Show me love d'Ami Fushimi : ISSN 2607-0006
© Ami Fushimi 2018
Que ce soit la dépression dans Elle et son chat de Makoto Shinkai, les regrets d'une amitié perdue dans Look back de Fujimoto ou les stéréotypes de genres dans Le secret de Madoka (Editions Akata large), les mangakas excellent à représenter la société et les humains dans toutes leurs diversités. La collection Akata large est d'ailleurs présentée sur le site de l'éditeur comme "des œuvres aux thématiques plus sociales, plus engagées, plus adultes, ou au contenu parfois plus explicite ou frontal". Show me love d'Ami Fushimi appartient à cette catégorie.
Ce one-shot donne à voir deux familles dysfonctionnelles : Nami, une jeune collégienne, vit seule avec sa mère. Pour l'aider, elle travaille en tenant compagnie à des hommes. Sa mère aussi se démène au point de tomber malade... Nami n'espère plus aller au lycée étant donné la pauvreté de son foyer. Découragée, elle étudie peu. Un jour, elle rencontre, dans un des appartements de sa résidence, un de ses professeurs qui vient d'emménager. Elle se prend d'affection pour son fils, Kenta, qui est harcelé et qui doit faire face à une beau-père négligent. Pour oublier sa détresse, Kenta qui n'a que 5 ans, passe son temps à étudier. Alors que leur caractère les opposent, Nami étant exubérante pour cacher son mal-être et Kenta et son père étant taciturnes, ils vont s'entraider involontairement, par le hasard de la vie...
La rencontre de ces trois êtres malmenés par la vie les feront mutuellement évoluer. Malgré l'aspect sociétal sombre, en se côtoyant, chacun grandira. Les mutiples sujets - famille monoparentale, harcèlement, absence de travail scolaire, solitude - sont bien traités même si les dessins paraissent inachevés : les fonds sont généralement blancs et les cadrages assez simples. Pourtant, la jeune mangaka arrive à rendre les visages extrêmement expressifs, développant toute une gamme de sentiments.
© Ami Fushimi 2018
Dans sa première oeuvre, Ami Fushimi a su bien représenter de nombreux problèmes sociétaux contemporains. Elle nous incite à réfléchir sur bien des aspects de la vie !
Show me love d'Ami Fushimi, Editions Akata large, Italie, Mars 2020.
Lu par Blandine.
Look Back de Fujimoto : ISSN 2607-0006
© by FUJIMOTO Tatsuki / Shûeisha
Look Back est un one-shot qui a beaucoup fait parler de lui car le mangaka Fujimoto est le fameux dessinateur de Shainsaw man et de Fire punch. Très bref et comportant peu de dialogue, Look back est comme Elle et son chat de Makoto Shinkai, une histoire qui en dit long avec simplicité mais subtilité... Que vaut la lecture de ce one-shot ?
Elève d'une classe de primaire, Fujino dessine pour le journal de son école une planche de 4 cases toutes les semaines. Tout le monde admire son travail qu'elle a fait négligemment. C'est, en effet, une jeune fille joviale, ayant de nombreuses amies et des loisirs. Un jour, son professeur lui demande de partager sa rubrique avec une élève "fantôme", Kyômoto, qui n'arrive plus à sortir de sa chambre. Cette dernière se révèle être particulièrement douée pour dessiner. Jalouse, Fujino décide, en autodidacte, de s'intruire davantage en matière de dessins pour réussir ses perspectives et d'apprendre l'anatomie... Pourtant, elle n'arrive pas égaler sa rivale et finit par inquiéter son entourage, qui la voit se couper du monde pour se consacrer à sa passion. Finalement, son professeur lui demande de remettre le diplôme de fin d'année à Kyômoto et cette rencontre bouleverse la vie des deux filles. Commence une grande amitié entre les deux passionnées de dessins.
Avec de simples dessins, le mangaka réussit à nous émouvoir par cette histoire d'amitié et d'art. Il réussit aussi à rendre sensible le passage du temps, l'évolution de la relation entre les deux filles, le changement de leur caractère, leur obstination à dessiner, ce qui donnent d'ailleurs un caractère répétitif à certaines cases les représentant en train de dessiner... La rencontre des deux filles autour d'un concours de dessins prend un tournant inattendu. Fujino, qui déprécie son amie et sa passion pour le dessin, finira par avoir des regrets alors qu'elle a toujours été sûre d'elle-même...
La construction de l'intrigue surprend et fait de Look back une véritable ode à la fiction et à l'imagination comme remède à la douleur et au deuil...
Fujimoto, Look back, Kazé, Italie, Avril 2022,
Participation à un mois au Japon (checklist manga ) organisé par lou et Hilde
© by FUJIMOTO Tatsuki / Shûeisha
Le secret de Madoka de Deme Kingyobachi : ISSN 2607-0006
MADOKA NO HIMITSU © Deme Kingyobachi 2019
Ecriture inclusive, l'idendité de genre... de plus en plus d'ouvrages abordent les stéréotypes de genres. One-shot, Le secret de Madoka Deme Kingyobachi est un manga tranche de vie où l'on découvre la personnalité d'un garçon, Madoka qui aime les peluches, les choses mignonnes, donc rien de très viril... Obligé de quitter son ancienne école où il était harcelé, le jeune garçon rencontre une jeune fille, Itsuki, qui se comporte comme "un garçon manqué". Elle aime jouer au foot, porter des pantalons...
C'est très caricatural et très léger en qui concerne le traitement des personnages et de l'intrigue. Pas de drame, pas de violence, la mangaka décrit l'évolution des relations entre les deux voisins - Madoka et Itsuki - et surtout avec leurs camarades de classe. Comme c'est un josei, les images sont mignonnes et reflètent bien l'ambiance bienveillante générale.
Quiproquos et scènes cocasses ( il n'y a que dans un manga qu'on peut trouver une pièce de théâtre où cendrillon se tranforme en magical girl !!!) dédramatisent le sujet et mettent en lumière le vrai thème de l'histoire : plus qu'une interrogation sur d'identité de genre, c'est surtout de l'acceptation de soi, de l'autre et de tolérance qu'il est question ici. Même si l'ensemble paraît un peu trop idéalisé, cette histoire légère n'empêche pas la réflexion sur un sujet très sensible...
Deme Kingyobach, Le secret de Madoka, Editions Akata, Italie, juin 2021.
Participation au challenge un mois au Japon organisé par lou et Hilde
MADOKA NO HIMITSU © Deme Kingyobachi 2019
Blissful Land d'Ichimon Izumi : ISSN 2607-0006
© by IZUMI Ichimon / Kôdansha
Partons à la découverte du Tibet, au XVIIIeme siècle, avec le manga Blissful Land d'Ichimon Izumi. C'est une série courte terminée en 5 tomes et le deuxième tome sortira le 4 avril 2022 en France.
Nous suivons dans ce premier tome, l'histoire de Kang Zhipa, apprenti médecin, qui passe son temps entre la cueillette de plantes, sa vie familiale et les patients du village. Justement, sa vie quotidienne va être bouleversée par l'arrivée d'une jeune fille de 13 ans, Moshi Lati, qui vient épouser un homme du village. Qui peut être son futur mari ? Evidemment, notre héros ne se doute de rien - c'est aussi un adolescent de 13 ans - complètement obnubilé par les plantes. Progressivement, ils font connaissance et on en apprend davantage sur les coutumes et la vie tibétaines.
L'histoire est bien sûr shonenisée : ce n'est pas entièrement un manga historique même si dans les bonus, on perçoit bien la part de documentation faite par le mangaka. Quelles sont les traditions liées au mariage ? Quelles plantes servaient à soigner les diverses maladies ? Que mangeait-on à l'époque ? Toutes les connaissances sur ce pays sont indirectement distillées dans cette romance, un peu naïve, enfantine, vu l'âge des protagonistes.
Admirez la beauté des jacquettes colorées qui reflètent bien les tenues traditionnelles tibétaines. On regrette beaucoup que le manga ne soit pas en couleurs... Les dessins, particulièrement détaillés, représentent aussi bien la nature, les montagnes que les intérieurs des maisons et les détails des mobiliers, des objets.
Comme dans le manga Bride Stories, les motifs décoratifs sont particulièrement soignés : un superbe manga sur le Tibet du XVIIIeme siècle !
© by IZUMI Ichimon / Kôdansha
Izumi Ichimon, Blissful Land, Nobi Nobi, Italie, mars 2022
Participation à un mois au Japon (checklist nobi nobi )organisé par lou et Hilde
Participation "étape au Tibet" au challenge Les étapes indiennes organisées par Hilde et Blandine
.
© by IZUMI Ichimon / Kôdansha
Les carnets de l'apothicaire d'Itsuki Nanao : ISSN 2607-0006
© Nekokurage, Itsuki Nanao / SQUARE ENIX
Les carnets de l'apothicaire d'Itsuki Nanao raconte les intrigues fictives à la cour impériale. On y suit Mao Mao, une jeune servante qui a été enlevée alors qu'elle cueillait des plantes médicinales dans la forêt. Elle travaillait dans le quartier des plaisirs et maintenant, la voilà projetée au palais impérial. Grâce à ses connaissances médicales et psychologiques, elle comprend assez rapidement pourquoi les enfants des concubines de l'empereur meurent en bas-âge. Rien à voir avec des malédictions !
© Nekokurage, Itsuki Nanao / SQUARE ENIX
Ce manga repose essentiellement sur les intrigues de la cour, les complots, mais aussi l'humour puisqu'un haut fonctionnaire, Jinshi, le seul homme admis dans la cour intérieure (hormis des femmes et des eunuques), et Mao Mao s'entendent comme chien et chat. Dans ce premier tome, deux histoires se succèdent ressemblant assez à des intrigues policières. Pourquoi les concubines sont-elles malades ? L'une d'elle est-elle réellement somnanbule ?
© Nekokurage, Itsuki Nanao / SQUARE ENIX
Quant à Mao Mao, le personnage principal, elle ressemble à un détective scientifique puisqu'elle aime résoudre les problèmes et expérimenter de nouveaux remèdes en se prenant pour cobaye ! L'héroïne est décrite comme laide - maigre avec des tâches de rousseur !- mais cultivée : encore une héroïne forte !
Les arrières plans des cases restent unis généralement, mais les personnages sont très bien dessinés par Nekokurage, notamment les costumes, les vêtements des femmes de la cour. Voyez la beauté de la jacquette ! On se demande si le tome 2 sera aussi passionnant !
Itsuki Nanao, Les carnets de l'apothicaire, tome 1, ki-oon (9 en cours), Italie, janvier 2021.
Merci à la 5eme de couv pour l'envoi du manga
Participation à un mois au Japon (checklist manga )organisé par lou et Hilde
Sahara le samourai aux fleurs de Yûsaku Shibata : ISSN 2607-0006
Dans l'article, "Les samouraïs, ces héros réinventés par l'Amérique", William Blanc décrit l'évolution de l'image de ces guerriers japonais omniprésents dans la pop culture. Pour en savoir plus, vous pouvez écouter l'entretien avec Julien Peltier, dans la vidéo ci-dessous ou lire le dossier de la revue d'Histoire et civilisation, " samouraïs, ces fascinants guerriers", qui développe en 3 parties l'histoire de cette fameuse caste. La première partie présente cinq samouraïs célèbres, dont une femme Tomoe Gozen. Après ces brèves biographies, l'historienne Claire L'Hoër pose une série de questions déconstruisant le mythe : les châteaux sont-ils le symbole du pouvoir des samouraïs ? Le sabre est-il l'attribut propre aux samouraïs ?... Enfin, comme dans l'article de William Blanc, Claire L'Hoër referme le dossier sur les influences de cette figure mythique en évoquant, par exemple, les 7 mercenaires s'inspirant du film les 7 samouraïs de Kurosawa.
Ces guerriers de légendes envahissent aussi les mangas tels que Angolmois de Takagi, Hell's paradise de Yuji Kaku ou Sahara, le samourai aux fleurs de Yûsaku Shibata. Manga de science-fiction représentant un monde post-apocalyptique, ce one-shot raconte la quête d'une jeune fille de la vallée de l'arbre monde, dans le désert, envahi par de gigantesques soldats automates : elle doit rapporter les cendres de son père, dans son village natal. Elle va être aidée par Sahara, un samouraï original puisque son épée peut prendre la forme de différentes plantes. Face à de nombreux dangers, arriveront-ils à destination ?
Si certains passages sont parfois enfantins avec les disputes de la jeune fille Yae et Sahara, le manga est très bien construit grâce à des retours en arrière expliquant l'état désertique de la terre. De nombreuses inventions, comme l'île navire qui est une ville construite à l'intérieur d'un vaisseau ou des vaisseaux volants ressemblant à des insectes, sont superbes.
© 2016 by Yusaku Shibata/SHUEISHA Inc.
Certains éléments font d'ailleurs penser à Nausicaa, la vallée du vent de Myazaki. Les scènes de combats finales sont un peu brouillonnes, mais ce manga d'aventures autour de l'écologie et des utilsations néfastes des technologies est une plaisante lecture. Sahara, Le samouraï aux fleurs est un joli manga d'anticipation doublé d'une fable écologique !
Shibata, Sahara, le samouraï aux fleurs, Nobi Nobi,
Participation à un mois au Japon (Sheck list : édition Nobi Nobi) organisé par lou et Hilde
Participation au Hanami book challenge (Au coeur de la matrice et Au temps des ssamouraïs) organisé par miss Chatterton
William Blanc William Blanc est historien. Il est notamment l'auteur de Winter Is Coming. Une brève histoire politique de la fantasy , de Super-Héros, une histoire politique et de Le Roi Arthur. Un mythe contemporain . Il a également participé au Dictionnaire de la fantasy dirigé par Anne Besson.
https://www.lepoint.fr
Elle et son chat, Makoto Shinkai et Tsubasa Yamaguchi: ISSN 2607-0006
La couverture vous paraît-elle rempli de mignonitude ? Mais tout ce qui semble mièvre ne l'est pas. En effet, dans Elle et son chat de Makoto Shinkai des sujets sérieux sont abordés.
Une jeune fille Miyu, qui a eu des difficultés pour trouver du travail, adopte un jour un chat qu'elle nomme Chobi. Elle le recueille. C'est à travers le regard de cet animal mais aussi les pensées de la jeune femme qu'on découvre son quotidien. Elle travaille avec acharnement, vit seule et n'a quasiment pas de relations avec son entourage, excepté quand sa mère l'appelle vainement... Cette dernière qui s'est remariée ne remarque rien dans le comportement de sa fille.
Le chat adoptif perçoit la solitude et la détresse de sa maîtresse qui souffre de ne pouvoir communiquer avec les autres : "J'avais l'impression que la grande ombre sombre qui l'entourait... allait finir par l'aspirer quelque part", pense le chat. L'animal mène aussi sa propre vie, rencontre d'autres chats, attend sa maîtresse... Mais tout ceci sert à montrer comment vit une célibataire japonaise. Lorsqu'un collègue la ramène souvent chez elle, elle s'interroge sur son avenir : "Ca [le mariage] ne m'intéresse pas, mais j'angoisse. Tout le monde va finir par se marier. Et je me demande si je m'en sortirai toujours bien dans dix ou vingt ans...", répond-elle à sa mère qui la questionne sur ses relations avec le collègue la ramenant souvent chez elle. Cèdera-t-elle à la pression sociale ?
© by YAMAGUCHI Tsubasa / Kôdansha
Ce manga est très rapide à lire car on suit seulement les pensées des deux protagonistes principaux, Miyu et Chobi, et que les dialogues sont rarissimes. Les dessins retranscrivent parfaitement les états d'âme de Miyu par des gros plans sur son visage, les attitudes de la jeune femme et les nombreux plans représentant son appartement désert. Elle et son chat permet de découvrir de manière originale la vie d'une jeune célibataire dans le Japon contemporain : un très beau et délicat manga !
Makoto Shinkai (scénario) et Tsubasa Yamaguchi (dessin), Elle et son chat, Pika, (one shot), Italie, septembre 2021.
sur le web : lu aussi par Pativore
Participation à un mois au Japon organisé par lou et Hilde
Particiation au Hanami book challenge (L'individu dans la société) organisé par miss Chatterton
© by YAMAGUCHI Tsubasa / Kôdansha
Drifting dragons de Taku Kuwabara : ISSN-2607-0006
© Taku KUWABARA
Des dirigeables ? Des voyages en zeppelin ? Des corsaires de l'espace ? Cela fait penser furieusement à un roman de Jules Verne mais en réalité, c'est l'univers de Drifting dragons de Taku Kuwabara où des chasseurs de dragons tuent ces créatures fantastiques pour leur viande ou pour les empêcher d'attaquer des villages.
Dans ce premier tome (12 tomes parus déjà !), le mangaka pose les bases de son intrigue : il décrit donc les conditions de vie à bord du navire dragonnier, l'accueil qu'on leur fait sur terre, les dangers qu'ils affrontent, la chasse aux gigantesques dragons, les relations entre les différents personnages... Le plus sérieusement du monde, il partage même des recettes à base de viande de dragons ! En effet, Mika, le héros de ce premier tome, est un incorrigible gourmand qui cuisine à peine la bête abattue.
Portez aussi votre attention sur les dessins, qui sont magnifiques. On remarque surtout l'originalité et la variété des dragons. Finalement, le mangaka arrive à renouveler les épisodes autour de ces chasses en faisant intervenir de nombreuses péripéties comme des tempêtes, des pirates de l'air, des attaques de mère dragon se vengeant de la mort de leur dragonnet, le quotidien et les difficultés d'un voyage aérien incessant etc...
Embarquez vite sur ce dirigeable où l'on ne s'ennuie pas, dans lequel les actions s'enchaînent comme dans un roman d'aventures du XIXeme siècle !
Drifting Dragons, de Taku Kuwabara, tome 1 ( 12 tomes, série en cours), Pika, France, Juin 2021, 205 p.
Participation "Exploration,voyage" au bingo à vapeur de Miss Chatterton,
© Taku KUWABARA
Fullmetal Alchemist d'Hiromu Arakawa : ISSN 2607-0006
© Hiromu Arakawa
Avec son édition simple, son édition double et la (superbe) "perfect edition", Fullmetal alchemist d'Hiromu Arakawa (qui a aussi créé la série Silverspoon) ne cesse d'être réédité, une quinzaine d'années après sa sortie. C'est un succès bien mérité pour cette série à la fois plus drôle et plus sérieuse qu'elle n'en a l'air.
Deux frères, Edward et Alphonse, décident de ressusciter leur mère grâce à l'alchimie. Malheureusement, l'aîné perd sa jambe et son bras tandis que le cadet voit son âme attachée à une armure parce que l'alchimie repose sur un principe d'équivalence. Les deux frères en partie mécanisés décident de retrouver leur corps d'origine. Pour ce faire, Edward entre dans l'armée, les alchimistes d'Etat.
Edward se révèle être un héros atypique dans ses incessantes remises en cause : comment doit-il utiliser l'alchimie ? A-t-il eu raison d'entrer dans l'armée qui est dénigrée à cause de ses abus de pouvoir et dans sa guerre inique contre les Ishbal ? Doit-il tout sacrifier pour sa quête de la pierre philosophale lui permettant de retrouver son corps d'origine ? Edward, lui, n'utilise l'alchimie que "pour servir au bien du peuple".
Lors de cette quête, il doit affronter de nombreux dangers, secondé par son jeune frère. Leur amitié et leur caractère prennent souvent une tournure comique, rendant attachant ces deux adolescents. Ce ne sont pas les seuls personnages amusants du manga, même si les antagonistes se révèlent particulièrement cruels pour réussir à obtenir la pierre philosophale avant les deux frères. Appelé "Fullmetal nabot" par sa principale antagoniste, la petite taille d'Edaward est un running gag dans ces premiers épisodes...
Ce shonen amène habilement son lecteur à réfléchir sur de nombreuses questions éthiques tout en montrant une belle amitié. FMA mérite bien son statut de manga culte !
Fullmetal Achemist d'Hiromu Arakawa, tome triple ( 27 volumes), Kurokawa
Participation "Automate" au bingo à vapeur de Miss Chatterton
Levius d'Haruhisa Nakata : ISSN 2607-0006
Un chat avec une patte mécanique ? De la boxe mécanique ? Bienvenu dans le monde steampunk de Levius d'Haruhisa Nakata ! Au XIXeme siècle, la boxe mécanique est le sport le plus prestigieux, où les vainqueurs sont vénérés comme des dieux.
Notre jeune héros, avec son bras mécanique, bras perdu dans une effroyable guerre qui a bien failli coûter la vie de sa mère, ne cesse de gagner de manière sidérante. De combat en combats, il finit par atteindre le deuxième niveau. Par un coup du sort, on va le faire combattre pour qu'il atteigne le niveau 1. Le résumé semble celui d'un shonen classique mais il n'en est rien.
Lorsqu'on découvre Levius, on nous narre avec des retours en arrière son destin tragique et la manière dont il est attaché à sa mère restée dans le coma après une bataille, dans laquelle des robots ont fait d'innombrables morts. On évoque aussi souvent le père, un révolutionnaire se révoltant contre l'Empire et l'oncle qui élève le jeune homme. Celui-ci a sans cesse des visions dans lesquelles il voit des éléments qui deviennent réels, comme un stage qu'il décrit et qui finit par être construit. Outre ces rêves prémonitoires, il est aussi question de politique avec l'Empire et Amethyst, une société de scientifiques créant des robots pour l'armée...
Surtout le dessin est extrêmement original : souvent les arrières-plans restent flous et seuls, les premiers plans sont nets. Parfois, certains éléments sont parfois mis en valeur...
LEVIUS ©2014 Haruhisa NAKATA/SHOGAKUKAN
Décors et personnages sont éminemment steampunkisés avec des hauts-de-forme pour les hommes, des chats avec des pattes mécaniques, ces hommes "augmentés" et cette société secrète contruisant des robots militaires. Cet univers est d'ailleurs mis en valeur par le grand format big kana. Lors des combats, les traits tirent vers l'abstraction soulignant encore davantage la singularité du style du mangaka.
On a hâte de retrouver, à la fin du premier tome de cette série courte - en trois volumes - notre héros, la société Amethyst et l'univers de Levius !
LEVIUS ©2014 Haruhisa NAKATA/SHOGAKUKAN
Levius d'Haruhisa Nakata, tome 1, Big Kana, Italie, 2015, 234 p.
Participation "super héros" au bingo à vapeur de miss Chatterton