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1001 classiques
16 janvier 2010

On ne badine pas avec l'amour de Musset : ISSN 2607-0006

 

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Musset, chantre des romantiques, signe ici une comédie dramatique écrite dans une prose poétique. Camille est promise à Perdican, mais lorsque celle-ci sort de son couvent, elle est décidée dès la première rencontre à refuser ce mariage et à prendre le voile : les autres religieuses du couvent lui ont fait la leçon en la mettant en garde contre les hommes. Quant à Perdican, pétri des images de sa douce enfance, il souffre du refus de Camille et se venge en courtisant Rosette, la soeur de lait de Camille.

"Les mots sont des mots et les baisers sont des baisers".

On ne badine pas avec l'amour constitue une comédie de l'amour, où le badinage peut se révéler funeste. Le genre du proverbe était un jeu des salon littéraire à l'origine. Et il est bien question de jeu dans cette comédie qui joue sur les masques et les sentiments jusqu'au moment où la mort s'en mêle.

De nombreuses scènes sont véritablement comiques grâce aux fantoches de la pièce : le Baron père de Perdican n'entend rien à l'amour et ne comprend qu'à demi-mot les répliques des autres personnages, créant ainsi des raccourcis tout à fait amusants. Autour de lui se démènent dame Pluche, affublé d'un nom ridicule, qui est une véritable caricature de vieille fille dévote, et Blazius, précepteur de Perdican, un abbé grand buveur et mangeur. Ces personnages contribuent grandement à créer un comique de situation. Ainsi lorsque Maître Blazius vient annoncer au Baron que Camille était rouge de colère et voulait obliger Dame Pluche à porter un billet qu'elle froisse pour ne pas avoir à l'apporter, voici ce que répond le Baron : "Je n'y comprends rien ; mes idées s'embrouillent tout à fait. Quelle raison pouvait avoir dame Pluche pour froisser un billet plié en quatre en faisant des soubresauts dans une luzerne ! Je ne puis ajouter foi à de pareilles monstruosités."

Pourtant, On ne badine pas avec l'amour n'est pas seulement une comédie : le sérieux de l'avertissement contenu dans le titre s'exerce tout au long de la pièce donnant une dimension tragique à la comédie du dépit amoureux. Camille n'est-elle qu'une orgueilleuse ? Perdican est il un libertin ? Va-t-il réellement épouser Rosette ? Une tension dramatique s'installe pour ne plus quitter la scène : progressivement les jeunes héros se découvrent mais l'aveu vient trop tard comme dans Les caprices de Marianne. La légèreté de l'écriture de Musset n'exclut pas la souffrance et un certain lyrisme. Les personnages sont bien plus complexes qu'il n'y paraît et sont le reflet d'un amour désenchanté et lucide : chaque mot de cette comédie de l'orgueil semble pousser les héros vers un précipice...

Le verbe, le mot et la poésie dominent les trois actes oscillant entre le grotesque et le sublime jusqu'à l'extrême fin tragique. Toute la pièce est portée par la magnifique et musicale prose de Musset, qui met dans la bouche de son jeune héros cette fameuse tirade  : "Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses ; curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime; c'est l'union de ces deux êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui".

Des drôleries, de la fraîcheur mais aussi du désespoir, On ne badine pas avec l'amour est une analyse de l'amour sans concession, et une pièce romantique magnifique...

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9 janvier 2010

Huis clos de Sartre : ISSN 2607-0006

 

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 Huis clos de Sartre est une courte pièce de 5 scènes réunissant 3 personnages principaux, Ines, Estelle et Garcin, qui vont s'affronter dans une salle figurant l'enfer. Garcin vient de mourir et est amené dans une pièce décorée avec des objets style Empire. Bientôt se joignent à lui deux femmes avec lesquelles il doit cohabiter.

"Garcin
Le bronze... (il le caresse.). Eh bien, voici le moment. Le bronze est là, je le contemple et je comprends que je suis en enfer. Je vous dis que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent... (Il se retourne brusquement.) Ha ! vous n'êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses (Il rit.) Alors c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! Quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les autres".

"L'enfer, c'est les autres".
Le dépouillement de la mise en scène permet la concentration de l'intérêt dans la construction de la relation entre les personnages. Dans l'enfer sartrien, nul besoin de glace, c'est que l'on se voit dans le regard de l'autre. Chacun des personnages cherchent à se cacher le motif de leur damnation mais ils ne peuvent échapper au regard d'autrui, à son jugement et sa ludicité. Les protagonistes ne sont ni des individus, ni des caractères, ce sont des consciences qui s'accomplissent les unes par rapport aux autres. L'homme est à la fois un être pensant et pensé.

Dans l'enfer sartrien, nul besoin de diables, de flammes ou de pals et pourtant il est peuplé de monstres. Brisant l'image d'Epinal, qui faisait de l'enfer une fournaise peuplée de démons tel que Bosch l'a représenté, Sartre ( une exposition virtuelle lui est consacré sur le site de la BNF) fait de l'homme un bourreau pour son semblable : l'homme est bien un loup pour l'homme. Si dans cet enfer, l'homme semble encore libre, cette liberté le renvoie à sa propre finitude : pourquoi faire des choix dans un lieu où n'existe plus la mort, seulement un présent éternel ? Théâtre d'idées, théâtre de l'existentialisme, Huis clos définit l'Enfer tout en montrant la tragédie du destin de l'homme... Dans cette ère de l'individualisme forcené, cette pièce philosophique est à méditer !

Sartre, Huis clos, Folio, 95 p.

23 décembre 2009

Les précieuses ridicules de Molière

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Comédie en un acte et 17 scènes, les Précieuses ridicules sont une satire de la vie littéraire de l'époque et l'une des premières pièces de Molière ( biographie ici) : Magdelon et Cathos sont deux filles de bourgeois qui éconduisent Du Croisy et La Grange, sous le prétexte fallacieux qu'ils ne connaissent pas la carte du Tendre, extrait d'un roman de Mlle de Scudéry, représentation concrète de l'itinéraire amoureux, tel que le concevait les précieuses de l'époque. En revanche, elles tombent amoureuses des valets déguisés des deux amants rebutés...

Molière fait ici la satire des coquettes et des excès engendrés par la mode de la préciosité et de la vogue des salons littéraires. Par exemple, une précieuse désignera un miroir par une périphrase "le conseiller des grâces" ou "les âmes des pieds" servent à nommer les violons. L'excès de snobisme des deux demoiselles est tout à fait comique, en décalage avec le bon sens de Gorgibus, le père qui n'entend rien à ces billevesées...
Le comique de farce est présent à travers les deux valets triviaux, des types, plutôt que des individus... et qui reçoivent des coups de bâtons comme tout bon valet moliéresque... Petite pièce alerte, agréable à lire...

14 décembre 2009

Le barbier de Séville de Beaumarchais : ISSN 2607-0006

 

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A Séville, un vieux médecin, Bartholo, décide d'épouser sa jeune pupille Rosine. Cependant, le comte Almaviva est amoureux de cette jeune fille. Il décide de s'introduire chez Bartholo, déguisé en cavalier, et peut ainsi s'entretenir avec l'objet de son amour. Les jeunes amoureux sont aidés dans leur entreprise par Figaro, le valet de Bartholo...

Tout de suite, on reconnaît des thèmes moliéresques ainsi qu'une intrigue très convenue, influencée par la commedia dell arte : deux jeunes gens cherchent à se marier aux dépens d'un vieux barbon jaloux et ridicule.

Cependant, cette pièce en 4 actes, pose le noeud de l'intrigue de manière très dynamique. Surtout, les dialogues sont extrêmement enlevés entre jeux de mots, comique de répétition, vivacité des répliques et chiasmes. A l'acte III, l'intrigue présente un tel imbroglio que l'un des acteurs s'écrit : "il y a de quoi perdre l'esprit !". Les dialogues sont très fluides ne laissant aucun répit au spectateur. Dans ces dialogues, le personnage de Figaro y prend une importance particulière : ses paroles sont, au-delà du comique, parfois critiques. Il est en quelque sorte le porte parole de Beaumarchais. Il fustige le milieu littéraire - il parle de la république des Lettres comme étant celle des loups - et les autres personnages.

Cette pièce est aussi influencée par l'esthétique théâtrale de l'époque, celle du drame : en effet, le personnage de Rosine n'est pas celui d'une ingénue, elle est rusée et caractérielle. Elle sait mentir et feindre. Cependant, certaines scènes ne sont pas dépourvues de sensibilité et chacun des personnages ressent, à un moment, le désespoir ou le désarroi face à cette comédie de l'amour où le bonheur et la justice finissent par l'emporter. Cette comédie se lit avec plaisir, tant la pièce a un rythme vif où s'enchaîne quiproquos, déguisement, apartés et bon mots... Une pièce de Beaumarchais ( présentation de l'auteur " les essentiels littérature" sur le site de la BNF) à lire !

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