celle des romans précédents de l'auteur : comme dans La jeune fille à la perle ou Prodigieuses créatures, le destin particulier de l'héroïne s'entremêle à l'histoire. Sans surprise, donc. L'histoire racontée d'une manière linéaire, pontuée des lettres d'Honor, avec une régularité de métronome, exploite mal les thèmes intéressants. L'auteur survole la question de l'abolitionnisme, du chemin de fer clandestin, de la vie des quakers, ou plutôt elle le fait d'une manière romanesque sans s'attacher aux détails, servant de toile de fond à la vie privée de l'héroïne.

"Le caractère régulier et répétitif de la tâche m'apaise" ( La dernière fugitive). L'histoire un peu plate est aussi en adéquation avec le caratère d'Honor qui recherche la quiétude, le silence, qui est sobre et timide. Même l'intrigue amoureuse se conclut en deux pages, rencontre et mariage compris ! C'est sans doute le mutisme, l'égalité de caractère d'Honor Bright qui donne cet aspect ouaté, cotonneux et morne de ses aventures, et même les nombreuses morts qui jalonnent le roman sont racontées sans dramatisation.

En outre, une réflexion amorcée autour de l'obéissance à une loi injuste est résolue de manière caricaturale. L'écriture fluide de la romancière, qui a la régularité des points de couture d'Honor, nous emmène jusqu'au dénouement facilement mais sans nous faire ressentir beaucoup d'empathie pour son héroïne...

104729502

Etats-Unis, 1850, T. Chevalier, La dernière fugitive, p. 11

Sur le web : Partage de lecture, Nourritures en tout genre ont aimé ce roman, mais Lilly l'a moins apprécié.

Participation au mois anglais de Titine, Cryssilda et Lou.

Merci Folio et Anna pour ce partenariat.

Publicité
Commentaires
M
@ Bonheur du jour : J'en lirai peut-être d'autres. Le domaine abordé dans celui-ci - le patchwork- ne m'a pas passionné même si j'en ai chez moi des artisanaux... <br /> <br /> <br /> <br /> @ Margotte : En tout cas, tu peux te passer de celui-là :-)
Répondre
M
J'ai lu juste "La jeune fille à la perle" de cette romancière et ne suis pas trop tentée pour continuer l'aventure avec cette écrivaine, sans trop savoir pourquoi par ailleurs... Peut-être parce que cela n'a pas été le coup de cœur attendu !
Répondre
B
J'ai beaucoup aimé ce livre. J'aime d'ailleurs cet auteur dont j'ai tout lu, je crois bien. <br /> <br /> Bonne semaine.
Répondre
L
On est visiblement dans du très typique Tracy Chevalier, tel qu'il a tendance à lasser au bout de plusieurs romans. Hmmm.... On verra si je retente l'avenir un jour ou pas !
Répondre
C
Tiens! moi j'ai bien aimé ce livre et pour les raisons qui font que tu ne l'aimes pas! Parce que l'héroïne ne sombre pas dans le sentimentalisme, parce qu'elle est pragmatique, courageuse et qu'elle cherche à s'en sortir par le travail et la raison. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce n'est pas très romantique mais cela ne fait pas du personnage une femme inintéressante. Le courage d'affronter la vie quotidienne, de refuser le rêve quand on sait que l'on ne peut se le permettre sont aussi des formes d'héroïsme. <br /> <br /> Evidemment, le roman n'est pas aussi excitant qu'un roman d'aventures et de passion, mais je suppose que des femmes comme celles-là il y en a eu beaucoup et si elles ont pu survivre c'est parce qu'elles étaient justement terre à terre et rationnelles. <br /> <br /> <br /> <br /> Mon préféré de Tracy Chevalier reste La jeune fille et la perle et ceci d'autant plus que le roman est lié à l'art. Là aussi d'ailleurs il y a un refus du romanesque conventionnel : la servante ne sortira pas de sa classe sociale, elle épousera le fils du boucher qui ne la fait pas rêver mais qui la fera manger.
Répondre
Publicité
1001 classiques
Newsletter
62 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 501 638
Publicité