Ce qu'il advint du sauvage blanc de François Garde : ISSN 2607-0006
"Quand il parvint au sommet de la petite falaise, il découvrit qu'il était seul. La chaloupe , n'était plus tirée sur la plage, ne nageait pas sur les eaux turquoises. La goélette n'était plus au mouillage à l'entrée de la baie, aucune voile n'apparaissait même à l'horizon. Il ferma les yeux, secoua la tête. Rien n'y fit. Il étaient partis." Ce n'est pas l'incipit de Robinson Crusoe que vous lisez mais celui de Ce qu'il advint du sauvage blanc. Comme Robinson - histoire romancée d'un véritable matelot tout comme pour le "sauvage blanc" - Narcisse Pelletier se retrouve abandonné sur une plage d'Australie. Mais la comparaison s'arrête là car, contrairement au célèbre naufragé, c'est le jeune français Narcisse qui va devoir adopter les coutumes d'une tribu arborigène : la solitude, le long désaprentissage de ses propres us et coutumes se révèlent difficiles pour ce très jeune matelot de 19 ans.
Dix-huit ans plus tard, il est ramené dans son pays par le vicomte de Vallombrun : ce dernier, qui incarne une figure icarienne de scientifique romantique, espère étudier d'une manière systématique les habitudes du " sauvage" mais il se heurte au silence de Narcisse. En faisant alterner récit du début de la vie australienne par Narcisse et les lettres du scientifique envoyées à la société de géographie française, une dialectique apparaît : comment définir le "barbare" et le "civilisé ? : "Mais quoi ? Il faudrait reconnaître comme civilisées les coutumes barbares que Narcisse révèle à chaque instant ? Cela ne se peut." (p.130).
La présence de Narcisse est une énigme dans cette époque où les sciences commencent à peine à émerger en tant que matière autonome, où des théories nouvelles comme celle de Darwin s'imposent. Ce roman n'est pas seulement le reflet scientifique d'une époque, il est aussi une réflexion sur l'apprentissage des langues, la construction d'une identité, et la question du relativisme et de l'ethnocentrisme... De nombreuses questions sont soulevées et de nombreux thèmes abordés, faisant de cette bistoire vraie une passionnante découverte sur la vision de l'autre, qui se lit comme un roman.
Garde F., Ce qu'il advint du sauvage blanc, Folio, 378 p.
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Merci Lise et Folio pour ce partenariat. Voici le billet de Lilly.
2/12/ 2013, voici les gagnantes du concours : Shelbylee, Claudia et Vanessa.
N'oubliez pas de m'envoyer votre adresse ( dans contactez l'auteur). Merci pour vos participations !