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1001 classiques
29 décembre 2014

Le complexe d'Eden Bellwether, de Benjamin Wood : ISSN 2607-0006

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16 septembre 2014

L'utopie de More : ISSN 2607-0006

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Planisphère de Martin Waldseemuler ( publié avec le texte d'origine)

Comme le Planisphère, à bien y regarder est aussi une vanité, le texte de More est au-delà d'un récit de voyage, comme un traité sur le meilleur gouvernement possible. Morus nomme ce procédé, la " menée oblique" : la fiction permet d'enrober l'aridité d'un essai de philosophie politique. Voguant sur les succès des publications des récits de voyages des explorateurs du XVeme siècle ( le Mundus Novus de Vespucci est un best-seller que tout le monde s'arrache à l'époque) , L'utopie est conçue comme la relation vraie d'un voyage d'un certain Raphaël Hythlodée, qui a participé au trois premiers voyages en Amérique d'Amérigo Vespucci, à Thomas Morus. Avant de révéler sa découverte de l'île, Raphael raconte un dîner avec les puissants de l'Angleterre. Là, il décrit les travers de la Grande Bretagne, une dystopie, notamment les peines infligées aux voleurs, l'orgueil des hommes...

Puis, il commence la description de l'Utopie. Comment se présente cette île ? Quelles sont ses moeurs ? Quel est le système politique et économique ? Grâce aux notes, nous pouvons voir que l'Utopie ressemble beaucoup à la Réplublique de Platon, ce qui n'est pas étonnant lorsque l'on connaît l'amour immodéré des humanistes pour les sources antiques. Ainsi, les utopiens ne connaissant pas la propriété, rejettent l'expansionnisme et n'idôlatrent pas l'or. En creux, cette description critique l'Europe à l'époque de More, notamment les enclosures ( en Angleterre), les conquêtes sanglantes du Nouveau Monde ou " le goût déraisonnable du luxe". Cette île du " non-lieu" présente des aspects modernes pour l'époque comme l'étude pour tous, la mise en valeur du savoir, une des préoccupations humanistes. C'est pourquoi, ils ont beaucoup de temps de loisir " afin qu'ils consacrent à cultiver et à affranchir leur esprit. Car c'est en cela, croient-ils, qu'est située la félicité humaine".

Cependant dans la conversation finale entre Raphael et Morus, nous comprenons que ce dernier est réticent face à certains aspects des propos du jeune voyageur : Morus n'est pas un idéaliste et a une approche plus aristotélicienne de la politique, en favorisant la pratique aux spéculations. Tolérance, vertu, équité, L'utopie est-elle la Res publica idéale ? Il faut surtout se demander si l'on pourrait l'expérimenter... Ce texte m'a permis de réfléchir sur la politique et la morale des utopiens mais aussi à renouer avec les auteurs antiques, notamment la philosophie des stoïciens...

T. More, L'utopie, folio, 382 p. avec le paratexte.

9 septembre 2014

Les mémoires d'Hadrien/ L'oeuvre au noir de Yourcenar : ISSN 2607-0006

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"Deux êtres profondément différents l'un de l'autre : l'un reconstruit sur des fragments de réel, l'autre imaginaire, mais nourri d'une bouillie de réalité" : ainsi M. Yourcenar décrivait ses deux oeuvres. Les mémoires d'Hadrien peuvent faire penser aux biographies de Suétone, par leur dimension anecdotique, privée, qui développe la vie de Néron, Caligula, décrivant précisément, de manière fouillée leur règne. De facto, l'empereur rend compte de son oeuvre politique, de l'histoire de la Rome du IIeme siècle... comme un "miroir du prince" qu'il adresserait à Marc-Aurèle, son successeur. Mais c'est aussi une méditation sur la mort : au seuil de la mort, Hadrien se juge, médite, confronte diverses philosophies tout en avouant sa fascination pour les différents cultes qu'il a contribué à restaurer. Mais Les Mémoires d'Hadrien ont parfois été appelés par la critique le "roman d'Antinous" : le culte insensé qu'Hadrien rendit à ce jeune homme frappa les historiens de l'époque et Marguerite Yourcenar dessine les lignes de cet amour si tragique qui imprègne le roman d'une grande mélancolie et d'un grand désespoir. Ce livre qui raconte la vie " d'un génie politique", réussissant à instaurer la paix dans l'Empire romain, est aussi une mytification et une poétisation des amours d'Hadrien. Le style togé - style académique, surfait, que les critiques dépréciaient -, la beauté de la langue si chère à l'auteur, enchante le lecteur dès les premières lignes. Et ciselé dans cette belle écriture, à travers la voix d'Hadrien qui relate sa vie, M. Yourcenar construit le véritable tombeau d'Antinous.

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" Je me suis gardée de faire de la vérité une idole, préférant lui laisser son nom plus humble d'exactitude", dit Zénon, le héros de L'oeuvre au noir. Personnage fictif, Zénon est proche de figures réelles comme Léonard de Vinci, Campanella... - que M. Yourcenar énumère dans ses notes. Toujours en fuite, et fuyant tout dogme, ce personnage de médecin, d'alchimiste traverse le seizième siècle qui est à feu et à sang, déchiré par les guerres d'Italie, les guerres de Religions.  Il vit dans un monde boschien ou bruegelien, où les rois sont les débiteurs de marchands cupides,  où les religieux sont des fanatiques, où tout ce qui n'est pas expliqué par le divin paraît hérétique.  Mais Zénon dit aussi : " La révolte qui vous inquiète était en moi, ou peut-être dans le siècle". En effet, au delà du XVIeme siècle, Zénon incarne une figure de contestataire contre toutes les valeurs, tous ces " châteaux d'idées" qui enferment l'homme. Il incarne une certaine image de l'homme qui agit et choisit la liberté comme principe. Ecrit en 1968, L'oeuvre au noir éblouit par son style et par son personnage, qui résiste littérairement parlant - à une époque où Sarraute a proclamé "l'ère du soupçon" dans laquelle le personnage est entré -, et à tout dogmatisme. Est-ce le classicisme de son écriture qui voue M. Yourcenar à un relatif oubli ? Est-ce son érudition qui poussent les lecteurs à refermer ses romans ? Toujours est-il que ses deux magnifiques romans fascinent et éblouissent.

"Les bâtisseurs d'empire : l'empire romain", est un documentaire d'History Channel ( Engineering an Empire) qui s'attarde surtout sur les prouesses architecturales des Romains, de César à Claude.

Le premier siècle de l'Empire romain, Evocation très superficielle des premiers empereurs romains.

Lecture commune avec Claudia, Océane, Praline, Alison, Margotte.

26 août 2014

Salammbô de Flaubert : ISSN 2607-0006

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Roman historique, Salammbô décrit la guerre inexpiable : la révolte des mercenaires contre Carthage en 264. Le roman commence au moment où les soldats mercenaires sont rassemblés dans les jardins d'Halmicar qu'ils ravagent dans l'attente d'être payés. Mais les oligarches rusent pour ne pas les rétribuer. Comme le soulignait Sainte-Beuve, "L'érudition, qui peut jeter un pont, nous refroidit en même temps et nous glace. On ne peut recomposer la civilisation antique de cet air d'aisance et la ressusciter tout entière" ( article du Constitutionnel). Quel reproche injustifié ! On prend plaisir au contraire à découvrir Carthage et son histoire. Effectivement, l'érudition philologique rend difficile la lecture des premières pages mais un glossaire aide à la compréhension des mots spécifiques à cette civilisation. Bien sûr, l'Histoire présentée dans Salammbô - dont les sources sont Polybe, Hérodote... - est une Histoire fantasmée, une Histoire romantique comme Hugo l'a pu aussi écrire. Elle s'inscrit bien dans le goût de l'orientalisme des romantiques bien que Flaubert s'en défende et déclare dans sa réponse à l'article du constitutionnel : " je n'ai point fait une Carthage fantastique". Ainsi, si Flaubert reconstitue une Carthage historique, c'est la narration qui apparaît comme romanesque.

A cause, peut-être, du procès de Madame Bovary, Flaubert proteste contre "la pointe d'imagination sadique" que lui attribue Sainte-Beuve dans un de ses articles du Constitutionnel... Certes, le roman commence comme un poème parnassien, empli de parfums, de couleurs : " Les flammes oblongues tremblaient sur les cuirasses d'airain. Toutes sortes de scintillements jaillissaient des plats incrustés de pierres précieuses. Les cratères, à bordure de miroirs convexes, mutipliaient l'image élargie des choses ; les soldats se pressant autour s'y regardaient avec ébahissement et grimaçaient pour se faire rire." Puis, au fur et à mesure de la découverte des conflits qui opposent les deux camps, on découvre des lions et des hommes cruxifiés, des hommes mourant de faim, le martyre de Matho dont on ne distingue plus les liens qui le retiennent captifs de ses tendons... C'est péniblement que j'ai fini le roman tant il m'apparaissait comme un château sadien. Salammbô est donc un roman à la fois poétique, historique mais aussi d'une grande férocité.

Flaubert, Salammbô, folio, 530 p.

9 avril 2014

Après / A l'ouest rien de nouveau de Remarque : ISSN 2607-0006

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 A L'ouest rien de nouveau : A travers le récit de Paul Baumer, nous assistons à l'enfer des tranchées, décrivant la vie quotidienne d'un soldat de 1914-1918 : " Feu roulant, tir des barrages, rideau de feu, mines, gaz, tanks, mitrailleuses, grenades, ce sont là mots, des mots, mais ils renferment toute l'horreur du monde".

Lors des permissions, Paul évoque la misère du peuple allemand mais aussi l'incompréhension de ce que vivent les soldats. Blessé, il se retrouve dans un hôpital catholique, ce qui ne l'éloigne pas des horreurs de la guerre : la description des malades est tout aussi insoutenable que celles des soldats tués dans les tranchées. La douleur est omniprésente que ce soit celle des soldats, celle des proches qui pleurent leurs morts, celle des animaux, de la nature. Le narrateur porte un regard lucide et critique sur l'armée et sur les mensonges que recouvrent les termes de devoir et patrie. Il montre aussi comment l'uniforme peut métamorphoser un homme : leur caporal Himmelstoss est un postier dans le privé mais il aime tourmenter les soldats dans les casernes. Un témoignage à lire d'une vision de la première guerre Mondiale sans idéalisation, ni héroïsation.

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Après décrit le retour des soldats qui étaient présents dans le roman A l'ouest rien de nouveau ( pour ceux qui ont survécu, la mort de Paul Baumer est évoquée), mais pour beaucoup, ce n'est pas un retour à la vie : marqués à jamais par l'apocalypse de la première Guerre Mondiale, ces jeunes gens n'ont plus d'espoir. Confronté à une société en proie à la misère ou aux mercantis, ils doivent faire face au désarroi qui envahit leur vie : que faire après avoir connu les atrocités des tranchées ? Ernst évoque le sort de différents soldats, ceux qui sont dans les asiles, qui retournent dans l'armée par fatalisme, ceux qui ne peuvent pas travailler parce qu'ils sont mutilés, ceux qui se suicident... Ils tentent de survivre dans cette Allemagne de l'après-guerre qui souffre à cause de l'inflation du marks et du manque de nourriture. Seul et se sentant " étranger" , Ernst passe ses examens pour devenir instituteur mais il n'arrive pas à s'accoutumer à une vie normale, hanté par les morts du passé.

Comme dans A l'ouest rien de nouveau, Ernst remet en cause l'idéologie enseignée dans les classes tout en soulignant l'absurdité de la guerre. "Je crois que nous sommes tous perdus", dit Rahe, camarade de Ernst. Dans ce récit, souvent le "nous" s'ajoute à la voix du narrateur mais même la camaderie née de la guerre s'étiole hors des combats. Comme A l'ouest rien de nouveau, E. M. Remarque a écrit un témoignage sur le chaos de l'Allemagne après-guerre sans pathos mais où s'exprime avec force le désespoir d'une génération sacrifiée, qui arrive à nous atteindre des années plus tard.

Remarque, A l'ouest rien de nouveau, Livre de poche, 254 p.

Remarque, Après, Folio, 398 p.

Partenariat avec Folio.

Lu aussi par Aaliz et Lilly.

Challenge le mélange des genres de Miss Léo ( catégorie classiques étrangers). Mon bilan et celui de Miss Léo.

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24 novembre 2013

Ce qu'il advint du sauvage blanc de François Garde : ISSN 2607-0006

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"Quand il parvint au sommet de la petite falaise, il découvrit qu'il était seul. La chaloupe , n'était plus tirée sur la plage, ne nageait pas sur les eaux turquoises. La goélette n'était plus au mouillage à l'entrée de la baie, aucune voile n'apparaissait même à l'horizon. Il ferma les yeux, secoua la tête. Rien n'y fit. Il étaient partis." Ce n'est pas l'incipit de Robinson Crusoe que vous lisez mais celui de Ce qu'il advint du sauvage blanc.  Comme Robinson - histoire romancée d'un véritable matelot tout comme pour le "sauvage blanc" - Narcisse Pelletier se retrouve abandonné sur une plage d'Australie. Mais la comparaison s'arrête là car, contrairement au célèbre naufragé, c'est le jeune français Narcisse qui va devoir adopter les coutumes d'une tribu arborigène : la solitude, le long désaprentissage de ses propres us et coutumes se révèlent difficiles pour ce très jeune matelot de 19 ans.

Dix-huit ans plus tard, il est ramené dans son pays par le vicomte de Vallombrun : ce dernier, qui incarne une figure icarienne de scientifique romantique, espère étudier d'une manière systématique les habitudes du " sauvage" mais il se heurte au silence de Narcisse. En faisant alterner récit du début de la vie australienne par Narcisse et les lettres du scientifique envoyées à la société de géographie française, une dialectique apparaît : comment définir le "barbare" et le "civilisé ? : "Mais quoi ? Il faudrait reconnaître comme civilisées les coutumes barbares que Narcisse révèle à chaque instant ? Cela ne se peut." (p.130).

La présence de Narcisse est une énigme dans cette époque où les sciences commencent à peine à émerger en tant que matière autonome, où des théories nouvelles comme celle de Darwin s'imposent. Ce roman n'est pas seulement le reflet scientifique d'une époque, il est aussi une réflexion sur l'apprentissage des langues, la construction d'une identité, et la question du relativisme et de l'ethnocentrisme... De nombreuses questions sont soulevées et de nombreux thèmes abordés, faisant de cette bistoire vraie une passionnante découverte sur la vision de l'autre, qui se lit comme un roman.

Garde F., Ce qu'il advint du sauvage blanc, Folio, 378 p.

FOLIO PARTENARIAT PLUS : Grâce aux éditions Folio, je vous propose de gagner 3 exemplaires de ce roman qui a reçu le prix Goncourt, bien mérité, du premier roman. Vous devez simplement laisser un commentaire en donnant un argument sur l'envie qui vous pousse à découvrir ce roman et un tirage au sort désignera les gagnants dans une semaine ( le 3/12/2013).

Merci Lise et Folio pour ce partenariat. Voici le billet de Lilly.

2/12/ 2013, voici les gagnantes du concours : Shelbylee, Claudia et Vanessa.

N'oubliez pas de m'envoyer votre adresse ( dans contactez l'auteur). Merci pour vos participations !

20 novembre 2013

Le jardin blanc de Stéphanie Baron : ISSN 2607-0006

 

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Figure fascinante, autant par sa vie que par son oeuvre du groupe de Bloomsbury, V. Woolf (biographie sur le site Larousse) inspire encore de nombreux auteurs. Malheureusement, cela donne parfois de bien mauvaises idées aux auteurs : S. Baron imagine que V. Woolf ne meurt pas le 28 mars 1941, noyée, mais elle aurait survécu un mois supplémentaire et aurait peut-être été tuée... Cette idée saugrenue permet ainsi à la romancière de développer une intrigue très plaisante où se mêle - à une intrigue amoureuse entre le personnage principal Jo Bellamy et Peter, la personne chargée d'authenfier un manuscrit miraculeusement retrouvé de V. Woolf, - une chasse aux indices pour prouver la véracité du dernier manuscrit de V. Woolf, avec de nombreux poncifs : une boite entérrée au fond d'un jardin, une société secrète, un concurrent déloyal... Pas de temps morts, l'enquête se déroule sur un rythme trépidant.

Outre l'enquête haletante autour du manuscrit, l'intérêt réside dans les nombreux éléments sur la vie de Vita Sackville West et de son jardin de Sissinghurst. En effet, l'héroïne est une paysagiste américaine dont le commanditaire souhaite recréer le "jardin blanc" situé dans le Kent. La découverte d'un cahier qui semble appartenir à V. Woolf - dont le pastiche n'est pas particulièrement réussi - précipite la jeune femme dans une quête reposant sur des coincidences stupéfiantes.

Au détour de l'histoire, on en apprend davantage sur Albert Woolf et les apôtres. Quel est leur rôle joué pendant la guerre ? Comme un petit parcours touristique, on découvre les différents lieux où ont vécu la romancière et ses proches mais aussi les bibliothèques d'Oxford, et de Cambrige. Si l'évocation du groupe de Bloomsbury, de leurs oeuvres picturales et artistiques, est particulièrement intéressante, l'histoire romanesque entre la jeune jardinière et son patron, puis de Peter, semble se surajouter aux clichés créant ainsi un roman bien documenté mais cousu de fils blancs.

Baron, Le jardin blanc, NIL, 397 p.

Merci aux édition du Nil pour ce partenariat. Lu par Cryssilda, Lou, Titine... et participation au challenge V. Woolf de Lou

4 novembre 2013

Lady Hunt de H. Frappat

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Au seuil du roman, une citation de Stevenson en exergue, du docteur Jekyll et Mister Hyde, inaugure le récit H. Frappat : "It's ill to loose the bands that God decreed to bind ;/ Still we will be the children of the heather and the wind"(p. 21). Le thème du double et de l'inconscient. Le fantastique et la folie. A travers un rêve obsédant, surréaliste, où une jeune femme de brume cherche à entrer dans une maison, Laura s'interroge sur ses origines, tissant des fils autour de thèmes récurrents - une maison maudite, une pierre noire, la maladie d'un père - qui s'enroulent autour du lecteur, l'emprisonnant peu à peu dans le tissu du récit. La prose poétique de H. Frappat fait sombrer le lecteur dans le cauchemar de cette jeune femme prise au piège de ses propres angoisses, de ses propres rêves : quelle est la signification de ce songe ? A-t-elle la même maladie que son père ? Que dissimule les mensonges de sa mère ?

"Je suis à moitié malade d'ombres", disait la Dame de Shalott tout en tissant sa toile jusqu'au moment où "le miroir se brisa de part en part" ( Tennyson, p. 317). Des miroirs et des ombres jalonnent ce récit autour de la légende de la dame de Shalott. Laura réussira-t-elle à briser le miroir pour revenir dans le monde des vivants et dissiper ses peurs ? Légendes, suspense, irrationnel intriguent, mais lorsque les répétitions des mêmes procédés d'écriture deviennent des tics de langage, des affectations et lorsque le récit se fait aussi brumeux que le narcissique personnage principal, on se détache progressivement de cette narration, qui est une tentative de renouvellement du roman gothique qui ne tient pas ses promesses.

Frappat, Lady Hunt, Acte sud, 318 p.

participation au match de la rentrée 2013 Priceminister

30 août 2013

"Sur des aventures que je n'ai pas eues" de Lucien : ISSN 2607-0006

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"L'effectif de notre armée était de cents milles hommes, sans les porteurs, les hommes du génie, les fantasins et les auxiliaires ; sur ce nombre, il y avait quatre-vingt mille cavaliers- Vautours et vingt mille autres cavaliers montés sur des salades ailées. Ces salades aillées sont d'énormes oiseaux qui en guise de plumes, ont le corps hérissé de salades et des ailes faites de feuilles très semblables à celles de la laitue. ( p. 18 )" Dans sa captatio benevolontiae, Lucien affirme "qu"il est un point sur lequel [il dira] la vérité, c'est qu'[il] raconte des mensonges" ! Le pacte de lecture ainsi conclu, Lucien parodie allègrement tous ces auteurs qui parsèment leur récit d'allégation de véracité alors même que leurs histoires paraissent invraisemblables, notamment Homère, qui pour lui, ouvre la voie de la " charlatanerie" ! De manière burlesque et avec beaucoup de fantaisie, Lucien raconte donc ses aventures maritimes mensongères, puisqu'il avoue modestement qu'il ne lui est rien arrivé qui vaille la peine d'être raconté, et ses rencontres avec des tritonbouc (personnage moitié bouc et moitié espadon) ou des tête-de-thon au nom éloquent dans le ventre d'une baleine. On peut aussi reconnaitre parodié l'épisode des sirènes homériques ou une caricature du séjour des bienheureux d'Hésiode avec un Ulysse regrettant sa Calypso ! Le décalage entre les situations triviales et les héros antiques crée la vis comica.

Quelle imagination débridée ! Quelles extravagances critiques ! C'est avec jubilation qu'on découvre ce monde de fantaisie avec des imitations burlesques particulièrement réussies des grands textes antiques et on songe aussi à la postérité de Lucien : les guerres des salades ailées  et des bombardiers-ails sur la lune inspireront Cyrano de Bergerac mais alimenteront aussi la fantaisie rabelaisienne et ses fameuses guerres andouilliques dans le très lucianesque Quart-Livre.

Lucien, Sur des aventures que je n'ai pas eues, Folio, 81 p.

Merci aux éditions Folio et à Lise pour ce partenariat.

5 août 2013

Les mystères d'Udolpho d'Ann Radcliffe : ISSN 2607-0006

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Des précipices. Après quelques lignes idylliques peignant une heureuse famille Saint-Aubert, le roman d'A. Radcliffe ne semble se composer que de précipices, d’abymes et de gouffres sans fond auxquels s'ajoutent toutes les quatre pages, des paysages "sublimes" ou "romantiques" ornés de coucher de soleil. Que ce soit l'Italie où se situe le château d'Udolphe ou les Pyrénées, ce ne sont que paysages grandioses et crépusculaires. Quant au château, essayez lecteurs de ne pas vous perdre dans le dédale des cachots, des chambres comportant des tableaux mystérieux et vivants, et surtout des multiples portes secrètes s'ouvrant seules, sans oublier les cachettes sous le parquet.... " tics, tics, tics", dirait Lautréamont ( Poésies )...

De la vertu de l'héroïne. L'héroïne de roman gothique est éminemment vertueuse. Même face à une tante ingrate, tyrannique et désagréable, - Mme Chéron - notre héroïne reste noble, généreuse et plus vertueuse que jamais. Mais que de larmes ! Que de pâmoisons ! Et les hommes ne sont pas de reste ! L'amant, valancourt, pleure de voir sa belle pleurer. Emilie pleure devant l'agonie de son père. Le père pleure de joie ou de tristesse, on ne sait guère car il pleure à tout propos. Mais cette profusion de larmes laissent indifférent le méchant, l'horrible et le démoniaque comte Montoni, et nous aussi lecteurs, croyez-moi !

Des stupéfiantes coïncidences. De nombreuses coïncidences ne cessent de jalonner le malheureux chemin de notre héroïne. Essayez aussi de ne pas vous perdre dans les multiples mystères entourant la vie d'Emilie. Qui est la Marquise de villeroi ? Qui est la femme représentée sur un médaillon caché par son père ? Alors qu'Emilie croit voir le cadavre de sa tante, elle la retrouve finalement dans une tour du délabré château. Elle trouve un Français à Udolpho, mais ce n'est pas Valancourt ! Elle fait connaissance des Villefort et aussitôt, cela lui permet de résoudre le mystère de la marquise ! Que de coïncidences ! Trop d'évanouissements, trop de déluges de larmes et trop de précipices stéréotypés nous font quitter ce roman avec soulagement même si le surnaturel et les énigmes sont savamment entretenus....

Radcliffe, Les mystères d'Udolpho, Archipoche,

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