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23 septembre 2016

Retour au pays de Robin Hobb : ISSN 2607-0006

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Le mythe de l'Atlantide relate la destruction d'une cité technologiquement avancée : il transparaît dans de nombreux films, comme Le chateau dans le ciel de Miyazaki, ou des récits comme Retour au pays de Robin Hobb. Si vous n'avez pas lu ses cycles cultes de fantasy comme L'assassin royal et Les aventuriers de la mer, ne renoncez pas à lire Retour au pays qui en est le prélude.

Une femme noble, artiste, est obligée de suivre en exil son mari avec d'autres conspirateurs. Le voyage s'avère mouvementé étant donné que Dame Carillon de Rochecarre est enceinte et malheureuse, loin de la cour du gouverneur Esclépius. Arrivés sur les Rivages maudits, les infortunés voyageurs découvrent que l'eau du fleuve est corrosive, qu'elle provoque la folie et que des marécages s'étendent à perte de vue. Ce fleuve des Déserts de pluie est-il le lieu mythique des anciens rois et reines ? Les colons vont-ils survivre dans ce lieu hostile ?

" Comme si l'art vous soustrayait à la vie alors qu'il vous y plonge, la tête la première !"

Adoptant la forme originale, pour un récit de fantasy, d'un journal intime, ces pages révèlent peu à peu le caractère d'une héroïne insupportable, offusquée du manque de considération qu'on lui accorde. Mais ne lâchez pas le roman. Non seulement ce personnage féminin évoluera mais les lieux imaginaires découverts sont terriblement fascinants. Ressemblant à une forêt primaire inhospitalière, le paysage est décrit avec une plume poétique, dans un langage soutenu s'accordant avec la noblesse de la diariste : " La végétation nous est inconnue et la faune que nous avons aperçue vit dans les plus hautes branches. Pourtant, cette luxuriance inextricable recèle pour qui sait la voir une réelle beauté. Le soleil qui filtre à travers le dais des branches baigne d'une lumière tamisée, mouchetée, les draperies duveteuses des mousses qui pendent des lianes".

Revisitant le mythe de l'Atlantide mais aussi de l'Eldorado, à travers une belle écriture, nous entrons dans un monde marqué par une struture féodale et par le merveilleux. Suivez les pas de Dame Carillon pour découvrir un pays magique, étrange, bizarre menant à une réflexion sur l'art et la nature et découvrez grâce à ce roman très court, l'imaginaire envoûvant de Robin Hobb qui donne envie de découvrir ses cycles.

Robin Hobb, Retour au pays, J'ai lu, 121 p.

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9 septembre 2016

Soleil vert de Harry Harrison : ISSN 2607-0006

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Peut-être faites-vous le tri de vos ordures ménagères. Peut-être êtes-vous sensible à la déforestation galopante. Peut-être prenez-vous les transports en commun... L'écologie est l'une des préoccupations de Soleil vert d' Harry Harrison : dès le prologue, l'auteur rappelle que les Etats-Unis consomment 50 % des matières premières. Dans un futur dystopique, situé en 1999, New York surpeuplé voit sa population qui ne cesse de croire et de survivre dans une ville dévastée où les logements sont insuffisants, où la pénurie d'eau et d'aliments se fait sentir. C'est dans ce contexte, de lutte pour la survie, que Billy Chung tue un politicien important. Andy Rush mène l'enquête dans un climat post-apocalyptique où les émeutes de la faim se multiplient, aidé de Sol, un vieillard qui a connu la terre à une époque où les ressources étaient encore abondantes :" Le charbon était censé durer des siècles ; on l'a surexploité pour le chauffage des masses. Et le pétrole, il en reste si peu qu'on ne peut même plus se permettre de s'en servir comme combustible [...] Et les fleuves, qui les a pollués ? L'eau qui l'a bue ? La couche arable qui l'a l'épuisée ? Tout a été englouti, utilisé, consommé" ( p. 296).

Soleil vert est une véritable enquête, mais le suspense importe peu. Deux héros se partagent l'intrigue : Chung lutte pour survivre et nous fait découvrir un monde interlope où la loi de la jungle règne. Inversement, Andy Rush nous introduit dans un monde de nantis et l'envers de la politique. De même, on découvre un autre couple antithétique de personnages : Sol, qui représente la raison, et Shirley, qui choisit une vie insouciante, sans se préoccuper des problèmes de la société. Sans didactisme, en fictionnalisant son propos, l'auteur souligne les aspects néfastes du progrès et de la surconsommation.

Ecrit en 1966, ce roman est d'une étonnante actualité et pose des questions qui nous interpellent :" Et il faut absolument faire quelque chose pour y remédier. Mais ça implique que les gens changent, qu'ils fassent un effort, qu'ils se servent de leurs neurones - rares sont les personnes à aimer ça" ( p. 274). A découvrir, non pas pour ses qualités littéraires ( l'écriture étant plutôt commune) mais pour la prise de conscience que ce livre peut provoquer grâce à la description d'un monde, proche de notre réalité, terrifiant, lugubre et sordide...

Soleil Vert ( Soylent Green ) - Bande Annonce -

Je n'aurai pas lu ce livre, si je n'étais tombée par hasard sur l'adaptation filmique de Fleischer : ce film accentue les dérives de la société en supprimant le personnage de Chung ( et donc tout un pan de l'histoire de H. Harrison) et en mettant l'accent sur la disparition des matières premières. La fin inventée par les scénaristes est terriblement frappante et donne encore plus de relief au message de H. Harrison. Certains aspects du film parraissent datés ( des ordinateurs grands comme des armoires) mais les idées ne le sont pas.

Harrison, Soleil vert, J'ai lu, 347 p.

Soleynt green, Fleischer, 93 min, avec Charlton Heston

4 mars 2016

Pierre Bordage, Ceux qui sauront/ nouvelle vie : ISSN 2607-0006

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Bordage 2 001

26 février 2016

Des larmes sous la pluie de Rosa Montero : ISSN 2607-0006

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Après des études de journalisme et de psychologie, Rosa Montero est chroniqueuse à El Pais et un écrivain reconnu en Espagne. En France, elle s'est surtout fait connaître grâce à son roman de science-fiction Des larmes sous la pluie, qui vient de sortir en poche aux éditions Métailié. Un deuxième opus de la série vient de sortir : Le poids du coeur ( billet de Yueyin et Keisha).

BladeRunner

Blade runner, Ridley Scott

C'est sous l'égide de l'oeuvre de P. K. Dick, que se place ce roman futuriste. Mais Des larmes sous la pluie n'est pas une pâle copie de Blade runner. En 2109, sur terre, une réplicante de combat, Bruna Husky, enquête sur la mort d'autres techno-humains, mourant en faisant des victimes humaines. Pour quelles raisons a-t-on manipulé les mémoires de ces androïdes ? Un organisme politique a-t-il intérêt à inciter à la haine entre espèces ? Pourquoi des humains liés à un projet d'implants de comportement induit pour humains sont-ils tués ? Quelle intrigue policière ! Plusieurs suspects, des retournements de situation, des déguisements, des combats... Rien ne manque dans cette histoire enchevêtrée.

On avance donc, comme dans un labyrinthe, dans ce monde inconnu, mais qui paraît dans le prolongement du nôtre. Pour éviter les longues descriptions informatives, Rosa Montero a choisi d'intégrer intelligemment des pages d'archives synthétisant l'histoire des réplicants, de l'évolution climatique ou politique. Comme tous les romans d'anticipation, le monde évoqué critique indirectement la société actuelle. Comme dans Blade Runner, certains animaux ont disparu, comme les ours. Le climat s'est détérioré, l'air pur est payant... Les humains sont constamment surveillés, manipulés politiquement par des publicités abusives...

Et quelle héroïne ! Ce personnage d'androïde est extrêmement complexe : elle ne cesse de s'interroger sur sa nature, sa mémoire factice, sa mort. Mais elle éprouve aussi de l'agacement face à ses réflexes de combat de machine. Ce genre est d'ailleurs, selon l'auteur dans son entretien "Mauvais genre" diffusé sur France culture, le meilleur moyen d'interroger la condition humaine. Si elle refuse la mièvrerie, elle trouve émouvantes les paroles du réplicant de Blade Runner : " J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons c briller dans l'ombre de la porte de Tannhauser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme des larmes sous la pluie. Il est temps de mourir". Les androïdes ont-ils une âme ? Lisez et succombez à l'immense richesse de ce roman haletant...

Montero, Des larmes sous la pluie, Editions Métailié, 404 p.

billet de Keisha, Cachou

Sur le web : Mauvais genre. 2016. Entretien avec Rosa Montero et Matthieu Letourneux. Diffusé le 20 février 2016. 

Blade runner, Ridley Scott, avec Harrisson Ford, Sean Young, 1982, 111 min

29 octobre 2013

Les faucheurs sont les anges d'Alden Bell : ISSN 2607-0006

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Les faucheurs sont les anges raconte le périple d'une adolescente de 15 ans, dans une Amérique ravagée par des zombies, jalonné de bonnes ou de mauvaises rencontres. A travers les souvenirs de Temple, s'élabore peu à peu la vie d'une personne n'ayant jamais connu que la destruction des autres pour survivre. Pourtant, elle ne semble pas insensible aux beautés d'un monde qui suscitent chez elle un questionnement métaphysique, moins manichéen qu'il n'y parait. Si le monde post-apocalyptique rejoint celui de La route de Mc Carty ou celui antérieur de Malevil de R. Merle, on ne perçoit pas l'originalité apportée au " mythe de Zombie" comme l'indique la quatrième de couverture...

Lector in fabula : Tout auteur, selon U. Eco pense à un archi-lecteur, un lecteur idéal à l'horizon de son roman. Quel est celui de A. Bell ? Les amoureux d'histoires de zombies ? Les adolescents, qui peuvent se projeter dans le jeune personnage ? Les amateurs de jeux-vidéos où l'objectif est de détruire  tout obstacle rencontré sur le chemin ? Peu habituée à la lecture de science-fiction, je n'ai pas du tout été intéressée par la personnalité de l'héroïne. La quête de Temple, ponctuée par de nombreux massacres, se fait mécaniquement, aussi automatiquement que les gestes des zombies hantant ce roman, et la fin du roman est des plus brutales, tournant court sur ce qui parait être une impasse du roman. Comme l'auteur ne décrit pas la société, comme il ne parle pas des autres personnages et évoque seulement la manière dont les gens réagissent face à un monde sans sens, le récit tourne vite dans le vide amenant un dénouement rapide et peu cohérent... On s'ennuie vite avec cette histoire qui se lit facilement mais qui n'aboutit sur aucun enjeu....

Bell, Les faucheurs sont des anges. Un avis positif ici.

Partenariat Folio.

Participation au challenge Halloween de Lou et Hilde.

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29 septembre 2013

L'affaire Jane Eyre de Fforde : ISSN 2607-0006

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Quel monde attrayant Fforde construit avec L'affaire Jane Eyre ! Tout n'est que littérature ! Les OpSpecs sont des enquêteurs spéciaux qui traquent les faux et les vols de livres. S'ils se rendent dans un bar, il est forcément nommé le "chat de Sheshire". Les aéroports se trouvent ornés de shakesparleurs - des robots qui récitent l'oeuvre de Shakespeare - et les savants fous contruisent des portails qui permettent d'entrer littéralement dans les oeuvres. Dans le monde de Thursday Next, les querelles littéraires font rage : baconiens or not baconiens en ce qui concerne l'oeuvre de Shakespeare ? Lorsque le manuscrit Martin Chuzzlewit de Dickens est volé, notre héroïne est confrontée à un dangereux professeur de littérature égocentrique et démoniaque - appelé Hadès Achéron. L'intrigue plutôt décousue prolifère de toute part : l'imagination foisonnante de Fforde crée des tueurs de vampires, des chronogardes qui peuvent arrêter le temps, plusieurs intrigues amoureuses...

Si l'imaginaire ffordien se révèle plutôt séduisant, l'écriture est souvent décevante avec de ridicules dialogues entre l'héroïne et Hades, et un langage très familier et parfois grossier pour des amoureux de la littérature... Des détails inutiles et l'humour parfois outré des personnages finissent par lasser, sans parler du manichéisme des personnages.

Pourtant, le livre échappe à l'outrance technique des livres de science-fiction. En effet, L'affaire Jane Eyre semble aussi un hommage et un jeu autour de l'oeuvre de Charlotte Bronte. Reproduisant des passages entiers, l'auteur prend plaisir à revivifier l'histoire en créant une frontière poreuse entre la réalité et la fiction et en attribuant une vie propre aux personnages peuplant l'oeuvre de C. Brontë : qui n'a pas rêvé de rencontrer Rochester et de déambuler à Thornfield ?

Fforde, L'affaire Jane Eyre, 10/18

 

12 mai 2012

Par-delà le mur du sommeil de Lovecraft : ISSN 2607-0006

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L'univers de Lovecraft est inimitable, original et absolument particulier. En entrant dans ses nouvelles, on sent tout de suite sa fascination pour les histoires de possessions, de sorciers et de sciences occultes, sans compter la folie et les mythes antédiluviens... Que ce soit dans "L'affaire Charle Dexter Ward" ou "Le monstre sur le seuil", un personnage ou le héros prend la parole pour déclarer que sa folie n'en n'est pas une mais qu'ils ont été confrontés à des forces occultes... Des enquêtes sont soigneusement menées d'un point de vue historique ou scientifique. Quoi de plus naturel ? Stonehenge ou les sorcières de Salem ont fasciné plus d'une personne tout en conservant tout leur mystère.

"La folie rôde dans le vent nocturne" ("Le molosse"): une grande place est aussi laissée à l’architecture gothique, médiévale, ruines, temple ou des maisons isolées. Au croisement de la sciences fiction, du conte fantastique et du récit mythique, les histoires de Lovecraft provoque le doute : les personnages sont-ils fous ? Qu'est-ce qui les a conduits à la mort ou à tuer ? ainsi, dans "L'affaire Charles Dexter Ward", on est amené à se demander si le jeune homme est vraiment possédé par un sorcier, son arrière grand-père. Une histoire similaire est développée dans "Le monstre sur le seuil" où un jeune homme tombe sous la coupe de sa femme, légèrement diabolique. Mais la jeune femme se comporte de la même manière que son père : l'a-t-il possédée et cherche-t-il à prendre possession du corps du jeune homme ? " Les rats dans les murs" commence dans une atmosphère gothique pour finir dans le meurtre et l'épouvante : un homme dont toute l'ascendance comporte des meurtriers et une malédiction de famille, décide de retourner dans le manoir anglais de ses ancêtres. Là, il ne cesse d'entendre des rats sans jamais les voir, jusqu'au moment où il découvre une antique stèle dans la cave, descendant vers les abîmes...

L'innommable, l'invisible, le surnaturel sont omniprésents mais pas effrayants. Ces êtres informes créent surtout une aura de mystère et de doute s'appuyant sur des superstitions. Tout repose sur les perceptions des personnages dont on met en doute souvent l'équilibre mental. Certains événements sont assez répétitifs, les forces des ténèbres étant souvent liées à l'odeur de souffre, à des formes sans formes... L'auteur semble obnubilé aussi par les décadents et leurs histoires morbides. S'il cite Huysmans qui a écrit La-bas, histoire de Gilles de Rais et autres monstrueux personnages, il semble qu'il soit influencé par toute l'atmosphère fin-de-siècle et le goût du satanisme et de l'ésotérisme du XIXeme siècle finissant : on retrouve diverses influences littéraires mais détournées vers l'épouvante. Le monstrueux, les secrets sont développés avec talent dans ces nouvelles qui sont des variations autour de mêmes obsessions, une vision de l'enfer et de l'invisible...

 Lovecraft, L'horreur de Dunwish, Folio.

 Lovecraft, Par-delà les murs de sommeil, Folio SF, 333 p. qui rassemble les nouvelles suivantes " L'affaire Charles Dexter Ward", " celui qui hantait les ténèbres", " Le monstre sur le seuil", " Les rats dans les murs", "Par-delà le sommeil".

Lu aussi par Titine.

26 juin 2011

Le faiseur d'histoire de Stephen Fry : ISSN 2607-0006

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Si vous avez lu des billets élogieux sur un livre de SF de Stephen Fry, comme celui de Cryssilda ou de Keisha vous saurez en lisant ce livre, chers lecteurs, qu'ils sont tout à fait mérités. De quoi parle Le faiseur d'histoire ? Justement de l'histoire avec un grand H. Notre héros Michael Young est un thésard en histoire à Cambridge : il étudie une des périodes les plus sombres, celle du nazisme. La rencontre inopée avec un professeur de physique qui a créé une machine permettant de regarder le passé et le vol non moins inopiné d'une pillule rendant stérile donne l'idée au jeune futur "docteur" de remonter le temps pour empêcher la naissance d'Hitler. Du déjà vu ?

Certes non ! L'originalité de ce roman vient du personnage principal et de la narration tout à fait surprenante. Tout d'abord le livre est lui-même écrit par un excentrique "de ceux dont la Grande Bretagne a le secret"*, mettant en scène un personnage... excentrique aussi ! Imaginez un thésard qui introduit des passages lyriques, pour essayer de capter l'attention du lecteur et révèle à son tuteur que c'est un peu comme un poème en prose ! Vous l'aurez compris, Michael Youg a beaucoup d'imagination et une propension naturelle à être maladroit... faisant s'envoler toutes les feuilles de sa thèse, bien évidemment non reliées, le jour où il doit les remettre à son tuteur qui le reçoit habillé en kimono (?). Bref, notre excentrique personnage décide de changer de monde. Mais peut-on défaire ce qui est fait ? Peut-on changer ce qui existe, empêcher la naissance d'un être malfaisant ? L’uchronie comme tout roman de science-fiction pousse à la réflexion en confrontant un autre monde possible au nôtre : l'auteur dénonce ainsi l'intolérance. Le faiseur d'histoire un livre sérieux ?

Non, car l'autre qualité de ce livre, c'est qu'il est raconté de manière originale. Fry est acteur, mais aussi écrivain, animateur radio... et il a aussi écrit des sketchs. Il écrit donc certains passages du roman comme un scénario, donnant une touche humoristique supplémentaire en jouant sur les clichés des films, s'ajoutant ainsi au comique créé par l'exaltation du héros. Si les événements et les personnages reposent sur des faits réels, de nombreuses situations sont complètement farfelues. Seule la fin sentimentalo-hollywoodienne est à déplorer... Et si vous croyez ne pas aimer la science-fiction, ce livre plein d'humour vous fera peut-être changer d'avis.

* postface; p. 630

 Fry, Le faiseur d'histoire, Folio, p. 645

5 septembre 2010

Fahrenheit 451 de Bradbury : ISSN 2607-0006

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Les liens entre les mondes fictionnels et réels sont toujours présents ; même les utopies, en s'attachant à décrire une société imaginaire, servent à critiquer de manière indirecte, le monde contemporain des auteurs. Ecrit dans les années maccarthystes, pour en critiquer les dérives fascisantes, Bradbury dénonce avec ce roman d'anticipation la censure qui frappe les livres et les intellectuels. Roman d'anticipation ? Pourtant certaines phrases pourrait encore s'appliquer à notre société.

451° Fahrenheit est la température à laquelle un livre s'enflamme. Dans ce monde futuriste, les pompiers n'éteignent pas les feux mais les allument, autodafé qui permettent de brûler les livres, jugés dangereux pour le bonheur de l'homme, car la fiction est mensonge et contradictoire. Pourtant, Montag, fervent pompier et destructeur de livres, va à la faveur d'une rencontre prendre conscience de l'horreur de ses actes. Guy Montag remet en cause son idéologie le jour où il rencontre une jeune fille, qui apprécie les conversations, la réflexion et l'échange avec l'autre. A quoi servent les livres ? Pourquoi certaines personnes sont prêtes à mourir pour les défendre ?

Dans ce monde, les objets sont plus vivants que les humains souvent métaphorisés en statues : la chaleur est associée aux livres tandis que le froid qualifie le foyer de Montag, lieu complètement déshumanisé. Les images envahissent les murs, rendant les êtres solitaires et leur vie vaine. Montag et sa femme vivent dans un tourbillon de paroles et d'images vidées de sens. Pompier, Guy Montag doute, réfléchit, s'humanise et prend conscience de la valeur des livres.

En 1953, ce roman d'anticipation a pris une valeur séditieuse : c'était un livre engagé.  Finalement, on se dit que ce monde terrifiant et totalitaire n'est pas le nôtre, car on ne brûle pas de livres et pourtant à bien y regarder, Fahrenheit 451 semble très proche de notre réalité : l'image a remplacé le livre et il n'est nullement besoin de les brûler. Le peu d'intérêt qu'on porte à la littérature et le fait de moins lire amène la mort du livre aussi sûrement que les flammes d'un autodafé. Cependant, ce livre de Bradbury ( biographie de Larousse) porte une note d'espoir à la fin... Fahrenheit 451 contient une réflexion sur la fonction des oeuvres littéraires, question brûlante d'actualité, à travers une écriture très imagée et symbolique. Un classique à lire ou à relire !

Bradbury, Fahrenheit 451, Folio SF,212 p.

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